Billet invité.
NON RESOLUS, LES PROBLEMES S’EMPILENT
Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Les discours sur la crise se chevauchent et deviennent à force contradictoires entre eux, la confusion s’installe en conséquence (dans les esprits, car pour le reste, c’est déjà fait).
D’un côté, les appels à se préparer à lever haut l’étendard de la lutte contre l’inflation se multiplient, les banques centrales interrogées sur les mesures qu’elles envisagent de prendre. Prenant pour argent comptant un autre discours, à propos des « jeunes pousses », ou bien éblouis par une embellie boursière qui s’est pourtant résumée à envol de poules (n’allant pas bien loin). De l’autre, des indices chiffrés de déflation sont enregistrés en Europe, qui demandent à être confirmés le mois prochain, même si l’OCDE les accrédite en baissant encore ses prévisions de croissance pour 2009 et prédit un très faible +0,5%, alors que nous ne sommes qu’à mi-parcours. Induisant l’idée, pour tout observateur parvenant à garder malgré tout son flegme dans cette cacophonie, que c’est donc la stagflation qui nous menace (stagnation + inflation), rien de moins.
En réalité, si les experts se raccrochent à l’idée que cela va être long et difficile, sans s’attarder à préciser pour qui, une inquiétante question est sous-jacente dans tous les esprits, à propos d’une échéance ressentie comme très déterminante. Non pas afin de savoir si une vague scélérate va de nouveau – et quand – déferler et submerger le système financier, car cela serait reconnaître de facto que le temps du bricolage est révolu, et l’on préfère faire l’impasse sur cette hypothèse, bien que les récentes nouvelles en provenance du marché immobilier américain ne soient pas rassurantes de ce point de vue. Mais à propos du délai dans lequel la reprise, tant espérée et annoncée, va effectivement intervenir. Sans trop se poser une troisième question, toute aussi désespérante, d’où proviendra-t-elle ? Se contentant à ce propos d’une réponse implicite, la force de l’habitude aidant, en louchant vers les Etats-Unis. Car on ne parle plus de la Chine, emberlificotée dans ses propres problèmes, que l’on ne comprend pas.
Le calendrier de la reprise, même à minima, est en effet vital à bien des égards. Le compteur de l’accroissement de la dette publique tourne et il faudrait pouvoir l’arrêter. Il a déjà atteint des sommets qui présagent de sérieux serrages de boulons dans les budgets des Etats, ainsi qu’une inévitable augmentation de la pression fiscale, pour de nombreuses années à venir. La commissaire européenne à la concurrence, Neelie Kroes, a annoncé hier mardi la couleur, devant l’association des banques britanniques (BBA) : « il n’y a plus d’argent pour un second sauvetage des banques » (ce qui laisse entendre qu’il pourrait bien se révéler nécessaire). Il faudra si nécessaire restructurer, a-t-elle conclu. Ce qui ne fera qu’accélérer, devons-nous remarquer à notre tour, un processus de concentration bancaire redoutable pour l’avenir, générateur d’aléa moral (moral hazard), c’est à dire renforçant la probabilité que les banques prennent des risques excessifs avec l’assurance de ne pas en supporter les conséquences.
De tous côtés, il faut donc tenir la dette et espérer un calendrier favorable, avec le soutien d’une banque centrale dont le levier monétaire de la baisse des taux est devenu inopérant, à qui les Allemands interdisent par ailleurs de s’engager dans une politique de relance, dont rêvent pourtant à voix haute les « petits » pays de la zone Europe comme l’Autriche, Chypre ou la Slovénie.
Heureusement, la BCE vient d’apporter au système bancaire un nouveau et décisif concours en lui prêtant 442,24 milliards d’euros. Cette somme considérable a visiblement son usage, puisqu’elle résulte de l’addition des demandes de 1.121 banques de la zone euro, toutes satisfaites sans discussion. Mais il est semble-t-il considéré comme Strictement confidentiel. Elle a aussi une fonction non moins importante, bien que toute aussi discrète: transférer au bilan de la BCE, en garantie de ces prêts, des actifs dont on est droit de se poser des questions sur leur qualité. C’est ce qui s’appelle faire d’une pierre deux coups, aider les banques à faire face à leurs fins de mois, alors qu’elles doivent refinancer des prêts pour éviter des situations de défaut, leur permettant également de mettre de côté dans les coffres de la BCE de quoi faire face à de nouveaux coups durs (comme si elles s’y préparaient), et deuxièmement de les débarrasser à la sauvette, comme une vulgaire bad bank, de leurs actifs toxiques, avec à la clé une augmentation plus que notable de la masse monétaire, mais toujours sans dévoiler les dessous de l’opération. C’est ce que l’on appelle un biais. Et aussi une politique systématique du secret.
Faire l’économie, autant que faire se peut, de la création de bad banks, et des coûts correspondants que les Etats devraient supporter en les créant, est donc l’objectif non avoué de la BCE dans cette affaire. Il s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus à long terme visant à permettre aux banques de lentement reconstituer leurs fonds propres, sans avoir à se recapitaliser, ni a fortiori à transformer ses dettes en actions. Deux très simples mécanismes éprouvés auxquels leurs actionnaires refusent de souscrire depuis le début de la crise, avec l’assentiment des autorités. C’est une stratégie à la japonaise qui a été choisie, fort chère et aléatoire, vu qu’elle a déjà démontré qu’elle n’était pas efficace. Le chemin, en tout état de cause, sera très long à parcourir. Pour en donner une idée, Neelie Kroes a souligné, toujours lors de la même conférence londonienne, que la taille du bilan de la Royal Bank of Scotland (RBS), depuis nationalisée à 70%, avait triplé de 2006 à 2008, pour atteindre 2.400 milliards de livres. Plus que le PIB de n’importe quel pays dans le monde entier, exception faite des Etats-Unis, du Japon, de l’Allemagne et de la Chine. Autre image de la bulle financière à l’origine de la crise, les ratios de prêt ont atteint 180% de l’épargne en caisse dans le cas de HBOS (avant fusion avec TBS, pour créer LBG).
Les données mêmes de la BCE, qu’elle vient de rendre publiques, témoignent que, dans le secteur jugé essentiel à la relance économique, celui du crédit, sa politique d’injection massive de liquidité est un total échec. Le système bancaire continue de vivre sous perfusion, c’est d’ailleurs aussi largement le cas aux Etats-Unis, alors que la Fed a décidé de prolonger ses programmes financiers jusqu’à la fin de l’année, et que l’on peut d’ores et déjà penser qu’elle devra renouveler cette première prolongation. Si quelques mégabanques caracolent en tête, aux Etats-Unis et à une moindre échelle en Europe, sans qu’il soit trop fouillé dans leurs comptes, le gros du peloton est désormais constitué de banques zombies et il n’y a pas de raison que cela change prochainement. Le système financier s’installe aussi confortablement qu’il peut dans la crise. Se souciant tout de même un peu de la crise économique, sa créature, car il ne peut en attendre que du mauvais, si le processus de désendettement qui n’a fait que débuter s’amplifie et se précipite trop. Car il reste en première ligne.
