Billet invité.
LA FIN DU LIBERALISME ALIMENTAIRE
Dans le contexte économique que nous vivons et que probablement nous allons vivre, la question de l’indépendance alimentaire et même de l’accès à l’alimentation mérite d’être posée. Pas seulement dans les pays du Tiers Monde, mais aussi dans les pays développés, le cap des 1 milliard d’hommes souffrant de la faim sur Terre sera passé en 2010. La faillite du système capitaliste et financier nous obligera à revoir l’économie agricole, de la production au commerce des marchandises. Par ailleurs, au-delà du défi alimentaire que devra relever l’agriculture, elle devra s’investir davantage dans le secteur de la production énergétique, ce qui ne manquera pas de perturber d’autant les marchés des produits alimentaires.
Le constat est celui-ci : dans les pays occidentaux, l’agriculture, même si elle est subventionnée (et précisant qu’en Europe la règle des 80/20 est respectée ; 20 % des subventions est à partager entre 80% des agriculteurs ! En précisant aussi que les subventions agricoles servent aussi à financer l’exportation, et donc ce sont de grands groupes industriels qui en bénéficient…), repose sur des marchés libéralisés (céréales, viandes…) sauf le lait, dont la réglementation des quotas est en train de disparaître ; les prix sont donc la résultante de la confrontation d’une offre et d’une demande. Avec des prix très volatiles (des amplitudes de plus en plus fortes, et une fréquence plus élevée) la rémunération des agriculteurs est mise à mal ; les volontaires sont de moins en moins nombreux.
On pourrait aussi s’intéresser à la « Question environnementale », qui invite les agriculteurs à investir fortement pour produire mieux, meilleur, …, plus (?) et à ne pas mieux vivre de leur métier !
Dans les pays « sous-développés », le subventionnisme des pays occidentaux a tout son effet, néfaste. Toute notre surproduction, « nos déchets » (les cous et pattes de poulet, les queues et oreilles des cochons) y sont exportés à des prix 3 ou 4 fois inférieurs aux prix locaux, détruisant ainsi l’agriculture locale, et entrainant des exodes massifs des campagnes vers les villes. Accentuant aussi la famine et la malnutrition du fait de la pauvreté des populations migrantes.
Là aussi, la « Question environnementale » peut être posée ; sous prétexte d’un besoin croissant des sociétés modernes à une énergie « propre » (ou verte), les terres agricoles sont dévastées (sans parler des forêts) et font place à la monoculture (soya au Brésil, huile de palme en Indonésie, …) d’une production qui ne permet même pas à ces agriculteurs de dégager un revenu.
Certains États pourraient tout de même tirer leur épingle du jeu ; les pays formant le BRIC, en plein développement bénéficient de richesses et de ressources naturelles favorables. Une main-d’œuvre performante et peu chère, et des surfaces qui n’attendent qu’à être exploitées ; à condition que le développement de leur agriculture soit fait avec bon sens, certains d’entre eux pourraient être en position dominante de terme de production et d’indépendance alimentaire. La Chine par exemple a déjà ciblé son facteur limitant : sa ressource en eau. Mais elle s’y prépare en consacrant une part importante de son budget dans des travaux herculéens (retenues d’eau, canaux…).
D’une part assurer que partout sur la planète, le droit fondamental de se nourrir (de manière saine et équilibrée) soit établi, par une production suffisante, variée et disponible. D’autre part, que cette production soit accessible en termes de prix.
Pour répondre à la première problématique toutes les options à la fois technique et technologique devront être mises à disposition : agrochimie (engrais, protection phytosanitaire), pharmacie, biologie moléculaire et cellulaire (OGM, PGM, …), machinisme,…, devront être utilisés de manière responsable et raisonnée en fonction des paramètres et des enjeux locaux. Ensuite, l’agriculture devra disposer des fonds financiers nécessaires pour que les paysans du monde puissent disposer de manière équitable des différents moyens techniques et technologiques nécessaires. L’agriculture devra reprendre une place prépondérante dans les sociétés, socialement et économiquement.
La difficulté de disposer des marchandises ne pourra être résolue que par un marché des matières premières agricoles protégé des spéculations, qui outre le fait de contribuer à l’augmentation des prix sur le marché a pour conséquence de retirer virtuellement du marché une marchandise physiquement indispensable à notre survie. En effet, quand un fonds de pension américain achète 100 000 tonnes de céréales (dont il n’a aucun usage physique), même si ces céréales sont physiquement présentes dans un silo sur un port américain, elles ne seront physiquement accessibles à un meunier français que lorsque le propriétaire (le fonds de pension) décidera de les vendre (avec de la valeur ajoutée, bien entendu !).
