L’actualité de la crise : Un crime presque parfait, par François Leclerc

Billet invité.

UN CRIME PRESQUE PARFAIT

A la faveur de quelle étrange évolution le business peut-il devenir vert, après avoir tant détruit, et bénéficier soudain du label « green business » ? Ce n’est pas compliqué : en constatant que, après avoir suffisamment détérioré l’environnement, il devenait impératif d’y remédier, en confiant au fautif la charge de réparer les dégâts commis. Mais à ses conditions, naturellement, c’est-à-dire moyennant rémunération. En rétribuant le pollueur, en application d’un principe étonnant, bien entendu adopté au nom de l’efficacité (une fois encore et en attendant le résultat).

Plus généralement considéré, l’environnement, jusque-là bien public (sous ses versions gratuite ou parfois payante), acquiert de plus en plus une valeur marchande considérable. Il peut donc faire l’objet d’une appropriation, devenir plus systématiquement objet de propriété. La rareté produisant la valeur, il faut alors le stocker (ou le rendre inaccessible au nom de sa protection, ce qui revient au même), la spéculation peut alors s’engager. On a déjà vu le film.

Dans le cas du marché du crédit carbone, la perfection est cette fois-ci atteinte. Le système financier, qui a un peu tâtonné ces dernières décennies dans différents domaines, dont l’immobilier, non sans dégâts et une grosse frayeur, pas encore totalement résorbée, pense avoir désormais trouvé son Graal.

Le principe de ce nouveau marché procède de la distribution gouvernementale de tickets de rationnement, dont la particularité est d’être côtés en bourse. Imaginons un instant, si ce même principe avait été adopté pour les tickets de rationnement alimentaire pendant la seconde guerre mondiale, comment la configuration du marché noir en aurait été radicalement changée. Eh bien, il s’agit aujourd’hui de la même chose, mais à une toute autre échelle. Le marché du crédit carbone promet d’être un gigantesque marché noir mondial, en beaucoup plus moderne, adapté aux exigences des marchés financiers.

La beauté de ce nouveau marché, c’est qu’il est extensible à l’envi, puisque susceptible d’englober progressivement toute l’activité humaine, émettrice par définition de CO2. Ce qui signifie qu’il ne va pas, à terme, uniquement concerner la sphère des activités de production et de services privées, mais aussi les publiques, les activités collectives mais aussi les individuelles. Une entreprise mais également un hôpital ou une école pourront recevoir ces tickets de rationnement, dont la valeur sera comme on va le voir manipulée. De même pour de nombreux aspects de notre vie quotidienne (les déplacements, le logement, etc…). Après la spéculation sur les cours du pétrole, des matières premières et des produits alimentaires, un pas décisif est franchi dans la « financiarisation » de l’activité humaine. L’autre face de la « protection » du génome humain par des brevets. Tout cela, dans le cas de l’émission de CO2, parce qu’il a été délibérément choisi de tourner le dos à un système réglementaire, au nom d’une douteuse modernité, à l’écoute des dangereuses Sirènes de la mythologie grecque remises au goût du jour du capitalisme financier.

Qui dit marché, dit innovation financière, créativité, produits nouveaux et à fort rendement. Le marché du crédit carbone va ainsi naître sous ces auspices consacrés, un peu encalminés pour le moment mais qui n’attendent que d’être réactivés. Comme les enfants aujourd’hui sont « Internet natives » en naissant. Le plus grand marché du monde vient d’ouvrir ses portes, cirque et casino à la fois, tout en promesse faite aux produits dérivés de la terre promise.

Une nouvelle pompe aspirante vient d’être mise en marche, celle de l’endettement des ménages ne pouvant plus offrir les volumes et les rendements auxquels elle avait habitué. De nouveaux transferts financiers vont pouvoir être opérés au détriment de l’activité économique et de ses acteurs essentiels, les femmes et les hommes qui constituent la force de travail, tout du moins quand ils peuvent appartenir à ce qui semble devenir un privilège, aussi relatif qu’il soit. On parlait déjà de destruction de l’environnement, puis de destruction de la valeur. Destruction est aussi le terme que l’on utilise à propos de l’emploi. A inscrire au programme du « green business ».

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88 réponses à “L’actualité de la crise : Un crime presque parfait, par François Leclerc”

  1. Avatar de waccsa
    waccsa

    Et pour les prêts dans l’immobilier tertiaire à refinancer (le CRE, ou Commercial Real Estate), voici un petit zoom sur le UK :

    http://ftalphaville.ft.com/blog/2009/06/29/59476/losses-on-uk-commercial-real-estate-could-equal-subprime/

  2. Avatar de waccsa
    waccsa

    Donc globalement
    – crise économique = défaut sur le service des intérêts de beaucoup de LBO dopés aux stéroïdes = impossibilité d’autant plus de rembourser le capital
    – crise immobilière = défaut sur le service des intérêts de beaucoup de CRE mortgages et autres CMBS toujours dopés aux stéroïdes = idem
    -> nécessité pour la BCE de créer des euros pour refinancer les banquiers imprudents.

  3. Avatar de Ju²

    @Patriste
    « Pour autant que je sache, le CO2 que j’expire est exactement le même CO2 que je viens d’inspirer quelques secondes plus tôt : on peut difficilement parler d’émission de CO2 dans ce cas là. »

    –> Pas exact. Notre organisme produit, du fait de son activité et en tant que son « déchet » (il faudrait dire « produit »), du CO2 qui vient s’ajouter au taux résiduel de CO2 initialement présent dans l’air inspiré.
    Ainsi en respirant nous enrichissons l’air en CO2.
    Cela n’est pas nécessairement un problème tant que ce rejet s’inscrit dans un cycle biologique global (les végétaux consomment ce CO2 pour vivre, expulsant de l’oxygène que nous prélevons à notre tour dans l’air).
    O2 -> Activité biologique -> CO2 (simpliste)

    Il faut aussi considérer la génération de CO2 induite par nos activités indirectes : surconsommation de viande rouge = surproduction de CO2. Déplacements, consommation électrique, industries fournissant (et entrainant !) notre consommation, … la respiration de la biomasse humaine est certainement une source de CO2 tout à fait assimilable par l’écosystème en comparaison.

