Billet invité.
LE GRAND SOMMEIL
10 ans après l’incroyable vent de contestation qui secoua l’OMC à Seattle, le contexte particulier de l’effondrement du système capitaliste laissait supposer l’émergence d’un contre-sommet du G8 historique en Italie. A l’arrivée, beaucoup de policiers, beaucoup de journalistes mais peu de manifestants ! Chronique d’un rendez-vous manqué.
Les apparences sont parfois trompeuses. Lorsque j’arrivais le 7 juillet au soir à la gare de Termini (Rome), des policiers couraient dans tous les sens et arrêtaient des manifestants qui tentaient de bloquer les voies. A première vue le contre-sommet du G8 de L’Aquila avait déjà commencé. Le déploiement policier ayant cours dans la ville – pas moins de 15.000 membres des forces de l’ordre mobilisés- attestait l’imminent déferlement sauvage d’une horde d’altermondialistes. Sauf que… Sauf que la horde n’arriva jamais.
Les contre-sommets ont toujours constitué l’occasion pour les forces dissidentes de notre beau village globalisé de faire entendre une autre voix. Ces tentatives joyeuses de dénoncer, l’espace de quelques jours, les logiques de la mécanique froide et meurtrière des intérêts du capital mondialisé et son cortège d’inhumanité se révélèrent de formidables moments festifs où l’imagination le disputait, il est vrai, à la violence. Les forces en présence, ONG, associations de paysans, anarchistes, communistes, syndicalistes militants de tous poils, s’associaient pour un but ultime : rappeler aux « dirigeants-serviteurs-des-multinationales-du-pouvoir-financier-grand-pourfendeurs du Bien Commun » que les citoyens restaient vigilants et n’entendaient pas les laisser détruire sans rien dire leurs libertés, leurs aspirations à plus de justice sociale, leurs droits à refuser et à combattre Leur Pensée Unique.
Caricature
Cet été 2009, les Italiens ont imaginé un scénario radicalement différent. Alors que sévit une crise économique sans précédent (au sens où elle marque la fin du modèle néolibéral qui s’écroule par pans entiers sous nos yeux), la gauche romaine – dont la principale excuse fut un manque de temps sur le plan organisation – plutôt que d’utiliser l’incroyable caisson de résonance médiatique qu’entraîne la présence d’un G8, a volontairement choisi de ne rien faire.
Beaucoup d’étrangers présents à Rome imputèrent ce choix au traumatisme de Gênes (manifestation anti-G8 de 2001) où, faut-il le rappeler, un manifestant fut assassiné d’une balle dans la tête par un policier et où le camp d’Indymédia, qui regroupait près de 600 personnes, fut dévasté, les ordinateurs détruits et les journalistes/militants présents, violemment tabassés avant d’être arrêtés. La police italienne se distingua ce jour-là par une incroyable barbarie et une impunité digne des pires dictatures.
S’il est difficile de connaître précisément les raisons de cette démission – aucun des leaders des mouvements d’extrême-gauche romains n’ayant accepté de s’exprimer sur le sujet -, les conséquences furent, elles, flagrantes.
Sur le terrain, les actions organisées à la va-vite s’apparentaient bien plus à une kermesse humanitaro-divertissante qu’à une véritable protestation politique. Le sentiment général se dégageant sur place mêlait étonnement, colère et dépit : où sont les militants ? Quand commence le contre-sommet ?
On en eût une magnifique illustration lors de la manifestation organisée près du centre de rétention pour sans-papiers de Ponte Galeria. Quelque centaines de personnes se regroupèrent derrière une sono diffusant des chansons de Bob Marley. Face à elles, des policiers, mais aussi des journalistes des mass-média (presque aussi nombreux ?) qui, faute de pouvoir relayer ce qui constituait en raison de la faible mobilisation un non-événement, se voyaient réduits à interviewer les membres de la LegalTeam (1) ! Les photographes en mal d’altercations violentes avec les carabinieri en furent aussi pour leurs frais. Il ne se passa strictement rien. Et, mis à part la dénonciation de la complicité passive de la Croix-Rouge italienne ou les slogans « liberté pour tous », tout contenu politique fut prudemment évacué et tout rapport avec le G8 soigneusement éludé.
