L’anglais qu’on voit partout

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

… le mercantilisme planétaire transpire partout à travers l’anglais affiché partout bien plus que nécessaire. Rumbo

Il m’est arrivé de me demander, en voyant deux personnes converser dans un anglais abominable : « Pourquoi s’embarrasser de parler une langue qu’on maîtrise si mal ? » La réponse était simple bien entendu : aussi mauvais qu’ait été cet anglais, il s’agissait des seuls éléments de langage que ces deux personnes avaient en commun.

Et quand je dis « anglais », je devrais plutôt dire que ces personnes utilisaient des mots d’anglais au sein de structures grammaticales qui demeuraient essentiellement celles de leur langue d’origine. La chose est plus visible encore quand cette structure est assez éloignée de l’anglais proprement dit, comme quand il s’agit, par exemple, d’un locuteur chinois ou japonais, maîtrisant mal l’anglais.

Le fait que ce soient essentiellement des mots empruntés à l’anglais qui soient utilisés dans le sabir international ne constitue pas une menace pour le français (il vaut mieux qu’il en soit préservé !) mais pour l’anglais lui-même.

L’anglais est assiégé depuis longtemps par l’américain, une « sabirisation » de l’anglais, ce qui s’explique bien sûr très bien en raison du « melting pot » multi-ethnique que constituent les États–Unis.

La plupart des divergences entre l’américain et l’anglais découlent du fait que le premier est une version très simplifiée du second : disparition du subjonctif, transformation de tous les verbes réguliers en verbes réguliers (« he catched » pour « he caught , etc. »), remplacement systématique du verbe conjugué par l’infinitif (« to give » pour « for giving »). Je parle ici de l’américain commun, pas des argots, et ce que je dis ne s’applique pas bien entendu aux auteurs américains qui choisissent délibérément d’écrire en anglais plutôt qu’en américain.

Lorsque j’apprenais l’anglais proprement dit à Cambridge, j’étais repris en permanence par mon professeur très sévère : « C’est une faute que font les enfants ! ». Je me posais la question : « Pourquoi tant de fautes commises par les enfants, moi qui n’ai jamais été enfant en Angleterre ? » Jusqu’à ce que je retrouve mes « fautes » dans des livres très comme il faut, que je lui présentais alors triomphalement. « Ça, c’est de l’américain ! », me répondait-elle invariablement, du même air dégoûté.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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47 réponses à “L’anglais qu’on voit partout”

  1. Avatar de Pascal C.
    Pascal C.

    ÉTYMOLOGIE !

  2. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Il est en tous cas assez angoissant d’imaginer que l’on est un rebut de l’humanité incapable de créativité et de raison , si l’on ne « fait » pas au moins 100 de score au TOEFL pour s’inscrire à un MBA .

    Quand je constate ce que ces cadres nous ont produit , j’ai moins de scrupule à avouer ma médiocrité dans la langue de Shakespeare ( mais je me soigne en dépit de mon grand âge ):

    To be or not to be a manager ?

  3. Avatar de jacques
    jacques

    Moi je croyais que O.K. étaient les initiales d’un contremaitre des usines Ford .M’as-t-on leurré? Suis-je le seul et dernier ? Tabernacle! Encore un coup des Mohicans.

  4. Avatar de Moi
    Moi

    Plus trivial, ça vient de Oll Korrect (écriture SMS de l’époque pour « All Correct »).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/OK_(expression)

  5. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    On comprend mieux pourquoi Christian Clavier a fait fortune !

  6. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Sans MBA et , sans doute, nul au TOEFL ! Fortiche le mec !

  7. Avatar de Ken Avo
    Ken Avo

    Hum hum. Je crois que c’est « tabernac » et non « tabernacle » ! et c’est très vulgaire par ailleurs. 🙂
    La pratique anecdotique de jeux en réseau m’aura au moins appris quelque chose. Et le globiche est aussi une langue écrite (avec mes pieds).

  8. Avatar de Eugène
    Eugène

    Une langue? où çà? ya que ceux que çà fait vivre pour professer qu’elles existent entre les deux bornes d’une convergence impossible et d’une divergence tolérable…

  9. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    A revoir aussi une émission encore rediffusée récemment sur ARTE sur l’origine du langage . Passionnant .

