Billet invité.
LE PROTECTIONNISME FINANCIER A L’Å’UVRE
Les appels rituels à ne pas céder aux sirènes du protectionnisme commercial – le dernier en date lancé par la Banque des règlements internationaux – apparaissent à un double titre très formels et surtout un peu dérisoires. En premier lieu, à cause de l’importante contraction que connaît le commerce international, mais plus encore en raison d’un repli sur soi bien plus redoutable à terme, car chacun développe de plus en plus dans son coin ses propres mesures de régulation financières. Et qu’il est dans ce domaine comme dans celui de tout système: la partie la moins performante détermine la performance de l’ensemble.
Alors que le Congrès américain s’est emparé du dossier, ouvrant une période de tous les dangers, à l’issue et au calendrier incertains, l’Allemagne a tiré sans attendre les leçons des mésententes européennes, estimant acquis que, la régulation financière mondiale made in US ayant peu de chances de la satisfaire, celle qui était discutée à l’échelle européenne serait tout autant limitée. Il lui fallait donc définir et mettre en place sans attendre ses propres règles, à l’abri de ses frontières. Un exercice certes limité, dans le contexte d’une finance mondialisée, mais permettant de se prémunir du mieux possible faute de mieux. Le Bundestag a adopté aujourd’hui vendredi une loi renforçant les pouvoirs du Bafin (l’Autorité des marchés financiers), afin d’accroître son contrôle bancaire sur le territoire. Il faut dire que les banques allemandes ont beaucoup fauté et que leur sauvetage attend que les prochaines élections d’octobre soient passées avant d’être effectué, et que l’épisode de la déconfiture d’Hypo Real Estate, nationalisée elle sans délai, a marqué les esprits. Une disposition, parmi d’autres, attire l’attention : la nouvelle loi prévoit que des personnalités extérieures aux sociétés financières pourront être nomméws dans les conseils de surveillance des banques coopératives et des caisses d’épargne. La confiance règne.
La France, sombrant dans le pathétique, vient pour sa part de se lancer à sa manière sur le terrain « porteur » de la régulation, par la bouche de son ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire : « Nous avons vu avec le secteur financier ce qui se passe lorsqu’on laisse les seules forces du marché agir (…) nous devons mettre autant de régulations dans l’agriculture que dans le secteur financier ». Avant de détailler son plan de bataille destiné à protéger l’agriculture, alors qu’à propos de la régulation financière, comme de la situation réelle du système bancaire, le plus épais brouillard continue d’envelopper le monde où se trouvent réunis les financiers, la haute administration et le pouvoir politique.
Il est très difficile, à ce stade, de comprendre jusqu’où va ou non aller la régulation dans les deux grands centres financiers mondiaux, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, alors que les discussions ne viennent que de s’y engager et que les lobbies de « l’industrie financière » ferraillent déjà. A remarquer cependant que la SEC étudie le retour de mesures de régulation des ventes à découvert. Avec le soutien appuyé de l’American Bankers Association, dont certains des membres ont senti le vent du boulet (quand il ne leur a pas emporté un bras). Angela Merkel, la chancelière allemande, vient à nouveau de mettre les pieds dans le plat, après avoir récemment critiqué publiquement la politique inflationniste de création monétaire de la Fed et de la BoE. « Il y a peut-être un certain danger que des banques qui recommencent à aller plutôt bien ne soutiennent pas les efforts de régulation mais les remettent en question », a-t-elle déclaré au Wall Street Journal, ajoutant pour la bonne forme : « Mais je ne crois pas qu’elles y parviennent, ni avec le gouvernement américain, ni dans l’Union européenne ». Assurant de sa profonde conviction et contre toute évidence, que « tout le monde allait dans le même sens ».