Rebondir
Faut-il pour autant en déduire qu’après plus de 10 ans, les mouvements sociaux luttant contre les politiques dévastatrices prônées par les dirigeants du G8 ont définitivement perdu leur mordant et leur capacité à mobiliser ? Rien n’est moins sûr.
L’absence de contestation à Rome s’explique avant tout par le choix des camarades italiens de ne pas recevoir leurs acolytes étrangers. Oublièrent-ils un peu vite que ces questions concernent l’ensemble des habitants de cette planète et pas seulement les militants d’extrême-gauche transalpins ?
Ces 30 dernières années un glissement pernicieux fut opéré par les tenants de la pensée néolibérale, transformant progressivement les citoyens en consommateurs, réduisant par ce biais à néant le fondement du contrat social qui suppose la supériorité du Bien Commun sur la liberté individuelle. L’absence de contre-sommet à Rome démontre avec acuité combien cette question, loin d’être anecdotique, se pose aussi aux forces contestataires.
Et puisqu’il est à présent clairement établi qu’une des causes principales de cette crise réside en la transformation des rapports de forces entre les différents acteurs sociaux (investisseurs, chef d’entreprise et salariés) à l’avantage des possédants des moyens de production ou de capitaux, on comprend mieux l’urgence et la pertinence des mouvements citoyens.
Berlusconi, Obama et Sarkozy purent rêver tranquillement à la sortie de crise, aucun cri ne s’exprima qui pût les troubler. Combien serons-nous demain pour les réveiller ?
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(1) Legalteam : le Legalteam est constituée d’avocats et de juristes bénévoles qui lors des manifestations importantes comme les contre-sommets (!) propose de soutenir juridiquement les manifestants arrêtés par les autorités. Ils se portent par ailleurs garant de la liberté de manifester.
108 réponses à “Le grand sommeil, par ghost dog”
c’est un peu comme si, maintenant que la bestiole capitaliste semble en mauvaise posture, les subversions se retenaient de peur qu’elle ne se relève pas… c’est pas si simple de se jeter dans le changement…
merci à ghost dog pour ce billet!
C’était à dire et c’est donc fait.
Il s’agit,pour l’instant,d’une gigantesque apathie des « consommateurs »,par méconnaissance soigneusement entretenue grâce à des « pro » de la com !!! (trés chers payés ! )
J’ajoute simplement,parce que tout est dit sur ce four,:
« Méfiez vous de l’eau qui dort ».
Grand merci à l’auteur du billet décidément bien venu ici.
Les réveiller avec des expérimentations résolument novatrices ?
Au fil du billet précédent, Hadrien lançait un très intéressant échange de vues qui évoquait par exemple, une économie coopérative
Une économie coopérative : et pourquoi pas « des » ? Pourquoi écarterions-nous d’entrée de jeu cette hypothèse tellement plus prometteuse « des » économies coopératives coordonnées qui nous permettrait enfin de nous émanciper des penchants dangereusement « concentrationnistes » (au service de quels dominants ?) des penseurs actuels de notre organisation socio-économique commune, tout en restaurant l’indispensable développement de notre libre-arbitre sans lequel notre autodétermination existentielle et la libre pratique de nos choix de vie sur nos « futurs viables » deviennent inconcevables ?
Les représentations mentales de l’évolution universelle, qu’elles soient scientifiques, d’inspiration métaphysique ou d’émanation « obscurantistes », qui tendent à accréditer le triomphe d’un hasard imbécile, le triomphalisme d’un groupuscule de dominants sans foi ni loi ou le triomphalisme d’une quelconque terrorisation d’essence transcendante par exemple sur lesquels l’humanité n’aurait aucune prise et qui plaident finalement pour une apocalypse accélérée dans la violence institutionnalisée sous la houlette d’une oligarchie ou d’une ploutocratie surpuissantes, le pillage économique et l’absurdité existentielle, semblent en effet tenir le haut du pavé !
Mais, la fraternisation sous ses formes les plus diverses [à commencer par ICI via internet] et plus largement, tout ce qui relève de « l’âme humaine » dans ce qu’elle peut porter de plus noble et de plus grand, restent de merveilleux mystères qui nous mènent au « dépassement » et qui, fort heureusement, parviennent toujours à résister aussi bien à la mercantilisation généralisée qu’aux réductionnismes mathématiques de ceux qui entendent tout contrôler, concentrer tous les pouvoirs et « fossiliser » la libre expression de l’Evolution humaine au sein de l’Evolution Universelle dans leurs visions « immobilistes » de l’avenir !