Je le rappelle, la seconde problématique, sera (ou est déjà) l’accessibilité en termes de prix des produits agricoles. Il faut intervenir à nouveau sur deux axes. D’une part, limiter les variations de prix des marchandises, et par le biais du subventionnisme à la production, faire en sorte qu’ils soient le plus bas possible ; tout en s’assurant du revenu des agriculteurs, cela va de soi ! Il doit être inclus dans ce système une autre façon d’organiser les échanges pour que les écarts de prix d’une région à l’autre de la planète soit les plus faibles possibles.
D’autre part, l’accès à l’alimentation se posera sous l’angle du pouvoir d’achat, mis à mal par l’inflation, et par la dette des ménages. Alors, faut-il parler de détaxation des produits alimentaires ? Faut-il être plus ferme sur l’économie de la distribution, avec une « répartition des marges » ? Je ne saurais dire. La réflexion est ouverte, doit-on inventer un nouveau modèle économique pour les marchandises agricoles (alimentaires et/ou énergétiques), ou simplement remettre de l’éthique dans le libéralisme agricole ?
A l’heure où le « durable » tend à diriger notre pensée, n’oublions pas que le durable ne passera que par un modèle économique qui puisse lui aussi répondre du durable.
39 réponses à “La fin du libéralisme alimentaire ?, par Adrien Montefusco, agriculteur”
Je ne pense pas que les fonds de pension américains aient jamais cherché à stocker eux-mêmes du grain : leur spéculation se fait sur des « indices » dont le sous-jacent est constitué de paniers de contrats à terme (« futures ») sur des matières premières.
@ Paul Jorion
Je vous sais réservé sur le recours au protectionnisme. Vous semblez estimer que l’interdiction des formes prédatrices de la spéculation pourra suffire à réguler le capitalisme. Mais comment éviter l’effet dévastateur du mécanisme cité ci-dessus, qui n’est pas lié à la spéculation?
Dans le billet Krill et baleines…, que vous avez bien voulu publier il y a deux mois et quelques, je terminais par :
Comment préserver la diversité humaine, culturelle, sociale, etc…, dans une économie de marché complètement ouverte? Pourriez-vous développer les motifs de votre opposition au protectionnisme?
Et si, comme pour les monnaies complémentaires émergentes ou en gestation dans l’univers du monolithisme financier dominant en grande difficulté, en matière alimentaire, on se mettait à expérimenter différentes formes d’organisations alimentaires locales de première nécessité, n’y verrions-nous pas plus clair sur ce qu’il resterait à réguler à l’échelle de cette conception du libéralisme alimentaire devenue trop souvent ECOinsoutenable ?
En flash , à chaud :
– c’est l’occasion de retourner voir un vieux film : Soleil vert .
– Sur les OGM PGM : derrière l’interrogation saniaire , qui est sans doute la plus simple à appréhender et résoluble , deux interrogations autrement plus graves:
– le risque d’atteinte grave car irréversible à la biodiversité par pollution de proximité , dont les derniers échos neutres et reconnus ,énoncent que cette polution est inévitable et non réellement maîtrisée aujourd’hui . L’Inde citée via le BRIC était un des berceaux naturels les plus riches et féconds de cette diversité végétale et semencière …menacée .
– le danger d’asservissement total et final de la caste paysanne , devenue tributaire ( achat de la semence chaque année , voire des produits qui » vont avec » ) des très peu nombreux industriels collectionneurs de brevets , totalement pénétrés comme les grandes industries ou organismes de pointe par la finance et les intérêts privés . Pour des intervenants attentifs à la tyrannie du marché et à la confiscation de richesses par quelques uns , il y a là un vrai sujet de combat .
– Sujet immense / Une part de la vérité passe certainement par la localisation et le moindre transport de tout ce qu’on peut /lien santé – nourriture – mode de consommation ( écouter les centenaires et plus ) /Un vrai sujet » humaniste » pour l’Europe dans sa relation avec le monde .
