Linda, en évoquant Bert Jansch et Pentangle m’a ramené trente-cinq ans en arrière et mon expérience la plus profonde de dépaysement culturel.
J’ai vécu en Amérique, en Afrique, j’ai visité la Chine et le Japon, mais je n’ai jamais dû remettre à ce point en question mon identité culturelle que durant les dix années que j’ai passées en Angleterre.
À une époque, j’étais plongé dans l’histoire de l’anthropologie et j’étais fasciné par l’invention des mesures statistiques suscitée par les nécessités de la … craniologie, et je me souviens d’un commentaire de Karl Pearson (mettant alors au point le coefficient de corrélation) qu’il n’avait pas trouvé d’écart plus grand dans les mensurations qu’entre deux cranes médiévaux, l’un du Sud de l’Angleterre et l’autre du Nord de la France.
Et c’est bien le sentiment que j’ai eu. J’avais un professeur qui savait tout sur l’anglais et sur l’Angleterre (hello, sweet Princess) et elle m’a promené partout le dimanche, de la boue gluante des fens d’East Anglia aux tours de la cathédrale d’Ely et dans la culture anglaise, de haut en bas et de bas en haut : de Bloomsbury au Morris dancing et retour.
Elle a bouleversé ainsi bien de mes certitudes, sur l’opéra en particulier. Je croyais, naïf, qu’on ne pouvait égaler Maria Callas, c’est que je ne savais pas qui était Kathleen Ferrier !
Kathleen Ferrier : Gustav Mahler – Friedrich Rückert, Kindertotenlieder 4 – Oft denk’ ich, sie sind nur ausgegangen
Kathleen Ferrier : Gustav Mahler, Das Lied von der Erde
26 réponses à “Un autre monde, très, très loin d’ici”
Kathleen Ferrier : l’émotion pure, sans pathos.
C’est en écoutant Kathleen Ferrier chantant le « Erbarme dich » de la Passion Matthieu de Bach que Cioran a écrit: «Sans Bach, la théologie serait dépourvue d’objet, la Création fictive, le néant péremptoire. S’il y quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.»
Merci, Paul Jorion. Un pur moment de bonheur, Katleen Ferrier et das Lied von des Erde de Mahler, par un dimanche de juillet en crise. En ce qu’il me concerne je ne pense pas à la musique (aux grandes voix de l’opéra non plus) en termes d’égalité (cela suppose un étalon). Peut-on dire que Mozart est plus ou moins égal à Beethoven, Bach à Haidn, Schumann à Schubert ou Tcheaikovshi. La beauté est diverse dans tous les domaines.
M.Jorion,
Croyez vous au Hasard ? Cette nuit , un ami a perdu sa petite fille de 6 ans et demi. Je l’ai su en m^^eme temps que j’ouvrais votre blog
J’ai répondu à Lau, à titre privé.
I hold you all in the Light.
@Pablo 75
C’est très joli ce que vous dites, ça fait très « intello » en plus.
Cioran, Ionesco, Brancusi… et jusqu’à Vladimir Cosma et dame Gheorghiu à l’opéra, il y a peu de roumains (pourtant fiers de la renommé des noms autochtones par les méridiens des puissances mondiales) qui en connaissent au-delà du nom. Je ne pense pas que les français en soient plus nombreux.
Alors, parler d’un coup de Dieu, de la passion d’après Mathieu, de Cioran et de Bach, ça fait bien joli. Combien sont-ils les chrétiens de part le monde de ce jour qui font un lien lien entre Bach et Dieu ? Combien d’entre eux en ont pris connaissance, par Nietzsche, que Dieu est mort et que Bach a survécu. Ca fait joli de dire des jolies choses mais ça ne fait pas avancer le schmilblich de l’humanité… Désolé, je ne tiens pas à être méchant, juste lucide.