Le triomphalisme boursier actuel devrait en effet encore plus nous alerter sur l’urgence à passer aux actes et nous inciter à expérimenter rapidement à échelle restreinte d’abord, la faisabilité d’une pluralité grandissante d’économies coopératives coordonnées qui émanent de conceptions fraternisatrices des futurs viables à notre portée, conceptions que l’on puisse protéger de tout « accaparement suspect » par une minorité ou par une quelconque institution politico-économique !
En ce sens, et pour faire suite à la question posée initialement par Paul dans le billet précédent, à savoir « Quelle est la puissance qui s’apprête maintenant à prendre la suite ? », ne détenons-nous pas de plus en plus l’extraordinaire pouvoir collectif, en particulier avec des supports tels qu’internet, de nous libérer de l’obsessionnelle inclinaison qu’ont encore les sociétés humaines en période de crises aigües, à ne concevoir leur avenir économique que dans le régressif, dans le retour à du primitif et dans la reproduction des bonnes vieilles recettes d’échec du passé, avec de monstrueuses et insoutenables concentrations de pouvoirs guerriers élevées au rang de pouvoirs financiers, dans l’exacerbation la plus délirante du rapport humain dominant-dominé ?
Au nom de quoi en serions-nous définitivement et désespérément prisonniers ? Au nom de notre survie économique dans la systémique actuelle et ses mécanismes de protection sociale emprisonnants, avons-nous réellement besoin ou envie d’être « dirigés » et « enfermés », voire « enchaînés » dans la ligne de pensée unique qui nous est imposée comme une voie sans issue parce que sans futur écosoutenable ?
Les tentatives d’organisation démocratique ayant toujours fini par voler en éclats face aux puissances de l’argent aux mains des dominants, le temps est peut-être venu d’inventer « beaucoup mieux », d’inventer et d’expérimenter ensemble des myriades de consciences collectives croissantes, de devenirs et de complémentarisations qui échappent de mieux en mieux à cette désespérante fatalité !
Pourtant des gestes simple leur font plus peur a ces dirigeants que des « contre sommets », il suffit de retirer nos sous des institutions, de se reprendre en main soi même …
Et la, au nom de la « liberté individuelle » qu’ils affectionnent tant, ils ne peuvent rien faire, sinon prier que le bien commun continue a alimenter leurs caisses !
@ GostDogh
En dépit de ce qu’il relatait, j’ai lu avec plaisir votre reportage, un genre trop injustement oublié dans la presse, alors qu’il permet de raconter tellement de choses vues (et accessoirement de faire preuve de ses qualités d’écriture).
Il y tout un faisceau de raisons qui explique, à mon sens, ce qui pourrait être qualifié d’un mot que vous n’employez pas: apathie. Mais peut-être l’obstacle principal provient-il du « à quoi bon ? » qui résonne dans la tête de beaucoup. Du sentiment que les protestations seraient illusoires et sans effets; qu’elles ne trouveraient pas une traduction politique, condition nécessaire au changement.
Je suis pour ma part frappé, j’habite actuellement en France, des réflexions que j’entends autour de moi, produites par les événements en cours. Quand elles ne témoignent pas d’une mise en cause radicale, elles expriment un rejet qui ne l’est pas moins. Et je traverse un peu les milieux.
Mais comment, pour reprendre votre interrogation finale, faire lever la pâte ? Peut-être en formulant deux choses :
– Des objectif immédiats de contestation. Par exemple « il faut stopper toute de suite la spéculation sur les produits alimentaires ! »
– Un projet global à plus long terme, un programme si l’on veut. Dans quelle société aimerions-nous vivre ?
@ybabel
ce que je dis souvent à mes enfants..
le peuple a un immense pouvoir, celui de refuser, de ne pas participer, de dire stop, non…
le peuple a les armes pour se défendre, mais la plupart ne le savent pas, et les autres ne savent pas s’en servir..
Que manque t’il.. éducation civique ? , histoire , des hommes sincères, la goutte de trop..