Une bonne lecture d’un praticien pour commencer:
http://ogmdangers.org/action/cr_conference/Pochon.htm
Insister sur la gestion de l’eau plutôt que sur celle des OGM:
http://www.cidal.diplo.de/Vertretung/cidal/fr/__PR/francophonie/6developpement__durable/2009__04__28__dossier__eau__pm.html
http://www.france.attac.org/spip.php?article458
et y consacrer 1/100 des dépenses de l’eau en bouteilles (90 milliards de litres/an) http://revue-du-commerce-international.info/dossiers/49-bataille-eau
Lire Edgar Pisani sur les subventions.
je me permets de rappeler un article intéressant : Pourquoi une faim galopante au XXIe siècle et comment l’éradiquer ? par Éric Toussaint, Damien Millet qui se trouve sur contreinfo.info en date du 13 mai 2009
Voilà ce qui peut se profiler à l’horizon.
Comme le dit l’ingénieur agronome, s’il y a des résultats, on peut parler d’une vraie science. Et ici, les résultats dépassent tout ce qu’on imagine.
Il y a au moins vingt ans d’antérorité, c’est un délai plus que sérieux pour confirmer les résultats.
Vous ne perdrez sans doute pas 50 minutes de votre temps à regarder ceci:
http://xiberia.info/blog/index.php/2009/05/23/146-homme-parlait-plantes
Si je puis permettre, je pense que Paul Jorion sur le protectionnisme devrait éviter de tomber dans cet excès consistant à tenter d’appliquer un même paradigme général et unificateur à une question qui appelle selon moi des réponses au contraire à nécessairement différencier.
Je veux dire par là que produire, acheter et vendre de la hi-fi et produire, acheter et vendre du lait, des céréales, de la viande, de l’eau même (!) et demain de l’air pur (?) relèvent d’enjeux à ce point différents qu’il est aberrant – voire criminel ? – d’appliquer à ces marchés des règles identiques.
De façon basique, la science économique distingue d’ailleurs en la matière quelques grandes catégories – produits de base ou de première nécessité, matières premières, produits finis de grande consommation, produits de luxe – ne serait-ce que parce que le comportement des acheteurs vis-à-vis de ces marchés est fort différent.
Non, tout n’est pas marchandise !
Et le protectionnisme alimentaire au minimum me semble en effet parfaitement justifiable.
Adrien Montefusco écrit:
« »On pourrait aussi s’intéresser à la « Question environnementale », qui invite les agriculteurs à investir fortement pour produire mieux, meilleur, …, plus (?) et à ne pas mieux vivre de leur métier » »
Et bien Don José Carmen, méxicain fait exactement cela (Rumbo dit : 22 juin 2009 à 18:41).
Par ailleurs, il est un marché très significatif et reste comme un bon point de repère, c’est celui du riz. J’en ai déjà parlé une fois ou deux ici, c’est un marché peu mondialisé, les pays producteurs donnant la priorité à leur consommation intérieure. C’est ce qu’il faut tendre à pratiquer de lpus en plus pour les productions agricloes. Soit des cultures vivrières à produire sur place le plus possible et délaisser (sauf là où c’est peu contraignant pour l’environnement et que cela convient au marché concerné) les cultures homogènes pour, prioritairement, l’exportation. L’exemple de l’Afrique est à souligner. Depuis des décennies (tel les accords de Lomé et les suites des décennies durant avec d’autres accord du même type, spécialement sous la pression des multinationales, nombre de régions et pays y ont délaissé les cultures vivrières locales, ce qui est un facteur de dépendance et d’appauvrissement terrible et voilà soumises aux fluctuations des prix des productions céréalières des populations entières exposées aux « caprices » du ou des marchés. c’est une vraie abérration. Si! n’en déplaise à Jacques Attali et consorts, le protectionnisme a ses raisons d’être, et ce ne sont pas des raisons à priori, bien au contraire. Se rappeler qu’une cellule vivante se fortifie grâce, entre autres, à ses parois qu’il faut préserver. Le modèle du vivant est normalement fiable. Il en est de même avec le temps et l’espace, avec l’histoire et la géographie. Depuis ~30 ans l’on s’est ingénié à massacrer partout le temps et l’espace qui aujourd’hui n’ « existent » presque plus. C’est grave. il faut tout reprendre dans ce sens sain et naturel.
Ne vous inquiétez donc pas. L’OMC, l’OMS, le FMI, la CIA, la BM, le WWF, la BCE, l’UE, l’UMPS, le G20, le G2, le G8 sont là pour s’occuper de tous ces problèmes. Leurs experts hautement qualifiés s’attèlent à la tâche, chaque jour, pour assurer paix et prospérité sur notre bonne vieille Terre.
Alors, détendez-vous, en regardant TF1 par exemple. On gagne toujours à être plus instruit.