    La question en matière d’écosystème étant toujours de savoir si nos activité s’insèrent dans les cycles de notre biotopes ou au contraire les dérèglent. C’est un peu comme dans mon aquarium : trop de poissons trop nourris = trop de nitrates et plus assez de plantes pour les fixer…

    Rien n’est polluant en soi (par construction, tout est naturel, y compris le pétrole), mais peut le devenir lorsqu’on dérègle les teneurs à un instant donné.
    C’est là qu’intervient la très importante notion de persistance abordée plus haut : le CO2 à la base non polluant que nous rejetons se retrouve en quantités trop importantes dans l’atmosphère en regard du cycle naturel stable. Qui plus est nous le générons en un clin d’oeil quand sa sédimentation dans les nappes ou glaces ou sédiments marins a pris des millions d’années.

    Ce sont ces mises en perspective temporelles qui sont cruciales. Et comme dit avant, il faut compter sur notre « capitalisme protéiforme » (j’ai bien aimé – j’emploie « parasitaire ») pour transformer cette criticité en manne à exploiter, au détriment s’il le faut de ladite criticité. Usuel.

    Voila une vision, je ne pense pas qu’elle polluera trop un sujet déjà bien floodé, et tant mieux ou tant pis, sinon je m’en excuse.

  4. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    @Dissonance, en aparté sur le CO2 :
    Comme vous semblez instruit sur le réchauffement climatique, je cherche les études du GIEC qui ont rejeté de manière catégorique l’influence de notre étoile sur le climat, savez-vous si elles existent ?

    Car en fait : « Le mot climat est un terme dérivé du verbe grec signifiant incliner, indiquant l’inclinaison de la terre, de l’ équateur au pôle, et les espaces compris entre les cercles parallèles  » mais l’inclinaison par rapport à quoi ? Par rapport au soleil … Aussi, les études du GIEC se doivent de prouver l’influence négligeable du soleil sur le climat, c’est aux croyants* dans la théorie du réchauffement anthropique d’en apporter la preuve absolue.

    * J’utilise le mot « croyant » pas de manière méchante, mais le climatologue n’est pas un scientifique comme les autres ! c’est d’abord un informaticien, or cet informaticien d’un nouveau genre ne verra jamais de ses propres yeux si les modèles informatiques maintes fois remaniés ou complétés de nouvelles équations diront la vérité dans 150 ans. C’est unique dans l’histoire de la science.
    Cet aparté ne dédouane en rien la certitude que l’homme en polluant son environnement contribue à réduire ses propres chances de survie.

    Signé : un informaticien qui doute de tout, surtout de ses pairs quand on voit les dégâts causés par la croyance absolue dans les courbes, les indices et les statistiques pour modéliser ce que l’on veut (Deus ex machina, quand on est du bon côté du Capital !). J’imagine les nouveaux exploits de la finance dans la modélisation informatique du marché potentiel du CO2, on risque de perdre quelques côtes !

  5. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @Betrand

    Il serait surprenant que les études du GIEC excluent l’influence du Soleil sur le climat, dans la mesure où l’effet de serre, à la base de tous leur travaux, est le résultat du réchauffement atmosphérique par le rayonnement solaire…

    Toutefois, je confesse ici jouer sur les mots.

    Ce que le GIEC réfute peut-être, c’est la corrélation entre la hausse cyclique de l’activité solaire et le réchauffement climatique (cycle d’une période en moyenne de 11 ans – prochain pic en 2013 selon wikipédia). Ce cycle est connu et étudié depuis longtemps (première étude sur le sujet dès 1843).

    De mon point de vue de néophyte, je suppose que l’hypothèse d’une intensité particulièrement élevée du cycle actuel ne suffirait pas à expliquer les changements climatiques: Si c’était le cas, l’évolution à la hausse des températures ne serait pas observée depuis environ 25 ans.

  6. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    [img]http://www.cru.uea.ac.uk/cru/info/warming/gtc2008.gif[/img]

  7. Avatar de Samuel
    Samuel

    @Pablo75 à 11:56

    Mr Hyde :

    Il faut nous préparer au réchauffement climatique. Pour cela il nous faut :

    1-Une directive européenne autorisant la Marine Nationale de tirer leurs missiles exocet sur les boat-people de méditerranée. On pourrait, étant donner la structure en bois des embarcations, adjoindre un guidage infrarouge au missile.

    On développerait un logiciel afin de donner la priorité au guidage infrarouge sur le guidage électromagnétiques. Ou un logiciel de reconnaissance d’image avec guidage GPS.

    2-Le développement de drones furtif au cas où ils sont équipés de missiles air-air dans leurs bateaux.Drones utilisant des réacteurs capables d’atteindre des vitesses supersonique sans utilisation de la post-combustion. Plus écologique car consommant moins d’énergie et rapidement sur le terrain.

    3-Je préconise l’envoi de satellites géostationnaires de communication, ainsi qu’un système européens GPS avec précision de position de 10 cm , l’ennemi a des petites chaloupes.

    4-Accord avec nos amis, alliés libyens comme l’Italie afin de les reconduire à la frontière sud de la Libye (très beau panorama sur les dunes lorsque le soleil se couche)

    Pour finir, si possible, possibilité de guidage des drones avec une télécommande high tech type nintendo Wii depuis mon jardin pendant mes barbecues (c’est l’été !).

  8. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Les cycles solaires à observer ne doivent pas se résumer à un rayonnement thermique (infra-rouge) direct.
    L’étoile projette aussi divers flux de particules susceptibles de modifier la « réponse » de l’ionosphère et de la haute atmosphère au flux thermique.
    Générant un effet de serre potentiellement plus significatif que celui dû au CO² ou à la vapeur d’eau ou au méthane…
    Mais la taxe CO² s’en fout comme de la pollution de mon premier Solex…boosté à l’ether.

