Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Vous aurez noté le fossé qui va se creusant entre les commentaires lénifiants de la presse selon qui, si tout ne va pas bien, tout va en tout cas beaucoup mieux, et les commentaires de plus en plus apocalyptiques des blogueurs – dont je suis.
C’est que pour nous, blogueurs, notre crédibilité est en jeu. La pièce du « tout va bien » est essentiellement écrite en ce moment aux États–Unis mais il n’y a pas critique plus sévère pour un auteur que des spectateurs riant à contretemps. Mr. Geithner, Secrétaire au Trésor américain, l’a appris à ses dépens quand les étudiants de l’université de Pékin se sont esclaffés à sa remarque que l’achat par la Chine de Bons du Trésor américains avaient été un excellent placement.
La crédibilité est cruciale aussi pour les hommes politiques. S’ils entendent durer bien entendu. C’est à cela qu’a dû penser Mr. Sarkozy quand il a affirmé il y a quelques jours devant le Bureau International du Travail à Genève qu’il est « chimérique et irresponsable de croire que les peuples subiront sans rien dire les conséquences de la crise ». Il avait ajouté : « On ne règlera rien si on ne règle pas d’abord la question du capitalisme financier qui impose à l’économie et à la société son propre système et ses propres normes ». C’est vrai. « Il faut tout revoir : la surveillance prudentielle des banques, la réglementation des hedge funds, les règles comptables, les modes de rémunération », avait-il encore déclaré. C’est vrai aussi. « La crise nous rend de nouveau libre d’imaginer. C’est le moment d’aller le plus loin possible », avait-il conclu. Comment mieux dire ?
Les Etats-Unis, qui dirigent aujourd’hui la claque du « tout va mieux », s’enferrent dans l’erreur. Dans leur « A New Financial Foundation », l’article du Washington Post où ils présentent le plan de supervision des institutions financières de l’administration Obama, Mrs. Summers et Geithner préconisent diverses mesures : une surveillance renforcée, comprise comme davantage d’informations autorisant davantage de laisser-faire, une meilleure protection des consommateurs contre les organismes de crédit, sans rien prévoir pour qu’ils aient moins à s’endetter, l’accent mis désormais sur le risque systémique plutôt que sur celui que présentent les entreprises individuelles, alors que les chaires prestigieuses d’économie de leurs universités continueront de prêcher l’individualisme méthodologique qui nie l’existence d’effets économiques globaux distincts de la somme des comportements individuels.
Face aux États–Unis, la Chine pratique depuis vingt ans l’art martial du Tai-Chi, dont le principe fondamental est d’utiliser pour le défaire, la force de son adversaire : détourner d’une chiquenaude son élan pour l’envoyer s’écraser sur un mur. La tactique lui a bien réussi lorsqu’elle était encore seule, elle s’avérera plus rentable encore étendue ces jours-ci à l’échelle du BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine), dont elle est le leader incontesté.
Et l’Europe dans tout ça ? On entend bien quelques rares voix : celle de Mme Merkel et celle donc de Mr. Sarkozy : « Je veux dire à tous les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne que l’Europe doit être exemplaire parce c’est ainsi qu’elle sera la plus fidèle à ses valeurs et qu’elle aura une chance de les faire partager », a affirmé celui-ci lors de cette même réunion à Genève. « La France veillera à ce qu’aucun débat ne soit enterré, à ce qu’aucune question ne soit éludée ». Dont acte.
Il reste en effet un monde à sauver mais pas simplement celui de l’entrepreneur-héros contre le spéculateur-canaille, comme l’entend le président français : un monde fait des peuples tout entiers, avec l’accent mis, pourquoi pas – une fois n’est pas coutume, sur ceux qui doivent se contenter de ramasser les restes : sur les glaneurs.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
75 réponses à “Les glaneurs”
Comme vous le pointez, ce que dit Sarkozy depuis des mois est assez juste. Le problème, c’est qu’il est de plus en plus évident que nous sommes en face d’une machine de communication, qui si elle va dans votre sens, n’a strictement aucune application pratique. Je veux dire, Sarkozy peut faire toutes les grandes phrases et récupérer tous les discours d’Henri Guaino qu’il veut, tout son cercle relationnel est lié à la finance (en même, temps, le type est avocat d’affaires…) .
