Billet invité.
« TOO BIG TO SAVE ? »
Il est confortable de se trouver des repères dans l’avalanche de nouvelles de cette crise, surtout lorsque l’on en pratique sa chronique (presque) quotidienne. Et que l’on ne se reconnaît pas dans deux attitudes prédominantes, en apparence opposées, qui ont en commun d’annoncer prématurément son issue, aveuglement optimiste dans un cas, catastrophiste par construction dans l’autre.
Jetant un coup d’œil dans l’actualité par derrière son épaule, un geste toujours instructif, on découvre le cimetière des débats déjà enterrés, sur la forme de la relance (U, V, W ou L) ou à la recherche des « jeunes pousses » verdoyantes, etc. Si l’on suit, presque heure par heure et sur toute la planète, ses développements, les déclarations contradictoires (mais toutes péremptoires), les phénomènes obscurs réclamant une interprétation hors de notre portée, les silences qui en disent long et les légers doutes masquant de grandes incertitudes, les indices économiques qui ne veulent plus rien dire, et tant d’autres de ces évènements vite oubliés pour la plupart, on est pris au piège dans un véritable tourbillon. C’est pourquoi, n’ayant pas le bénéfice d’être bardé de trop de certitudes, se méfiant de celles des autres, on se met à la recherche non plus de faits, car on est déjà noyé dedans, mais de raisonnements. On piste de bons raisonneurs, afin de souffler un peu et de comprendre où l’on va.
Progressivement, une petite collection en est constituée. On se prend alors à affectionner ces vigies que l’on a adoptées, refusant d’en faire des prophètes, glissant vite sur leurs petites marottes et leurs gros défauts, afin de pleinement profiter de leurs points forts. On attend avec intérêt leur prochaine chronique, dans une presse économique dite de référence (alors qu’elle ne le faisait pas vraiment pour nous). On est soulagé, encouragé, quand leurs propos viennent conforter nos fragiles intuitions. Mieux encore, quand ils nous ouvrent une nouvelle piste grâce à de leurs rapprochements et leurs prévisions. Sans vergogne, on adopte parfois même leurs raisonnements.
Des noms ? Ils sont sur toutes les lèvres, car ils sont devenus presque des stars du journalisme, dans le petit club très fermé des chroniqueurs économiques, pas habitués à une telle notoriété. Ils ne sont condamnés à l’anonymat que dans les pages de The Economist, car la règle y est depuis toujours que les articles ne sont jamais signés. Sinon, vous les connaissez tous : William Buiter, Ambrose Evans-Pritchard, Simon Johnson, Paul Krugman, Wolfgang München, Robert Reich, Nouriel Rubini, Joseph E. Stiglitz et Martin Wolf (sans préséance et par ordre alphabétique).
De Joseph E. Stiglitz (que l’on ne présente plus), hélas un peu empêtré dans son statut de consultant international, nous avons dernièrement retenu que, selon lui « Les Nations Unies prennent la situation en main ». C’est en effet le titre de l’un de ses derniers articles en syndication (une forme de distribution aux rédactions), aux lendemains de la Conférence du 23 juin dernier de l’ONU sur la crise, prenant hélas un peu ses désirs, et les nôtres, pour des réalités. Mais il a eu le mérite d’être sans doute le premier à voir dans la concentration bancaire en cours un grand danger pour l’avenir.
Paul Krugman, que l’on ne présente pas non plus, et qui tient salon avec mordant dans les colonnes du New York Times, a été un instant suspecté par certains de complaisance politique avec la nouvelle administration, après avoir été un critique au vitriol de la précédente, mais il s’est ressaisi. Sa dernière chronique s’intitule « Ebouillanter la grenouille » et fait référence à cette histoire bien connue, selon laquelle quand on chauffe progressivement l’eau de la marmite dans laquelle on y a plongé une grenouille, celle-ci ne s’aperçoit pas de l’élévation progressive de la température de l’eau, pour finir ébouillantée. Devinez qui est la grenouille et ce qui nous attend, selon Paul Krugman, tant du point de vue économique qu’environnemental ?
La finance et l’économie allemandes sont commentés de manière très critique par Wolfgang Münchau, dans les colonnes du Financial Times. Le titre de sa dernière chronique ? « Berlin a porté un coup à l’unité de l’Europe ». Et voilà sa conclusion, évoquant le jugement de la Cour constitutionnelle allemande, qui a décidé anticonstitutionnelle toute future politique fiscale européenne commune, comme tout commandement militaire : « Le jugement de la Cour reflète le climat politique nationaliste et post-Bismarckien en cours à Berlin. Pour le moins, tous ceux qui sont liés par une union monétaire avec l’Allemagne devraient beaucoup s’inquiéter. » Il n’est pas le seul à prédire de fortes tensions au sein de la zone euro et à s’interroger sur les conséquences du chacun pour soi qui prévaut de plus en plus en Europe.