  9. Avatar de anne
    anne

    bertrand,
    un climatologue n’est pas un informaticien. Il calcule ses modèles à partir de données , relevées in situ, de faits, et en l’occurence, pour les climatologues du GIEC, ça fait 30 ans qu’ils travaillent à collecter ces données, à les mettre en commun, et à élaborer des modèles. Modèles non théoriques, et qui trouve tous les jours confirmation par de nouveaux relevés. Ce qu’ils ont mis en évidence c’est l’importance des activités humaines dans l’élévation des niveaux de CO2 et ses répercussions sur le climat. Ils ne nient pas l’effet du soleil. Ils nous alertent sur la rapidité du phénomène, qui met en péril nos capacités d’adaptation. C’est terrible de voir que le travail de scientifiques du monde entier, depuis des décennies, soit comme ça nié. C’est bien mal connaître leur prudence. Je connais J. Jouzel, climatologue du GIEC, je l’ai entendu expliquer à quel point il avait été difficile d’élaborer ces modèles, qu’ils avaient dû attendre que les capacités de calcul des ordinateurs soient suffisantes pour rendre des conclusions, tellement il y avait de données, et tellement ça demandait des compétences variées pour recouper ces masses de données. Il n’y a rien de politique dans leur démarche. Et un scientifique n’est pas un croyant, ou alors ce n’est pas un scientifique.

  10. Avatar de Anne Carré
    Anne Carré

    Pour info : On peut utilement lire le livre d’Aurélien Bernier « Le climat otage de la finance » et visiter son site : http://abernier.vefblog.net/ pour compléter la lecture de ce billet.
    Cordialement,
    Anne

  11. Avatar de ecodouble

    @ Ju au carré : Merci pour ce petit rappel sur la respiration. Je ne pensais pas qu’il fût nécessaire de le faire.

    L’impôt sur la respiration, c’était une boutade !? Souvenons nous tout de même qu’il y a eu en France un impôt très fort sur les fenêtres qui pourtant donnent de la lumière dans les habitations. Les paysans furent contraint de murer leurs baies pour échaper à cet impôt et faire quelques économies.
    Nous aurions plus de mal à retenir notre respiration. C’est là le point fort d’un tel impôt.

    Quant à la spéculation, imaginons que l’on fixe des droits à la respiration pour chaque pays – on l’a fait pour les industries de chaque pays – en fonction de sa population à une date donnée, parce que la surpopulation est devenue un terrible problème. Des tyrans dans des pays pourraient bien vite faire du profit en vendant leurs « droits de respiration » sur le marché du CO2. Devinez ce qui leur en donnerait la possibilité ?
    L’argent n’a pas d’odeur, surtout lorsqu’il y a moins de « respirants ».
    Tout ça n’est pas plus ou moins fou que de massacrer des indiens en Amazonie, pour faire main basse sur du pétrole ou de l’or, eux aussi cotés en bourse.

    Fermons les marchés. Beaucoup de problèmes ou de futurs problèmes disparaîtront.

  12. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    @ Paul Jorion.

    Parenthése :

    [ France Culture ne propose appremment pas les émissions enregistrées que vous nous avez signalées.
    Est-il possible,pour diffusion la plus large , d’obtenir des précisions ?
    Merci pour tout et pour tous les naïfs épouvantés et qui demandent
    Qui ,Quoi ,Que Faire ?
    Ici ils ont des ébauches de réponses sérieuses (il n’ y en a que trés trés peu en effet… hormis les liens proposés par les intervenants à bon escient ) ]
    Là dessus je ferme. Trop de problémes !!!….Interdisons aux vaches d’émettre des pêts (pas des prêts) au delà de seuils absorbables dans une perspective de DD.
    Au point délirant où nous ont conduit ces fianciers experts ès magouilles,omerta peu clear…

  13. Avatar de Paul Jorion

    @ Jean-Louis Bars

    Emissions sur France Culture

    Vincent Lemerre
    À SUIVRE, le dimanche 5 juillet de 12h00 à 12h20
    Paul Jorion

    Caroline Broué et Olivier Pastré
    L’ECONOMIE EN QUESTIONS, le lundi 20 juillet de 11h à 12h
    Paul Jorion

    Stéphanie Bonvicini et Jacques Attali.
    LE SENS DES CHOSES, le dimanche 2 août de 19h à 20h
    Le rôle des banques dans la crise : Patrick Combes et Paul Jorion

  14. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    @Samuel à 19:11… Comment vous faites pour être si hilarant? Vous en avez beaucoup de sketches comme ça? Vous devriez essayer de les vendre au « Théâtre de deux ânes ». On ne sait jamais…

  15. Avatar de Cécile
    Cécile

    à ecodouble
    je serais plus pour aposer à la loi de la réalité du marché, la loi de la nécessité (de la planète et) de l’humanité

  16. Avatar de Samuel
    Samuel

    @Pablo75

    Avec la crise, doucement, vous trouverez cela normal.

  17. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Pablo75
    c’est vrai que depuis que « la liberté c’est la sécurité » , qu’est-ce qu’il est investi en blindages magnétiques, alarmes lasers, scaners, détecteur de métaux, descentes de militaires dans le métro, quadrillage de vidéosurveillance, et co et co et co, …. ce qui représente un bel investissement, une belle production et un sacré marché, ….
    et qui se moque vraiment complètement de quoiqu’il en soit de l’écologie

  18. Avatar de Alexis
    Alexis

    Une précision sur le GIEC (au risque de répéter ce que certains ont expliquer plus haut) : les climatologues n’existent pas ! Le GIEC (IPCC en anglais) est une instance internationale créée par l’ONU (Le GIEC a été créé en 1988, à la demande du G7 (aujourd’hui G8), par deux organismes de l’ONU : l’organisation météorologique mondiale (OMM) et le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Le Prix Nobel de la paix lui a été attribué en 2007 conjointement avec Al Gore. pour citer Wikipédia) qui réuni des scientifiques de tous horizons (météorologues, glaciologues, océanologues, physiciens, géo-physiciens…).
    Le but de l’organisation est de collecter les travaux de ces divers scientifiques (2500 environ) et de traduire le résultat en un document qui fasse consensus… ce qui n’est pas aisé et conduit apparemment à minimiser les « prospectives » qui de rapports en rapports (tous les 4 ans) se sont avérées sous estimées ! En bref c’est pire d’années en années !