Comment Sarkozy pourrait-il faire croire une seconde à ce qu’il prétend promouvoir vigoureusement quand n’importe qui peut constater que non seulement il est incapable de faire appliquer le quart du dixième de ces belles paroles au niveau national (par manque de volonté politique essentiellement, il suffit de voir la méthode « hors-bilan & prêt non conditionné » appliquée quand nos banques réclamaient des sous) , mais qu’en plus la plupart de ses actions politiques visent à affaiblir des spécificités françaises positives en ces temps de crise (franchise médicale, RSA en période de chômage massif, heures supplémentaires défiscalisées, etc..) . Notre président est à la fois libéral et dirigiste économiquement (cela dépendant systématiquement du contexte politique et de qui est sa « tête pensante » du moment, sachant que les discours, eux, penchent toujours vers le dirigisme à cause d’Henri Guaino, souverainiste devant l’éternel) dans lequel il parle, tellement « pragmatique » , dans des revirements qui donnent le tournis à qui écoute ses discours et regarde ses actes depuis deux ans. Je plains les services diplomatiques internationaux…en espérant (pour eux) qu’ils aient compris que le ressort majeur de cet homme reste son auto-promotion.
Bonjour Paul,
Cela fait six mois que je suis un lecteur assidu de votre blog et les interruptions volontaires que vous avez subies, en me privant de vos billets et de ceux de François, m’ont fait prendre conscience à quel point vous étiez devenu une source d’information précieuse. J’espère que vous continuerez longtemps ce que vous faites.
Vous avez écrit dans ce billet que la gouvernement américain persistait dans l’erreur. Pourquoi selon vous ? Certes, Geithner et Summers sont proches de Wall Street. Mais cela ne constitue pas une réponse suffisante. J’imagine que ces personnes croient sincèrement ( je l’espère) en leur action.
Par conséquent, j’en viens à poser cette question : quelle est leur vision du monde ? Quelles sont leurs convictions politiques, morales et philosophiques qui déterminent leur action qui, in fine, se contente d’essayer de réparer la machine pour qu’elle reparte de plus belle ?
Sarkozy n’est qu’une girouette verbale. Ou le pilote d’un état qui peut pratiquer le looping des idées dans un espace politique vide de toute opposition aux idées construites. Peut être que les verts sont ceux qui ont le plus une vision long terme, mais leur couleur avait hélas une fâcheuse tendance jusqu’à peu à faire oublier de prêter attention à leur discours.
Sur notre petit Nicolas, Rien dans ses comportements, ses raisonnements à raccourcis et simplification systématiques, ses outrages, ses mobilisations forcées de la dernière heure, ses affinités, son goût mal dissimulé du pouvoir et du luxe, pire son programme et sa politique ne font penser à un homme sain dans sa tête et franc dans ses idées.
Développement durable, partage, régulation financière, écologie, humanisme ne sont que des escabeaux qu’il utilisera en fonction des besoins les piétinants avec le même aplomb le sur-lendemain, comblant ça et là bruyamment la vacuité des idées et visions long terme dont font preuve les dirigeants du monde devant le désastre qui se répand.
Paul si vous démarrez aujourd’hui l’inventaire, du gloubi-boulga de l’idéation du président, vous allez perdre un temps précieux.
@ Moktarama
Vous avez raison. Sarkozy est le roi du double discours. C’est lui que les Guignols auraient du appeler « Supermenteur ».
Arrêter de parler de Sarkozy à Paul, sinon il va nous pondre une vidéo où il va se fâcher tout rouge. 😉
Sarkozy est l’incarnation du principe du tiers inclus. Une chose peut-être ce qu’elle est et son contraire. C’est sarkoxymoron notre petit patapon.
@tous
il faut quand même avouer que le pékin moyen a quand même plus de chances de ramasser des miettes du côté des entreprises plutôt que du côté du système financier d’où l’intérêt d’avoir une part de gateau plus importante qui revienne vers les entreprises…
sur ce bonne journée…
Sarko est un récupérateur verbal.