Je vous remercie pour la qualité de vos textes que je lis souvent avec beaucoup d’intérêt, sans faire jusqu’à ce jour de commentaires. Cependant pour celui là, je suis tenté de le faire car vous mettez le doigt sur un problème crucial.
On ne peut que déplorer en effet les subventions versées à une minorité de grands producteurs, et l’appauvrissement des producteurs de pays en développement par nos exportations… Que dire, de la facture énergétique ou écologique ?
Et pour nous, que dire de l’état de dépendance dans lequel nous nous trouvons au sein de notre société de consommation ? Aujourd’hui pour nous nourrir, nous devons TOUT acheter : nous ne savons même plus cultiver une carotte ou une pomme de terre ! Et quand bien même, encore faudrait-il avoir la possibilité de le faire sur un lopin de terre. Qu’adviendrait-t-il de nous si pour une raison ou pour une autre, il devait se produire une rupture (même momentanée) dans la chaine de distribution alimentaire ?
Dans un monde parfait (ou utopique), l’accès à la terre devrait être gratuit pour toute personne ayant la volonté de la cultiver SUR PLACE (et pas à l’autre bout de la planète), moyennant rémunération du TRAVAIL
Il viendra un jour où nous réaliserons que nous ne pouvons pas continuer à maltraiter la Terre et ses habitants sous prétexte économique. Mais d’où vient cette obligation de rentabilité et de résultat que nous nous sommes imposés progressivement, au détriment de toutes les valeurs auxquelles nous sommes attachées ?
L’argent, les dettes, le capital investi qui exige un retour sur investissement, le conditionnement ?
LaurentG
Les pistes de remédiations existent déjà mais, même en lui parlant du chaos abyssal qu’elle est déjà en train de laisser à ses éventuels descendants survivants, il n’est manifestement pas facile de persuader une masse aussi considérable d’ECOsuicidaires de renoncer à ses scénarios de suicide collectif programmé auxquels elle semble bien plus attachée qu’à la vie …
Un seul exemple :
Pour que les concentrations urbaines acquièrent enfin davantage d’autonomie alimentaire (question de sécurité fondamentale s’il en est) tout en s’émancipant de leur destin « concentrationnaire » actuel, qu’est-ce qui nous empêche d’expérimenter une réaffectation partielle des budgets du surarmement ou des budgets publicitaires du « toujours plus » pour expérimenter les différentes formes d’écoredéploiements soutenables sur une économie locale de l’EcoSubsistance Minimale Universelle dotée de sa monnaie complémentaire locale « bouclier », voire d’instaurer une fiscalisation de salut public sur les paradis fiscaux pour en intensifier la mise en oeuvre ?
Le modèle archi-totalitaire des dominants est-il si abrutissant qu’on ait à ce point besoin de s’y aggriper ?
Je rejoins Juan Nessy dans son commentaire.
Lorsque vous dites :
« Pour répondre à la première problématique toutes les options à la fois technique et technologique devront être mises à disposition : agrochimie (engrais, protection phytosanitaire), pharmacie, biologie moléculaire et cellulaire (OGM, PGM, …), machinisme,…, devront être utilisés de manière responsable et raisonnée en fonction des paramètres et des enjeux locaux. »
Pour que ceci se fasse de manière responsable et raisonnée, il faudrait que les firmes qui s’occupent de promouvoir ces techniques s’arrêtent d’être des sociétés capitalistes. Vous voyez un peu les chances de voir la situation évoluer spontanément. Voilà 50 ans qu’on a droit à de la désinformation au sujet de l’agriculture moderne. D’abord par ignorance et espoir, puis par omission. Nous en sommes à l’ère des mensonges tout-à fait criminels, de nature semblable à ce qui ce pratique dans la finance.
Tout le développement de l’agriculture moderne est tourné vers la capture de marchés globaux, et dépendance croissante des agriculteurs ( vous devez en savoir quelque chose ), en opposant à une possible incrédulité paysanne à propos de certaines promesses, la science, matière absolue et incontestable, à charge pour eux de faire mieux tout seul dans leur coin.
Question anodine dans le milieu : qu’avez-vous utilisé d’autre vous-même sur vos terres en culture, que des hybrides F1 ? Pourriez-vous jurer que l’évolution de ces semences depuis 50 ans a été orientée dans l’unique but de l’amélioration de l’alimentation des populations. Vous savez bien que vous ne sauriez dire cela, et pour cause.