Que ce soit en Europe, ou aux Etats-Unis, les banques centrales jouent leur rôle de prêteur en derniers recours, non seulement vis-à-vis du système bancaire, mais aussi des Etats, ce qui est plus inédit et élargit leur mission de base, sans qu’il ait été nécessaire d’en statuer formellement. C’est qu’il n’y a – pas encore – de constitution de l’économie. Aux Etats-Unis, il n’est plus une analyse sérieuse à propos des rendements des T-bonds, les obligations d’Etat proposées aux marchés afin de financer, semaine après semaine, le déficit américain, qui ne fasse référence au rôle majeur que jouent, non seulement la Fed, mais l’ensemble des banques centres, afin de contenir leur montée. Observant que les achats massifs de T-bonds (plus de 65% des volumes) proviennent de ces banques. Ce qui pose la question de savoir jusqu’à quand elles pourront continuer de procéder ainsi. Là aussi, le compteur tourne. Avec à la clé la sanction la plus redoutée de tous, si ces acquisitions devaient être stoppés, la poursuite rapide de la hausse des rendements, et donc l’augmentation plus ou moins supportable du coût de la dette. Ainsi qu’un affaiblissement du dollar, contribuant à son tour à l’accroissement de ces mêmes taux. La Fed, qui consacre un programme de 300 milliards de dollars à ces achats, déjà bien écorné, n’est plus en mesure d’en augmenter le montant, sans prendre le risque d’aboutir à l’effet inverse à celui recherché : la hausse des rendements qu’elle voudrait contenir. C’est ce qui s’appelle une impasse.
La même question se pose déjà avec acuité pour la Grande-Bretagne, qui n’a plus le bénéfice d’une monnaie de réserve. Sans multiplier les chiffres, il est impressionnant d’enregistrer qu’une baisse de –4,3% du PIB y est déjà prévue sur l’année en cours (OCDE), alors qu’elle est ce mois-ci à –4,9% en valeur annuelle (Office national des statistiques), ce qui suppose donc une reprise bien peu vraisemblable avant la fin de l’année, si l’OCDE voit juste. Mais le pire, pour revenir à la dette, c’est qu’il est estimé que la Grande-Bretagne va devoir emprunter 900 milliards de livres dans les 5 prochaines années, et que la Bank of England ne va pouvoir acheter qu’un tiers des gilts (les obligations britanniques, dont la dénomination correspond aux placements de famille des Français). Il faudra donc trouver le solde sur les marchés, alors que tous les Etats vont beaucoup les solliciter. De mars à juin, le rendement des gilts est déjà passé de 2,9 à 3,6%. Inutile de dire, dans ces conditions, que l’avenir de la livre est en question.
On comprend que de nombreux facteurs s’additionnent pour contribuer à la hausse des taux obligataires : la crainte de l’inflation découlant de la politique suivie par les banques centrales, la baisse des achats de ces dernières, le déplacement de l’intérêt des investisseurs vers des actifs plus risqués (à la bourse des valeurs), ainsi que la remontée des prix des matières premières. Non sans de fortes conséquences sur les monnaies, présageant de leur instabilité accrue. Il a été calculé aux Etats-Unis que les détenteurs des T-bonds avaient subit des pertes, si l’on considérait les douze mois venant de s’écouler, vu la dévalorisation enregistrée par le dollar sur cette même période et les rendements de ceux-ci. Cette situation est acceptable pour les investisseurs tant qu’ils sont à la recherche d’un refuge. Qu’en sera-t-il demain ?
Une autre conséquence se pointe à l’horizon, que le rapport de la Cour des comptes française intitulé « Les concours publics aux établissements de crédit » vient d’évoquer au détour d’un petit paragraphe de ses 135 pages (cette crise n’est décidemment pas propice à d’autres lectures). C’est celle d’une nécessaire recapitalisation de la Banque de France, vu la taille de son bilan et la qualité des collatéraux qui y figurent. Ce qui est valable pour la Banque de France l’est en réalité pour toutes les banques centrales, mais s’il y a un sujet tabou, c’est bien celui-ci. En Europe, ce seront aux Etats d’y pourvoir, accroissant d’autant une dette qu’ils cherchent à tout prix à contenir, si cela devait advenir. C’est un vrai jeu de la patate chaude, mais ce sont des centaines et même des milliers de milliards qui sont en cause. Du même ordre de grandeur que les 4.000 milliards d’euros engagés par les gouvernements européens afin de soutenir les banques, tels que les services de Neelie Kroes les ont calculé.
Dans son rôle, la Banque des Règlements Internationaux (BRI), vient de tenter de recadrer dans les grandes lignes les débats et les initiatives, à l’occasion de son assemblée générale annuelle. Jaime Caruana, le directeur général de la banque centrale des banques centrales, a enveloppé son propos mais a été à l’essentiel en estimant en premier lieu que « les hésitations des officiels à rapidement nettoyer les banques, alors que beaucoup d’entre elles sont désormais pour une large part la propriété des gouvernements, pourrait bien retarder la reprise ».
Si les réformes financières sont destinées à préparer l’avenir, il a toutefois considéré vital qu’elles soient sans tarder élaborées, « alors que la patient était toujours en soins intensifs ». Il s’est ainsi fait l’avocat de réformes visant à limiter les échanges financiers entre banques et en faveur de chambres d’enregistrement centrales, aux fins de régulation et, tout aussi classiquement pourrait-on dorénavant dire, de mesures visant à ce que les banques susceptibles de créer des risques pour le système financier créent, pendant les meilleurs périodes, des provisions financières tampon pour faire face aux moments difficiles. Plus original, empruntant à nouveau au vocabulaire médical, il a également recommandé la mise en place d’un dispositif similaire à celui qui supervise les produits pharmaceutiques, évaluant selon une échelle les produits financiers les plus sûrs, que tout le monde pourra acheter, et ceux qui seront considérés comme illégaux. Tout cela ne menant pas très loin, il faut bien le dire.
Il a poursuivi que, « dès qu’apparaîtront les signes incontestables d’une reprise, il faudra mettre fin rapidement à ces mesures (de relance) », car « leurs effets inflationnistes (…) pourraient dès à présent perturber les marchés de la dette souveraine, ce qui pourrait gravement remettre en question l’ampleur des interventions des pouvoirs publics et contraindre ceux-ci à se désengager précipitamment ». Mais seulement une fois le système financier totalement assaini. Selon ses propres termes, cette fois-ci plus audacieux, il faut « forcer le secteur bancaire à encaisser des pertes », dans le cadre de la poursuite de son délestage des actifs toxiques et du rétablissement de ses fonds propres.
Le système financier réparé et la croissance revenue de manière stable, il a enfin été recommandé de réduire les dépenses publiques et de relever les impôts, ainsi que de redimensionner le secteur financier, en évitant toutes les mesures protectionnistes faisant obstacle au développement du commerce international. On revient dans le classique.
Jaime Caruana a du reconnaître, précieuse indication, qu’« une sortie précoce serait hasardeuse », mais qu’il « serait plus hasardeux encore de se désengager trop tardivement et trop lentement ». A vos marques, ne partez pas !
