Bienvenue au Lokistan !, par Quentin Ruyant

Billet invité.

BIENVENUE AU LOKISTAN !

J’avoue que je ne savais pas trop à quoi m’attendre en recevant cette invitation. Mon oncle Anatole ma proposait de passer le week-end chez lui à Lokaville, la capitale du Lokistan, et me demandait si j’accepterais pour l’occasion de l’aider dans son déménagement. Le Lokistan avait défrayé la chronique quelques années auparavant en abolissant la propriété privé. Depuis nous n’en avions plus trop entendu parler. Autant vous dire que je m’attendais à arriver en terre communiste, à voir des files d’attentes devant les magasins et de vieilles voitures partout dans les rues. Il faut bien avouer que je fus très surpris en arrivant – tout paraissait à peu près normal.

La première chose que j’observais, en regardant les rues qui donnaient sur la gare, c’était qu’il y avait assez peu de voitures. Certaines étaient sans doute plus vieilles que chez nous, mais relativement bien entretenues et je vis tout de même passer une ou deux belles voitures de sport. Il y avait surtout énormément plus de vélos, de vélos électriques, de scooters et aussi de petites voitures individuelles d’un modèle que je n’avais jamais vu auparavant.

Mon oncle Anatole m’a rejoint. Nous avons fait quelques pas dans la rue :
« Laquelle on prend ? Celle-là a l’air pas mal… »

Il y avait de petits boitiers sur chaque voiture avec une petite lumière, rouge sur la voiture qu’il désignait. « Ah non elle est occupée… » Il en montra une autre sur laquelle la lumière était verte : « Bon celle-là a l’air pas mal. » Il regarda un petit écran sur le boitier. « Pas trop chère… Et puis il y a de la place pour ton sac. Allez, on la prend. »

Mon oncle Anatole passa un petit badge avec une puce devant le boitier. Nous sommes entrés dans la voiture et nous nous sommes mis en route.

« C’est ta voiture ? » je me rendis compte immédiatement de l’énormité de ce que je disais : il n’y a pas de propriété privée en Lokistan. « Je veux dire… Vous pouvez prendre les voitures que vous voulez ? »

« Oui, bien sûr. Le prix au kilomètre et à l’heure est indiqué sur chaque voiture. Il dépend du modèle et de l’usure. J’en prends une différente chaque matin, ou parfois je vais travailler en vélo ou je prends les transports en commun. Certaines personnes ont un garage et préfèrent garder la même voiture tout le temps. Ils ne la rendent que pour les réparations et la reprennent ensuite. Ce n’est pas interdit, mais c’est assez rare, d’abord parce que ça coute beaucoup plus cher, et finalement ça offre moins de flexibilité. Aujourd’hui je peux prendre une vieille voiture et demain une voiture de luxe pour épater les filles ! N’est-ce pas formidable ? »

Je commençais à comprendre pourquoi il y avait tant de vélos et même ces petites voitures pour une personne. Nous avons tous une voiture, c’est pourquoi nous l’utilisons systématiquement, mais bien souvent, un scooter serait suffisant…

« Ça ne vous gêne pas de prendre une voiture qui a été utilisée par quelqu’un d’autre ? »
« Tu sous-estimes la puissance du marketing, mon cher neveu. Chez vous les entreprises savent à la perfection vous donner envie d’acheter du neuf. Ici, ne t’inquiète pas, elles savent parfaitement nous donner envie de louer leurs voitures et nous vanter la flexibilité et l’accessibilité de leur offre. Et puis les voitures sont parfaitement entretenues. »

« Ce sont des entreprises qui gèrent le parc automobile ? »
« Tout a fait. Des entreprises en concurrence libre et non faussée. »
« Mais alors… Vous êtes libéraux au Lokistan ? »
« Bien sûr, et même plus que ça : nous sommes ultralibéraux. Nous poussons au maximum la logique de service : ici, tout est service. Seul un service peut être rémunéré et rien d’autre, la vente n’existe pas. Nous ne payons pas pour acquérir un bien, nous payons pour le posséder le temps que l’on souhaite. Ce qui cloche dans le libéralisme tel que vous l’entendez, ce n’est pas la liberté. C’est la propriété. »

Le temps de savourer ces paroles, nous nous étions garés dans une petite rue du centre ville. Bien sûr, vu le peu de voitures, les places étaient plus faciles à trouver et le trafic moins important. Je remarquai que tous les parkings étaient gratuits. Nous avons fait quelques mètres. Quelque chose me surprit : il y avait dans les rues un nombre invraisemblable de petites boutiques vendant – ou plutôt louant – toute sorte d’ustensiles, pour la cuisine, le bricolage, ou encore des appareils électriques. Je vis également en nombre important des enseignes de récupération des déchets. Je demandais à mon oncle :
« Nous serons combien à t’aider pour ton déménagement ? »
« Il n’y a que toi », me répondit Anatole. J’étais intrigué, mais je n’eus pas le temps de le questionner qu’il partait déjà : « Attends-moi ici ».

Il entra dans une de ces boutiques et revint avec un couteau à huitre. « Pour ce midi… ». Devant mon étonnement, il m’expliqua :
« Comme tu peux le voir les entreprises se sont vite adaptées à la demande… Dans les quartiers résidentiels, par exemple, on trouve plein d’entrepôts avec du matériel de jardinage à disposition. »

Nous sommes entrés dans son appartement, un grand 3 pièces bien aménagé avec tout ce qu’il faut, le temps de déposer mon sac, puis sommes redescendus immédiatement pour prendre un verre en terrasse. Là nous avons discuté de tout, de rien, de la famille, de la vie. Je lui ai demandé :
« Combien loues-tu ton appartement ? »
« 100 lokis par mois. »
« Seulement ? C’est vraiment très peu… »
« Dis-moi combien achèterais-tu cet appartement dans ton pays ? »
« Acheter ? Je ne sais pas… Peut être 200 000 lokis ? »
« Et à ton avis quelle est la durée de vie d’un tel appartement, sans faire de trop gros travaux ? »
« Je ne sais pas, mais c’est un immeuble déjà ancien et il tient la route. Peut-être 200 ans ou 300 ans ? »
« Tu vois, 100 lokis, c’est une somme raisonnable… »

Il sortit un papier de sa poche et se mis à écrire des équations :
« Mettons qu’un bien ait une valeur V dans ton pays. Ici, nous considérons que cette valeur est équivalente à ce que l’on donnerait pour louer le bien sur un temps infini. »
« Cette valeur est infinie, alors ? »
« Non, car nous appliquons un taux d’usure aux biens. Vois-tu, cher neveu, mon loyer n’augmente pas d’années en années : il baisse, parce que mon immeuble vieillit. Notons L mon loyer annuel. Chaque année, j’applique un coefficient d’usure u constant. Puisque V est la valeur locative sur une durée infinie, nous avons l’équation suivante : V = Somme(t=0 -≥ inf.) {L*u^t}. C’est ce qu’on appelle une série géométrique. Si u est inférieur à 1, ce qui est logiquement le cas pour un coefficient d’usure, alors la somme est finie, et sa valeur est V = L / (1-u). Autrement dit, plus la durée de vie d’un objet est longue, plus le coefficient d’usure est proche de 1 et plus sa valeur sera importante, ou son loyer moins important, c’est selon. Par contre, dans la pratique, la valeur V peut être réajustée en fonction de l’offre et de la demande… »
« Comment fixez-vous le taux d’usure d’un produit ? »
« Il se fixe naturellement sur le marché. Si le taux d’usure d’un bien est trop faible, les consommateurs ne sont pas intéressés par les biens d’occasion, parce qu’ils sont aussi chers que les neufs. S’il est trop fort, les biens ne sont plus assez rentables sur le long terme. Tout dépend donc de la durée de vie d’un produit. Une tomate par exemple n’est plus bonne après quelques jours et a donc un taux d’usure important : une tomate périmée n’a plus aucune valeur, personne n’en veut, donc le producteur a intérêt à faire chuter le prix rapidement. Ce n’est pas la même chose pour une voiture ou un appartement. »
« Et comment fonctionne la distribution des biens, si ce n’est par achat-vente ? »
« La distribution est un service rendu facturé comme tel. »
« Il y a quelque chose qui cloche dans ce système… »
« Dis-moi ? »
« Ce verre de bière que nous buvons… Nous allons le payer n’est-ce pas ? »
« Oui. »
« Nous ne le louons pas, nous l’achetons. Non pas le verre, mais son contenu… Nous n’allons pas le rendre j’espère ? »
« En fait nous le louons, mais il a un coefficient d’usure si rapide lors de sa consommation que cette location est effective sur un temps infini : en pratique c’est comme si nous l’avions acheté. Un coefficient d’usure, et donc de fait un loyer, ne s’applique pas forcément à un intervalle de temps régulier : pense au kilométrage des voitures par exemple. Nous louons une voiture au kilomètre, et de manière générale nous payons d’autant plus cher un bien que nous l’avons usé. Les entreprises appliquent même des coefficients supérieurs à 1, c’est-à-dire une usure négative, quand elles effectuent des réparations. On considère qu’un consommable a un coefficient d’usure de 0 qui s’applique au moment où le bien est consommé : après consommation, il est définitivement usé. En pratique, un coefficient d’usure est déjà appliqué au moment où la bière sort du fût… Ce serait un peu compliqué de la remettre dedans… Sans le savoir, tu viens donc de louer cette bière pour une durée infinie. »
« Si je comprends bien, louer sur une durée infinie, c’est comme acheter chez nous. Ca ne fait aucune différence. »
« Oui effectivement. »
« D’autre part chez nous, on peut acheter un bien et le revendre d’occasion quelques années plus tard. Finalement c’est comme si nous avions loué ce bien, d’abord sur une durée infinie, puis que nous étions revenu sur notre décision. La différence entre le prix d’achat et le prix de revente correspond finalement à un loyer sur la durée pendant laquelle j’ai possédé le bien. »
« On peut dire ça… »
« Donc si je comprends bien, il n’y a strictement aucune différence entre votre système et le nôtre. »
« Si il y en a. »
« Alors quelles sont-elles ? »
« Premièrement : il est impossible de faire une plus-value chez nous. Posséder un bien a un prix, en aucun cas ça ne peut rapporter de l’argent. Ça s’explique simplement : même si nous avons acquis un bien, son prix continue d’évoluer suivant le marché et nous sommes tributaires de cette évolution. Deuxièmement : la modalité de paiement est différente, puisque nous payons progressivement le bien. Un peu comme s’il y avait un crédit systématique et gratuit pour tous. Après, dans la pratique il existe des modalités de paiement simplifiées pour les petits objets : je paie la totalité et on me rembourse au moment où je restitue le bien, mais ça reste valable pour les dépenses importantes. Troisièmement, et à mon sens c’est le point le plus important, nous pouvons cesser quand nous le désirons de posséder un bien. »
« Chez moi aussi, il me suffit de revendre mon bien. »
« Mais tu dois retrouver un vendeur… Et tu n’imagines pas acheter une voiture tous les matins et la revendre tous les soirs. Chez nous existe ce qu’on appelle le droit de restitution. C’est un droit du consommateur, qui est en fait un simple corollaire de l’absence de propriété. Nous avons le droit de restituer un bien à tout moment à l’entreprise qui nous l’a fourni, et celle-ci a le devoir de le reprendre, ce qui fait cesser le contrat de location. Il y a des conditions : on ne peut pas laisser sa voiture en plein désert, mais je pense que le droit de restitution est une énorme avancée sociale et écologique. »
« Ecologique ? »
« Bien sûr. Du point de vue des entreprises, ça change complètement la donne : une entreprise a le devoir de récupérer tout ce qu’elle fabrique quand ses clients n’en ont plus l’usage. Nous imposons donc aux entreprises de gérer ce qu’elles mettent sur le marché sur l’ensemble de leur durée de vie. Nous les forçons de ce fait à être plus responsables. Elles ne s’occupent plus uniquement de la production : elles ont en charge l’entretien, la réparation et le recyclage de leurs produits, des pièces, et même la gestion des déchets. En gros, ça veut dire que l’optimisation des processus propre à l’industrie ne s’opère pas uniquement sur la production des marchandises, comme c’est le cas chez vous, mais à toutes les étapes. »
« Et comment les entreprises se sont-elles adaptées ? »
« Quand le droit de propriété a été aboli et le droit de restitution instauré, les supermarchés, les fabricants de voitures, d’électroménager, de meubles, se sont tous retrouvés avec une tonne de biens usagés et de déchets sur les bras. Les gens rendaient les objets usagés pour ne plus avoir à les louer indéfiniment. Les entreprises ont dû vite réagir. Les magasins de grande surface sont ceux qui ont eu le plus de mal à s’adapter : ils vendent trop de choses différentes pour pouvoir tout gérer. Alors de plus en plus de magasins spécialisés de proximité sont apparus pour faire face à une nouvelle demande d’utilisation ponctuelle. C’est ce que tu as vu en bas de chez moi. Plus personne ne veut avoir chez lui un objet dont il ne se sert qu’une fois l’an, mais chacun veut pouvoir en disposer facilement quand il le souhaite. D’autres industries s’en sont très bien sorties parce qu’elles ont su tirer partie de ce changement. Les constructeurs automobile, par exemple, ont pris possession de tous les parkings des villes, qui sont devenus gratuits, et ont mis en place des systèmes locatifs pour leurs voitures. »
« C’est donc pour ça que vos parking sont gratuits… »
« Oui. Les constructeurs ont tout intérêt à rendre leurs marchandises accessibles. Ce sont eux qui gèrent l’entretien des véhicules. Ils ont mis en place des processus de récupération des pièces. Dans votre pays il y a un manque à gagner énorme quand une voiture part à la casse. Au Lokistan les entreprises sont passées maitre dans l’art de la récupération. Et puis petit à petit nous avons vu réapparaitre sur le marché des objets solides. C’est quelque chose que nous avions oublié : une machine à laver qui dure 20 ans, des chaussures qui font plusieurs années, des appareils électroniques qui ne se cassent pas… Les emballages à outrance aussi on diminué, puisqu’ils peuvent également être restitués en échange d’une consigne. Le jetable existe toujours, tu peux en trouver ici ou là, mais il est beaucoup moins rentable et beaucoup moins intéressant pour les entrepreneurs, qui ne souhaitent pas avoir à gérer des tonnes de déchets. Puisque les biens peuvent être utilisés ponctuellement, nous produisons moins, nous partageons plus, nous recyclons plus : c’est très écologique. Le marketing aussi s’est adapté à ce nouveau mode de gestion, et plutôt que de jouer sur les modes pour nous donner envie d’acheter du neuf, il nous vante aujourd’hui les bienfaits des objets durables et de la récupération, la qualité de l’accessibilité et de l’entretien des produits. Le droit de restitution a sonné le glas de l’économie du jetable et de la société de consommation. »