  10. Avatar de David
    David

    Moi j’y vois une analogie avec la monnaie , ça ok (iroquois donc). Sur la description des phénomènes (cf la machine) on est bien jpense mais le principal c’est l’explication …Et là jvous avoue ; où j’en suis notamment grace à vous çà fait peur , j’aimerais bien trouver mieux.

  11. Avatar de Paul Jorion

    Wikipedia :

    There are four proposed etymologies which have received material academic support since the 1960s. They are:

    the Greek words « Ola Kala » meaning « everything’s good »
    the acronym of the « comically misspelled » oll korrect
    the Choctaw word okeh
    the Wolof and Bantu word waw-kay or the Mande (aka « Mandinke » or « Mandingo ») phrase o ke

  12. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    C’est décidément la revanche du Wolof que de plus en plus de Sénégalais utilisent préférentiellement au français !

    Franchement ! Devant Dieu !

  13. Avatar de Jonathan Livingston

    Étant Québécois, je parle évidemment le québécois (notez l’orthographe) et on dit «tabarnak» comme juron et aussi comme superlatif d’intensité! Comme dans une tabarnak de belle fille. Le Québécois ordinaire de milieu populaire voue moins un culte à la précision du langage que le Français; il compense par un langage non verbal significatif ou le rôle des intonations importe beaucoup. Il affectionne les périphrases et même les néologismes de son cru au gré des circonstances. Le Québécois a une mentalité fort différente du Français. Il est nettement moins pointilleux sur les détails! Bon, j’ai vu «Bienvenue chez les Chtis», je gage que les sous-titres sont nécessaires aussi à l’occasion. Le Québécois se modernise et l’on enseigne enfin le français dans nos écoles.

    Pour Ok, j’ai trouvé sur Wiki: «Malgré de nombreuses étymologies populaires, l’origine de ce terme ne fait plus débat. La première occurrence attestée date de 1839 dans le Boston Morning Post comme abréviation de « Oll Korrect », altération graphique de all correct, version familière de l’époque du all right (tout est bien, tout va bien) britannique. En 1840, le terme a été utilisé par des partisans de Martin Van Buren, élu à la présidence des États-Unis en 1837, et surnommé Old Kinderhook (le vieux de Kinderhook) du nom de son village natal. Un club de soutien s’est créé à New York sous l’appellation de « O. K. Club » (23 mars 1840).

    L’histoire de ce terme a fait l’objet d’une publication de A. W. Read dans The Saturday Review of Literature du 10 juin 1941, étude qui n’est contestée par aucun spécialiste (elle est notamment citée par Alain Rey dans Dictionnaire historique de la langue française).

    Pour plus de détails, lire l’article détaillé en anglais : en:Okay.»

    Un pprof de français au Québec

  14. Avatar de CF
    CF

    Je n’avais pas cité le wolof dans les langues que je connais. Mille excuses à un certain Guedel si il lit ce blog.
    Je vais me renseigner.
    Dieure Dieuf (Merci).

    Pour OK, je suggère aussi Obama-Kennedy.

    Puisque j’ai affaire à des linguistes, est-il vrai que un verbe très vulgaire en langue « anglo-américaine » vient du sigle des procès verbaux dressés par des policiers à l’encontre de certaines dames exerçant le plus vieux métier du monde ?
    (motif du PV : For Use of Common Knowledge).

  15. Avatar de CF
    CF

    Je change de sujet et je m’en excuse :

    Demain je me remarie à Quint-Fonsegrives (à coté de Toulouse, France, pour ceux qui n’ont pas suivi les actualités françaises) qui vient de défrayer la chronique avec la grippe A, et j’ai des enfants scolarisés.
    A tous ceux qui ont parlé sur ce blog de théorie de manipulation, je tiens à dire que j’ai bien entendu leurs messages : après mures réflexions, j’embrasserai donc la mariée….. et sans le masque.

    Bon weekend (ou week-end, ou fin de semaine) à tous, pour moi cela ira, soleil et 25°.

