Vous reprendrez bien un peu de finance à l’ancienne ?

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Je voudrais revenir au cadre des quatre « postures » de sortie de crise qu’avait définies Jean Maxence Granier dans sa « Sémiotique de la crise », son article qui avait été reproduit ici au moment de sa parution en février dernier. Je vous rappelle la manière dont j’avais résumé sa grille :

[Granier] distingue quatre conceptions – qu’il appelle « postures » – de sortie d’une crise appelées A, B, C et D, s’étageant du bénin A où le système autorégulé oscille de manière cyclique, au catastrophique D, où il est irréparable, en passant par B où le système survit, bien que difficilement, pour retrouver sa forme originelle, et C où le système survit mais uniquement parce qu’il subit une authentique métamorphose et se retrouve à l’arrivée très différent de son point de départ.

Aujourd’hui, quatre mois plus tard, le monde entier s’interroge : sera-ce C ou D ? Aura-t-on affaire dans les années qui viennent à un capitalisme métamorphosé ou à un système financier et économique tout à fait original ?

En fait, quand je dis le monde entier, c’est sans les États–Unis. Car l’on s’est accroché en Amérique à la posture A : « il ne s’agissait avec la crise que d’une oscillation dans une évolution classique au sein du capitalisme, dont la dynamique est cyclique par nature ». Bien sûr, vu les sommes engagées (25,6 mille milliards de dollars d’ici la fin 2011, selon les chiffres les plus récents), on ne peut parler au mieux que de posture B : « le système survit, bien que difficilement, pour retrouver sa forme originelle ».

Pourquoi cet acharnement thérapeutique en faveur de la posture A aux États–Unis ? Deux explications possibles, qui en fait se complètent. La première, bénigne : la science économique ne connaît que les alternances cycliques et est dans le noir absolu lorsqu’il s’agit de ruptures plus profondes. Autre explication, maligne celle-ci, proposée par Simon Johnson, ancien économiste en chef du Fonds Monétaire International : l’« oligarchie », ceux qui ont bénéficié de la finance à l’ancienne et qui sont déterminés à en reprendre.

La posture B est-elle tenable ? Je suis personnellement comme le monde entier sans les États–Unis : je ne le pense pas. Certains changements irréversibles sont déjà intervenus, trop de pans du système ancien se sont déjà écroulés, l’immobilier résidentiel américain, à l’origine de la crise, entre dans la phase II de sa décomposition (Alt-A et Pay Option ARMs), le crédit immobilier commercial a entamé lui sa longue descente, etc. Pire : à un colloque où j’étais hier, quand on parle du « Green tech », l’industrie du développement durable, c’est déjà au sein de l’expression « Green tech bubble ». Et comment pourrait-il en être autrement si le cadre ancien a effectivement été reconstruit à l’identique ?

Mais, admettons un instant, pour la beauté de l’hypothèse, que la posture B soit viable. Quand on lit hier que les bonus chez Goldman Sachs en 2009 seront les meilleurs que la firme ait connus, parce que la concurrence sur la place de Wall Street s’est réduite comme peau de chagrin, parce que dans un contexte économique en détresse, la spéculation sur les devises flambe, et parce que le commerce de la manne fédérale d’un montant prévu de 25,6 « trillions » de dollars rapporte de grasses commissions (eh ! l’Amérique reste l’Amérique !), je ne suis sans doute pas seul à me demander : « Même s’il était possible de ressusciter la finance à l’ancienne, serait-ce bien souhaitable ? »

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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86 réponses à “Vous reprendrez bien un peu de finance à l’ancienne ?”

  1. Avatar de reynald letellier
    reynald letellier

    Bonjour Paul,

    « Même s’il était possible de ressusciter la finance à l’ancienne, serait-ce bien souhaitable ? »

    La continuation : de la croissance des PIB (Prise des Intérêts par la Brutalité), la destruction des ressources naturelles, de l’asservissement humain physique et mental par les grands groupes (pour ceux qui ont encore la chance d’avoir leur emploi), de la faim et de la soif dans le monde, et de ces milles calamités qui m’empêchent chaque jour un peu plus d’entrevoir un avenir meilleur pour mes 2 enfants chéris … et combien d’autres monstruosités encore qui ne me viennent pas à l’esprit de suite…

    Serait-ce donc possible ????!!!!! Paul, ce serait possible ?