Il pique les meilleures idées, si possible démagogiques, et ne s’en sert qu’à des fins politiques, ne les appliquant que rarement.
Gaino écrit, Sarko escamotte.
Disparition des paradis fiscaux?
Un avocat d’affaires entouré d’avocats d’affaires ne peut le vouloir.
Lagarde,Devedjian,Borloo,Strauss-Kahn …y aurait pas des banques (Balladur?) derrière notre président?
Excellentissime votre dernier billet sur « Les glaneurs ». (Le titre rime même avec glandeurs ! ceux que dénonçaient Sarkozy quand il visait les « assistés ».
Vous voilà donc « revenu » en grande forme !
Très bien amenée aussi votre façon de montrer les limites du discours sarkozien. La chute de votre billet fait mouche !
La référence au tai’chi pour caractériser l’attitude chinoise est également très pertinente, car si en t’ai chi on ne touche pas l’adversaire on développe une acuité, une perception des déséquilibres qui s’établissent au sein des forces en présence, ce avec tout le corps, dont l’esprit est une dimension ou plutôt un raffinement.
Les mouvements lents, assimilés par les occidentaux non avertis à des mouvements de gym tout juste bons pour les personnes agées, s’intègrent dans l’espace global d’un monde de transformations continues.
Les grands maîtres du tai’chi seraient capables — dit-on — de faire tomber l’adversaire à distance, simplement en libérant le t’chi, invisible à l’oeil nu !
Evidemment la Chine est très à l’aise avec la mondialisation et ses mouvements ! Elle joue habilement de tous les différentiels de potentiels, et ce au fur et à mesure de l’évolution d’une situation sur laquelle elle n’a pas d’idée préconçue, même si, par ailleurs, elle peut être aussi prisonnière d’un mode de développement productiviste calqué sur celui des occidentaux, sur lequel elle butera, elle aussi. A moins que, un changement de paradigme prenne de la consistance … y compris en Chine.
Avez-vous un avis sur le cas Geithner ? Voilà un homme qui parle, dit-on, le mandarin, et a fait des études en « économie internationale et études est-asiatiques ».
Il a joué un rôle important dans la crise asiatique de 97-98. Sa connaissance de la Chine pourrait-elle n’être que superficielle ? Je suppute que sa formation était avant tout en relations internationales et commerciale, et ne concernait pas la pensée chinoise en tant que telle. De même il travailla dans l’agence de Kissinger, certes un diplomate de haut vol, mais qui est surtout connu pour la théorie du containment (a moins que ce ne soit Mc Namara), laquelle n’est plus pertinente dans un monde globalisé.
Ou bien ses déclarations ne sont-elles que de la mise en scène ? Ce degré d’aveuglement des autorités américaines me sidère.
Pierre-Yves D. : « Ce degré d’aveuglement des autorités américaines me sidère. »
Toujours comme ça en fin de régime. D’ailleurs s’ils n’étaient pas aveugles, il n’y aurait pas de fin de régime. 🙂
Bonjour,
@Paul Jorion
Le pantin Geithner s’est fait « humilié » à Pékin, avec ses « bons du trésor sûrs », pas à Shanghai.
http://www.reuters.com/article/marketsNews/idINPEK12423320090601?rpc=44
http://sinmingshaw.blogspot.com/2009/06/beijing-ridiculed-tim-geithner.html
J’avais rédigé ce message dès avoir pris connaisance des principaux passages de l’intervention de Sarkozy devant le B.I.T. à Genève et ne le modifie pas. J’attendais simplement qu’on y fasse allusion sur le blog de Paul.
Effectivement, comme le disent plusieurs intervenants ici plus haut, Nicolas Sarkozy, sans doute par conseillers interposés, court après l’opinion et ne la rattrape pas…
Extrait de Nicolas Sarkozy au Bureau International du Travail, Genève, le 15 juin 2009
» La régulation de la mondialisation. Nicolas Sarkozy a plaidé avec force lundi pour une régulation de la mondialisation. «Il faut changer de modèle de croissance, il faut réguler la mondialisation», a-t-il lancé, ajoutant que «le monde ne peut pas être gouverné par la seule loi de l’offre et de la demande» et appelant de ses vœux «un système de règles qui tire tout le monde vers le haut au lieu de tirer chacun vers le bas».