Nous avons terminé notre verre et sommes allés manger des huitres. L’après midi fut l’occasion d’une visite de la ville. Mon oncle en a profité pour troquer son vieux manteau usé contre un presque neuf dans un magasin de proximité et pour rendre le couteau à huitre là où il l’avait emprunté. Je fus amusé en passant devant un magasin d’informatique où les vieux ordinateurs à très bas prix, garantis en parfait état de fonctionnement, côtoyaient les neufs. Nous avons passé la soirée dans un charmant restaurant avant de rentrer nous coucher.

La nuit porte conseil. Tous ces nouveaux concepts trottèrent toute la nuit dans ma tête, et le lendemain, à peine levé, je revins à la charge :
« Je sais ce qui cloche dans votre système. »
« Dis-moi ? » Mon oncle était en train d’éplucher des légumes pour le déjeuner.
« Au fait… Les épluchures, tu vas les restituer ? »
« Oui, ils vont en faire du compost je crois. C’est ça qui cloche ? »
« Non, non. Ce qui cloche, c’est qu’il y a forcément des propriétaires. Un bien appartient forcément à quelqu’un. A qui loues-tu ton appartement par exemple ? »
« Je le loue à une entreprise de construction de bâtiments, celle qui l’a mis sur le marché. »
« Donc ton appartement leur appartient. »
« Si on veut… Contractuellement, mon appartement m’appartient du moment que je le loue. »
« Mais on pourrait dire qu’ils en sont propriétaires… Ils touchent de l’argent par le simple fait de posséder cet appartement, de l’avoir construit. »
« C’est cela. Une entreprise mettant un bien sur le marché en est responsable sur toute sa durée de vie et en touche le loyer. »
Je triomphais :
« Ce sont des rentiers ! Par conséquent, la personne qui possède cette entreprise de bâtiment est un propriétaire qui jouit de la possession… Exactement comme chez nous. Ils doivent se faire des c#$!* en or ! »
« Il y a un problème dans ton énoncé. »
« Comment ça ? »
« Tu as dis la personne qui « possède » cette entreprise. La propriété n’existe pas ici. Personne ne possède cette entreprise. »
Je commençais à cogiter sérieusement.
« Mais comment… Enfin, qui… »
« Tu veux savoir comment fonctionne l’actionnariat ici, c’est ça ? »
« On peut dire ça… »
« Très bien. Tu vas vite comprendre. D’abord il y a une chose qu’il faut remarquer : monter une entreprise coûte beaucoup moins cher que chez vous, simplement parce qu’il ne faut rien acheter. Si l’entreprise capote, il suffit de restituer tous les biens. Donc pas d’amortissement : une entreprise est beaucoup plus vite rentable, elle l’est dès que son activité devient bénéficiaire. »
« Effectivement… »
« Toutefois il y a toujours des coûts initiaux. Un restaurant ne marche pas du jour au lendemain, il faut qu’il se fasse un peu connaître, qu’il fasse de la publicité… Une entreprise louant des biens doit commencer par les produire… Il faut donc tout de même mettre de l’argent sur la table pour monter une affaire. Ici aussi il existe des banques pour faire des prêts. Il existe aussi des actionnaires. »
« Mais ils ne sont pas propriétaires ? »
« Non, ils sont locataires. Les actionnaires louent leurs actions. Si le cours de l’action augmente, le loyer de l’action augmente également. Tu le vois, ici, il ne peut pas y avoir de spéculation. La location d’une action consiste à financer régulièrement une entreprise, ce qui lui permet de vivre, en échange de quoi il est possible de toucher des dividendes issus du résultat de celle-ci, proportionnellement au loyer payé. Pour simplifier, être actionnaire, c’est donner de l’argent en janvier pour le récupérer en décembre. C’est pareil que chez vous : l’actionnariat est une prise de risque rémunérée. Le pari, c’est que les dividendes seront supérieurs à la somme des loyers payés, ce qui est le cas si l’entreprise est rentable. Mais si les dividendes deviennent vraiment importants, tu te doutes bien que l’action va augmenter… Il y a donc un équilibre. »
« C’est un fonctionnement étrange… Finalement une entreprise rentable n’a pas besoin d’un financement régulier, enfin, sauf si elle souhaite croitre. »
« C’est exact. Comme le cours de l’action finit généralement par s’ajuster sur les dividendes ou juste en dessous, l’actionnariat n’est plus d’un grand intérêt. Imagine qu’une entreprise augmente sa rentabilité en diminuant ses dépenses. Moins de dépenses, c’est moins de besoin en financement. Pourtant c’est aussi plus de bénéfice, donc plus de dividendes, ce qui a pour effet de faire monter le cours de l’action. Résultat : l’entreprise est sur-financée par rapport à ses besoins. Elle redistribue aux actionnaires l’argent que ceux-ci ont investi, mais cet argent n’a strictement servi à rien. Pour pallier à cette situation, de nombreuses entreprises appliquent un coefficient d’usure à leurs actions qu’elles ajustent en fonction de leurs besoins en financement. Quand elles sont capables de s’autofinancer, elles font en sorte que les actions s’usent et disparaissent… Et les dividendes avec. Si une entreprise souhaite croitre, elle va au contraire rehausser le loyer de l’action en appliquant une usure négative, ou en réémettre de nouvelles. Mais une entreprise en bonne santé, à taux d’activité constant, n’a généralement pas ou peu d’actionnaires, et redistribue donc ses bénéfices aux salariés ou bien le réinvestit. Par exemple, ce sont les salariés de mon entreprise de bâtiment qui touchent mon loyer, et dans ces salariés, il y a aussi bien des ouvriers et des ingénieurs du bâtiment que des plombiers qui viennent réparer mon évier quand il est bouché… »
« C’est intéressant… Les entreprises sont-elles de ce fait moins tournées vers le résultat à court terme ? »
« C’est évident. Avec ce système, c’est l’entreprise qui possède la maitrise de son financement, et non l’inverse. Le résultat immédiat, c’est un rapport de force différent au sein des entreprises et une économie qui est globalement moins dirigée par la finance, la croissance et le profit et est plus tournée vers ses salariés. Depuis que nous avons instauré ce système, il s’est mis en place une forme de concurrence sociale entre les entreprises, parallèlement à la concurrence commerciale. De nombreuses coopératives et entreprises démocratiques ont vue le jour. Ici, elles ne peinent pas à trouver des investisseurs comme chez vous : elles sont rangées à la même enseigne que les autres. Et comme les gens préfèrent largement travailler dans une structure qui leur permet d’avoir leur mot à dire sur la conduite de l’entreprise, et en particulier sur la gestion sociale… Bien sûr le salaire joue aussi, donc la rentabilité de l’entreprise, c’est une question d’équilibre. En tout cas le climat est globalement plus coopératif. Avec la diminution de l’emprise financière, l’économie s’est pacifiée. »
« Il y a donc moins d’inégalité depuis que la propriété a disparu ? Est-ce que la société a changé ? »
« Bien sûr. Il y a plusieurs facteurs importants. D’abord puisqu’il n’y a pas de propriétaires, seul le travail est rémunéré. L’argent est donc mieux réparti. La possession ne rapporte pas en elle-même. Ensuite, comme il y a beaucoup moins d’actionnaires, les salaires sont globalement plus élevés en proportion des bénéfices, et l’accroissement de la productivité profite forcément aux salariés ou aux consommateurs. Enfin, les prix ont largement diminué depuis la mise en place de ce système. En effet, puisque nous produisons moins, que les objets sont plus durables, les coûts sont globalement plus faibles et ça se répercute mécaniquement sur les prix. Les personnes plus pauvres peuvent vivre correctement en louant des biens plus usés. Pour finir nous dépensons moins simplement parce que nous utilisons beaucoup de choses ponctuellement, et donc nous possédons moins. Donc nous gagnons plus et dépensons moins. Faire du durable, c’est plus économique à tous les niveaux. »
« Si vous produisez moins, il y a donc aussi moins de travail ? »
« Tu es très perspicace cher neveu. Oui, effectivement, il y a moins de travail, mais il est mieux payé… Et paradoxalement, il y a aussi plus de métiers, dans la récupération, l’entretien, les commerces de proximité, donc plus de travailleurs. Au final, grâce à une meilleur répartition des richesses, nous avons globalement le même confort et le même pouvoir d’achat que chez vous mais en travaillant moins. Je veux dire le même pouvoir de location, enfin, tu m’auras compris… Nous avons troqué les chômeurs et les financiers contre des salariés, en quelque sorte. »
« Mais avec les prêts, l’argent rapporte de l’argent, donc les riches s’enrichissent. C’est vrai aussi chez vous. »
« C’est vrai. Mais puisque l’argent est moins important ici et qu’on en a moins besoin, il est moins demandé et il en rapporte beaucoup moins que chez vous. Personne ici ne va faire un prêt pour acheter un appartement ou une voiture, puisqu’ils se louent. Comme je te le disais, tout se passe comme si le crédit était systématique et gratuit. Je te disais aussi que les entreprises rentables n’avaient pas forcément d’actionnaires. La demande est donc très faible, et au final l’investissement permet surtout de faire en sorte qu’une épargne ne perde pas sa valeur, mais personne ne pourrait avoir suffisamment d’argent pour vivre uniquement de ses intérêts. »
« Les entreprises ne répercutent-elles pas d’une manière ou d’une autre le « prix du crédit » sur leurs loyers ? »
« Non, pas vraiment, parce que pour elles aussi le crédit est gratuit et les frais plus vite amortis. Une fois la machine lancée, ce n’est plus nécessaire. Et quand bien même elles le feraient, ça profiterait aux travailleurs de l’entreprise, principalement. »
« Donc au Lokistan, il n’y a pas réellement de grandes puissances financières, pas de conglomérat de la finance ? Pas de grands patrons ? Pas de rentiers ? »
« Il en reste encore mais beaucoup ont disparu petit à petit quand nous avons aboli la propriété. Les fortunes ont fondu. Il y a des patrons mais ils ne s’octroient pas des salaires mirobolants, parce que monter une affaire est à la portée d’un plus grand nombre. Mais nous n’avons exproprié personne : il est simplement devenu interdit d’acheter pour les particuliers, et interdit de vendre pour les entreprises. Les propriétaires immobiliers ont été incités à vendre leurs biens à des entreprises du bâtiment, et quand l’immobilier a commencé à baisser, ils se sont vite exécutés… De même pour les autres types de biens. Aujourd’hui il existe encore quelques gros propriétaires, mais ils se font rares. Les gens ont simplement gardé les affaires dont ils avaient besoin ou auxquelles ils étaient attachés et revendu le reste à des entreprises. »
« Moins de pauvres, moins de problèmes sociaux donc ? »
« C’est indéniable. Moins de criminalité, moins de dépenses sociales… Et puis tu sais au Lokistan nous partageons tout. Les biens sont à la disposition de tous, ils sont entretenus par les entreprises, nous pouvons les conserver le temps que l’on souhaite. J’ai une impression de liberté que je ne connaissais pas avant. Il y a aussi énormément de magasins de proximité. C’est quelque chose qui change beaucoup les relations sociales et l’état d’esprit des gens. Cela crée beaucoup d’harmonie. »
« En fait vous avez inventé le communisme libéral. »
« C’est un peu ça. »

Ce matin là nous avons loué des vélos, une nappe et un sac à piquenique et sommes allés nous promener à la campagne. En nous reposant sur l’herbe, nous avons parlé boulot. Mon oncle m’expliquait qu’il y avait bientôt une élection dans son entreprise de télécommunications pour choisir la nouvelle direction. La bataille électorale faisait rage. Il me raconta comment ils s’étaient entendus avec leurs concurrents pour cofinancer leur logiciel de gestion, et m’avoua crânement qu’il ne travaillait jamais plus de 30 heures par semaine. En regardant les exploitations agricoles et les bois qui bordaient la route, une nouvelle question me vint à l’esprit.