  2. Avatar de clive
    clive

    Je ne suis sans doute pas seul à me demander :
    Est-ce là tout ce qui nous reste ?
    – souhaiter –

  3. Avatar de Karluss

    donc, nous sommes cette fois dans le « stade de l’écoeurement » (expression juste de Paul Jorion)

  4. Avatar de reynald letellier
    reynald letellier

    @ Clive

    Très bonne illustration pédagogique : Tiens, on peut faire un parallèle entre les cornes du caribou et les cornes des amoureux trompés (Êtres humains vs économie et politique).

    Mais qu’avons nous comme pouvoir pour nous débarrasser de nos cornes, au propre donc comme le caribou, comme au figuré ?

    Pour notre petite famille, la décroissance forte de tous achats inutiles, donc obligatoirement nuisibles, est déjà bien avancée, et surtout bien expliquée aux enfants, au fil de l’eau de leur questions et de nos remarques. Malgré tout, je me sens de plus en plus impuissant. Que faire d’autre, à part diminuer la consommation ? Même cette décroissance de consommation à des conséquences sur la vie de mes semblables lointains, sur d’autres continents voire sur le même que le mien, mais un peu plus à l’Est, qui eux (sur)vivent de notre (sur)consommation.Le système est tellement bien verrouillé …

  5. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Peut-être faut-il envisager une issue B’.

    Le système survit finalement, au terme d’une crise prolongée, ayant du bon gré mal gré mettre un peu d’ordre dans son fonctionnement et s’étant imposé de nouvelles régles limitées d’auto-contrôle. Il règne à nouveau, mais sur un monde affaibli économiquement, structurellement incapable de retrouver les taux de croissance d’avant, parcouru par de fortes tensions sociales aux traductions politiques incertaines, générant des sociétés marquées par un contrôle social affirmé. Dans l’attente d’une nouvelle crise financière, vu qu’il lui faut pour se reproduire bâtir à nouveau des édifices financiers reposant sur des bases économiques encore plus réduites.

  6. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    à François Leclerc [10:21]
    Croyez-vous que la durée de vie sera plus courte ? que les jours seront plus courts ?
    A propos de votre ligne 2 : Je vous invite à ne pas vous faire trop de souci pour les « taux de croissance ».
    Et si vous n’en parliez plus ?
    Quant aux « taux de décroisance » … idem non ?   pourquoi pas hors sujet ?
    Croyez-vous que la lune tournera plus vite ?

  7. Avatar de Blob
    Blob

    >François Leclerc

    Sauf que pour que B’ ait une chance de se produire, il faudrait que la situation géopolitique mondiale ne se dégrade pas.

    Or c’est tout sauf évident: si l’on regarde les 20 dernières années, on constate une succession de conflits s’imbriquant de plus en plus les uns dans les autres, et l’implication de plus en plus grande des grandes puissances dans ces conflits.
    Il suffit de penser à l’arc de scrise proche orientales, débordant désormais sur le Pakistan, passant par l’Irak, Israel, le Liban, l’Arabie Saoudite, et qui met désormais face à face les Etats Unis, la Russie, la Chine et l’Arabie Saoudite.

  8. Avatar de dtx
    dtx

    Tout sera fait pour que ce soit B, n’en doutez pas…Pour eux, tous les moyens sont bons pour essayer de préserver le système même les moyens les plus idiots…
    Les oligarques sont en train de vendre la corde qui servira à les pendre…
    l’éclatement de la bulle ultime de l’endettement public devrait finir par avoir raison du système.
    Faute d’avoir voulu préserver A en faisant trop B, il finiront par avoir D alors que C aurait été un moment possible…C’est d’une bêtise sans nom.

  9. Avatar de Eliot
    Eliot

    @François Leclerc

    Je pense que la posture actuelle est B : le système survit (difficilement) mais sans changements fondamentaux, si tous allait au mieux dans le (meilleur des) monde, le libéralisme pourrait en sortir avec une casse limitée. Cependant, nous ne sommes qu’au printemps de cette crise, le soutien de l’économie réelle, si petite face à l’économie spéculative, ne pourra, à mon avis, pas combler le gigantesque maelström financier. De part sa nature, elle a des limites… réelles. L’automne sera déterminant dans la suite des événements.

