Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Écrire un nouveau livre est toujours une entreprise enthousiasmante et je viens de mettre le point final à celui qui sera pour moi le dixième : « L’argent mode d’emploi ».
Entreprise enthousiasmante, même si les quinze derniers jours se transforment invariablement en épreuve et ceci pour deux raisons : la première, banale, est qu’on calcule toujours mal le temps qu’il faudra, si bien que durant la dernière ligne droite, les journées s’allongent inexorablement : 11 heures, 12 heures, 13 heures de travail… Mais cette première raison n’est pas la pire : la pire, c’est que les derniers jours sont passés essentiellement à se relire : des passages qu’on connaît déjà, d’abord pour les avoir rédigés soi-même, et qu’on doit ensuite relire non pas une, mais cinq, six fois… loin, si loin, de la partie créative de l’écriture : le plaisir de coucher sur le papier des idées dont on ne se doutait pas qu’on irait un jour les penser.
Donc, c’est fait. J’espère apporter du neuf par rapport à ce qu’on lit d’habitude sur l’argent, et j’ai d’ores et déjà été rassuré sur ce point par ceux qui m’ont répété au fil des mois que « tous les auteurs » pensent le contraire de ce que j’avance. Contredire n’était pas le but visé mais plutôt repartir sur des bases plus saines sur la question, les approches faisant autorité étant, comme les événements récents l’ont cruellement rappelé, sur une voie de garage depuis cent ans au moins.
J’irriterai sans doute ceux qui considèrent comme un aspect crucial du problème une question qui m’apparaît essentiellement fondée sur un malentendu, et à laquelle je ne consacre qu’un minimum de pages. Je décevrai aussi ceux qui considèrent la monnaie comme l’élément central de la crise que nous traversons et sa réforme comme le principal moyen d’en sortir.
L’argent procure certainement un excellent angle d’attaque pour comprendre la crise, ne serait-ce que parce les quantités colossales qui en ont été perdues distinguent celle-ci des précédentes. Mais l’argent s’avère aussi à l’examen être l’outil d’échange relativement neutre qu’on vise à ce qu’il soit et ce n’est pas lui le responsable, ni même l’usage qu’on en fait. Le problème avec l’argent ne vient pas de lui mais de nous : de notre tolérance infinie pour la manière grotesque dont il se répartit au sein de nos sociétés.
Et puisque nous sommes le 14 juillet, j’aimerais formuler cela dans une perspective pertinente par rapport à l’événement que nous commémorons aujourd’hui. Nos sociétés d’origine européenne, ainsi que certaines autres, portent toujours la marque du fait que ce sont des guerriers qui donnèrent sa forme originelle à nos systèmes politiques : c’est l’usage de la force non seulement qui garantit leur fonctionnement mais on le retrouve encore à la source du commandement de type militaire qui caractérise encore aujourd’hui la plupart de nos institutions, des administrations publiques aux entreprises privées.
La puissance de l’argent est apparue et a alors rapidement rivalisé avec celle de la force, jusqu’à finir par se substituer à elle. Il est non seulement vrai aujourd’hui qu’il existe une péréquation entre elles permettant d’obtenir tant d’argent pour tant de force brute ou tant de force brute pour tant d’argent, mais il est vrai aussi qu’il existe très peu de choses que seule la force permettait d’obtenir autrefois et que l’argent ne procure aujourd’hui aussi bien.
Les révolutions comme la Révolution Française charrient des idéaux dont la séquence révèle la marche de la Raison. Elles entérinent aussi des glissements structurels sans rapport évident avec les représentations que s’en font ceux qui montent aux barricades en chantant et paient souvent de leur vie leur élan révolutionnaire. Ceux d’entre eux qui réussirent à tirer les marrons du feu se gardèrent bien de remettre en cause la nouvelle puissance qui avait rendu caduque le pouvoir que la force brute conférait jusque-là. L’autorité fondée sur celle-ci s’était effondrée sous son propre poids et il en va de même aujourd’hui de celle qui l’avait remplacée lors des événements dont nous fêtons l’anniversaire. Le pouvoir de l’argent avait remplacé celui de la force brute. Quelle est la puissance qui s’apprête maintenant à prendre la suite ?
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
123 réponses à “L’argent dans l’histoire”
@Marquis:
« Oui, c’est justifiable si l’on est devenu en rendant les autres beaucoup plus heureux. »
Comment ne pas être d’accord?
