L’actualité de la crise : Non-résolus, les problèmes s’empilent, par François Leclerc

Billet invité.

NON RESOLUS, LES PROBLEMES S’EMPILENT

Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Les discours sur la crise se chevauchent et deviennent à force contradictoires entre eux, la confusion s’installe en conséquence (dans les esprits, car pour le reste, c’est déjà fait).

D’un côté, les appels à se préparer à lever haut l’étendard de la lutte contre l’inflation se multiplient, les banques centrales interrogées sur les mesures qu’elles envisagent de prendre. Prenant pour argent comptant un autre discours, à propos des « jeunes pousses », ou bien éblouis par une embellie boursière qui s’est pourtant résumée à envol de poules (n’allant pas bien loin). De l’autre, des indices chiffrés de déflation sont enregistrés en Europe, qui demandent à être confirmés le mois prochain, même si l’OCDE les accrédite en baissant encore ses prévisions de croissance pour 2009 et prédit un très faible +0,5%, alors que nous ne sommes qu’à mi-parcours. Induisant l’idée, pour tout observateur parvenant à garder malgré tout son flegme dans cette cacophonie, que c’est donc la stagflation qui nous menace (stagnation + inflation), rien de moins.

En réalité, si les experts se raccrochent à l’idée que cela va être long et difficile, sans s’attarder à préciser pour qui, une inquiétante question est sous-jacente dans tous les esprits, à propos d’une échéance ressentie comme très déterminante. Non pas afin de savoir si une vague scélérate va de nouveau – et quand – déferler et submerger le système financier, car cela serait reconnaître de facto que le temps du bricolage est révolu, et l’on préfère faire l’impasse sur cette hypothèse, bien que les récentes nouvelles en provenance du marché immobilier américain ne soient pas rassurantes de ce point de vue. Mais à propos du délai dans lequel la reprise, tant espérée et annoncée, va effectivement intervenir. Sans trop se poser une troisième question, toute aussi désespérante, d’où proviendra-t-elle ? Se contentant à ce propos d’une réponse implicite, la force de l’habitude aidant, en louchant vers les Etats-Unis. Car on ne parle plus de la Chine, emberlificotée dans ses propres problèmes, que l’on ne comprend pas.

Le calendrier de la reprise, même à minima, est en effet vital à bien des égards. Le compteur de l’accroissement de la dette publique tourne et il faudrait pouvoir l’arrêter. Il a déjà atteint des sommets qui présagent de sérieux serrages de boulons dans les budgets des Etats, ainsi qu’une inévitable augmentation de la pression fiscale, pour de nombreuses années à venir. La commissaire européenne à la concurrence, Neelie Kroes, a annoncé hier mardi la couleur, devant l’association des banques britanniques (BBA) : « il n’y a plus d’argent pour un second sauvetage des banques » (ce qui laisse entendre qu’il pourrait bien se révéler nécessaire). Il faudra si nécessaire restructurer, a-t-elle conclu. Ce qui ne fera qu’accélérer, devons-nous remarquer à notre tour, un processus de concentration bancaire redoutable pour l’avenir, générateur d’aléa moral (moral hazard), c’est à dire renforçant la probabilité que les banques prennent des risques excessifs avec l’assurance de ne pas en supporter les conséquences.

De tous côtés, il faut donc tenir la dette et espérer un calendrier favorable, avec le soutien d’une banque centrale dont le levier monétaire de la baisse des taux est devenu inopérant, à qui les Allemands interdisent par ailleurs de s’engager dans une politique de relance, dont rêvent pourtant à voix haute les « petits » pays de la zone Europe comme l’Autriche, Chypre ou la Slovénie.

Heureusement, la BCE vient d’apporter au système bancaire un nouveau et décisif concours en lui prêtant 442,24 milliards d’euros. Cette somme considérable a visiblement son usage, puisqu’elle résulte de l’addition des demandes de 1.121 banques de la zone euro, toutes satisfaites sans discussion. Mais il est semble-t-il considéré comme Strictement confidentiel. Elle a aussi une fonction non moins importante, bien que toute aussi discrète: transférer au bilan de la BCE, en garantie de ces prêts, des actifs dont on est droit de se poser des questions sur leur qualité. C’est ce qui s’appelle faire d’une pierre deux coups, aider les banques à faire face à leurs fins de mois, alors qu’elles doivent refinancer des prêts pour éviter des situations de défaut, leur permettant également de mettre de côté dans les coffres de la BCE de quoi faire face à de nouveaux coups durs (comme si elles s’y préparaient), et deuxièmement de les débarrasser à la sauvette, comme une vulgaire bad bank, de leurs actifs toxiques, avec à la clé une augmentation plus que notable de la masse monétaire, mais toujours sans dévoiler les dessous de l’opération. C’est ce que l’on appelle un biais. Et aussi une politique systématique du secret.

Faire l’économie, autant que faire se peut, de la création de bad banks, et des coûts correspondants que les Etats devraient supporter en les créant, est donc l’objectif non avoué de la BCE dans cette affaire. Il s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus à long terme visant à permettre aux banques de lentement reconstituer leurs fonds propres, sans avoir à se recapitaliser, ni a fortiori à transformer ses dettes en actions. Deux très simples mécanismes éprouvés auxquels leurs actionnaires refusent de souscrire depuis le début de la crise, avec l’assentiment des autorités. C’est une stratégie à la japonaise qui a été choisie, fort chère et aléatoire, vu qu’elle a déjà démontré qu’elle n’était pas efficace. Le chemin, en tout état de cause, sera très long à parcourir. Pour en donner une idée, Neelie Kroes a souligné, toujours lors de la même conférence londonienne, que la taille du bilan de la Royal Bank of Scotland (RBS), depuis nationalisée à 70%, avait triplé de 2006 à 2008, pour atteindre 2.400 milliards de livres. Plus que le PIB de n’importe quel pays dans le monde entier, exception faite des Etats-Unis, du Japon, de l’Allemagne et de la Chine. Autre image de la bulle financière à l’origine de la crise, les ratios de prêt ont atteint 180% de l’épargne en caisse dans le cas de HBOS (avant fusion avec TBS, pour créer LBG).

Les données mêmes de la BCE, qu’elle vient de rendre publiques, témoignent que, dans le secteur jugé essentiel à la relance économique, celui du crédit, sa politique d’injection massive de liquidité est un total échec. Le système bancaire continue de vivre sous perfusion, c’est d’ailleurs aussi largement le cas aux Etats-Unis, alors que la Fed a décidé de prolonger ses programmes financiers jusqu’à la fin de l’année, et que l’on peut d’ores et déjà penser qu’elle devra renouveler cette première prolongation. Si quelques mégabanques caracolent en tête, aux Etats-Unis et à une moindre échelle en Europe, sans qu’il soit trop fouillé dans leurs comptes, le gros du peloton est désormais constitué de banques zombies et il n’y a pas de raison que cela change prochainement. Le système financier s’installe aussi confortablement qu’il peut dans la crise. Se souciant tout de même un peu de la crise économique, sa créature, car il ne peut en attendre que du mauvais, si le processus de désendettement qui n’a fait que débuter s’amplifie et se précipite trop. Car il reste en première ligne.

Que ce soit en Europe, ou aux Etats-Unis, les banques centrales jouent leur rôle de prêteur en derniers recours, non seulement vis-à-vis du système bancaire, mais aussi des Etats, ce qui est plus inédit et élargit leur mission de base, sans qu’il ait été nécessaire d’en statuer formellement. C’est qu’il n’y a – pas encore – de constitution de l’économie. Aux Etats-Unis, il n’est plus une analyse sérieuse à propos des rendements des T-bonds, les obligations d’Etat proposées aux marchés afin de financer, semaine après semaine, le déficit américain, qui ne fasse référence au rôle majeur que jouent, non seulement la Fed, mais l’ensemble des banques centres, afin de contenir leur montée. Observant que les achats massifs de T-bonds (plus de 65% des volumes) proviennent de ces banques. Ce qui pose la question de savoir jusqu’à quand elles pourront continuer de procéder ainsi. Là aussi, le compteur tourne. Avec à la clé la sanction la plus redoutée de tous, si ces acquisitions devaient être stoppés, la poursuite rapide de la hausse des rendements, et donc l’augmentation plus ou moins supportable du coût de la dette. Ainsi qu’un affaiblissement du dollar, contribuant à son tour à l’accroissement de ces mêmes taux. La Fed, qui consacre un programme de 300 milliards de dollars à ces achats, déjà bien écorné, n’est plus en mesure d’en augmenter le montant, sans prendre le risque d’aboutir à l’effet inverse à celui recherché : la hausse des rendements qu’elle voudrait contenir. C’est ce qui s’appelle une impasse.

La même question se pose déjà avec acuité pour la Grande-Bretagne, qui n’a plus le bénéfice d’une monnaie de réserve. Sans multiplier les chiffres, il est impressionnant d’enregistrer qu’une baisse de –4,3% du PIB y est déjà prévue sur l’année en cours (OCDE), alors qu’elle est ce mois-ci à –4,9% en valeur annuelle (Office national des statistiques), ce qui suppose donc une reprise bien peu vraisemblable avant la fin de l’année, si l’OCDE voit juste. Mais le pire, pour revenir à la dette, c’est qu’il est estimé que la Grande-Bretagne va devoir emprunter 900 milliards de livres dans les 5 prochaines années, et que la Bank of England ne va pouvoir acheter qu’un tiers des gilts (les obligations britanniques, dont la dénomination correspond aux placements de famille des Français). Il faudra donc trouver le solde sur les marchés, alors que tous les Etats vont beaucoup les solliciter. De mars à juin, le rendement des gilts est déjà passé de 2,9 à 3,6%. Inutile de dire, dans ces conditions, que l’avenir de la livre est en question.

On comprend que de nombreux facteurs s’additionnent pour contribuer à la hausse des taux obligataires : la crainte de l’inflation découlant de la politique suivie par les banques centrales, la baisse des achats de ces dernières, le déplacement de l’intérêt des investisseurs vers des actifs plus risqués (à la bourse des valeurs), ainsi que la remontée des prix des matières premières. Non sans de fortes conséquences sur les monnaies, présageant de leur instabilité accrue. Il a été calculé aux Etats-Unis que les détenteurs des T-bonds avaient subit des pertes, si l’on considérait les douze mois venant de s’écouler, vu la dévalorisation enregistrée par le dollar sur cette même période et les rendements de ceux-ci. Cette situation est acceptable pour les investisseurs tant qu’ils sont à la recherche d’un refuge. Qu’en sera-t-il demain ?

Une autre conséquence se pointe à l’horizon, que le rapport de la Cour des comptes française intitulé « Les concours publics aux établissements de crédit » vient d’évoquer au détour d’un petit paragraphe de ses 135 pages (cette crise n’est décidemment pas propice à d’autres lectures). C’est celle d’une nécessaire recapitalisation de la Banque de France, vu la taille de son bilan et la qualité des collatéraux qui y figurent. Ce qui est valable pour la Banque de France l’est en réalité pour toutes les banques centrales, mais s’il y a un sujet tabou, c’est bien celui-ci. En Europe, ce seront aux Etats d’y pourvoir, accroissant d’autant une dette qu’ils cherchent à tout prix à contenir, si cela devait advenir. C’est un vrai jeu de la patate chaude, mais ce sont des centaines et même des milliers de milliards qui sont en cause. Du même ordre de grandeur que les 4.000 milliards d’euros engagés par les gouvernements européens afin de soutenir les banques, tels que les services de Neelie Kroes les ont calculé.