83 réponses à “L’actualité de la crise : Non-résolus, les problèmes s’empilent, par François Leclerc”
Regardez bien ce graphique qui représente le montant des sommes que les banques européennes ont déposées à la BCE :
http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=ECBLDEPO:IND
Le graphique récapitule l’évolution sur les 6 derniers mois.
Cliquez sur l’onglet « 5Y » pour voir l’évolution sur les 5 dernières années. Vous verrez que, lorsqu’une crise financière éclate, les banques européennes paniquent et déposent des sommes gigantesques à l’abri, c’est-à-dire à la BCE.
Aujourd’hui, ça recommence. Les banques européennes voient arriver la deuxième crise financière. Elles paniquent et déposent 252,067 milliards d’euros à la BCE. Au moins, ces 252,067 milliards d’euros sont en lieu sûr.
Nous sommes en train de vivre en ce moment même le début de la deuxième crise financière.
« …..Les problémes s’empilent » , bien sur ,
et ne comptez pas sur ceux qui tiennent les rennes pour trouver des solutions quand leur interet est dans la poursuite
de la crise qu’ils « accompagnent » vraissemblablement depuis longtemps ……
une attitude conséquente de notre part serait de nous organiser autour d’un projet politique visant à reprendre un pouvoir depuis longtemps confisqué abusé que nous sommes dans la croyance en des solutions « technologistes » ,dont la rationalité laisse à penser que nous puissions éviter le conflit.
@François Leclerc :
En somme, si j’ai bien compris, la BCE est actuellement en train d’appliquer un plan Geithner européen, mais en douce, sans supervision ou contrôle aucun ?
Merci pour l’analyse.
Comme vous dites, les banques centrales, émettrices des différentes monnaies fiducaires, deviennent de fait les bad bank du système financier. Tous les détenteurs de ces monnaies fiduciaires seront donc pénalisés par les pertes à venir, voire complètement plumés. Rien de nouveau sous le soleil donc.
la deuxième crise financière sera t’elle la vague scélérate que nous attendons ?
peut être bien… d’autant plus qu’elle arrive sur un paquebot qui a déjà bien du mal à rester à flot…
wait and see
@ Moktarama
Ce ne peut être exclu, effectivement. Mais avec une grande différence: le plan Geithner n’a pas été à ce jour appliqué !
Merci pour votre billet
Conclusion : les banques sont des parasites pour notre économie, ils ne servent plus. Mais bon continuons la mascarade.
« Cette situation est acceptable pour les investisseurs tant qu’ils sont à la recherche d’un refuge. Qu’en sera-t-il demain ? » : prochainement, chute du prix de l’or. Renforcement des réserves. Tout en espérant que la digue tienne.
La méthode Coué des commentateurs économiques et des éditorialistes commence à atteindre ses limites.
Ventes de voitures aux Etats-Unis en juin 2009 : effondrement généralisé.
– Ford : – 10,9 %
– General Motors : – 33,6 %
– Toyota : – 31,9 %
– Chrysler : – 42 %
– Honda : – 29,5 %
– Nissan : – 23,1 %
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=318f15ff0fbd5700915b928bf0e1cec3
Bonsoir,
Je pense qu’on risque de voir la banqueroute d’un grand pays Européen cet été afin de soutenir le Dollar
Au choix : Espagne, Italie France.
Je penche pour la France.
Bonne vacances
si je comprends bien, la monetisation de tous les actifs auxquels est adossée la dette est en cours, pour cela on endette les etats, nous. il faut alors annuler l’ensemble des dettes de tous les acteurs envers les banques !
@ BA
Flippant votre premier graph…
Question d’un neophyte : est-ce que l’on a ce genre de donnée sur une échelle de temps plus longue ?
Par exemple jusqu’à la grande crise ?
Bonjour,
« les banques centrales jouent leur rôle de prêteur en derniers recours, non seulement vis-à-vis du système bancaire, mais aussi des Etats, ce qui est plus inédit et élargit leur mission de base, sans qu’il ait été nécessaire d’en statuer formellement. »
Je croyais justement que l’article 104 du traité de Maastricht interdisait à la BCE de prêter aux Etats… Si ce n’est pas (ou plus) vrai, alors pourquoi se lancer dans un onéreux emprunt auprès des français ?
Et puis, au fond, pourquoi les états ne pourraient-ils pas créer leur propre monnaie, sans devoir s’endetter pendant des générations auprès de banques ou de fonds d’investissement? Pourquoi les états ont renoncé à ce droit, qui après tout me semble élémentaire, et dans l’intérêt des citoyens ? C’est sûr, les actionnaires des banques ou des fonds d’investissement qui vivent des intérêts de leurs prêts ont tout intérêt à ce que cela dure…
Je suis néophyte et je n’ai probablement pas encore une vue d’ensemble assez claire.
Mais j’arrive à comprendre qu’au final, ce sont les états, c’est à dire nous citoyens, qui allons lourdement payer pour les excès et les erreurs d’une minorité.
Sommes-nous vraiment en démocratie ? Je me pose la question, car je n’ai pas l’impression que nos élus défendent corps et âme l’intérêt général, mais plutôt celui d’une minorité…
Outre le caractère révoltant de ce constat, je m’inquiète quand à l’avenir hypothéqué de nos enfants.
Ma fille, qui n’a que quelques mois, a déjà une lourde dette sur elle, sans parler de l’état de la planète que nous allons lui laisser…
Pour les expatries aux USA, il y a des jours ou on a envie de rester au lit:
http://www.ritholtz.com/blog/2009/07/wage-deflation-in-our-midst/
Je prevois quelques troubles dans les grandes villes cet ete.
Par contre, si vous pouvez m’expliquer ceci:
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=asTxu0VPryus
Le dollar remonte? sur quoi, l’encre est devenue une matiere premiere?
La Chine tourne sa veste et joue avec les occidentaux comme avec des pions, les temps ont bien changes.
Laurent Carroué
france-culture « émission du mercredi 17 juin 2009 Crise fiancière et économique / Récession mondiale
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/enjeux_inter/fiche.php?diffusion_id=74634
article
extraits
« La crise mondiale : une ardoise de 55 800 000 000 000 de dollars
…
Une ardoise d’au moins 55.800.000.000.000 $ pour les territoires
En prenant comme base les estimations de la Banque mondiale qui fixe le PIB mondial – c’est à dire la richesse créée en un an par l’économie mondiale – à 54 347 milliards de dollars en 2008, le coût de la crise – tel qu’il est possible de l’estimer en mai 2009 – se monte d’ores et déjà à 103% du PIB mondial. Le coût global de la fantastique destruction de richesses à laquelle nous assistons peut en effet être évalué a minima à 55 800 000 000 000 dollars, soit 55 800 milliards de dollars.
Pour arriver à cette estimation du coût, il convient d’abord de prendre en compte l’effondrement de la valeur du capital financier qui correspond à une destruction de capital équivalente à un grand conflit mondial. Trois facteurs jouent un rôle central.