La solution pour qu’il n’y ait plus de manifestations c’est de multiplier les g8 g20 g27 etc
ca décourage les plus motivés tout le monde ne peut pas se permettre de participer a toutes les manifs
et le coté symbolique se dilue dans la quantité.
Rien ne doit changer tout le monde a peur de la déflation alors une bonne spéculation sur les produits alimentaires et l’énergie et le tour est joué ,bonjour l’inflation a défaut de remise en question du systeme j’ai bien peur qu’on aille vers une radicalisation et une prise de pouvoir encore plus forte de la finance sur l’économie. La révolte est loin d’arriver, la passivité est devenue la norme et la révolte un hobby de fils a papa une pose de rebel des jours heureux, beaucoup de souffrance vont etre nécessaire a la naissance d’une vraie révolte.
le peuple a un immense pouvoir, celui de refuser, de ne pas participer, de dire stop, non…
et tout cela sans aucune goutte de sang versé, ni révolution, qu’un pas en avant mais tous ensemble..
Quelle belle révolution ce serait, si la majorité acceptait ne serait ce que pendant une semaine, de ne faire aucune dépenses, aucun mouvement de banques, faire la sieste, farniente…
@François,
Merci pour vos encouragements…Pour répondre à votre question, il y’a là effectivement un paradoxe sur lequel j’aurais dût peut-être un peu plus insister.
Au début des années 2000 les mobilisations étaient massives et les « adversaires « drapaient dans leur bonne conscience opposaient à toute remise en question du système la « formidable réduction d’inégalités » que ne manquerait pas d’entraîner la croissance mondiale version néolib’.
A la faveur de cette crise, chacun peut constater que cet « espoir » relevait bien plus de l’idéologie (fumisterie ?) que de la réalité.
On pourrait donc s’attendre que fort de ce constat les mobilisations explosent un peu partout .
A l’apathie réelle, il convient aussi d’ajouter la peur que pouvait inspirer aux italiens la présence massive de Black Bloc européen.
Je partage entièrement votre point de vue quant à la nécessité d’un programme politique, car malgré ma colère je ne crois pas un seul instant au : »brûlons, on verra par la suite », antienne chère aux Black Bloc mais qui ne répond pas à la question : Et Après ?
Je crains malheureusement que la présence des autonomes au sein des manifestations n’entretienne de dangeureuses confusions :
*amalgame entre alter et Blak Bloc = tous des casseurs ce qui entraînent une invisibilité du discours politique, ce qui arrange bien les autorités.
*position stupide : c’est bien gentil de tout brûler mais cela ne répond pas à votre question : dans quelle société souhaitons-nous vivre ?
A votre interdiction de la spéculation, j’ajouterais la supression des paradis fiscaux, action bien plus efficace sur le plan politique que de brûler une banque !
Bonne journée !
Pourquoi si peu prennent la tangente ?
Je pencherai pour une dose d’ignorance, une de flemmardise et une de peur 😉
L’ignorance est savamment entretenue, je dirais même, enfouie sous des tonnes de savoir et de futilités.
La flemmardise incitée et encensée.
La peur propagée telle un virus.
Quel beau cocktail que voila !
TÉMOINS DE LA CRISE ?
(hébreu éd; grec martus, d’où martyr). Personne, objet ou fait qui garantit la vérité d’un événement, d’une parole, d’une action.
Qui voit de nos jours les derniers TÉMOINS de la crise à l’image de leur monde au G8 G20 G27 G….
Et les Grands de ce monde se réunirent et se félicitèrent de nouveau d’avoir su bien fait taire la voix des premiers TÉMOINS de la crise, des peuples trimant plus durement à leur place ne voulant plus les suivre, être mener en bateau… Le Titanic coule mais hélas plus guère d’argent pour sauver les autres peuples du malheur qui vient.
Relisons les écritures pour mieux connaître de nouveau la même histoire comportementale de ces gens là…
@ghost dog
tu n’es pas sans ignorer que les casseurs sont parfois (souvent ?) eux même « payés » par les organisateurs ! justement pour décrédibiliser l’opposition.
quand aux actions, ni toi ni moi ne pouvons supprimer les paradis fiscaux, par contre, retirer ton épargne de la banque … tu peux et ça a le même effet.