« Anatole, j’ai encore une question qui me trotte dans la tête… A propos de votre système… Je ne t’ennuie pas j’espère avec mes questions ? »
« Du tout ! Vas-y. »
« Voilà… Puisque les objets appartiennent finalement à ceux qui les ont mis sur le marché, à qui donc appartient la nature ? »
« La nature appartient à la collectivité, c’est-à-dire à l’État. L’État est le garant des communs, et la nature en fait partie. Toute entreprise exploitant une ressource naturelle, dégradant un écosystème ou utilisant industriellement l’eau ou l’atmosphère paie un loyer à l’état. Le sol en lui-même appartient à des collectivités locales. Toute entreprise occupant un sol (comme celui de mon immeuble, occupé par l’entreprise de bâtiment qui le détient) paie un loyer à la ville pour cette occupation. »
« A quoi sert cet argent ? »
« Il sert à financer les communs : l’éducation, la création, la recherche scientifique, les animations et les infrastructures locales, et certains services que nous estimons essentiels, comme la couverture maladie ou le réseau informatique… Il est aussi redistribué aux citoyens sous la forme d’un revenu d’existence, assez faible je dois dire, mais permettant tout de même de se payer un petit loyer et à manger. Pour le reste il n’y a pas d’impôt sous aucune forme que ce soit au Lokistan. Je t’avais bien dit que nous étions ultralibéraux, tu ne m’as pas cru ? »
« Pas d’impôts ? Un revenu d’existence ? C’est un paradis chez vous… N’y a-t-il aucun inconvénient à ce modèle économique ? »
« J’en vois bien un », me dit mon oncle en riant. « Faire ses comptes est devenu un véritable casse-tête ! »

Dans l’après midi j’ai aidé Anatole à déménager. Nous n’étions effectivement que deux, mais ça n’a pas pris plus d’une heure : des représentants de tous les magasins sont venu reprendre ses biens (son lave linge, son réfrigérateur, ses meubles, ses appareils électriques et sa vaisselle). Mon oncle a pris les affaires qu’il désirait conserver dans deux gros cartons : quelques livres, des albums photos, son ordinateur et ses vêtements. Il en a porté un et je l’ai aidé à porter l’autre. Dans la rue, nous avons choisi une voiture avec un coffre assez grand pour tout emporter, et en déposant ce carton qui faisait à peine quelques kilos dans le coffre, je compris à quel point la propriété pouvait aussi être un fardeau.

Nous nous sommes rendus dans son nouvel appartement, un peu plus grand que l’ancien. Il rit : « Et oui, j’ai eu une augmentation… Sans doute la direction qui veut se faire réélire ! ».

Il avait prévu le coup, tout était déjà en place : les meubles, presque identiques aux anciens mais un peu plus neufs, le lave linge, le frigo : tout était là. Nous avons déposé ses cartons dans l’entrée. Il m’a remercié et m’a accompagné à la gare, me laissant repartir avec des idées plein la tête. Je l’ai moi aussi remercié, lui promettant qu’on se reverrait prochainement… Qui sait, peut-être pour mon installation au Lokistan ?

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81 réponses à “Bienvenue au Lokistan !, par Quentin Ruyant”

  1. Avatar de cyrille
    cyrille

    « mais qu’est ce qui m’empêcherait dans ce système de casser ma télé à la hache pour l’éteindre et de la restituer aprés coup, les frais de réparation étant pris en charge par la société locatrice ? »

    si on defini le taux d’usure comme, a 0, une tele neuve, a 100, une tele ne fonctionnant plus. en cassant la télé, on doit payer le differentiel entre la valeur a laquelle on l’a loué et une valeur nulle. donc on paye sa consomation (c’est un peu comme boire la bierre)

    ai-je bien compris ?

    par contre, la « non-speculation » n’est pas vraiment un argument :
    je loue une maison 100/mois
    un equipement public s’installe a une distance interessante qui fait augmenter l’attrait et donc la valeur locative de la maison : je peux la sous-louer pour plus cher ou bien je continue a occuper ce lieu avec le meme tarif. c’est une forme de speculation

    en ce qui concerne la possession de sa maison, quesqu’il m’empeche de creer une entreprise de batiment, de construire une maison et de me la louer a moi meme ?

  2. Avatar de FabienF
    FabienF

    Tout a fait d accord avec Patriste. La critique de Auguste est tout au plus efficace que a montrer combien notre paradigme actuel nous enferme dans des notions de liberté au final totalement inhumanisantes. Auguste discrédite une utopie ni plus ni moins quand presupposant les comportements des acteurs de cette société comme étant les nôtres a l’heure actuelle. Ma question est alors simple. Croit il en l’immuabilité des dites « lois » économiques?

    Auguste pense t il qu il existe une sorte de « statique » humaine qui conditionne notre évolution dans le temps? A ce titre, alors, pourquoi ne pas « modéliser » notre individu « libre » comme étant soumis a des jeux cooperatifs ou nons, aux enjeux « naturellement » (mm biologiquement si on va jusqu au bout de analogie) conditionnes. ce raisonnement est celui des economistes…

    Quels sont, Monsieur LeClownBlanc, vos « axiomes du choix humains » qui vous permettent d effectuer si facilement l’analyse du système décrit dans ce billet? … les révéler est parfois chose très difficile, car certains sont surement inavouables?
    Ce cadre de la competition du tous contre tous n’a était publiquement légitimé que grâce a des modélisations du choix plutôt simplistes (cf axiomes de la theories des jeux et tous les paradoxes qui les « questionnent ») qui font croire a l émergence d un ordre spontané (public choice) dans le chaos de l’individualisme.

    Pour transcender l’économie… nombre de société dites archaïques peuvent grosso modo s’inscrire dans une partie de cette « réalité » alternative (bien sur, il faut faire preuve d’une énorme gymnastique d esprit, qui je vous l accorde peut être contestable). Les méfaits de la propriété privée ont était identifies par nombre de peuples pre-capitalistes, notamment des peuples nord americains je crois. La lecture d’études d’anthropologie est vivifiante, car elle questionne en permanence nos pré-penses concernant le sacre, de don, la Croyance …

    Pour ma part, je remercie l’auteur pour cette bienfaitrice stimulation de nos neurones.

  3. Avatar de FabienF
    FabienF

    voir évoquer une « nature humaine » dans nombre de billets de ce post me donne envie de relire mes classiques de Jean Claude Michea. Ah, « moindre mal », quand tu nous tiens!
    Je prends alors volontier le risque qu’on m’appelle Pol Pot!

  4. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Voilà en en quelques pages une utopie qui pose des questions inévitables qui ont déjà été débattues mais cette façon « concrète » d’entrer dans le système permet de dégager des pistes et ouvrir des perspectives.

    Dans les commentaires précédents, je n’ai pas vu une distinction importante : propriété personnelle et propriété collective des moyens de production et d’échange. Les mécanismes introduits pour la production marcheraient à l’identique (sauf erreur) même si les objets produits étaient vendus.

    La location de services est une tendance lourde de notre société (il est possible de louer du temps de voiture, entretien compris, dépannage en cas d’accident) : la critique d’Auguste porte principalement sur le fait que les entreprises fonctionnent « à but lucratif ». C’est bien le problème du libéralisme même ultra !
    Le service public a lui pour fondement un fonctionnement à but non lucratif et pourrait très bien s’accommoder d’une location des moyens de production et d’échanges.

    Reste à voir pour qu’une utopie ne soit pas seulement virtuelle :
    1/ Comment faire démarrer le système ? Des secteurs d’activité ? Un pays ? Articulation avec ceux qui ne fonctionnent pas de la même manière ? (Remarque générale : si un système économique et social était véritablement avantageux, pérenne, émancipateur, qui refuserait de l’utiliser ?)

    2/ Comment étendre les services auprès de chacun, quel que soit son lieu de résidence ?

    3/ Comment éviter, dans un premier temps de concurrence non libre et faussée, les missiles ?

  5. Avatar de Beaufou
    Beaufou

    @BA
    Peut etre allons nous enfin voir la fin de ces histoires de « green shoots ».
    ça fait des semaines qu’on me regarde comme un petit animal pathetique quand je parle de ce que je lis et observe, sur ce blog notamment, je commencais serieusement a fatiguer.

  6. Avatar de Marquis de Laplace
    Marquis de Laplace

    Hé les potes, je viens de lire un article publié sur http://www.l‘univers.un sur le lokistan. Faites gaffe!

    Le Lokistan pourra-t-il survivre?

    De notre envoyé spécial Bronsé Partou

    Pour Quentin Ruyat c’était un rêve devenu réalité. La possiblité de vivre pleinement dans une société écologique, libérale, juste, équilibrée. Trois ans auparavant, Quentin donne tous ces biens à des amis et quitte la France pour le Lokistan.

    Aujourd’hui il déchante.

    Tout commençe par les idées d’un brillant lokistanais, un certain Madauffe. En quelques années Madauffe construit un empire énergétique, dont bien entendu il n’est pas propriétaire, mais qu’il contrôle parfaitement.

    Tout se passe comme sur des roulettes: il émet des actions lesquelles sont loués par des actionnaires. Avec celles-ci il loue tout ce qui produit de l’énergie. Aujourd’hui il n’exite aucune source d’énergie (pétrole, gas, éolienne, panneau solaire, etc) qui ne soit controler par des entreprises Madauffe.

    Au fur et à mesure que le monopole s’établissait, le loyer énergétique que Madauffe chargeait augmentait, les dividendes de son action grimpait, et le cours de son action montait, mais moins que les dividendes car Madauffe émettait un flot incessant d’action qui lui permettait de s’accaparer de plus en plus des sources d’énergie. Ainsi pour les actionnaires, les dividendes augmentaient plus vite que le loyer de l’action ce qui rendait l’action encore plus attrayante et ce qui permettait à Madauffe d’émettre encore plus d’action sans difficulté.

    « Madauffe m’a rendu riche » disait la coiffeuse du coin dont les dividendes croissant lui avait permit de fermer son commerce et de vivre une vie de rentière. Je payais en loyer d’action une fraction de ce que l’action me rapportait. De plus tous les autres commerces fermaient car ils n’avaient pas les moyens de payer des dividendes aussi élevés que Madauffe dont l’entreprise, jouissant d’un monopole énergétique, pouvait augmenter sans cesse le loyer de l’énergie. Et puis, plusieurs entreprises durent fermer car le prix énergétique était tout simplement rendu trop élevé. Mais moi mon dividende augmentait et relativement j’étais devenu très riche car je pouvais louer plus de choses que beaucoup de mes collègues qui continuait la coiffure.

