Ah ! la Bourse ! Quand la Bourse va, tout va.
Aujourd’hui, le CAC 40 en hausse de 2,08 % et au moment-même où je vous parle, l’indice Dow Jones a repassé la barre des 9.000 points : en hausse de près de 2% ! La première fois depuis janvier.
La Bourse : thermomètre, baromètre, pouls de l’économie, pouls de la nation. Mais pour qui roule-t-elle ? Pour Proudhon – dont je continue de lire le Manuel du spéculateur à la Bourse (1857 4e éd.) – sans elle, le destin de la France aurait été bien différent :
Tout le monde sait que notre première république tomba sous le poids d’une condamnation portée par la Bourse : le 8 novembre 1799, veille du coup d’État appelé 18 brumaire, le tiers consolidé était à 11 francs 30 centimes ; le 21, il était à 22 fr. – Mais ce qu’on a beaucoup moins remarqué, c’est que la Spéculation ne fut jamais entièrement ralliée à Napoléon : le taux le plus élevé de la Bourse, pendant la période impériale, fut celui du 10 mars 1810, 88 fr. 90 cent., soit 11 fr. 10 cent, au-dessous du pair.
Le 29 mars 1814, l’empereur se débattait dans les plaines de la Champagne et tenait encore en échec la coalition victorieuse : il est achevé par la Bourse. Le 5 % à 45 fr. marque sa réprobation et amène sa chute ; le 31, la proclamation des alliés est accueillie par une hausse de 2 fr. Paris a capitulé, et le conquérant abattu va signer son abdication à Fontainebleau. En moins d’un an, malgré la présence des armées étrangères, les fonds publics auront regagné tout ce qu’ils avaient perdu depuis le 10 mars 1810 : le 5 mars 1815, ils seront cotés à 88 fr.
Quinze jours plus tard, le 20 mars, Bonaparte, échappé de l’île d’Elbe, rentre aux Tuileries : le baromètre bursal marque 20 fr. de baisse. Quelle puissance tiendrait devant une pareille manifestation de la pensée économique ? Certes, ce n’est pas la Bourse de Paris qui a fait perdre la bataille de Waterloo ; mais on peut dire qu’elle a donné cœur à l’ennemi. C’est elle qui lui a révélé que si le soldat, l’ouvrier, le fonctionnaire étaient pour l’empereur, le capital, l’industrie, le commerce, la propriété, la spéculation, la bourgeoisie étaient contre lui. Sait-on ce qu’a pesé dans la balance du destin cette bourse du 20 mars ? Le 18 juin, elle était à 53 fr. ; le 20, à la première nouvelle du désastre, elle monte à 55 ; le 22, le bruit se répandant que l’empereur abdique pour la deuxième fois, elle est à 60. La cote suit le grand capitaine dans ses marches et contre-marches, pour le condamner s’il triomphe, pour l’accabler s’il est défait.
47 réponses à “La Bourse !”
@sébastien
En fait, c’est la banque du Canada, relayée par les médias, qui annonce que la récession est terminée.
A les écouter, on aura été les derniers à être en récession et les premiers à s’en sortir, alors que notre voisin est en pleine déconfiture. Ben oui, on peut toujours croire au père Noël…
Un canadien
Une histoire significative est celle de l’agence de notation Moody’s, une des sociétés par qui le mal est arrivé, car elle s’est avérée incapable d’évaluer correctement le risque associé à ces produits structurés toxiques. Ce qui peut comprendre si l’on sait que les agences de notation ne sont pas payées par les acquéreurs potentiels de ces produits mais par les émetteurs de ces produits. Il faut également savoir qu’une agence de notation, contrairement à un cabinet d’audit, ne peut pas être poursuivie pour une mauvaise évaluation. L’erreur est humaine.
Quoi qu’il en soit, on ne sait peut-être pas que Moody’s, à l’instar de ses consoeurs, est une société privée cotée en bourse et dont le principal actionnaire est Warren Buffett (il vient de revendre un paquet d’actions). C’est assez comique si l’on sait que Buffett déclarait naguère qu’il ne consultait jamais la notation d’une obligation avant de l’acheter et qu’il se fiait plutôt à son instinct. Autrement dit, Buffett est l’actionnaire d’une entreprise dont les produits (en l’occurrence les évaluations financières) ne l’intéressent pas à titre personnel. Par contre, il pense qu’elles intéressent les ploucs que nous sommes car nous n’avons aucune autre alternative pour connaître la qualité d’une obligation et la solvabilité de son émetteur.
Une petite incise.