    Concernant le soleil, il semblerait que l’activité d’icelui soit actuellement plutôt à la baisse (dans le cadre de ses fluctuations naturelles observées depuis des décennies). De plus si le soleil nous chauffait d’avantage, la hausse des températures seraient plus élevées le jour et à l’équateur. Or, les hausses les plus importantes se situent aux pôles et principalement au pôle Nord qui comme on le sait est au niveau de la mer (banquise de qq mètres maximum), l’altitude élevée du Pôle sud (+ de 3000m) minimisant le réchauffement.
    L’explication est donnée par l’augmentation globale des GES (gaz à effet de serre dont la vapeur d’eau et le CO2 et équivalent CO2 comme le méthane entre autres) dans notre atmosphère, puisqu’elle est passée de 270ppm (parties par millions) avant la révolution industrielle à 390ppm aujourd’hui. Or, la différence entre les pôles et l’équateur se situe dans la vapeur d’eau très importante à l’équateur mais pratiquement absente aux pôle (quand il fait très froid, l’humidité se condense et… tombe !). Le différentiel apporté par un taux de CO2 (ou équivalents…) croissant est donc plus important aux pôles, qui se réchauffent donc plus vite. De plus comme sous entendu plus haut, les nuits sont plus chaudes et se phénomène est observable un peu partout sur la planète ; ce qui corrobore l’idée de l’importance des GES dans l’augmentation des températures.

    Accessoirement concernant l’Arctique, une fonte accéléré de la banquise induit des effets rétroactifs tel une surface d’eaux vives plus importante qui absorbe d’avantage de chaleur (la glace enneigée ré-expédiant dans l’espace plus de 80% du rayonnement solaire) ou tel la fonte du pergélisol qui restitue CO2 et méthane ou tel encore la disparition de la toundra (claire) au profit de forêts (sombres) absorbant d’avantage de chaleur… sans oublier le réchauffement de l’océan qui libère des hydrates de carbone riches en méthane.

    Il est aujourd’hui avéré qu’il y a réchauffement, que l’augmentation des GES est à l’origine de ce réchauffement et que les activités humaines sont à l’origine de ces GES supplémentaires, concentrés et enfouis qu’ils étaient depuis qq millions d’années dans les énergies fossiles. Le consensus sur ces trois points est total au sein du GIEC.

    Pour en revenir au sujet initial personne ne semble avoir ici évoqué la proposition de taxe carbone telle que définie par Jancovici en 2006 dans son livre « Le plein SVP » et telle que proposée par James Hansen aux USA à Obama lors de son élection. L’idée est de taxer les énergies fossiles à la base, i.e de créer une sorte de TIPP généralisée sur le pétrole, le gaz et le charbon qui serait perçue par l’Etat comme la TVA, et surtout CROISSANTE. Ainsi chaque année, la taxe augmenterait de 10%, menant en sept ans à un doublement du prix du pétrole, du gaz ou du charbon.
    La manne ainsi récoltée par l’Etat pourrait être directement redistribuée de manière égale aux citoyens comme le propose Hansen, ou servir à développer des énergies propres (enfin… moins sales), à organiser efficacement des économies, à gérer la pénurie et le passage d’une économie « carbonée » à une économie sans carbone comme le propose à son tour Jancovici.

    On est loin de la blague carbonée des « marchés » du carbone actuels !

  19. Avatar de Alexis
    Alexis

    Oups… certaines fôtes d’orthographes sont passées à l’As… désolé.

  20. Avatar de zebulon
    zebulon

    Mais non le marché du carbone n’existera jamais !!!

    Les élucubrations de nos chers financiers appartiennent désormais à un monde révolu qu’ils ont contribué à détruire.
    Après l’invention d’enron, du nasdaq et des CDS , à qui fera t on croire qu’il existe quelque part une autorité indépendante et compétente capable de répartir une ressource quelle quelle soit de manière juste et équitable?

    Par contre il est certain qu’il existe et qu’il existera toujours un certain nombre d’acteurs économiques qui essayeront d’organiser le marché à leur profit.

    Messieurs les intermédiaires de marché, Vous pouvez toujours coter et taxer ce qu’il vous plaira. Lorsqu’un producteur et un consommateur n’y trouvent plus leur compte, ils organisent un circuit plus efficace.

    Au moyen age, il était d’usage de développer le commerce en créant des villes franches, la société y trouvait vite son compte et les impôts revenaient naturellement une fois les cycles économiques rétablis.

    L’avantage de la taxe carbone, c’est qu’elle permet à une certaine catégorie de personnel de brasser de l’air (pur) indépendamment de la conjoncture économique. Je suggère donc de lancer un appel d’offres pour que ces colloques interminables soient rapidement délocalisés en chine où les frais de personnels , de nourriture et d’hébergements sont notoirement plus avantageux. De plus un encadrement rigoureux de la communication et une sélection des intervenants par un personnel compétent et expérimenté permettra de réduire à l’essentiel la teneur de ces débats.

    Ainsi nous ferons de sérieuses économies, nous sauverons la planète et nous consacrerons peut être un peu plus d’énergie (huile de coude) à mettre en place des solutions concrètes et efficaces.

    bonne journée quand même.