* Premièrement, l’effondrement de la capitalisation boursière mondiale entre le pic de 2007 et son niveau du printemps 2009. Elle se monte à – 31 463 milliards $, soit 58% PIB mondial.
* Deuxièmement, on doit y ajouter l’effondrement de la valeur des marchés immobiliers (États-Unis : – 4 300 milliards $). Mais les données sur l’effondrement des prix en Europe occidentale, au Japon et dans les pays émergents étant indisponibles de manière synthétique, elles ne sont pas ici prises en compte, ce phénomène majeur étant donc largement sous-estimé.
* Ceci doit être enfin complété, troisièmement, par les pertes et dépréciations d’actifs des entreprises financières du monde. Elles sont évaluées en avril 2009 à 4 054 milliards de dollars par le FMI dans son rapport sur la stabilité financière mondiale, dont 2 712 milliards aux États-Unis, 1 193 milliards en Europe occidentale et 149 milliards au Japon. Mais de nombreuses bombes à retardement demeurent dans les économies développées : on estime à 3 ou 4 000 milliards de dollars les actifs financiers pourris, créances douteuses ou titres invendables qui demeurent encore pour l’instant dans les actifs des banques et assurances. Ainsi, le Plan Geithner, du nom du Secrétaire au Trésor de Barack Obama, lancé le 23 mars 2009 prévoit un partenariat public/ privé (PPP) devant permettre le rachat de 1 000 milliards de dollars d’actifs douteux, financé à hauteur de 465 milliards de dollars par des fonds publics (93%) et seulement 35 milliards par des fonds privés qui vont pourtant tirer l’essentiel des avantages potentiels alors que l’essentiel des risques est pris en charge par l’État fédéral. La situation demeure d’autant plus délétère que, par exemple, l’assouplissement des normes comptables prises le 2 avril 2009 sous la pression de Washington et de Wall Street par le Federal Accounting Standards Board – dénoncées comme un grave recul par Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie 2001, ou Nouriel Roubini – et de nombreuses manipulations comptables sèment encore le doute sur la réalité de l’assainissement du système financier alors que les banques déploient systématiquement une stratégie de minimisation des pertes et de gonflement artificiel de la valeur de leurs actifs. Pour retrouver les ratios de solvabilité du milieu des années 1990, les institutions financières devraient encore lever 1 700 milliards de dollars d’ici 2010/2011 pour se recapitaliser. Ces estimations sont d’ailleurs l’objet de batailles politiques acharnées. Alors que lors du Sommet du G7 de Washington les 25 et 26 avril 2009, les Ministres des finances et les gouverneurs des Banques centrales européennes protestent contre les évaluations jugées trop pessimistes du FMI, un rapport secret du BaFin allemand était rendu public le même week-end évaluant les actifs toxiques des seules banques allemandes… à 816 milliards d’euros, au grand dam du gouvernement de Berlin. Lors des tests de solidité des 19 plus grandes banques américaines menées par la Réserve fédérale et le Trésor des États-Unis et publiés début mai 2009, les dix principales banques américaines doivent se recapitaliser en urgence de 75 milliards de dollars – un montant largement revu à la baisse sous la pression de Wall Street, Bank of America passant ainsi d’un besoin vital de 50 à seulement 34 milliards de dollars, Citigroup de 35 à 5,5 … – alors que selon les scénarios économiques proposés le total des pertes sur crédit pourrait atteindre entre 600 et 950 milliards de dollars entre la mi 2007 et 2010.
Ce premier volet doit être bien sûr complété, afin de disposer d’une vision de synthèse du coût total, par la prise en compte des nombreux plans gouvernementaux qui multiplient les injections de capital, les aides financières, les garanties publiques, les plans de relance ou de soutien à la consommation qui sont eux mêmes évalués à 3 000 milliards de dollars, soit 5,3% PIB mondial. Le FMI a estimé l’ensemble des interventions publiques en avril 2009 à 16 634 milliards de dollars… pour les seuls pays du G20, les vingt premières puissances économiques mondiales. On peut y rajouter les 1 100 milliards de dollars d’investissements publics décidés lors du Sommet de Londres du G20, dont 750 milliards pour le FMI, 100 pour la Banque mondiale et 250 pour les aides et soutiens aux exportations.
Ces estimations – sérieuses et concordantes – ne prennent pas non plus en compte les pertes économiques, directes et indirectes, qui affectent les économies mondiales ; elles sont donc très largement sous-estimées. Un recul de 4% du PIB mondial en 2009/ 2010 représente par exemple environ 2 200 milliards de dollars.
Pour comprendre l’ampleur et les racines d’un tel cataclysme et réfléchir aux possibles sorties de crise, il convient de bien saisir le processus historique auquel nous assistons : l’effondrement du nouveau régime d’accumulation financière.
L’effondrement du nouveau régime d’accumulation financière
…
Dans ce nouveau régime d’accumulation, on assiste au basculement des articulations entre sphères productives, péri-productives et de reproduction sociale. Alors que jusqu’ici les activités financières participaient fondamentalement au financement des activités économiques, on assiste à une totale inversion fonctionnelle : les activités économiques vont durablement être mobilisées afin de financer le déploiement croissant des activités financières, jusqu’à l’hypertrophie des années 2000 puis l’overdose actuelle. En effet, tel le coucou faisant son nid, le capitalisme financier – banques, assurances, fonds de pension ou fonds spéculatifs – se retrouve en position nodale dans une large partie des économies et sociétés contemporaines. Accaparant une part croissante des richesses créées, il impose ses normes d’organisation, ses critères de gestion et ses exigences de rentabilité maximale et à court terme.
Cette nouvelle économie-casino rentière, spéculative et de plus en plus instable, se construit sur une explosion des inégalités sociales, économiques et territoriales, et ce à toutes les échelles. Elle se traduit par le détricotage systématique des protections sociales, présentées comme archaïques ou obsolètes, par la mise en concurrence des salariats à des échelles spatiales et démographiques historiquement inconnues jusqu’ici et par le blocage des revenus réels salariaux. En retour, le système financier va de plus en plus inciter les couches moyennes des pays développés ou émergents à orienter leurs épargnes vers les produits financiers (cf. plans d’épargne en actions…) et à boursicoter ; alors que les couches salariées inférieures vont être incitées à se surendetter pour accéder à la propriété individuelle ou maintenir leur niveau de consommation (cf. montée du surendettement aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France).
Entre 1971 et 2008, la finance mondiale a pourtant connu 24 crises, en moyenne une tous les dix huit mois. Mais aucune nouvelle mesure de régulation minimale ne sera prise par les différentes autorités. Jusqu’en 2008/2009, les rares observateurs s’inquiétant d’une possible crise systémique passent pour des zozos. Cette coupable cécité s’explique à la fois par des raisons idéologiques et politiques et surtout par l’énormité des intérêts en jeu.