Dans son rôle, la Banque des Règlements Internationaux (BRI), vient de tenter de recadrer dans les grandes lignes les débats et les initiatives, à l’occasion de son assemblée générale annuelle. Jaime Caruana, le directeur général de la banque centrale des banques centrales, a enveloppé son propos mais a été à l’essentiel en estimant en premier lieu que « les hésitations des officiels à rapidement nettoyer les banques, alors que beaucoup d’entre elles sont désormais pour une large part la propriété des gouvernements, pourrait bien retarder la reprise ».

Si les réformes financières sont destinées à préparer l’avenir, il a toutefois considéré vital qu’elles soient sans tarder élaborées, « alors que la patient était toujours en soins intensifs ». Il s’est ainsi fait l’avocat de réformes visant à limiter les échanges financiers entre banques et en faveur de chambres d’enregistrement centrales, aux fins de régulation et, tout aussi classiquement pourrait-on dorénavant dire, de mesures visant à ce que les banques susceptibles de créer des risques pour le système financier créent, pendant les meilleurs périodes, des provisions financières tampon pour faire face aux moments difficiles. Plus original, empruntant à nouveau au vocabulaire médical, il a également recommandé la mise en place d’un dispositif similaire à celui qui supervise les produits pharmaceutiques, évaluant selon une échelle les produits financiers les plus sûrs, que tout le monde pourra acheter, et ceux qui seront considérés comme illégaux. Tout cela ne menant pas très loin, il faut bien le dire.

Il a poursuivi que, « dès qu’apparaîtront les signes incontestables d’une reprise, il faudra mettre fin rapidement à ces mesures (de relance) », car « leurs effets inflationnistes (…) pourraient dès à présent perturber les marchés de la dette souveraine, ce qui pourrait gravement remettre en question l’ampleur des interventions des pouvoirs publics et contraindre ceux-ci à se désengager précipitamment ». Mais seulement une fois le système financier totalement assaini. Selon ses propres termes, cette fois-ci plus audacieux, il faut « forcer le secteur bancaire à encaisser des pertes », dans le cadre de la poursuite de son délestage des actifs toxiques et du rétablissement de ses fonds propres.

Le système financier réparé et la croissance revenue de manière stable, il a enfin été recommandé de réduire les dépenses publiques et de relever les impôts, ainsi que de redimensionner le secteur financier, en évitant toutes les mesures protectionnistes faisant obstacle au développement du commerce international. On revient dans le classique.

Jaime Caruana a du reconnaître, précieuse indication, qu’« une sortie précoce serait hasardeuse », mais qu’il « serait plus hasardeux encore de se désengager trop tardivement et trop lentement ». A vos marques, ne partez pas !

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83 réponses à “L’actualité de la crise : Non-résolus, les problèmes s’empilent, par François Leclerc”

  1. Avatar de BA
    BA

    Regardez bien ce graphique qui représente le montant des sommes que les banques européennes ont déposées à la BCE :

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=ECBLDEPO:IND

    Le graphique récapitule l’évolution sur les 6 derniers mois.

    Cliquez sur l’onglet « 5Y » pour voir l’évolution sur les 5 dernières années. Vous verrez que, lorsqu’une crise financière éclate, les banques européennes paniquent et déposent des sommes gigantesques à l’abri, c’est-à-dire à la BCE.
    Aujourd’hui, ça recommence. Les banques européennes voient arriver la deuxième crise financière. Elles paniquent et déposent 252,067 milliards d’euros à la BCE. Au moins, ces 252,067 milliards d’euros sont en lieu sûr.

    Nous sommes en train de vivre en ce moment même le début de la deuxième crise financière.

  2. Avatar de Yves BESOMBES
    Yves BESOMBES

    « …..Les problémes s’empilent » , bien sur ,
    et ne comptez pas sur ceux qui tiennent les rennes pour trouver des solutions quand leur interet est dans la poursuite
    de la crise qu’ils « accompagnent » vraissemblablement depuis longtemps ……
    une attitude conséquente de notre part serait de nous organiser autour d’un projet politique visant à reprendre un pouvoir depuis longtemps confisqué abusé que nous sommes dans la croyance en des solutions « technologistes » ,dont la rationalité laisse à penser que nous puissions éviter le conflit.

  3. Avatar de Moktarama

    @François Leclerc :

    En somme, si j’ai bien compris, la BCE est actuellement en train d’appliquer un plan Geithner européen, mais en douce, sans supervision ou contrôle aucun ?

  4. Avatar de waccsa
    waccsa

    Merci pour l’analyse.

    Comme vous dites, les banques centrales, émettrices des différentes monnaies fiducaires, deviennent de fait les bad bank du système financier. Tous les détenteurs de ces monnaies fiduciaires seront donc pénalisés par les pertes à venir, voire complètement plumés. Rien de nouveau sous le soleil donc.

  5. Avatar de DTX
    DTX

    la deuxième crise financière sera t’elle la vague scélérate que nous attendons ?
    peut être bien… d’autant plus qu’elle arrive sur un paquebot qui a déjà bien du mal à rester à flot…
    wait and see

  6. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Moktarama

    Ce ne peut être exclu, effectivement. Mais avec une grande différence: le plan Geithner n’a pas été à ce jour appliqué !

  7. Avatar de Samuel
    Samuel

    Merci pour votre billet

    Conclusion : les banques sont des parasites pour notre économie, ils ne servent plus. Mais bon continuons la mascarade.

    « Cette situation est acceptable pour les investisseurs tant qu’ils sont à la recherche d’un refuge. Qu’en sera-t-il demain ?  » : prochainement, chute du prix de l’or. Renforcement des réserves. Tout en espérant que la digue tienne.

  8. Avatar de BA
    BA

    La méthode Coué des commentateurs économiques et des éditorialistes commence à atteindre ses limites.

    Ventes de voitures aux Etats-Unis en juin 2009 : effondrement généralisé.

    – Ford : – 10,9 %
    – General Motors : – 33,6 %
    – Toyota : – 31,9 %
    – Chrysler : – 42 %
    – Honda : – 29,5 %
    – Nissan : – 23,1 %

    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=318f15ff0fbd5700915b928bf0e1cec3

  9. Avatar de pietranera
    pietranera

    Bonsoir,

    Je pense qu’on risque de voir la banqueroute d’un grand pays Européen cet été afin de soutenir le Dollar
    Au choix : Espagne, Italie France.

    Je penche pour la France.

    Bonne vacances

  10. Avatar de Anatine Shan
    Anatine Shan

    si je comprends bien, la monetisation de tous les actifs auxquels est adossée la dette est en cours, pour cela on endette les etats, nous. il faut alors annuler l’ensemble des dettes de tous les acteurs envers les banques !

  11. Avatar de Crystal
    Crystal

    @ BA

    Flippant votre premier graph…

    Question d’un neophyte : est-ce que l’on a ce genre de donnée sur une échelle de temps plus longue ?
    Par exemple jusqu’à la grande crise ?

  12. Avatar de Titus
    Titus

    Bonjour,

    « les banques centrales jouent leur rôle de prêteur en derniers recours, non seulement vis-à-vis du système bancaire, mais aussi des Etats, ce qui est plus inédit et élargit leur mission de base, sans qu’il ait été nécessaire d’en statuer formellement. »
    Je croyais justement que l’article 104 du traité de Maastricht interdisait à la BCE de prêter aux Etats… Si ce n’est pas (ou plus) vrai, alors pourquoi se lancer dans un onéreux emprunt auprès des français ?
    Et puis, au fond, pourquoi les états ne pourraient-ils pas créer leur propre monnaie, sans devoir s’endetter pendant des générations auprès de banques ou de fonds d’investissement? Pourquoi les états ont renoncé à ce droit, qui après tout me semble élémentaire, et dans l’intérêt des citoyens ? C’est sûr, les actionnaires des banques ou des fonds d’investissement qui vivent des intérêts de leurs prêts ont tout intérêt à ce que cela dure…

    Je suis néophyte et je n’ai probablement pas encore une vue d’ensemble assez claire.
    Mais j’arrive à comprendre qu’au final, ce sont les états, c’est à dire nous citoyens, qui allons lourdement payer pour les excès et les erreurs d’une minorité.
    Sommes-nous vraiment en démocratie ? Je me pose la question, car je n’ai pas l’impression que nos élus défendent corps et âme l’intérêt général, mais plutôt celui d’une minorité…
    Outre le caractère révoltant de ce constat, je m’inquiète quand à l’avenir hypothéqué de nos enfants.
    Ma fille, qui n’a que quelques mois, a déjà une lourde dette sur elle, sans parler de l’état de la planète que nous allons lui laisser…

  13. Avatar de Beaufou
    Beaufou

    Pour les expatries aux USA, il y a des jours ou on a envie de rester au lit:
    http://www.ritholtz.com/blog/2009/07/wage-deflation-in-our-midst/

    Je prevois quelques troubles dans les grandes villes cet ete.

    Par contre, si vous pouvez m’expliquer ceci:
    http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=asTxu0VPryus

    Le dollar remonte? sur quoi, l’encre est devenue une matiere premiere?
    La Chine tourne sa veste et joue avec les occidentaux comme avec des pions, les temps ont bien changes.

  14. Avatar de Cécile
    Cécile

    Laurent Carroué
    france-culture « émission du mercredi 17 juin 2009 Crise fiancière et économique / Récession mondiale
    http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/enjeux_inter/fiche.php?diffusion_id=74634

    article
    extraits
    « La crise mondiale : une ardoise de 55 800 000 000 000 de dollars

    Une ardoise d’au moins 55.800.000.000.000 $ pour les territoires
    En prenant comme base les estimations de la Banque mondiale qui fixe le PIB mondial – c’est à dire la richesse créée en un an par l’économie mondiale – à 54 347 milliards de dollars en 2008, le coût de la crise – tel qu’il est possible de l’estimer en mai 2009 – se monte d’ores et déjà à 103% du PIB mondial. Le coût global de la fantastique destruction de richesses à laquelle nous assistons peut en effet être évalué a minima à 55 800 000 000 000 dollars, soit 55 800 milliards de dollars.

    Pour arriver à cette estimation du coût, il convient d’abord de prendre en compte l’effondrement de la valeur du capital financier qui correspond à une destruction de capital équivalente à un grand conflit mondial. Trois facteurs jouent un rôle central.

