Billet invité.
LE GRAND SOMMEIL
10 ans après l’incroyable vent de contestation qui secoua l’OMC à Seattle, le contexte particulier de l’effondrement du système capitaliste laissait supposer l’émergence d’un contre-sommet du G8 historique en Italie. A l’arrivée, beaucoup de policiers, beaucoup de journalistes mais peu de manifestants ! Chronique d’un rendez-vous manqué.
Les apparences sont parfois trompeuses. Lorsque j’arrivais le 7 juillet au soir à la gare de Termini (Rome), des policiers couraient dans tous les sens et arrêtaient des manifestants qui tentaient de bloquer les voies. A première vue le contre-sommet du G8 de L’Aquila avait déjà commencé. Le déploiement policier ayant cours dans la ville – pas moins de 15.000 membres des forces de l’ordre mobilisés- attestait l’imminent déferlement sauvage d’une horde d’altermondialistes. Sauf que… Sauf que la horde n’arriva jamais.
Les contre-sommets ont toujours constitué l’occasion pour les forces dissidentes de notre beau village globalisé de faire entendre une autre voix. Ces tentatives joyeuses de dénoncer, l’espace de quelques jours, les logiques de la mécanique froide et meurtrière des intérêts du capital mondialisé et son cortège d’inhumanité se révélèrent de formidables moments festifs où l’imagination le disputait, il est vrai, à la violence. Les forces en présence, ONG, associations de paysans, anarchistes, communistes, syndicalistes militants de tous poils, s’associaient pour un but ultime : rappeler aux « dirigeants-serviteurs-des-multinationales-du-pouvoir-financier-grand-pourfendeurs du Bien Commun » que les citoyens restaient vigilants et n’entendaient pas les laisser détruire sans rien dire leurs libertés, leurs aspirations à plus de justice sociale, leurs droits à refuser et à combattre Leur Pensée Unique.
Caricature
Cet été 2009, les Italiens ont imaginé un scénario radicalement différent. Alors que sévit une crise économique sans précédent (au sens où elle marque la fin du modèle néolibéral qui s’écroule par pans entiers sous nos yeux), la gauche romaine – dont la principale excuse fut un manque de temps sur le plan organisation – plutôt que d’utiliser l’incroyable caisson de résonance médiatique qu’entraîne la présence d’un G8, a volontairement choisi de ne rien faire.
Beaucoup d’étrangers présents à Rome imputèrent ce choix au traumatisme de Gênes (manifestation anti-G8 de 2001) où, faut-il le rappeler, un manifestant fut assassiné d’une balle dans la tête par un policier et où le camp d’Indymédia, qui regroupait près de 600 personnes, fut dévasté, les ordinateurs détruits et les journalistes/militants présents, violemment tabassés avant d’être arrêtés. La police italienne se distingua ce jour-là par une incroyable barbarie et une impunité digne des pires dictatures.
S’il est difficile de connaître précisément les raisons de cette démission – aucun des leaders des mouvements d’extrême-gauche romains n’ayant accepté de s’exprimer sur le sujet -, les conséquences furent, elles, flagrantes.
Sur le terrain, les actions organisées à la va-vite s’apparentaient bien plus à une kermesse humanitaro-divertissante qu’à une véritable protestation politique. Le sentiment général se dégageant sur place mêlait étonnement, colère et dépit : où sont les militants ? Quand commence le contre-sommet ?
On en eût une magnifique illustration lors de la manifestation organisée près du centre de rétention pour sans-papiers de Ponte Galeria. Quelque centaines de personnes se regroupèrent derrière une sono diffusant des chansons de Bob Marley. Face à elles, des policiers, mais aussi des journalistes des mass-média (presque aussi nombreux ?) qui, faute de pouvoir relayer ce qui constituait en raison de la faible mobilisation un non-événement, se voyaient réduits à interviewer les membres de la LegalTeam (1) ! Les photographes en mal d’altercations violentes avec les carabinieri en furent aussi pour leurs frais. Il ne se passa strictement rien. Et, mis à part la dénonciation de la complicité passive de la Croix-Rouge italienne ou les slogans « liberté pour tous », tout contenu politique fut prudemment évacué et tout rapport avec le G8 soigneusement éludé.