Sans surprise, la Grande-Bretagne a bataillé dur ces dernières semaines pour sauvegarder l’indépendance de la City, avec évidemment l’intention d’en faire le moins possible sur le chapitre de la régulation. On y observe une véritable fuite en avant, à la mesure de la situation économique britannique, n’envisageant de salut possible que grâce à son activité financière. Un article de la dernière livraison de « The Economist » résume bien la position britannique. Il tire à boulets rouges, comme étant le prétexte enfin trouvé par les Allemands et les Français pour régler leurs vieux comptes et défendre leurs propres places financières, contre les projets de réforme européens, qu’ils concernent les hedge funds, le secteur du private equity ou les banques elles-mêmes. Se réfugiant sans surprise sous le parapluie conceptuel anti-systémique du « plan Obama ». Mais si l’hebdomadaire préféré de la City épouse naturellement la cause de celle-ci, il ne perd pas pour autant le Nord. Il constate que s’exercent désormais en Europe des « forces centrifuges », pour conclure ainsi un autre article intitulé, bien à sa façon, « Divisés par un marché commun » : « Ceux qui sont les plus en faveur d’une réforme financière européenne ont pêché par lenteur. Le marché qu’ils veulent réguler est en train de se fragmenter sous leurs yeux, alors qu’ils en sont à en rédiger les règles. » Il signe ainsi, toujours à sa façon, le bulletin de décès d’une certaine conception de l’Europe, que l’hebdomadaire a toujours combattu et qui avait de toute façon déjà un plomb considérable dans l’aile. Le charbon et l’acier auront été à l’origine, en 1951, de la création de l’Europe, la finance la destine, en 2009, à n’être désormais qu’une importante zone de libre échange, ce que l’élargissement avait largement entamé.
On aurait pu espérer que la situation potentiellement alarmante du système financier allait donner du cœur à l’ouvrage aux diverses autorités nationales et européennes. Ce n’est donc pas vraiment le cas, et ce n’est pas étonnant s’agissant particulièrement de Bruxelles, dont les chefs d’Etat européens ont décidé d’un commun accord, avec l’élection des derniers présidents de la Commission, qu’il fallait lui couper les ailes. Aboutissement d’une longue concertation avec les acteurs du marché des produits dérivés, la Commission vient néanmoins de lancer une consultation, ouverte jusqu’au 31 août prochain, sur la base d’une proposition sans surprise. Celle-ci, dans la foulée des Américains, prévoit la création d’une chambre de compensation européenne (encore un bras de fer avec les Britanniques en perspective), ainsi que des mesures de standardisation de ces produits, afin de réduire les risques majeurs de ce marché de gré à gré, sans en prendre de toute évidence la pleine mesure. Alors qu’il continue de manière assez imprévisible de produire des dégâts financiers. Une nouvelle dégringolade de l’assureur américain AIG, tenu hors de l’eau par le Trésor américain, serait dans les tuyaux, c’est tout du moins la rumeur qui circule dans les milieux boursiers. L’urgence d’assainir ce secteur est reconnue par tous, mais le laborieux débouclage en cours du gigantesque écheveau de ces produits hautement toxiques est un secret mieux gardé que les clefs de Fort Knox.
Dans un article du 2 juillet, daté de Paris, le New York Times décrit comment les Européens sont emberlificotés dans le processus de leurs stress tests, dont il relève qu’il est « très politique », avant même d’aborder sérieusement le plat principal, les mesures de régulation elles-mêmes. Citant la ministre française de l’économie, Christine Lagarde, qui n’a rien trouvé de mieux à déclarer, avec un accent de sincérité peu crédible, que « nous ne cherchons pas à cacher des choses sous le tapis ». Le New York Times fait état dans son article, détails à l’appui, de la situation des systèmes bancaires allemands et espagnols, dont on comprend que des gouvernements tardent le plus possible à les reconnaître. Un second article du journal, décrivant à titre d’exemple les coûteuses dérives aventureuses sur le marché des CDO de la banque belge KBC, cite un analyste de Standard & Poor’s, Scott Bugie, expliquant que les banques européennes étaient entrées dans un processus, qui allait prendre plusieurs années, afin d’améliorer leur capitalisation et de retrouver leur santé. Prédisant que les défauts sur les mauvais crédits allaient doubler l’année prochaine dans les bilans des 50 plus grandes banques européennes.
Le prochain G8 de juillet va être l’occasion, à ces sujets notamment, de faire un « point d’étape », pour utiliser cette expression qu’affectionnent les chefs d’Etat quand ils sont incapables de conclure. Le monde est devenu multipolaire, mais en même temps centrifuge. Il y a plus de trois mois que le G20 de Londres décidait de donner au FMI tous les moyens ou presque afin d’intervenir sur toute la planète. Et son conseil d’administration vient juste de l’autoriser à émettre des obligations, une nouveauté, solution qui a été trouvée pour que les pays « émergents » acceptent d’apporter à leur tour leur obole au pot commun. Tout est très lent, à mettre en place et pendant ce temps-là la récession mondiale s’installe, ne faisant qu’accroître les problèmes. C’est sans doute parce qu’il en a conscience que le président chinois Hu Jintao a donné, en avant-première du sommet, une interview au Corriere della Sera. Appelant ses participants « à mettre en œuvre les décisions prises lors des G20 de Washington et de Londres » en faveur du « renforcement des contrôles sur les marchés financiers » et de la « réforme du système financier international ». Une manière de signifier qu’il faudrait enfin s’y mettre.
