Billet invité.
LA DIPLOMATIE DES T-BONDS
Le débat sur le chiffre optimal qui doit être accolé au fameux « G » (dont le sens s’est perdu dans la nuit des temps, à moins que ce ne soit « G » pour Grande puissance) n’a plus lieu de se poursuivre. Les Américains et les Chinois viennent en effet de le trancher en annonçant la tenue d’un « G 2», les 27 et 28 juillet prochain à Washington.
Selon la belle formule du communiqué du Trésor américain, « cette rencontre mettra l’accent sur les défis et les occasions qui se présentent aux deux pays en ce qui concerne un grand choix de questions d’intérêt économique et stratégique, immédiates ou à long terme, qu’elles soient bilatérales, régionales ou mondiales ». Bref, Hillary Clinton et Tim Geithner d’un côté, Wang Qishan, le vice-Premier ministre chinois, et Dai Bingguo, le conseiller d’Etat qui a représenté au pied levé le président Chinois lors du dernier G8 de l’Aquila de l’autre, sembleraient ne pas manquer de sujets de conversation à l’occasion de ce sommet. En réalité, plus qu’une simple suite au vaste « dialogue économique et stratégique » qui avait été engagé sous l’administration précédente, cette nouvelle session apparaît comme une tentative précipitée, dans l’urgence et sous la pression des problèmes rencontrés de part et d’autre, de résoudre les questions économiques et financières bilatérales les plus immédiates. Mais les limites de cette approche ont toutes les chances d’être rapidement rencontrées, car on pourrait décrire ce couple comme celui d’un aveugle soutenant un paralytique, si l’on considère la situation réelle des deux pays. Car si on parle moins de la Chine que des Etats-Unis, celle-ci n’est parvenu à compenser l’effondrement de son commerce extérieur qu’au prix d’une politique de crédit à tout va qui se révèle déjà fortement inflationniste, car les banques, contrairement à celles des pays occidentaux, ne gardent pas pour elles les fonds mis à leur disposition par la banque centrale Chinoise. Les déséquilibres sociaux que le développement économique Chinois n’a pas gommé, et qu’il a même accentué, ne sont plus masqués la croissance, et cela représente un grand danger pour le régime qui ne le sous-estime pas.
La tournée internationale qu’effectue en ce moment Timothy Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor, n’est donc qu’un prélude à cette rencontre primordiale. Il lui faut s’assurer que les investisseurs saoudiens et des Emirats, d’excellents clients, vont bien continuer à acheter des T-bonds américains, en leur promettant en échange un retour rapide de la croissance et des affaires, afin qu’ils reprennent leurs investissements massifs dans l’économie américaine. Car le problème est toujours le même dans cette économie mondiale déséquilibrée, que faire des excédents, dans ce cas pétroliers ? Pour mettre toutes les chances de son côté, Tim Geithner a bien insisté, à propos de l’intervention de l’Etat dans l’économie, sur le fait que « les actions exceptionnelles que nous avons entrepris pour régler la crise sont temporaires et seront reconsidérées dès lors que la crise s’estompera définitivement ». Quelques apartés discrets sur le soutien sur le marché des futures (à terme) du cours du baril de brent n’ont certainement pas été non plus superflus.
Auparavant, il avait tenu un tout autre discours lors de son étape de Londres. « Il reste des défis et des risques importants à surmonter », avait-il déclaré après avoir rencontré Gordon Brown, le premier ministre. Avant de mettre au point entre « cousins » (comme on dit dans le renseignement) les préparatifs du prochain G20 des 24 et 25 septembre prochains, à Pittsburgh, qui sera donc précédé d’un G20 des ministres des finances et des banquiers centraux, les 4 et 5 septembre, à Londres. Les représentants des deux grandes places financières mondiales ont tant d’intérêts communs à défendre qu’il vaut mieux parler dans cette enceinte devenue capitale d’une seule voix, d’autant que les problèmes se bousculent. Il va falloir à la fois gérer une conjoncture toujours aussi détestable, si ce n’est plus, et des débats sur la future régulation économique partis dans tous le sens, qui donnent lieu à une forte contre-offensive de « l’industrie financière ». Tim Geithner a par ailleurs joué un numéro d’équilibriste, considérant toujours que les Européens ne participaient pas assez à la relance économique mondiale, mais estimant prématuré (sans en rejeter catégoriquement l’éventualité) un second plan de relance américain, alors que les effets du premier se font attendre et que les appels à la patience se multiplient aux Etats-Unis. Peut-être n’avait-il pas, à ce moment là, accaparé par le compte rendu des discussions que mènent son administration avec les dirigeants de CIT, en très fâcheuse posture, pris connaissance de l’analyse de Paul MacCulley, directeur de PIMCO, publiée dans sa lettre d’information. Ce dernier, faisant référence à la fameuse « trappe à liquidité » de Keynes, dans laquelle les Etats-Unis pourraient, dit-il, se trouver, se demande par quels moyens la Fed envisage d’en tirer le pays. Critiquant ainsi implicitement les mesures jusqu’à maintenant prises par l’administration américaine, pour être de même nature que celles que les Japonais, dans la même situation, avaient alors pris sans résultat. Pour ensuite se traîner pendant plus d’une décennie avec une croissance anémique. Le fameux hélicoptère de Ben Bernanke n’a pas jusqu’à maintenant, il est vrai, produit les miracles attendus.