Rebondir
Faut-il pour autant en déduire qu’après plus de 10 ans, les mouvements sociaux luttant contre les politiques dévastatrices prônées par les dirigeants du G8 ont définitivement perdu leur mordant et leur capacité à mobiliser ? Rien n’est moins sûr.
L’absence de contestation à Rome s’explique avant tout par le choix des camarades italiens de ne pas recevoir leurs acolytes étrangers. Oublièrent-ils un peu vite que ces questions concernent l’ensemble des habitants de cette planète et pas seulement les militants d’extrême-gauche transalpins ?
Ces 30 dernières années un glissement pernicieux fut opéré par les tenants de la pensée néolibérale, transformant progressivement les citoyens en consommateurs, réduisant par ce biais à néant le fondement du contrat social qui suppose la supériorité du Bien Commun sur la liberté individuelle. L’absence de contre-sommet à Rome démontre avec acuité combien cette question, loin d’être anecdotique, se pose aussi aux forces contestataires.
Et puisqu’il est à présent clairement établi qu’une des causes principales de cette crise réside en la transformation des rapports de forces entre les différents acteurs sociaux (investisseurs, chef d’entreprise et salariés) à l’avantage des possédants des moyens de production ou de capitaux, on comprend mieux l’urgence et la pertinence des mouvements citoyens.
Berlusconi, Obama et Sarkozy purent rêver tranquillement à la sortie de crise, aucun cri ne s’exprima qui pût les troubler. Combien serons-nous demain pour les réveiller ?
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(1) Legalteam : le Legalteam est constituée d’avocats et de juristes bénévoles qui lors des manifestations importantes comme les contre-sommets (!) propose de soutenir juridiquement les manifestants arrêtés par les autorités. Ils se portent par ailleurs garant de la liberté de manifester.
108 réponses à “Le grand sommeil, par ghost dog”
À Ghost Dog, À quoi bon ?
Les grèves sont devenues invisibles. Il y a eu des grèves dans les universités, les hôpitaux, les tribunaux, les trains, le métro et j’en oublie. Qui les a remarquées?
Les imprécations ridiculisent leurs auteurs. J’ai vu plusieurs jeux de mots sur Nicolas Sarkozy. Notre Seigneur, Napoléon le Petit, le Débile et j’en oublie. Quelle est l’importance de ces mots?
Les manifestations tournent à vide. Il y a eu quelques grands rassemblements populaires. Ils se sont faits sans unité, sans slogan à part protester. Et après ?
Les menaces de faire payer les jours de grève ou les arrestations du type « Sarkozy, je te vois », la menace du chômage font aussi reculer.
En plus, les gens du G8 peuvent déclarer agir. Ils s’agitent. Si cela leur est reproché, ils auront vraiment beau jeu de déclarer « Proposez mieux »
Les alternatives au système actuel sont inexistantes. Les réflexions pour en trouver tournent sur le même type d’idées que celles défendues par le G8. Ces gens sont pour la liberté, l’épanouissement personnel, la prospérité, la sécurité, la qualité de la vie, la protection des personnes, etc… Ces termes sont utilisables par le G8 et les alter. Tout le monde les défend. Elles n’ont aucun rapport avec l’économie.
L’économie est hors des mains des alter. Ils ne sauraient pas qu’en faire. Ils ne pourraient pas la gérer sans se trahir ou la détruire. La nécessité impérieuse de la croissance à tout prix désarme toute velléité de changer cet état de fait.
À quoi bon manifester dans ces conditions?
Un autre angle d’approche est donné par la rencontre. Elle est sans intérêt, n’a rien promis de valable et a confirmé sa vacuité. Des flics se sont réunis autour de quelques puissants qui ne savaient pas trop ce qu’ils faisaient là. Alors manifester contre un groupe de gens qui ne savent pas ce qu’ils font est une drôle d’idée.
PS : Ecrire ma réponse à la question de Ghost Dog m’a donné une idée. Cette rencontre était une réunion de gens ne sachant pas que faire face à cette crise. Ils ont montré leur désarroi par la minceur des résultats (si vous en voyez, prévenez moi). Les opposants à ce système sentent que ces gens ne sont plus aux commandes. Pourquoi s’opposer à des absents?