Pouvons-nous attendre des Chinois, à défaut de compter sur eux pour la relance économique, qu’ils contribuent à développer la régulation financière ? On peut craindre que, tout en défendant leurs intérêts avec opiniâtreté, ils ne rêvent en fait que de prendre toute leur place, avec leur monnaie, dans le grand concert de la finance, dont ils ont déjà appris une partie du répertoire. Le modèle de développement, dans lequel ils sont pour l’instant coincés, est à l’image de cette intégration qu’ils ont entamée et qu’ils veulent poursuivre. Pour l’instant, c’est un bon début, ils ont créé une première bulle financière et la situation de leurs banques suscite en conséquence quelques interrogations.
Dernière nouvelle sans commentaire : une secousse de magnitude 4,1 sur l’échelle de Richter vient d’être enregistrée à l’Aquila, lieu du prochain G8 de la semaine prochaine et d’un tremblement de terre meurtrier le 6 avril dernier (magnitude 5,8).
31 réponses à “L’actualité de la crise : Le protectionnisme financier à l’œuvre, par François Leclerc”
Dans la nuit de mardi à mercredi dernier, 16 millions de barils de pétrole, soit deux fois la production quotidienne de l’Arabie Saoudite, ont fait l’objet de transactions financières « non autorisées » sur le marché londonien du pétrole, ICE Futures Europe. Ces transactions ont fait subitement monter le coût du baril de pétrole de plus de deux dollars, le faisant passer à $73,50, vu le faible volume des transactions à ces heures creuses. Le coursier fautif travaille pour PVM, le plus grand broker indépendant sur ce marché. Il avait « acheté » 9 millions de barils et 7 autres millions l’ont été dans le cadre de procédures automatiques.
Voilà de quoi alimenter la réflexion sur la régulation des cours des matières premières du gouvernement américain qui a annoncé vouloir développer les prérogatives de la CFTC (Commodities Futures Trading Commission) et limiter les positions qu’un trader pourrait avoir. La FSA britannique devrait suivre. Peu probable que cela limite les volumes de l’activité purement financière sur ces marchés, ainsi que leurs conséquences, tant pour les producteurs que pour les acheteurs « physiques ».
Pour ce qui est du voisinage immédiat …
Toutes proportions gardées, nous sommes un peu à l’Allemagne ce que les USA sont à la Chine. Il va bien falloir que Mme Merkel détermine sa position là dessus aussi …
Magistral
Un autre article que j’ai aimé (plus global)
27 juin 2009, La crise mondiale: son coût, Laurent Carroué
http://www.alencontre.org/debats/CriseCarroue06_09.html#top
Une petite incidente qui a quand même son importance: Que signifie le mot REGULATION?
En français, cela signifie action sur un système complexe pour en rendre le fonctionnement régulier.
En anglais, cela signifie surtout REGLEMENTATION ou REGLEMENT, et également, comme deuxième sens, la même chose qu’en français.
En employant REGULATION dans l’acception anglaise, ce qui semble être devenu quasi instantanément la norme chez les journalistes et les personnels politiques, nous appauvrissons notre perception des choses, et nous laissons s’introduire dans la communication une ambiguïté qui, dans ce cas, est tout spécialement pernicieuse.
« Capitalism regulation » signifie-t-il « Régulation du capitalisme » ou « Encadrement réglementaire du capitalisme ». Ce n’est pas tout-à-fait la même chose…
Il faut appeler un chat un chat, et une règlementation une règlementation.
http://www.cnbc.com/id/31706523
The financial system is crashing and action must be taken by the US government to convert debt into equity to produce a more stable environment, Nassim Taleb, author of « The Black Swan, » told CNBC Thursday.
http://www.telegraph.co.uk/finance/financevideo/businessfeatures/5721838/Video-Why-zombie-banks-will-need-more-taxpayers-money.html
@ Marc Peltier
En français, langue précise quand elle est bien employée, on parle d’auto-régulation et de système de régulation (biologie) pour évoquer un fonctionnement normal, c’est à dire pour réguler. Pas pour réglementer.
En anglais, à ma connaissance, « regulation » se réfère à la fois à un réglement…ou à un réglage. L’ambiguité est forte, comment en rendre compte ?