En effet, le drainage croissant des richesses créées par les territoires et sociétés du monde va se traduire par une immense dilatation du stock de capital et une explosion des flux financiers. La Banque des règlements internationaux de Bâle (BRI) évalue en 2005 ce stock à 242 765 milliards de dollars, soit 5,5 fois le PIB mondial. Avec le recul, les chiffres eux-mêmes donnent le tournis comme l’indique la dynamique des différents compartiments constituant le système financier entre 1990 et 2007. La capitalisation boursière mondiale est multipliée par 6,8 pour atteindre 60 874 milliards de dollars, soit 174% du PIB mondial. Le marché des devises/ monnaies explose pour s’élever à 34 855 milliards de dollars. Le marché obligataire (dettes) mondial est multiplié par 4,7 pour atteindre 15 155,8 milliards de dollars alors que le marché des matières premières est de plus en plus un champ de spéculation. On voit aussi apparaître des innovations de plus en plus sophistiquées de produits financiers complexes, car titrisés, comme les produits dérivés ultra-spéculatifs. En juin 2008, la BRI y estime le capital mobilisé à 20 353 milliards de dollars, soit 37,5% du PIB mondial, et les encours couverts par ces opérations à 683 725 milliards de dollars, soit onze fois le PIB mondial. On estime qu’en 2007, les produits alternatifs titrisés à haut risque représentaient l’équivalent de 14 000 milliards de dollars. On comprend mieux à ces chiffres la totale paralysie qui touche les marchés interbancaires et du crédit à partir de la mi-septembre 2008. Dans ces véritables « trous noirs » de la finance mondiale, les seuls CDS (Credit Default Swaps) sont évalués à 62 000 milliards de dollars, soit 4,5 fois le PIB des États-Unis. Si on quitte la BRI pour le FMI, celui-ci estime le stock de capital des principaux marchés financiers en avril 2009 à sept fois le PIB mondial.
Au total, on peut estimer que ce nouveau régime d’accumulation financière mobilise au profit quasi-unique des acteurs du système financier une richesse équivalente à sept à neuf fois le PIB mondial. C’est l’ensemble de ce dispositif qui entre en crise systémique et s’effondre sous nos yeux comme un château de cartes à partir de ses deux centres de gravité, les États-Unis et le Royaume-Uni.
Les grands pays développés frappés de plein fouet par la plus grave récession
depuis 1945
Il n’est donc pas étonnant dans ces conditions que cette énorme destruction de richesses se traduise par un véritable collapsus économique, social et territorial. Le monde est en effet confronté à sa plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale.
La grande nouveauté réside cependant dans deux phénomènes. Premièrement, elle touche l’ensemble des économies mondiales – développées, émergentes et périphériques – du fait de la densité croissante des interdépendances tissées par la mondialisation depuis plusieurs décennies : ces six derniers mois, le commerce mondial s’effondre de 41% alors que la valeur des exportations étaient passée de 7 à 27% du PIB mondial entre 1960 et 2008. Deuxièmement, et contrairement à la crise de 1929, l’intervention publique est massive et relativement coordonnée, du moins entre les grandes puissances dominantes, empêchant ainsi un total effondrement du système financier et économique mondial à partir du second semestre 2008.
Les territoires et sociétés des pays développés basculent dans la tourmente comme l’illustrent la destruction en un an de 6 millions d’emplois aux États-Unis (- 706 000 en février 2009, – 663 000 en mars 2009), l’explosion du chômage en Europe (Espagne : 4 millions, soit 17,5% de la population active en avril 2009, France : 2,5 millions), l’effondrement de la production industrielle et des exportations et la multiplication des fermetures d’usines et plans de licenciements. À elle seule, la disparition des Big Three, les trois grands constructeurs automobiles nord-américains dont deux sont en faillite, menace plus de trois millions d’emplois aux États-Unis. Le 5 mai 2009, la Commission de Bruxelles s’attend à un chômage de 11,5% en 2010 dans la zone Euro, du jamais vu depuis 1945, et à la destruction de 8,5 millions d’emplois dans l’UE à 27 en 2009/2010.
Dans de nombreux pays, la crise sert de révélateur aux folies spéculatives immobilières ou financières des deux dernières décennies (Islande, Espagne, Irlande, Royaume-Uni, pays baltes, Europe de l’est…). Sans que grand monde y prenne garde, la dette de l’Europe centrale et orientale est aujourd’hui supérieure de 40% à celle de l’Amérique latine et constitue actuellement une vraie bombe à retardement au flanc de l’Europe. Les modèles sociaux et économiques ultra-financiarisés – tant vantés médiatiquement et vendus politiquement en France ces dernières années au nom de la modernité (privatisation des services publics, abandon d’une sécurité sociale basée sur une solidarité intergénérationnelle au profit des fonds de pension et de la financiarisation…) – s’effondrent.
En un an en glissement annuel et à la date de mars 2009, la production manufac
de 38,5% au Japon, de 18% en Espagne, de 14% en France et en Allemagne, de 12% aux États-Unis. Les mises en chantier de maisons nouvelles s’effondrent de 50 à 60% en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis, frappant de plein fouet le secteur des bâtiments-travaux publics. En un an, une centaine de plans sociaux annoncent la suppression de plus de 40 000 emplois en France, en particulier de la part de firmes transnationales étrangères qui redéploient massivement à l’échelle internationale leur appareil productif en accélérant les délocalisations des productions vers les pays à bas salaires. Alors que la consommation des ménages baisse sensiblement du fait de la hausse du chômage ou des incertitudes sur l’avenir qui pousse à la reconstitution d’une épargne de précaution, les investissements productifs des entreprises reculent de 22% en Allemagne ou de 12% au Japon et aux États-Unis. La baisse de la consommation et des investissements se traduit mécaniquement dans l’effondrement des exportations (Japon : – 46%, R Uni, France et États-Unis : – 22%, Allemagne : – 20%). Les pays dans lesquels la contribution du commerce extérieur aux économies est la plus forte sont les premiers frappés (Allemagne, Pays Bas, Japon, Corée du Sud…).
Des pans entiers des sociétés sont menacés avec, par exemple, les très graves difficultés des fonds de pension qui assurent l’essentiel des systèmes de retraite en Australie, au Canada, en Islande, au Pays Bas ou en Suisse. Leurs pertes aux États-Unis sont équivalentes à 22% du PNB et au Royaume Uni à 31%. Sur 25 000 milliards d’actifs financiers en 2008, l’OCDE estimait que ceux-ci avaient perdus rien que pour l’année 2008 environ 5 000 milliards de dollars. Fin avril 2009, une étude de la Société générale estimait que les 350 plus grandes firmes d’Europe occidentale devraient augmenter leurs provisions de 700 milliards d’euros pour l’année 2009 afin de faire face à leurs engagements.
L’impact sociétal est considérable comme le montrent les États-Unis. Selon le Bureau of Labor Statistics, on y assiste en effet au dernier trimestre 2008 à une profonde rupture qualitative du marché du travail. Le solde de 1,615 million d’emplois perdus durant cette seule période par rapport à 2007 masque en effet un double phénomène. Les salariés entre 25 et 44 ans, forces vives de la nation, se retrouvent au cœur de la tourmente puisqu’ils représentent 61% des 2,45 millions d’emplois perdus. A l’inverse, 925 000 travailleurs âgés se retrouvent dans l’obligation de retravailler à nouveau du fait, en particulier, de l’effondrement de leurs systèmes de retraites : ils sont 559 000 entre 55 et 64 ans, 191 000 entre 65 et 69 ans et 104 000 de plus de … 75 ans.