Egalement dans le Financial Times, visiblement un repaire d’agents dormants que l’on vient de réactiver, ce n’est pas la dernière chronique de Martin Wolf, figure tutélaire des chroniqueurs qui a su rapidement négocier son virage non sans adresse, mais l’une de ses précédentes, datant du 30 juin. Pour son titre sans aucune équivoque, malgré l’article plus emberlificoté qui suit: « L’approche d’une réparation prudente des banques ne marchera pas ». Sa conclusion ? « C’est le gradualisme, pas le radicalisme, qui est aujourd’hui une option risquée. »
Robert Reich, professeur à Berkeley et ancien secrétaire d’Etat au travail dans l’administration Clinton, n’est pas (encore ?) une voix dominante dans ce concert. Il vient pourtant de produire un bref et définitif article sur son blog ( http://www.robertreich.org ), qui pourra être plus tard reconnu comme prémonitoire. « Quand la reprise va-t-elle intervenir ? Jamais », annonce-t-il d’entrée de jeu. Il explique ensuite que la reprise ne peut pas intervenir, car cela signifierait que les choses peuvent redevenir comme avant le crash. « Aussi, au lieu de se demander quand la reprise va commencer, nous devrions nous demander quand la nouvelle économie débutera. » On attend la suite.
C’est Simon Johnson, professeur au MIT et ancien chef économiste du FMI, qui souvent développe sur son blog ( http://baselinescenario.com ) les points de vue les plus acérés et globaux, ne se contenant pas de parcourir la situation financière et économique. Son dernier billet est consacré au projet d’Agence de protection des consommateurs de l’administration Obama. Il compare le timide soutien dont ce projet bénéficie avec celui, massif, dont a été entouré le plan PPIP de rachat des actifs toxiques des banques, en très petite forme aujourd’hui. Mettant en cause les intentions gouvernementales, au vu de ce que cette attitude augure à l’arrivée, une fois que ce projet sera passé par le Congrès, il rappelle comment l’administration américaine avait finalement pris le taureau par les cornes, à la suite de la crise de 1929, en faisant adopter en 1934 le Security Exchange Act, qui réglementait le marché secondaire des valeurs. Tout cela a depuis été détricoté.
Le 3 juillet dernier, Willem Buiter, professeur à la London School of Economics and Political Science, très introduit dans les arcanes des banques centrales européennes, publiait sur son blog hébergé par le Financial Times un long billet très fouillé intitulé : « La création monétaire et l’encouragement du crédit ne fonctionnent pas, voilà pourquoi ». Après avoir été l’inventeur (à notre connaissance) de l’expression « banques zombies », qui a fait depuis florès, et avoir montré comment il était préférable, à la mise en place de bad banks, de créer des good banks (laissant les actionnaires des banques zombies en tête à tête avec leurs actifs pourris), il fait preuve, pour ses lecteurs, d’une salutaire maîtrise technique du monde abscons dans lequel vivent les banquiers centraux.
Enfin, c’est à Ambrose Evans-Pritchard, du Daily Telegraph (plus familièrement appelé le Telegraph) qu’il revient de conclure. Il le fait, comme d’habitude, en allant « straight to the point » (droit au but). « L’Europe creuse sa propre tombe économique, alors que la BCE ne répond pas ». Le sous-titre est encore plus explicite, s’il en était besoin : « Dans un monde de pécheurs, la banque centrale européenne joue les gardiens de la vertu, mais ses actions dévastent les finances publiques de pratiquement tous les pays qui sont l’objet de ses attentions ». Reconnaissant sans difficulté que la Grande-Bretagne doit faire face à ses propres désordres (le français châtié ne rend pas bien compte du « mess » anglais), il conclut ainsi : « D’un point de vue stratégique, le mélange européen de déflation monétaire et de déficit budgétaire effréné n’est rien de moins qu’une folie ». Nous voilà prévenus.
Lorsque vient, toutes ces lectures épuisées, le moment difficile de la synthèse, il est après réflexion possible de se poser une question centrale. Le puits que cherchent à combler les gouvernements des pays occidentaux, ainsi que les banques centrales, n’est-il pas tout simplement trop profond pour être comblé ? La politique qui est suivie a-t-elle, dans ces conditions, une chance d’aboutir ? Le système financier, dans son ensemble, n’est-il pas en réalité « too big to save », trop gros pour être sauvé ?