@ Marc Peltier dit :
4 juillet 2009 à 11:22
Dans mien messge, suite au billet de François Leclerc du 18 juin 2009: l’Histoire frappe encore à la porte d’Ekaterinbourg, et en rapport avec mon message de ce jour-là (lequel avait sans doute inspiré le billet suivant du 19 juin 2009, de Paul: L’anglais qu’on voit partout) j’avais déjà mis ce lien. Mais je crois que ce lien, donc ci-dessous, n’a pas été beaucoup consulté, pourtant, il en dit long, et vrai:
http://prosperite-et-partage.org/spip.php?article18
La phrase de Le Maire n’est pas clair… Vous citez ‘ nous devons mettre autant de régulations dans l’agriculture que dans le secteur financier »’, et je comprend que l’agriculture est un secteur peu régulé (???) et que le secteur de la finance l’est…
Ne serait ce pas plutôt l’inverse ? (autant de régulation dans le secteur financier que dans le secteur de l’agriculture)
@ Jean
Voici la phrase dans son contexte : « Nous avons vu avec le secteur financier ce qui se passe lorsqu’on laisse les seules forces du marché agir », a-t-il ajouté, donc « nous devons mettre autant de régulations dans l’agriculture que dans le secteur financier ».
Le plus curieux, dans mon cas personnel, c’est que les tentatives que j’ai faites dans mes livres de remplacer les termes anglais couramment utilisés en français ont parfois été critiquées comme … « anglicismes » !
Beucoup de liens dans les commentaires, je vous suggère ceux-ci, que la plupart d’entre vous connaissent probablement déjà :
http://www.dedefensa.org/article-le_monstre_de_la_dette_04_07_2009.html
http://www.dedefensa.org/article-le_dollar_et_l_esprit_du_bric_04_07_2009.html
Comment se déroulerait selon vous « l’explosion de la dette » envisagée en fin de ce dernier lien ?
Vous êtes nombreux ici sur ce billet du 4 juillet. D’autes circulent ailleurs, dont sur « Lokistan » du 29 juin
Paul: Serait-il possible que mes messages « Lokistan » de 7:50, 8:27, 10:48, 13:22 apparaissent
Idem pour celui postérieur à Fujisan de ce jour à 9:55 [billet du 29 juin, Schumpeter et les crédits qui créent les dépôts]
Merci.
Selon les chiffres officiels, le chômage aux Etats-Unis atteint désormais 14,7 millions de personnes (taux de 9,5%). Il a plus que doublé depuis le début de la récession en décembre 2007, la perte étant chiffrée à 6,5 millions d’emplois depuis cette date.
Il faut y ajouter 6,4 millions de personnes disant vouloir trouver un emploi, mais non comptabilisées dans la population active pour diverses raisons, et neuf millions de personnes travaillant à temps partiel contre leur gré.
Dans la zone euro, selon Eurostat, le taux de chômage collecté d’après les données officielles a atteint en mai 9,5% en mai (+0,2% en un mois). En un mois, le nombre de sans-emploi a progressé de 273.000 et dépassé le total de 15 millions de personnes.
BT, le groupe de téléphonie britannique qui a affiché 1,5 milliard de livres de pertes au 1er trimestre, propose à son personnel, avant dit-il d’éviter des suppressions d’emploi, un congé sabbatique d’un an avec 25% du salaire, ou le versement de 1.000 livres contre l’acceptation d’un temps partiel.
Le PDG d’Addeco, leader mondial de l’intérim, vient de déclarer que ce secteur connaissait une baisse d’activité de –35% en France et qu’aucune inversion de tendance ne se manifestait.
Pour les anglophones, dans la New York Review of Books, un long article de Robert Skidelsky intitulé « The World Finance Crisis & the American Mission », à propos du dernier livre de Martin Wolf, le chroniqueur vedette du Financial Times: « Fixing Global Finance » (merci à contre.info)
L’article étudie le déclin américain et les rapports sino-américains.
http://www.nybooks.com/articles/22898
(Biographie de Robert Skidelsky
http://www.nybooks.com/authors/105)
@ Francis Lambert dit :
4 juillet 2009 à 01:03
L’article de Laurent Carroué (très bon) est celui d’un spécialiste de l’espace en tant que géographe, et il pointe là l’essentiel des distorsions contre l’espace dues au système financier frelaté et mondialiste, on pourrait dire: frelaté car mondialisé. La crise financière, bancaire et monétaire doublée de la crise économique est le résultat d’avoir bousillé l’espace et le temps de la planète. Notre espace et notre temps qui, comme les ânes bâtés, ruent à présent pour manifester leur plein désaccord.