Le chef de l’Etat a en particulier souhaité que des règles internationales limitent le dumping social et environnemental. Pour les pays les moins développés, il a souhaité que ces règles s’accompagnent d’un renforcement de l’aide au développement.
«Il faut tout revoir», a encore martelé Nicolas Sarkozy, énumérant «la surveillance prudentielle des banques, la réglementation des hedges funds, les règles comptables, les modes de rémunération».
» Les décisions du G20. Nicolas Sarkozy a tout à la fois défendu les décisions prises par le G20 le 2 avril à Londres, et enjoint à ne pas en réduire la portée. «Céder à cette tentation serait une faute historique», a-t-il lancé, appelant notamment les Etats-Unis à se montrer plus ambitieux.
«Je le dis à tous les chefs d’Etat et de gouvernement du G20 : c’est pour chacun d’entre nous une responsabilité historique d’aller au bout de ce que nous avons entrepris, c’est une responsabilité historique de ne laisser aucun groupe de pression, aucune bureaucratie, aucun intérêt particulier y faire obstacle.»
Sarkozy est en plein « socialisme », mixturé à la sauce « néo-libérale » (s’entend le néo libéralisme style années 1995-2007). Il croit en la « mondialisation » qu’il traite comme un socialisme, c’est logique, c’est ce qu’elle est d’ailleurs.
Enfin, il dit qu’il faut « règlementer », et ce qu’il ne dit pas c’est que ce qu’il faut réglementer c’est ce qui a pu exister parce qu’on avait délibérément dérèglementé partout… Quelle contradiction majeure!… On a permi la maladie en déreglementant au maximum, et maintenant: réglementons la maladie… Autrement dit instaurons le socialisme avec les moyens du capitalisme. Les inconvénients de l’un, plus les inconvénients de l’autre. Cette révolution par en haut, et non pas par la rue car risquant d’échapper aux « intéressés », était pour l’essentiel le but politique de la société fabienne (la Société fabienne initiée par Bernard Shaw avec Sidney et Béatrice Webb) cette société qui accoucha plus tard du parti travailliste britannique dont Tony Blair fut le plus représentatif dans l’actualité encore récente et dont Sarkozy a pris le relais…
Les hommes politiques mesurent leur pouvoir au nombre des faveurs qu’on vient leur demander (en plus).
Maurice Druont
@ Tous,
Et si Paul et notre président avaient tous les deux raison et en final, se rejoignaient ?
J’ai personnellement glané comme représenté par l’illustration choisie par Paul, à la main, dans les champs de mes voisins cultivateurs, après leurs moisons. A cette époque on se saluait respectueusement entre riches et pauvres et les encouragements que nous recevions de leur part, loin d’être perçus comme méprisants, nous faisait chaud au cœur. Ils respectaient les travailleurs que nous étions tout comme eux, même s’ils nous apparaissaient différents parce que nettement plus riches que nous. Ils avaient déjà des voitures…
A l’immédiat après guerre, glaner n’était pas déshonorant pour les pauvres. C’était une voie possible pour améliorer sa situation sociale à condition de vouloir s’en donner la peine. Ma famille s’en est sortie grâce à une multitude d’activités du même ordre accessibles aux personnes plus entreprenantes que gémissantes. Il faut avouer qu’elle disposait, en dépit de sa grande pauvreté, d’un fond souverain redoutable. Elle avait en effet accumulé, au fil des générations de travailleurs pauvres, un capital moral colossal fondé sur la vénération du travail, le respect de la richesse des autres, le respect des autres tout simplement.