Certains intervenants ont peut-être de bonnes idées, mais elles sont totalement brouillées par une orthographe approximative.
Cà casse le « niveau » du blog.
Désolé.
Le saviez-vous ?
À l’époque (pas si lointaine) où les billets généraient une douzaine de commentaires au maximum, je corrigeais l’orthographe de toutes les interventions.
@ ton vieux copain Michel
Créons un produit financier d’assurance des agences de notation: voilà la réponse créative et moderne qu’il faut apporter ! Après tout, les chirurgiens sont bien assurés, surtout les petits étourdis.
La Commission des Finances de l’Assemblée nationale Française considère maintenant que le « droit de propriété sur les paris sportifs » devait revenir à l’organisateur de l’événement sportif lui-même. Dans cette logique, le droit de propriété sur les paris financiers devrait revenir au propriétaire du collatéral sur lequel le produit financier correspondant est bâti !
Nous avançons à pas de géant !
@Ton vieux copain Michel : « et qu’il se fiait plutôt à son instinct »
Sacré Warren, toujours à prendre les gens pour des cons. 🙂
A mon sens il faudrait un fixing de la bourse par jour, tout au plus. Ca résoudrait déjà ces problèmes liés au « fast-trading » (cfr http://www.nytimes.com/2009/07/24/business/24trading.html?hp et l’estimation citée de 21 milliards de dollars (sur quelles bourses?) par an pour cette … tricherie, appelons un chat un chat). Si pas un par semaine. Ce qui résoudrait sans doute pas mal de problèmes de délit d’initié.
Si effectivement la valeur d’une action est l’estimation des cash-flows futurs sur de nombreuses années, il n’y a pas beaucoup de raisons de changer d’avis cinquante fois sur 5 jours.
Et si effectivement, comme l’écrit Alexandre, les volumes sont faibles, la remontée actuelle a d’autant moins de pertinence.
Bonjour,
Voici une courte analyse intéressante sur le rebond boursier en cours (en français) : http://www.leblogfinance.com/2009/07/passage-en-force.html#more
Bonjour,
Message à caractère informatif, tout va bien chez moi le mal-être de l’autre ne m’intéresse pas même en période de forte crise mondiale, de pandémie moi je trouve toujours de bonnes opportunité à faire pour me sentir bien, libre, responsable, soyez le changement bancaire ou l’autre spéculateur de plus que vous voulez voir dans le monde, soyez plus gros, plus lourd soyez G.Sach .”
http://www.youtube.com/watch?v=PVED8mp3ctc
Le problème de communications est réel, je suis administrateur réseau sur une branche d’un réseau planétaire (avec environ 60000 PC et serveurs), Je peut vous dire que le temps de réponse (aller-retour) entre US et EU est d’environ 150 ms ce qui est sans doute énorme pour des spéculations automatisée. Le problème est que l’information ne circule qu’à la vitesse de la lumière et qu’en plus il faut des répéteur sur les fibres et des routeurs qui ralentissent les communications.
La bourse se mutant en un combat d’algorithmes, tout les paramètres du système sur lequel ces algorithmes tournes sont importants, la puissance de calcul d’une part mais aussi la vitesse d’exécution.
En diminuant le temps de réponse des ligne de communication de quelque ms, cela permet de faire plus de micro bonne affaires (si l’algorithmes est bon) et donc d’augmenter la rentabilité.
Par contre j’imagine que le fait que les volumes de transactions parasites (les achats fait par des investisseurs) car non prévisibles étant en diminution, l’efficacité des programmed de trading doit être meilleure pour l’instant.
@ François Leclerc. Je ne crois pas qu’il serait très avisé de vendre une assurance liée aux performances de Moody’s. Le précédent d’AIG n’incite guère à le faire. Sauf, bien sûr, si le gouvernement américain nous assure qu’il nous renfloue, quelles que soient les performances de cette police d’assurance. 🙂
Cela dit le vendeur éventuel d’une assurance couvrant les performances de Moody’s (ou d’autres agences de notation) a d’autres options pour limiter la casse. Il peut acheter des CDS. Il peut vendre des calls sur Moody’s car oui, il existe des options sur ce titre. Il pourrait également créer un indice composite des agences de notation et ensuite le shorter ou plus simplement, il pourrait shorter un tracker basé sur cet indice. Et je suis sûr qu’avec un peu d’imagination, les experts nous trouveraient encore d’autres produits bien plus innovants.