    * Premièrement, l’effondrement de la capitalisation boursière mondiale entre le pic de 2007 et son niveau du printemps 2009. Elle se monte à – 31 463 milliards $, soit 58% PIB mondial.
    * Deuxièmement, on doit y ajouter l’effondrement de la valeur des marchés immobiliers (États-Unis : – 4 300 milliards $). Mais les données sur l’effondrement des prix en Europe occidentale, au Japon et dans les pays émergents étant indisponibles de manière synthétique, elles ne sont pas ici prises en compte, ce phénomène majeur étant donc largement sous-estimé.
    * Ceci doit être enfin complété, troisièmement, par les pertes et dépréciations d’actifs des entreprises financières du monde. Elles sont évaluées en avril 2009 à 4 054 milliards de dollars par le FMI dans son rapport sur la stabilité financière mondiale, dont 2 712 milliards aux États-Unis, 1 193 milliards en Europe occidentale et 149 milliards au Japon. Mais de nombreuses bombes à retardement demeurent dans les économies développées : on estime à 3 ou 4 000 milliards de dollars les actifs financiers pourris, créances douteuses ou titres invendables qui demeurent encore pour l’instant dans les actifs des banques et assurances. Ainsi, le Plan Geithner, du nom du Secrétaire au Trésor de Barack Obama, lancé le 23 mars 2009 prévoit un partenariat public/ privé (PPP) devant permettre le rachat de 1 000 milliards de dollars d’actifs douteux, financé à hauteur de 465 milliards de dollars par des fonds publics (93%) et seulement 35 milliards par des fonds privés qui vont pourtant tirer l’essentiel des avantages potentiels alors que l’essentiel des risques est pris en charge par l’État fédéral. La situation demeure d’autant plus délétère que, par exemple, l’assouplissement des normes comptables prises le 2 avril 2009 sous la pression de Washington et de Wall Street par le Federal Accounting Standards Board – dénoncées comme un grave recul par Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie 2001, ou Nouriel Roubini – et de nombreuses manipulations comptables sèment encore le doute sur la réalité de l’assainissement du système financier alors que les banques déploient systématiquement une stratégie de minimisation des pertes et de gonflement artificiel de la valeur de leurs actifs. Pour retrouver les ratios de solvabilité du milieu des années 1990, les institutions financières devraient encore lever 1 700 milliards de dollars d’ici 2010/2011 pour se recapitaliser. Ces estimations sont d’ailleurs l’objet de batailles politiques acharnées. Alors que lors du Sommet du G7 de Washington les 25 et 26 avril 2009, les Ministres des finances et les gouverneurs des Banques centrales européennes protestent contre les évaluations jugées trop pessimistes du FMI, un rapport secret du BaFin allemand était rendu public le même week-end évaluant les actifs toxiques des seules banques allemandes… à 816 milliards d’euros, au grand dam du gouvernement de Berlin. Lors des tests de solidité des 19 plus grandes banques américaines menées par la Réserve fédérale et le Trésor des États-Unis et publiés début mai 2009, les dix principales banques américaines doivent se recapitaliser en urgence de 75 milliards de dollars – un montant largement revu à la baisse sous la pression de Wall Street, Bank of America passant ainsi d’un besoin vital de 50 à seulement 34 milliards de dollars, Citigroup de 35 à 5,5 … – alors que selon les scénarios économiques proposés le total des pertes sur crédit pourrait atteindre entre 600 et 950 milliards de dollars entre la mi 2007 et 2010.

    Ce premier volet doit être bien sûr complété, afin de disposer d’une vision de synthèse du coût total, par la prise en compte des nombreux plans gouvernementaux qui multiplient les injections de capital, les aides financières, les garanties publiques, les plans de relance ou de soutien à la consommation qui sont eux mêmes évalués à 3 000 milliards de dollars, soit 5,3% PIB mondial. Le FMI a estimé l’ensemble des interventions publiques en avril 2009 à 16 634 milliards de dollars… pour les seuls pays du G20, les vingt premières puissances économiques mondiales. On peut y rajouter les 1 100 milliards de dollars d’investissements publics décidés lors du Sommet de Londres du G20, dont 750 milliards pour le FMI, 100 pour la Banque mondiale et 250 pour les aides et soutiens aux exportations.

    Ces estimations – sérieuses et concordantes – ne prennent pas non plus en compte les pertes économiques, directes et indirectes, qui affectent les économies mondiales ; elles sont donc très largement sous-estimées. Un recul de 4% du PIB mondial en 2009/ 2010 représente par exemple environ 2 200 milliards de dollars.

    Pour comprendre l’ampleur et les racines d’un tel cataclysme et réfléchir aux possibles sorties de crise, il convient de bien saisir le processus historique auquel nous assistons : l’effondrement du nouveau régime d’accumulation financière.

    L’effondrement du nouveau régime d’accumulation financière

    Dans ce nouveau régime d’accumulation, on assiste au basculement des articulations entre sphères productives, péri-productives et de reproduction sociale. Alors que jusqu’ici les activités financières participaient fondamentalement au financement des activités économiques, on assiste à une totale inversion fonctionnelle : les activités économiques vont durablement être mobilisées afin de financer le déploiement croissant des activités financières, jusqu’à l’hypertrophie des années 2000 puis l’overdose actuelle. En effet, tel le coucou faisant son nid, le capitalisme financier – banques, assurances, fonds de pension ou fonds spéculatifs – se retrouve en position nodale dans une large partie des économies et sociétés contemporaines. Accaparant une part croissante des richesses créées, il impose ses normes d’organisation, ses critères de gestion et ses exigences de rentabilité maximale et à court terme.

    Cette nouvelle économie-casino rentière, spéculative et de plus en plus instable, se construit sur une explosion des inégalités sociales, économiques et territoriales, et ce à toutes les échelles. Elle se traduit par le détricotage systématique des protections sociales, présentées comme archaïques ou obsolètes, par la mise en concurrence des salariats à des échelles spatiales et démographiques historiquement inconnues jusqu’ici et par le blocage des revenus réels salariaux. En retour, le système financier va de plus en plus inciter les couches moyennes des pays développés ou émergents à orienter leurs épargnes vers les produits financiers (cf. plans d’épargne en actions…) et à boursicoter ; alors que les couches salariées inférieures vont être incitées à se surendetter pour accéder à la propriété individuelle ou maintenir leur niveau de consommation (cf. montée du surendettement aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France).

    Entre 1971 et 2008, la finance mondiale a pourtant connu 24 crises, en moyenne une tous les dix huit mois. Mais aucune nouvelle mesure de régulation minimale ne sera prise par les différentes autorités. Jusqu’en 2008/2009, les rares observateurs s’inquiétant d’une possible crise systémique passent pour des zozos. Cette coupable cécité s’explique à la fois par des raisons idéologiques et politiques et surtout par l’énormité des intérêts en jeu.

    En effet, le drainage croissant des richesses créées par les territoires et sociétés du monde va se traduire par une immense dilatation du stock de capital et une explosion des flux financiers. La Banque des règlements internationaux de Bâle (BRI) évalue en 2005 ce stock à 242 765 milliards de dollars, soit 5,5 fois le PIB mondial. Avec le recul, les chiffres eux-mêmes donnent le tournis comme l’indique la dynamique des différents compartiments constituant le système financier entre 1990 et 2007. La capitalisation boursière mondiale est multipliée par 6,8 pour atteindre 60 874 milliards de dollars, soit 174% du PIB mondial. Le marché des devises/ monnaies explose pour s’élever à 34 855 milliards de dollars. Le marché obligataire (dettes) mondial est multiplié par 4,7 pour atteindre 15 155,8 milliards de dollars alors que le marché des matières premières est de plus en plus un champ de spéculation. On voit aussi apparaître des innovations de plus en plus sophistiquées de produits financiers complexes, car titrisés, comme les produits dérivés ultra-spéculatifs. En juin 2008, la BRI y estime le capital mobilisé à 20 353 milliards de dollars, soit 37,5% du PIB mondial, et les encours couverts par ces opérations à 683 725 milliards de dollars, soit onze fois le PIB mondial. On estime qu’en 2007, les produits alternatifs titrisés à haut risque représentaient l’équivalent de 14 000 milliards de dollars. On comprend mieux à ces chiffres la totale paralysie qui touche les marchés interbancaires et du crédit à partir de la mi-septembre 2008. Dans ces véritables « trous noirs » de la finance mondiale, les seuls CDS (Credit Default Swaps) sont évalués à 62 000 milliards de dollars, soit 4,5 fois le PIB des États-Unis. Si on quitte la BRI pour le FMI, celui-ci estime le stock de capital des principaux marchés financiers en avril 2009 à sept fois le PIB mondial.

    Au total, on peut estimer que ce nouveau régime d’accumulation financière mobilise au profit quasi-unique des acteurs du système financier une richesse équivalente à sept à neuf fois le PIB mondial. C’est l’ensemble de ce dispositif qui entre en crise systémique et s’effondre sous nos yeux comme un château de cartes à partir de ses deux centres de gravité, les États-Unis et le Royaume-Uni.

    Les grands pays développés frappés de plein fouet par la plus grave récession
    depuis 1945

    Il n’est donc pas étonnant dans ces conditions que cette énorme destruction de richesses se traduise par un véritable collapsus économique, social et territorial. Le monde est en effet confronté à sa plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale.

    La grande nouveauté réside cependant dans deux phénomènes. Premièrement, elle touche l’ensemble des économies mondiales – développées, émergentes et périphériques – du fait de la densité croissante des interdépendances tissées par la mondialisation depuis plusieurs décennies : ces six derniers mois, le commerce mondial s’effondre de 41% alors que la valeur des exportations étaient passée de 7 à 27% du PIB mondial entre 1960 et 2008. Deuxièmement, et contrairement à la crise de 1929, l’intervention publique est massive et relativement coordonnée, du moins entre les grandes puissances dominantes, empêchant ainsi un total effondrement du système financier et économique mondial à partir du second semestre 2008.

    Les territoires et sociétés des pays développés basculent dans la tourmente comme l’illustrent la destruction en un an de 6 millions d’emplois aux États-Unis (- 706 000 en février 2009, – 663 000 en mars 2009), l’explosion du chômage en Europe (Espagne : 4 millions, soit 17,5% de la population active en avril 2009, France : 2,5 millions), l’effondrement de la production industrielle et des exportations et la multiplication des fermetures d’usines et plans de licenciements. À elle seule, la disparition des Big Three, les trois grands constructeurs automobiles nord-américains dont deux sont en faillite, menace plus de trois millions d’emplois aux États-Unis. Le 5 mai 2009, la Commission de Bruxelles s’attend à un chômage de 11,5% en 2010 dans la zone Euro, du jamais vu depuis 1945, et à la destruction de 8,5 millions d’emplois dans l’UE à 27 en 2009/2010.

    Dans de nombreux pays, la crise sert de révélateur aux folies spéculatives immobilières ou financières des deux dernières décennies (Islande, Espagne, Irlande, Royaume-Uni, pays baltes, Europe de l’est…). Sans que grand monde y prenne garde, la dette de l’Europe centrale et orientale est aujourd’hui supérieure de 40% à celle de l’Amérique latine et constitue actuellement une vraie bombe à retardement au flanc de l’Europe. Les modèles sociaux et économiques ultra-financiarisés – tant vantés médiatiquement et vendus politiquement en France ces dernières années au nom de la modernité (privatisation des services publics, abandon d’une sécurité sociale basée sur une solidarité intergénérationnelle au profit des fonds de pension et de la financiarisation…) – s’effondrent.

    En un an en glissement annuel et à la date de mars 2009, la production manufac
    de 38,5% au Japon, de 18% en Espagne, de 14% en France et en Allemagne, de 12% aux États-Unis. Les mises en chantier de maisons nouvelles s’effondrent de 50 à 60% en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis, frappant de plein fouet le secteur des bâtiments-travaux publics. En un an, une centaine de plans sociaux annoncent la suppression de plus de 40 000 emplois en France, en particulier de la part de firmes transnationales étrangères qui redéploient massivement à l’échelle internationale leur appareil productif en accélérant les délocalisations des productions vers les pays à bas salaires. Alors que la consommation des ménages baisse sensiblement du fait de la hausse du chômage ou des incertitudes sur l’avenir qui pousse à la reconstitution d’une épargne de précaution, les investissements productifs des entreprises reculent de 22% en Allemagne ou de 12% au Japon et aux États-Unis. La baisse de la consommation et des investissements se traduit mécaniquement dans l’effondrement des exportations (Japon : – 46%, R Uni, France et États-Unis : – 22%, Allemagne : – 20%). Les pays dans lesquels la contribution du commerce extérieur aux économies est la plus forte sont les premiers frappés (Allemagne, Pays Bas, Japon, Corée du Sud…).

