L’actualité de la crise : Chinamérique, deuxième épisode, par François Leclerc

Billet invité. Sans relecture (statut provisoire)

CHINAMERIQUE, DEUXIEME EPISODE

Les rendements qu’atteignent les bons du Trésor américains sont attentivement suivis au fur et à mesure des adjudications. Ils augmentent, et c’est source d’interrogation et matière à interprétations divergentes pour les commentateurs du monde entier qui les suivent fiévreusement. C’est également sujet d’inquiétude pour ce qui pourrait en découler pour l’économie américaine, si cette hausse devait se poursuivre, comme cela est probable. Toutefois, ayant gardé l’habitude qu’il va falloir perdre, que l’économie américaine tire la croissance mondiale, nous continuons d’accorder un intérêt un peu disproportionné à cette question, comme si tout en dépendait.

Il y a rattrapage, disent donc les optimistes. Les bons ayant été pendant un temps un refuge qu’il n’est plus nécessaire de rejoindre, les investisseurs allant chercher leur bonne fortune ailleurs et les taux, qui avaient baissé, se retendant normalement. La crainte d’une inflation future, disent ceux qui le sont moins, écarte les investisseurs de ces bons, car elle laminerait leurs bénéfices. Le processus n’en est donc qu’à ses débuts.

Tous doivent cependant faire les mêmes constatations : 1/ La tentative de la Fed de contrer la hausse en engageant, financé par la création monétaire, un programme d’achat de 300 milliards de dollars a échoué, et elle a par contre apporté de l’eau au moulin de ceux qui craignent que cette politique, additionnée aux autres financées de la même manière, ne déclenche une inflation incontrôlée. 2 / Pour cette même raison, la Fed s’interroge sur la possibilité d’augmenter les montants de ses engagements pour ce type d’achats et a repoussé la décision, tout en laissant ouverte la possibilité de poursuivre. 3/ Quelles que soient les raisons de la hausse des taux, les conséquences négatives de cette hausse sont identiques et immédiates, tant sur les renégociations en cours de prêts hypothécaires (accroissant leur taux de défaut), que sur les prêts à la consommation, qui y sont également souvent indexés, ou sur les prêts aux entreprises.

En réalité, sans avoir besoin de prendre en compte les effets d’une éventuelle inflation future, les taux des bons (courts mais surtout longs) ont toutes les raisons de monter au fur et à mesure des adjudications, vu les montants énormes empruntés – les meilleures affaires qui se présentent aux yeux des investisseurs, les amenant à s’en éloigner – ainsi que la pression désormais constante des pays du Bric. Et il n’est pas du tout certain, non plus, que l’administration Obama sera en mesure de respecter ses annonces de maîtrise des déficits, ce qui impliquera si elle n’y parvient pas de recourir davantage à l’emprunt. Contribuant à encore augmenter les taux des bons du Trésor, pour ensuite en récolter les conséquences redoublées. L’accroissement de la charge de la dette, la détérioration des conditions de crédit et ses suites, tant financières (sur les banques) qu’économiques (sur la production, la consommation et la croissance). Effet de tenailles ou spirale descendante, peu importe le choix des termes, il sera difficile d’en sortir.

Il n’est pas très compliqué d’identifier les meilleures affaires qui se présentent actuellement aux investisseurs et peuvent les inciter à se détourner, dans leurs arbitrages, du marché de la dette américaine. Il suffit d’aller voir du côté du pétrole, dont le cours grimpe sans que cela ne provienne d’un accroissement de la demande, en attendant de voir les cours d’autres matières premières monter à leur tour, comme on peut s’y attendre. Avec toutes les conséquences qui en résultera, dont on a déjà eu un avant-goût, en prélude à l’émergence brutale de la crise, quand les capitaux ont en urgence quitté les marchés de la dette qui s’annonçaient sinistrés. Simon Johnson, ancien chef économiste du FMI, s’attend pour sa part à un redémarrage à grande échelle du « carry trade », avec comme base arrière non plus le Japon mais désormais les Etats-Unis, étant donné les taux de la Fed. Le mécanisme est simple : vous empruntez à la Fed, si vous y êtes habilités, et allez prêter sur des marchés où les taux sont bien plus élevés, comme ceux des pays dits « émergents », avec comme seul risque l’évolution de la parité de la devise de votre pays d’accueil par rapport au dollar (celui-ci étant tendanciellement baissier sur le long terme). La conséquence évidente en sera de développer l’investissement dans ces pays et de contribuer ainsi à faire basculer encore plus vite l’axe économique mondial, une tendance déjà affirmée, affaiblissant d’autant en retour l’économie américaine et le dollar. Les capitaux n’ont pas de patrie.