N’est-ce pas cette vérité toute simple, mais pas exagérément confortable, qu’il va falloir un jour se résoudre à affronter, afin de sortir du déni ?
100 réponses à “L’actualité de la crise : « Too Big To Save ? », par François Leclerc”
A l’heure ou le Titanic commença de sombrer certains musiciens se demandaient encore mais qu’est-ce que nous pourrions jouer de mieux pour les gens qui pleurent ?
Depuis l’aube des temps, sur toutes les planètes de toutes les galaxies, combien de civilisations ont pu naître, poser des questions que nous posons, et puis s’évanouir dans un souffle de vent ?[Gilbert Choquette]
Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’Histoire est la leçon la plus importante que l’Histoire nous enseigne. [Aldous Huxley]
Aucune culture, aucune religion, aucune civilisation n’est à l’abri de la destruction.[Jacques Ruffié]
L’homme succombera tué par l’excès de ce qu’il appelle la civilisation. [Jean Henri Fabre]
L’histoire du commerce n’est pas toujours celle d’une meilleure communication spirituelle entre les êtres.
Notre civilisation : une jolie fille, pomponnée et maquillée, assise sur un tas de merde.[François Cavanna]
On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas tout d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. [Georges Bernanos]
Autrefois les hommes chantaient en coeur autour d’une table ; maintenant c’est un seul homme qui chante, pour la raison absurde qu’il chante mieux. Si la civilisation l’emporte, bientôt un seul homme rira, parce qu’il rira mieux que les autres.[Gilbert Keith Chesterton]
Le plus grand succès de notre civilisation moderne est d’avoir su mettre au service de ses dirigeants une incomparable puissance d’illusion. [Gianfranco Censor]
Si l’homme civilisé devait tuer lui-même les animaux qu’il mange, le nombre des végétariens augmenterait de façon astronomique.[Christian Morgensen]
Le degré de civilisation d’une société se mesure à la détresse de ses citoyens les plus pauvres, et non au nombre de ses gratte-ciel. [Nikki Gemmell]
La plus grande caractéristique de la civilisation orientale est de connaître le contentement, alors que celle de l’Occident est de ne le pas connaître. [Hu-Shih]
Cette histoire va prendre fin au cimetière, comme toutes les histoires. [Jean Bernard]
@Marquis de Laplace. Je suis inquiet: j’ai, depuis plus de 20 ans, 8 bibliothèques achetés chez le même marchand suédois que vous. Et je crois à la loi de séries… Mais les miennes, remplies pourtant aussi à ras bord, n’ont pas de
déformation des panneaux latéraux, peut-être parce qu’elles n’étaient pas si bon marché que ça. Ça serait donc l’économie la clé du mystère, ou la physique (vos livres sont plus lourds que les miens) ou tout simplement que vous habitez plus prés de l’épicentre du séisme qui arrive?
@ François Leclerc: vous avez oublié Chaker Nouri. Sur le site ecotidien.fr on peut lire: « Aux Etats-Unis, les médias disent que la crise est finie. Fort de ses années de banquier, Chaker Nouri, notre journaliste économique, analyse la situation pour Ecotidien ». Et dans son texte, on trouve ces lignes qui datent du 6 juillet: « Quoiqu’on en dise, grâce à ces différentes interventions, le marché financier s’est stabilisé, les banques sont sur le point de rembourser près de 68 milliards de dollars à l’État, le marché du crédit s’est assaini ».
Alors vos William Buiter, Ambrose Evans-Pritchard, Simon Johnson, Paul Krugman, Wolfgang München, Robert Reich, Nouriel Rubini, Joseph E. Stiglitz, Martin Wolf et autres Paul Jorion peuvent aller se rhabiller…
@Pablo75
Chaker Nouri made in Leclerc…
On a bien ri. Merci!
Pourquoi la bourse augmente depuis 2 jours ? Spéculation pure ?
les intellectuels, c’est un peu comme la conscience, ça vient peut-être juste après (ce qui est déjà pas mal, nous pourrions être plus aveugles que nous le sommes 😉 )
après l’action
après que les forces se soient modifiés, peut-être juste avant que la transformation se développe vraiment, parce que le corps social est plutôt du genre conservateur, plus que rétif au changement (à ne pas confondre avec l’illusion de nouveauté de nos gadgets et emballages des produits de consommations, là ça bouge surtout pour que rien ne change, afin d’agrémenter la reproduction du même).