De nos jours, et parfois sur ce blog, il me semble que trop de gens insatisfaits de leur situation s’en prennent un peu trop aux autres, surtout si ces derniers sont riches ou ont des amis riches. Pourquoi serait-ce un crime d’être riche ou d’avoir des amis riches ? Cela peut au contraire aider quand il s’agit de réorienter notre marche commune. Ces critiques a priori qu’on adresse à notre président me semblent inefficaces d’autant qu’il vénère le travail et montre l’exemple en glanant lui-même.
C’est en effet un très grand glaneur. Il sait récupérer sur les champs bataille de ses opposants systématiques, le bon grain abandonné, les bonnes idées, les bonnes volontés et en général les bons éléments plus enclins à œuvrer au bien commun qu’au dénigrement systématique. De plus, il a derrière la tête une idée de politique de civilisation où la morale ne peut être absente.
Alors bravo Paul pour avoir associé notre président à cette évocation des Glaneurs. Vous êtes dans le vrai !
Deux langages, deux visages, telles sont les normes du grand système qui nous contrôle. Si vous voulez être dans la parade vous devez jouer le jeu. Tout va très bien madame la marquise!
Pour peu qu’on gratte la surface, apparaît la réalité, la grande manipulation. À lire :Sarkozy Israël et les Juifs de Paul-Éric Blandur. Livre publié en Belgique, qui est malheureusement banni en France. Vous ne le retrouverai pas dans les librairies mais en passant par le site Votairenet. org.
Ceux qui connaissent l’histoire des origines du capitalisme et son cheminement, puis l’arrivée du sionisme, peuvent facilement faire le lien entre la crise actuelle et ceux qui tordent la vérité… Aux États-Unis et en Europe.
La vérité finit toujours par triompher!
N’ayant semble-t-il pas la réputation de présenter une vision particulièrement optimiste de la situation, tant pour le court terme que pour plus tard, je me défie beaucoup de moi-même. De la tendance qui pourrai s’emparer de moi et m’inciter à peindre systématiquement tout en noir, me faisant perdre ma crédibilité, mais m’amenant aussi à penser que j’ai raconté des âneries…
Bref, je ne me revendique pas de l’Apocalypse, encore qu’il y soit dit: « Écris donc ce que tu as vu, ce qui est, et ce qui doit arriver ensuite » (chapitre 1, verset 19). Et que le terme, traduit de l’hébreu nigla, signifie mise à nu, enlèvement du voile ou révélation (ma nouvelle science venant elle de wikipédia).
@ jducac
On se serrait même parfois la main à la sortie de la messe,
entre riches et pauvres ! …
C’était le bon temps.
@ Jduca
Des riches bienfaiteurs et de belles âmes il y en a toujours eu. Au XIX siècles les riches finançaient ce qu’on appelait alors les patronages ou les sociétés de bienfaisance. Cela avait une utilité indéniable, mais à coté de cela quelle misère noire !
Ce n’était pas cher payé l’exploitation des travailleurs que de leur rendre la vie juste supportable. Et si ceux-ci ne s’étaient pas organisés pour avoir des salaires plus décents, où en serions-nous aujourd’hui ?
Quant à notre président je trouve qu’il a une façon bien particulière de vénérer le travail lorsque qu’il accorde un bouclier fiscal aux plus riches d’entre-nous, lesquels se sont beaucoup enrichi en faisant simplement travailler leur argent en bourse ou en investissant dans l’immobilier, sans parler de certains salaires qu’aucune utilité sociale ne justifie, si ce n’est une habileté à faire des profits, lesquels, dit-on, doivent bénéficier au plus grand nombre, en contradiction flagrante avec la réalité des faits. La crise actuelle est d’abord une crise d’insolvabilité. D’où le recours aux expédients que sont les crédits à la consommation.
La réalité de ces dernières décennies c’est que les classes moyennes et pauvres voient leurs salaires stagner, voire régresser, quand ils ont dû y consentir, ou tout simplement ont « perdu » leur travail ou accepter un travail précaire. S’il respectait tant le travail qu’il l’a annoncé Monsieur Sarkozy se dépêcherait de mettre en application sa proposition de rééquilibrage substantiel du partage des fruits du travail au profit des salariés dans la triade qu’ils forment avec entrepreneurs et investisseurs.