    Je suis d’accord avec Blob lorsqu’il écrit que la géopolitique mondiale est un élément décisif de l’avenir économique du système. Je veux dire, la crise touche différemment les acteurs en fonction de leur degré d’évolution économique. Les plus touchés sont les pays qui ont les systèmes économiques les plus « techniques », nos pays. Vient les pays émergent qui sont moins touchés du fait de leurs économies entre deux eaux (entendre par là qu’il ont toujours un pieds dans des économies traditionnelles, de ressources). Ces pays seront peut-être les gagnants de cette crise à notre détriment.

    Les conflits s’intensifient, les pays occidentaux sont impliqués directement (et non plus seulement par le biais des services de renseignement). Il n’est pas exclu que nous allions vers des conflits de civilisations (n’en déplaise aux détracteurs d’Huntington). A l’évidence l’avenir est incertain.

    Back to the trees !

  10. Avatar de Samuel
    Samuel

    M.Roubini penche entre M.Jorion et M.Leclerc , entre B et B’ .

    http://www.project-syndicate.org/commentary/roubini14/French

  11. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    C’est d’une bêtise sans nom…
    Le French Gorbatchev achève de dépecer les actifs français en en distribuant la charpie à ses amis oligarques…sous prétexte (ce qui fut vrai) qu’un organisme d’état est mal géré.
    Mais finalement pas plus mal qu’une boite privée qui optimise son fonctionnement pour la croissance continue, et donc s’écroule en cas de petite récession.

    Et maintenant un emprunt.
    Après lui le déluge.

  12. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    C’était
    @ DTX 11:00h

  13. Avatar de Le naïf
    Le naïf

    @ Paul Jorion
    Voici une question que l’on me pose souvent et à laquelle je ne peux pas répondre, même vaguement :
    La dette publique de la France (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) approchant 1.300 milliards d’euros (soit quelque 66 % du PIB), comment se répartissent les principaux détenteurs de cette dette entre:
    – les fonds souverains (Moyen-Orient, Norvège, BRIC),
    – les fonds de pension (dont les fonds de pension américains),
    – le système bancaire international,
    – les multinationales de l’assurance,
    – l’épargne des particuliers (résidents français et autres),
    – et d’autres prêteurs éventuels (dont certains Etats) ?
    Merci à Paul Jorion de nous éclairer.
    Un question subsidiare : Qu’en est-il de la dette publique des Etats-Unis, dont tout laisse à penser qu’elle ne sera jamais remboursée, sinon en monnaie de singe ?

  14. Avatar de Moktarama

    Jean Maxence Garnier a trouvé là une bien bonne échelle d’évaluation psychologique de la Crise, qu’il en soit remercié, elle m’a déjà servi dans de nombreux articles tant le référentiel qu’elle fournit me semble pertinent.

    La question à laquelle nous croyions avoir répondu, c’était que la posture A n’était plus tenable et que la posture B ne pourrait se réaliser. Il se trouve que non seulement Wall Street (et nos banquiers) tient admirablement la posture A, et que pour le moment la posture B reste envisageable sous les trillions pris sans vergogne aux finances publiques. Alors, on se pose des questions. On observe notamment que la posture B causerait immanquablement de nouvelles bulles (déjà en train de se créer) à court ou moyen terme, vu qu’aucun des paramètres n’aura fondamentalement changé. Pour l’instant, les endroits où l’on se pose les bonnes questions (où ce qui semble être de bonnes questions) ne sont pas légion. Les idées avancent toujours aussi lentement.

    Par ailleurs, hors du sujet de ce billet, je me demandais si vous connaissiez le blog A Fistful of Euros, et plus particulièrement l’auteur Edward Hugh (mais pas seulement). En anglais, celui-ci suit les développements de la crise en Europe, et est l’un des rares à douter franchement d’une quelconque reprise (hors la psychologie qui remonte bien mais sans effet concrets, tendant à invalider l’idée d’une crise de confiance) , mais aussi à sonner l’alarme depuis de nombreuses semaines en ce qui concerne les pays baltes (comme la Lettonie et le prêt du FMI en forme de baiser de la mort) ainsi que l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Ses articles sont toujours solidement appuyés sur les statistiques nationales, et permettent également de constater la violence de l’effondrement chez les trois grands exportateurs que sont l’Allemagne, la Chine et le Japon. Voici quelques articles des derniers jours : Japan Consumer Sentiment Rises, Even As Exports Slump – But Where, Oh Where, Is The Recovery? ; Europe’s Economies Move Sideways In June ; Is Latvia Committing “Futuricide”? ; Everything In Germany Is Going Up….