Mais, que l’on se tourne vers les Etats-Unis ou vers la Chine, il n’y a pas de politique de rechange de disponible, de nouvelle recette qui pourrait être utilisée et qui produirait à court terme les effets salvateurs espérés. Ni pour relancer la croissance grâce à la consommation, vu la crise sociale qui continue de se développer, dans le premier cas, ni pour développer par autre coup de baguette, dans le second, le marché intérieur. Dans les deux cas, paradoxe de cette comparaison entre pays si dissemblables, le même problème sans solution se pose : quel socle économique trouver et donner à la consommation, facteur primordial de la croissance ? Aux Etats-Unis, les chiffres de juin de la consommation, qui viennent d’être publiés, sont sans ambiguïté, la consommation ne repart pas. Comment pourrait-il en être autrement dans la situation de chômage et de baisse des salaires actuels, alors que ceux qui peuvent épargner le font dans l’attente de ce qui pourrait suivre de pire ?
Dans les deux pays, l’imagination n’est pas au pouvoir, ni l’audace, c’est pourquoi il n’est pas envisagé d’autre issue que résultant d’une entente entre comparses, afin de poursuivre ce qui a été interrompu par la crise. C’est un peu court et aussi vain que l’espoir que les Européens mettent dans la relance américaine. Tout s’enchaîne, mais pas dans le bon sens.
17 réponses à “L’actualité de la crise : La diplomatie des T-Bonds, par François Leclerc”
« La reprise, c’est pour quand ? Jamais ! » (Robert Reich, jeudi 9 juillet 2009)
« When Will The Recovery Begin ? Never. » Robert Reich est clair, une reprise, cela voudrait dire que tout redevient comme avant. Il n’en est aucunement question, le modèle est mort.
Le modèle, quel était-il ? Des personnes spécialisées dans la production : Chine, Japon, Allemagne, d’autres personnes spécialisées dans la consommation : Grande-Bretagne, Espagne, USA et à un moindre degré, France.
Or, consommer sans produire, c’est dur. Les emplois productifs étaient stables, demandent un long apprentissage, et ont un réel intérêt collectif. Les autres sont des emplois « Mac-Do », sans intérêt et vite appris.
Le consommateur s’est effondré, victime de la mondialisation qu’on nous vendait. Il s’est adapté à la maxime : on ne peut consommer plus que ce que l’on gagne. Mais ce n’est pas ce que nos hommes politiques voulaient dire. Eux, ils voulaient qu’il consomme autant, en gagnant moins, en étant plus flexible, plus précaire, et en payant plus pour tout, son électricité par exemple.
C’était, bien entendu, parfaitement idiot, mais au niveau de la bredinerie totale, on peut citer la banque Wells Fargo, qui se fait un procès. Comme ça, elle est sûre de gagner, bien entendu, avec les avocats qui se feront un plaisir de facturer un max.
« Reich explique rapidement les conditions actuelles, qui font que le consommateur ne reçoit pas beaucoup d’argent, que le peu qu’il reçoit est sauvegardé plutôt que dépensé, que le chômage augmente, et que les entreprises ne sont pas prêtes d’embaucher puisque la consommation ne redémarre pas et que les perspectives d’exportation sont ce qu’elles sont, vu l’état du monde à cet égard. »
Bref, cette crise est loin d’être un aléa, mais la phase terminale d’un système. Il n’est plus réformable, un autre doit le remplacer. Les possibilités, les attentes d’une « autre économie » ne manquent pas : la sobriété énergétique est un chantier gigantesque.