Pourquoi composer encore avec cet axe du vol et même du crime financiers: City-de-Londres–Wall-Street qui a vampirisé le monde entier sous « paravent démocratique » et est devenu un très dangereux boulet à traîner, poison entre tous? Qu’attendons-nous pour rompre ces chaînes odieuses? Alors que les nations, si elles n’étaient pas dirigées par des mondialistes, pourraient cultiver enfin leurs ressources et les mettre en valeur pour de vrais intérêts créatifs, ceux des sociétés qui produisent.
Il ne s’agit pas de tirer un trait de plume sur la mondialisation. D’ailleurs celle-ci a toujours existé à des degrés très divers, et bien sûr ne serait-ce que l’obligation d’importer du pétrole, ce qui entraîne une mondialisation minimum. Mais les temps sont aux ressources locales en toute priorité. L’exemple affligeant, entre tant d’autres, du manque ruineux et cruel de cultures vivrières qu’on reconnaît maintenant comme vitales, que beaucoup de pays africains pratiquaient, puis qu’ils ont abandonné sur conseils et décisions « sortis » des « accords » tels que ceux de Lomé il y a plus de 40 ans, et des autres accords du même genre pris par la suite, ont saboté les biotopes de nombreuses populations. Comment a-t-on pu tomber dans de tels pièges aux si lourdes et graves conséquences ??
L’étude sociale et économique de l’espace et du temps semble avoir été complètement abandonnés. J’ai entendu à France Culture il y a environ un an un très haut responsable de l’Éducation nationale (je ne sais plus si c’était au Monde Contemporain du samedi, ou à l’Esprit public le dimanche matin) qui reconnaissait qu’on avait complètement abandonné et laissé en déshérence les études d’histoire, devenues parents pauvres. L’histoire semble être devenue génante pour le développement et la prospérité du « business ».
Je cotoie un certain nombre de jeunes gens, et suis sidéré de constater, à de très rares exceptions, qu’ils ne savent absolument pas qui ils sont, sur aucun plan: social, (parfois même familial!), culturel, national, même international, spirituel, etc. Leurs références principales, ce sont les réflexes inconscients instillés par la culture de la « pub » et du « marketing ». Ce qui donne une espèce socialisation (voire communisation) homogène par un individualisme profond, mais individualisme lui-même hyper-homogène… c’est à dire des comportements standardisés édictés par la « pub », les grandes marques, etc. L’unique base perceptible est celle du marketing et des « coups médiatiques » occupant le terrain dans les cervelles… grande stérilisation. Bref, pour faire court, des citoyens socialo-mondialisés de Wall-Street qui s’ignorent et qui, désormais, risquent les pires frustrations…
Le mercantilisme adsolu et son faux opposé la mouture marxiste développés durant un siècle et demi, n’ont fait que détruire ce que des générations avaient structuré depuis de longues périodes. D’une part, par les révolutions et les évolutions, emprises et influences socialo-marxistes dans les têtes, et d’autre part, l’emprise sur le monde du tout marché, marchandisation et financiarisaton du monde par un puissant travail de sape commun au marxisme et au marché et aux forces financières orchestrant l’ensemble, détruisant donc ces structures familiales, sociales nationales, etc, qui avaient mis des générations à se former.
Allons nous rester longtemps inconscients?
Skidelsky est l’auteur d’une excellente biographie de Keynes (numéro 1 sur la liste de mes livres à relire cet été).
Pour François Leclerc: je vous admire. densité informative et richesse de réflexions
élégance et classicisme dans l’expression. Tout est bon…
@ Rumbo 4 juillet 2009 à 18:21: j’adhère à quelques détails près:
La bourse est largement déconnectée de l’économie réelle.
Ses réactions (monter ou baisser) sont irrationnelles. Les agissements des banquiers
de haute volée dépassent le sens commun. Et le retour de la croissance, selon leurs
voeux, n’est fondé que sur le béton spéculatif. Il n’y aurait d’autres futurs que
dans l’exploitation, de la planète ou des pauvres… dérisoire business as usual.
Les informations boursières et financières- matière première des journaux d’économie-
sont d’une valeur probablement proche de zéro.( Mais une veille documentaire
est toujours nécessaire, car leur pouvoir de nuisance est grand)
Le banquier n’est plus roi; il perdu sa crédibilité aussi sûrement que le Comité Central
du P.C. soviétique a perdu la sienne.