    « Et puis il m’a ruiné » dit, inconsolable, la même coiffeuse. Au bout de quelques années tout le monde fermait boutique car les entreprises n’étaient plus rentables en raison du prix énergétique, les dividendes de Madauffe était alléchant et permettait de gagner le même revenu sans aucune effort, et c’était presque d’ailleur la seule façon de survivre pour payer le loyer énergique d’une habitation normale! Et puis vers la fin tout le monde avait besoin de l’argent des dividendes mais Madauffe ne recevait alors plus assez d’argent (car les commerces avaient pour la plupart fermé ne payait plus d’énergie et pire, exigeait de payer pour la restitution pour les appareils énergétiques que Madauffe leur avait loué)

    Pour C. Compliqué, professeur d’économie à l’Université Libre du Lokistan, tout s’explique par une faille du système: s’il est vrai que chaque actionnaire doit payer un loyer et qu’il n’y a pas de plus-value, en réalité il n’en en rien car l’accroissement du loyer d’une action et de son dividende ne sont pas les mêmes d’une entreprise à l’autre et donc la differentielle entre les deux s’accroit à des rythmes différent d’une entreprise à l’autre. Il s’en suit que certaines entreprises ont des actions qui sont plus désirables que d’autres et il s’ensuit un phénomène d’entrainement et de bulle spéculative. Ainsi si l’action de l’entreprise A et B se louent $10 et rapporte $11 et que seule l’action A bondit 2x et donc se loue $20 et rapporte $22, l’actionnaire voit son dividende net effectivement doublé de $1 à $2 alors que B croupit à $1.

    Quoi qu’il soit, pour Quentin, le Lokistan restera un souvenir amer. Heureusement qu’un charitable bloggeur lui a envoyé quelques euro pour lui payer son avion de retour!

  7. Avatar de Mikael EON
    Mikael EON

    La tendance de ces dernières années menait à la privatisation maximale, nous en vivons les méfaits.

    Cette utopie, bien contée, vante une « communisation » maximale.

    Que la religion du tout privé cesse de faire des adeptes et que les communs regagnent du terrain me semblerait plus vivable.

    Le noir me déplait autant que le blanc. Puis j’aime mes livres (et les annotations que j’y ai mis), etc, etc….

  8. Avatar de Auguste
    Auguste

    à Patriste [12:36]
    Vous dites « Vous prenez comme base de reflexion des entreprises (…) dans un monde de propriété individuelle et vous les transportez ces entreprises dans un monde purgé de propriété individuelle »
    Eh oui ! N’est-ce pas ce qui est préconisé ? J’observe l’évidence : Je n’ai plus que 3, 4, 5 caisses en carton ondulé avec mes derniers effets pas encore à l’état de déchet. Il est clair que ma sécurité est nulle et que je dois impérativement

    accepter n’importe quel travail d’esclave qui pourrait m’être proposé … si jamais c’est possible ou alors — également si c’est encore possible — me faire entretenir par LA COMMUNAUTE. L’idée de me faire entrenir par d’autres me fait

    HORREUR. J’en ressentirais une telle HONTE ! Pour ce qui me concerne « Pas de retraite — Pas de RSA ». Je suis ainsi. Qui pouvez-vous ? Rien. Chacun n’est-il pas comme il est ? Appelez cela comme vous voulez … de la bêtise

    ? .. de l’orgueil ? … je ne sais pas moi … Il est possible que ce soit un vice. Vous dites  » mon prof de math en sup a dit : il ne faut pas s’étonner que la courbe que mathlab vient de tracer ne corresponde pas à ce à quoi vous vous

    attendiez si vous lui faites tracer la-dite courbe dans un mauvais référentiel ». Il avait surement raison dans le contexte qui était le sien quand il prononça cette phrase. Sinon il ne l’aurait sans doute pas proposé à ses élèves.
    Avec toute sa séduction, amplifiée par les medias, Jean-Marie Messier aurait bien aimé — comme beaucoup d’autres — nous pousser plus rapidement vers un asservissement plus important, ex Compagnie Générale des Eaux comprise.
    Ma vie d’être humain ne se résume pas à une suite de budgets annuels de locations encaissés par MSN, GoogleCash, FT_money24h/24, EdF, Suez, etc.
    Vous dites « On a quand même (encore) le droit de rêver ! « .
    Dans l’immédiat je dors encore bien. Et l’utopie consistant à me plonger dans des cauchemars quotidiens m’effraie tant que je compose tous les jours — depuis 10 ans — pour prévenir les monstruosités qui semblent vous séduire. Je ne

    comprends d’ailleurs pas pourquoi d’ailleurs … PAS DU TOUT ! Seriez-vous un de ces marchands d’abonnements incontournables, obligatoires, validés par les lois scélérates de ces parlementaires infréquentables.

    à FabienF [16:01]
    Avec votre introduction — courageuse ? — « Tout a fait d accord avec Patriste »,
    je me trouve contraint de vous renvoyer au paragraphe qui précède.
    Mêmes questions, notamment Où est l’émancipation ? Non seulement je n’en vois aucune. C’est l’opposé : l’esclavage pharaonique.
    Il ne manque plus que Jacques Attali et Fitoussi pour couronner le tout.

    Contrairement à ce que vous écrivez, notre paradigme actuel ne nous enferme pas encore dans un asservissement à la fois angoissant au dernier degré et totalement déshumanisé. La thèse Ruyant est innommable.
    Vous dites : « Auguste discrédite une utopie ni plus ni moins quand presupposant les comportements des acteurs de cette société comme étant les nôtres a l’heure actuelle. »
    Mon comportement actuel est nullement pourri par la société actuelle. Au contraire, je crois l’opposé. L’actuel société pourrie nous pousse à nous élever vers des dynamiques individuelles d’exception.
    J’ai horreur des –ismes, vous le savez. N’y a t-il pas des dizaines et dizaines de formes d’individualistes très différentes, parfois totalement opposées.
    Ensuite, vous avez une question que vous trouvez simple à énoncer.
    Q1 : Vous interrogez : « Leucotrio croit il en l’immuabilité des dites “lois” économiques ? « 
    Allez, je réponds rapidement, sans essayer de faire une composition française.
    1°/ Je crois nullement à l’immuable ! N U L L E M E N T ! Sinon pourquoi me donnerais-je tout ce travail d’écriture, composition, etc. ?
    2°/ Je crois nullement dans des « lois économiques ».
    Quand on est entouré de Rusés manipulateurs, Réseaux opaques tentaculaires, ShadowKnights, Myriades de fiscaloFinanciers experts en TaxHavens,
    Voleurs de haute volée (Haute Finnace), Arrivistes, Opportunistes, Corrupteurs et corrompus, Tricheurs, Hypocrites, Pervers, Ogre(sse)s, etc.
    on ne cherche à représenter le réel avec des équations mathématiques, des normes (contournables dès leur conception par les intéressés), des cycles, des courbes de l’Offre et de la Demande, etc.
    Pipo – Pipo – Pipo.

    Q2 :Vous interrogez : Auguste pense t il qu il existe une sorte de “statique” humaine qui conditionne notre évolution dans le temps ?
    Oui, une lourde lourde inertie … excu_sable, à respecter, comprendre.
    Nous n’avons que des cerveaux de chimpanzés; nous faisons ce que nous pouvons.
    Les dynamiques cérébrales sont souvent peu « platiques », peu flexibles, … C’est ainsi.
    Sortir d’une croyance absolue est souvent mission presque impossible.
    Un ami vraiment sympa m’a recommandé la lecture de trois libres que je n’ai pas encore acheté

    [_] Le Sexe, L’Homme et l’Evolution de Pick
    [_] Le Nouvel Inconscient de Naccache
    [_] Biologie dans le boudoir de Alain Prochiantz

    Q3 : Vous interrogez : « Alors, pourquoi ne pas “modéliser” notre individu “libre” comme étant soumis à des jeux cooperatifs ou nos,
    aux enjeux “naturellement”
    (mm biologiquement si on va jusqu au bout de l’analogie) conditionnés ».
    Et vous poursuivez « Ce raisonnement est celui des economistes ».
    La vie des mondes opaques et des affaires en trillions peut-elle est appréhendable par un quelconque raisonnement ?
    Est-ce que cela ne dépasse pas complètement l’entendement ?
    Combien d’économistes prennent en compte les turpitudes où l’unité est la centaine de milliards de $ ?

    Qui s’efforce d’établir un lien entre l’hydre du GoldQuatuor, la biologie et la folie des ogres, leurres, enfumeurs, etc. ?

    Q4 : Vous interrogez : « Quels sont, Monsieur LeClownBlanc, vos “axiomes du choix humain” qui vous permettent d’effectuer si facilement l’analyse du système décrit dans ce billet ? »
    Quelqu’un l’a écrit : une saine demi-colère feinte de deux minutes.
    Après tout n’est-ce pas mon droit, pour autant que l’éditeur de ce blog-forum accepte mon propos.

    Ensuite vous affirmez :
    « Ce cadre de la ‘competition du tous contre tous’ n’a été publiquement légitimé
    que grâce a des modélisations du choix plutôt simplistes

    (cf axiomes de la theories des jeux et tous les paradoxes qui les “questionnent”)
    qui font croire a l émergence d un ordre spontané (public choice) dans le chaos de l’individualisme.

    Vous ne trouverez pas une ligne de ma part laissant sous entendre l’émergence d’un ordre spontané.
    Des multitudes de forces et atouts complémentaires seront, le moment venu, à mobiliser pour tracer des repères flexibles à côté des rails existants menant à l’Explosion, l’Apocalypse.
    Attention !
    N’associez pas individus et chaos, seuls des individus pourront proposer des pistes pour sortir du chaos induit par les infrastructures rivées aux Façades Nord et Façades Sud du GoldenAnanas
    aux puissantes écorces régaliennes coupantes.

    Vous dites :
    Nombre de société dites archaïques peuvent grosso modo s’inscrire dans une partie de cette “réalité” alternative
    (bien sur, il faut faire preuve d’une énorme gymnastique d esprit, qui je vous l accorde peut être contestable). »

    N’est-ce pas un peu rapide ?
    Quant aux aspects matériels, la voie est-elle de revenir à l’âge de pierre (Je n’ai pas le temps de chercher une autre formulation à cette question ) ?
    La réponse n’est assurément pas uniquement dans le passé … assurément pas !
    Disons à 50% dans des passés lointains et à 50% dans des myriades d’inventions inédites corrélées, cohérentes les unes avec les autres.
    En dehors des constats négatifs bien connus de l’existant (socialolibéralisme, etc.) y aurait-il une once d’innovation vraie (extérieure au passé) chez votre Jeanb-Claude Michéa ?
    Je n’ai pas priori, c’est une question. Je viens simplement de jeter un coup d’oeil à sa fiche sur wikipédia. ça m’a la’air d’être que du retour au XIXe siècle. Je me trompe ?
    Vous affirmez sans argumentation
    « Les méfaits de la propriété privée ont était identifiés par nombre de peuples pre-capitalistes, notamment des peuples nord americains je crois. ».
    Etait-ce « Les méfaits de la propriété privée » ?
    N’était-ce pas d’abord les méfaits d’esprits obtus, violents, prêts à tout pour avoir plus que le voisin, nourris de croyances délirantes, menteurs avec les indiens ?
    Que peut-on croire des films qui nous présentent cette «  »Odyssée » » … les jolies filles maquillées en studio, les chariots, la guitare autour d’un feu ?

    Vous soulignez :
    « La lecture d’études d’anthropologie est vivifiante, car elle questionne en permanence nos pré-penses concernant le sacre, de don, la Croyance … »
    Que me proposez-vous de lire.
    Je ne suis pas très doté en livres d’anthropologie : Lévi-Strauss, un vraiment bien (ancien) sur la vie en Océanie, Micronésie, … L’île perdue ou La dernière île
    Fathy en Egypte, Le Chemin des Villages au Sahel, …

    Je remercie l’auteur pour cette bienfaitrice folle envolée irréfléchie qui l’incitera à proposer le contraire la prochaine fois, puis encore autre chose ensuite.

    Il me faut aussi remonter à Marc Peltier et (…). Foooh ! Quel travail !

  9. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    La propriété est une LDI; location à durée indéterminée.
    La LDI du pavillon du « clown blanc » prend fin à sa mort.
    Si il décède sans descendants l’état récupère ce bien.
    En cas d’ouverture de succession le contrat de LOCApropriété passe au descendant moyennant forte redevance à l’état!
    L’achat d’un véhicule est une location à l’état jusqu’à usure complète sauf éventuelle cession de jouissance à un tiers acceptant de le réutiliser jusqu’à détérioration ultime ou prime à la casse…l’échange se faisant à travers la « reprise » de la durée de vie restante du véhicule.
    Le droit à utilisation est concrétisé par l’achat de la carte grise et la redevance au KM c’est la TIPP.
    On constate que tous les biens matériels et immatériels appartiennent *in fine* à l’état quel que soit le nombre de propriétaires-locataires intermédiaires avant destruction.