Ce n’est qu’une solution parmi d’autre, la créativité n’a pas a avoir de limites.
C’est simplement pour mettre en exergue le pouvoir de l’action individuelle.
Évidement, tout dépends si on veut une vraie remise en cause ou juste quelques mesurettes pour pouvoir continuer le même jeux un peu plus longtemps (ce qui n’est pas une critique de ma part, ce système a ses avantages).
Effectivement les mobilisations en Italie étaient très faibles et surtout très dispersées. Il y a eu je crois une manifestation à Berlin le 4 juillet. En France rien du tout.
Lors des réunions du G20 de décembre et d’avril, les rassemblements à Paris (entre Opéra et la Bourse) ont réuni très peu de monde. Nous n’étions que quelques convaincus.
En avril les rassemblements à Londres et en Allemagne étaient beaucoup plus impressionnants. Mais le syndicats étaient présents, contrairement aux rassemblements parisiens où ils étaient curieusement absents.
Pour la plupart des gens les G8, G20, ces réunions illégitimes de chefs d’état restent bien abstraites.
Nous verrons fin septembre, lors du sommet de l’OMC à Genève….
@ GohstDog
Je suis pas certain que la suppression des paradis fiscaux puisse être le thème d’une campagne d’opinion, si elle n’est pas assortie de mesures précises, pour les réclamer. Par exemple, que les banques et les grandes entreprises déclarent toutes leurs activités « off shore », pour qu’elles soient réglementées ! Et que l’on ne s’en tienne pas à l’évasion fiscale individuelle, qui est par comparaison peanuts.
@ Allfeel
Tout à fait d’accord. 1- la finance va nous écraser un peu plus grâce à cette crise. 2- la révolte ( constructive ) n’est pas pour demain vu qu’on ne sait pas quoi proposer à la place du système.
@ Dubonsens
Sauf que les humains ont une tendance innée à la division ( même dans ce blog « de gens bien » on s’en aperçoit ).
1- Pour des causes pourries il est plus facile d’arriver à un consensus général ( voir les deux guerres mondiales ).
2- Pour des causes justes bonjour le feu d’artifices dans toutes les directions ( voir la Révolution Française ).
@ Dubonsens et les autres:
« Quelle belle révolution ce serait, si la majorité acceptait ne serait ce que pendant une semaine, de ne faire aucune dépenses, aucun mouvement de banques, faire la sieste, farniente… »
J’ai vu il y a peu le film « l’an 01 » de Jacques Doillon, datant de 1971. Divertissant, il raconte l’histoire d’une société « qui arrête tout ».
http://www.imdb.com/title/tt0179641/combined
Avec un peu de provocation, je dirais que la non-mobilisation collective induite par le « chacun pour soi » est peu à peu remplacée par celle du « chacun chez soi ». Pourquoi aller bouffer du lacrymo à un contre-sommet alors que l’on peut trouver l’équivalent sur internet dans son fauteuil ?
Et surtout pourquoi aller dénoncer les excès et dérives du capitalisme lorsque ces propos (typiquement alter/gaucho il y a 10 ans) sont à présent repris par les libéraux US qui ont organisé et voté ces dérèglementations ?
Le problème est que les altiermondistes qui pourrait s’ils le voulaient bien effectivement améliorer le monde:
1) manque de capital intellectuel: je ne jamais entendui ni lu encore un projet théoriquement cohérent de leur part (il doit bien en exister vraisemblablement un quelque part), seulement des rapiéçages d’idées toutes faites stupides genre « une société où tout le monde serait parfaitement égaux » (et que faites-vous des différences biologiques? que faites-vous si quelqu’un préfère ne pas travailler: il aura moins à cause du principe égalité travail = résultat? mais si pour le même résultat votre doué ferait 2x de résultat, doit-il donner le reste aux autres? et s’il ne veut que travailler 1/2 fois et produire le même que les autres, que faites-vous?, et s’il ne veut PAS travailler du tout (je ne dirai pas par paresse ou choix personnel, car bien sûr dans le monde d’altermondialiste ces mots sont anathèmes) vous lui fournissez tout quand même? – sinon très vite tous ne seront plus égaux (certains travailleront et les autres jouiront du travail des autres (en toute égalité?). Bref, avec toute la meilleure volonté du monde, intellectuellement je ne peux pas suivre: c’est toujours complètement incohérent, ça ne tient pas debout au premier questionnement. Ce n’est pas une surprise qu’il n’y a aucun système sur la planète qui fonctionne selon de telles principes: tôt au tard, une force extrême (considèrablement supérieure à celle requise dans les systèmes libéraux) doit être mis en place et transformer ces pays en véritable prison.