Les Suds face aux rejeux de liens d’interdépendance asymétriques
Si les grands pays développés – puissances dominantes de ce troisième stade de la mondialisation – sont les premiers touchés, les Suds doivent faire face à un brutal choc tellurique qui se propage à une rapidité exceptionnelle vers les périphéries. Selon le Bureau International du Travail, 180 millions de travailleurs basculent dans la pauvreté en 2009, soit un retour de dix ans en arrière. Le FMI doit à nouveau intervenir face à l’effondrement de nombreux pays européens périphériques (Islande, Hongrie, Lettonie, Roumanie, Pologne), d’Europe de l’Est en transition (Ukraine, Biélorussie, Serbie) ou pays en développement (Géorgie, Arménie, Pakistan, Salvador, Seychelles, Sri Lanka, Zambie, Kenya, Mongolie, Mexique…). Quatre vecteurs jouent un rôle majeur dans la propagation de la crise dans les Suds :
* L’internationalisation des systèmes productifs agricoles, miniers et manufacturiers dans le cadre de la division internationale du travail se traduit par un effondrement des achats et commandes des grandes économies du nord. Des dizaines de millions d’emplois sont menacés dans l’électronique, l’automobile, le textile en Asie, tout particulièrement dans les NPI et en Chine, où 30 millions de mingongs perdent leurs emplois dans les provinces littorales, dans les industries maquila d’Amérique centrale ou dans la bordure du bassin méditerranéen (cf. Turquie).
* L’effondrement de 30 à 50% du prix des matières premières déstabilise les grands pays rentiers exportateurs comme la Russie ou les pays du Golfe et de l’Opep. Selon le FMI, l’effondrement du prix des matières premières se traduit en 2009/2010 par un recul de 20% du PNB au Tchad, de 15% en République du Congo et de 14% au Nigéria.
* Les transferts financiers des travailleurs migrants, souvent les premiers touchés par le chômage dans les grands pays développés, vont reculer selon le FMI de 36% en Afrique, 30% en Amérique latine et 25% en Asie.
* Enfin, on assiste aussi à la fois à la forte rétraction des flux de capitaux financiers plus ou moins spéculatifs placés dans les pays du Sud, aspirés par les énormes besoins des maisons-mères du Nord, et des investissements productifs (IDE) qui devraient être divisés par cinq en deux ans. Les rapatriements des capitaux des pays émergents, en particulier vers les bons du Trésor US, sont de 200 à 300 millions de dollars par mois.
Montée de la dette et énorme socialisation des pertes : le contribuable paiera
Les énormes pertes des banques – sur leurs actifs financiers puis sur les crédits aux ménages et aux entreprises (mauvaises dettes, actifs toxiques) – ont été largement reprises soit par les États, soit par les Banques centrales au prix d’une explosion de leur endettement et de la base monétaire qui augmente, par exemple, de 85% aux États-Unis en un an. Les recapitalisations des banques par les États mobilisent 350 milliards de dollars aux États-Unis, 125 milliards d’euros dans la zone Euro et 37 milliards de livres au Royaume-Uni alors que les garanties publiques se montent à 4 361 milliards de dollars, dont 32 % aux Etats-Unis, 57,5 % dans la zone Euro : 57,5% et 10,5 % au Royaume Uni.
Ce processus se traduit par un gigantesque transfert des coûts directs et indirects de la crise et surtout des risques à court et moyen terme des acteurs privés aux puissances publiques et donc aux contribuables sans pour autant qu’un véritable débat public ne se soit véritablement engagé dans la majorité des pays concernés. Ce déficit démocratique est d’autant plus inquiétant qu’au total ce sont bien les citoyens et les contribuables qui devront payer l’addition d’ici cinq à dix ans. Devant la longue atonie de l’économie mondiale, les seules solutions à partir de 2011 ou 2012 vont être soit de réduire fortement les dépenses publiques et/ou d’augmenter fortement la pression fiscale présentée aux contribuables, salariés et épargnants.
Alors que la BCE a vu son bilan tripler en 2008, la FED américaine voit son bilan monter de 940 à 2 190 milliards de dollars entre le début de la crise et mai 2009. Il pourrait dépasser dans les mois qui viennent les 4 000 milliards de dollars du fait des dernières annonces comme l’acquisition de 2 500 milliards de dollars de créances titrisées financées par émission monétaire ou le rachat de 300 milliards de dollars de titres du Trésor afin de faire baisser les taux d’intérêt pour prévenir toute tendance déflationniste. L’objectif de ces opérations est quadruple : refinancer les banques et plus directement l’ensemble de l’économie, éviter un risque systémique en sauvant les institutions les plus fragiles, réduire les primes de risques sur les marchés de crédits afin de tenter de relancer l’économie, multiplier les accords d’échanges monétaires avec les banques centrales étrangères afin de répondre à la demande mondiale en dollars. Alors que depuis deux mois, on assiste aux rachats de dettes publiques par les Banques centrales (Bank of England, Bank of Japan, FED, bientôt BCE), la menace de pertes de confiance dans de nombreuses monnaies déboucherait sur l’effondrement de celles-ci.
En parallèle à l’action des Banques centrales, dont certaines doivent être largement recapitalisées par leurs États respectifs (cf. États-Unis), les États sont en train d’émettre de nouvelles montagnes de dettes alors que s’effondrent leurs rentrées fiscales (Allemagne : – 48 milliards d’euros en 2009 par rapport aux prévisions budgétaires de 2008). Alors que le Trésor américain doit ainsi émettre pour 8 000 milliards de dettes en 2009, la dette extérieure des États-Unis pourrait passer de 17 500 milliards de dollars, soit 120% du PIB en 2009, à 23 000 milliards de dollars en 2015 (+ 31,5%), rendant la 1er puissance mondiale de plus en plus dépendante de sa capacité à drainer l’épargne mondiale. Ce contexte budgétaire extrêmement difficile explique que si le budget militaire des États-Unis augmente encore de + 4% en 2010 pour atteindre les 534 milliards de dollars – auxquels s’ajoutent 130 milliards pour les interventions extérieures (guerre en Irak et Afghanistan), le Pentagone est contraint de tailler dans de nombreux programmes d’armement (avions de combats F 22, avions de transport C 17, missiles, hélicoptères, satellites de communication…). De même, sous la pression de la montée du chômage et la révolte croissante des citoyens américains, Barack Obama souhaite faire passer une réforme fiscale favorisant la création d’emplois aux États-Unis et stoppant l’évasion fiscale des firmes transnationales états-uniennes : via leurs filiales à l’étranger, en particulier dans les paradis fiscaux, ces dernières n’auraient payé en 2004 que 16 milliards de dollars d’impôts sur 700 milliards de dollars de bénéfices mondiaux, soit un taux d’imposition de 2,3% contre 35% normalement sur le territoires des États-Unis. Dans la zone Euro, la dette publique atteint les 80% du PIB. Lançant un « budget de guerre contre la récession », Londres – qui doit faire face au plongeon des recettes fiscales et à l’envolée des dépenses de soutien – voit exploser son déficit budgétaire (2009/2010 : -12,4% PIB, soit 197 milliards d’euros, et -12 % du PIB en 2010/2011 selon les prévisions officielles) alors que son endettement doit passer de 36,5 à 79% du PIB entre 2008 et 2014.