    En fait nous empruntons tout jusqu’à notre mort, y compris nos corps.
    Je me demande ce que l’état en fout d’ailleurs, à moins que nous n’en fassions don à la science.
    Ce qui dans mon cas ne serait pas un cadeau.

  10. Avatar de Visiteur du soir
    Visiteur du soir

    A lire et relire : tout Gébé et bien sûr sa BD, L’an 01.

    A voir et revoir : le film qui en est tiré en 1973 par Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch avec Gébé au scénario (excusez du peu), L’an 01. De mémoire : « On arrête tout, on fait un pas de côté, on réfléchit et c’est pas triste. »

  11. Avatar de Auguste
    Auguste

    à JeanNimes [16:42]
    Vous dites : « La critique d’Auguste porte principalement sur le fait que les entreprises fonctionnent “à but lucratif”
    Nullement-nullement. Je m’insurge sur le fait que l’on veuille m’obliger à louer à des conditions contractuelles sur lesquelles je n’aurais aucune prise. Ces règles seraient issues de ce Parlement ou d’un autre. Que la gestion opérationnelle soit assurée par une nomenklatura-bureaucratie anatiofurtive pilotée
    par une Brochette narcissique et ses amis aux Comores (SG) ou
    par J.M. Messier et ses amis des Bermudes,
    jc’est kif-kif
    Je veux pouvoir décider quand je rêve, quand je pense prendre un risque dans l’avenir, quand j’épargne jusqu’à tel ou tel niveau, quand j’investis, quand je me serre la ceinture au maximum. Comme tranche d’âge je suis décalé de ceux qui me précèdent comme de ceux qui suivent. Si je suis obligé de faire exactement comme tout le monde, pour payer exactement les mêmes loyers que mon voisin … si je suis obligé de travailler exactement comme tout le monde toujours à cause de ces foutus loyers imposés par l’Etat ou JM Messier … loyers régulés, normalisés, calibrés
    Dans le système, je ne serais plus même un objet animé.
    Plus même besoin de ClownBlanc pour faire la comptabilité.
    Tout est prévisible, plus même qu’avec un robot qui serait à ma place.
    Vous dites : « C’est bien le problème du libéralisme même ultra !
    Le service public a lui pour fondement un fonctionnement à but non lucratif et pourrait très bien s’accommoder d’une location des moyens de production et d’échanges. »

    A poids égal, c’est aussi la menace des personnes qui A U J O U R D ‘ H U I (je positive) pense comme vous, et en outre détournent mon expression
    Qui envisage d’allumer un cierge et de prier pour des dynamiques qui flexibiliseraient les préfrontaux en plein comas nocturne ?

  12. Avatar de ganek
    ganek

    Vous refaites le fil à couper le beurre…
    C’est une discussion de Marx vers 1860.. Il y a déjà une réponse orthodoxe et connue!
    Nous en sommes à une société que même Karl ne pourrait supporter par rapport à la mort de ses enfants: ON JETTE LE PAIN alors que 1 milliard de Jésus se meurent…

  13. Avatar de quentin

    @Dissonance :
    Pour le commerce international, je suppose que la règle suivante pourrait être appliquées : les entreprises lokistanaises (ou les filiales lokistanaises des multinationales) ont le droit d’acheter des biens à l’étranger pour les louer au lokistan. Par contre elles doivent nécessairement louer leur production aux étrangers (droit de restitution, etc.).

    @Jean-François :
    > Au Lokistan, quel est le statut de ce que je produis ou reçois à titre personnel ? la cabane en bois que j’ai montée, l’escalier en pierre que j’ai patiemment cimenté, l’aquarelle que je me suis amusé à peindre ? Mais ai-je le droit de créer, produire pour mon plaisir puisque je ne suis pas une ENTREPRISE ?

    On pourrait adopter la règle suivante : chacun a le droit de vendre sa production à une entreprise, qui elle pourra la louer à d’autres. Sinon produire pour soi même n’est pas interdit bien sûr… Ou même se constituer en entreprise si on souhaite gérer soi-même son bien.

    @Reiichido
    > qu’est ce qui m’empêcherait dans ce système de casser ma télé à la hache pour l’éteindre et de la restituer aprés coup, les frais de réparation étant pris en charge par la société locatrice ?

    Comme l’explique cyrille : si la télé est rendue en moins bon état, c’est plus de loyer à payer. Pour les voitures, on peut imaginer un système d’assurance.

    @Cyrille
    > un equipement public s’installe a une distance interessante qui fait augmenter l’attrait et donc la valeur locative de la maison : je peux la sous-louer pour plus cher ou bien je continue a occuper ce lieu avec le meme tarif. c’est une forme de speculation

    Si le loyer augmente, il augmente pour moi aussi. C’est un principe de solidarité : si la population augmente brusquement et qu’il y a pénurie de logement, alors tout le monde doit payer plus cher son loyer, pas seulement les derniers arrivés.

    > en ce qui concerne la possession de sa maison, quesqu’il m’empeche de creer une entreprise de batiment, de construire une maison et de me la louer a moi meme ?

    Rien, il faut juste payer le loyer du sol. Mais impossible de la revendre : les entreprises n’ont pas le droit de vendre…

    @jpm
    > néanmoins j’y vois un défaut (outre lui du commerce international) : c’est une ode à la gloire des villes. en effet vivre isolé, à la campagne devient un vrai luxe : pas de services, pas de concurrence, coûts de location prohibitifs….

    Ce n’est pas faux… Moins de possibilité d’échanger, donc tout coute plus cher. A creuser.

    @Marquis de Laplace

    Comment Madauffe peut il avoir le monopole ? Il n’y a pas de concurrence ? Comment peut-il s’accaparer tout le secteur ? Il ne peut pas acheter à ses concurrents : une entreprise ne peut pas vendre… Si son action est si intéressante, son loyer augmente et tout le monde ne peut plus se l’offrir. Ils cessent la location, le financement de l’entreprise chute.

    @Auguste et d’autres :

    Rien ne vous empêche de « louer sur une durée infinie » en fournissant une fois pour toute le montant correspondant. On ne vous demandera des comptes que si le cours d’un bien en votre possession monte exagérement (question de solidarité). Le système « lokistanais », c’est plus de droit pour le consommateur et plus de devoirs pour les entreprises.

  14. Avatar de Auguste
    Auguste

    à Quentin [21:23]
    Une question à propos de votre 8e ligne par rapport au début
    « On peut se constituer en entreprise si on souhaite gérer soi-même son bien »
    Jean Nimes [15:42] disait :
     » « 
    Il avait tort de s’inquiéter.
    Toutes les personnes qui détiennent qqchose et veulent le conserver crée une entreprise,
    un peu comme certains créent une SCI (Sté Civile Immmobilière) pour gérer logement principal, résidence principale et peti appart à louer.
    Et pour la suite, pour les autres, c’est comme maintenant. Certains louent à l’Etat (HLM,…), d’autres louent à un gestionnaire de parcs d’apparts, etc. Non ? … C’est oui. Avec votre explication additiuonnelle de 21:23 il n’y a en réalité aucun changement. OK, sur ce point je pourrais aller me coucher rassuré; ce n’aurait été juste qu’un mauvais moment !
    Cyrille avait avancé un argument fort.
    Le loyer augmente. S’il était en train de créer quelquechose, il est obligé de se remettre dans les rangs avec les 99.99% de moutons et pigeons. Obligé ! Il lui faut travailler au même rythme que tout le monde puisque qu’il doit suivre !!!
    C’est vraiment l’H O R R E U R !
    Plus personne n’a besoin de penser à quoi que ce soit puisque de toute façon c’est le même régime pour tout le monde quoi qu’il arrive. Chacun sur le même tapis roulant, comme un pot de yaourt dans une usine Danone … ou une cannette de verre sortant du bain de fusion à une tempréture rigoureusement identique à la voisine
    l’ H O R R E U R
    Quant aux filles ça va être pareil. Aucune n’a le droit ne porter une robe différente ou plus belle que la voisine. Si la mode est à une robe beaucoup plus courte (moins de tissu) et plus chère, toutes les filles doivent obligatoirement l’adopter.

    Sur ce point rien de neuf.
    Vous allez au magasin LE PRINTEMPS à Vélizy — Etage « Vêtements Femmes » juste sous la FNAC
    10.000 m2 de vêtements féminins tristes à mourir ! pas une fleur ! surtout du noir et pour changer un peu de l’anthracite !
    L’audace ? ? gris     L’ultra dyonisaique fou ? ? Réponse : blanc !
    L’autre jour j’étais seul homme dans un ascenseur avec 6 femmes (ou 7 ?)
    Toutes habillées en noir.
    J’ai présenté le sourire le plus aimable qui était dans mes capacités
    « Il est possible que les Chinois cherchent à nous saper le moral, à nous couler … en nous envoyant de la marchandise triste à mourir. Toutefois … etc. «  Elles ont ri. [Je ne vous raconte pas le etc. D’ailleurs nous sommes restés dans l’ascenseur très très longtemps. C’était sympa. On a fini par prendre le thé façon zen]
    Ne me posez surtout pas de question sur les créateurs de mode pour les femmes.
    Vous m’obligeriez à devenir créateur de mode, car j’aime bien apporter des preuves tangibles justifiant mes propos.

    Je serais un créateur qui n’a pas le droit de vendre

    Quentin (ligne 20) Les entreprises n’ont pas le droit de vendre
    C’est bien ma veine. Et moi qui justement commençait par passer au moins une journée avec chaque cliente pour lui concevoir une robe vraiment géniale, vraiment conçue que pour elle … selon son tempérament premier à ce stade, ses attractions et rejets, ce qui la rassure, ce qu’elle aimerait découvrir, etc. etc.
    Vous me voyez la proposer en location à deux femmes n’ayant vraiment rien en commun, alors que toutes deux en robes différentes vous ferait vous retourner inmanquablement ?

    L’argument JPM est incontournable
    En outre, prochainement 99.99% des français(es) se rendront compte que le « Grand Paris » est une immense stupidité
    Et le final c’est vraiment pour que dorme très mal.
    La vie se résume à des consommateurs-entreprises (Leucotrio est parmi eux) et des consommateurs-étatistes (Jean Nimes)
    Comme bouquet final je ne m’attendais pas à cela.
    Et ma phrase n’a, en plus, aucun sens. Il ne s’agit plus de vie … qu’est-ce alors ?
    ça existe ça en biologie ?

  15. Avatar de Samuel
    Samuel

    @Allfeel

    « Autre chose dans ce type de société les rapports de séductions seraient tres différents , je ne vois pas en quoi louer une voiture de sport aurait quelque chose de séduisant, la séduction étant de nos jours de plus en plus basé sur la promesse de sécurité matérielle ,vu que dans cette société la sécurité matérielle est assurée les rapports de séductions seraient a réinventer on peu se demander aussi quelles seraient les implications sur la vie familiale? D’ailleur y aurait il encore des candidats au marriage? »

    Pourquoi pas le mariage en CDD ? Ou la location de partenaire ? 😉

  16. Avatar de Moule a gauffre
    Moule a gauffre

    @tout ceux qui pensent que la nature humaine est un obstacle insurmontable a cette belle utopie, allez voir comment vivent les gens en tribu. La propriété y est collective. Vous invitez des amis (beaucoup d’amis) et il vous manque 20 couverts ; on fait le tour des maisons et on y prends ce qui est nécessaire. Après le repas une partie de pêche nocturne ? Idem avec les lampes de poche.

    Rien n’est théorisé, c’est simplement parce que jusqu’à une date récente pas grand chose (en tout cas rien d’essentiel) n’était durable, il n’y avait rien a accumuler. Dans ces condition « posséder » ne sert rien. Se faire jeter de la tribu parce qu’on fout les couverts a l’eau après usage par contre…

    Quand aux critiques a cette jolie fable, elles sont absolument navrante. Du déjà triste « pourquoi suis-je sur terre » (pour accumuler et posséder une collec de rolex ?) au pire « la séduction étant de nos jours de plus en plus basé sur la promesse de sécuité matérielle » (personnalité, talents, beauté, bof, tant qu’on a du pognon), en passant par la terreur viscérale d’être déposséder de son pavillon de banlieue (dont la fable garantie pourtant qu’on continuera a y habiter), d’être harcelé par de la pub, victime de spéculateurs vicieux ou de perdre un temps précieux à se procurer la glacière qu’on utilise une fois tous les 2 ans (en travaillant 30 heure par semaine comme le tonton ou devrait y arriver).
    Il serait vraiment temps qu’une page se tourne, ou que je retourne voir ailleurs si j’y suis.