Mais les réflexes sont encore d’un autre âge, tellement lointain : harasser le salarié encore plus, augmenter les factures d’électricité… Les protagonistes ne s’aperçoivent pas qu’ils sont en dehors de la plaque, terriblement déphasés et hors du temps…
http://lachute.over-blog.com/article-33810473.html
J’aurai aussi pu mentionner, à propos des étapes en Arabie Saoudite et aux Emirats de Tim Geithner, des pays dont les devises sont étroitement liées au dollar, qu’il était urgent de tenter de les rassurer sur le thème de la ferme intention du gouvernement américain de garder un dollar fort. Car cette question est désormais inscrite à l’ordre du jour de toutes les rencontres internationales. C’est le revers de la médaille : avoir comme devise la monnaie de réserve, avec tous ses avantages, quand celle-ci est appelée à perdre de sa valeur.
http://www.agoravox.fr/rdv-de-l-agora/article/jean-montaldo-dezingue-les-bandits-58423
no comment…
Le débat sur le chiffre optimal qui doit être accolé au fameux « G » (dont le sens s’est perdu dans la nuit des temps, à moins que ce ne soit « G » pour Grande puissance)… ou, selon les péripéties récentes depuis octobre 2008, « G » pour Géométrique variable
Encore une histoire de meubles !
On connaît le principe :
Nous donnons notre argent à la caissière et elle nous donne un bon.
Ensuite en échange du bon, avec notre voiture, nous prenons nos meubles dans l’entrepôt.
Donc, si je comprends bien, l’imprimeur de bons vient rassurer les entrepôts sur la valeur des bons.
Pourquoi les entrepôts ne prennent-ils pas directement notre argent comme l’avait fait ce président d’entrepôt moustachu imiter par son voisin à l’est, le barbu ?
Ah ! J’oubliai que l’imprimeur de bons l’avait pendu pour apporter la démocratie dans l’entrepôt et le retour de l’utilisation des bons.
« on ne peut consommer plus que ce que l’on gagne »
Et si on changeait cela par : « on ne peut consommer plus que ce que l’on produit » ? Histoire de remettre l’outil productif (de biens, pas de finance) au centre de l’économie…
En attendant, et avant que tout s’arrête, je vais voir les Islandais in situ, pour découvrir leur terre exceptionnelle et voir les effets de l’implosion. Mais eux au moins ont l’air d’avoir compris tout de suite le problème : ils ont tout nationalisé !
@Yves de Bressy
Personnellement, je préfèrerais la proposition suivante: « On ne doit pas produire plus que ce qu’on consomme ».
(Dans la mesure ou chaque humain serait en mesure de consommer selon ses besoins, bien entendu.)
Cherche institutions,economistes credibles me semble la demarche de tous les commentaires, or
il faut peut etre se rendre a l’evidence, ils n’existent pas, a l’instart des jeunes des quartiers,”ils” jouent avec le feu…
A l’image des jeunes nous sommes seuls (mais des millions) et il nous appartient de faire ce constat pour entreprendre reellement l’alternative sans plus rien attendre de l’ordre (desordre) etabli.
Dans les quartiers, les jeunes “seuls contre tous”
Posted By pepe On 13 juillet 2009
la veille du 14-Juillet, jeunes des quartiers sensibles et forces de l’ordre semblent engagés dans un face-à-face inextricable. Sur fond de désespérance sociale et d’accusations récurrentes de “bavures”, le huis clos des banlieues déshéritées envahit les médias. Quoi de commun, pourtant, entre les émeutes à Firminy, petite ville de la Loire, et les caillassages réguliers de patrouilles policières à Corbeil-Essonnes ou à La Courneuve, en région parisienne ?
Luc Bronner, qui suit depuis quatre ans pour Le Monde la situation dans les quartiers sensibles, revient sur le climat délétère qui règne entre les jeunes de ces quartiers et la police.
Premier constat, la détérioration du climat entre les jeunes et la police est une donnée difficile à quantifier. Seule certitude : l’intensité des violences croît.