  15. Avatar de antoine
    antoine

    http://www.guardian.co.uk/business/2009/jun/24/financial-crisis-city-banking-money
    Et tout continue comme avant?

    Ils ne font que précipiter leur chute…

  16. Avatar de Ken Avo
    Ken Avo

    @Paul Jorion, François Leclerc et tous

    J’avais déjà émis cette hypothèse il y a plusieurs semaines d’une posture C ou D pour le reste du monde et les USA encalminés en B. hu hu hu ! 🙂

    Cela dit, je me demande ce que peut signifier exactement un tel différentiel de situation.
    En effet la « finance à l’ancienne » n’a-t-elle pas pour fondement principal un dollar comme monnaie de réserve mondiale unique.
    Or la posture C ou D pour le reste du monde implique nécessairement à mon sens entre autres bouleversements son abandon partiel ou total (?).

    Cet abandon partiel ou total du $ comme monnaie de réserve mondiale ne fait-il pas alors fatalement basculer les USA en posture C ou D de la même façon que le reste du monde ?

  17. Avatar de Stubborn/Martine Mounier
    Stubborn/Martine Mounier

    La posture B n’est pas une posture, c’est une imposture !

    (c’était trop tentant !).

  18. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Le Naif

    première approche dans Wikipedia:

    L’État français s’est progressivement tourné vers les marchés financiers internationaux à partir de 1973 (refonte des statuts de la banque de France, réforme, contenue dans la Loi n°73-7 du 3 janvier 1973, publiée au journal officiel du 4 janvier 1973), et plus encore depuis la création de l’euro, ce qui fait qu’en 2007 60 % de la dette de l’État français est détenue par des non-résidents (c’est-à-dire ménages ou entreprises non-français)[42]. Cette part des non-résidents est en augmentation forte et régulière depuis 1999, date à laquelle elle valait 28 %[43]. Au 2e trimestre 2007, 58 % des OAT émises par l’État étaient détenues par des non-résidents (entreprises et ménages étrangers) ; au sein des 42 % restants détenues par des entreprises ou des ménages français, 60 % étaient détenues au sein de contrats d’assurance (comme les contrats d’assurance-vie), 20 % par des établissements de crédit, et 17 % par le biais d’OPCVM[44].

  19. Avatar de Charles F
    Charles F

    Je proposerais la posture Z, comme Zombies:
    le système continue de tourner comme avant, sauf que toutes les banques sont des banques zombies, brassant de l’argent sans-valeur et des produits dérivés évaporés dans l’abstraction, selon des préceptes économiques déjà morts.
    La créativité financière et les changements de normes comptables permettent de maintenir infiniment et éternellement le système, mais en le satellisant toujours plus loin de la réalité.
    Et le plongeon dans la crise se traduit par une élévation mécanique et objective du niveau de grotesque.

  20. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Si même le business vert s’effondre, ce justement au moyen de quoi l’économie devait repartir aux USA, peut-être cela décillera-t-il les yeux de certains là-bas quant à la nécessité impérieuse de revoir le rôle dévolu à la finance dans l’économie américaine.
    Je ne parle pas de ceux qui ont profité du système et en profitent encore, mais de ceux qui sans en être les privilégiés y croyaient dur comme fer. L’économie américaine, va décrocher comme le prévoie Paul, espérons que ce décrochage ne sera pas facteur de violence mais qu’au contraire il produise un certain sursaut…. un retour à l’esprit de Thomas Jefferson peut-être ?!

    Je rejoins certains commentaires précédents : on peut pas analyser cette crise de façon linéaire en traitant séparément chaque domaine d’étude. Pour l’instant l’économie et la finance ont les premiers rôles, mais à tout moment, un dérèglement climatique, écologique, un séisme de grande ampleur touchant une mégapole, une crise d’ordre géopolitique, peut influer sur chacune des évolutions en cours dans les divers domaines et selon la nature de l’évènement orienter ces évolutions dans des directions contrastées.