N’oublions pas dans la même génération Elisabeth Schwartzkopf! {;-))
@moderanto-cantabile
C’est très joli ce que vous dites cela m’inspire, ça fait très « intello » en moins. Cela vient-il de vous ? Apparemment oui même si vous préférez plutôt raisonner selon les termes du surhomme de Nietzsche. Oui je suis bien d’accord avec vous il faut que ça bouge ça ne peut plus continuer ainsi tu entends Dieu le grand cri de notre révolte sur terre et parce que nous ne te voyons pas tu est forcément mort, tu n’existes pas, tu refuses toujours en effet de répondre à nos premières attentes matérielles sur terre comme Job autrefois. Pourquoi, pourquoi, pourquoi Dieu tu es si cruel, si sadique pourquoi tant de malheur et si peu de bonheur entre les êtres alors quand est-ce qu’ont se la fait notre prochaine révolution sanglante contre les grands patrons de Wall Street et qui en touche quinze mille fois le salaire de ceux trimant à leur place, oui est-ce vraiment bien faire le bien de l’entreprise que de vouloir plus longtemps se faire payer ainsi à la tête de tant de sociétés si mal en point ? Oui ça suffit maintenant de vouloir toujours faire le gentil d’écouter l’opéra, cioran, ionseco brancus et compagnie…
Mais qui fait encore le lien entre la poire et le citron de nos jours c’est sur ça fait davantage avancer le schmilblich !
Oui Dieu, tu es trop laxiste, trop mou, trop lent à réagir au regard de l’échelle humaine, de l’histoire, de notre emploi du temps, de notre vie alors bien sur nous préférons prendre les devants sur tes propres principes invisibles, tu comprends c’est surtout une question de timing le progrès de l’homme fier et arrogant sur terre. En plus ça fait plus viril et plus méchant à l’antenne… Désolé je ne voulais pas me foutre davantage aussi de votre poire sur ce Dieu se marre de nouveau sur la vanité des hommes et verse parfois une autre larme sur le monde, sur l’enfant en bas age de nouveau rappeler au ciel.
Ha si seulement Dieu avait une plus grande paire de couilles qui puisse dépasser le ciel. Vous vous rendez compte plus personne ne pourrait alors polémiquer davantage sur le sexe viril ou pas des Anges…
Non, Jérémie, je ne vois pas du tout les choses sous cet angle que vous proposez.
Je ne conteste pas la force historique de la « parole de Dieu », qui représente pour moi la force du désir de l’Homme à travers les temps dans sa recherche de la justice dans la spiritualité.
Je conteste l’uniformité de la compréhension de cette parole par tout un chacun. Et je constate surtout la dilution de ce Désir de l’Homme face à une nouvelle manière de combattre sa peur et sa lâcheté face à la Mort, en se transformant dans un consommateur assidu des choses bien moins spirituelles.
J’ai fait la paix avec Jésus, depuis longtemps, en lisant Boulgakov et son Maître et Marguerite.
Et, après longues réflexions et expériences de vie, je suis arrivé à la conclusion que la démocratie ( et encore, telle qu’elle nous est présentée dans le cas idéal) ne peut pas être le meilleur régime politique pour le bonheur de tous. Car il ne peut pas y avoir de démocratie dans un monde où statistiquement tout un chacun ne possède pas des qualités égales dans tous les domaines, encore moins des avoirs comparables à sa naissance. Ceux qui ont les qualités primordiales pour la survie de l’espèce : manuelles, artisanales, physiques et toutes formes d’intelligence sociale qui créent les biens nécessaires à la vie (la vie banale qu’on nomme aussi survie) sont toujours supplantés par ce qui possède l’intelligence manipulatrice. Alors, les convier tous à une expression démocratique de leurs désirs politiques ne pouvait pas déboucher sur autre chose que l »échec du système de ce jour. Et ce, peut importe la voie « idéologique » empruntée. Pour moi, c’est ça qu’il faut trouver pour sortir de la crise et des crises, quelque chose qui remplace l’hypocrisie qu’on nomme « démocratie » avec une expression différente, dans laquelle l’étalon du mérite et de l’intelligence ne soit plus si procust-ien que maintenant.