    Des pans entiers des sociétés sont menacés avec, par exemple, les très graves difficultés des fonds de pension qui assurent l’essentiel des systèmes de retraite en Australie, au Canada, en Islande, au Pays Bas ou en Suisse. Leurs pertes aux États-Unis sont équivalentes à 22% du PNB et au Royaume Uni à 31%. Sur 25 000 milliards d’actifs financiers en 2008, l’OCDE estimait que ceux-ci avaient perdus rien que pour l’année 2008 environ 5 000 milliards de dollars. Fin avril 2009, une étude de la Société générale estimait que les 350 plus grandes firmes d’Europe occidentale devraient augmenter leurs provisions de 700 milliards d’euros pour l’année 2009 afin de faire face à leurs engagements.

    L’impact sociétal est considérable comme le montrent les États-Unis. Selon le Bureau of Labor Statistics, on y assiste en effet au dernier trimestre 2008 à une profonde rupture qualitative du marché du travail. Le solde de 1,615 million d’emplois perdus durant cette seule période par rapport à 2007 masque en effet un double phénomène. Les salariés entre 25 et 44 ans, forces vives de la nation, se retrouvent au cœur de la tourmente puisqu’ils représentent 61% des 2,45 millions d’emplois perdus. A l’inverse, 925 000 travailleurs âgés se retrouvent dans l’obligation de retravailler à nouveau du fait, en particulier, de l’effondrement de leurs systèmes de retraites : ils sont 559 000 entre 55 et 64 ans, 191 000 entre 65 et 69 ans et 104 000 de plus de … 75 ans.

    Les Suds face aux rejeux de liens d’interdépendance asymétriques

    Si les grands pays développés – puissances dominantes de ce troisième stade de la mondialisation – sont les premiers touchés, les Suds doivent faire face à un brutal choc tellurique qui se propage à une rapidité exceptionnelle vers les périphéries. Selon le Bureau International du Travail, 180 millions de travailleurs basculent dans la pauvreté en 2009, soit un retour de dix ans en arrière. Le FMI doit à nouveau intervenir face à l’effondrement de nombreux pays européens périphériques (Islande, Hongrie, Lettonie, Roumanie, Pologne), d’Europe de l’Est en transition (Ukraine, Biélorussie, Serbie) ou pays en développement (Géorgie, Arménie, Pakistan, Salvador, Seychelles, Sri Lanka, Zambie, Kenya, Mongolie, Mexique…). Quatre vecteurs jouent un rôle majeur dans la propagation de la crise dans les Suds :

    * L’internationalisation des systèmes productifs agricoles, miniers et manufacturiers dans le cadre de la division internationale du travail se traduit par un effondrement des achats et commandes des grandes économies du nord. Des dizaines de millions d’emplois sont menacés dans l’électronique, l’automobile, le textile en Asie, tout particulièrement dans les NPI et en Chine, où 30 millions de mingongs perdent leurs emplois dans les provinces littorales, dans les industries maquila d’Amérique centrale ou dans la bordure du bassin méditerranéen (cf. Turquie).
    * L’effondrement de 30 à 50% du prix des matières premières déstabilise les grands pays rentiers exportateurs comme la Russie ou les pays du Golfe et de l’Opep. Selon le FMI, l’effondrement du prix des matières premières se traduit en 2009/2010 par un recul de 20% du PNB au Tchad, de 15% en République du Congo et de 14% au Nigéria.
    * Les transferts financiers des travailleurs migrants, souvent les premiers touchés par le chômage dans les grands pays développés, vont reculer selon le FMI de 36% en Afrique, 30% en Amérique latine et 25% en Asie.
    * Enfin, on assiste aussi à la fois à la forte rétraction des flux de capitaux financiers plus ou moins spéculatifs placés dans les pays du Sud, aspirés par les énormes besoins des maisons-mères du Nord, et des investissements productifs (IDE) qui devraient être divisés par cinq en deux ans. Les rapatriements des capitaux des pays émergents, en particulier vers les bons du Trésor US, sont de 200 à 300 millions de dollars par mois.

    Montée de la dette et énorme socialisation des pertes : le contribuable paiera

    Les énormes pertes des banques – sur leurs actifs financiers puis sur les crédits aux ménages et aux entreprises (mauvaises dettes, actifs toxiques) – ont été largement reprises soit par les États, soit par les Banques centrales au prix d’une explosion de leur endettement et de la base monétaire qui augmente, par exemple, de 85% aux États-Unis en un an. Les recapitalisations des banques par les États mobilisent 350 milliards de dollars aux États-Unis, 125 milliards d’euros dans la zone Euro et 37 milliards de livres au Royaume-Uni alors que les garanties publiques se montent à 4 361 milliards de dollars, dont 32 % aux Etats-Unis, 57,5 % dans la zone Euro : 57,5% et 10,5 % au Royaume Uni.

    Ce processus se traduit par un gigantesque transfert des coûts directs et indirects de la crise et surtout des risques à court et moyen terme des acteurs privés aux puissances publiques et donc aux contribuables sans pour autant qu’un véritable débat public ne se soit véritablement engagé dans la majorité des pays concernés. Ce déficit démocratique est d’autant plus inquiétant qu’au total ce sont bien les citoyens et les contribuables qui devront payer l’addition d’ici cinq à dix ans. Devant la longue atonie de l’économie mondiale, les seules solutions à partir de 2011 ou 2012 vont être soit de réduire fortement les dépenses publiques et/ou d’augmenter fortement la pression fiscale présentée aux contribuables, salariés et épargnants.

    Alors que la BCE a vu son bilan tripler en 2008, la FED américaine voit son bilan monter de 940 à 2 190 milliards de dollars entre le début de la crise et mai 2009. Il pourrait dépasser dans les mois qui viennent les 4 000 milliards de dollars du fait des dernières annonces comme l’acquisition de 2 500 milliards de dollars de créances titrisées financées par émission monétaire ou le rachat de 300 milliards de dollars de titres du Trésor afin de faire baisser les taux d’intérêt pour prévenir toute tendance déflationniste. L’objectif de ces opérations est quadruple : refinancer les banques et plus directement l’ensemble de l’économie, éviter un risque systémique en sauvant les institutions les plus fragiles, réduire les primes de risques sur les marchés de crédits afin de tenter de relancer l’économie, multiplier les accords d’échanges monétaires avec les banques centrales étrangères afin de répondre à la demande mondiale en dollars. Alors que depuis deux mois, on assiste aux rachats de dettes publiques par les Banques centrales (Bank of England, Bank of Japan, FED, bientôt BCE), la menace de pertes de confiance dans de nombreuses monnaies déboucherait sur l’effondrement de celles-ci.

    En parallèle à l’action des Banques centrales, dont certaines doivent être largement recapitalisées par leurs États respectifs (cf. États-Unis), les États sont en train d’émettre de nouvelles montagnes de dettes alors que s’effondrent leurs rentrées fiscales (Allemagne : – 48 milliards d’euros en 2009 par rapport aux prévisions budgétaires de 2008). Alors que le Trésor américain doit ainsi émettre pour 8 000 milliards de dettes en 2009, la dette extérieure des États-Unis pourrait passer de 17 500 milliards de dollars, soit 120% du PIB en 2009, à 23 000 milliards de dollars en 2015 (+ 31,5%), rendant la 1er puissance mondiale de plus en plus dépendante de sa capacité à drainer l’épargne mondiale. Ce contexte budgétaire extrêmement difficile explique que si le budget militaire des États-Unis augmente encore de + 4% en 2010 pour atteindre les 534 milliards de dollars – auxquels s’ajoutent 130 milliards pour les interventions extérieures (guerre en Irak et Afghanistan), le Pentagone est contraint de tailler dans de nombreux programmes d’armement (avions de combats F 22, avions de transport C 17, missiles, hélicoptères, satellites de communication…). De même, sous la pression de la montée du chômage et la révolte croissante des citoyens américains, Barack Obama souhaite faire passer une réforme fiscale favorisant la création d’emplois aux États-Unis et stoppant l’évasion fiscale des firmes transnationales états-uniennes : via leurs filiales à l’étranger, en particulier dans les paradis fiscaux, ces dernières n’auraient payé en 2004 que 16 milliards de dollars d’impôts sur 700 milliards de dollars de bénéfices mondiaux, soit un taux d’imposition de 2,3% contre 35% normalement sur le territoires des États-Unis. Dans la zone Euro, la dette publique atteint les 80% du PIB. Lançant un « budget de guerre contre la récession », Londres – qui doit faire face au plongeon des recettes fiscales et à l’envolée des dépenses de soutien – voit exploser son déficit budgétaire (2009/2010 : -12,4% PIB, soit 197 milliards d’euros, et -12 % du PIB en 2010/2011 selon les prévisions officielles) alors que son endettement doit passer de 36,5 à 79% du PIB entre 2008 et 2014.

    Echelles nationales et coopérations internationales face aux enjeux de puissance

    Le premier enseignement géopolitique fondamental de la crise réside dans la réhabilitation à la fois de l’État et de la puissance publique d’un côté, et de l’échelle nationale de l’autre, invalidant en retour tous ceux qui spéculaient depuis des années sur la disparition ou l’impuissance du politique et la dissolution des États nations dans la mondialisation. On doit pourtant s’interroger sur le processus de « dépolitisation » de cette intervention publique massive à un point tel que l’on assiste plus à des « étatisations » de banques et qu’à leur « nationalisation ». En effet, les contreparties exigées par les pouvoirs publics sont souvent minimes ou inexistantes, et aucune réelle rupture d’avec le modèle financiarisé et spéculatif n’est avancée. Un chantier pourtant essentiel pour reconstruire sur des bases nouvelles.

    Le second enseignement tient dans le fait que les nouveaux liens d’interdépendance tissés entre les économies mondiales sont d’une telle densité qu’aucun État, aussi puissant soit-il comme les États-Unis, ne peut seul faire face à la crise.

    Troisièmement, face à l’effondrement des systèmes financiers états-unien et britannique puis aux graves difficultés des grands pays développés, ces grandes puissances doivent aujourd’hui tenir compte du rééquilibrage géopolitique, géostratégique et géoéconomique des rapports de forces mondiaux en train de s’opérer en s’ouvrant davantage aux grands pays émergents. Comme le symbolise la tenue du Sommet du G20 à Londres ou les intenses débats actuels (droit de vote, stratégies…) sur la réorganisation de la gouvernance du FMI, la multipolarité du monde est aujourd’hui actée par les grands pays développés, bien que souvent encore avec réticence et à reculons dès que l’on parle de choses sérieuses, c’est à dire du réel partage du pouvoir de pilotage des affaires du monde.

    …..
    En conclusion, les pouvoirs et opinions publics – aux échelles nationales, continentales et mondiale – sont confrontés aujourd’hui à deux questions essentielles, étroitement articulées. Quelles sont la nature réelle, la profondeur et la durabilité probable de la crise ? Quels sont les mesures à prendre et les moyens à mobiliser pour en sortir ? Comme on peut le constater tous les jours, le diagnostic et les remèdes sont l’objet de gigantesques enjeux d’ordre géopolitique, sociétaux et territoriaux.