Les marchés de la semence appartiennent aux semenciers et ont été développés dans ce but. Tout le reste en découle, y compris la dépendance au phytosanitaire, un peu comme certains citadins dépendent des médicaments pour supporter le stress de la vie, sans croire qu’ils pourraient peut-être ( pas tous ) s’en passer la plupart du temps.
Je ne résiste pas à vous re-poster cette vidéo raccourcie d’une que j’avais déjà proposée dans une queue de post :
Le CEO de Nestlé qui vous explique pourquoi l’eau devrait avoir un prix.
http://www.dailymotion.com/relevance/search/néstlé+CEO/video/x4hrgk_nestles-ceo_politics
Mais pour sa défense je rajouterais qu’il doit, dans sa frustration, se contenter de parler de l’eau, puisque les mesures seraient difficiles à mettre en place pour l’air.
Par contre, pour l’agriculture et tout ce qui y est relié, tant que ce genre de bonhommes en costume-cravates de trop bonne facture, seront habilités à décider, les survivants auront un problème croissant au cours de leur existence.
Nous sommes trop nombreux à habiter dans des cités. Certaines dimensions nous échappent complètement.
En plus ce gars n’est pas de mauvaise foi ( ???? ) à parler ainsi : il s’agit juste de son point de vue de grand ignorant de l’ensemble en équilibre.
S’cusez, Lien foireux
http://www.dailymotion.com/foudordi?hmz=746162
Sur les pattes, croupions et carcasses de poulets, (ce sont les restes -exportés congelés- après la découpe pour la vente en barquettes des blancs, cuisses,… sur nos marchés occidentaux)
qui sont donc bradées en Afrique, ( cela sans dire du congelé-décongelé, pour parfumer la soupe de poulet, … )
avez-vous vu ce documentaire, « l’Europe plume l’Afrique » ???
Sinon, ce scandale ( car rentabiliser l’industrie agroalimentaire du poulet, ruine l’élevage de la volaille en Afrique, mais aussi nos agriculteurs … ) est déjà denoncé en 2004
http://terreaterre.ww7.be/exportations-de-poulets-l-europe-plume-d-afrique.html
Ce probléme un bien plus complexe que ce que vous pouvez décrire !
Les conflits locaux, le manque d’infrastructures, de financement, les maladies sont les véritables raisons d’une famine qui ne cesse de progresser. J’ajouterai le manque de clairvoyance des politiques de développement agricole.
En ce moment l’UE distribue gratuitement au nord de la Cote d’Ivoire des boeufs pour la culture attelé… de coton ! (relance de la production cotonniere du pays).
http://www.ccfd.asso.fr/e_upload/pdf/dossier_volaille.pdf?PHPSESSID=3a7bc450e63900f5b1dd0437f535576d
rapport campagne CCFD, page 20/20
« Les résidus congelés de poulet en Afrique (RFI – France 22/10/04)
Le poulet africain étouffé par l’Europe. (Libération – France 6/10/04)
Cameroun : quand les poulets d’Europe inondent le marché et tuent leurs concurrents (Le Soir – Belgique 12/5/2004)
Importations de viande de volaille : la mort programméede la filière avicole (Le professionnel agricole – Côte d’Ivoire février 2004)
LE MONDE ASSOCIATIF FRANÇAISSE MOBILISE POUR LE POULET AFRICAIN (AFP – France 18 octobre 2004)
A quand uneagriculture équitable ? (La Terre – France 12/18 octobre 2004)
Une carte pour ne plus plumerl’Afrique (La Provence – France11 octobre 2004)
La bataille du poulet (Le Vif – Belgique 2/7/2004)
Poulets congelés importés :armes de destruction massive (La Voix du paysan – Cameroun, mai 2004)
IMPORTATION MASSIVE DE PRODUITS CONGELÉS :LA SANTÉ PUBLIQUE ET LA PRODUCTION LOCALE À LA DÉRIVE
Le Cameroun malade d’une mondialisation malsaine (La Voix du Luxembourg – Luxembourg 19/5/2004)
Le poulet congelé importéappauvrit et tue(Le Messager – Cameroun 20/9/2004)
«L’Europe plume l’Afrique»et l’Afrique a faim (Le Courrier de l’Ouest – France 15 octobre 2004)
«Près de 11950 tonnes deviande de volaille congeléei mportées en 2003,expédiée en morceaux, dontplus de 70% viennent d’Europe»
(Politis – France 21/27 octobre 2004)
Volaille : quatre ONG contre les exportations de congelévers l’Afrique (La France Agricole Express – France 5 octobre 2004)
L’Europe plume l’Afrique (RTL.fr – France 7 octobre 2004)
Les poulets d’Europe plument l’Afrique (Ouest France – France 6 octobre 2004)
L’Europe plume l’Afrique :les poulets européens menacent la filière avicole africaine (afrik.com – 7 octobre 2004) »
(… aujourd’hui la production-distribution industrielle, prédécoupée, du poulet poussé hors sol , …. délocalise … en Amérique latine ??, en Asie ??? )
@ Adrien Montefusco
Pour répondre à la première problématique toutes les options à la fois technique et technologique devront être mises à disposition : agrochimie (engrais, protection phytosanitaire), pharmacie, biologie moléculaire et cellulaire (OGM, PGM, …), machinisme,…, devront être utilisés de manière responsable et raisonnée en fonction des paramètres et des enjeux locaux. Ensuite, l’agriculture devra disposer des fonds financiers nécessaires pour que les paysans du monde puissent disposer de manière équitable des différents moyens techniques et technologiques nécessaires. L’agriculture devra reprendre une place prépondérante dans les sociétés, socialement et économiquement.