    J’ignore si cette fable est réaliste, ce n’est pas les critiques que je lis ce soir qui me convaincrons qu’elle n’est pas souhaitable.

  17. Avatar de D comme David
    D comme David

    Je partage la frayeur d’Auguste , pourquoi à ce moment là pas tout gratuit ! au moins cela inclut la transition et la mondialisation.
    Mais ; Auguste , tu devrais le savoir, l’individualisme quelquesoit sa sophistication n’est que l’une des premières conditions au grand oeuvre que tu dénonces.
    Sinon, nous n’avons pas que des cerveaux de chimpanzés ! de plus, aucun d’entre nous ne descend d’un chimpanzé et puis par ailleurs l’intellect ne siège pas dans le cerveau. (j’en profite pour un coucou à simple sans tête; je sais pourquoi).
    Des multitudes = 1 multitude.
    Dans propriété privé ou public etc c’est + privé ou public que propriété qui pose problème.
    La liberté est une valeur seulement si l’on est esclave ou ses dégradés.
    En tous les cas merci à tous, j’aimerais bien vous aider.

  18. Avatar de johannes finckh

    ce beau texte utopiste pourrait trouver assez aisément un début de réponse et d’application si on commence par appliquer la monnaie anticrise!
    Tous les rapports capitalistes ainsi que les rapports à la propriété privée changeraient du tout au tout! Je rappelle que la part que Silvio Gesell consacre à la réforme du foncier mériterait d’être étendue aux richesses naturelles en général, et Silvio Gesell le laisse enendre.
    Mais: sans la réforme essentielle de la monnaie, tout le reste me semble totalement irréalisable!
    Mais pour réformer la monnaie, il faudrait aussi réformer l’enseignement de l’économie de fond en comble, car, à peu près tout ce que l’on peut lire autour des questions monétaires, encore imprégnées de pensée magique, par exemple autor de la question de la « création monétaire via le crédit bancaire » est totalement inutile et empêche de voir les correlations simples d’où doit découler rapidement et simplement la réforme gesellienne!
    Je lance un appel à tous de se pencher sur cette question! Je demande solennellement aux « créationnistes » d’abandonner leur position intenabe!
    Je propose à Quentin Ruyant un exemplaire de l’ »ordre économique naturel » de Silvio Gesell, il me semble qu’il pourrait être accessible à une telle démarche de pensée!
    Je lui enverrai gratis et à mes frais!
    qu’il m’envoie un mail!
    jf

  19. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    @moule a gaufre
    En quoi la beauté et le talent sont différents du capital?
    On ne peut déja pas parler de mérite, ce que je voulais dire aussi c’est que dans ce genre de société les moches sans talents
    auraient du mal a séduire alors qu’avec du pognon aujoud’hui c’est possible
    Je ne vois pas en quoi ca serait plus juste de laisser les moches et baufs sans espoir de compenser leurs tares
    Pour en revenir au marriage il faut bien comprendre que le mariage s’il a été autant victime de désafection c’est déja a cause de l’indépendance financière des femmes. Dans les milieux aisés on divorce toujours plus facilement que dans les milieux modestes
    Au lokistan je verrrais bien la location d’une mère porteuse , la location de partenaires sexuels et aussi la location d’une mère éducatrice pour les enfants et pour le reste des amis. Ca fait une vie sociale riche on peut se demander pourquoi on devrait travailler si les objets sont étudiés pour durer et que tout le monde fait attention pour ne pas les user, voir en utilisent de moins en moins pour ne pas avoir a les rendre ou les échanger. En automatisant un peu plus la production agricole on peut en arriver
    a exclure totalement le travail.Economie minimale et probablemen durable.
    Penser quand meme a bien surveiller le taux de natalité de tous ces oisifs qui pourrait bien exploser a la moindre panne de courrant.

  20. Avatar de FabienF

    Ah la la, tout ses debats sur le collectif, la tribu ou l individualiISME! 😀

    A ce sujet, quelqu un pourrait il me conseiller un livre ettayant les theses developpees dans le magistral documentaire de Adam Curtis: THE CENTURY OF THE SELF ?
    http://en.wikipedia.org/wiki/The_Century_of_the_Self
    il dure 3h, et est trouvable sur google.video.

    Le documentaire expose plusieurs problème qui sont survenu avec l’apparition de l’industrie des relations publiques. Il retrace les débuts du marketing, de la propagande et de la manipulation de l’opinion publique.

    Remarque: Il a ete interdit de diffusion aux USA (je sais que cela attisera l’interet)

  21. Avatar de quentin

    @Auguste : ce que vous appelez l’HORREUR, c’est la solidarité…

  22. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Supposons une entreprise au Lokistan qui « tourne » donc sans besoin de financement, donc sans actionnaires:
    + à qui appartient les biens qu’elle produit et qu’elle loue? A l’entreprise? Je ne vois pas d’autre réponse possible.
    + à qui appartient son argent provenant de ses bénéfices? A l’entreprise? Si oui, et si elle est très profitable, alors elle sera prête à payer plus que tout le monde pour la location des biens importants et elle les « détiendra » de facto.

    Est-ce que le concept du Lokistan n’a pas simplement déplacé la propriété privée de la personne physique à l’entreprise? Avec des entreprises très riches et avec peu de personnel, ça ne change pas grand-chose…

    Est-ce que je loupe quelque chose?

  23. Avatar de Cécile
    Cécile

    pourqui, pourquoi , comment … ?
    se décide de ce qui est entrepris dans « l’entreprise » ?
    (ex : est-il possible de louer -un missile féroce très meurtrier ? -un de ces livres qui n’intéressent à peu près personne ? …..

  24. Avatar de quentin

    @Mathieu

    > Est-ce que le concept du Lokistan n’a pas simplement déplacé la propriété privée de la personne physique à l’entreprise?

    C’est exactement ça, mais du coup elle s’accompagne de certaines contraintes, comme le fait de gérer le bien sur l’ensemble de sa durée de vie.
    En théorie une entreprise ne possède que ce qu’elle a produit, et elle ne peut pas le revendre. Il faut donc nécessairement qu’il y ait un travail pour qu’il y ait un rendement.
    Ce système ne supprime pas définitivement les inégalités : il y aura toujours des patrons avec des salaires plus importants que leurs salariés… Mais aujourd’hui la principale source d’inégalité reste la finance et la spéculation, pas forcément les différences salariales (à part les gros patrons qui défraient la chronique, mais ça reste des cas particuliers, souvent liés à la finance).

    @ Cecile
    > pourqui, pourquoi , comment … ? se décide de ce qui est entrepris dans “l’entreprise” ?

    A peu près comme chez nous je suppose… S’il y a un besoin, il y a possibilité de travail rémunéré.

  25. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    J’ai d’abord lu cette petite fable pour ce qu’elle était : un conte philosophique, une expérience de pensée pour mettre en évidence des concepts nouveaux.

    Dans ce cas là, je garde l’esprit ouvert à la suggestion qui m’est faite. Je rentre dans un état d’esprit de « pourquoi pas » bienveillant. Les affects divers qui m’assaillent pendant la lecture sont automatiquement rangés quelque part dans ma conscience, en attente du traitement de synthèse final : Qu’est-ce que j’en pense?

    J’ai d’abord ressenti que celà ne me ressemblait pas. Je voyais à la manoeuvre quelqu’un qui avait trouvé LA solution. La société idéale, quoi! Et ça, ça me fout une frousse instinctive…

    Néanmoins, un style agréable, une articulation des arguments et des mises en scène qui coule de source. J’ai aussi perçu des idées à creuser, à mieux comprendre, sur la façon dont les entreprises se financent, etc… Et puis, mettre en cause la propriété, ça c’est du fondamental! Et cette radicalité intellectuelle est à priori séduisante pour moi, je suis comme ça.

    Bref, bilan ouvert, et à ce moment, mitigé.

    Puis j’ai lu les premiers commentaires, et celui d’Auguste, qui m’a fait rire de sympathie, et qui m’a révélé mon vrai SENTIMENT, car il ne s’agit plus ici d’idées.

    Je ressens en fait ce qui m’est décrit dans cette fable comme une figure de la barbarie.

    Et en voyant se développer les commentaires, j’ai été assez stupéfait de l’isolement du cher Auguste, et du fait qu’il n’était pas compris du tout. Pourtant, c’est un homme qui crie une vérité humaine. Pour une fois qu’il est clair, vous pourriez l’entendre! Non seulement il n’est pas compris, mais il est insulté : c’est un réac, avec son pavillon, ses affaires rien qu’à lui, incapable qu’il est d’imaginer un autre rapport au monde, etc…

    Ce type d’incompréhension m’angoisse. Ce qui est en cause, ce n’est pas l’idée économique originale, qui peut après tout être discutée, c’est la manifestation d’une insensibilité totale à une dimension humaine essentielle. Un aveuglement du coeur qui a laissé l’esprit construire sa petite mécanique totalitaire, sans même s’en rendre compte!

    Pauvre Anatole, avec son horloge prosélyte bien huilée dans sa tête, qui déménage de nulle part à nulle part, sans affect, sans « fardeau de propriété », sans cette forme d’amour que l’on peut attacher aux choses, et qui est la condition du don que l’on peut alors en faire… Car en vérité, je vous le dis, la propriété, c’est le don!;-) (Je parle de biens personnels, bien sûr, pas de la propriété des moyens de production ou des sociétés par action…)

    Comment donne-t-il, Anatole? Donner des biens « loués à vie »?

    Pauvres âmes des lokistanais, qui n’ont jamais connu le lien de recevoir et de donner, qui ne sont plus rattachés à rien. Juste à l’obligation de louer. Obligation vitale, si j’ai bien compris. Nul refuge, cher Auguste! Tu devras y passer aussi!

    Et des artistes, au Lokistan, il y en a? Et leurs oeuvres, louées? Et re-louées? Ca alors! Remarquez, pour le marché de l’art, c’est mieux…

    C’est comme dans les sociétés primitives, dites-vous? Ah non, les sociétés primitives, c’est la gratuité, nuance! La gratuité, et souvent la propriété collective, tribale ou clanique. Enfin ça dépend des sociétés, sans doute, mais la société primitive des locations et des abonnements, ça n’existe pas, ça c’est sûr!

    Sauf au Lokistan. Là, c’est le communisme ultralibéral!
    Ca c’est de la synthèse! Les deux horreurs collées ensemble! Formidable!

    Quand vous dites à Auguste : « Ce que vous appellez l’HORREUR, c’est la solidarité! », on sent le souffle des vrais révolutionnaires, et là, on a vraiment peur!

  26. Avatar de guillaume
    guillaume

    La réflexion est très intéressante mais je pense également comme Marc Peltier:

    « c’est le communisme ultralibéral!
    Çà c’est de la synthèse! Les deux horreurs collées ensemble! Formidable! »

    Il y a surement des « bourreaux des peuples » à qui ce petit monde plairait … Et la aussi je rejoins Marc:

    « Quand vous dites à Auguste : “Ce que vous appellez l’HORREUR, c’est la solidarité!”, on sent le souffle des vrais révolutionnaires, et là, on a vraiment peur! »

    Une question à Quentin Ruyant:

    Pourquoi LOKIstan, vous auriez hésité avec LOKIland?

    Loki est d’aspect très agréable à regarder mais son esprit est parfois malveillant et son humeur capricieuse…

    Quelque part votre message m’interroge de la même façon que peut interroger « le prince » de Machiavel:
    Des recettes à l’attention des dominants pour qu’ils le restent OU un message pour chacun qui permet de comprendre les mécanismes qui peuvent soumettre des peuples?