Eh bien laissons leur argent à ceux-là et limitons fortement le patrimoine des riches qui ne répondent pas à ce critère. Chiche? Combien resteront-ils riches? 🙂
« la concentration de la richesse est suffisamment souvent aux main de personnes avisées et aguerries pour permettre à certains entrepreneurs brillants de mettre au point des produits étonnants »
Qui sont ces personnes avisées et aguerries qui concentrent la richesse? Si c’est l’entrepreneur brillant, ok (Mais alors ces entrepreneurs brillants sont riches avant de mettre au point leur produit étonnant?). Sinon, vous introduisez subrepticement des riches qui n’étaient pas dans notre accord. 🙂
@moi
« imitons fortement le patrimoine des riches qui ne répondent pas à ce critère. »
Je suis 100% à cause à un impôt pratiquement de 100% sur l’héritage. Vous défoncez une porte ouverte!
« Qui sont ces personnes avisées et aguerries qui concentrent la richesse? »
Souvent d’anciens entrepreneurs eux-mêmes qui investissent leur argent dans d’autres entrepreneurs. Comme ils ont une connaissance très poussées du domaine et sont en général extrêmement brillant, les résultats moyens sont dramatiquement meilleur que les sources de financement autres.
L’avantage du 1 milliard d’argent dans les mains du « bon » entrepreneur, est que ce pouvoir est beaucoup plus pratique que les encombrements administratifs à la Sarkozy/Royale d’un financement étatique. C’est pour cette EXACTE raison que la plupart de la recherche APPLIQUEE se fait aux USA et non en France (même si la recherche fondamentale y soit vraisemblablement équivalente): en France, le temps passé à convaincre de multiples instances administratives/politiques, à faire tous les arbitrages de pouvoir nécessaire etc est tellement long et éreintant qu’on bloque ou décourage avant même de commencer l’entrepreneur français brillant.
Un ami me faisant habilement observer la chose suivante: »A Silicon Valley on utilise l’argent français (via SICAV) pour payer des chercheurs et entrepreneurs immigrés français, à faire des produits… américains! ».
(C’est d’ailleurs la même chose pour le Canada, terre de prédilection pour vos entrepreneurs)
Et pourquoi? Tout simplement parce que le système economique/légal en France ne se prête que difficilement à ces activités éminemment utiles:
Le commentaire typique qu’on entend en France est:
« quoi, un entrepreneur brillant disposerait de X fois de biens qu’un SMIC ! Quelle inégalité ! Vous vous rendez compte X fois !!!! »
et les politiciens, soit par ignorance, vraisemblablement plutôt par intérêt électoral, le répète aussi et agissent malheureusement en conséquence.
@denice.
La peur, la peur, la peur, encore la peur, toujours la peur… Mais bordel de bordel, laissez tomber la peur ! C’est vieux et tout rabougri, ce truc. C’est chiant, chiant, chiant. Je ne sais pas moi misez sur quelque chose de neuf, de brillant, d’inaccessible…, de tentant en somme. Même si ça doit rater. Peut-importe, après tout. Le pari positif c’est quand même une énergie plus intéressante à partager que la crainte et ses petites soeurs, non ? Vous allez finir par me démoraliser avant même que la vraie guerre intellectuelle et sociale contre la cupidité ne commence, sans blague ; et franchement, vous ne voudriez pas faire ce plaisir aux frileux égoïstes qui nous gouvernent de gagner faute d’adversaires ?!
Mais cette histoire d’argent ne cache-t-elle pas une histoire bien plus profonde finalement?
Celle de l’homme avec lui-meme?
Je disais que la future puissa
Mais cette histoire d’argent ne cache-t-elle pas une histoire bien plus profonde finalement?
Celle de l’homme avec lui-meme?
Je disais que la future puissance serait l’Amour; je dirais meme plus, de l’Amour de l’Etre Humain
pour l’Etre Humain!
En laissant de coté toutes les tergiversations, intellectuelles, spirituelles,mathématiques, scientifiques,
économiques, politiques, académiques, apocalyptique, et les tiques!!!!! Et j’en oublique!!!!
Au point ou nous en sommes, si nous apprenions un peu à nous aimer,
nous-meme, d’abord, à croire en nous, en notre possibilité d’aimer, de partager,
en notre bonté? Et aimer, aimer, aimer etre vivant
J’entend déjà les cyniques, avec leur grosses bottes! Je suis un coeur faut pas oublier!!!!