    Devinette : quel est le prix de journée d’un ministre chinois, d’un journaliste ?
    Et oui la loi du marché, la concurrence, il faut la vivre pour la comprendre.

  21. Avatar de Pablo75
    Pablo75

    @ Samuel: On sent l’expert…

  22. […] 9:13 – L’écologie ouvre des perspectives au capitalisme financier. Prochaine bulle ? vautours verts Tags: capitalisme financier, écologiePosted in actualité, revue de presse […]

  23. Avatar de D-croissance
    D-croissance

    @Alexis
    Merci pour votre excellente mise au point sur le GIEC et le CO2 qui « remet l’église au milieu du village » comme on dit en Suisse!

  24. Avatar de Daniel Dresse
    Daniel Dresse

    J’avais mis de côté dans un fichier cet excellent et si lucide billet de François, me promettant de le relire à l’occasion. Et puis je l’ai oublié dans son coin, ayant autre chose à écrire et à faire (surtout du vélo, faute
    d’anti-dépresseur plus satisfaisant). En l’extirpant de son passé déjà lointain (un mois c’est long, en mesure Paul Jorion au kilomètre), je me suis aperçu qu’avaient été rajoutés quelques commentaires valant leur pesant d’argent dette (ou de crédit si vous voulez). J’ai décidé quand même d’y répondre un mois après. C’est comme ça, j’ai toujours été trop lent ! A l’université, on m’avait dit jadis que cela ne pardonnait pas, c’est pour ça que j’ai fait autre chose… (à part ça et pour parler d’autre chose que ma pomme, longue vie à la Famille Grand Barbu Pop, fondamentalement !).

    @ Alexis

    Le GIEC : votre remarque concernant la non existence des « climatologues » relève du jésuitisme (un « écologiste » non plus cela n’existe pas formellement en tant que scientifique). Il s’agit d’un terme couramment employé par la majorité des scientifiques dans les spécialités respectives que vous citez, cela par simple commodité de langage, et quelle que soit la position des intéressés par rapport au réchauffement climatique. Peut-être que certains organismes auxquels appartiennent ces personnes sont sans nuance non plus quant à la détermination de leur objet (par exemple Groupement Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) ? Maintenant quand vous qualifiez de « scientifiques » les 2500 membres du GIEC qui en collectent les travaux, vous prenez vous aussi quelques libertés de langage. Je vous invite à consulter la liste des experts qui ont examiné le rapport de 2007 et qui est extraite du même rapport (à partir de la page 102) pour constater que seule la moitié à peu près de ces personnes se prévalent d’un titre dans les sciences fondamentales se rapportant directement à l’étude du climat. Les autres viennent d’horizons beaucoup plus divers -économistes, juristes, acteurs du milieu associatif- quand ils n’ont d’autres titres à avancer que l’université auxquels ils appartiennent, sans plus de précisions.
    Il est plus important de savoir que l’organigramme du GIEC établit une séparation très nette entre les scientifiques qui constituent le groupe de travail de base (la matière sur laquelle sont élaborés les rapports) et les experts, tous fonctionnaires Onusiens désignés par les états, qui sont consultés pas moins de deux fois avant la rédaction finale des rapports de l’organisme. Il y a donc une véritable mise sous tutelle des travaux des scientifiques dont se sont publiquement plaints nombre de chercheurs ayant travaillé pour le GIEC. Ce n’est guère étonnant quand on sait que l’objet même du GIEC/IPCC, mis en exergue sur son site, est d’évaluer « sans parti pris » les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique « d’origine humaine ». Toute autre cause de ce changement climatique semble bien donc être évacuée d’emblée !

    La mesure des températures aux pôles… : même le GIEC l’a reconnu, s’il a existé un réchauffement thermique au pôle nord en gros entre 1970 et 2008, il a été contrebalancé par un net refroidissement au pôle sud. Je vous signale au passage -cela vous évitera de confondre vos lecteurs avec des manchots- que les principales stations de mesure sur le continent antarctique se situent sur les côtes (majoritairement sur la péninsule face à la corne de l’Amérique du sud) au niveau de la mer, et qu’il n’y en a aucune à trois mille mètres d’altitude ! Concernant la région arctique, la période 1970 / 2008 de réchauffement a elle-même succédé à la période 1940 / 1970 qui a été elle celle d’un net refroidissement (l’obsession catastrophiste des médias de l’époque était plutôt d’imaginer le retour des mammouths sur nos cités congelés), laquelle a fait suite à la période de réchauffement 1910 / 1940 qui a été comparativement beaucoup plus brutale que celle que nous venons de connaître.
    Il y a donc une chose qui existe encore moins que les climatologues, c’est la stabilité du climat, et cela depuis la nuit des temps ! Et si l’on admet que ce sont les aérosols de refroidissements qui sont la cause des périodes froides et le CO2 la cause des périodes chaudes, comment expliquer le réchauffement rapide de 1910 / 1940 ? Les valeurs d’augmentation du taux de CO2 global, de 270 ppm à 390 ppm, ne signifient rien non plus si vous ne dites pas que ppm signifie « partie par million », soit des valeurs infimes !
    Vous savez aussi sans doute que l’un des points essentiels de la théorie de l’effet de serre réside dans la capacité d’absorption de la lumière par le carbone. Ceux qui contestent non pas cette théorie mais l’importance que l’on veut donner à ses effets, avancent que le carbone présent dans l’atmosphère n’absorbe que certaines longueurs d’onde, et qu’il en en absorbe aussi la totalité. Il reste donc à l’heure actuelle trop peu de photons disponibles dans ces longueurs d’onde pour qu’une augmentation du carbone renforce l’effet de serre. Pour eux l’effet de serre, s’il est bien réel, est à son maximum. Les gens du GIEC rétorquent que la courbe logarithmique d’absorption, sensée mesurer la chose, est intégrée dans leurs modèles, et le point essentiel de désaccord entre les deux parties est bien là. De même que les modèles économiques, qu’elle est la fiabilité des modèles climatiques de laboratoires ? Les sceptiques, groupés derrière le professeur Singer du NIPCC, disent qu’il faudrait pouvoir intégrer des MILLIONS de données pour que ces modèles soient réellement fiables.…