  27. Avatar de Dup
    Dup

    @ Marc Peltier

    J’ai suivi exactement le même schema intello emotif a la lecture de ce topic, mais voyons s’il est possible de donner une chance à l’utopic :

    – a Lokistan pour donner il faut avoir aquitte la location a fin d’usure (ou avoir produit soi même) pour que celui qui recoit ne paie pas de loyer, donc on peu donner et recevoir. Cependant si on a produit on reste responsable du recyclage du bien produit (ca eviterai les cadeaux qui ne servent a rien d’autre qu’au geste et j’aurais pas 10 bibelots semblable pour les 10 derniers anniversaires ou alors pire j’oserai pas les jeter, lol, pour pas vexer vu que jeter = rendre le don)
    – a lokistan, la seule maniere de posseder est de creer d’ou une incitation a la creation : si je construit ma maison en libre entreprise elle est de facto a moi jusqu’a ce que je la loue ou la donne a un autre (le loyer du sol est du même type a Frankistan pour l’instant) et je devrais la recycler (si la duree d’usure est 300 ans on a un probleme soit dit en passant)
    -a lokistan qu’advient il des biens qu’a produit une entreprise lorsqu’elle disparait : qui les reprend?? l’etat?
    -a lokistan y a til de l’argent liquide? ya t il un marche noir? y a til une armee, quelle est la duree d’usure d’un soldat (s’agit il d’un consommable et qui le reprend)??
    -a lokistan existe t il des assurances et si oui a quoi ou qui servent elles?
    -a lokistan y a t il une retraite et a quel age, proportionnelle ou fixe?
    -a lokistan qu’est ce qui a de la valeur?
    -a lokistan etc etc voir tous les problemes souleves dans les posts

    Donc intellectuellement c’est deja un peu limite même si c’est séduisant (vraiment trés seduisant ! il est trop fort ce Jorion!!! c’en est même un peu rassurant !).

    Emotionnellement, le probleme est l’usufruit, lokistan banni l’idee de profiter du bien aquis sans plus rien d’autre a faire : profiter de la vie, du bien aquis par un dur labeur implique que le labeur a pris fin. Je crois finalement que c’est l’idee qu’il faille continuer a travailler pour garder l’usufruit d’un bien qui nous revulse car au fond l’etre humain deteste le travail et le considere comme un moyen d’obtenir un confort materiel dont il pourra profiter plus tard sans travail. Pour ma part et en toute bonne fois c’est cela qui me bloque visceralement face au lokistan : dans un tel systeme le travail n’a pas de fin voir même de finalite (vu que je ne travaille plus pour obtenir un bien mais pour le maintenir). Bref pas de lokistan pour moi parceque je suis un faineant ; pire, un faineant hypocrite puisque je travaille beaucoup avec l’espoir d’aquerir une securite materielle rapidement, securite qui me permettra de ne plus travailler par la suite, je travaille pour GAGNER quelquechose, je suis un ane avec sa carotte et j’ai bien l’impression dene pas etre le seul. Le fait que l’on rencontre plusieiurs fois le mot esclave ou esclavage dans les post le montre bien. Dans l’instant un ouvrier et un esclave font la même chose au travail mais dans la tête de l’un il ya l’espoir de ne pas recommencer demain parcequ’il sera riche et dans la tete de l’autre il y a le desespoir de ne pas recommencer demain parcequ’il sera libre. Le probleme du lokistan c’est peut etre que la securite qu’il dispense rend l’espoir obsolete.

    Cependant et en conclusion, a Sarkistan, on utilise cet espoir (de « ceux qui se levent tot » pour GAGNER leur vie a la sueur de leur front) afin de GAGNER les elections… pour finalement faire un giga emprunt qui vas nous donner bien du confort avec une belle location sur 5 generation pour a peine 50% du PNB en prelevement annuel… Apres tout on est peut etre pas si loin du communisme ultraliberal, mais ca c’est une opinion toute personnelle et il ya bien des chances que j’ai tort, lol. Bonne nuit a tous.

  28. Avatar de FabienF
    FabienF

    @ Auguste, concernant l’utopie du Lokistan

    C’est toujours stimulant de vous lire, Auguste, et c’est pourquoi j’ai bien sur grandement exagéré mon propos, attendant une réponse dithyrambique. Elle ne m’a pas déçu.

    Peut être suis-je trop jeune, je dois surement manquer de recul, et ce n’est pas mes 25 années sur cette Terre qui me m’autorisent a porter des jugements sur la « nature humaine », terme qui m’exècre. Je relisais le billet de Paul Jorion, sur « Pourquoi je ne suis pas en faveur de la décroissance» .
    Je le cite, tout en invitant a lire cet remarque dans son contexte:

    Comme vous le savez je n’ai pas une très haute opinion de la race humaine sous sa forme originale : brutale et arrogante dans son « état de nature », mais je l’aime sous sa forme avancée : l’« état de culture », celle où elle est parvenue à s’auto–domestiquer. Ceci dit, cette auto–domestication possède à mon sens des limites : tout n’y est pas possible, la nature primaire peut être infléchie mais non éradiquée et il convient toujours d’une certaine manière, de « faire avec ».

    Je suis loin d’avoir vos connaissances ou celles de Paul, mais je suis toujours assez chiffonné par toute argumentation qui suppose l’homme à la fois « sauvage » et « domestiqué par la culture ». A quel moment peut-on dire qu’un acte est majoritairement « conditionné » par la nature ou la culture ? (Je pense que je vais adorer le livre sur la Décision que vous me proposez de lire). Ma position sur ce sujet est d’être agnostique.
    J’ai de ce fait du mal a parler en absolus, et a établir une relation nécessaire entre épanouissement et propriété privée. Des milliers d’années de vie sociale ont poussé des tribus (souvent confrontées à un accès rare en ressources) à socialiser l’ensemble de la production des biens par peur qu’un individu prenne le dessus sur les autres. La peur de la dérive tyrannique pousse les Inuits à n’accepter l’autorité que de manière éphémère.

    Une société qui se veut consensuelle
    Ne disposant, avant les contacts avec l’Occident, que des ressources provenant du gibier et ce dernier n’étant pas toujours au rendez-vous, les chasseurs savaient que la collaboration des familles était indispensable. Se sont développées des pratiques d’échange et de coopération appuyées sur une réflexion élaborée visant l’active participation de chacun au bien-être général.
    Mais qui se chargeait de prendre les décisions ? Avait-on le droit d’imposer sa volonté aux autres ? Quelle était la contribution et la place de l’individu ? Comment respecter le droit de chacun dans une société dotée de diverses formes d’autorité et de pouvoir et qui néanmoins se caractérise par sa remarquable flexibilité ?
    Lorsque les premiers voyageurs occidentaux ont demandé aux Inuit : « Lequel d’entre vous est le chef ? » Ils se sont étonnés de la réponse : « Nous », ce qui signifiait que les décisions importantes étaient prises collectivement et que le pouvoir était peu différencié, un trait qui a retenu l’attention, compte tenu du fait que peu de sociétés établissent des modèles souples.
    Le pouvoir n’était pas transmis héréditairement et s’appuyait sur la position sociale, c’est-à-dire qu’un chef de famille, ou un fils aîné, avait de bonnes chances d’être chef mais le mérite personnel jouait un rôle important. Le savoir était respecté, notamment celui des excellents chasseurs qui connaissaient leur milieu, ce qui signifie évaluer avec justesse la direction des vents, juger sans erreur de la solidité de la glace, localiser le gibier, ramener à bon port les partenaires de chasse, prévoir à long terme les changements de climat et les mouvements du gibier. Le chef ne devait toutefois pas abuser de son pouvoir et prenait essentiellement les décisions relatives aux déplacements de longue durée et à la chasse. Son jugement devait être infaillible. Certes l’erreur était admise mais plusieurs erreurs entraînaient une éviction. La durée limitée du pouvoir en garantissait l’efficacité.
    Le pouvoir religieux relevait du chamane, l’intermédiaire entre le monde visible et le monde invisible. Appelé angakkuq en langue inuit, il était à la fois respecté et craint. Son autorité dépassait celle du chef de groupe et s’étendait parfois à l’ensemble de la région mais, s’il abusait de son prestige et s’il accumulait des richesses sans pratiquer le partage, il pouvait subir un ostracisme. Aucune forme de pouvoir n’était donc à l’abri du contrôle social. L’angakkuq était responsable de l’harmonie du monde et veillait à ce que les âmes humaines, animales, les êtres invisibles et les défunts ne soient pas offensés. Il veillait au respect de règles permettant aux âmes des humains et des animaux d’être réincarnées et protégeait ainsi le cycle de la vie. Ayant acquis ses pouvoirs au cours d’une longue initiation, il bénéficiait du soutien d’un esprit-auxiliaire, le plus souvent un animal, grâce auquel il avait le pouvoir de guérir les maladies, de localiser le gibier en voyance, d’apaiser le blizzard, de voyager dans les mondes célestes, marins ou souterrains pour aller à la rencontre des puissances gardiennes du gibier.

    Le statut de la personne
    La personne n’existait que par la place qu’elle occupait au sein de sa famille où elle était soit chef de groupe ou chamane, ou plus simplement grand-père, grand-mère, père, mère, fils, fille, belle-fille, beau-fils… Vivre seul n’avait aucun sens et la collaboration garantissait le confort psychologique et matériel. Celui ou celle qui avait acquis suffisamment de connaissances pour se rendre utile était respecté(e). On attendait des enfants qu’ils montrent assez tôt des signes de maturité tout en sachant protéger leur petite enfance si bien qu’ils ne participaient pas aux conversations des adultes et ne devaient jamais les interroger. L’apprentissage s’effectuait par le regard et par l’imitation. L’enfant, encore aujourd’hui, est encouragé non pas à des actions exceptionnelles mais à un enchaînement de réalisations de nature à montrer que le savoir se met en place. Les éloges alors fusent de toute part car l’action réussie ne passe pas inaperçue. Tout se sait très vite si bien que l’enfant trouve les forces qui lui sont nécessaires pour poursuivre son apprentissage. Il n’existe pas de moule et le développement de chacun est affaire personnelle. Les parents ne s’inquiètent pas de retards qui s’avèrent souvent trompeurs.
    La personne est une entité quasi intangible. Elle peut commettre une faute et la réparer, si bien qu’il est mal vu de critiquer ouvertement un comportement ou d’intervenir lorsqu’une situation est jugée inconvenante. Il est préférable de rester en position d’observateur et de considérer que celui ou celle qui enfreint une règle prendra conscience du tort causé. Chacun disposant d’un capital de qualités, présumées ou reconnues, une situation gênante peut à tout moment se renverser et l’équilibre se rétablir. Selon la pensée inuit, nous ne sommes jamais les mêmes tout au long de notre vie. Tantôt forts, tantôt faibles, nous ne sommes pas figés dans un modèle. Au contraire nous évoluons comme le monde environnant et cette dynamique nous permet de surprendre favorablement les autres à tout moment. Toutefois si des comportements préjudiciables se répètent et que le contrevenant refuse toute aide, la famille pourra se montrer intraitable et exclure le fauteur de trouble. Il arrivait jadis qu’il soit isolé sur une île tout l’été. La mise à mort pouvait être décidée, par consensus, dans des cas extrêmement graves.
    Les qualités propres à la personne sont appréciées autant que celui ou celle qui détient un talent exceptionnel que ce soit pour la chasse, la couture, la sculpture, le chant ou la poésie, ne fasse jamais étalage de son savoir avec ostentation. Il faut se montrer modeste, attendre que les autres prononcent les paroles que l’on souhaite secrètement entendre. Un excellent chasseur qui rentre à la maison évite d’annoncer le résultat de sa journée. Il attend que l’on découvre le gibier déposé près de l’entrée et s’il a vécu une journée particulièrement difficile, les autres pourront en juger. Il serait inconvenant d’en faire le récit sur un ton emphatique. L’entourage reconnaîtra le mérite et le prestige s’en trouvera grandi.

    Les Inuit du Grand Nord canadien – Michèle Therrien

    Vous pouvez me faire le reproche qu’il n’est pas vraiment ici question de propriété privée. Il est vrai que contrairement a de fausses idées, beaucoup de sociétés archaïques avaient en fait une notion plus ou moins développée de la propriété privée. Mais la cohésion sociale n’est pas assurée par le simple échange intéressé, comme l’économie moderne semble vouloir le suggérer. Je renvois a la critique de l’utilite de PJ (et son caractere tautologique), dans son traite sur le prix. C’est cela que je retiens de l’utopie de Ruyant. Il essaye de montrer que la possession n’est pas un absolu. Le seul absolu pour moi serait celui de la responsabilité.
    Le reproche que j aurais a faire est le trop grand accent mis sur la location. Je pense qu’il ne va pas assez loin dans la remise en cause de la propriété. La notion de don est beaucoup plus belle a mes yeux que la location !
    Je cite le wiki sur le Don vu par Mauss (je le trouve pas mal):
    Selon Marcel Mauss dans son livre Essai sur le don, le don en tant qu’acte social suppose que le bonheur personnel passe par le bonheur des autres, il sous entend les règles : donner, recevoir et rendre (par le contre-don : Potlatch)
    1. L’acte fondateur en est un don, donc la reconnaissance de l’alter ego (ce qui m’appartenait t’appartient maintenant).
    2. Le deuxième acte comprend l’acceptation du don, le receveur reconnaissant ainsi la valeur du don pour son propre usage (force unificatrice du oui).
    3. Le troisième acte élimine une différence de valeur entre celle que lui accorde le donateur et celle que perçoit le receveur ce qui revient à annuler la valeur matérielle de l’échange pour mettre en avant la valeur sociale de l’échange.
    Le don se base donc sur une valeur de sociabilité primaire : la réciprocité.