Cela n’enlève rien à la justesse du discours fait par notre président au Bureau International du Travail.
Mais des paroles aux actes il y a, je le crains, un monde, qui reste à construire.
Qui peut vraiment savoir s’il est dans le vrai ou pas au regard de ce tableau le bon grain abandonné de tous ? Pourquoi serait-ce un crime que d’avoir encore un esprit de pauvreté de doute et de réflexion de nos jours si seulement ces critiques qu’on adresse parfois au Président retomber de temps en temps sur son électorat qui s’illusionne encore,
sa gouvernance alors ne se montrerait pas toujours inefficace et dépensière aux yeux de beaucoup. Hélas l’amour du pouvoir conduit inévitablement à ne plus servir réellement une société différemment.
L’homme désire plus vivement le pouvoir sur autrui à mesure qu’il en a moins sur lui-même.
Louis de Bonald
Tout pouvoir est une violence exercée sur les gens.
Mikhaïl Boulgakov
Donnez tout pouvoir à l’homme le plus vertueux qui soit, vous le verrez bientôt changer d’attitude.
Hérodote ( qui s’en soucie encore de nos jours sans forcément tomber dans l’idolatrie )
On est en droit de se poser la question de savoir si un parti au pouvoir adopte la même attitude que lorsqu’il n’y est pas. David Ben Gourion
Il n’y a jamais eu qu’un moyen de se hisser au pouvoir, c’est de crier : Peuple, on te trompe ! Louis Latzarus
Plus les talents d’un homme sont grands, plus il a le pouvoir de fourvoyer les autres. Aldous Huxley
Le plus sûr moyen de ruiner un pays est de donner le pouvoir aux démagogues ( aux glaneurs ? ) Denys d’Halicarnasse
De nos jours, la richesse, c’est le pouvoir ( Qui sont vraiment les glaneurs des écritures ? ) Jules-Paul Tardivel
Les hommes politiques deviennent automatiquement pessimistes le jour où le jeu de bascule les éloigne du pouvoir.
Ferdinand Bac
Le pouvoir de l’homme s’est accru dans tous les domaines, excepté sur lui-même. Winston Churchill
Un pouvoir est faible s’il ne tolère pas qu’on l’avertisse de ses erreurs. Pierre Dehaye
Tout pouvoir excessif meurt par son excès même. Casimir Delavigne
L’abus du pouvoir enfante tous les crimes ( pourvu que cela ne donne pas aussi de meilleures idées d’autoritatisme aux autres pour demain ). Jean-François de La Harpe
C’est toujours sur une démission collective que les tyrans fondent leur puissance. Maurice Druon
Le trafic d’influences constitue le pain quotidien du pouvoir. Jacques Attali
Ne sous-estimez jamais le pouvoir de la stupidité humaine. Robert Heinlein ( du plus grand nombre aussi )
Le pouvoir ne se partage pas. Jacques Chirac ( tel père tel fils dans la guerre des étoiles filantes ou pas ? )
Quelqu’un que vous avez privé de tout n’est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre.
Alexandre Soljenitsyne
Il s’agirait de voir jusqu’à quel point vont aller nos pouvoirs, à nous les hommes, car ils augmentent sans cesse, tandis que ceux de la nature diminuent d’autant. Charles-Ferdinand Ramuz
Pour certains ayant des amis forts riches et puissants tout le monde bien sur ne peut-être dans le vrai ou être bon travailleur surtout au dénigrement systématique de celui qui en montre si souvent le bon exemple en société …
Les Glaneurs et La Glaneuse – Agnes Varda
http://www.dailymotion.com/video/x86lr4_les-glaneurs-la-glaneuse-2000-15_creation
@jduca
Tant de détresse chagrine autour de nous;
Des siècles et des siècles où la loi du plus fort nous offense » glaner n’est pas déshonorant pour les pauvres »
Un système qui ne valorise que le commerce et l’individualisme.
» Pourquoi serait- ce un crime d’être riche » nenni ! un crime! au contraire cela fait pitié une telle ‘addiction AVOIR .