Pour expliquer ce climat de méfiance, Luc Bronner évoque une “perte de crédibilité” de la police auprès des jeunes. Que ce soit dans les “grandes” affaires, celles de bavures présumées, comme dans les “petites” interpellations
“JOUER AVEC LE FEU”
“Les jeunes ne croient pas la police”, mais ils ne croient pas non plus la justice, les élus locaux ou les médias. Ils ont alors l’impression, notamment dans les cas de supposées bavures, de se retrouver “seuls contre tous”, face à une alliance des institutions qui voudraient leur cacher la vérité.
Un temps limité aux banlieues pauvres des grandes métropoles, le phénomène s’étend désormais à des villes de taille modeste. Selon Luc Bronner, la stigmatisation des jeunes y est plus forte encore qu’à Paris, Lyon ou Marseille. Pour autant, le journaliste explique que les violences du type de celle du 14-Juillet ou de la nuit du Nouvel An sont bien spécifiques. Il y a, à l’origine de la flambée, une envie de certains adolescents de “jouer avec le feu”.
Le Monde.fr
http://dndf.org/?p=4742
L’égalité toujours subversive.
Publié sur La Sociale (http://la-sociale.viabloga.com) dans la rubrique Actualités
Par Denis Collin, le Mardi 14 Juillet 2009, 00:17 – aucun commentaire – Lu 75 fois
En 1789, les hommes sont proclamés « libres et égaux en droits », lesquels droits sont « la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ». On connaît les contradictions de cette formule : les droits politiques ne figurent pas en tant que tels dans la déclaration. Les droits de l’homme et ceux du citoyen sont distincts. Marx a pu écrire que c’était la déclaration des droits du bourgeois égoïste. La propriété ne devient-elle pas l’organe d’un nouveau servage de la grande majorité au profit de la minorité des propriétaires ? Dans l’enthousiasme de l’été 1789, les contradictions pouvaient disparaître derrière les discours. Les décennies suivantes mirent tout cela à nu : en juin 1848, la République Sociale se dressa contre la République bourgeoise et les travailleurs firent valoir leurs droits contre la liberté et la propriété bourgeoises. Ils le payèrent cher. Au nom du droit de propriété, la soldatesque aux ordres de la bourgeoisie, commandée par le général Cavaignac, fusilla les défenseurs du droit au travail. Cavaignac fut décoré : il avait bien « mérité de la patrie ».
Mais il n’était pas besoin d’attendre Marx et 1848. Hegel faisait remarquer que l’égalité en droits na vaut que dans la mesure où les individus sont égaux par ailleurs. Tous les citoyens sont égaux devant l’impôt, puisqu’ils peuvent tous bénéficier des mêmes exonérations fiscales réservées aux investisseurs immobiliers, à condition évidemment qu’ils aient les moyens d’investir dans l’immobilier. C’est pourquoi Hegel considère l’égalité en droits seulement comme la première forme, la plus abstraite de la liberté – elle signifie seulement que tout individu est au moins la propriété de lui-même. Mais le développement de la liberté, selon Hegel s’accompagne des plus grandes inégalités. Tout cela mérite des commentaires plus développés.
Les bonnes raisons ne manquent donc pas pour soupçonner l’égalité en droits de n’être que la légitimation idéologique d’inégalités sociales qui ne proviennent plus (directement) de la naissance mais de la propriété. Comment le disait ironiquement Anatole France, les riches ont autant que les pauvres le droit de coucher sous les ponts.
Pourtant le mot même d’égalité continue d’agir comme un ferment révolutionnaire. Non pas parce que derrière la revendication égalitaire se nicherait l’envie – ainsi que l’affirment les théoriciens libéraux – mais parce qu’il n’y a pas de liberté sans égalité. Le gouvernement des hommes libres, c’est le gouvernement des égaux et l’égalité n’est pas une question de grosseur du portefeuille mais une question de domination : Marx dénonçait ce « communisme grossier » obnubilé par l’égalité des revenus et, inversement, les patrons égalisent volontiers les salaires vers le bas. Dans l’inégalité qui existe entre ouvrier et capitaliste, le problème le plus fondamental n’est pas que le capitaliste gagne beaucoup plus que l’ouvrier – car il pourrait se faire que ce ne soit pas le cas – mais qu’il soit le représentant du capital qui soumet l’ouvrier aux exigences de l’accumulation. C’est pourquoi le mouvement syndical n’a pas toujours été égalitariste dans le sens de ce « communisme grossier ». En réclamant que le travail qualifié soit mieux payé que le travail non qualifié, ou encore que les anciens aient de meilleurs salaires que les débutants, en imposant des grilles salariales, le mouvement syndical pourrait sembler avoir encouragé les inégalités au sein du salariat. Mais ces inégalités prenaient place dans un combat d’ensemble pour limiter le pouvoir du capital sur le travail et pour obtenir une baisse du taux d’exploitation qui devait profiter à tous et pas seulement aux ouvriers les mieux payés. On aura raison de remarquer que ces échelles de classifications des salaires ont été aussi utilisée par la classe dominante comme un moyen pour diviser le mouvement ouvrier. Mais il en sera toujours ainsi tant que se poursuivra la lutte entre capital et travail.