Il entraîne dans sa chute le soutien intellectuel apporté par
certains théologiens-mercenaires en économie politique. Ils sont le versant stalinien
des commissaires à l’orthodoxie.
Soyons réalistes: c’est un paradigme qui s’effondre -Darwin aide- et un espace de liberté
qui s’ouvre.
à Rumbo
c’est très compliqué l’histoire,
(Annie Lacroix-Riz, historienne lectrice assidue d’archives de la banques de France, renseignements généraux, services de police, ambassades nous interpelle sur l’histoire officielle ….
http://www.passerellesud.org/spip.php?article1285
perso je ne sais pas,
mais lorsque j’entends mon père, né en 1922, qui n’en a toujours pas fini de raler d’avoir vu ce qu’il a vu, d’avoir constaté tant de personnalités restés en place à la Libération et qui n’auraient pas du le rester, …
et que je n’entends que cette historienne est la seule a révèlé des faits qui corroborrent avec ceux-là qui à sa toute petite échelle, coïncident avec ceux que racontent et dont est encore révolté mon propre père
je me dis que l’histoire, c’est vraiment très très compliquée )
à ex déprimé
de mon point de vue aussi , un espace de liberté …. s’ouvrir, … fleurir, … s’épanouir … germer …
mais comment s’y prendre … ? par quel bout s’y prendre …. ?
(je n’ai pas encore accédée au satut d’ex pas ex, je suis encore très très perplexe, soit entre haut et bas, mais sinon somme toute, de un peu pas mal, à sinon de totale-ment déprimée … )
à Marc Peltier et co (lien Rumbo contre le franglais …)
l’empire romain a bien utilisé le latin, comme de la même manière les empires anglais et français ont utilisé leur langue pour réduire les autochtones
(les gaulois ne parlaient pas le latin, … soit des ignards, des barbares, des ….
mais en vérité, finalement quelle ou aucune importance, …
car ….
seul un texte écrit et signé en latin ne pouvait avoir de valeur en droit … (cette langue, justement que les gaulois , ne parlait seulement pas ou si mal ….)
à Rumbo (tjrs lien franglais )
au début était le verbe -le verbe, la Loi, le Droit … la question de la langue, ne procède autrement que de cette nature là , … en Europe, où seul une minorité d’insulaires qui peuplent l’Irlande et l’Angleterre parlent l’anglais comme première langue, langue maternelle, langue naturelle …. (soit = pour tous les autres, l’anglais est une langue apprise, une seconde langue…)
De quelle langue s’entretiennent les élites pour édicter leurs directives, textes, droits, lois… auprès des citoyens européens et co ? : d’abord en anglais, ….
quelle langue faut-il parler pour ne point apparaître ignard ou nul en langue ? : évidemment en anglais,… (je ne suis pas très inquiète pour l’allemand, le français, l’espagnol, … encore assez parlé dans ce monde, mais par exemple l’italien, n’est-il pas en bonne voix à devenir de bientôt une langue morte, (de stade en stade, tout petit à petit , et de petit à petit , de stade en stade à d’abord comme d’aujourd’hui l’occitant … )
dans quelle langue, -en matière de Droit, de Loi… s’exprime de prime abord la commission européenne ?… , de quelle langue en est-elle exigible ? … quelle langue en est-il exigée ? …
La frénésie de l’anglais m’agace, parce que je la ressens colonialiste et si je la ressens colonialiste c’est de l’Europe, de la gouvernancerie Européenne, qui s’impose de l’anglais sur une population dont les anglophones sont évidemment minoritaires, pointant les récalcitrants arriérés, d’indécrotables et tuti quanti… exactement dans le ton qui fut le ton colonial, le ton de l’impérialisme and si …
avec derrière, le même biais,car le mépris ne suffit pas pour d’exiger d’une population d’être imposer d’un changement de langue, soit à dire, celui du droit, de la loi, des directives, des règlements … du verbe
(à méditer : pour être éligible au conseil fédéral Suisse, – la Suisse parle plusieurs langues- il convient de parler trois langues …)
à Rumbo
désolée pour la ponctuation, l’orthographe, et même plus …
il est tard, je crois que je suis un peu trop fatiguée, mais avec un gros effort, ça devrait …. grosso modo … se comprendre
ï¼ Cécile
Lacroix-Riz n’est pas la seule a dire ce qu’elle dit, mais elle, est encore vivante. De plus, pour connaître certains écrits d’historiens d’aplomb, il faut avoir lu ceux-ci au moment de leur sortie, ou pratiquer le spéléologie dans les bibliothèques, comme Annie elle-même.