2) les mouvements altermondialistes (ceux bien organisés) ne sont ni plus ni moins contrôlé que par des intérêts particuliers très divers (syndicat, partis politiques marginaux, voire dans certain rare cas par d’autres pays) pour manipuler des jeunes (où la testostérone est particulièrement forte!) ( avec un lavage de cerveau (encore plus habile que la publicité télévisée conventionnelle) utilisant toutes les techniques de brainswashing habituelles: mis en situation de groupe, incantation et répétition du mantra habituel, déni de la pensée indépendante et critique. Bref, des intérêts particuliers qui cherchent à prendre le pouvoir aux autres.
@MarcR
J’ai vu il y a peu le film “l’an 01” de Jacques Doillon, datant de 1971. Divertissant, il raconte l’histoire d’une société “qui arrête tout”.
Je ne pense pas que de tout arrêter soit la solution, le système fonctionne, il est juste légèrement vérolé 🙂 , une démonstration pacifique telle je que la conçois suffirait à retourner la situation, le regard d’une mère fronçant les sourcils, suffit le plus souvent au fils de filer droit… alors tout un peuple figé et regardant d’un regard collectif et réprobateur les gouvernants ! à l’heure de la communication instantané et planétaire , cela devrait être possible mais il manque un « leader »
Si quelqu’un me sort le mot « utopie » je le dégomme .. héhé… un mot probablement créé par des politiques..
utopie la frontière de nos rèves, nos attentes , du moins les miennes .. déja
A propos de paradis fiscaux, avez vous entendu parler des « Supply chains » permettant aux entreprises de gérer efficacement (par la magie de progiciels idoines – SAP Interprice ou SAP WAREHOUSE) les bénéfices de leurs filiales en implantant leur maison mère en Suisse par exemple ?
MacDo va déménager d’ailleurs de Londres… en Suisse.
@ Dubonsens
Je conseillais ce film comme un divertissement, pas comme projet politique.
Je crains que nous soyons comme la grenouille de la fable qui s’endort dans l’eau tiède et se réveillera trop tard et trop faible quand elle sera portée à ébullition. Que faire alors, sinon entretenir la vigilance ?
@ Marquis de L
tu as trop raison Marquis, et quel beau pseudo tu as là
et merci pour la qualité de ta conversation qui donne tellement envie de répondre poliment
Lorsque tout devient confort matériel, devant le grand frère à la télévision à l’image de son monde, tout devient alors SOMMEIL DE L’HOMME quand la conscience s’endort, l’autre n’est plus vu ou entendu autrement mais tout juste bon à servir encore l’intérêt de quelques nantis et autres groupuscules politiques affiliés de plus bien à l’abris du danger, de la vie, de la réalité qui se reconnaît encore à travers ces gens là vous peut-être pour les applaudir, mais pas moi !
@Serge Demoulin
Sans oublier maintenant les menaces de faire sauter les entreprises !!
Je suis allé à Gênes en 2001.
A cette époque on a connu le pic de l’altermondialisme, avec Bové qui venait de faire Seatle, Millau etc (et qui n’était pas encore bouffon de service chez europe écologie libérale).
A cette époque Attac était sollicité de toutes parts, et cette association était intéressante par les compétences qu’on y trouvait mais aussi par sa dimension internationale (comme la mondialisation, par définition) et grossissait il faut le dire par l’arrivée massive de déçus des partis de gauche, après que ceux ci n’aient pu contré le système qui s’était bien libéralisé depuis la fin des 30 glorieuses. Car d’idée d’apporter enfin une alternative donc à ce système en place, dont on pressentait qu’il n’avancerait pas avec comme destination pour l’Humanité le meilleur (mais sans lui montrer en pleine face le pire, médias aidant!), cette idée d’alternative ne pouvait que séduire les miltants « gauchistes » mais aussi une jeunesse encore naïve et pas encore acquise au système, la téléphagie ne rendant pas mononeurone avant la trentaine.