    Plus que toute autre théorie économique, règle sociale, loi, principe moral ou religieux, le don est pacificateur puisque l’échange de valeurs s’effectue dans le cadre de rapports sociaux librement acceptés.

    Je suis néanmoins conscient qu’un don peut engendrer des sentiments d’amoindrissement, d’infériorité. Mais je pense que l’esprit humain peut transcender ce qui a priori peut être une offense pour accepter le jeu d’une dynamique sociale qui me semble peut être beaucoup plus vertueuse que le capitalisme.
    Je m’inscris totalement dans cette pensée, et me place dans la continuité de l’école de sociologie française (quitte à choisir une religion, je choisis celle-ci) qui me propose d’appréhender toute production humaine (quelle soit matérielle ou non) comme fait social total. Nous vivons tous sur des épaules de géants, et nos actes et même notre pensée est en (grande ?) partie conditionnée par la somme des expériences que nous avons vécues au sein de notre société. Le culte du mérite personnel qu’on nous sert actuellement est dégueulasse. L’épanouissement n’est seul possible que dans un cadre social, dans lequel la reconnaissance est la valeur première. Or, en cédant si aisément aux facilites qu’offre la posture d’individualisme méthodologique, les sciences sociales comme je les appréhende (j espère avoir tord) nient selon moi l’homme.

    C’est est pourquoi la thèse de JC Michea me séduit assez. Je vous revois au commentaire que La Revue du Mauss Permanente en fait de son livre « l’Empire du Moindre Mal », qui m’a beaucoup inspire (http://www.journaldumauss.net/spip.php?article308).

    Conjurer les guerres civiles idéologiques par un pouvoir axiologiquement neutre et fondé sur l’idéal de la science : tel est le projet de la modernité et donc du libéralisme, même si toute la modernité n’est pas libérale. Anticipant une critique qui lui est parfois faite, J.-C. Michéa précise que les modernes ont bien évidemment conçu d’autres solutions que le libéralisme pour conjurer la guerre civile idéologique. Ainsi celle de Hobbes qui propose de neutraliser les rivalités mimétiques par l’institution d’un pouvoir absolu. Certes cet Etat tout-puissant est axiologiquement neutre (c’est ce qui rapproche Hobbes des libéraux). Mais on est cependant loin du libéralisme véritable dans la mesure où Hobbes ne fonde jamais la possibilité de la paix civile sur le libre jeu de mécanismes impersonnels et « autorégulateurs ». Le Leviathan est, en un sens, le prix politique à payer pour l’absence d’une théorie libérale du Droit et du Marché autorégulé : dans l’univers hobbesien il y a bien des marchands dont l’intérêt doit être pris en compte mais le Marché n’y joue jamais le rôle philosophique que lui assignera le libéralisme.
    Du côté du libéralisme, J.-C. Michéa distingue deux courants : le libéralisme économique et le libéralisme politique. Contrairement aux apparences, le libéralisme économique constitue d’abord une philosophie politique. Il s’agit bien, à travers la théorie du « doux commerce », de résoudre le problème de la pacification idéologique de la société en déléguant sa gestion concrète aux mécanismes impersonnels du marché « autorégulé ». Cette idée d’un pilotage essentiellement économique de la vie en commun exige moins la disparition complète de la morale, que sa pure et simple privatisation. Il suffit en effet, pour que la commercial society puisse fonctionner de manière harmonieuse, que la morale arbitraire des hommes ne vienne jamais perturber le libre jeu des mécanismes « naturels » du marché. Quant au libéralisme politique il s’organise autour de l’idée du droit de chacun à vivre comme il l’entend, sous la protection d’un Droit axiologiquement neutre uniquement chargé de veiller à ce que la liberté des uns ne nuise pas à celle des autres. Ainsi perçues, les deux formes du libéralisme sont à la fois parallèles et complémentaires. Cependant, pour J.-C. Michéa, « le libéralisme politique est toujours, tôt ou tard, contraint d’accepter les appuis que lui offre le libéralisme économique », et cela parce qu’aucune société humaine ne peut se passer d’un langage commun minimal. Cela signifie que si l’Etat libéral entend renoncer par principe à définir ce qu’est la « vie bonne », c’est le marché (et à travers lui l’imaginaire de la croissance et de la consommation) qui se chargera de facto de définir la manière concrète dont les hommes devront vivre. Non que la réciproque soit entièrement vraie, précise d’ailleurs Michéa : il évoque ainsi un entretien de F. Hayek réalisé en 1981 à Santiago du Chili où le pape du libéralisme, chantre de l’ordre marchand spontané, admet l’idée d’une dictature libérale provisoire (nous avons retrouvé cet entretien et le reproduisons en Annexe. SD). Bien sûr, pour J.-C. Michéa, le projet libéral de construire un monde commun reposant sur un pouvoir axiologiquement neutre, et dans lequel la morale et la philosophie ne pourraient au mieux exister que comme activités privées, est voué à l’échec.

    En gros, je le prends comme ceci. A force de mettre en avant l’égoïsme de l’homme, « son arrogance et sa brutalité », j ai l’impression qu’ont a totalement occulte l’altruisme, la réciprocité, et surtout notre capacité d’introspection.
    Je n’explique cette sacro Sainte Modernité qu’on érige en idole (je vais vous faire rire, mais je suis moi-même jeune ingénieur, sans cesse émerveille par la science) qu’a la découverte par notre espèce de substances au pouvoir calorifique inégalé qui a permis d’étendre le progrès de la société occidentale a vapeur a l’ensemble de la planète. Suivez le cours de Jancovici, notamment sa notion d’esclave imaginaire. J’ai l’impression que les gens qui ont vu tant de progrès techniques perdent totalement de vue les bases élémentaires de la physique. A l’amont de tout, je dis bien TOUT, existe un processus de conversion d’énergie. Nos mouvements, nos pensées, sont possibles grâce a notre métabolisme, et en ce moment, nous puisons notre énergie dans des aliments qui ne sont si abondants qu’en raison d’une autre énergie cette fois ci : le pétrole. Cette agriculture intensive qui fait vivre des millions de gens n’est possible (dans le référentiel actuel…) que grâce a l’irrigation (avec quoi fait on fonctionner les pompes ? comment purifie t’on les eaux usees ?) et aux engrais (qui sont issus de …).
    Il me semble que les gens comme Paul qui pensent que l’homme va (si l’espèce survit… :D) conquérir vers les étoiles, que notre chemin sur la route du Progrès est inexorable, se placent dans la continuité d’un phénomène qui n’était possible que tant que les ressources nous semblaient infinies. L’hypertrophie de la technique comme dirait N.Hulot nous a complètement fait oublier tous les services gratuits, ces « dons » que la nature nous offre.
    L’homme moderne croit en sa magnificence. Dieu est mort car rien n’est plus grand que l’homme 2.0 que l’énergie abondante et gratuite a fait naitre. Je ne vois pas les « dynamiques individuelles d’exception » que vous voyez, Auguste, ou en tout cas, pas dans le monde Moderne. Vous dites que « sortir d’une croyance absolue est souvent mission presque impossible ». N’avons-nous pas alors tous Foi dans la proposition suivante : « toujours plus loin, toujours plus haut. », ou encore « L’Homme est la mesure de toute chose». Lorsque vous vous parlez de la personne qui a travaille toute sa vie pour s’acheter une maison, et qui est bien en droit (sacro saint DROIT) d’apprécier un peu son lopin de terre, ne faites vous pas votre profession de foi quand a la Maitrise de l’homme sur la Nature. Dans votre droit de jouissance individuel, quelle est la place pour la réciprocité ?
    C’est pourquoi je suis horrifié de vous entendre vociférer contre le « communisme » (au sens de la primauté de la communauté sur l’individu). Comment organiser cette réciprocité, ce dialogue avec la Nature, sans apprécier l’action humaine dans sa totalité sociale ? L’homme a besoin de bornes pour s’épanouir, d’une architecture sociale qui fait que ses actions ont un sens. Je suis peut être trop jeune pour m’en rendre compte, mais je crois que chacun aspire a donner du sens a sa vie. Sans une « Common Decency » de Orwell (reprise par Michea), quelles sont les références qui pourraient servir a évaluer la justesse de mon action ?
    Et bien, je postule que cette Common Decency (le retour a la Morale) ne peut se fonder que sur des principes naturels que sont les lois de la biologie. La notion de dynamisme, de symbiose, de dépassement du seul cadre temporel de la durée de vie de l’homme, doivent être au cœur de ce paradigme. Une fois que nous avons reconnu la place des hommes dans leur écosystème, comment ne pas aspirer a une « organisation » holiste (ok, c est bizarre) de normes sociales vers lesquelles tendre ? La posture holiste ne peut se passer de la philosophie, bref, de ce qu’il y a de plus beau dans l’Homme.
    Je n’ai pas connu le communisme politique, et donc dans mon esprit, ce mot est encore pur. je ne l’associe pas aux kolkhozes ou au massacre de l’environnement. Il signifie pour moi une société qui a fait abstraction du matériel (je ne parle pas du communisme matérialiste de Marx), du ponctuel (nos désirs), pour se concentrer sur l’espace des relations, de l’harmonie, du « durable ». La décision politique y est ainsi pondérée vers les générations futures (contrairement a notre système). De même, la reconnaissance de la globalité pousse vers une Justice qui se veut indépendante du référentiel spatial. La communauté se doit d’essayer d’offrir les mêmes chances d’épanouissement pour tous. La Common Decency implique le refus du Darwinisme social que vous faites quand vous ne voulez pas de la solidarité.
    Quitte a nier l’Homme (car je suis sur que vous pensez que c’est ce que je fais), je préfère tenter de nier l’homme « mauvais » !

    PS : concernant les théories économiques, mon propos était bien sur provocateur. Je me doute bien que vous n’adhérez pas au dogmatisme économique ambiant, et d’ailleurs, je soutiens vos positions vis-à-vis des banques centrales et des principes du monétarisme. Mais je voulais sous entendre que votre jugement sur l’utopie implique (a la manière de l’économiste) une vision de l’homme bien précise. Vous l’avez d’ailleurs explicitée : l’homme est un vulgaire primate égoïste. Au moi, vous avez la vertu d’expliciter au grand jour vos axiomes avant de faire des jugements normatifs.
    Mais comprenez que je suis trop jeune pour me résoudre a de tels préceptes. La soif de connaissance me semble le propre de l’homme, et sa capacité d’introspection le pousserait sans cesse à « s’améliorer », selon les critères du cadre morale que la société a cristallisé. C’est pourquoi j ai dis maintes fois que je n’ai pas peur du tirage au sort pour designer les garants « temporaires » de l’autorité morale. Je pense que les hommes sont tous égaux devant l’information, et qu’une décision « juste » peut autant sortir de la bouche de l’énarque, de l’ouvrier ou de l’ingénieur. Le tout est de se donner le temps de la réflexion, de la collecte d’infos.
    Longue vie a ce blog !!!

    PPS : pour les ouvrages qui m’ont intéressés, en vrac : « Guns,Germs, and Steel » et « Collapse » (je connais pas les titres fr) de Jared Diamond, l’inévitable « Essai sur le Don » de Marcel Mauss, « the selfish gene » et « the extended phenotype » de Dawkins (même si j apprécie la sagacité des oppositions de V.W Quine vis-à-vis de cette théorie), “Mauss et l’anthropologie des Inuit” de Bernard Saladin D’Anglure, «Anthropologie du don : Le tiers paradigme » de Alain Caille ou bien encore « Pas de pitié pour les gueux » de Laurent Cordonnier. Sans oublier “Choices, Values and Frames” de Daniel Kahneman et Amos Tversky .

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