Car on en rajoute des couches de livres sur le dessus, pour en enfouir de plus intéressantes.
Regardez le nombre d’hommes politiques disant ( et parfois pensant ) leur intérêt pour l’histoire, et qui reconstituent ( eux, n’est-ce pas, ils jurent faire le travail eux-même ) sous l’étude de je ne sais quels documents, la vie galopante de tel empereur qui les inspire …
L’histoire modifiée, a la même fonction que le journalisme biaisé, il rend les pays plus facile à gouverner, et tant pis si ces nations en deviennent moins efficaces globalement : la courte vue de ceux qui nous gouvernent.
Symbolique des tentatives d’étouffer les vérités : le gouvernement UMP qui désire retarder le déclassement des archives ( je ne sais si cette loi est déjà passée ), ainsi que d’étendre le secret défense … ben voyons, ce doit être pour se protéger du danger internet. Bientôt on dira qu’il est une menace pour la démocratie car il inspire les pensées dissidentes ( à moins qu’on ne le dise déjà ? Internet, foire au n’importe quoi, au prétexte qu’on y trouve d’authentiques énormités )
@ barbe-toute-bleue :
auriez vous la gentillesse de nous communiquer les noms de ces historiens « d’aplomb » ? voire les titres de leurs ouvrages de référence, et l’éditeur ?
A tous : je confirme que le travail de Mme Lacroix-Riz est très intéressant. Elle démontre (avec preuves à l’appui, donc, sinon j’aurai dis elle prétend) les liens nombreux et entrecroisés qui unissent le pouvoir politique et les milieux financiers et industriels ne se sont pas tissés ces dernières années mais relèvent plutôt d’une pratique historique constante et édifiante. Edifiante, mais consternante …
@ Rumbo
Si je partage votre point de vue sur les effets je ne puis considérer qu’ils sont subséquents pour trouver par exemple dans le capitalisme financier la cause de la surdité ou de l’aveuglement pour le passé et pour tirer des leçons de ce même passé. J’ai lu sur ce blog, sous votre signature, d’intéressantes réflexions sur la tradition chinoise, celle-ci peut, de mon point de vue, présenter quelque utilité pour organiser l’enchaînement des causes et effets, par la suite en tirer quelques enseignements pratiques. Cette tradition, (comme toutes les autres d’ailleurs), s’attache en premier postulat à poser l’unité comme patrimoine commun à l’ensemble du vivant. Cette reconnaissance entraine une série de postulats et d’attitudes face à l’équilibre nécessaire à l’épanouissement de la vie. Suite à l’action (en écho à ..) l’harmonie est cultivée par la reconnaissance de cette unité et toute société doit donc s’organiser autour de ce constat, la civilisation chinoise est l’illustration de cet état de fait mais toutes les autres civilisations également, chacune selon les rituels de leur tradition. Se rebeller contre cette vérité conduit à rompre l’alliance entre la vie et le vivant et conduit dès lors à la désorganisation sociale, cette première dégénérescence en entraînant d’autres jusqu’au recommencement du cycle. La négation de toute hiérarchie qui assigne par consentement (forme de délégation) un rôle à chacun est une illustration de ce déséquilibre mortel. Avez vous remarqué ces bancs de petits poissons qui vont et viennent dans des directions contradictoires et de façon parfaitement synchrone dans l’élément liquide ? Je me suis souvent interrogé sur cette errance, ces mouvements collectifs sans continuité apparente, et sur ce qui pouvait relier entre eux ces poissons pour qu’ils agissent comme une vague animale et sans autre « ambition » semble-t-il que de satisfaire leur intérêt premier: se nourrir ? L’analogie de comportement avec les peuples est aujourd’hui frappante. La montagne et la mer, en cette période de vacances, sont sources inépuisables de méditation.
Comment mettre des chaînes à des démons de la finance ou à des gros requins blancs ? Des mangeurs d’hommes ?
Comment mettre le mord à des gens qui en obtiennent davantage les moyens d’acheter de corrompre leur monde ?
Comment se débarasser petit à petit des lois, des règles, des Etats du législateur avec autant de paradis fiscaux ?
Comment distinguer les poissons pourris des poissons plus sains si les eaux du marché restent toujours si troubles ?