    …Et la mesure des températures en général : la foi dont vous faites preuve vis-à-vis des relevés de température sur l’ensemble de la planète fait plaisir à voir. Pourtant il existe des normes de fiabilité dans ce domaine là comme dans les autres, suivant une classification qui va de 1 à 5. Une station de classe 1 par exemple ne doit pas être située à moins de 100 mètres de toute surface chauffante et réfléchissante, alors qu’une station de classe 5 peut-être trop proche d’une source de chaleur urbaine et donner des erreurs de mesure de un à plusieurs degrés (précisons qu’aux USA par exemple, la moitié des stations sont en ville). Certains organismes comme la NASA apportent des corrections à ces inconvénients (non sans polémiques sur la méthode) et d’autres pas ! De plus la répartition des stations météo à la surface de la terre est très imparfaite, l’hémisphère nord entre autre étant plus pourvu que l’hémisphère sud, et surtout les 70 % de la surface terrestre que représentent les océans étant très peu couverts par des bouées météo. Il faut voir alors que les relevés établis à partir de la collecte de ces données sont sensiblement divergents de ceux utilisant d’autres sources, telles que les satellites ou les ballons sondes, lesquels limitent les inconvénients des effets de chaleur urbains.
    Aux USA le contraste est ainsi frappant entre les courbes établies à partir des stations par la NASA / GISS –un organisme notoirement « réchauffistes serristes »- et celles du RSS / GSU un autre organisme sous contrôle de la NASA mais qui n’utilise que des données satellitaires. Pour ces dernières la cause est entendue : le pic mondial (donc global) de réchauffement se situe aux alentours de 1998 et correspond à la phase bien connue dans notre hémisphère nommée « El Nino ». La tendance est à la stabilité depuis cette période, avec un fléchissement notable depuis dix huit mois, même s’il est encore trop tôt pour interpréter celui-ci.

    De la glace… : J’ignore sur quelle base vous vous référez pour stipuler d’une « fonte accéléré de la banquise », à part les jolies photos de glaciers à la dérive reproduites régulièrement par exemple chez « contre-info » et qui auraient pu être prises au temps des vikings s’ils avaient disposé d’appareils numériques. L’hiver qui vient de s’écouler a été particulièrement froid au pôle nord, au point de bloquer une ridicule expédition du WWF (sponsorisée par le Prince Charles) partie mesurer l’épaisseur de la banquise à traîneau (on a du leur dire qu’il faisait maintenant aussi doux au pôle que sur le plateau du Vercors). Les dernières mesures sérieuses ont en revanche été faites à la même époque par l’Alfred Wegener Institute allemand, par sonde radar treuillée au dessus de la banquise par avion. Les conclusions sont surprenantes dans le sens où elles ont mis en évidence la stabilité globale du manteau polaire, beaucoup plus épais que ce qui était prévu. Si la glace a fléchi dans certaines zones, elle s’est très bien reconstituée dans d’autres, et cela rejoint les conclusions déjà tirées dans la revue SCIENCE en novembre 2006 sur le bilan de fonte des océans, lequel serait quasi nul.
    Quant à la fonte du pergélisol qui nous restituerait des tornades de méthane (les fameux clathrates sous marin auxquels vous faites allusion et qui ont soulevé tant d’émoi dans les gazettes), c’est une farce ! Toujours la revue SCIENCE, dans son numéro d’avril de cette année, révèle que le phénomène ne s’est même pas produit il y a 12000 ans, alors que la température terrestre s’était brutalement élevée de 10 degrés en quelques dizaines d’années (sans pollution automobile ? sans blague !). Les traces de méthane relevées dans les carottages relatifs à cette période proviennent de la décomposition végétale des immenses marais qui occupaient alors le Groenland. Le méthane est au fond des mers et il y restera tant que celles-ci dureront……

    Et du soleil : Vous êtes bien gentil de nous dire que « il semblerait que l’activité d’icelui ( ?) soit plutôt à la baisse ». Manque de pot c’est l’inverse ! Ceux qui se penchent sur cette question (les canadiens de « Friends of Science » entre autres) notent une corrélation constante entre l’activité solaire et les courbes de température en général depuis qu’ils existe des observations exploitables à ce sujet (depuis le milieu du dix huitième siècle en gros) et ces deux dernières décennies en particulier. Leur théorie est que les vents solaires (ou orages magnétiques) résultant des sautes d’humeur de l’astre influeraient sur la condensation de nos nuages à basse altitude, limitant ou nom le rayonnement solaire à la surface terrestre.
    Mais les « solaristes » ne sont pas les seuls scientifiques qui contestent les thèses du GIEC à orienter leurs recherches dans d’autres directions. Certains s’interrogent sur l’immense potentiel thermique que représentent les océans (mille fois celui de l’atmosphère) et se demandent s’il ne serait pas précisément la cause des grands déséquilibres thermiques de la planète. Le professeur Pietr Chylek, chercheur au Los Alamos National Laboratory (encore un vendu aux trust et aux banques), a ainsi établi cette année une corrélation évidente et troublante entre le réchauffement actuel de l’arctique et les oscillations naturelles et multidécennales de la température de l’Océan atlantique. Tout ceci est bien normal, les grands changements climatiques constituent un immense problème d’une complexité infinie, qui ne peut laisser de véritables scientifiques se contenter de théories d’autorité. Alors quand vous m’assénez péremptoirement que la responsabilité des GES dans le réchauffement climatique est clairement établie, et que le consensus à ce sujet au sein du GIES est « totale », j’ai envie de vous dire d’aller voir un peu ce qui se passe ailleurs qu’en cet aimable GIIES, scientifiquement s’entend.