En attendant que se réalisent ces éventualités, le titre d’une dépêche d’Associated Press résumait bien la situation actuelle, au lendemain d’une nouvelle hausse des rendements des « treasuries » (les bons du Trésor): « Même pour le gouvernement américain, les temps sont durs pour obtenir des prêts à des taux peu élevés ».

Dans l’immédiat, et pour adopter le contre-champ, l’actualité va se déplacer dès mardi prochain en Russie, à l’occasion du premier sommet des chefs d’Etat du Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine). Il en est attendu des déclarations très politiques sur des sujets très sensibles. A propos du rôle accru que les pays dits émergents s’attendent à pouvoir jouer dans les organisations internationales adoubées par le dernier G20, le FMI en premier lieu. Plus à terme, concernant la réforme du système monétaire international et le rôle du dollar comme monnaie de réserve. Ces deux sujets touchent de très près les intérêts des Etats-Unis, qui jouent à leur propos désormais une véritable course de lenteur avec leurs financiers chinois. Les pays du Bric, eux, savent que le temps joue pour eux et n’ont ni les moyens ni l’intention de forcer la vapeur, ce qui serait contraire à leur intérêt bien compris.

Ils peuvent toutefois difficilement se satisfaire de la décision prise par le FMI d’attendre fin janvier 2011 (en avance de deux ans, tout de même, sur le calendrier initialement prévu), pour ne voir augmenter que de manière homéopathique leurs droits de vote au sein de l’organisation internationale, dans laquelle les Américains disposent d’un droit de veto sur les décisions les plus importantes. Il va falloir se serrer, mais personne n’y tient, ni les Américains, ni les Européens, qui ont aussi la part belle dans le partage des voix. Les membres du Bric ont ainsi déjà manifesté clairement leur mécontentement sur un autre terrain, là où leurs interlocuteurs sont demandeurs. Le dispositif a minima envisagé, comme son calendrier de réalisation pourront-ils être conservés ? Rien n’est moins sûr.

Dans l’immédiat, en application des décisions du dernier G20, ils se révèlent certes disciplinés, mais ils ont obtenu de n’apporter au FMI les fonds décidés, afin d’aider les pays les plus victimes de la crise, que sous la forme d’achat d’obligations de celui-ci. Une nouveauté rapidement négociée depuis avril dernier, qui permet aux acheteurs en dollar de ces obligations de disposer ensuite de titres libellés en DTS (droits de tirage spéciaux), indexés sur un panier plus avantageux de devises. Cette opération va donc revenir, pour les pays du Bric, à se délester d’environ 80 milliards de dollars et à faire supporter au FMI la faiblesse à venir de ce même dollar. Les Russes, pour enfoncer le clou, ont en plus annoncé qu’ils allaient vendre des bons du Trésor américain pour acheter les obligations du FMI. Faisant feu de tous bois, ce dernier devrait parvenir ainsi à boucler son budget, si tout du moins le Congrès américain autorise l’administration Obama à apporter 108 milliards de dollars de contribution. Mais il faudra tout de même que le FMI vende une partie de son stock d’or et émette des DTS, en application de la faculté dont il dispose lui aussi de créer de la monnaie (pour 250 milliards de dollars).

Au FMI également, les comptes deviennent comme on le voit serrés. A défaut d’élargir la place des pays émergents autour de la table de son conseil, il doit dans un premier temps prendre à son compte des risques auparavant encourus par ceux-ci. Quelle va être la prochaine étape ?

Cette défausse de dollars, sans que son montant soit mineur, est certes de portée plus symbolique qu’autre chose. Mais elle a déjà été précédée d’autres épisodes, qui convergent tous dans le même sens, en s’additionnant, ayant le plus souvent la Chine comme acteur. Avec pour objectif de lentement grignoter la part prépondérante du dollar dans les échanges commerciaux, tout en continuant d’affirmer à chaque occasion que celui-ci n’a plus vocation, à terme, à être la monnaie de réserve. Des accords commerciaux bilatéraux en sont l’occasion, qui prévoient d’utiliser les devises des signataires pour les échanges. Les Chinois utilisent massivement leurs excédents commerciaux, également, pour acheter d’importantes quantités de matières premières, en dollar, sans attendre la hausse des cours de celles-ci qu’ils ont anticipée. Ils sécurisent leurs approvisionnements énergétiques en finançant, également en dollars, différents programmes, le dernier en date gazier au Turkménistan (pour 3 milliards de dollars). Ils continuent de faire leur marché, avec leur fonds souverain, en diversifiant leurs investissements hors des Etats-Unis, notamment en Europe. Ayant appris à mieux reconnaître les canards boiteux.Et cela toujours en dollars. Ils viennent, aussi, de tenir avec le Japon, dont ils sont le premier partenaire commercial, en tant que deuxième et troisième puissances économiques mondiales, un sommet consacré aux questions économiques et commerciales dont étaient donc exclus les Américains et les Européens. Tout ce qui permet de dépenser les dollars provenant de leurs excédents commerciaux à bon escient est engagé, sans que ceux-ci soient obligatoirement consacrés à l’acquisition de bons du Trésor. Cette tendance est irréversible et ne peut que prendre de l’ampleur, notamment en raison de l’accroissement de ce que l’on appelle le commerce Sud-Sud (entre pays émergents, et même au-delà).