Malheureusement, malgré un certain développement de ces mouvements, l’ « éducation populaire » promise par l’altermondialisme ne vint jamais et le mouvement regressa de jour en jour, faute de nouveaux arrivants, et avec le départ des militants, définitivement déçus cette fois (que ce soit par la stagnation du mouvement mais aussi par les problèmes internes…à se demander si tout celà n’était pas orchestré!), à tel point qu’on a pu apercevoir désormais comme porte drapeaux de ce mouvement dans les forums sociaux des personnes comme Ségolène ou Clémentine Autain : dur !
Pour le reste, puisque les associations et syndicats ne semblent plus pouvoir faire réfléchir les citoyens et que c’est TF1 qui a pris le relai pour ce « rôle » (!), il semble donc qu’il faille attendre la fin du rêve dans lequel vivent actuellement nos citoyens : ils sont il est vrai dans un certain confort pour la plupart…Salaire moyen de 2000 €…Des millions de voitures neuves achetées chaque année en France…le nouvel iphone qui se vend à 3 millions à peine sorti..Ah qu’il fait bon vivre en France et « vive le capitalisme qui nous rend heureux et libres! ». Oui, à part quelques salariés jetés de leur entreprise (mais qui pour l’instant obtiennent une compensation financière), le rêve capitaliste est toujours dans les têtes et dans les vies, et le cauchemar de la crise n’a fait son apparition qu’à la TV « chez les autres »
Patience ! Car on le sait l’effondrement su système est en place, et il s’effondrera d’autant plus violemment qu’il continuera à montrer un visage rassurant. Alors oui la bourse va monter haut, mais attention à la suite…cependant nous avons la chance en France d’avoir de bons indics au pouvoir et quand Mme Lagarde nous dira que la crise est derrière nous ce sera en langage codé un signal signifiant « tous aux abris! »
Reste à savoir la date de cet effondrement…L’automne parait adapté à la situation (cette année ressemble beaucoup à 2008!), pour bien masquer la déflation qui frappera et mobiliser les citoyens, la pandémie sera utile, et, puisqu’effectivement aucune « alter » solution ne sera proposée, nous permettrons par notre passivité au système de muter, se durcir, se policer, apauvrir un peu plus (et même chez nous cette fois), dans une mutation de civilisation sans précédent…sous le regard ébahi (voire indigné!) de dirigeants syndicaux devenus simple observateurs de la déconfiture générale…alea jacta est !
@Ybabel
A moins d’être très riche, retirer son argent des banque n’a aucun effet. Si on le fait tous ensemble, on se rend vite compte que ce n’est pas possible, on perd son argent (bank run). Le mieux pour notre conscience individuelle est sans doute de la placer dans des banques alternatives durable. Là si on le fait tous en ensemble, ça change quelque chose.
@Marquis de L et autres
Il faut être réalistes : ce ne sont pas les alters en manifs qui prennent les décisions. Quelle importance que leur projet ne soit pas cohérent, complet, etc… Il peut faire place à de l’expérimentation collective et non pas être totalitaire. D’ailleurs, si l’on décrivait le projet économique capitaliste actuel et son foncitonnement à des personnes qui ne l’on jamais vu fonctionner, il apparaîtrait rapidement comme complètement incohérent, injuste et totalement injustifiable (cfr la réalité que nous vivons). Cela ne l’empêche pas d’exister; c’est une question de rapport de force. Si les choses changent vers un système qui n’est pas complètement justifiable, peut-être sera-t-il quand même meilleur. Au vu de la situation actuelle à l’échelle de la planète, j’ai pas l’impression qu’on prennent beaucoup de risque sur ce plan en défendant des options de type altermondialiste.
Et il ne changera pas du jour au lendemain en mettant tout à plat. Si ce n’est après d’énormes souffrances qui réveilleront les masses. Sans garantie que le résultat qui en émerge soit véritablement positif.