les intellectuels devraient être ceux qui comprennent qu’un monde nouveau depuis pas mal de temps est en train de mûrir
le projet politique de l’école autrichienne est peut-être la dernière façon de tourner le dos à l’avenir
(le néolibéralisme dit souvent qu’il faut être moderne, et de fait les réformes néolibérales, sur certains aspects, montrent le chemin de la régression vers l’époque moderne, avant 1789 donc)
entre l’apparition des bourgeois, leur lente progression, la période où c’étaient déjà eux qui étaient la « force » dominante mais l’organisation sociale était encore celle d’avant, et leur avènement politique il s’en est passé du temps
et ils ont dû aussi « profiter » de certaines crises, que la société dans son ensemble se mette à bouger
133 coups de morphing (les horreurs genre terreur viennent en effet assez tout seuls, sans qu’on les aide… d’accord 😉 )
je me demande, y a-t-il une classe qui serait celle du système de demain? un groupe social qui serait la force dominante de notre société mais qui serait dominée par les structures actuelles (structures de l’hégémonie de la finance, basée sur la dérégulation financière et un libre-échange très particulier – voir Lordon « La menace protectionniste, ce concept vide de sens » – le tout existant grâce à la puissance de l’Etat)…
c’est qui le monde de demain? les élites chinoises, russes, brésiliennes, indiennes?
@opposùm
Merci d’apporter un regard perçant.
Cela peut-il rassurer ?
Pourquoi pas !
—-
A mon sens,rejoignant je crois la majorité,l’essentiel est de débattre,simplement ,et essayer de rester ce qu’on est…
Mon « avenir » professionnel est derrière moi et je n’ai ni terre,ni actions,ni rente à défendre :cela aurait pu,mais je trouve passionnante l’aventure que nous vivons tous ensemble et ,à mon échelon,je tente de « dire » à la place que j’occupe.
Je ne peux pour ce faire,n’étant en rien de la partie,que m’appuyer sur ceux ,nombreux ici,qui ont connaissances,expériences et vécus.
http://www.ft.com/cms/s/0/01ca4732-6fed-11de-b835-00144feabdc0.html
Faudra-t-il songer à réhabiliter [modifié PJ : des mesures radicales] ?
un économiste intéressant
http://www.dailymotion.com/relevance/search/%22Li%C3%AAm+Hoang-Ngoc%22
Cet article d’un journal pourtant grand défenseur du capitalisme sauvage qui montre, s’il en était besoin, que les analyses de ce blogs sont plus pertinentes que celles défendues par l’ensemble de la classe politique actuelle…
http://www.lefigaro.fr/economie/2009/07/14/04001-20090714ARTFIG00008-mille-milliards-de-deficit-le-budget-americain-explose-.php
La crise est vraiment loin d’être finie…
Webster G. Tarpley : Il n’y aucune raison de subir une dépression économique mondiale, ni une prochaine guerre mondiale qui pourrait suivre la même séquence d’événements que nous avons connus dans les années 1930.
Avant tout, les lois de l’économie ne sont absolument pas mystérieuses. Je les expose dans mon nouveau livre, Surviving the Cataclysm (Survivre au cataclysme). Pour sortir d’une dépression, on a d’abord besoin de faire ce qu’il faut pour réduire le fardeau du capital fictif et des revenus spéculatifs de l’économie mondiale.
Cela signifie faire des choses comme interdire la bulle des dérivés de 1,5 million de milliards de dollars ($1,5 quadrillion), ou taxer les dérivés jusqu’à disparition, interdire les prêts hypothécaires à taux ajustables, déclarer illégaux les « fonds de couverture » hautement spéculatifs (hedge funds), arrêter la saisie des maisons, des fermes et des commerces, taxer les spéculateurs par la taxe Tobin de 1%, réguler de nouveau les marchés pétroliers, saisir et fermer les banques zombies en banqueroute qui dominent Wall Street et la City de Londres.
Nous devons saisir la Réserve Fédérale américaine, la Banque Centrale Européenne et les banques centrales contrôlées par le privé et les nationaliser. Elles devraient commencer par faire des prêts à 0% pour les activités productives, par lesquelles j’entends la création de biens physiques tangibles sous forme d’industrie, d’agriculture, de construction, de transports, du bâtiment, des mines, de la recherche scientifique, des équipements de santé et autres préalables nécessaires à l’existence humaine.
Ceci est particulièrement aigu ici aux États-Unis, car toute l’économie approche le point d’un effondrement physique ou thermodynamique. Dans ce pays, nous devrions construire un millier d’hôpitaux, construire cent réacteurs nucléaires haute température de quatrième génération à lit de boulets, construire 170 000 km de rails Maglev (NDT, pour train à sustentation magnétique), reconstruire le système autoroutier inter-États, et reconstruire toutes les installations d’eau et d’épuration. Il nous faut un programme percutant en physique de haute énergie pour résoudre les problèmes actuels de la fusion de l’énergie thermonucléaire. Il nous faut un programme percutant en recherche biomédicale pour trouver les remèdes aux maladies terribles qui affectent l’humanité. Ce sont des efforts, qui par définition devraient être internationaux.