« Le pouvoir de l’argent avait remplacé celui de la force brute « . L’argent est devenu un média au sens de Marshall Mac Luhan.L’argent est le canal de transmission du pouvoir.Mac Luhan ainsi qu’Attali, nous ont expliqué que celui qui donnait l’information de l’heure ( c.à d. organisait la vie) avait le pouvoir ( Cf.: la cloche des églises, l’horloge des mairies,le téléphone, la radio, internet, la cloche de Wall Street,etc…) « La puissance qui prendra la suite » est à chercher dans un nouveau média et pas dans les ordinateurs de Goldman Sachs.
@Marquis de Laplace,
Entièrement d’accord avec votre dernier post. C’est d’ailleurs ca la malheur de la france. Ils préferent la mains d’oeuvre pas cher et sous qualifier. Pour les autres, trop qualifié,il n’y a souvent pas d’autres choix que d’aller voir ailleurs.
OK, je comprends mieux maintenant ! Ca y est, vous avez crevé l’abcès qui perturbait votre intelligence. Bravo pour votre persévérance et pour avoir mis à plat les mécanismes monétaires.
Passons donc maintenant aux choses sérieuses, si possibles, et tentons d’anticiper la venue de la nouvelle « puissance », une posture de type D en somme. What else en fait si l’on accorde à l’homme la possibilité d’évoluer…vers le mieux ? Alors en avant, ne « perdons » plus de temps.
Puissance n’est pas un joli mot utilisé ici, car il prend parti. Un maître n’est rien sans son esclave.
Comme je l’ai noté dans un précédent message, « Je souhaite avoir le choix de ma vie, je souhaite que pour mes enfants la question ne se pose plus, et je pense que nous sommes tous presque prêts à ce que notre attention lorsque nous rencontrons un prochain ne soit plus focalisée sur l’économie, sur la valeur d’un échange matériel qui a longtemps occulté la rencontre elle-même. » La suite doit donc nécessairement laisser la place à du mieux. La suite ne peut donc, j’espère que c’est pour ce coup-ci sinon remplacez peut par doit, laisser la place à une puissance : regardez l’état de nos articulations après être restés si longtemps dans une posture soumise à une puissance ! La nouvelle posture sera (devra être…) décontractée ou ne sera pas. Un (notez la prudence) virage a peut-être (idem) été raté il y a quelques années (notez je vous prie l’ambiance de folie qui règne dans la salle) : http://www.youtube.com/watch?v=eZGWQauQOAQ (la louange à Dieu chantée par Allison Crowe étant déjà prise ! La voici tout de même, Ommmmmmmmmmmmm c’est LA vibration ou ça s’en approche de très près : http://www.youtube.com/watch?v=vIMOdVXAPJ0). Parler de puissance pour négocier un tel virage ! Encore une fois : soyons vigilants, ne ratons pas une nouvelle fois le virage de la sortie de crise de civilisation.
Allez baste, à vous de faire.
PS : http://www.youtube.com/watch?v=cpys1c3jCNs&feature=related
Paix à leur âme (Michael Jackson et lui ont chanté ensemble !)
et aux hommes de bonne volonté.
Merci.
@ Marquis de Laplace
Depuis des annees, je pense que les philosophes des sciences considerent la recherche, fondamentale ou appliquee, comme un fait social total. L’histoire des sciences suggere que toute decouverte ou changement de paradigme n’est souvent pas le fait d’un seul homme, mais est une evolution continue. Le mythe de l’entrepreneur qui prend (seul! ses salaries n’en prennent pas du tout bien sur, en offrant leur force de travail…) des risques a vraiment bon dos… Idem pour le super chercheur qui revolutionne sont temps…
Est il si dur de realiser que chacun de nous, fortune ou non, repose sur des epaules de geants (les generations passees)? Tout processus cognitif, car vous aimez ce mot, est la resultante du traitement d’informations EXTERIEURES (experiences passees), et « l’algorithme » (je n aime cpdt pas ce mot pr decrire le cerveau) qui effectue ce traitement est lui meme sans cesse modifie par l’environnement…
Pourtant, certains clameront haut et fort qu’ils sont exceptionnels, et qu’ils meritent de concentrer enormement de richesses. Quel manque d’humilite.