Je change d’avis. Cette rencontre nous a montré que le monde politique a perdu son emprise sur les événements. Il ne reste à ces gens que la déclaration de ce président des USA (Hoover ?) : « La prospérité est au coin de la rue. » C’est à cette sauce que nous sommes mangés. Nous sommes mals.
Je répète donc ma position. « À quoi bon manifester? »
Les guerres de religions ont été atroces. A leur époque, des gens étaient prêts à faire beaucoup plus que manifester. Ils s’engageaient catastrophiquement mal, mais ils se battaient. Aucun des idéaux actuels ne relève le défi des relations entre humains à l’échelle de l’économie. Tant que cette absence durera, il n’y aura aucune raison positive de se battre. Il n’y aura aucune alternative à opposer au système actuel. Là aussi je vous dis « À quoi bon manifester? » « Pourquoi se battre? ». Les guerres de religions ont été atroces.
Un autre angle d’approche est donné par une expérience de pensée. Supposons que le contre G8 ait été un succès phénoménal. 10 millions de personnes se sont réunies et ont crié leur refus du système actuel, leur volonté de « moraliser » le système, de limiter les salaires des plus nantis. Le G8 aurait la partie belle pour répondre à ce succès.
Ils demandent à tout ce monde « Que voulez vous? » Hop, 10 ou 100 fractions distinctes qui se déchirent. Ils déclarent que le salaire supérieur à 10 millions € par an sont ponctionnés de 90%. Ces gens se font payer dans un paradis fiscal (je vous rappelle qu’officiellement, il n’y en a plus) ou reçoivent un truc qui n’est pas dans la définition d’un salaire. Cela se saura et permettra de déclarer que l’intervention étatique est inutile, voire nocive. Des restructurations pour faire face à cette limite des salaires auront lieu et seront douloureuses. Cette information sera claironnée partout. Hop, la moitié des manifestants va culpabiliser pour avoir demandé quelque chose qui fait mal. Etc…
Alors, je salue votre engagement, votre courage, votre bonne volonté. Je salue en vous la personne de valeur que vous êtes. Je respecte et admire le fait que vous y êtes allé. Je vous présente mes félicitations pour cet article. Je vous pose aussi la question : « En pratique, cela nous mènerait oÙ ? »
@ Paul Jorion
Nous discutions sur un autre sujet des analyses de Mr Chevalier (pour qui tout est en place pour une reprise aux USA)……
Il trouve vos points de vue amusants….
http://www.jpchevallier.com/article-33799806-6.html#anchorComment
L’état libéral a bien compris qu’en « aidant » socialement et à minima les plus « défavorisés » il incitait ces derniers à laisser perdurer le système.
Ce sont les actifs de la classe moyenne les plus mécontents car ils estiment « cotiser » trop au regard de leur actvité.
Mais ceux-ci sont convaincus d’être des « bourgeois » et de n’avoir pas à se plaindre.
Société bloquée.
C’est quand le budget de l’état (qui a privatisé l’énergie) ne pourra plus assumer les traitements de ses fonctionnaires « régaliens » qu’il y aura risque d’anarchie.
Grève des magistrats et des policiers.
Coupures de courant.
Fin du monde technologique…et plus d’eau au robinet de la cuisine.
En ce qui concerne les paradis fiscaux rien à faire tant que certains pays à « fiscalité réduite » demeureront souverains.
Envahir le Luxembourg et la Suisse pour les contraindre à modifier leur constitution.
@ Serge Dumoulin
La lutte contre les paradis fiscaux est une blague, et ne peut être conduite qu’à 3 conditions:
1/ Développements théoriques: extension de la théorie de la souveraineté sur la monnaie à la maîtrise démocratique des flux de capitaux (onshore/offshore)
2/ Développement d’un système parallèle concurrent fondé sur ces mêmes principes politiques, avec tous les ba^tons dans les roues qu’n peut imaginer, vu la taille des enjeux.
3/ In fine, intervention de forces armées aux Bermudes ou autres (Londres?)…
Le reste n’est que du baratin.