Echelles nationales et coopérations internationales face aux enjeux de puissance
Le premier enseignement géopolitique fondamental de la crise réside dans la réhabilitation à la fois de l’État et de la puissance publique d’un côté, et de l’échelle nationale de l’autre, invalidant en retour tous ceux qui spéculaient depuis des années sur la disparition ou l’impuissance du politique et la dissolution des États nations dans la mondialisation. On doit pourtant s’interroger sur le processus de « dépolitisation » de cette intervention publique massive à un point tel que l’on assiste plus à des « étatisations » de banques et qu’à leur « nationalisation ». En effet, les contreparties exigées par les pouvoirs publics sont souvent minimes ou inexistantes, et aucune réelle rupture d’avec le modèle financiarisé et spéculatif n’est avancée. Un chantier pourtant essentiel pour reconstruire sur des bases nouvelles.
Le second enseignement tient dans le fait que les nouveaux liens d’interdépendance tissés entre les économies mondiales sont d’une telle densité qu’aucun État, aussi puissant soit-il comme les États-Unis, ne peut seul faire face à la crise.
Troisièmement, face à l’effondrement des systèmes financiers états-unien et britannique puis aux graves difficultés des grands pays développés, ces grandes puissances doivent aujourd’hui tenir compte du rééquilibrage géopolitique, géostratégique et géoéconomique des rapports de forces mondiaux en train de s’opérer en s’ouvrant davantage aux grands pays émergents. Comme le symbolise la tenue du Sommet du G20 à Londres ou les intenses débats actuels (droit de vote, stratégies…) sur la réorganisation de la gouvernance du FMI, la multipolarité du monde est aujourd’hui actée par les grands pays développés, bien que souvent encore avec réticence et à reculons dès que l’on parle de choses sérieuses, c’est à dire du réel partage du pouvoir de pilotage des affaires du monde.
…..
En conclusion, les pouvoirs et opinions publics – aux échelles nationales, continentales et mondiale – sont confrontés aujourd’hui à deux questions essentielles, étroitement articulées. Quelles sont la nature réelle, la profondeur et la durabilité probable de la crise ? Quels sont les mesures à prendre et les moyens à mobiliser pour en sortir ? Comme on peut le constater tous les jours, le diagnostic et les remèdes sont l’objet de gigantesques enjeux d’ordre géopolitique, sociétaux et territoriaux.
Dans tous les cas, on assiste au plan intellectuel à deux phénomènes essentiels concernant la mondialisation. Le premier réside dans la disqualification d’une approche purement économisciste de celle-ci, la mise en modèle du monde et de ses économies débouchant sur une totale cécité face à un phénomène d’une ampleur historique séculaire largement inédite. Le second se traduit par l’effondrement des conceptions éthérées, dépolitisées et déterritorialisées de la mondialisation qui avaient été très largement diffusées ces dernières décennies. Ces perspectives ouvrent à la géographie et à la géopolitique de nouveaux champs d’investigation dans le cadre d’une démarche pluridisciplinaire visant à comprendre et à peser sur la marche du monde.
Et après il est dit que c’est seulement les gens de l’Etat qui sont les causes de tous.
Beaucoup de choses très claires sont dites dans cet article…
Pendant ce temps … les choses vont leur train.
M. Jorion nous donnait la situation de l’immobilier le 27 avril 2009 ici : http://www.pauljorion.com/blog/?p=2944
Voilà le même graphique actualisé : http://www.doctorhousingbubble.com/wp-content/uploads/2009/06/nod-and-defaults-ca1.png
A recouper avec : http://www.doctorhousingbubble.com/wp-content/uploads/2009/06/businessweekoptionarm1.jpg
nous en sommes à la flèche bleu…
Voir l’ensemble de l’article :
http://www.doctorhousingbubble.com/alt-a-and-option-arm-economic-disaster-update-california-solution-workout-3430-alt-a-loans-in-march-good-job-all-we-have-is-an-additional-643000-alt-a-loans-in-the-state-at-this-rate-it-wi/
Il semble que les banques européennes cherchent à se protéger en déposant à la BCE une grande partie de l’argent qu’elle vient de leur prêter (50% environ) : http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=ECBLDEPO:IND
Cliquer sur 1Y, 3Y et 5Y sur la barre horizontale au dessus.
Bonne journée.
@ FL
« Sans trop se poser une troisième question, toute aussi désespérante, d’où proviendra-t-elle ? »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vague_sc%C3%A9l%C3%A9rate
« Les affaires sont les affaires. » Théodore Barrière
@ Titus
Je visais en premier lieu la Fed et la BoE. Mais la BCE pourrait être considérée comme finançant indirectement les Etats de la zone euro, en les soulageant de la nécessité de créer des bad banks.
je découvre votre site et je trouve une mine d’information et surtout une confirmation de ma position politique.
Au détour de votre article, vous avez donné la réponse que tout le monde se pose : mais pourquoi cela se passe-t-il comme ça ( à savoir la nationalisation des pertes abyssales )
Je vous cite : » permettre aux banques de lentement reconstituer leurs fonds propres, sans avoir à se recapitaliser, ni a fortiori à transformer ses dettes en actions. Deux très simples mécanismes éprouvés auxquels leurs actionnaires refusent de souscrire depuis le début de la crise, avec l’assentiment des autorités »
tout est dit : pour l’instant les autorités essaient de sauver la mise des actionnaires.
tout le reste n’est que gesticulation pour détourner le regard du chaland.
Et entre nous, nous assitons à la faillite de la mathématisation de l’économie et de la finance : la création de richesse ne provient , in fine , que du travail des humains : l’argent n’a jamais fait tout seul de l’argent et le retour les pieds sur terre est arrivé ; enfin je l’espère.
il ne nous reste plus qu’à construire concretement un autre monde .
@ Beaufou
Le marché des devises recèle au quotidien d’incontestables vertus hypnotiques ! Toutefois, la tendance longue du dollar est bien à la baisse. Le fixing est un jeu qui se joue à plusieurs…
Merci Francois et merci Cecile, @jeremie non je ne suis pas d’accord avec vous :j’ai dirige une Pme pendant 15 ans et l’etat Francais me demandait des comptes a tous bout de champs , comme le commun des mortels, particulier compris, rien a redire le cadre legal d’une societe solidaire; Mais quand je vois l’hydre que nos diverses institutions ont laissees se developper sous couvert de croissance c’est scandaleux .Le monde de la production est tres vite confronte au temps et a l’espace donc tres rapidement les resultats sont visibles ,le monde des services l’est egalement mais a une autre echelle ,celle ci est arrive a echeance !
Amities a tous
Lecteur régulier de ce blog, je viens également de finir la lecture du dernier ouvrage de F.Lordon « La crise de trop ».