    Pour l’instant tout semble stable — pour les économistes rivés aux schémas anciens et les politiques qui s’y fient — mais des lignes de faille sont en train de se creuser et nous en avons de nombreux indices. Dans le domaine économique et financier c’est bien sûr le dollar dont on commence à se défier y compris aux USA, les bons du trésor dont les taux grimpent mais dont on trouve moins de preneurs.

    Nous savons que des changements majeurs vont intervenir mais il est difficile de prévoir où et quand les failles s’ouvriront pour trancher dans le vif les réalités sociales, économiques, technologiques les plus communes et les débats les plus récurrents, dégageant ainsi une nouvelle figure du monde et sa nouvelle doxa.
    Ces faillent me font penser à la théorie des catastrophes de René Thom. Il prenait l’exemple d’une falaise : en apparence elle semble solide, mais tout un réseau de failles préparent déjà son effondrement. Ce n’est qu’une métaphore bien entendu car avec la crise actuelle entrent en considération des facteurs économiques, financiers, humains, énergétiques, écologiques, géo-politiques, lesquels interagissent les uns avec les autres selon un ordre imprévisible et un processus difficilement appréhendable, ce qui précisément cause toutes ces interrogation quant la probabilité que surgisse telle lettre plutôt qu’une autre, exceptions faites des lettres A et B, c’est le B.A.-BA !

    Il faudra reconstruire sur les ruines d’un système économique et financier que d’aucuns pensaient immuable. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle, pour peu qu’avec son effondrement soit préservé l’essentiel : la capacité des humains à se relever pour construire un monde nouveau avec ses nouvelles règles, son nouveau paradigme, ses nouvelles façons de vivre ensemble.

  21. Avatar de Bernard.Z
    Bernard.Z

    C’est fou ce que certains ont changé de posture depuis le mois de février, c’est le cas de J.Attali qui au vu de certains de ses derniers articles dans l’express semble être passé de la posture B à la posture C.
    D’autres persistent et signent comme P.Artus dans Challenges,malgré son implication pour le moins peu crédible chez Natixis.
    Il semble que pour beaucoup les affirmations de Kondratieff ont la vie dure

  22. Avatar de Bernard
    Bernard

    Nous sommes dans un système bancaire vituel:

    Les chiffres sont mauvais?pas grave,changeons encore une fois de plus les
    normes comptables bancaires à la demande des banques francaises
    et de son président G.Pauget(du crédit agricole).La réforme sera annoncée pendant
    les vacances en juillet(IAS39).Cela passe mieux à cette époque…et puis par ce jeu
    d’écritures la valeur des actifs de nos banques va augmenter(VIRTUELLEMENT)…

  23. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Mais il n’y a pas eu de crise. Vous avez eu la berlue! Et même s’il y a eu une crise, toute petite, les financiers ne sont en rien responsables. Même qu’ils font tout pour améliorer les choses. Vous avez des doutes? Vous ne le croyez pas? C’est que vous n’avez pas encore eu droit à la nouvelle campagne de relations publiques de l »Industry and Financial markets Association » conçue pour lutter contre les « réactions populistes excessives ».

    Un coup de Mars et ça repart!

    Comme le disait un internaute, ceci est à lire avant le déjeuner. Pas après.

    http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aNBWPPxGyWaU

  24. Avatar de Jack Evols
    Jack Evols

    Pierre-Yves D. dit :
    25 juin 2009 à 13:43

    « pour peu qu’avec son effondrement soit préservé l’essentiel : la capacité des humains à se relever pour construire un monde nouveau avec ses nouvelles règles, son nouveau paradigme, ses nouvelles façons de vivre ensemble. »

    Rien n’est moins sûr !

    Ne croyez-vous pas que pour rester en état psychosomatique de construire ou de reconstruire individuellement et collectivement, ne serait-ce que dans l’accouchement d’harmonies plus évoluées et plus acceptables entre intérêts privés et intérêts communs au sein d’une seule et même biosphère nourricière partagée, et dans la mesure où nous avons toujours foi en notre libre-arbitre tout autant que dans la capacité de l’humanité à se bâtir des futurs viables à fondements métaphysiques infiniment pluriels, c’est dès maintenant qu’il nous faut de plus en plus nous stimuler à préférer des « CHANGEMENTS VOULUS » à des « CHANGEMENTS SUBIS », des « EVOLUTIONS VOULUES » à des « REGRESSIONS SUBIES » ?