Pour le reste:
1/Vous en appelez au protectionnisme fiscal. C’est intéressant… il y a un autre nom pour cela: la guerre en temps de paix.
2/Il ne fallait pas dépénaliser le droit des affaires. Mais le sur-pénaliser au contraire.
Il est rare qu’un patron d’entreprise séquestré ait au préalable rempli la totalité des devoirs civiques qui sont les siens envers la communauté (devoirs qui définissent tous ceux qu’il a avoir en tant que patron, et qui vont au delà des simples obligations légales -on appelle ça la « déontologie », déontologie qui n’est pas une molle question d’éthique qu’on pourrait suivre ou non selon ses croyances personnelles mais une question contraignante et dure de philosophie politique-. Ceci ne serait ce que parce que le patron est en tant que citoyen un membre de la communauté politique avant toute autre chose :si ce n’était pas le cas il n’aurait même pas de statut civique ni donc de statut juridico-légal, et encore moins de statut professionnel). On ne cesse JAMAIS d’être un citoyen, y compris et surtout dans son travail, qu’il s’agisse d’un job d’investisseur ou de patron ou quoique ce soit. Pour ceux qui refusent de jouer les règles du jeu dont ils bénéficient pourtant depuis leur naissance jusqu’à leur mort, et qui préfèrent suivre des règles qui les avantagent plus en tant que personnes privées, il y a un nom pour ça: la traitrise (ceci est comparable à ce que fait la personne qui profite de son statut économique et social pour faire à l’étranger ce qu’il n’est pas autorisé à faire en France, à quelques nuances importantes prêt).
Si la stabilité des institutions compte comme je le crois davantage que le bien-être socio-économique des citoyens -ce qu’on finit par ne plus voir à force de profiter grassement de cette stabilité- alors c’est vous, et non pas le salarié, qui avez une vue à court-terme, que vous abordiez la question des paradis fiscaux ou celle du mode de contestation des règles en vigueur.
« Car si j’étais patron en France et que je devais subir cela, je planterais tout là et partirais au soleil profiter de mon argent plutôt que prendre le risque d’avoir une entreprise, de créer des emplois… »
On voit bien que vous n’êtes pas un investisseur. Un investisseur ne réfléchit pas et ne se pose pas le problème de cette manière là.
@ybabel
Je ne crois pas aux petites actions individuelles. C’est sympathique , mais cela ne concerne que l’individu. Ce n’est pas efficace. En revanche , exiger des entreprises (en légiférant) des actions plus importantes serait plus efficace.
Certains ont parlé des paradis fiscaux (faciles à supprimer pour les entreprises et banques se trouvant en France ; c’est juste une décision politique). Avez vous entendu parler de la campagne durant le Tour de France (qui pase par Monaco, Andorre et la Suisse) organisée par argentsale.org (ceux là même qui avaient organisé ce colloque si intéressant fin mai).
Tiens, vous trouverez des infos sur les sujet sur la page d’accueil d’Attac France, dont certains parlaient tout à l’heure
@ Cédric
C’est le Chevallier de Lespallès ?
Paul j’ai un doute: reçois tu mes mails?
Curieux relents dans de nombreux commentaires… Allez courage, je fuis!
@camarade
Je suis ouvert d’esprit.
Je suis très surpris d’apprendre que Stiglitz a travaillé pour Attac.
Mon seul contact avec Attac était celui d’un dirigeant « local » qui ne savait pas même comment fonctionnait une société par action: il essayait de détruire ce qu’il « croyait » que c’était (ce qu’on lui avait faussement décrit?),bref un fantôme qui n’existait pas!
Mais, comme je le dis, je suis ouvert d’esprit, donner moi le titre d’un livre (ou mieux un .pdf gratuit) qui expose de manière cohérente un système autre, j’irai voir.
Quant au capitalisme, il est théoriquement parfaitement cohérent. Là où les avis sont sainement partagés est s’il existe un système théoriquement correct et empiriquement meilleur qu’un autre système. Partir avec une machine qui odéfi les principes élémentaires de la physique est un bien mauvais départ: c’est pour cela que les altiermondialiste ferait bien de tester leur plan/modèle avec de le mettre en orbite!