Je ne sais pas si ces lectures provoquent un embrigadement involontaire, mais j’ai maintenant du mal à retenir des pulsions de VIOLENCE à l’encontre des responsables de la crise actuelle :
– les financiers & actionnaires dont l’avidité est à l’évidence sans limite, et les scrupules inversement proportionnels
– les politiques de tous horizons qui ont méticuleusement mis en place les règles du jeu auquel les premiers s’adonnent, qui plus est sans vergogne (mais pourquoi leur en tenir rigueur d’ailleurs…)
Je pense qu’il est temps de signifier à ces minorités que la coupe est pleine et qu’ils prennent un risque SOCIAL énorme à ne pas remettre en cause sérieusement ce système. Je crois qu’ils ne saisissent pas la VIOLENCE verbale de leurs discours et de leurs actes, et qu’ils ne comprennent pas que cela va générer une VIOLENCE en retour, mais physique celle-là. Ils feindront alors la surprise et la désapprobation, mais ce sera hors sujet et trop tard.
Évidemment la tâche est immense pour corriger les erreurs du passé, mais je ne vois pas l’amorce d’un embryon d’acte qui aille dans le bon sens.
Personnellement je pense que la démocratie livre son dernier soupir, et nous devons prendre nos responsabilités pour qu’elle ne devienne pas qu’un lointain souvenir.
@ Cécile
Très impressionnant, ce panorama de Laurent Carroué. J’en partage l’essentiel des considérations.
Mais je voudrais faire remarquer qu’employer les termes de « destruction de la richesse » pour évoquer le dégonflement de l’énorme bulle financière de l’ »économie casino-rentière » qu’il s’applique à décrire, c’est utiliser une conception de la richesse qui est précisément celle qu’il entend combattre. Le pendant de la « création de la valeur » dont se revendiquent les idéologues du capitalisme financier et dont on sait la fatuité conceptuelle.
Sans doute, ce qui est le plus impressionnant dans cette crise, ce ne ne sont ni ses aspects financiers, ni ses conséquences économiques et sociales. Encore que. Mais bien la puissance de l’idéologie en question, pour être autant intériorisée dans les consciences et si peu démontée, alors que tout s’y prête.
On reparle du rôle des intellectuels dans nos sociétés, il y va incontestablement de leur responsabilité, mais il est triste de constater qu’ils n’envisagent pas vraiment de l’exercer, sauf marginalement.
Ceci n’est bien évidemment pas une pierre dans le jardin de Laurent Carroué.
Crystal écrit : » est-ce que l’on a ce genre de donnée sur une échelle de temps plus longue ?
Par exemple jusqu’à la grande crise ? »
Non. Ce graphique montre les sommes déposées par les banques européennes à la BCE. Nous ne disposons donc pas de données remontant avant la création de la BCE.
http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=ECBLDEPO:IND
Est-ce que quelqu’un sur ce blog peut donner son interprétation de ce graphique ?
Je recopie l’interprétation que m’inspire ce graphique TRES INQUIETANT.
Le graphique récapitule l’évolution sur les 6 derniers mois.
Cliquez sur l’onglet « 5Y » pour voir l’évolution sur les 5 dernières années. Vous verrez que, lorsqu’une crise financière éclate, les banques européennes paniquent et déposent des sommes gigantesques à l’abri, c’est-à-dire à la BCE.
Aujourd’hui, ça recommence. Les banques européennes voient arriver la deuxième crise financière. Elles paniquent et déposent 252,067 milliards d’euros à la BCE. Au moins, ces 252,067 milliards d’euros sont en lieu sûr.
Nous sommes en train de vivre en ce moment même le début de la deuxième crise financière.
Est-ce que quelqu’un a une autre interprétation ?
@ Beaufou
En prélude du prochain G8 à L’Aquila (Italie), du 8 au 10 juillet, He Yafei, un vice-ministre des Affaires étrangères, vient de déclarer à Pékin: « Nous espérons qu’à l’avenir le système monétaire international sera diversifié » et que « si la question est soulevée par les dirigeants au cours de la rencontre, cela n’aura rien d’étonnant. C’est naturel ».
Voilà ce qui a pu susciter le hoquet du dollar !
Le ton neutre, et même badin, du ministre pourrait être interprété comme signe que les vrais discussion sont en passe de s’engager. Mais qu’il y a du temps devant nous, ce que les dirigeants chinois ont toujours dit.
Si j’ai bien retenu l’intervention de Paul Jorion à la radio, les immenses sommes en jeu sont en partie « notionelles ». C’est la cas de la (sur)valorisation des actifs boursiers par exemple. Le problème est que cette richesse artificielle a induit des comportements (des dépenses réelles), qui ont engendré de vraies pertes.
Ce serait intéressant de connaître le montant de ces vrais pertes ; entre autre et par exemple, indépendamment de toute manipulation, les actifs pourris ont t’il une valeur résiduelle que l’on pourrait évaluer au moins statistiquement (par exemple vis à vis de taux de défaut prévisibles …et stables …) ? Les évaluations du FMI, de l’OCDE, de la BoE sont elles des références ? Ces évaluations prennent-elles en compte la dévaluation des moyens de production en surcapacité ?
Je serais très intéressé par une réponse « informée » à la question de BA. Est-ce qu’une autre raison que « l’imminence d’un krach de la valeur des certains actifs » peut expliquer ces données? Et qu’est qui est effectivement déposé, quel type d’actif précisément?
@François78
In fine, j’ai l’impression que les « vraies » pertes ne se mesurent pas en € mais en taux de chômage, taux de suicide, taux de mortalité, dégradation de l’environnement, dégradation des institution, dégradation de la santé publique, affaiblissement du tissu social, diminution des possibilités de vie offertes, en comparaison à une situation « normale ». C’est difficile d’exprimer cela en euro: voir tous les débats sur des mesures alternatives au PIB. Je ne dis pas que c’est impossible, mais on a pas de bonne « mesure » à l’heure actuelle, je crois.
@ Mathieu
Les pertes sont une mesure négative de la richesse. On revient nécessairement à la question de sa mesure.
@F. Leclerc
Entièrement d’accord. Mais quand un bâtiment est détruit, si vous comptabilisez sa perte à sa valeur « de marché » alors que vous êtes au sommet d’une bulle immobilière, on pourrait je pense argumenter que ce prix de marché n’est pas une « bonne mesure ». De même si vous possédez une machine que vous croyez pouvoir réaliser des merveilles, sa destruction sera une énorme perte de richesse. Mais s’il se révèle plus tard que cette machine ne fonctionnait pas, quid? Il est bien difficile de mesurer, comme le demande François78, la perte de richesse « réelle » = « comme si la bulle immobilio-financière » n’avait pas existé (si c’est ça que l’on veut faire).
Et c’est encore plus difficile avec des choses plus immatérielles que je listais, alors qu’elles participent au moins autant à la « richesse nationale » (par exemple la disponibilité de médecins équipés, qualifiés et pas surmenés près de chez vous ou l’augmentation de la criminalité).
Mais je n’ai pas dit que j’avais une bonne solution.