@Ton vieux copain Michel
« Par contre, il pense qu’elles intéressent les ploucs que nous sommes car nous n’avons aucune autre alternative pour connaître la qualité d’une obligation et la solvabilité de son émetteur. »
Quelle ignorance!
Tout le monde avec un tantinet d’effort peut évaluer soi-même la solvabilité de l’émetteur.
Il suffit de downloader (gratuit!) le rapport annuel de la compagnie:
1) ou bien, il est incompréhensible pour soi, alors on s’instruit en faisant ses devoirs et en lisant (gratuitement) dans une bibliothèque tout ce qui faut savoir sur l’évaluation d’une compagnie à partir des rapports finanicers (Buffett a dit d’ailleur lui-même n’utiliser que les rapports financiers pour faire cette évaluation)
2) ou bien, il est incompréhensible et insuffisant (presque toujours dans le cas des banques et des compagnies d’assurances, parfois aussi dans d’autres cas) même en connaissant bien le domaine, alors ON NE TOUCHE PAS aux actions de la compagnie en question
3) ou bien, il est compréhensible et il n’y a pas de petit signe de fraude ou malversations (avec le temps et l’expérience on devient très bon à ce jeu), et on peut continuer avec la prochaine étape.
C’est ce que Buffett fait. C’est ce que VOUS pouvez faire. C’est ce que je fais.
Passez-moi de temps à dire des âneries et un peu plus à vous instruire!
Quant à Moody, son rôle vient que le GOUVERNEMENT (eh oui! encore lui, celui là même que vous croyez toujours être la solution) a créé un monopole de facto remis à 3 agences de cotation (Fitcth, S&P, Moody’s) et que l’usage de leur cote est dans de nombreux cas rendu (stupidement) obligatoire à certains gestionnaires de caisse de retraire, d’assureurs, etc…
Et le pire est l’énorme conflit d’intérêt: les agences sont payés par …. l’EMETTEUR pas l’acheteur !!!! et là où le gouvernement, au minimum, devrait agir, il ne fait pas strictement rien.
Bref c’est un problème gouvernemental (pour le monopole et les reglements) et un problème d’ignorance et de paresse (pour les investisseurs qui n’appartiennent pas aux cas soumis aux pouvoir de la réglementation à ce sujet)
Quant à Buffett, c’est une énorme hypocrisie et un manque d’éthique de sa part.
@ Waccsa
Tirer les indices dans des marchés sans volume est assez aisé, (surtout sans concurrence),les maintenir lorsqu’il y aura un fort mouvement vendeur sera plus difficile.
Comment est orienté le marché des options sur indice en ce moment ?
Combien ont été pris à contrepied par ce mouvement improbable ??
@Marquis de Laplace :
« Tout le monde avec un tantinet d’effort peut évaluer soi-même la solvabilité de l’émetteur. »
Puis vous énumérez 3 points à l’adresse de « Ton vieux copain Michel » que le simple quidam ne pourra jamais prendre à son compte !
Parce que votre « Tout le monde avec un tantinet d’effort » est un propos de votre « Conseiller en Patrimoine », si vous n’êtes pas bon calculateur, lui, le sera à votre place, c’est la réalité de la « division du travail » ! Les trois conseils que vous nous donnez gratuitement sont des tâches qui incombent aux banquiers dans le monde réel ! Et pour les simples citoyens qui subissent la crise et qui n’ont pas loisir de lire ce blog, vos suggestions sont déjà payantes, la Banque l’avait déjà pensé pour vous !
Rumeurs…
79% des sommes récoltée au premier semestre auraient servis à des plans de suppression de postes.
Un chiffre circulerait à Bercy, qui commence à terroriser les économistes de la Direction de la prévision. Selon des études très précises, 79 % des sommes récoltées par les entreprises qui ont pratiqué des augmentations de capital au cours du premier semestre ont servi à financer des plans de licenciements.
Jusqu’à présent, toutes les théories économiques s’accordaient sur le fait que le capital finance l’investissement. Si ce chiffre se confirme, il finance désormais le désinvestissement.
Ce qui est plus qu’inquiétant.
En écho à ce qui précéde (investissement=désinvestissement) ,tout ce tintouin est travesti et Cie.
Quand nos édiles ,nos « élites », auront-ils du sens (du bon) pour lire,écouter,comprendre ceux qui,pour l’instant,crient dans le désert :
« ossements désséchés » ? ..on pourrait le croire ,ou bien alors ,salle d’anesthésie sans réanimation ???
Bonjour,
J’ai bien peur que cette remontée ne soit qu’une reprise technique et que les marchés boursiers continuent leurs baisses.
Alexandre