Ce qu’aujourd’hui on observe aux USA, ce n’est pas la fin du capitalisme, mais (on l’espérera) la fin du néo-conservatisme (encore appelé socialisme pour les riches seulement) qui cherche à « sauver » des banques qui dans un système capitalisme correct (à la Adam Smith) aurait subi la faillite plutôt que de jouir de l’état au détriment de tous. Ce néo-conservatism « privatisation of gain and socialisation of risk » (pour paraphraser Roubini) N’EST PAS libéral, c’est de l’étatisme/socialisme tout cru, et du très mauvais étatisme/socialisme par surcroît.
La grande force et l’assise fondamentale de la société moderne c’est l’utilisation extrêmement efficace de tout le processus de médiatisation (ce que Debord appelait « La société du spectacle », pour faire vite) pour diffuser une seule et unique pensée « Il n’y a pas d’alternative au système actuel, point barre, ne cherchez donc pas ailleurs ». Il lui a fallu du temps (les médias de masse, en particulier la télévision, commencent à se développer au début des années cinquante) mais elle y est arrivée et plutôt bien.
La télévision et son prolongement internet coupent les gens de la réalité. Quand vous regardez, vous ne participez pas, il y a réellement un écran entre vous et l’événement qui est montré (on voit même dans les manifs, les participants se couper de leur propre action en se mettant en scène grâce à leur téléphone portable, l’important n’étant plus les revendications mais la représentation médiatique de ces revendications) N’étant plus acteur, vous ne ressentez pas le besoin de prendre position, au mieux vous n’avez d’autre opinion que celle du moment, une pulsion momentanée qui va passer d’autant plus vite que déjà un autre événement est mis en scène. Il suffit de présenter cet événement d’une certaine façon (et c’est évidemment toujours le cas) pour créer la réaction primaire adéquate colère, compassion, étonnement mais surtout pas réflexion qui demande du temps. Un film imaginé, construit avec minutie et constance par son réalisateur, une simple photo imaginée, cadrée avec soin par un photographe peut vous plonger dans une rêverie philosophique positive, un journal télévisé qui mélange tout et n’importe quoi à une vitesse vertigineuse (et c’est encore pire dans les journaux en continu type CNN) ne peut que vous plonger dans la confusion perpétuelle. Le problème est encore pire avec internet car la masse d’informations disponibles vous forcent à surfer en permanence, à chercher à compléter continuellement l’info intéressante sans vous rendre compte que finalement l’info ne vous est répétée qu’avec des variations de détail et que vous choisissez simplement la couleur que vous voulez donner à cette info selon que vous soyez de droite, de gauche, croyant ou incroyant, satisfait ou insatisfait du système. Ainsi, simples spectateurs finalement contents de notre ration d’images ou d’idées instantanées toujours renouvelées, nous n’avons plus besoin de participer à la marche du monde, nous désertons les syndicats et les organisations politiques, nous n’avons pas la patience de la réflexion ingrate et laborieuse, nous ne cherchons plus que du neuf et encore du neuf , de l’événementiel qui nous stimule. . Et même si soudainement la réalité nous rattrape brutalement au coin de la rue, il y aura toujours un micro compassionnel, une émission de télé-réalité pour nous extraire au plus vite de ce désagréable moment.
C’est ce qui explique entre autre, à mon avis, la montée et la descente tout aussi rapide des mouvements alter-mondialistes qui d’ailleurs durent beaucoup à l’action violente du Black Block pour s’imposer dans le paysage audiovisuel continuellement saturé, de la même façon que les ouvriers licenciés doivent beaucoup aux bonbonnes de gaz judicieusement disposées pour imposer (peut-être) leurs revendications. Tant que le système arrivera à mettre en scène la réalité, c’est à dire tant que la réalité brute n’échappera pas à son emprise par la force de mouvements sociaux ,politiques ou géo-politiques devenus incontrôlables par leur dynamique propre, c’est à dire tant qu’il pourra montrer que tout fait partie du système car tout peut être mis en scène et expliqué selon sa propre logique, il pourra dormir tranquille que cela nous ennuie ou non.