je suis d’accord lorsque vous posez que la souveraineté alimentaire doit être de principe et que les prix des denrées doivent assurer des revenus décents aux agriculteurs.
Par contre je vois une certaine contradiction entre l’idée d’une « agriculture (qui) devra reprendre une place prépondérante dans les sociétés, socialement et économiquement » et la promotion de l’agriculture productiviste ce à quoi revient la première partie de la phrase citée.
Vous ne le dites pas dans votre article, mais sur la question environnementale — pour moi ce n’est plus une question mais un constat car l’agriculture n’est pas cernée par un environnement mais est bien une part intégrante du milieu naturel et social — vous semblez faire sienne l’idée d’une possible « agriculture raisonnée » qui repose sur l’idée que les pratiques agricoles sont bonnes pourvu qu’on les applique avec discernement. Votre principale cible est l’agriculture intensive, celle qui se pratique par exemple au Brésil. L’exemple est bon, pour fabriquer des agro-carburants on sacrifie en effet la souveraineté alimentaire et on fabrique de la faim.
Mais quid de l’agriculture intensive bien de chez nous ? Vous évoquez les investissements importants que nécessiterait l’agriculture. Mais si l’agriculture est devenue si couteuse, productiviste, n’est-ce pas précisément parce que la place de l’agriculture n’est plus prépondérante dans nos sociétés ? Dans les pays dits développés les agriculteurs ne représentent plus qu’une petite partie de la population parce qu’ils sont devenus des exploitants agricoles, autrement dit des chefs d’entreprise intégrés dans des circuits économiques fortement capitalisés. La finalité, la priorité de ce type d’agriculture n’est donc plus de produire des produits de qualité et diversifiés. Le choix du vocabulaire a son importance, vous ne parlez pas des paysans ni d’agriculture biologique. Or le paysans renvoie au local, au circuits de distribution court, déconnecté du marché mondial que vous décriez pourtant. L’agriculture biologique — qui n’a rien à voir avec l’agriculture de nos ancêtres –, c’est la qualité et la diversité, l’utilisation de semences adaptées au terrain et qui surtout ne doivent pas être achetées à des tiers. Du point de vue économique une agriculture à taille plus humaine, déconcentrée, permettrait de réduire les coûts intermédiaires, car les agriculteurs produiraient moins mais seraient plus nombreux. Le tissus social paysan pourrait retrouver une densité et donc un poids social.
Bien entendu une telle agriculture pourrait bénéficier de la foultitude des connaissances accumulées en matière d’écologie. Rien ne prouve qu’une agriculture non productiviste serait incapable de nourrir l’humanité. Le choix des OGM a été purement commercial. Les bienfaits attendus de cette technique ne sont pas au rendez-vous. Même la productivité de ce type de culture n’est plus avérée selon des études récentes menées au Etats-Unis.
Si l’on veut préserver l’agriculture en tant que culture, dans tous les sens du terme, il faudra beaucoup plus qu’une agriculture raisonnée. Bref, le mode de production capitaliste implique de favoriser certaines techniques agricoles au détriment des autres.
rectification : il fallait lire « Votre principale cible est l’agriculture extensive, celle qui se pratique par exemple au Brésil. » et non pas « ..agriculture intensive .. ».