Bien sûr, nous devons totalement financer et restaurer le réseau de sécurité sociale qui sera important pour les victimes de la dépression dans les deux ou trois ans à venir. Pour couronner le tout, on aura besoin d’une nouvelle conférence monétaire mondiale pour créer un système monétaire mondial viable pour redémarrer le commerce mondial et promouvoir le développement économique et technologique de l’Afrique, de l’Asie du Sud, la plupart des pays d’ Amérique Latine, l’Europe de l’Est et d’autres zones dont le développement économique a été empêché.
Il faut s’intéresser aux grands projets d’infrastructure mondiale comme le Maglev de Dakar à Djibouti, le Maglev du Cap au Caire, des ponts et des tunnels le long de la Méditerranée à Gibraltar et entre la Sicile et la Tunisie, un système Maglev Eurasien, un pont tunnel pour le détroit de Béring, un nouveau Canal Thaï (NDT: l’isthme de Kra en Malaisie), une « Tennessee Valley Authority » pour le Gange, le Brahmapoutre, le Mekong, l’Amazone et d’autres systèmes fluviaux dans le monde (NDT, Tennessee Valley Authority : entreprise américaine chargée de la navigation, du contrôle des crues, de la production d’électricité et du développement économique de la vallée du Tennessee), et le développement du transport fluvial en Afrique avec un système d’écluses et de canaux entre le haut Nil et le haut Congo.
Nous devrions faire ceci avec la pleine conscience que si nous ne réalisons pas ces étapes progressives nécessaires de notre vivant, la civilisation mondiale pourrait sombrer dans une période de chaos, des horreurs qu’il est difficile de concevoir pour le moment, mais qui devraient être suffisamment claires. Ma litanie favorite reste celle d’un mineur espagnol de la région au nord de l’Espagne, les Asturies, qui me disait que son credo personnel était : « Ton choix dans le monde moderne est clair. Soit actif avant de devenir radioactif. Alors, choisis. » Cette alternative n’a pas autant changé qu’on le croit. Mon espoir est que de plus en plus de gens choisissent d’être actifs.
Regardez bien cette animation géniale.
En vert, le revenu moyen des ménages aux Etats-Unis, de février 1987 à aujourd’hui.
En orange, le prix des maisons dans 20 villes des Etats-Unis, de février 1987 à aujourd’hui.
Le prix des maisons a augmenté d’une façon prodigieuse, alors que le revenu moyen des ménages augmentait très très peu.
Mais, depuis octobre 2006, un changement historique a eu lieu.
Le prix des maisons s’effondre.
Hypothèse : la paupérisation des Américains ne fait que commencer.
http://www.youtube.com/watch?v=nSH9KEF8Rso&eurl=http%3A%2F%2Fblogduglobe%2Ewordpress%2Ecom%2F&feature=player_embedded
Etonnant que les auteurs du ‘roman vrai de la crise’ ne soient pas sur votre liste.
(dgrm: Dessin d’un Gros Rire Moqueur !). La partie proposition de réforme
est stupéfiante : « on ne peut proposer telle réforme parce qu’ ils
ne l’accepteront pas ou bien trouveront le moyen de la contourner ».
L’ode à la sainte liquidité et la défense des hedge funds sont (un gros mot).
Au total, une impuissance puissamment argumentée.
Cette démonstration de créativité et de courage justifie
n’importe quel clown parlant anglais.
(ça mériterait une nuance: le journalisme d’investigation anglophone
est souvent remarquable)
Les journalistes que vous citez valent par leurs informations factuelles
ou chiffrées, mais la suite nécessite
le doute systématique: ils ont trop le nez sur le guidon
pour proposer autre chose que le retour à un état antérieur
maquillé.
Répétons-le: un paradigme s’est effondré; la page est blanche;
il n’y a rien à attendre de ceux qui en sont la cause:
la route est libre pour les intellectuels de bonne composition.
Roosevelt et son gouvernement ont mis environ 3 ans
pour trouver, non sans difficutés, les idées et les hommes.
Partant du néant actuel, et avec les handicaps revendiqués,
il serait inespéré de faire mieux.
Spitzer, attorney à New-York, avait mis en examen sans ménagement
un certain nombre ( environ 600 ?) des non-réformables de Wall-Street.
Ce fait indique où se trouve une partie, faible espérons-le, de la question:
elle n’est pas d’une haute intellectualité.
Les guetteurs tout azimut sont donc indispensables.