La revendication égalitaire, la seule sérieuse, exige, comme le disait le congrès de la CGT de 1906, « l’abolition du salariat et du patronat ». La révolution de 1789-1793 a posé, même sous des formes abstraites, la question de la liberté comme non-domination, car c’est là le sens moderne du républicanisme et on en voit les prémisses dans les années les pires de la révolution, par exemple dans le débat sur les subsistances où l’on a vu Robespierre défendre la taxation des produits alimentaires de base, contre les Girondins qui défendaient la loi du marché au nom de la liberté conçue comme non interférence du pouvoir politique.
L’histoire s’est chargée d’apprendre que la république reste l’instrument de domination d’une classe sociale tant que les rapports sociaux de production assurent la domination de classe et que la réalisation de l’idéal républicain de la non-domination implique la transformation radicale des rapports sociaux. C’est pour cette raison que la république, au sens du républicanisme (voir notre Revive la République, A.Colin, 2005) peut et doit constituer un levier essentiel de l’émancipation sociale.
Les classes dirigeantes savent bien le potentiel subversif que garde l’égalitarisme. Les idéologues de la domination s’évertuent à détruire l’égalitarisme, dénoncé comme une forme sournoise de totalitarisme. Mais ces discours ne suffiraient pas. On détourne la revendication égalitaire par une revendication proche mais parfaitement inoffensive pour l’ordre existant : la non-discrimination : personne ne peut être empêché d’être capitaliste en raison de la couleur de sa peau ou de ses préférences sexuelles … ou encore : les pauvres blancs doivent avoir autant le droit d’être SDF que les pauvres noirs.
La substitution de la non-discrimination à l’égalité a d’abord été engagée « à gauche » : au moment où Mitterrand, au nom de l’Europe, engage la France dans une politique entièrement tournée vers les besoins du capital financier, apparaît fort opportunément un mouvement « antiraciste » (SOS Racisme) qui va très vite faire de la non-discrimination son cheval de bataille – patronat notamment toutes les initiatives visant à la « réussite » (capitaliste, cela va de soi) de jeunes issus de l’immigration – aujourd’hui on dirait « issus de la diversité ». Mais très vite la droite comprend tout le profit (dans tous les sens du terme) qu’elle peut tirer de cette substitution. Et c’est pourquoi l’actuel président de la République en a fait un de ses thèmes politiques centraux.
Cette double offensive contre l’égalité, offensive frontale et offensive par dénaturation, n’est pourtant que l’hommage du vice à la vertu. Le vieil égalitarisme a la peau dure. La déconfiture du PS en est peut-être une preuve négative : champion de la non-discrimination à la place de l’égalité, défenseur des classes moyennes supérieures et en tête dans toutes les guignolades débiles si caractéristiques de notre époque, telle la « gay pride », ce parti est en train de perdre tout appui dans les classes populaires.
Inversement, on sait que les revenus pharaoniens des patrons et leurs parachutes dorés concentrent les haines sociales. On s’étonne parfois que le salaire d’un PDG scandalise plus que celui d’un joueur de football ou d’une vedette du spectacle. C’est tout simplement que les derniers ne sont pas considérés comme des exploiteurs alors que chacun reconnaît dans le train de vie de nabab des premiers sa propre sueur. Preuve, s’il en était encore besoin, que c’est bien toujours la question de la domination qui constitue le cœur des revendications égalitaires.