Vous savez sans doute que nous mangeons tous des OGM grâce au merveilleux couple maïs-soja. Si le maïs n’est pas OGM, le soja, complément indispensable à l’équilibre alimentaire des animaux ainsi nourris, lui l’est. Et on l’importe des USA pour l’essentiel, avec un accroissement important depuis que les farines animales sont dopées au prions, donc interdites.
Vous savez sans doute qu’il suffirait d’appliquer les connaissances théoriques et pratiques de l’agronomie préconisées par Dumont et Voisin, la révolution fouragère des années 60, la prairie temporaire avec des rendements très élevés, intensifs, pour sortir de ce pétrin écologique, pour sortir des subventions.
De plus,
Comme ces éleveurs qui ne se soucient plus que de fabriquer de la viande en batterie trop souvent bourrée de nutriments douteux, les stakhanovistes de l’épuisement des terres cultivables qu’il leur faut toujours plus arroser d’intrants artificiels pour en tirer les hauts rendements exigés par la tyrannie de la rentabilité financière (encore elle !), semblent hélas les uns et les autres à des années lumières de la conscience morale (quelle arriération mentale que simplement d’en parler !) de la plupart de leurs propres parents pour qui l’intégrité et la droiture morale dans leurs pratiques à l’égard de notre terre nourricière prenait le pas sur la recherche du profit ou même sur la terreur de l’endettement ou de faillite qui, comme dans tous les autres secteurs de l’économie, les tenaille toujours plus au point qu’ils ne voient plus d’issue « honorable » que dans cette folle fuite en avant !
Alors il nous faut bien revenir sur une autre question fondamentale : dans le monde du business qui s’étend donc au monde agricole, le sens moral n’est plus la plupart du temps, qu’une coquetterie qu’on peut arborer quand les affaires vont bien … ou une habileté machiavélique à « se mettre en conformité » à une multitudes de normes perpétuellement contestées au moment où les contrôles inopinés peuvent surgir.
En des temps où « le pas vu pas pris » et « l’a-moralité » paient tellement plus que la soumission à des normes ou à des règles morales qu’on cherche en permanence à transgresser au nom de la rentabilité des capitaux investis ou de la rémunération des actionnaires, quelle « confiance » le consommateur et l’écocitoyen peuvent-il encore accorder à tout cet édifice ?
Plus largement, est-on déterminé à rétablir au moins, comme s’il s’agissit d’un minima de conscience morale partagée, une relation ++, la fameuse relation gagnant-gagnant enseignée en management des situations de crises, à la fois avec notre terre nourricière, notre biosphère en grand danger, avec nos semblables et avec nous-même (harmonies internes) dans tout ce qui relève du salut public et de l’intérêt général ?
A la bourse, dans les politiques des Etats comme pour ce qui relève de notre « sécurité alimentaire minimale », peut-on encore longtemps faire l’économie d’un minimum de conscience morale partagée ?
@ Pierre Yves D.
Bien vu sur nombres de points , que je partage .
– Récemment, j’étais sur le secteur de DIJON …pour affaires . J’ai rencontré, par l’intermédiaire d’une connaissance une personne , un maraîcher, approchant la soixantaine …
Il me disait que : « … du temps de mon père, la bourgade dénombrait 250 maraîchers …. Aujourd’hui, nous sommes 12 ! A l’époque, le moindre lopin de terres était occupé pour la production maraîchère …dans la cour , chaque recoin…. Ce n’était assurément pas une bonne chose…Nous étions dans le « TROP » …Aujourd’hui, de nombreuses terres sont laissées à l’abandon…. le coût du foncier est exorbitant ( environ 3300 EUR/ha) et les modalités de fonctionnement concernant l’attribution des terres privilégie, bien trop souvent, les propriétaires existants…Les règles doivent changer…etc..Etc…. « .
– La Mondialisation m’apparaît comme fondamentale . Mais c’est la vision de cette Mondialisation qui doit être revue. Plus notre population augmente, plus la diversité et la richesse sont touchées par nos comportements et nos actions, plus elle devient fondamentaleet doit être corrigée.
En ce sens, La mondialisation, comme reprendre l’idée de certains qui se sont exprimés ici même, doit être vu, organisé selon différentes échelles en fonction de nos besoins.
Il m’apparaît que, dans un premier temps, les besoins, produits et flux dépendant du tryptique « SE NOURRIR, SE VETIR, SE LOGER » doivent systématiquement s’envisager selon des echelles locales, selon des critères d’adequation entre les variétés indigènes, la nature des sols, les conditions climatiques, la saisonnalité en somme l’écosystème et l’écosphère .