    S’obstiner à laisser les « hasards systémiques » décider de tout à notre place ne serait-il pas en train de devenir suicidaire pour ne pas dire génocidaire ?

  25. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    Si j’osais, je découperais aussi en quatre « postures » A, B, C, D la réaction des peuples à la crise historique que nous vivons car il me semble que se sont les peuples qui décideront fondamentalement de l’évolution de cette crise historique ( qui est aussi pour moi une crise profonde de la civilisation occidentale en tant que modèle imposé à l’échelle mondiale)

    A) La crise on n’y croit pas, tout continue de fonctionner normalement et les cassandres crient dans le désert. C’est la posture « Cause toujours, tu m’intéresses »

    B) Le ralentissement de la production du fait de la surproduction crée un chômage de masse qui entraîne une baisse des revenus, donc une baisse de la consommation qui entraîne, etc… chacun cherche la solution individuelle en se disant que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Le chômeur se reconvertit, déménage ou accepte un travail avec un salaire plus faible. Le consommateur réduit au maximum ses dépenses. Les étudiants allongent la durée de leurs études et le citoyen regarde passer les plans de relance. C’est la posture « Système D », « Prions mes frères »

    C) Rien ne va plus. Le chômage continue d’augmenter, les salaires se réduisent pour tout le monde. Malgré leurs efforts d’économies, les ménages sombrent sous le poids des frais incompressibles et les nouveaux impôts rendus nécessaires par les déficits colossaux pendant que les filets sociaux se réduisent en laissant de plus en plus de gens sur le carreau. C’est la posture « On ne va pas tarder à s’énerver », « On cherche un sauveur suprême »

    D) Toutes les solutions internes au système se révèlent sans issue. Il faut s’organiser pour jeter les bases d’une société radicalement différente. C’est la posture « Groupons-nous et demain… », « Pendons les banquiers et leurs valets »

    Pour moi, on en est à la posture B et on va certainement passer prochainement à la posture C. quand à la posture D, on peut toujours rêver…

  26. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ LeClownBlanc

    Bien entendu. Le taux de croissance renvoie à la mesure de la richesse et le PIB est un instrument totalement dépassé. Le symbole même de l’inadéquation des calculs économiques et des raisonnements qui s’appuyent dessus. A ce propos, la commission dite « Stiglitz » (Commission on the measurement of economic performance et social progress) a rendu public, le 2 juin dernier, un document provisoire passé tout à fait inaperçu sur lequel je souhaite revenir dès que possible.

    ___________________________________________

    DRAFT SUMMARY
    ______________
    (PROVISIONAL AND INCOMPLETE)

  27. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    La posture D déboucherait sur un chaos.
    Une demande de « dictature » lui succèdera.
    Peut-être un nouvel ordre mondial.
    Dans lequel le mot « ordre » est plutôt ambigü et inquiètant!
    Reste la question de savoir si ce chaos est dû à la bêtise globale ou le résultat d’un plan.
    Who knows?

  28. Avatar de HuguesL
    HuguesL

    @Wladimir
    Bonne analyse, en effet on doit se situer au point B), tendant vers le C).

    @Tartar
    Je crains que vous ayez raison. Une grosse refonte du systeme sans entrainer de guerre ni de carcan social trop pesant est sans doute un ideal. Mais, parfois, les ideaux peuvent etre sinon atteints, au moins effleures, non? Quoique la nature humaine semble ne jamais atteindre ni meme effleurer l’ideal de sagesse qui lui fait defaut…

  29. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    @Tartar,

    Je viens de finir un bouquin de Denis Guedj qui raconte l’histoire du calcul de la longueur du méridien de Paris de Lille à Barcelone dans les années 1792-1799, calcul nécessaire pour la détermination exacte du mètre-étalon base de notre système métrique actuel. Ce fut une époque de chaos. Cela n’a pas empêché les scientifiques de jeter les bases de nouvelles sciences, les philosophes de jeter les bases d’une nouvelle constitution, les politiques d’élaborer les bases d’une nouvelle représentation politique des citoyens et le peuple de faire la révolution. Le chaos peut être productif…Et puis, y aura t’il autre chose à faire ?

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