    @ Dissonance (pour vous aider à chercher une autre tonalité)

    Puisque nous sommes dans le recentrage de la désinformation, passons donc maintenant si vous le voulez bien, aux approximations erreurs et fautes que vous avez faites vous-mêmes en prétendant corriger celles des autres.

    -Vous dites que « même si ce n’est pas franchement la question ici », le CO2, quoique non polluant pour les plantes, provoque à haute dose la suffocation des êtres vivants munis de poumons. Ben si, Toute la question est là ! Et vous avez-vous-même raison de souligner que tout est question de proportions. Il ne suffit pas de dire que le CO2 ne représente que 95 % des gaz à effet de serre, mais surtout que dans les proportions actuelles il n’occupe que 0.054 % de l’atmosphère et que la part directe de l’homme dans son dégagement est encore la plus faible, environ 3 %, alors même que les tenants de l’effet de serre lui accordent 22 % dans le processus. Vous pouvez toujours clamer en frissonnant que les proportions de CO2 se sont brutalement accrues de 30, 40, 50 % et plus si vous voulez, cela ne signifie pas grand-chose en terme de grandeur (pour le mécanisme mis en cause dans l’effet de serre, reportez vous aux objections que j’ai faites à Alexis).
    On sait qu’il y a 520 millions d’années, le taux de CO2 dans l’atmosphère était d’environ 7560 ppm, soit 20 fois plus important que ce qu’il est actuellement ! Cela n’empêchait pas les foules de dinosaures de prendre la vie à belle dent et… à pleins poumons. Quant à votre « saillie » sur le sulfure d’hydrogène, vous auriez pu aussi bien prendre le venin de tarentule ou… l’oxygène, dont l’excès a été fatal à pas mal d’adeptes de la plongée sous-marine. Je la considère donc comme complètement hors sujet, à moins que vous teniez absolument à nous faire savoir que vous savez ce qu’est le sulfure d’hydrogène (moi mon truc c’est plus le venin de tarentule).

    – Sur le décalage entre le réchauffement et l’émission de CO2, je ne sais pas quels scientifiques rétifs aux thèses du GIEC vous avez lu, mais ceux que moi j’ai lu sont sans ambiguïté sur le sujet. Les carottes glaciaires établissent qu’il y a un décalage entre le réchauffement et l’émission de CO2 à postériori de 800 ANS, AVEC UNE MARGE D’ERREUR DE 200 ANS (en plus ou en moins).
    Il est amusant de constater que les experts du GIEC ont invoqué l’argument du carottage glaciaire tant qu’il confortait leurs thèses, entre 1985 et 1999, année où d’autres scientifiques (d’ailleurs issus eux-mêmes du GIEC), ont levé le lièvre du décalage. Les « réchauffistes » ont alors avancé que si le CO2 n’était pas la cause première, il l’amplifiait. Sur quoi leurs détracteurs ont répliqué que, par rétroaction positive, l’effet amplificateur devrait être incomparablement plus fort que ce qui est constaté. Al Gore (le petit commis de Goldmann Sachs qui a manqué de peu le prix de meilleur scénariste du film catastrophe à Cannes, on lui a refilé le Nobel pour le consoler) a finalement reconnu que « c’était compliqué » (Ok Al, call me on the phone, I will tell you !

    – Votre « classement olympique » des gaz à effet de serre (médaille d’or aux CFC) me surprend, puisque j’avais cru comprendre que vous aviez lu les conclusions du GIEC. D’après le GIEC donc, la vapeur d’eau compte pour 72 % de l’assiette des gaz à effet de serre (pour reprendre un terme comptable), 28 % donc pour les autres, CO2 inclus. Les valeurs que vous donnez par ailleurs sur les temps de résidence des gaz sont celles du GIEC et résultent (à l’inverse de ce que vous avancez) de calculs reposant sur des modèles informatiques. C’est un gros point de polémique avec les scientifiques qui se basent eux sur des mesures « de laboratoire » (et comment voulez faire autrement de telles mesures ?) comme la datation basée sur le cycle naturel du carbone 14 ou la comparaison des équilibres isotopiques, parmi bien d’autres. La valeur de résidence du CO2 n’est donc pas de 100 ans comme vous l’affirmez point barre, mais de CINQ ANS (valeur avancée par les contestataires) à 100 ans, ce qui n’est pas la même chose !
    Là encore votre parenthèse sur la faible résidence de la vapeur d’eau me déroute (mais peut-être êtes vous né sous le cercle polaire, alors que moi j’ai passé une bonne partie de ma jeunesse sous l’équateur, avec 100 % d’humidité de l’air neuf mois sur douze), celle-ci évoluant dans un cycle de production constante impliquant d’ailleurs le CO2. On sait qu’au-delà du point de condensation la vapeur d’eau forme les nuages, dont la partie la plus importante, la partie basse, possède un puissant pouvoir réfléchissant estimé au 2/3 de l’albédo (le pouvoir réfléchissant) de la terre, en provoquant obligatoirement un refroidissement des températures à la surface celle-ci. Il se trouve que cette rétroaction négative évidente (pour la définition de la rétroaction sous ses aspects positifs et négatifs, voir Paul Jorion dans « Vers la crise du capitalisme américain ») est là encore quasiment ignorée par les modèles du GIEC.