A la chute du mur de Berlin, Isaac Asimov a écrit » Dommage que la seule chose que nous ayons à leur apporter c’est COCA COLA ».
jduca ,ce qui est terrible, c’est cette misére.
jducac dit :
17 juin 2009 à 13:13
@ Tous,
J’ai passé le plus clair de mon enfance dans un village alors peuplé de ~300 habitants très près de Lyon où mes parents avaient une petite maison et 0,7 hectare de terrain. C’était déjà un village dortoir, mais il y avait à l’époque encore 3 fermes en activité, plus quelques productions de vin maison, et même une société de chasse communale. Combien de fois ai-je glané aussi dans mon enfance! Glané du blé et l’on m’apprenaniat à faire du pain (pain au son s’entend) avec ma « moisson », glané aussi des raisins après les vendanges, grappes un peu ratées ou abîmées laissées par les vendangeurs. De même mon père qui soignait avec un zèle exemplaire le jardin potager (nous étions une famille nombreuse et fauchée) m’envoyait, moi le dernier de la famille, dans les rues et chemins du village avec une pelle et une brouette ramasser précieusement les bouses de vaches (il devait y en avoir une quinzaine dans le coin) et le crotin de cheval, il y avait, encore en service, deux chevaux de ferme, c’était de l’engrais pour le jardin potager.
Je ne m’imaginais vraiment pas à ce moment bien lointain que j’étais aussi en avance! J’en suis vraiment ému et très fier!
@ Jducac
C’est amusant, votre discours, j’avais exactement le même problème quand je discutais avec joli-papa naguère.
Pour situer : moi du côté des geignards et lui du côté des valeureux : les 1% de fils d’ouvriers qui au bon temps des trente glorieuses servaient de légitimation à l’illusion de la promotion sociale, quand il s’agissait juste de pourvoir aux nécessaires rouages de l’économie et de relancer la machine, pour faire bref. En bon petit soldat qu’il était, docile, devenu chef d’établissement. Quelle réussite ! Il suffit d’obéir et de ne pas faire de vagues…
Incapacité radicale à s’entendre sur les termes du problème. Son expérience et ses cadres de pensée eux-mêmes ne lui permettant pas – plus – de penser le monde qui est le nôtre, maintenant, avec ses réalités (chômage de masse, dévalorisation des diplômes : bac+3 pour la caissière, salaires maintenus au ras des pâquerettes…). Vous êtes bercé des illusions du système et célébrez votre joug : « aux personnes plus entreprenantes que gémissantes » ! mais par-là vous établissez la pérennité même de ce qui est l’objet de la critique des geignards dans mon genre.
On devrait se contenter dignement des restes ? C’est bien cela qu’il faut entendre ? Retournez donc visionner « Parlons net » et demandez-vous si les 1 ou 2% de PIB partagés par 50% de la population ne sont pas les restes que ma dignité à moi – mais peut-être est-elle mal placée, allez savoir – m’empêche de trouver suffisants face aux 38% partagés par les 1% les plus riches. Ou cela doit-il être considéré comme normal ? Naturel ? Fatalité à laquelle il faudrait se résigner… dignement, si j’ai bien compris. Ce qui n’empêche pas de l’éprouver et de le vivre – on est toujours déjà dedans et de plus en plus tributaires (urbains, salariés) – mais certainement pas de s’en contenter, ni de s’en réjouir !
Les geignards dans mon genre ne demandent pas la charité. Mais que le travail soit justement rémunéré et pensent qu’il est inacceptable que certains soient obligés de glaner quand d’autres s’étouffent avec leur richesse. Si la seule recherche du profit détruit l’emploi, maintient la précarité comme un outil de domination, en un mot produit et exploite la misère, rien n’est inutile quand il s’agit de s’indigner, dénoncer, informer et démonter cet « ordre naturel » que vous acceptez.