Je fais parti du fameux top-10% a 24ans, tout ca pasque je suis jeune ingenieur. Ai je un cerveau plus developpe? Ai je plus de merite que quelqu’un du bottom-10% ? … J ai juste 2 parents profs… statistiquement, y a pas a chercher plus loin…
Oups… C’est affreux de se relire APRES avoir appuye sur ce fichu « Soummetre un commentaire ».
Duh!!!
WIKIPEDIA:
Le fait social est l’objet d’étude de la sociologie selon Durkheim et comprend tous les phénomènes, tous les comportements, toutes les représentations qui répondent à ces quatre critères:
* Le premier critère est celui de la généralité : un fait social est par définition marqué d’une certaine fréquence dans une population, à un endroit et à un moment.
* Le deuxième caractère est celui de l’extériorité : le fait social est extérieur aux individus ; il ne se situe pas dans la sphère individuelle mais dans la sphère collective, la sphère sociale. C’est-à-dire qu’il n’est pas né avec l’individu et ne mourra pas avec lui ; il transcende l’individu. L’individu ne perçoit pas naturellement les faits sociaux qu’il rencontre.
* La troisième caractéristique du fait social est son pouvoir coercitif : le fait social s’impose aux individus, il ne résulte pas d’un choix individuel mais il est le fruit d’une combinaison de différents facteurs sociaux, économiques, historiques, géographiques, politiques… Cette combinaison impose des contraintes à l’individu, par exemple : il est tenu à avoir tel comportement dans telle situation et à respecter les règles de la convenance.
* Le quatrième critère est le critère historique. En effet pour qu’un fait devienne social il faut qu’il se généralise et donc un fait divers nouveau ne peut être social avant une certaine période. Exemple : les jeans étaient avant ( à peine ils eurent été inventés ) portés par les chercheurs d’or avant d’être aujourd’hui un fait social porté par « tout le monde ».
J’avoue n’avoir pas lu l’integralité des 120 messages, mais il ne semble pas y avoir de remarques sur les réflexions historiques.
Hors celles-ci me semblent assez discutable, et comme elles concluent ce texte elles ont sans doute une certaine importance. Affirmer que « ce sont des guerriers qui donnèrent sa forme originelle à nos systèmes politiques », me semble pêcher par schematisme, a tout le moins, parce que c’est faire l’impasse sur le rôle de l’Eglise dans la genêse de l’europe.
En Europe le trône et l’autel ont toujours été en concurrence, c’est à dire que la force, celle des guerriers a toujours du composer avec une autre puissance, et ce fait rend impossible votre schematisation : il n’y pas eu d’Age de la Force (pure).
Quand à savoir quelle va être la puissance structurante des prochaines décades, je verrais bien le sexe !
Après tout la force et l’argent ont toujours été un moyen d’acceder au plaisir de la chair, au moins pour les mâles.
Et justement la plus grande mutation anthropologique du 20eme siècle est la généralisation du libéralisme sexuel à la planète entière.
D’ailleurs Internet, première véritable Institution globale est avant tout, du point de vue quantitatif, un lieu pornographique. Aux USA, la distribution de Viagra aux chômeurs a déjà été proposé : L’ère libidinale vous dis-je !
@stubborn
Auriez-vous peur de la peur ou auriez vous peur que j’ai raison.
Je vous concède que cela n’est guère original, c’est viellot, la peur a toujours été le moteur de l’Homme, nous sommes ainsi faits. L’argent et la force brute ne sont que des moyens pour avoir moins peur.
@FabienF
« Depuis des annees, je pense que les philosophes des sciences considerent la recherche, fondamentale ou appliquee, comme un fait social total. »
TOUT est fait social. C’est une phrase bidon.
« L’histoire des sciences suggere que toute decouverte ou changement de paradigme n’est souvent pas le fait d’un seul homme, mais est une evolution continue. »
Nous avons une différence d’opinion.
Au contraire, la science évolue par grand bonds discontinu: parfois fortuits, souvent le résultat d’un « grand esprit » qui a souvent été ignoré à son époque et à toute combattre justement la « masse » des gens qui pensait autrement.