@ Alexis
J’ai connu des informaticiens qui développaient des logiciels de caisse noire pour les commerçants ! C’étaient des gagne-petit.
Avez-vous entendu parler des « dark pools », ces plate-formes qui permettent d’échanger des blocs de titres en toute discrétion, mais en respectant la législation, est-il affirmé ?
Elles sont en effet censées exécuter les ordres qui lui sont confiées sur la base d’un prix importé d’un marché réglementé. Ce sont les grandes banques qui sont souvent à leur origine.
On attend les résultats d’une réunion entre les représentants de quatre « dark pools » et le Comité européen des régulateurs (CESR), qui s’est réuni hier. Car les régulateurs s’interrogent. On les comprend, et on attend le fruit de leurs réflexions.
@sous commandant
l’un n’empêche pas l’autre et surtout l’autre ne dédouane pas de l’un 😉
Si on parle d’efficacité, et bien, je crois que justement les actions individuelles, si on regarde le sous-jacent de la crise sont bien plus efficace qu’on ne pourrait le croire … et si les politiques ont agit si promptement, c’était aussi pour enrayer des mouvements de masses (qui sont donc plusieurs individus qui agissent sans se concerter)
D’autre part, s’en remettre encore une fois au politiciens qui nous ont conduits dans le gouffre pour nous en sortir, est pour le moins critiquable !
@ Cedric
Mr Chevalier trouve peut-être amusants ce blog. Moi ce qui m’amuse beaucoup, c’est de lire sur le sien que les licenciements en masse sont « indispensables pour augmenter la productivité et relancer la croissance », et que pour JP Morgan « tout va bien ou presque ». « Tout est si simple » comme il le souligne, en citant Milton Friedman…
Pour rebondir sur le billet de Ghost Dog, si je comprends le désarroi du au manque de mobilisation, je comprends aussi les raisons de ce désamour relatif. En fait, je pense fondamentalement que ça ne sert pas à grand chose, tout du moins de positif. Les grandes manifestations populaires n’arrivent à instaurer un rapport de force à leur avantage que lorsqu’elles adoptent une posture violente. Sans visibilité aucune sur la suite des opérations. Et n’atteignant pas ce stade, la plupart, en lieu et place d’un point de départ, jouent un rôle souvent contre-productif dans la perception des idées défendues.
Les vraies révolutions collectives se font dans les têtes, idéologiquement.
@Serge Demoulin nous dit
« Ah oui j’oubliais : il faudrait surtout sévèrement punir et interdire la séquestration des patrons d’entreprises car pour faire fuir les entrepreneurs on ne fait pas mieux. »
c’est du n’importe quoi.. toujours cette dualité..
j’ajouterai donc !!!! il faudrait surtout sévèrement punir et interdire la France à ses patrons d’entreprises n’hésitant pas à sous-payer, exploiter ses employés car pour les pousser à la séquestration on ne fait pas mieux..
Vanité des idoles politiques, vanité des idoles médiatiques : Tout est vain ! Tout n’est que discours, vide et empressement de plus, sans consistance, autrement dit que des vanités bien illusoires. Vertige d’un monde qui bascule peu à peu et machinalement vers l’abime en vitesse mais de quoi les idoles médiatiques sont-elles si vides ?
@Ghost Dog et @tous
Votre texte-reportage m’a fait l’effet d’un air frais. Certainement, en raison des informations casiment en live et toutes fraiches.
C’etait previsible et prévu qu’il n’y’aurait pas de contre-sommet.
Le choix du lieu par le president du Conseil Italien releve de la stratégie à 2 coups minimum , habituelle en politique.
– 1er coup – symbolique et compassionnel : apporter le soutien de la nation et du monde aux habitants traumatisés
– 2eme coup – politique et cynique, : contraindre les alter-mondialistes à la decence et à la retenue face au traumatisme et au deuil de la population.