C’est évident les grands dévoyés de ce monde mènent tout le monde en bateau …
ï¼ Valuebreak
Ceci est un problème. Je ne suis pas assez vieux ( bien que … ) pour en avoir accumulé la lecture moi-même ( malheureusement, Daniel Dresse un peu fatigué n’est plus passé depuis un moment pour donner parfois ce genre de références utiles ).
Je me souviens plus de discussions recoupées à propos de ce que disent les auteurs que de leurs noms, pardonner la défaillance.
Mon père, dont la bibliothèque ne laisse plus apparaître les tapisseries m’en citait il n’y a pas si longtemps alors qu’on évoquait Lacroix-Riz. Si je retrouve son mèl, je vous transmets.
ï¼ Valuebreak
Essayez Alain Besançon, Suzanne Citron, Pierre Miquel, Jean Sévilla, ou encore Rémy Cazals et Frédéric Rousseau
@ F Leclerc:
Sur le sujet du protectionnisme d’une part, de vos considérations sur la Chine d’autre part, l’information essentielle désormais est le nom du successeur de Taro Aso. Seule cette information permettra d’envisager, en situation de dépression économique, le sort de la « pierre angulaire ». Vent d’est, vent d’ouest ?
@ François Leclerc
La crise, quelle crise ?
Les dettes, quelles dettes ?
Les déficits, quels déficits ?
Les faillites, quelles faillites ?
Non, aboutissement (jusqu’à quelle limite ?) d’un non sens absolu imposé à Bretton-Woods en juillet 1944….
Le gros problème (il y a quelque temps quelqu’un a dit : « Nous avons un gros problème » (sic)) est de vivre dans un système monétaire non viable avec une monnaie de réserve sans fondement (depuis au moins 1970), et même depuis les « accords » de Bretton-Woods en 1944.
En effet le « choix » en 1944 d’une MONNAIE D’UN SEUL PAYS COMME MONNAIE DE RESERVE ne pouvait que faire vivre (DE FAIT) ce pays avec des DEFICITS (et DONC à CREDIT) avec le risque de le rendre à terme, ou de le conforter, paresseux et belliqueux en lui permettant d’user et d’abuser du DROIT DE SEIGNEURIAGE. A l’époque, Keynes avait (paraît-il ?) déclaré que ce système portait en lui, dès sa naissance, le GERME DE SA PROPRE DESTRUCTION.
Cette conséquence, VIVRE EN DEFICIT, donc à CREDIT SUR LE DOS DE LA PLANETE, INELUCTABLE dés LE DEPART, est connue sous le nom de paradoxe (ou dilemme) de Robert Triffin, il a été exposé dès 1960. (nota : Le dilemme de Triffin ou paradoxe de Triffin tire son origine du système de Bretton-Woods, lequel rendait nécessaire le déficit de la balance des paiements des Etats-Unis pour alimenter le monde en moyens de paiement internationaux. Une telle situation contribue à un affaiblissement progressif de la confiance des agents économiques étrangers envers la monnaie de référence ; les besoins importants de l’économie mondiale en une devise fiable aboutissent donc paradoxalement à la perte de confiance envers cette monnaie).
Lors de sa conférence de presse du 04 février 1965 (extrait consultable sur le net et conférence complète visible sur le site de l’INA), le général de Gaulle avait parlé de PRIVILEGE EXORBITANT.
En usant et en abusant des privilèges qu’il procure à certains, ce non système a été poussé depuis 65 ans, jusqu’à l’extrême et jusqu’à l’absurde, et jusqu’à aujourd’hui avec les dérives (et mêmes les dérivés, c’est le cas de le dire) les plus inimaginables, les plus invraisemblables et avec des montants absolument ASTRONOMIQUES.
Donc la crise monétaire systémique que nous vivons, contrairement à ce que l’on voudrait presque nous faire croire, n’est pas une fatalité (en cette année de l’astronomie, ce n’est pas une météorite qui a percuté la terre), car en effet, tout ce qui doit arriver arrive… Comme l’a dit aussi Maurice Allais.
J’invite à lire (consultable sur le net) Robert Triffin (« Les comptes des Etats-Unis et leur impact sur le reste du monde », texte écrit en 1985), Maurice Allais («La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires», livre écrit en 1999), et aussi Le Monde Diplomatique (Manière de voir) en particulier les articles d’Ibrahim Warde, Christian de Brie, Gabriel Kolko, articles écrits pour certains depuis… 1994, etc…. Et d’autres (liste non exhaustive).