    Dans tous les cas, on assiste au plan intellectuel à deux phénomènes essentiels concernant la mondialisation. Le premier réside dans la disqualification d’une approche purement économisciste de celle-ci, la mise en modèle du monde et de ses économies débouchant sur une totale cécité face à un phénomène d’une ampleur historique séculaire largement inédite. Le second se traduit par l’effondrement des conceptions éthérées, dépolitisées et déterritorialisées de la mondialisation qui avaient été très largement diffusées ces dernières décennies. Ces perspectives ouvrent à la géographie et à la géopolitique de nouveaux champs d’investigation dans le cadre d’une démarche pluridisciplinaire visant à comprendre et à peser sur la marche du monde.

  15. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    Et après il est dit que c’est seulement les gens de l’Etat qui sont les causes de tous.

    Beaucoup de choses très claires sont dites dans cet article…

  16. Avatar de Visiteur du matin
    Visiteur du matin

    Pendant ce temps … les choses vont leur train.

    M. Jorion nous donnait la situation de l’immobilier le 27 avril 2009 ici : http://www.pauljorion.com/blog/?p=2944

    Voilà le même graphique actualisé : http://www.doctorhousingbubble.com/wp-content/uploads/2009/06/nod-and-defaults-ca1.png

    A recouper avec : http://www.doctorhousingbubble.com/wp-content/uploads/2009/06/businessweekoptionarm1.jpg
    nous en sommes à la flèche bleu…

    Voir l’ensemble de l’article :
    http://www.doctorhousingbubble.com/alt-a-and-option-arm-economic-disaster-update-california-solution-workout-3430-alt-a-loans-in-march-good-job-all-we-have-is-an-additional-643000-alt-a-loans-in-the-state-at-this-rate-it-wi/

    Il semble que les banques européennes cherchent à se protéger en déposant à la BCE une grande partie de l’argent qu’elle vient de leur prêter (50% environ) : http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=ECBLDEPO:IND
    Cliquer sur 1Y, 3Y et 5Y sur la barre horizontale au dessus.

    Bonne journée.

  17. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    @ FL
    « Sans trop se poser une troisième question, toute aussi désespérante, d’où proviendra-t-elle ?  »

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Vague_sc%C3%A9l%C3%A9rate

    « Les affaires sont les affaires. » Théodore Barrière

  18. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Titus

    Je visais en premier lieu la Fed et la BoE. Mais la BCE pourrait être considérée comme finançant indirectement les Etats de la zone euro, en les soulageant de la nécessité de créer des bad banks.

  19. Avatar de J.Gorban
    J.Gorban

    je découvre votre site et je trouve une mine d’information et surtout une confirmation de ma position politique.

    Au détour de votre article, vous avez donné la réponse que tout le monde se pose : mais pourquoi cela se passe-t-il comme ça ( à savoir la nationalisation des pertes abyssales )

    Je vous cite :  » permettre aux banques de lentement reconstituer leurs fonds propres, sans avoir à se recapitaliser, ni a fortiori à transformer ses dettes en actions. Deux très simples mécanismes éprouvés auxquels leurs actionnaires refusent de souscrire depuis le début de la crise, avec l’assentiment des autorités  »

    tout est dit : pour l’instant les autorités essaient de sauver la mise des actionnaires.

    tout le reste n’est que gesticulation pour détourner le regard du chaland.

    Et entre nous, nous assitons à la faillite de la mathématisation de l’économie et de la finance : la création de richesse ne provient , in fine , que du travail des humains : l’argent n’a jamais fait tout seul de l’argent et le retour les pieds sur terre est arrivé ; enfin je l’espère.

    il ne nous reste plus qu’à construire concretement un autre monde .

  20. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Beaufou

    Le marché des devises recèle au quotidien d’incontestables vertus hypnotiques ! Toutefois, la tendance longue du dollar est bien à la baisse. Le fixing est un jeu qui se joue à plusieurs…

  21. Avatar de TELQUEL
    TELQUEL

    Merci Francois et merci Cecile, @jeremie non je ne suis pas d’accord avec vous :j’ai dirige une Pme pendant 15 ans et l’etat Francais me demandait des comptes a tous bout de champs , comme le commun des mortels, particulier compris, rien a redire le cadre legal d’une societe solidaire; Mais quand je vois l’hydre que nos diverses institutions ont laissees se developper sous couvert de croissance c’est scandaleux .Le monde de la production est tres vite confronte au temps et a l’espace donc tres rapidement les resultats sont visibles ,le monde des services l’est egalement mais a une autre echelle ,celle ci est arrive a echeance !
    Amities a tous

  22. Avatar de Bouboune
    Bouboune

    Lecteur régulier de ce blog, je viens également de finir la lecture du dernier ouvrage de F.Lordon « La crise de trop ».

    Je ne sais pas si ces lectures provoquent un embrigadement involontaire, mais j’ai maintenant du mal à retenir des pulsions de VIOLENCE à l’encontre des responsables de la crise actuelle :
    – les financiers & actionnaires dont l’avidité est à l’évidence sans limite, et les scrupules inversement proportionnels
    – les politiques de tous horizons qui ont méticuleusement mis en place les règles du jeu auquel les premiers s’adonnent, qui plus est sans vergogne (mais pourquoi leur en tenir rigueur d’ailleurs…)

    Je pense qu’il est temps de signifier à ces minorités que la coupe est pleine et qu’ils prennent un risque SOCIAL énorme à ne pas remettre en cause sérieusement ce système. Je crois qu’ils ne saisissent pas la VIOLENCE verbale de leurs discours et de leurs actes, et qu’ils ne comprennent pas que cela va générer une VIOLENCE en retour, mais physique celle-là. Ils feindront alors la surprise et la désapprobation, mais ce sera hors sujet et trop tard.

    Évidemment la tâche est immense pour corriger les erreurs du passé, mais je ne vois pas l’amorce d’un embryon d’acte qui aille dans le bon sens.

    Personnellement je pense que la démocratie livre son dernier soupir, et nous devons prendre nos responsabilités pour qu’elle ne devienne pas qu’un lointain souvenir.

  23. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Cécile

    Très impressionnant, ce panorama de Laurent Carroué. J’en partage l’essentiel des considérations.

    Mais je voudrais faire remarquer qu’employer les termes de « destruction de la richesse » pour évoquer le dégonflement de l’énorme bulle financière de l’ »économie casino-rentière » qu’il s’applique à décrire, c’est utiliser une conception de la richesse qui est précisément celle qu’il entend combattre. Le pendant de la « création de la valeur » dont se revendiquent les idéologues du capitalisme financier et dont on sait la fatuité conceptuelle.

    Sans doute, ce qui est le plus impressionnant dans cette crise, ce ne ne sont ni ses aspects financiers, ni ses conséquences économiques et sociales. Encore que. Mais bien la puissance de l’idéologie en question, pour être autant intériorisée dans les consciences et si peu démontée, alors que tout s’y prête.

    On reparle du rôle des intellectuels dans nos sociétés, il y va incontestablement de leur responsabilité, mais il est triste de constater qu’ils n’envisagent pas vraiment de l’exercer, sauf marginalement.

    Ceci n’est bien évidemment pas une pierre dans le jardin de Laurent Carroué.

  24. Avatar de BA
    BA

    Crystal écrit :  » est-ce que l’on a ce genre de donnée sur une échelle de temps plus longue ?
    Par exemple jusqu’à la grande crise ?  »

    Non. Ce graphique montre les sommes déposées par les banques européennes à la BCE. Nous ne disposons donc pas de données remontant avant la création de la BCE.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=ECBLDEPO:IND

    Est-ce que quelqu’un sur ce blog peut donner son interprétation de ce graphique ?

    Je recopie l’interprétation que m’inspire ce graphique TRES INQUIETANT.

    Le graphique récapitule l’évolution sur les 6 derniers mois.

    Cliquez sur l’onglet « 5Y » pour voir l’évolution sur les 5 dernières années. Vous verrez que, lorsqu’une crise financière éclate, les banques européennes paniquent et déposent des sommes gigantesques à l’abri, c’est-à-dire à la BCE.

    Aujourd’hui, ça recommence. Les banques européennes voient arriver la deuxième crise financière. Elles paniquent et déposent 252,067 milliards d’euros à la BCE. Au moins, ces 252,067 milliards d’euros sont en lieu sûr.

    Nous sommes en train de vivre en ce moment même le début de la deuxième crise financière.

    Est-ce que quelqu’un a une autre interprétation ?

  25. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Beaufou

    En prélude du prochain G8 à L’Aquila (Italie), du 8 au 10 juillet, He Yafei, un vice-ministre des Affaires étrangères, vient de déclarer à Pékin: « Nous espérons qu’à l’avenir le système monétaire international sera diversifié » et que « si la question est soulevée par les dirigeants au cours de la rencontre, cela n’aura rien d’étonnant. C’est naturel ».

    Voilà ce qui a pu susciter le hoquet du dollar !

    Le ton neutre, et même badin, du ministre pourrait être interprété comme signe que les vrais discussion sont en passe de s’engager. Mais qu’il y a du temps devant nous, ce que les dirigeants chinois ont toujours dit.

  26. Avatar de François78
    François78

    Si j’ai bien retenu l’intervention de Paul Jorion à la radio, les immenses sommes en jeu sont en partie « notionelles ». C’est la cas de la (sur)valorisation des actifs boursiers par exemple. Le problème est que cette richesse artificielle a induit des comportements (des dépenses réelles), qui ont engendré de vraies pertes.

    Ce serait intéressant de connaître le montant de ces vrais pertes ; entre autre et par exemple, indépendamment de toute manipulation, les actifs pourris ont t’il une valeur résiduelle que l’on pourrait évaluer au moins statistiquement (par exemple vis à vis de taux de défaut prévisibles …et stables …) ? Les évaluations du FMI, de l’OCDE, de la BoE sont elles des références ? Ces évaluations prennent-elles en compte la dévaluation des moyens de production en surcapacité ?

  27. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Je serais très intéressé par une réponse « informée » à la question de BA. Est-ce qu’une autre raison que « l’imminence d’un krach de la valeur des certains actifs » peut expliquer ces données? Et qu’est qui est effectivement déposé, quel type d’actif précisément?

  28. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    @François78

    In fine, j’ai l’impression que les « vraies » pertes ne se mesurent pas en € mais en taux de chômage, taux de suicide, taux de mortalité, dégradation de l’environnement, dégradation des institution, dégradation de la santé publique, affaiblissement du tissu social, diminution des possibilités de vie offertes, en comparaison à une situation « normale ». C’est difficile d’exprimer cela en euro: voir tous les débats sur des mesures alternatives au PIB. Je ne dis pas que c’est impossible, mais on a pas de bonne « mesure » à l’heure actuelle, je crois.

  29. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Mathieu

    Les pertes sont une mesure négative de la richesse. On revient nécessairement à la question de sa mesure.