@iGor milhit : « je me demande, y a-t-il une classe qui serait celle du système de demain? un groupe social qui serait la force dominante de notre société mais qui serait dominée par les structures actuelles »
D’après Todd (si j’ai bien compris), le système éducatif produit cette nouvelle classe dominante. Après à peu près deux siècles de démocratisation du niveau éducatif qui a vu la majorité accèder à l’école primaire puis atteindre le bac, il y a maintenant un nouvel écart qui se creuse entre une majorité qui ne dépasse pas le bac et les autres. Cette classe bénéficie de la mondialisation contrairement aux autres, qui trinquent. Et la démocratie risque d’y passer, au bénéfice d’une oligarchie technocratique.
A noter qu’en 1789, c’est la bourgeoisie qui a affirmé son pouvoir (qu’elle détenait déjà de fait). Ceci pour dire que le nouveau pouvoir a peut-être déjà le pouvoir de fait.
La bourse a grimpé hier car elle avait baissé de 7-8% depuis l’annonce du chiffre du chômage aux Etats-Unis, plus élevé que prévu. Pourquoi hier? Parce que c’est le début de la publication des résultats du deuxième trimestre aux Etats-Unis et c’est la bourse américaine qui donne le ton, les autres bourses suivent. Autre facteur: le momentum, c’est-à-dire la dynamique de l’opportunité. Depuis hier, on sait que les résultats de Goldman sertont meilleurs que prévus (ils le sont, le chiffre vient de tomber). Cette prévision a eagi comme un déclencheur et a entraîné tout le secteur financier à la hausse, lequel a entrâiné d’autre secteurs, et notamment celui des matériaux, le plus volatil et le mieux placé en cas de redémarrage.
Il n’y a pas vraiment une nouvelle en termes de fondamentaux pour justifier cette hausse. C’est juste du momentum.
@Ton vieux copain Michel: « Depuis hier, on sait que les résultats de Goldman sertont meilleurs que prévus (ils le sont, le chiffre vient de tomber). »
Comment le savait-on hier si les chiffres viennent de tomber aujourd’hui? 😉
@Jérémie
Vous avez oubliez le sens de la vie:
Q: Qu’est-ce que la vie?
R: La vie est une maladie mortelle transmise sexuellement.
@HuguesL
Mais, où peut-on acheter des tiges de métal filletées (et de bonne dimensions?)
Faites vites, la crise va plus vite à l’intérieur de ma demeure qu’à l’extérieur
@Pablo75
“Je suis inquiet: j’ai, depuis plus de 20 ans, 8 bibliothèques achetés chez le même marchand suédois que vous”
N’ayez crainte. Une amie m’a fait savoir que ma mémoire était bien mauvaise. Les dites bibliothèques, loin d’avoir été achetée chez “un marchand d’origine suédoise que par gentillesse je ne nommerai pas ». ont en fait été achetées chez un manufacturier local qui a depuis belle lurette disparu et que par gentillesse je ne nommerai pas (d’autant plus que je ne me rappelle plus son nom!)
D’ailleurs parlant de ma santé, j’ai des doutes : j’ai vu dans un rêve cette nuit de « jeunes pousses » poussées sur mes bibliothèques.
@AlainA
“Cette prétention démiurgique, cher Marquis, fut depuis lors déniée par la physique théorique”
Mon digne représentant au XX ième siècle, E.T. Jaynes, a déjà répondu à vos doutes/préoccupations dans “Probability Theory” “10.7 But what about quantum theory?” (p.327) et a très bien su préserver ma très haute réputation.
@ Moi, je rectifie. Depuis hier, le faisceau de présomptions concernant des résultats de Goldman supérieurs aux attentes s’est amplifié et notamment depuis que l’analyste vedette du secteur financier, la très écoutée Meredith Whitney a recommandé d’acheter le titre avec un objectif de 183$; ce qui laisse encore un petit 20% (mais le titre a triplé depuis janvier).
C’est du pur momentum. On a assez répété que le résultat de Goldman allait être excellent et il était annoncé pour aujourd’hui. Hier, lundi, les gens ont acheté au son du canon sacnant bien qu’ils avaient une fenêtre d’opportunité de 24 heures.
@ Ton vieux copain Michel
Aujourd’hui, Wall street a ouvert « en petite baisse » et Goldman ne semble pas avoir au final autant « tiré » que cela les bourses de New York, cela ressemble plutôt à un feu de paille. La question qui va être sur beaucoup de lèvres est : « est-ce que cela est vraiment une si bonne nouvelle que cela, ces résultats de Goldman ? »
Il paraît que dans les résultats des banques, ils ne sont pas obligés de mentionner ls pertes dues aux actifs pourris, est-ce vrai ? Dans ce cas-là ces résultats ne veulent absolument rien dire, non ?