Denis Collin
Auteur de Le cauchemar de Marx (Max Milo)
NOTA : Une version courte de cet article est parue dans le numéro du 13 juillet 2009 du journal L’Humanité.
http://la-sociale.viabloga.com/news/l-egalite-toujours-subversive
Feu d’artifice pour les résultats trimestriels de Goldman Sachs
par Philippe Béchade – Mercredi 15 Juillet 2009
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20090715-1974.html
La France a décidé d’acheter 94 millions de doses de vaccin contre la grippe A(H1N1) pour un montant d’un milliard d’euros auprès de trois laboratoires et tente d’anticiper une pandémie « presque inévitable. »
Le gouvernement a également décidé que les malades seraient pris en charge à partir du 23 juillet par le réseau de médecine libérale et non plus par les seuls hôpitaux.
A la même date, des masques anti-projections seront distribués gratuitement dans les pharmacies sur prescription médicale.
La France dénombre 481 cas confirmés de grippe A (et 628 identifiés) depuis le début de l’épidémie, a précisé la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, lors d’une conférence de presse.
Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a jugé « presque inévitable » qu’une pandémie liée au nouveau virus s’installe en France à l’automne.
« Si tel devait être le cas, les conséquences pourraient être considérables », a-t-il dit lors d’une réunion avec l’ensemble des préfets.
Il a cité, outre l’impact sanitaire, des difficultés aiguës dans certains secteurs d’activité d’importance vitale ou dans les services de l’Etat, ce qui pourrait entraîner « une désorganisation de la vie sociale et économique. »
http://fr.news.yahoo.com/4/20090715/tts-france-grippe-vaccin-ca02f96.html
Qu’est-ce que ça va donner, dans tous les pays du monde, » une désorganisation de la vie sociale et économique » ?
[…] à suivre, en attendant il sera aussi intéressant de voir ce qui sortira de la rencontre sino-américaine du 27 […]
Marché : les rendements des T-Notes repartent à la hausse.
Les cours des T-Notes se redressent, dans un contexte de nouvelles inquiétantes de la part du groupe bancaire CIT Group.
Aussi, le rendement du T-Note à 2 ans perd 5 pb à 0,96 %, le rendement du T-Note à 5 ans cède 6 pb à 2,45 %, et les rendements à 10 et à 30 ans, 4 pb à 3,56 % et à 4,45 % respectivement.
CIT Group a annoncé mercredi 15 juillet qu’« il n’y a pas de chances raisonnables que l’Etat lui fournisse une aide supplémentaire à court terme ». Le groupe, spécialisé dans le financement des petites et moyennes entreprises, indique que son management « évalue les alternatives. »
Le groupe financier CIT, fondé en 1908, semble donc se rapprocher un peu plus du régime de protection sur les faillites. Présent dans une cinquantaine de pays, il revendique 60 milliards de dollars d’actifs et d’encours de prêts.
La chute éventuelle de cette institution financière serait l’une des plus importantes depuis le début de la crise.
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=dbe59ddddd56149c2153b9e45b6234d1
USA : l’indice Philly Fed se dégrade à – 7,5.
L’activité industrielle a accentué son déclin dans la région de Philadelphie en juillet, selon une enquête mensuelle publiée jeudi 16 juillet par la Réserve fédérale de Philadelphie.
Alors que les analystes anticipaient en moyenne une dégradation limitée, l’indice d’activité Philly Fed ressort à – 7,5 en juillet, à comparer à – 2,2 en juin.
Un indice inférieur à 0 est signe d’une contraction de l’activité manufacturière ; plus il est bas en dessous de ce seuil, plus la décroissance est forte.
A 31 %, la proportion d’entreprises faisant état d’une dégradation de l’activité dépasse celle des entreprises voyant une amélioration, qui est de 23 %.
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=db0e7dc864f56dc9bc64eb03ed6533d6
Mais pendant ce temps wall street gagne plus de 8 % en 4 jours … dure de lutter contre un système aussi manipulé. Les américains ont plus foie en wall street que en dieu.
Que les pays du Golfe et la Chine vendent des T-bonds et les États-Unis bénéficieraient du plus efficace des stimulus.
Contrairement à ce que l’on croit, l’état américain n’est pas en faillite. Bien au contraire, il y a tellement d’épargnants qui veulent lui prêter que cela étouffe les entreprises américaines qui elles ne peuvent plus se financer.
http://krugman.blogs.nytimes.com/2009/05/15/china-and-the-liquidity-trap/
[…] à suivre, en attendant il sera aussi intéressant de voir ce qui sortira de la rencontre sino-américaine du 27 […]