  30. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    @F. Leclerc

    Entièrement d’accord. Mais quand un bâtiment est détruit, si vous comptabilisez sa perte à sa valeur « de marché » alors que vous êtes au sommet d’une bulle immobilière, on pourrait je pense argumenter que ce prix de marché n’est pas une « bonne mesure ». De même si vous possédez une machine que vous croyez pouvoir réaliser des merveilles, sa destruction sera une énorme perte de richesse. Mais s’il se révèle plus tard que cette machine ne fonctionnait pas, quid? Il est bien difficile de mesurer, comme le demande François78, la perte de richesse « réelle » = « comme si la bulle immobilio-financière » n’avait pas existé (si c’est ça que l’on veut faire).

    Et c’est encore plus difficile avec des choses plus immatérielles que je listais, alors qu’elles participent au moins autant à la « richesse nationale » (par exemple la disponibilité de médecins équipés, qualifiés et pas surmenés près de chez vous ou l’augmentation de la criminalité).

    Mais je n’ai pas dit que j’avais une bonne solution.

  31. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Mathieu

    Cela me paraît déjà un excellent début que d’admettre que la question n’est pas simple, vis à vis de tous ceux qui en font une évidence.

  32. Avatar de scaringella
    scaringella

    selon une americaine:
    http://www.axonpost.com/2009/07/01/quand-la-californie-ne-peut-plus-payer-ses-fonctionnaires/

    Comment une quelconque reprise pourrqit-elle etre possible ….

  33. Avatar de emile1111
    emile1111

    Bonjour,
    Expert dans le milieu de la finance ( malheureusement je dois rester anonyme)
    Je partage beaucoup de choses dites ici, et cela depuis longtemps.
    Mais permettez moi de compléter le billet de François Leclerc.
    J’ai en effet travaillé le rapport de la BRI.
    sur http://emile1111.kazeo.com/Commentaires/Sauver-retablir-et-reformer-l-etroit-chemin-a-parcourir,a911696.html
    Vous aurez l’introduction du Rapport et les dix premiers graphiques du rapport.
    Proprement ahurissant.
    Les « jeunes pousse » sont complètement gelées.
    Merci pour vos débats.

  34. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Qui peut croire que des lois spéciales prises sous les mandats Bush ne prévoyaient pas des insurrections?
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Agence_f%C3%A9d%C3%A9rale_des_situations_d'urgence

  35. Avatar de pietranera
    pietranera

    Dans sa dernière lettre de juillet Harry Dent parle de la prochaine banqueroute pour les banques Européennes

    Near a Final Rally into July or
    August; Next Banking Crisis Likely
    in Europe/Eastern Europe

    The increasingly oversold technical indicators for the dollar
    and overbought indicators for the euro suggest that the next
    economic and banking crisis could occur in Europe and Eastern
    Europe, given that leading indicators are not showing as strong
    a recovery there and that the banks have strong exposure both
    to failing real estate loans and to defaults on Eastern European
    commercial loans.

    La vraie crise arrive chez nous. On comprend mieux certaine courbes

  36. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Mathieu 10:10, tout à fait d’accord avec vous, mais vous oubliez une chose primordiale, la longue liste des dégradation que vous faites est réelle, mais avec de la bonne volonté il serait possible d’y remédier, en revanche il manque à cela les ressources minérales et fossiles qui, avec ou sans croissance, s’épuiseront à terme. A la rigueur, les métaux pourraient être recyclés, le gaz produit à partir de la méthanisation des déchets, mais le charbon et surtout le pétrole…

  37. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ BA et Mathieu

    Je n’ai pas réagi au graphique de Blomberg sur les dépôts opérés par les banques à la BCE, car je ne sais pas réellement l’interpréter et me méfie d’une manière générale des catastrophes annoncées reposant sur des courbes de données aussi apparemment explicites.

  38. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    @ François Leclerc

    Avez-vous lu ceci: http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/fr/index.htm ?
    Il reste quelques jours pour réagir (un mois, c’est beaucoup beaucoup trop court comme consultation!)

  39. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Mathieu

    Merci, oui. Un des nombreux dossiers laissés ouverts…

  40. Avatar de BA
    BA

    « FRANKFURT – (Dow Jones) – Euro-zone banks continued to hoard much of the liquidity they received last week, placing EUR 252.067 billion in the European Central Bank’s deposit facility overnight from Tuesday, data from the ECB showed Wednesday. The ECB pays an interest rate of 0.25 % on the funds, which is broadly in line with the current interbank market rate. »

    http://www.easybourse.com/bourse-actualite/marches/banks-continue-to-park-liquidity-in-ecb-s-deposit-facility-694514

    Pourquoi les banques européennes font-elles ça ?

  41. Avatar de Paul Jorion

    Extrait de l’article du Monde :

    La Californie a en conséquence entamé mercredi une nouvelle année budgétaire sans avoir voté son budget. Désormais dans l’obligation de suspendre les paiements à leurs fournisseurs, les autorités de l’Etat s’apprêtent à signer des reconnaissances de dettes, une mesure qui n’avait plus été appliquée depuis 17 ans.

    Quelle importance puisque de l’argent ou des reconnaissances de dette, c’est de toute manière de la « monnaie ». 😉

  42. Avatar de BA
    BA

    Quatre cent soixante sept mille emplois ont été supprimés au mois de juin aux Etats-Unis, un nombre plus élevé que prévu qui a contribué à gonfler le taux de chômage. Ce dernier s’élève désormais à 9,5 %, soit le niveau le plus élevé en 26 ans, et suggère que le chemin vers le rétablissement de l’économie sera accidenté, selon les chiffres communiqués jeudi par le Département du travail.
    Même si la récession donne des signes d’apaisement, les entreprises vont probablement vouloir continuer à resserrer leurs coûts et à faire preuve de prudence en matière d’embauches jusqu’à ce qu’elles soient certaines du retour de l’économie en terrain solide.
    Quelque 14,7 millions de personnes sont aujourd’hui sans emploi aux Etats-Unis.
    La hausse du taux de chômage qui s’établissait à 9,4 % en mai est cependant moins sévère que les 9,6% attendus. Reste que de nombreux économistes s’attendent à ce que le taux de chômage grimpe à 10% cette année, et continue d’augmenter au cours de l’année prochaine avant de baisser.
    Depuis l’entrée des Etats-Unis en récession en décembre 2007, l’économie a perdu au total 6,5 millions d’emplois.

    http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=d0e71a4d4a4fd41b103d0ae16c45b7ef

    Conséquence : la consommation va continuer à s’effondrer aux Etats-Unis.

    Conséquence numéro 2 : l’économie mondiale va continuer à s’effondrer.

  43. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=3551#comment-31137

    Sauf que là il ne s’agit pas de reconnaissances de dette bancaire, laquelle EST de la monnaie, alors que les reconnaissances de dette de l’etat californien ne sont pas de la monnaie (ça m’étonnerait qu’à New york elles soient acceptées en paiement)
    Sauf que si de la monnaie est une reconnaissance de dette, toute reconnaissance de dette n’est pas monnaie, sauf si chacun fait confiance à cette reconnaissance de dette en l’acceptant comme moyen de paiement.

  44. Avatar de François78
    François78

    Est ce que les rumeurs sur un « bank holiday » au second semestre 2009 (Harry Schultz Letter) ont un quelconque fondement ?

  45. Avatar de Christophe
    Christophe

    @ François Leclerc

    Est-ce que vous lisez LEAP 2020? (en résumant simplement, un mensuel anticipation économique Européen)… Ils utilisent exactement votre image de vague scélérate.

  46. Avatar de Cécile
    Cécile

    parenthèse

    Question : quelle est donc cette « Théorie de l’optimun économique » expliquant que « le prix de marché est fixé par la plus chère des unités de production nécessaire pour satisfaire la demande » ???

    france-culture, émission du lundi 29 juin 2009 Quel prix pour l’électricité
    http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/economie/fiche.php?diffusion_id=75017
    sujet :
    « Le 1er juillet prochain, soit après-demain, cela fera 2 ans que le marché de l’énergie est ouvert à la concurrence.
    C’est ce moment d’anniversaire qu’EDF a choisi pour donner le coup d’envoi d’un grand emprunt, décidément c’est une mode, visant à collecter auprès des particuliers 1 milliard d’euros pour financer sa croissance et ses investissements…
    Comment favoriser la concurrence, exigence de la Commission européenne, sans provoquer une envolée des prix de l’électricité ? Et si les prix augmentent, est-ce du fait d’une insuffisance de la concurrence ou au contraire d’un excès de libéralisation ?
    Fin avril, un rapport a été rendu au gouvernement, le rapport de la Commission Champsaur, dans lequel quelques solutions sont avancées pour résoudre cette équation … »

    rapport Champsaur
    http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/9-04-16_rapport_version_publiee-2_cle0259fd.pdf
    extrait
    «  »Conformément à la théorie de l’optimum économique et compte tenu des caractéristiques spécifiques de
    l’électricité, le prix de marché est fixé par la plus chère des unités de production nécessaire pour satisfaire la demande. »

  47. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Christophe

    Non, je ne lis pas, ayant peu d’appétence pour le ton employé par leur soi-disante batterie d’experts, qui me fait doucement rigoler, sans vouloir froisser personne.

    L’image de la vague scélérate n’est bien entendu pas de moi, ni des rédacteurs de LEAP 2020. Elle tend à parcourir la blogosphère.

  48. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Cécile

    Je présume qu’il est fait référence à l’optimum de Vilfredo Pareto, ce qui fait toujours très chic dans un dossier mais n’est pas de première jeunesse :

    ttp://fr.wikipedia.org/wiki/Optimum_de_Pareto#Optimum_de_Pareto_et_.C3.A9conomie_n.C3.A9o-classique

  49. Avatar de Christophe
    Christophe

    @ François

    C’est étonnant que vous ne les aimiez pas… Ils ont effectivement tendance à avoir les chevilles qui gonflent mais ils avaient également prévu la crise actuelle (subprime, faillite de plusieurs gros établissements bancaires….) et ils sont encore plus pessimistes que vous pouvez l’être !

  50. Avatar de Beaufou
    Beaufou

    @François Leclerc
    Les Americains pourraient ils devaluer le Dollar meme si c’est une monnaie de reserve?

  51. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    @Cécile

    tous les jours, les traders d’électricité rentre leurs ordres d’achat et de vente de l’électricité pour le lendemain, du genre
    j’achète X MW entre 9h et 13h si le prix moyen sur ces heures est plus bas que 80€/MWh
    je vends X MW entre 11h et 20h si le prix moyen sur ces heures est plus haut que 60€/MWh
    Pour simplifier, suppose qu’il n’y a qu’une seule heure. Si tu ordonnes la ordres de vente par ordre croissant de prix, tu obtiens un courbe d’offre (qui te donnes pour chaque prix la quantité de MWh qui seraient vendus à ce prix-là: plus le prix est élevé, plus il y aura des ordres de vente dont la condition de prix est satisfaite), et si tu ordonnes les ordres de vente par ordre décroissant de prix, tu obtiens une courbe d’achat. L’intersection des deux te donne le prix, et la quantité (tous les ordres d’achats à un prix supérieurs sont exécutés, tous les ordres de vente à un prix inférieur sont exécutés). Si tu dessines ça sur un dessin, tu verras que le prix correspond à la l’offre de vente la plus chère encore acceptée, et aussi à l’ordre de vente le moins cher encore accepté (à supposer qu’il y a des ordres à à peu près tous les prix).