@ Moi
Merci pour votre réponse.
@ DB
Officiellement, les règles comptables internationales du moment sont appliquées, mais elles ont tendance à être à géométrie variable, afin d’arranger les comptes (les américains appliquent leurs propres règles, qui ont été récemment modifiés en ce sens). Pratiquement, c’est de l’auto-déclaratif. Cela devient plus sérieux en fin d’année, quand il faut effectuer la clôture des comptes. Il y a donc une course de vitesse en cours, afin d’obtenir de nouvelles règles avant cette échéance. Nous aurons par ailleurs droit cette année, c’est actuellement prévu en septembre, à des tests de solidité (stress tests) des banques. Mais leurs résultats détaillés, banque par banque, et peut être même pays par pays, ne seront pas rendus public.
@François Leclerc
Merci pour votre réponse. Mais une fois de plus, les résultats des stress tests ne seront pas rendus publics et donc il sera facile de nous raconter ce que l’on veut. Quand à la clôture des comptes, ne peut-elle pas aussi être trafiquée ? Pour l’instant, la seule chose qui me paraît la plus sûre pour voir l’état de l’économie, cesont le chômage et les faillites d’entreprises, qu’en pensez-vous ?
>Mais, où peut-on acheter des tiges de métal filletées (et de bonne dimensions?)
>Faites vites, la crise va plus vite à l’intérieur de ma demeure qu’à l’extérieur
Normalement, n’importe quel magasin de brico. Mais c’est generalemtent par morceaux d’un metre, et si votre bibliotheque est + large il faudrait utiliser un raccord (ca se trouve de meme dans les bricos, je ne connais plus le terme exact).
Desole Paul Jorion ca derive un peu par rapport au topic, mais les livres et leur contenu, c’est sacre!
@HuguesL
Merci pour le conseil. Je vais m’atteller à la tache.
« ca derive un peu par rapport au topic »
Pas du tout!
Car, même si c’est tout-à-fait un hasard, la similitude entre mes bibliothèque et l’économie est à la fois surprenante et éclairante.
Espérons qu’il existe aussi des tiges métalliques pour l’économie.
@F. Leclerc
« Lorsque vient, toutes ces lectures épuisées, le moment difficile de la synthèse, il est après réflexion possible de se poser une question centrale. Le puits que cherchent à combler les gouvernements des pays occidentaux, ainsi que les banques centrales, n’est-il pas tout simplement trop profond pour être comblé ? La politique qui est suivie a-t-elle, dans ces conditions, une chance d’aboutir ? Le système financier, dans son ensemble, n’est-il pas en réalité « too big to save », trop gros pour être sauvé ?
N’est-ce pas cette vérité toute simple, mais pas exagérément confortable, qu’il va falloir un jour se résoudre à affronter, afin de sortir du déni ? »
Ces questions me paraissent quelque peu hors-sujet, ou du moins les réponses en sont déjà clairement établies depuis plusieurs mois par vous-même et Paul. Les dirigeants internationaux agissent selon les méthodes qu’ils connaissent, et selon l’hypothèse préalable d’une posture A (ou B light) dans le référentiel de J. M. Granier. Le choix du déni à déjà été fait, il n’est plus en question désormais, et rien actuellement ne permet d’envisager un revirement à ce sujet. L’Histoire tend plutôt à montrer que seul un choc majeur pourrait les amener à reconsidérer leurs positions (type guerre, famine, etc).
Par ailleurs, sur ces problématiques comme dans l’ensemble du champs de la Raison, il existe deux grands courants méthodologiques. Très grossièrement, dans l’un la théorie est préalable à la mise en pratique, tandis que dans l’autre on expérimente dans un premier temps pour seulement ensuite déduire les lois générales. C’est par exemple l’une des distinctions fondamentales que l’on puisse faire entre les mathématiques et les sciences physiques.
La chose est manifeste dans pas mal de discussions sur internet:
La question « le système actuel ne vous convient pas, mais avez vous une solution de remplacement à proposer? » est récurrente. Ainsi, il faudrait pouvoir livrer un système « clé en main » pour avoir voix au chapitre. Cependant, l’exemple le plus frappant issu de cette méthodologie réside sans doute dans le marxisme et son application soviétique, dont on ne peut pas réellement dire que ce fut une réussite.
Parallèlement à cela, cette objection dans la bouche de défenseurs du modèle capitaliste est paradoxale: Le capitalisme est précisément le fruit d’une maturation essentiellement expérimentale entamée dès la Renaissance, non pas celui de la production purement théorique d’on ne sait quel savant qui aurait jeté sur le papier tous les principes de fonctionnement d’une société moderne.