Les manifestations n’ont presque plus d’impact et resemblent de plus en plus à des kermesses (vente de frites et hamburgers, musique…). En plus, trop de manifestations tue l’éfficacité des manifestations (à Bruxelles, il y en à tous les jours…). Les forces de l’ordre se sont organisées en fonction (déviation du trafic, infiltration)…Généralement, les manifestants et la police attendent les journalistes, on incendie éventuellement une voiture (pour le journal télévisé) et c’est fini !…
A notre époque, il y a des façons plus intelligentes de manifester son mécontement : boycott de certaines entreprises et produits, refus massif de voter, ne plus payer impôts-TVA-électricité…
Beaucoup dépend de la communication et de l’organisation nationale et internationale (internet ,gsm)….L’impact de ces mesures est souvent plus efficace.
Manif de fous furieux contre un président noir asservi à Wall Street en 2009.
C’est assez cool!
http://www.fourwinds10.com/siterun_data/peace_freedom/patriots_and_protesters/news.php?q=1247249620
Est-il vraiment nécessaire de devoir supporter la logorrhée imposée par Serge Moulin et autres dignes représentants de la réaction? Je n’étais pas habitué à cela sur ce blog.
Pour revenir au sujet il me paraît plus que jamais évident qu’une mobilisation de masse n’est pratiquement pas envisageable Wladimir @ 17:17 en a très bien énuméré les raisons. La frustration des personnes informées ne sera que plus forte face à la masse aliénée et l’on ne peut plus que craindre/espérer des actions individuelles.
Serge Demoulin !!
Cela ne sert à rien de discourir de cette manière, il me suffit d’inverser tout les termes de votre dernier post pour en trouver le sens qui m’ interresse..
Exemple:
Vous:
Je vois que vous pensez que tous les patrons se remplissent les poches, sont tous des investisseurs multimillionnaires et ont la vie belle et que les ouvriers ou employés sont tous des anges qui sont exploités …
Moi:
Je vois que vous pensez que tous les ouvriers se remplissent les poches, sont tous des syndicalistes grassement payés et ont la vie belle et que les patrons ou actionnaires sont tous des anges qui sont exploités …
c’est pas top comme résultat. mais c’est le principe.. les discours sont interchangeables et maintenant cela ce voit nettement grâce à la toile qui enregistre tout …
la lutte des classes n’as jamais existée.. il n’ y a que le pouvoir de l’argent et les autres…
»The revolution will not be televised »
Et là j’aimerais bien savoir poster Gil Scott Heron ; mais je sais pas.
@ Ghostdog
« Il y avait un homme en Chine, qui aimait les images représentant des dragons. Tous ses vêtements et ses meubles étaient décorés de ce motif.
Le dieu des dragons s’avisa de cet amour profond, aussi un jour, un vrai dragon se présenta-t-il à sa fenêtre. On dit que l’homme en mourut de frayeur… » Hagakure.
folklo-rioter
mon dieu !!! nous ne sommes pas digne de fréquenter votre savoir, votre intelligence, votre pertinence….
vous ne valez que la valeur de votre réaction, c’est à dire Zéro.. Monsieur
sur ce je vous quitte .. !!! 🙂 et vous laisse à vos extase intellectuelle..
A bientôt Monsieur Jorion.. A vous lire
@innocent
Ce blog est le dernier endroit du web où je veux voir se développer une polémique stérile et sûrement due à une incompréhension.
La « réaction » ne visait pas les réponse offerte à Serge Demoulin, mais était à interpréter dans le sens orwellien du terme; elle désignait les forces réactionnaires. Rien de plus.
Je constate que savoir communiquer et se faire comprendre sur Internet est un exercice de haute voltige que je ne maîtrise pas, contrairement à la majorité des intervenants de ce Blog qui me procurent un grand plaisir à chaque lecture.
Non,
FolkloRioter, CanineTooth, ExplosiveCigar, Plastic, BigBangBoom, sans oublier PetitCaniche
C’est moi, RazorBlade, déguisé en aristo! J’infiltre!
🙂
folklo-rioter
mes excuses.. et il n’ y a pas d’expérience ou de science sur l’art de poster, pour preuve, je hante les forums depuis une dizaine d’années, de par mon métier et pour mon plaisir. je ne suis pas un économiste, ni banquier, ni spécialistes des mécanismes financiers et il est donc vrai que nous avons dérapé sur les sujets principaux de ce blog.. mais bon une petite échappée ne peut faire de mal tant que cela ne part pas en polémique comme vous le dites..