De surcroît, je parlais en particulier de recherche appliquée et de la possibilité d’agir PLUS RAPIDEMENT et PLUS EFFICACEMENT par un (ou un groupe) de chercheurs/entrepreneurs libre (disposant d’importants moyens financiers) que s’ils sont soumis aux dictats d’une masse (politique ou autre) presque totalement ignorante des sujets sur lesquels ils doivent se prononcer et ont un considérable pouvoir. J’imagine que vous êtes de ceux qui pour connaître quelque chose écoute la télévision ou un reporter interview les premiers quidam venus sur quelque sujet que ce soit (as-t-on besoin de réacteur nucléaire?) et qui sont supposés être « aussi » important que les autres (comme vous dites: ce sera farfelu de dire que certaines personnes sont plus savante sur un sujte — un énorme manque d’ »humilité » selon vous — )
« Le mythe de l’entrepreneur qui prend (seul! ses salaries n’en prennent pas du tout bien sur, en offrant leur force de travail…) des risques »
Ce n’est pas l’entrepreneur qui prend le risque! C’est le détenteur de capital!
Les salariés ne prennent un moindre risque: ils sont PAYES pour leur force de travail QUE LE PROJET REUSSISSE OU PAS. Le seul risque est (selon leur age et profession) la capacité de s’adapter à un autre travail, mais ce risque fait partie de la décision que chacun doit prendre lors du choix de sa profession et de son employeur.
« Tout processus cognitif, car vous aimez ce mot, est la resultante du traitement d’informations EXTERIEURES (experiences passees), et “l’algorithme” (je n aime cpdt pas ce mot pr decrire le cerveau) qui effectue ce traitement »
Justement, la difficulté c’est d’assimiler cette quantité d’information extérieure de façon la plus UTILE possible, de choisir le bon « algorithme » de production. Ce n’est pas qu’une mince affaire et il y a des gens qui sont éminemment plus doués que d’autres sur ce plan. C’est ce qu’on observe à moins de se fermer les yeux.
« Pourtant, certains clameront haut et fort qu’ils sont exceptionnels, et qu’ils meritent de concentrer enormement de richesses. Quel manque d’humilite. »
On s’en fout qu’ils soient humbles ou pas (d’ailleurs ceux qui clament qu’ils sont exceptionnels sont rarement ceux qui le sont… mais ça c’est une autre histoire): l’importance ce sont les résultats observés. Il y a une **ENORME** différence entre un Edison et un quidam.
« Je fais parti du fameux top-10% a 24ans, tout ca pasque je suis jeune ingenieur. Ai je un cerveau plus developpe? Ai je plus de merite que quelqu’un du bottom-10% ? … J ai juste 2 parents profs… statistiquement, y a pas a chercher plus loin… »
On ne parle pas de mérite. Il semble que vous avez le cerveau encore enfumeux par des restes de carcan religieux lointain (comme Marx l’avait d’ailleurs). On parle d’effet, de résultats, de mieux vivre. Ce n’est pas l’effort qui compte (=mérite), ce sont les résultats (parfois comme seul « mérite » si on peut appeler cela de ce mot sans vider au mot son véritable sens que celui d’être né avec un certain talent – comme vous).
Comme pas mal d’intervenants, je relèverai la nécessité de définition des termes employés dans l’énoncé du problème , sinon entre les interprétations de la question posée et le florilège des idées associées , les désillusions risquent d’être aussi grandes que les espoirs de clarification mis dans un bouquin bien tôt annoncé .
Pour moi quand on parle de pouvoir, mes deux piliers sont Tolstoï ( guerre et paix : « le pouvoir dans son acceptation véritable – et efficace et utile , c’est moi qui ajoute- n’est que l’expression de plus grande dépendance où l’on se trouve à l’égard d’autrui ») et Montesquieu ( l’esprit des lois : Aristocratie / Tyrannie / Démocratie – Contrepouvoirs – séparation DES pouvoirs… ).
S’agissant de puissance le terme est plus chargé d’ambiguïtés . Remarque faite que selon moi la puissance » utile » est celle qui sait être « au service » ( à la dépendance écrirait Tolstoï) d’autrui .La puissance se révèle alors dans la capacité de convictionnement ,l’aptitude à écouter , la capacité d’expliquer les choix possibles , le courage d’en proposer un et de porter la dynamique et l’organisation qui va avec , de déterminer des échéances réalistes , de rendre des comptes et de se plier soi-même à la sanction .
Qu’adviendra-t-il ? : je l’ignore mais je suis sur qu’entre puissance subie et puissance admise sinon demandée , il y a une grande différence , celle que mon jugement , ma responsabilité et mon courage expriment comme l’essence même de la seule quête qui vaille : celle de la liberté . Qu’il adviennent des puissances nouvelles ou anciennes , des moyens anciens ou nouveaux , ma fin est éternelle .