  16. Avatar de Maurice
    Maurice

    Il faudrait au XXIème siècle une langue internationale auxiliaire facile! Mais cette langue existe depuis plus de 120 ans et est parlée sans soutien étatique par plus de deux millions de personnes dans plus de 100 pays. Tolstoi disait en 1894 :
    « J’ai trouvé l’espéranto très simple. Il est si facile qu’ayant reçu, il y a six ans, une grammaire, un dictionnaire et des articles de cet idiome, j’ai pu arriver, au bout de deux petites heures, sinon à l’écrire, du moins à lire couramment la langue. (…) Les sacrifices que fera tout homme de notre monde européen, en consacrant quelque temps à son étude sont tellement petits, et les résultats qui peuvent en découler tellement immenses, qu’on ne peut se refuser à faire cet essai.  »

    Il est en moyenne sept fois plus facile à apprendre que l’anglais et monte rapidement sur Internet. Voir l’article Esperanto sur Wikipedia où c’est déjà la vingtième langue par le nombre d’articles. A l’ère de la crise financière cette langue correspond aux besoins de paix , de développement et du monde multipolaire et mérite d’être encouragée. De plus elle facilite l’apprentissage d’autres langues.

    Comment expliquer que l’esperanto soit sept fois plus facile à apprendre en moyenne que la majorité des langues ? On peut parler notamment de sept petites merveilles de la grammaire Esperanto, deux règles de phonétique (fonetiko), deux de morphologie , deux de syntaxe et une de vocabulaire
    1- Une lettre = un son, donc pas de faute d’orthographe
    2- L’accent tonique est toujours sur l’avant dernière syllabe, donc pas de faute de prononciation
    3- Les désinences (ou terminaisons) non verbales sont –o pour le nom, -a pour l’adjectif, -e (Prononcer Pr –è) pour l’adverbe. On ajoute la lettre –j (comme dans l’Alphabet Phonétique International ou A.P.I. se prononce –y, par exemple boy) pour le pluriel des noms et adjectifs ; Ekzemple (par exemple) parol/o(j)= parole(s) ; parol/a(j) =or/al, or/aux ; donc une grande clarté.
    4- Les désinences verbales sont trois pour l’indicatif : -is au passé, -as présent, -os futur ; trois pour les autres modes : -i à l’infinitif ; -u (Pr. Ou comme A.P.I).à l’impératif ; -us au conditionnel. A ces six principales s’ajoutent trois participes actifs passé(-int), présent(-ant), futur(-ont) et trois passifs, -it,-at ; -ot. Au total 12 désinences contre plusieurs centaines dans la plupart des langues, donc à la fois simplicité et clarté.
    5- La syntaxe du nom : le nom composé se forme (comme en anglais ou allemand) le nom principal étant derrière ; de plus un jeu de 10 préfixes et 30 suffixes réguliers permet de réduire considérablement le vocabulaire à apprendre
    6- La syntaxe de la phrase : l’utilisation d’une désinence –n pour l’accusatif ou complément d’objet direct, y compris les noms et adjectifs permet une grande liberté ou flexibilité dans l’agencement de la phrase. Les constructions de phrases peuvent se rapprocher des habitudes linguistiques de chacun mais la phrase reste correcte.
    7- Le vocabulaire est tiré des racines les plus internationalisées donc majoritairement d’origine latine et grecque présentes dans les langues européennes qui ont eu l’expansion la plus importante. Les racines proprement germaniques ou plus rarement slaves sont de plus utilisées pour éviter les homonymies ; donc une grande rapidité d’apprentissage. Sur les 4500 premières racines un francophone en reconnait 90% , un anglophone 78%, un germanophone 76%, un russophone 60%.
    Parent des langues d’Europe occidentale par l’étymologie de ses racines, l’esperanto ressemble par sa structure interne à de grandes langues asiatiques isolante tel le chinois, ou agglutinantes telles le turc, japonais. Ainsi l’esperanto est 50 fois plus facile à apprendre pour un chinois que l’anglais selon l’ancien traducteur international d’anglais et de chinois Claude Piron (voir son site). Un pont linguistique entre l’Orient et l’Occident et un jeu de construction.

  17. Avatar de anglais facile

    A mon avis, l’anglais est facile à hauteur de l’investissement en temps, en énergie et en passion qu’on y place. L’anglais est un véhicule de culture, et il faut baigner dedans pour s’en imprégner. Voilà pour mon point de vue sur la nature de l’anglais et de son apprentissage.

    Ensuite, politiquement, l’Esperanto comme langue neutre et véhiculaire se défend tout à fait. C’est une langue dont je suis curieux, tout en étant sceptique, car elle est otut autant, sinon davantage, politisée que culturelle/linguistique, et, en même temps, emprunte d’un certain utopisme je trouve. Si on peut faire adopter une langue neutre comme moyen de communication international, génail, est-ce toutefois réaliste, pragmatique? Je me pose la question.

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