Pour favoriser les évolutions allant dans le bon sens, il faut renforcer certaines parties de ceux qui détiennent le pouvoir : dirigeants politiques ou syndicaux. Pour oser à l’encontre de la pensée et du pouvoir dominant, ils doivent se sentir soutenus. Car ils ont été formés dans le cadre dominant et prennent des risques de crédibilité (cfr les remarques sur les incohérences des modèles alternatifs du Marquis – immaginer ce que doivent raconter les dirigeants financiers sur les altermondialistes) en voulant proposer autre chose.
Il faut donc les soutenir que ce soit par des manifestations, pétitions, actions diverses et surtout investir les structures des partis et syndicats afin de les pousser de l’intérieur vers plus d’audace. Ce revendications peuvent être articulées autour de « slogans » simples ou d’orientations générales (type constitution de l’économie). Mais c’est un travail de longue haleine et il n’est pas écrit qu’il aboutira avant d’atteindre le stade d’ébullition.
Ce qui est sûr c’est qu’en condamnant à l’avance toute proposition qui ne fait pas système complet et qui n’est pas entièrement juste et justifiable au yeux de tous (c’est mission impossible), on ne risque pas d’essayer autre chose que l’enrichissement des détenteurs de capitaux par tous les moyens avec son cortège de conséquecnes sociales, écologique et d’épuisement des ressources. Les meilleurs alliés du pouvoir en place sont ceux qui condamnent à l’échec toute tentative alternative avant de lui laisser le temps de l’expérimentation.
C’est tout le sens de la mxime « Soyons réaliste, exigeons l’impossible ». Hors du réalisme, point de salut.
@ Marquis de Laplace dit :
16 juillet 2009 à 15:09
Les caricatures condescendantes et bas de gamme à propos des alter-mondialistes existent donc encore. Sans la mettre sur un piédestal, une organisation comme ATTAC dénonçait les dérives de la finance quand P. Jorion travaillait encore pour elle, ATTAC dénonçait les politiques d’organismes comme la banque mondiale quand Stiglitz était encore à sa tête.
Peut être que leur proposition, entre autres, de taxer les mouvements financiers n’est pas la plus adaptée, elle a le mérite d’exister depuis 10 ans et il ne tenait qu’aux bonnes volontés de faire de meilleures propositions pour l’améliorer. Ils ont fait également d’autres propositions pour limiter les excès de la finance afin d’éviter les crises mais c’est lorsque le mal est fait que les bonnes volontés s’animent…en ordre dispersé.
Bref, selon vous les alter sont des imbéciles rétrogrades et manipulateurs qui ne méritent pas votre temps de cerveau disponible, pas même vos bons avis que vous réservez pour ce blog tardif, pourtant je ne suis pas certain qu’une personne comme Suzanne George ait à pâlir du niveau intellectuel et de la pertinence des propos des personnes intervenant ici, mais si vous vous prononcez sur leur déficit intellectuel, « je vous crois sur parole ».
De nombreux alters étaient et sont encore à l’avant-garde des problèmes générés par notre époque et notre civilisation.
Il y a un peu plus d’un siècle, le communisme incarna un nouveau paradigme qui semblait crédible et digne d’intérêt aux yeux du peuple qui souffrait.
Les masses se mirent en mouvement pour changer le monde.
Un siècle plus tard, les dérives totalitaires et les manœuvres efficaces du libéralisme, finirent par avoir raison de cette ambition généreuse qui portait un rêve de lendemains qui chantent.
Aucun nouveau paradigme ne fait aujourd’hui référence, le peuple désenchanté se repli sur ses urgences.
Tout le monde sent bien que le temps de rebattre les cartes semble venu, mais le dernier contrepouvoir, celui des citoyens, n’est pas majoritairement porté par l’ambition d’une réforme profonde…
La confusion générale entretenue par le discours dominant ne permet pas d’agglomérer des énergies au service d’un projet.
Il est à craindre que ceux qui écrivent le scénario de la souffrance et du malheur continuent à tenir la plume !
@Camarade
En effet, je ne rentre pas dans les détails, car chacun doit trouver sa propre voie. Il y a des tas de petites actions possibles. Qui vont de consommer moins à placer son argent différemment, revenir au troc, co-voiturage, simplicité volontaire, auto-médecine ou médecine naturelle, revoir ses loisirs, habiter différemment, ré-utiliser la monnaie au lieu des cartes de crédit, etc… a chacun de chercher selon ses moyens, ses envies, son éthique