De plus je suis bien incapable de comprendre le dixième de vos posts quand cela devient technique de haut vol et donc incapable de participer activement..
je sais que par expérience, que nous tous envie d’être la cible, que ce soit sur les forums et dans la vie en général
et je n’aurai pas du foncer sur mon stylo, Je mettrai donc cela sur la chaleur, sur l’impression d’être mené en bateau par nos gouvernants, de la morosité ambiante..
j’ai été long pour pas grand chose.. comme d’hab 🙂
Bonne soirée à tous… et donc à tous vous lire avec plaisir .. héhé.. allez une bonne douche…
Correction: « que nous avons dérapé » par « nous ayons dérapé »
probablement qu’il reste encore des fautes mais je pense mineure, celle ci était vilaine par la forme…
De plus je suis bien incapable de comprendre le dixième de vos posts quand cela devient technique de haut vol et donc incapable de participer activement..
j’adore me faire du mal..
Je crois que la répartition entre « gauchistes » et « réacs » est maintenant assez équilibrée sur ce blog.
Les arguments volent drus, plutôt bas ou démoralisés
1-) » Quand un patron paye 1500 euros à un salarié il doit en réalité payer le double chaque mois…. »
Les salaires Net, Brut et ‘Brut de Brut’ ( Rémunération Globale du Travail, la RGT)
sont des épicycles de Ptolémée: si on les utilise, l’erreur est garantie.
Le salaire vrai est la RGT, tous les autres sont des découpages artificiels à base
idéologique; les parts dites salariale et patronale sont arbitraires mais
d’intérêt manipulatoire évident.
En tant que salarié, mon salaire est la RGT ; mon compte bancaire (obligatoire)
est crédité du salaire Net; la différence est répartie en impôts à
destination de différents organismes.
Bien que le taux d’imposition sur ma RGT soit de l’ordre de 60%, je l’estime
légitime; je n’irai pas ailleurs…
(les fins de mois sont difficiles , surtout les 30 derniers jours: je participe déja,
et au delà, au retrait bancaire évoqué par certains environ tous les 8 du mois… ).
En tant que patron, je calcule les salaires en RGT, j’y ajoute quelques broutilles
que je ne comprends pas et mes prévisions salariales sont justes.
2-) l’intelligence est cette chose qui permet des choix et les justifier.
Je ne crois pas que l’on doive faire quoi que ce soit pour retenir celui
qui a l’intelligence de partir. Il faut faire confiance aux possibilités
humaines: celui qui part sera rapidement remplacé, en mieux.
La facilité est une régression.( j’exagère un peu).
Toute l’histoire humaine prouve le progrès par la victoire sur la difficulté
par exemple la fin de l’esclavage… Harriet Beecher-Stowe aide.
3-) La bourse, ses croyances et tout ça… ailleurs, jamais, n’existe pas
connait pas, pas autre chose que l’astrologie et le tarot,
irrationnel vide,pognonesque bien sûr, mais pas ici.
4-) Pour les désenchantés de l’action collective, je participe.
Simplement, l’image ( TV etc…) ne porte plus d’informations.
Les ‘mots d’ordre’ ne rassemblent plus; Taxe Tobin
était un slogan rien que sympathique. Nous
ne ferons pas l’économie d’une réflexion approfondie.
Il faudra trouver d’autres moyens de créer du consensus.
Il viendra. Ce blog en porte témoignage.
N’oublions pas que c’est un système qui a failli
après avoir chercher à détruire ce qui s’opposait à sa boulimie,
c’est-à-dire l’organisation même de notre société et sa culture.
Nous pouvons nous considérer comme convalescents.
Moralement, nous avons le devoir de ne pas
accepter sa règle du jeu.
C’est un peu court, mais ne pas perdre espoir…
@ d comme david
The Revolution Will Not Be Televised- Gil Scott Heronenvoyé par larsen42. – Clip, interview et concert.
un espoir de renouveau pointera à l’horizon quand le ps aura repensé son idéologie sur la base des idées émises par paul jorion; car les déchirements de ce parti n’ont pour origine que l’inexistence de ligne politique; si ce n’est celle qui s’applique déjà au gouvernement;