Pour terminer sur la « glan(d)e » de notre bien aimé et vénéré omni-président, quelle est donc cette « politique de civilisation » à laquelle vous faites allusion (OTAN, Bases en Iran, quoi ?) ? Et quelle pourrait bien être sa « morale » sinon la « saine résurgence de notre très sainte mère l’église » (financement, collation des grades, atteintes à la laïcité répétées : voyez donc H. Pena-Ruiz à ce propos) doublée d’un utilitarisme ou pragmatisme quelconque, autrement dit : rien ? La valeur travail en ce qui me concerne dans une activité salariée c’est ma rémunération. Point. La « valeur » et tous ces arguments de réalisation personnelle, excusez-moi, mais ce n’est certainement pas dans un rapport de subordination et de loyauté imposé que je vais les chercher. Tout cela sent bon sa « morale citoyenne » si vous voulez mon avis et participe de l’incompréhension de ma génération avec celle de joli-papa. Nous ne marchons plus dans ces pièges, c’est sans doute le « cynisme » ou « l’incivilité » ou la « punk attitude » que l’on nous reproche tant.
C’est tout le mérite de cette crise : faire apparaître ce système pour ce qu’il est, une énorme arnaque tournant toujours au profit des mêmes sous un fallacieux vernis démocratique. Mais peut-être qu’un âge critique est enfin venu et qu’internet est son outil… On peut toujours rêver. Ce qui fait de nous des geignards et de vous des valeureux…
Pour JP Chevalier la crise est finie depuis 6 mois déjà !!! : http://www.jpchevallier.com/article-32758579.html
Pour GEAB, le pire est à venir pour cet automne : http://www.europe2020.org/spip.php?article607&lang=fr
Le décalage entre les 2 discours est abyssal ! comment l’expliquer ? …
L’argent est un bon serviteur et un mauvais maître…
On peut être riche et n’avoir aucune addiction à l’AVOIR…
Je vous le concède cela deviens de plus en plus rare dans cette société qui a poussé le culte de la possession à son paroxysme, mais on peut être riche et vouloir faire travailler le plus de monde possible avec cet argent au sein d’une entreprise et en faire profiter toute la communauté…Alors qu’il était bien plus simple et lucratif jusqu’à maintenant d’introduire sa fortune dans le système financier avec le résultat que nous connaissons aujourd’hui sans en faire profiter quiconque.
Le fait d’arriver à garder des entrepreneurs dans une société est vital pour celle ci.
L’avidité et l’égoïsme sont les problèmes à la situation que nous connaissons aujourd’hui certainement pas la richesse en elle même…
COCA COLA résulte de cela et de rien d’autre…
@ François Leclerc
Je vous propose une expérience médicale :prenez du prozac et écrivez une rubrique que l’on comparera aux autres. 😉
@Pjorion
1/La Chine se déleste de ses dollars en achetant des matières premières et des sociétés (hors de son sol).
Ils préfèrent diversifier leurs actifs, ce qui est compréhensible.
Cependant, malgré un plan de relance axé sur la demande intérieure, ils restent vulnérables.
En effet, le flux des travailleurs provenant des campagnes se deverssent toujours dans les grandes villes chinoises….mais cette fois ci ils ne trouvent pas de travail…..La chine s’est engagé à trouver du travail aux étudiants (80% resterait sur le carreau à cause de la crise), signe que ça va mal aussi sur le marché du travail qualifié.
N’oublions pas que toutes les révolutions chinoises proviennent des campagnes….or on meurt de faim dans les campagnes chinoises!!!
2/Que pensez vous du GEAB N°36? et quelles conséquences pour l’europe?
3/ En zone Euro déflation ou inflation (comme nos amis etanusiens)?
@ 2Casa
J’ai cité les chiffres de mémoire sur Parlons net.
États–Unis 2001 :
50% les plus pauvres : 2,8 % du patrimoine
1 % le plus riche : 32,7 % du patrimoine.
Cf. Vers la crise du capitalisme américain ? La Découverte 2007 : 123.
” Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être.
Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire. Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide.
L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.
Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.
Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse.
Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise.
On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé “.
Victor Hugo, dans “Napoléon, le petit”
Toute ressemblance avec un personnage connu est fortuite ?
@ dtx
» L’avidité et l’égoïsme sont les problèmes à la situation que nous connaissons aujourd’hui »
SEULEMENT » AUJOURD’HUI « ?