    – Ce dernier point est une épine de plus qui pourrait contribuer à expliquer ce qui constitue en fait la faille béante des thèses du GIEC, avec l’élévation asymétrique de la température au pôle nord par rapport au pôle sud. En effet, si l’hypothèse et les calculs établis par ce dernier étaient juste, la réfraction de la chaleur induite par l’effet de serre devrait comporter une signature, appelée le « hotspot ».
    Il s’agit d’un point de l’atmosphère (une vaste zone en fait) située aux environs de 10 km d’altitude qui devrait logiquement être beaucoup plus chaude, de l’ordre de 2 à 5 degrés C, que les couches environnantes. Toutes les mesures effectuées jusqu’à présent par ballons sondes (une méthode bien plus fiable que les modèles informatiques) ont montré qu’il n’en était rien. Ross MacKitrick, un scientifique canadien, a même proposé avec ironie que l’on indexe les éventuelles taxes carbones sur la température du Hotspot (encore un pourri vendu aux trusts et aux banquiers). Une suggestion qui pourrait être avantageusement proposée à Michel Rocard, lui qui confond l’effet de serre avec le trou de la couche d’ozone ! (C’est drôle, quand je vois Rocard à la télé, je me dis qu’un jour Sarkozy aura la même tête, oh pardon Paul !).

    – Tout ceci pour dire que je trouve savoureux l’avant dernier paragraphe de votre commentaire, celui où vous vantez la rigueur des travaux du GIEC :

    « Des travaux sans parti initial s’entend. En effet un travail qui préjugerait des conclusions auxquelles il devrait aboutir serait parfaitement anti-scientifique ».

    Sur cette très haute exigence, je vous renvoie au premier paragraphe de ma réponse à Alexis. Quant aux documents qui vous manquent, je vous propose un autre rapport, tout aussi clairement rédigé (inutile de perdre votre temps à essayer de déterminer si ses rédacteurs émargent eux aussi à Goldmann Sachs) :

    http://www.pensee-unique.fr/NIPCC_VF_04.pdf

    Par la même occasion, je vous recommande une nouvelle fois ainsi qu’à tous les autres les deux meilleurs sites qui font le point avec une très grande rigueur sur toutes ces questions.

    http://www.pensee-unique.fr/
    http://climat-sceptique.over-blog.com/article-4878804.html

    Et ne manquez pas aussi de consulter ces ouvrages :

    http://www.pensee-unique.fr/liens.html#livres

    – Dernier point, et last but not least, je trouve votre conclusion sur l’angélisme du GIEC… Comment dirai-je… Tout de même un tantinet naïve ! Il est tellement évident que ceux que François Leclerc n’aime pas que l’on appelle l’Oligarchie (mais moi, là encore, je ne vois pas très bien comment on pourrait les nommer autrement) cherchent une justification à leurs pratiques, qui soit aussi un supplément d’âme. Ce bonus moral, c’est bien sûr la Sauvegarde de la Planète, notre sauvegarde à tous, qui va le leur donner. L’écologisme mondiolâtre et fiscaliste du capitalisme financier à venir est une réplique, à une bien plus grande échelle, du paternalisme social propre au capitalisme d’avant hier. Les grands bénéficiaires en seraient l’élite éclairée de la finance mondialisée et leurs idiots utiles de la bureaucratie environnementaliste, et les dindons de la farce non plus le prolétaire industriel et agricole mais l’homo économicus / écologicus, version moderne et assagie de la vile multitude (quant aux classe moyennes, elles ne seront plus à l’ordre du jour).

    @ Blackhole

    Méfiez-vous des argumentaires en slogans. Nos ennemis (désolé, pas d’autre mot, même si je ne désigne pas bien sûr ces braves moutons égarés que sont la Dissonance et l’Alexis) dans l’ordre du réchauffement planétaire sont aussi retors et opaques qu’ils peuvent l’être dans l’ordre de la finance mondialisée. Là aussi leur argumentaire à eux se drape dans l’Expertise et le Savoir, même s’ils ne savent que ce dont auxquels ils croient. Allez en profondeur et affrontez la complexité. Profitez pour cela que les Paul Jorion existent aussi dans ce domaine (voir plus haut). Cela est nécessaire car le champ de bataille va se déplacer sur ce terrain là, compte tenu de l’immensité qu’il représente en termes de marché. N’attendez plus rien du strict champ économique car la régulation des anges n’aura pas lieu, même si Paul François et les autres font semblant d’attendre Godot, tout à leur espérance tactique que du global quel qu’il soit, ne peut venir au final que du bien. Ils ont fait leur boulot, merci pour eux, mais il est temps d’ouvrir un deuxième front.

    @ Anne

    J’espère que moi-aussi vous allez me remercier, Anne, Ma Sœur Anne ! Entre l’effet de serre qui poudroye et l’argent dette qui merdoye, vous eussiez bien mérité, gente dame, que morbleu je vous renseignasse depuis la route.

    1. Avatar de Chantal de La Haye
      Chantal de La Haye

      Quelle joie de lire ce texte en 85ème position, perdu sur son iceberg lointain. Je m’étais levée du mauvais pied, une chute de tension (cela m’apprendra à croire que j’ai toujours 20 ans), j’attendais que ça remonte et j’avoue que le meilleur remontant du monde c’est votre texte. Enfin un peu de rigueur dans ce brouhaha genre soupe qu’on nous ressert depuis des années.
      Merci
      Je patauge à tenter de démêler les débats incessants sur les contrats des traders, et les histoire d’argent qui pousse dans les cerveaux mais manque partout sur la terre. Je vais tenter de mieux réfléchir, mais j’aimerais bien vous lire à ce propos, car je pense que l’intelligence économique demande le même effort de rigueur que l’intelligence scientifique…

    2. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Je viens de lire avec intérêt votre commentaire très documenté. Permettez-moi d’y apporter une petite correction: sur la question de l’oligarchie, c’est Paul Jorion qui émet de sérieuses réserves à propos de ce concept, tandis que je l’emploie faute de mieux.

      Je me réfère plus à sa simple étymologie qu’à l’histoire de son usage, qui peut effectivement induire des faux sens. En vérité, c’est une facilité de langage qui permet de passer vite sur l’analyse du système de gouvernement du capitalisme financier moderne globalisé.

  25. Avatar de Chantal de La Haye
    Chantal de La Haye

    J’ai oublié de préciser que mon texte enthousiaste de ce jour, et ma question, s’adressaient à Daniel Dresse pour un message posté le 3 août 2009 à 2h07.

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