Ainsi donc, la question de savoir « s’il ne serait pas temps de sortir du déni » n’a plus d’objet. La plupart des lecteurs de ce blog on déjà admis avec plus ou moins de fermeté leur doute quant à la pérennité du système actuel, ainsi que pour certains dans la nécessité même de voir cette machine redémarrer. En d’autres termes, les objectifs des uns et des autres sont fixés.
Or, pour ceux dont l’objectif ne soit pas « de tout recommencer comme avant », l’heure est plutôt à l’observation des activités humaines concrètes qui parent à la faillite du système financier, ou à la mise en place de celles-ci, puis, ultérieurement, à la théorisation de ces processus.
A titre d’exemple, lors d’une discussion récente avec un élu local, ce dernier me parlait de « la mode » du retour au jardinage… Je ne suis pas certain que son analyse de cette tendance soit la plus pertinente…
@François Leclerc
“est-ce que cela est vraiment une si bonne nouvelle que cela, ces résultats de Goldman ?”
Oui, pour les gens qui travaillent a Goldman…18 milliards de bonus, c’est joli en pleine crise.
Tous les animaux sont egaux mais certains le sont plus que d’autres.
Je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle mais ca me donne envie de vomir.
Vous traitez des chroniqueurs dans les blogs ou journaux mais j’aime beaucoup aussi les livres qui sortent sur le sujet.
Ce printemps, j’ai lu « La trahison des économistes » de Jean-Luc Gréau et j’ai beaucoup aimé les explications claires sur le monde financier. Il y en a évidemment plein d’autres intéressants dont les livres de Paul Jorion.
Il est quand même difficile effectivement de se lancer dans des prévisions sur 5 ans quand on voit que les médias ont peine à saisir l’ampleur actuelle de la crise. Peu parlent de crise systémique et on dirait que le monde financier et le monde politique sont prêts à repartir comme avant. Aux prochains soubresauts de reprise, on attend que les consommateurs se mettent à reconsommer et à s’endetter comme si de rien n’était. C’est incroyable…
@Ton vieux copain Michel : « Depuis hier, le faisceau de présomptions concernant des résultats de Goldman supérieurs aux attentes s’est amplifié… »
Faisceau de présomptions, comme c’est bien dit. 🙂
Je sais comment cela se passe, j’ai déjà vu faire (pas pour Goldman Sachs mais quelques autres). Les chiffres sont connus des employés avant la publication, parfois une semaine avant. Il suffit d’avoir le bon contact et on a quelques jours pour se positionner avant de déboucler au moment de la publication.
Tout cette hypocrisie boursière me gonfle vraiment.
@ Dissonance
Je ne vais pas en disconvenir, le système capitaliste à sa logique, c’est celle de sa perpétuation. Cela ne lui est d’ailleurs pas propre.
Mais s’il est bien en train de se heurter à des murs qu’il ne parvient pas à esquiver, il va lui falloir, pour sauver ses meubles, à nouveau aller au-delà de ce qu’il est prêt à envisager. C’est ce qu’il a commencé à faire, il peut devoir poursuivre, malgré les tentatives auxquelles on assiste en ce moment de limiter les futurs mesures de régulation financière.
Bien entendu, il faudrait un « choc majeur » pour que tout ne redevienne pas comme avant, à ce qui ne pourrait alors être considéré que comme des aménagements acceptables, de son point de vue. De quelle nature pourrait donc être celui-ci ?
Une révolte sur un porte-avion nucléaire ? Peu probable. Une grève générale illimitée ? Pas plus. Les mouvements de protestation et de révolte n’ont pas d’impact, ils cherchent encore leurs modes d’expression, leur traduction politique est incertaine. Cette aspect de la situation reste une grande inconnue, qui s’imposera d’autant plus sur le devant de la scène que la suite des évènements sera socialement douloureuse. Elle s’annonce devoir l’être.
Par contre, de nouveaux chocs financiers ne sont pas à exclure. Aux Etats-Unis, en Europe également, ce que l’on commence à reconnaître. Quelles mesures de sauvegarde et de sauvetage appelleront-ils ? L’attentisme et les bricolages qui prédominent aujourd’hui sera-t-il toujours possible ? C’est en ce sens que le déni ne sera plus tenable, tout du moins sous sa forme actuelle.
Nous semblons nous diriger plus vers une exacerbation de la crise que vers une accalmie, qu’elle soit considérée sous ses aspects financiers, économiques et sociaux. Si cela se confirmait, pour reprendre la phrase célèbre, nous étions au bord de l’abîme, et nous ferions un grand pas en avant.
Impossible de refermer le livre avant de l’avoir lu en entier !