Ex : vouloir faire pousser des avocats et du coton, en france est une ineptie. La production de TOMATE ( EUH…..oui , c’est MOI …. KIKEKOI ????) est une évidence….de mai à octobre , pour une production et commercialisation en france…. Donc , plus de tomates espagnoles ???? même en dehors de cette période???? On en revient aux comportements…..
-Effectivement, une très large majorité de semences sont des Hybrides, des variétés récentes et génétiquement modifiées…. Mais il existe des sources d’approvisionnements alternatives…. qui ne demande qu’à se développer… Des variétés très anciennes à l’echelle du temps végétal …. A nous de jouer !!!!
– Autre exemple : « Des chênes abattus en france …. Les grumes sont expédiés en chine …. transformés en parquets et….. reviennent en france… pour leur commercialisation ….sur la région parisienne « .
A travers cet exemple réel, qui a lieu à l’heure ou j’écris ces lignes, on comprend qu’il beaucoup à revoir sur l’aspect « SE LOGER « !
PS : J’affirme que tous les variétés indigènes que l’on cosomme en france, peuvent être « élevées » sans intrants chimiques, et en toute autonomie par le producteur … Ce qui appelle la question suivante : C’est pourquoi donc qu’elles existent toutes ces sociétés ?????
Tout à fait d’accord avec les interventions ci-dessus.
-La manipulation financière et le détournement de subventions étatiques qui ont cours dans l’agriculture à l’échelle globale font furieusement penser à l’industrie pharmaceutique.
Toujours la même rengaine : financiarisation de domaines vitaux, qui n’auraient pourtant jamais dû être soumis à concurrence.
-les agro-carburants sont un non-sens : ils dispensent de penser à une réelle alternative énergétique aux hydrocarbures, alors que, comme vous le dites à propos des types de culture, Pierre-Yves, Tomate, et vous tous, des SOLUTIONS EXISTENT, sous notre nez.
Il faut espérer que l’effondrement du libéralisme soit le plus grave possible, pour espérer commencer à distinguer le grain de l’ivraie.
Je lis vos commentaires avec beaucoup d’intérêt ;
Ils m’interpellent sur de nombreux sujets pour lesquels j’essaierais prochainement de donner mon modeste regard « vu de l’intérieur ».
Toujours est-il qu’il est difficile pour les agriculteurs de sortir d’un système dans lequel « tout allais bien » jusque là ; au-delà de leur regard de citoyen, ils ont (nous avons !) des décisions de chef d’entreprise à prendre et c’est pas toujours évident de se défaire des habitudes… Ils sont souvent culpabilisés par la société (à juste titre ???), mais aujourd’hui, il faut les accompagner dans le changement.
Pourriez vous commencer à définir les axes d’accompagnement auxquels vous faîtes allusion en fin de billet ? Qu’attendez vous du consommateur , de la fiscalité , de la puissance publique à différents niveaux pour organiser vos productions (nature , quantité ), vos accès aux ressources nécessaires , pour ( employons les gros mots ) organiser et réguler la concurrence , pour vous donner plus de poids dans la relation au réseau commercial et de distribution , pour jouer éventuellement la solidarité internationale entre paysans et agriculteurs …. Sans oublier les pas que vous seriez vous même prêt à faire ? Est il bien raisonnable d’en rester à l’agriculture raisonnée ?….
@M.Montefusco
Étant citadin, j’ai quelques petites questions techniques :
Quel est notre intérêts dans la viande cloné ? A part faire joue joue avec les éprouvettes ? Il y a un manque de sexualité chez nos bêtes pour avoir besoin de les cloner ?
Je vous remercie d’avance pour vous réponses
@ Samuel
pour le coup, la réponse est très simple pour moi : aucun intérêt, si ce n’est de cloner le chienchien à sa mémère 😉
Merci .
Nos ministres s’ennuient alors ils pondent des trucs comme la taille des bananes etc….
Par contre, j’aime bien le communiqué de la presse : stimuler le développement et la mise sur le marché de l’Union « d’aliments innovants sûrs »
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/06/22/01011-20090622FILWWW00515-ue-encadrer-la-vente-d-aliments-clones.php
enfin la vraie vie entre dans ce blog le monde paysan je produis de la nourriture pour mes concitoyens elle est saine et loyale partant de chez moi nous ne degradons pas la terre il y a eu des paysans sur ma ferme depuis 1449 documents archives merci pour la nourriture intellectuelle de ce site