Qu’il s’agisse donc d’un « 14 juillet » ou d’une « nuit du 4 août » , qui vivra verra et pourra : mais démocratie toujours ,sinon du sang , du sang et du sang avant les larmes .
Je rejoindrai Denice pour donner à la peur un statut de moteur puissant dans la vie del(humanité . Mais le carburant de ce moteur est un carburant universel , c’est la souffrance ou plutôt les souffrances , qui ne sont pas que de conception judéo-chrétiennes .
Plutôt mourir que souffrir … mais si une sirène me promet de vivre en jouissant , comment ne pas en faire la nouvelle puissance !
Gaffe aux sirènes !
Je rejoins moi aussi Denice quand il parle de la puissance de la peur et de l’avantage de ceux qui en tirent des avantages en la manipulant. Avec une réserve, celle qui concerne la mort.
Je pense que c’est l’absence des sujets concernant la mort tout au long de notre existence qui nous rends encore plus fragiles. On n’en parle pas, de la mort, nulle part. Où, quand on parle il s’agit des gens si célèbres, si demi-dieux qu’on a du mal à comprendre qu’ils étaient des vivants comme nous avant qu’ils meurent, vu qu’ils resterons de toute manière immortels…ha, ha, ha.
C’est le sujet tabou dans nos société, c’était le sujet présent partout dans les société précédente. Parce que on savait à tout instant de la vie qu’il fallait mourir parce qu’on étaient nés, que la vie (le temps) avait du prix. Maintenant on vit dans l’obligation de rester jeunes jusqu’à la mort (obligation de réussite sociale) d’où la perte de valeur du temps, des cycles, de l’age, de la sagesse, de la reproduction de nos acquis, de leur transmission,… de beaucoup de chose.
et si l’homme, tout simplement, était une espèce ratée ?
La peur est deja un outils trés largement utilisé, il n’y a qu’as regarer les infos télés.
@socrates,
Question qui je ne m’étais jamais posé, mais qui a vrai dire est trés pertinente. En tout cas elle est belle et bien bugger, le programme cognitif en a pris un sacré coup avec toutes les publicités et les propagandes.
Quand on parle de cognitif ,je ne peux m’empêcher de revoir ce dessin humoristique ( mais pas seulement ) où l’on voit un DRH expliquer à un groupe de cols bleus ébahis :
» Cette méthode s’appuie sur deux aspects : l’affectif et le cognitif » .
Et l’on voit au dernier rang un gars genre docker Obélix , deux mètres et 120 kgs , une massue dans le dos , et qui s’écrit :
« Je choisis le cognitif !… Sans hésiter ! » .
@ Marquis de Laplace,
le bonheur est une affaire personnelle qu’on peut atteindre en se sentant libre, dans un super-marché par exemple, d’en ressortir sans avoir rien acheté parce que la totalité des bien présents et à portée de main étaient presque tous inutiles!
Le pb du bonheur est une question de légitimation de ses désirs envies! (certains ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils ont déjà, d’autres, sans être hystériques, ne veulent rien de ce monde)
A ce propos, j’ai trouvé une première application politico-morale illustrant la possibilité de montrer les dérèglements de cette possibilité de bonheur dans une codification adaptée (ce que devrait en réalité être le job des politiques s’ils ne se contentaient pas de procéder à des arbitrages d’intérêts) mais je viens buter sur un stupide pb matériel autour du dvlpt indus de ce projet, vous me transmettez quel % de ce milliard d’€ qui vous brûle les doigts?
Et si la prochaine puissance était celle de l’information organisée et participative ? Une puissance qui nous permettrait de sortir des vices de la société actuelle et de ce qui l’asservit.
Aujourd’hui, avec Internet, des exemples incroyables de participation communautaire deviennent des standards (Logiciel libre, Wikipedia), etc… Avec certains outils, on peut aujourd’hui dépenser moins tout en s’enrichissant humainement et en respectant la nature. Par exemple, on peut se loger chez des inconnus n’importe où dans le monde (Couchsurfing), faire du covoiturage ou partager des biens, prêter et emprunter directement à des particulier que l’on peut même contacter.
Demain, peut-être que la publicité n’aura plus sa place devant la capacité de tous à noter et référencer les meilleurs produits et dénoncer ceux qui manquent de transparence économique ou sont mauvais pour la santé.