    (En pratique c’est un rien plus compliqué, parce que il y a 24 heures et trois marchés interconnectés (France, Belgique, Pays-Bas et bientôt Allemagne) avec des capacités de transmission d’électricité limitées…Mais l’algorithme qui calcule tout ça tous les jours à 12h et publication des résultats à 12h30 est bien fait: c’est moi qui l’ait écrit (si,si!).)

    Maintenant l’affirmation que tu écris tient si les traders d’EDF, quand ils rentrent un ordre de vente dans le système pour la centrale X mettent comme prix limite le coût variable de la centrale X. Ca serait le cas si le marché était concurrentiel et que tous les acteurs étaient très petits – ce qui n’est évidemment pas le cas ni en France, ni en Belgique ni dans aucun pays d’Europe. En pratique si les quelques vendeurs dont l’unité de production est près du croisement des courbes le savent, en augmentant le prix de leur ordre de vente, ils augmentent le prix total que tout le monde paie/reçoit.

    Pour cela, il y a un régulateur (CRE pour la France, CREG pour la Belgiques, etc…) qui régulièrement enquête sur des comportements « suspects ». Mais ces régulateurs n’ont en général pas les pouvoirs et les compétences suffisants pour faire correctement leurs boulots (il suffit de comparer les budgets!). En plus ils n’ont pas l’information sur les coûts des centrales (!).

    Pour compléter l’image, il faut en plus dire qu’il y a des marchés « forward » ou « futures » et des marchés plus « temps réel ». Mais il y a relativement peu de « spéculation » sur ces marchés parce qu’ils sont quand même beaucoup plus petits que les marchés du pétrole, maïs, blé, etc…

    En conclusion: l’affirmation que tu cites est vraie pour une économie en concurrence parfaite, mais comme la réalité est tout autre, elle est fausse (malheureusement!). Néanmoins, une telle bourse est plus « juste » que le marché de gré-à-gré qui existe en parallèle, parce que sur le marché de gré-à-gré les gros acteurs parviennent à obtenir des meilleurs prix que les petits, alors que sur la bourse décrite ci-dessus, tous les acteurs, quel que soit leur poids, paient (ou recoivent) le même prix. C’est pourquoi je ne suis pas contre les bourses ou les marchés organisés.

    Le problème principal vient de ce que la libéralisation n’est pas accompagnée d’un régulateur suffisamment puissant. C’est le meilleur des mondes pour les grands groupes privés (GdF-Suez, E.ON, Enel, RWE, EdF –> 1/3 privé).

  52. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    « Le problème principal vient de ce que la libéralisation n’est pas accompagnée d’un régulateur suffisamment puissant. C’est le meilleur des mondes pour les grands groupes privés (GdF-Suez, E.ON, Enel, RWE, EdF –> 1/3 privé). »

    L’autre solution (meilleure) c’était de morceler de force ces grands groupes. C’est ce qui a été fait au UK au moment de la libéralisation. Au moins là-bas ils essayaient de bien faire. En France, Italie, Espagne, Allemage, Belgique les gouvernements « supportent » leur « champion national » privé (EdF, Enel, Iberdrola, E.ON & RWE, Electrabel-Suez-GdF).

  53. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Beaufou

    Cela serait se tirer une balle dans le pied, car cela dévaluerait d’autant tous les avoirs en dollars, dont les T-bonds, pouvant inciter les détenteurs de surplus commerciaux à aller voir ailleurs. Comment, alors, financer la dette ?

  54. Avatar de Beaufou
    Beaufou

    Qui ose critiquer la politique de Barrack Obama?
    Nassim Taleb sur CNBC

    http://www.ritholtz.com/blog/2009/07/black-swan-were-in-the-middle-of-a-crash/

  55. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Christophe

    Justement, ce n’est pas un concours !

  56. Avatar de Beaufou
    Beaufou

    @François Leclerc

    Pourtant, comme le dit d’ailleurs Mr Taleb dans la video, ils chercheraient plus a financer la dette en creant plus de dettes; jusqu’ou peuvent ils maintenir une quelconque credibilite monetaire?
    Si les choses continuent, et il n’y a rien qui suggere le contraire, n’y aura t’il pas un sauve qui peut sur le dollar?

  57. Avatar de Christophe
    Christophe

    @ François Leclerc

    Je ne les connais pas personnellement mais je ne crois pas qu’ils prennent ça comme un concours du plus pessimiste. Pour les défendre un peu, ils ont quand même repris dans un numéro les erreurs qu’ils avaient faites (si je me souviens bien, ils se sont trompés sur les élections US, l’euro à 1,70 dollar en septembre/octobre 2008 et l’invasion de l’Iran par les USA).

    De toute façon, il me suffit de rester assis devant mon clavier pour voir comment tout ça va finir non?

  58. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Beaufou

    Nassim Taleb préconise de transformer les dettes des banques en action et considère que politique de création monétaire suivie pour l’éviter n’est pas contrôlable et potentiellement génératrice d’hyperinflation.

    La politique de l’administration Obama porte en elle le risque d’une accélération de la mise en cause du dollar comme monnaie de réserve, contribuant lorsqu’elle interviendra a précipiter un déclin économique américain déjà entamé.

  59. Avatar de Erwan Quilgars

    Bonjour à tous,

    Pour mettre de l’eau à notre moulin, je vous invite à lire la chronique trimestrielle de Pascal Roussel :

    http://www.leseditionsromaines.com/?pg=economy&SID=225c2f28795f890e0b109f77d8983810

  60. Avatar de Paul Jorion

    @ Erwan Quilgars

    Quelques bonnes analyses, mais c’est l’extrême-droite libertarienne qui parle. Alors, de sérieux guillemets au « notre » dans « notre moulin ».

  61. Avatar de Erwan Quilgars

    Re-bonjour à tous et merci à Paul,

    Dont acte pour ce lien à l’extrême-droite libertarienne (je pensais que cet économiste était simplement, si j’ose dire, un pur libéral) : je me suis laissé aveugler par la dénonciation des green shoots !

    Evidemment, comme vous tous, ce n’est pas du tout mon moulin !

  62. Avatar de Beaufou
    Beaufou

    @François Leclerc
    Vous pensez que la solution de Taleb pourrait stopper la descente ou est ce seulement une bulle de dettes qui restera au dessus de nos tetes?
    Pardon de vous poser toutes ces questions; je suis plutot histoire.

    Je retourne ecouter « lunatic fringe »

  63. Avatar de Moi
    Moi

    En lisant ce fil intéressant, où pour ainsi dire est expliqué et annoncé un krach boursier imminent, j’ai pensé à boursorama et à ses analyses prenant les gens pour des idiots. Aujourd’hui le CAC perd plus de 3% et ils nous disent sans rire que c’est à cause des chiffres US du chômage parus aujourd’hui.
    Pour ceux qui n’auraient pas encore compris le fonctionnement de la bourse, lorsqu’il y a une grosse chute (ou une grosse montée), la bourse réagit à une nouvelle FUTURE que le pigeon de base ne connait pas encore et parfois ne connaîtra jamais.
    Et après on parle de délits d’initié comme si c’était exceptionnel. Regardez les courbes des entreprises 1 ou 2 semaines avant parution de leurs résultats trimestriels et vous me direz si c’est exceptionnel. Et l’économiste mainstream de répondre : « Ah mais c’est que le marché est visionnaire monsieur! »

  64. Avatar de Jef
    Jef

    @ Moi.

    Oui, les commentaires et, en règle générale, les forums de Bourso restent d’une pauvreté souvent affligeante.
    Mais ce serait une erreur d’en faire une généralisation abusive avec l’ensemble des sites d’analyses fondamentales, chartistes…centrés sur les marchés, qui pour certains d’entres eux, valent un petit détour journalier.

  65. Avatar de johannes finckh

    @tous:
    en émettant tout de suite une monnaie anticrise non thésaurisable, l’économie repartirait instantanément et sans crise systémique possible tout en apurant peu à peu les énormes faillites qui doivent s’accomplir!
    jf

  66. Avatar de Moi
    Moi

    @Jef: sans doute. Je lis d’ailleurs souvent vos commentaires avec intérêt. Mais il faut vraiment faire quelque chose contre ces pseudo-analyses de journal parlé du genre « le pétrole monte aujourd’hui à cause d’un attentat au nigeria » (le lendemain, y’a deux attentats mais le pétrole plonge) ou « la bourse chute à cause des chiffres du chômage » (les chiffres sont mauvais depuis des mois et la bourse montait), etc. Des fois c’est tellement flagrant que le commentateur radio ou télé a l’air gêné. Et je ne vois même pas à quoi ce genre d’infos bidons servent.

  67. Avatar de CF
    CF

    Ci-dessous analyse de Nouriel Roubini…. Bonne nuit quand-même.

    http://www.rgemonitor.com/blog/roubini/

  68. Avatar de Leucotrio, with best efforts
    Leucotrio, with best efforts

    à Paul
    N’y aurait-il pas moyen d’introduire un peu de responsabilité dans ce bazar depuis 6 à 10 billets ?
    blog/?p=3506
    C’est brownien ! encore plus « Chaos Frustrant » que les hereoFlux monétaires opaques dans tous les sens !
    Est-ce le but du blog-forum ? Donner le tournis ?

  69. Avatar de Paul Jorion

    @ Leucotrio, etc.

    C’est à l’image du monde ! J’encourage à rassembler l’actualité comme commentaires dans mes billets « observatoire du monde financier » mais tout le monde s’en fiche : chacun met les « flashs d’information » dans le dernier billet affiché, en se disant que c’est le meilleur moyen d’être lu. Vous avez vu les nouvelles de la grippe porcine ? Comme commentaire à « Interventions à venir sur France Culture » !?! Où va le monde mon bon Monsieur !

  70. Avatar de CF
    CF

    Si c’est mon intervention qui pose problème je m’en excuse, ce sont les parties concernant la situation prévue des banques US et celle concernant la déflation et le retour à l’inflation qui selon moi pouvaient faire le lien avec le billet de François Leclerc.

  71. Avatar de LeucoSexiens, ... 6 qqchose
    LeucoSexiens, … 6 qqchose

    à Paul [22:37]
    OK J’ai bien noté le constat et la question de 22:37.
    Je me fais d’abord les deux observations suivantes :
    [A] Le titre d’un billet, parfois pour avoir un petit côté humouristique, séduisant, mystérieux, etc., peut se présenter comme une intrigue, un jeu de mots, une facétie, etc. Dans la même veine, un titre « Flashs d’information » peut apparaire fourre-tout. Idem pour « l’actualité de la crise » …

    par ordre alphabétique : artistique, bancaire, budgétaire, civilisation (de), climatique, créative (de l’innovation), écologique, économique, énergétique, épargne (de l’), éthique, financière, fiscale (offshore, dumping entre nations,…), gouvernance (de la), gouvernementale, hygiène-santé, institutionnelle, investissement (de l’), littéraire, mariage (du), médiatique, marchande, migratoire, monétaire, morale, ogritude et « incivilité transfrontière » (retrocommissions en excès par rapport à l’accord d’origine,…), crise politique, prix (des), prudentielle (risques excessifs), psychique, référentielle, retraites (des), secteurs économiques (tous ! 700!), solidarité (trop de chômage), systémique, universitaire.

    Déjà plus de 33 « sphères » assez hétérogènes, partiellement juxtaposables, uniquement pour le mot crise
    Chaque billet pourrait-il, par exemple, se référer à deux ou trois de ces mots
    ce qui éviterait d’aborder la crise porcine (risque hygiène santé) avec la tentative désespérée de bien s’entendre sur les diverses formes de création ex-nihilo de soldes bancaires et/ou de flux inattendus (<0, >0) à partir de risques (hors bilan, offshore, etc.) ou (au contraire) d’opportunités fantastiques (hors bilan, offshore, etc.)