@moderato-cantabile… J’ai rien compris à ce que vous me dites. Ça me rappelle le mot de Jules Rénard sur Mallarmé: « Intraduisible, même en français »…
C’est pas grave, Pablo 75, continuez à vous traduire vos citation préférées.
@moderato-cantabile… Votre pseudo vient de votre admiration pour Marguerite Duras, non? (C’est la seule explication que je trouve à l’obscurité de vos propos).
« Vous allez finir par vous aimer les uns les autres bordel de m…. »
Tout autre chose : elle me fait toujours rire. Mais c’est aussi une forme de bonheur !
Oui, c’est bien Henry Fonda !
« S’il y quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu »
C’est vrai … lorsque Bach n’est pas le Bach qui aligne des notes comme une machine à coudre soporifique …
… et que Bach est bien … de Bach …
Quant à Cioran, c’est toujours du superbement lucide … mais avec quelques gouttes de poison au fond de la coupe.
@ moderato-cantabile
La force du désir de l’homme c’est de vouloir souvent crier qu’il existe, lui seul dans l’univers à travers tous les ages toutes les générations dans sa recherche de la différence, de la distinction, de la hauteur, construire et faire toujours plus haut, de la grandeur, de la position, d’une speudo spiritualité affiché dans certaines assemblées secrètes ou pas même les musiciens, les vedettes, les politiciens se voient plus supérieurs aux autres or il n’en n’est rien, tout n’est que vanité sur terre, votre propos comme le mien et quand bien même nos points de vue seraient plus ou moins argumentés, présentés, divergeant mieux servis à table et oui toujours et encore cette même force de vie qui nous pousse à nous différencier, à nous éloigner, à nous diviser, à nous retarder, à nous juger et qui nous influence si souvent à notre insu en nous-même comme dans les autres.
Évidemment plus personne ne s’aime de nos jours, il faut plutôt raisonner comme nos élites modernes à l’image de leur monde, l’angle de vue que vous proposez de suivre, non vous en marre vous comme moi, non vous recherchez avant tout la justice et le bien-être de l’autre ? Au nom même de la justice et de la liberté tant d’hommes préférant encore suivre cette même force de vie complétement débridé, libéré, sans licol, sans aucun mord, allez hu le monde, allez, toujours encore et encore plus vite à l’achat comme pour le bien être, au nom même de tant d’idées reçues élevées en principes.
Sur le reste je vous rejoins sur la transformation progressive du consommateur en je ne sais quel autre mouton de plus…
Par ailleurs le problème que vous soulevez au sujet de la démocratie n’est pas inintéressant au contraire.
@ Oppossùm: le Bach-machine-à-coudre c’est le Bach des mauvais interprètes… (Glenn Gould inclus parfois)… mais écoutez l’indépassable Rosalyn Tureck et vous n’entendrez jamais de staccato soporifique…
Regardez ça et dites-moi si on peut jouer mieux les sublimes « Variations Goldberg »: http://www.youtube.com/watch?v=4PSUL_aRGZU
Que de beaux sentiments. Revenons sur terre:
(ici censuré par moi… ) et les religions sont une création humaine;
Dieu ou les dieux servent de prétexte à des massacres sans fin.
Dans l’Ancien Testament, Dieu est parfois très violent.
Les variétés grecques me semblent plus sympathiques… si humaines.
Et vraiment Nietsche est bien mort. N’est pas un sous-dieu qui veut.
La musique n’a pas besoin de Dieu pour nous délivrer. Elle se suffit
à elle-même. Son vrai mystère, l’action qu’elle a sur nous, n’a rien à voir avec Dieu.