Demain, il est possible que les entreprises et les banques, devant la pression de celles qui basent leur développement sur la transparence de l’information (voir le film US Now) devront dévoiler leurs salaires et la manière de se faire des bénéfices. C’est le cas actuellement dans le monde du logiciel, où, sous la pression du logiciel libre, des grands groupes comme Autodesk dévoilent leurs secrets de fabrication en libérant leur code source.
Cette révolution de l’information permettra de recréer le service, le vrai, celui qui est sert la personne, et non pas les services et produits actuels dont le but est de nous faire payer un maximum en nous vendant, par exemple des produits bloqués (Tel portable, musique, etc…) ou dont la durée de vie est limitée (lave linge, voitures), etc…
Dans cette révolution, l’état aurait un rôle à jouer si il veut continuer d’exister pleinement et ne pas voir des systèmes se mettre en place à son insu. Il pourrait être à l’initiative de certains outils de gestion de l’information participative. Par exemple, créer une sorte de mécenat public et participatif via Internet pour financer les projets qui enrichissent l’homme mais qui n’ont pas de modèle économique direct viable, alors qu’ils sont très « enrichissants » (Voir le concept brillant du Mécenat Global appliqué à la musique). Cela permettrait d’aider au renforcement des économies durables et humainement enrichissantes comme la musique, le sport, l’écriture (le blog de Paul Jorion ;-)) et tout secteur qui fait appel à la créativité.
L’école serait alors le lieu où l’on apprend aux jeunes à gérer l’information et à l’analyer ainsi qu’à participer à la vie citoyenne.
Le grand danger est la tentation de limiter, bloquer ou restreindre Internet. Ce système organisé de manière anarchique, mais qui, contrairement à tous les autres médias jamais crées, permet à chacun de mettre en place une organisation où tous peuvent participer, sans avoir besoin de la puissance de la FORCE ni de la puissance de l’ARGENT.
La critique de l’intelligence par l’intelligence aboutit aux conclusions suivantes :
1. Débilité et étroitesse de la raison humaine. Le monde excède notre conception. Notre science ne peut nous en donner qu’une figuration symbolique, à l’échelle humaine, bornée et sujette à révision.
2. Il est impossible d’établir la raison d’être de quoi que ce soit. Et le dogmatisme philosophique n’est qu’un illusoire acte de foi dans la puissance de la raison.
3. L’univers n’est pas un système complet et ne renferme pas de systèmes complets.
4. La contingence est la modalité de l’expérience. L’aléa, l’accident, la catastrophe et la crise sont l’ordinaire de l’univers représenté.
5. Prédominance du vouloir-vivre inconscient sur l’intelligence.
6. Présence des représentations obscures dans notre vie intellectuelle et morale.
7. Divergence de la logique intellectuelle et de la logique affective.
8. Divergence de la logique et du langage.
9. Fluidité insaisissable, incommunicable, intraduisible et inexprimable de notre subjectivité recouverte par notre personnalité sociale, superficielle et conventionnelle.
10. Malentendus et quiproquos sont l’ordinaire des relations sociales.
11. Confusion des idées morales, politiques, économiques ; variété indéfinie des usages, des coutumes et des moeurs.
12. Le monde n’est révoltant que pour une sensibilité candide assoiffée de vérité, de justice et de bonheur.
13. La conséquence pratique de l’argumentaire est l’égotisme esthétique, c’est-à-dire :
-l’affirmation de l’individualisme spectaculaire, attitude du contemplateur dégagé du monde de l’action, dédaigneux des intérêts, des croyances, des passions sur lesquels repose l’existence sociale, et qui ne considère la vie et la société qu’en tant qu’objets de curiosité.
-l’indifférence kuniste et la quiétude épicurienne de quiconque, affranchi des contraintes et des conventions, constitue la jouissance représentative en motif d’exister.
14. L’irrationaliste prend son parti de l’absence d’ordre, du désarroi cosmique, social et moral. Il ne souffre nullement de l’incohérence des choses. Il sourit aux chimères et aux idéaux rationalistes, aux idéologies artificielles, aux idéaux de convention, aux explications prétentieuses du passé, aux prévisions fallacieuses de l’avenir.
15. Il goûte à l’instantanéité et jouit du charme de la sensation présente.
16. Dédaignant la raison rigide et morose, sa musagète est la libre fantaisie.
Il ne participe pas.