    [B] La « froide thématique » de qq « Themes know-how or knowledge » ne saurait être (a) déduite du titre du billet, (b) déduite de l’article qui peut être sujet à de nombreuses corrélations latérales.

    Plusieurs questions me viennent à l’esprit :

    Q1/ Où placer de repérage ? …. au milieu de l’article, par exemple 10 ou 20 lignes après le début ?
    à la fin de l’article ? … Sous la forme d’un premier commentaire ? … sous forme d’invite ou (parfois) d’avertissement-canalisation ou (parfois) de préférence compréhensive ou (parfois) …
    Il y a une part d’impossible, car l’actualité ne se commande pas
    Et, effectivement, la probabilité d’être lu est plus forte sur le billet le plus récent que sur un autre loin en arrière.
    J’ai écris le 28 juin sur le billet du 20 juin, mais bon …
    Qui s’intéresse aux 40 tableaux du 20 juin ? Plus personne. Ce n’est qu’un exemple parmi des dizaines.

    Le 5 juin Barbe-toute-bleue poursuivait un objectif partagé, toujours de pleine actualité, sur un billet daté 22 mai !
    Barbe-toute-bleue et Coucou le 5 juin plus de deux semaines après un billet ! et c’est en chantier pour encore un long moment !

    Une solution possible ?
    Périodiquement (4, 3 ou 2 fois par mois)
    un billet structuré, par exemple avec les 33 thèmes précités (d’autres, ou plus ou moins)
    serait publié, avec ou sans flashback (hyperliens vers le passé = histoLiens) de la part de l’auteur du billet
    Une corrélation pourrait être établie
    – entre un(e) internaute motivé(e) par un thème, d’une part,
    – et la liste des histoLiens marquants sur ce thème, d’autre part.

    Le « Sommaire des HistoLiens » serait présenté par ordre alphabétique,
    un peu, par exemple, comme j’ai essayé (plus haut) d’en évoquer l’esprit.
    – – – – – – – – – – – – – –
    C’était juste une petite idée comme ça. Il a surement d’autres formules.
    Est-ce que cela ne dépend pas avant tout de la finalité recherchée ?
    Je n’ai pas de préconisation.
    Bonne continuation. Bon courage. Bonne soirée. Cordialement

    Quant à l’avatar, je suis perplexe φ ¤{? ψ
    j’ai arrêté le latin en 5e …
    biClown – leucoTrio – lœQuatuor – quinque (5, le chiffre) – quini (peut-être pour 5 à fois) – quinquiens (pour 5 fois ¤¤¤qqchoe)

  72. Avatar de Beaufou
    Beaufou

    Pas de liens.

    Juste une question.
    Les Americains sont assis sur une tonne de dette sans sortie de secours apparement (ainsi que l’Europe).
    Ils sont aussi assis sur des tonnes de bombes, des tonnes d’or et la perspective de passer le relais de la domination mondiale a la Chine et a l’Inde ou au Bresil si une devise internationale remplacait le Dollar.
    Pensez vous sincerement que cet ordre des choses est acceptable dans les cercles de Washington ou des grandes capitales d’Europe?

  73. Avatar de Jef
    Jef

    @ Eugène.

    Voilà une proposition percutante, billets structurés par thèmes avec histoLiens, repérages, réactualisations…

    Pourquoi pas, à creuser !

  74. Avatar de emile1111
    emile1111

    Pour apporter de l’eau au moulin de Paul Jorion,
    Sur mon blog :
    Il faut empêcher les banques de recommencer Stiglitz
    http://emile1111.kazeo.com/Il-faut-empecher-les-banques-de-recommencer-Stiglitz,a885326.html
    Remarquer il en sait quelque chose, il passer un noël Avec Greespan ( dans son livre la grande désillusion)
    Banque le moment est venu de réformer :
    http://emile1111.kazeo.com/Opinions-Points-de-vue/Banques-le-moment-est-venu-de-reformer-Hans-Werner-Sinn,a915890.html
    Et ce matin :
    Reich (ancien secrétaire au travail)
    Rééquilibrer déficits et excédents
    http://emile1111.kazeo.com/Opinions-Points-de-vue/Reequilibrer-deficits-et-excedents-excessifs,a916901.html
    Il reprend beaucoup de chose que vous dites ( notamment paul Jorion) – supprimer les négociations de dérivés hors bilan, etc..et étant acteur sur les marchés je sais que cela aura des effets bénéfiques.
    Mais il faut se désintoxiquer de l’argent facile, pour tout le monde, donc les salles de marché espèrent….
    Les idées commencent à être discutées, les penseurs arrivent bon courage !!!! .
    Et Jorion y a un grand mérite.
    Ce qui commence à me faire réfléchir aussi :
    – l’attitude de l’Allemagne (et donc le grand écart France /Allemagne ) quid de l’Euro !
    – L’insistance de plus en plus forte de la chine pour évincer le dollar ( je sais que c’est un passage obligé ).
    Merci pour vos contributions continuez vraiment

  75. Avatar de Olivier

    Incroyables ces articles à répétition vantant l’ampleur des « plans de relances » américains ou chinois, et pointant la faiblesse de ceux européens…

    N’est il pas « comique » de voir des économistes plaider pour faire plus de dettes, dans une crise liée à l’insolvabilité galopante due à la d’excès de dettes…

    Pardon, j’oubliais qu’il y a la « bonne dette », face à le moche « horrible dette », pouark. D’ailleurs, pourquoi les banquiers ne prêtent-ils pas aux ménages surendettés pour faire de la « bonne dette » – le raisonnement est valable pour tout le monde, non ? Oups, j’ai oublié cela s’appelle les surprimes, non ? (car acheter une maison, c’est bien de l’investissement… )

    Heureusement, en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des dettes et des bouts de tunnel, et va lancer un grand emprunt, pour générer encore 2 ou 4 milliards d’euros d’intérêts en plus l’année prochaine (c’est le budget de la Culture, ou presque celui de la Justice – et encore avant suppression des juges d’instruction) – une nouvelle forme d’import négatif, prendre aux pauvres pour donner aux riches, j’entends…

    Heureusement que ce blog existe, on se sent (un peu) moins bête après – mais on se pose aussi beaucoup de questions sur les medias…

    Ah oui, dernier point : existe-t-il une trace de vie intelligente développée en France, pour donner du travail à Paul Jorion, ou va-t-on devoir attendre de le voir lire ses chroniques dans le métro en alternance avec Macadam Journal ?

  76. Avatar de logique
    logique

    @olivier,

    Personne ne connais vraiment paul en france. Vue qu’il s’interresse a dse sujet brulant, il va falloir que les personnes suceptible de l’aider sache vraiment a qui ils ont a faire. A priori si il n’appartient a aucun groupe , religieux ,politique ou autres, je n’ais pas d’entré chez les RG donc difficile de savoir. Mais c’est peut être un homme trés bien aprés tout. Même si il a louper sa vocation de gourou :))))))

  77. Avatar de Mns
    Mns

    @ BA @ Francois

    Pourquoi les banques confient elles des milliards de dollars à la BCE en cas de crise?

    Par pur bon sens, je reprends le cas de l’argentine en 2002/2003, pour tout pesos argentin ou dollars US localisé dans les banques argentines, l’état a imprimé deux autres pesos argentins qu’elle a gardé pour reconstituer ses réserves. L’état a aussi déclaré que tous les dollars US localisés dans les banques étaient transformés en pesos et valorisés à un peso argentin. Pendant un long moment les argentins ont été restreints pour retirer de l’argent de la banque. L’état a informé la population que pour ceux qui désiraient remettre leur cash resté sous le matelat dans les banques, pour un peso, on les créditerait de 2 pesos supplémentaires et pour 1 dollars de même. A ce jeu là, il y a eu beaucoup plus de perdants que de gagants. Mais je connais quelqu’un qui a gagné, c’est pour cela que je peux l’expliquer.

    Pardonnez moi mais je pense qu’il se prépare quelque chose du même acabi au USA et en Europe, cela a déjà commencé et depuis longtemps en Angleterre. Que va t’il se passer cet été pendant que nous serons tous en vacances comme des oies? Les banques européennes seront elles créditées par rapport à leurs dépôts s’il y a une dévaluation et une impression massive de papier billet dans notre dos? Après tout cela assainnierait leurs bilans poisseux et permetterait à l’économie de redémarrer doucement mais au prix d’une inflation supportée par tout le monde!

    Merci pour vos commentaires!
    Mns

  78. Avatar de Boukovski
    Boukovski

    Excellent. Merci pour cet effort d’information et de pédagogie.

  79. Avatar de logique
    logique

    l’inflation cela fait 15 ans qu’ont la subit. Je ne pense pas que les consommateurs puissent en encaisser plus. Sinon il faudras dire adieux a beaucoup plus d’emploie que se qui se passe actuellement. Est du coup a plus d’insolvabilité. afin d’éviter une accumulation des la masses il faut en détruire une partie. Ceux que les bourses ont commencé a faire. Il ne reste plus que l’immobilier a faire baisser maintenant. Mais le problème reste bien cette histoire d’insolvabilité créer de toute pièce pour avoir prété a des personnes qui n’avaient pas les moyens de rembourser. Il y a des fois ou il vaut mieux encaisser ces pertes plutot que de chercher a vouloir a tout pris les éviter. Mais encore une fois, puisque les américains n’ont pas tenu a stoper net les faillite immo en les passant par perte et profits. L’argent des pret est bien rentré dans leur système via les vendeurs de maisons. Donc se qu’il ont gagné d’un coté peut se perdre de l’autre. Mais je pense que ce coup ci, il ont fait une sacré boullette. Je ne comprends d’ailleurs pas comment il en sont arrivé a se mettre une balle dans le pied. C’est clair qu’il ont jouer a déstabiliser le système financier, mais il ont oublier que c’état surtout eux le système financier. C’est clair que l’europe s’en est trouvé fragilisé. Mais il semblerait qu’ont aient été bien assuré, donc cela c’est avéré beaucoup moins déstabilisant. Je me demande parfois si nos américains ne sont pas rentré dans un mécanisme d’autodestructions. Espérons qu’il reprendront leur esprit aprés cette petite période d’hallucinations financières et qu’ils éviteront d’être les arnaquers arnaqués.

  80. […] L’actualité de la crise : Non-résolus, les problèmes s’empilent, par François Leclerc chez Paul Jorion Wage Deflation in Our Midst chez The Big Picture Billets relatifs:Canada: les ravages de la ruée […]

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  1. Ajouter qu’en termes de « faux-jetons » … me semble-t’il…. ceci devrait frôler un record.. : https://www.lalibre.be/international/europe/2025/07/05/un-couple-neerlandais-implique-dans-79-accidents-comparait-pour-fraude-a-lassurance-ce-sont-les-autres-conducteurs-qui-ne-font-pas-attention-4CR4LQWSHBBMHC77BXUG75NR7Q/ … » Autre élément surprenant :…

  2. La vraie question…à nouveau donc , me semble-t’il , reste : https://www.pauljorion.com/blog/2025/07/05/video-les-faux-jetons-sont-au-pouvoir/comment-page-1/#comment-1078536

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