Elle est universelle: lire Alain Gheerbrant faire écouter Mozart à plusieurs communautés
Indiennes d’ Amazonie, sans contact avec la ‘modernité’ (1948-49):
calme,paix et transfiguration. (Autre mystère, l’intrument, copie de violon,
ramené de la sierra Parima.)
J’ai longtemps cru que la musique instrumentale échappait aux animaux.
Erreur, dans ‘Bêtes, Hommes et Dieux’ d’Ossendowski, l’auteur voit
un ours s’essayer à faire de la musique avec un éclat de bois.
( Correction: j’ai le livre sous la main, mais je ne retrouve plus les quelques lignes
évoquées; peut-être confusion avec Vladimir Arseniev ‘Dersou Ouzala’;
trop long à chercher, je laisse).
Revenons à la crise:
La démocratie, comme le droit de vote, sont des outils.
Par un mélancolique après-midi de crise, et épris d’absolu, nous pouvons
les juger imparfaits. C’est une erreur; les rejeter engage plus
que notre propre existence. C’est restreindre l’avenir.
Nous devons croire que, comme outils, ils peuvent être améliorés ou adaptés.
Refuser de voter sous prétexte que la majorité,qui naturellement se trompe,
ne pensera pas comme vous est un enfantillage.
Un manuel qui se blesse avec un outil peut seulement mettre
en cause l’emploi ou la conception mais non la fonction.
Même si c’est contesté: la conquête du droit de vote n’a pas été
une partie de plaisir, au moins en France; ça même été sanglant.
Votez, votez pour exercer un droit qui peut s’user et décliner.
Le faire sans illusion mais sans faiblesse.
Bach et tous ces génies de l’Europe centrale pendant au moins 3 siécles
posent la question des cultures germanique et slave. Elles n’ont aucune part
dans ce blog, tourné vers l’ appeau anglo-américain. Pourtant entre le Rhin
et la Mer Noire, il y a un monde de créativité, passée et actuelle
et pas seulement artistique.
Je crains que toutes les info ‘hyperbritannocentrique’ dont on nous abreuve
soient surfaites et quelque part artificielles. En nous saturant
elle nous font oublier que les intellectuels ‘continentaux’ ont
devant eux une page blanche laissée libre par l’effondrement
du paradigme City-Wall Street.
Ainsi,moins de Washington et plus d’ Oulan-Bator,pour le rêve loin d’ici.
hors sujet,
mais magnifique
http://www.scottmooreart.com/gallery/themoneygame.htmo
http://www.scottmooreart.com/gallery/themoneygame.htm
pardon, un « o » s’est introduit au bout du lien precedent
Pablico 75,
J’avoue m’être un peu lâché dans mon commentaire. En général je lis ce blog sans commenter, l’exception arrive souvent sur des sujets concernant la musique.
Ce qui reste confus pour vous à plus de clarté pour moi. L’inverse doit être valable.
Vos citations de Cioran ne valent pas plus pour moi que la la sagesse et la philosophie des bergers des Carpates que j’ai rencontré dans ma jeunesse. Eblouissant, du Mircea Eliade dans le texte par des gens illettrés.
Marguerite Duras n’est pas un de mes auteurs de chevet, mais je n’ai pas honte de l’avoir lue.
De quelqu’un qui se veut si connaisseur de la musique et de Bach on pouvait attendre d’autre suggestions pour « moderato-cantabile ».
Après on dira que la musique adoucit les moeurs… :))
@ Moi: 😉 [oups, la faute: « ça vous irait mieux »]
Et vous, Pablico75 ? Qui êtes vous pour être si sûr de qui suis-je et de ce que devrait être mon pseudo ?
Vous avez raison « Moi », j’abandonne la conversation avec Pablico et je garde la musique.
Si on doit justifier notre presence sur terre, c’est qu’elle nous permet de nous confronter au genie humain : ecouter Bach ou Mozart, decouvrir un codex ou un tableau de De Vinci,lire Isaac Asimov, utiliser les technologies visionnaires d’un Steve Jobs ou Jeff Bezos