Il n’est pas dans l’intention des Chinois, comme ils l’ont très clairement annoncé à la veille du G20, de brusquer le cours des événements. Ils donnent donc tort, par leur attitude, à tous ceux qui, observant qu’ils continuent d’acheter des bons du Trésor américain, en tirent la conclusion erroné que rien n’a changé et que cela va continuer comme avant. Ils n’ont tout simplement pas intérêt à brusquer les choses et à faire chuter la valeur des bons américains, vu la quantité qu’ils en détiennent, et ils ont choisi d’autres voies plus graduelles mais toutes aussi efficaces afin de se désengager. Quitte à annoncer encore une fois la couleur, via l’un de leurs grands banquiers de Shanghai, future grande place financière mondiale, qui proposait dernièrement et tout uniment aux américains d’envisager que leurs bons du Trésor puissent devenir libellées en yuan, la monnaie chinoise. Voulant ainsi signifier que cela pourrait un jour devenir la condition pour que la Chine continue de les acheter. La ligne d’horizon est tracée, l’atteindre est une question de temps.

Les commentateurs ont pris avec des pincettes cette proposition, tellement elle est peu crédible à court terme, ne voulant pas y voir, comme dans les autres domaines monétaires, l’expression d’une politique à long terme qui va être patiemment menée. Ayant, à cause de la crise et à force de l’habitude, le nez courbé sur le court terme et l’immédiat. N’ayant pas encore intégré cette idée assez dérangeante pour eux qu’ils ne vont plus être au centre du monde. Mais, si l’on met tout bout à bout, les marges de manœuvre américaines apparaissent pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire fort réduites. Ce sont les Chinois qui vont de plus en plus mener le jeu dans cette partie, en dépit de leurs propres difficultés économiques internes. Ils y seront aidés par le retour des capitaux occidentaux, dès que la situation sera stabilisée, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes.

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41 réponses à “L’actualité de la crise : Chinamérique, deuxième épisode, par François Leclerc”

  1. Avatar de Omar Yagoubi
    Omar Yagoubi

    Bonsoir François et merci pour vos articles.
    Je viens de trouver ça et je m’interroge.
    http://adscriptum.blogspot.com/2009/06/134-milliards-de-dollars-suite.html
    Bonne soirée.

  2. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Omar Yagoubi

    Ci-après dépêche de Bloombeg, citée par fujisan, selon laquelle il s’agirait de faux titres, à confirmer.

    http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601092&sid=afJXAA1ahZyo

  3. Avatar de Laurent K
    Laurent K

    Votre analyse rejoint assez bien celle que GEAB faisait dans son numéro d’Avril sur la volonté des autorités chinoises de se libérer du dollar US :

    « les dirigeants chinois tentent de se débarrasser des Bons du Trésor et des Dollars US au meilleur prix tant qu’une telle opération est possible (et ils ont déjà envisagé le « possible » avant de se lancer dans cette « évasion » du Dollar), c’est-à-dire, en évitant le plus longtemps « possible » de créer des turbulences risquant de faire baisser significativement les valeurs de ces deux actifs. Mais, à la différence de la première option, une fois que le champ du « possible » est épuisé, alors, brutalement, les dirigeants chinois contribueront à précipiter la fin de l’ère Dollar ; ou, plus probablement, ils annonceront sereinement que pour de multiples raisons indépendantes de leur volonté, ils ne peuvent plus jouer leur rôle de stabilisateur des déséquilibres américains.

    Et notre anticipation en la matière se fonde sur des évolutions en cours depuis quelques mois qui valident nos analyses. En effet, depuis la fin 2008, les autorités chinoises ont entrepris de se « débarrasser » chaque mois de 50 à 100 milliards de leurs actifs libellés en Dollars US. Profitant des prix historiquement bas de nombreux actifs nécessaires à l’économie chinoise (mines, espaces agricoles, énergie, parts d’entreprises européennes ou asiatiques – pas américaines ce qui n’est pas un détail, … ), Pékin fait son « shopping », respectant ainsi sa contrainte première : valoriser au mieux ses actifs libellés en Dollars … c’est-à-dire, s’en « débarrasser » en les échangeant contre d’autres classes d’actifs, indépendantes des Etats-Unis, et permettant d’avancer rapidement sur le chemin de la « Grande Evasion ».

    Nous soulignons la rapidité du processus. Malgré l’opacité des méthodes impliquées (condition sine qua non pour éviter une chute du Dollar et des Bons du Trésor avant le terme souhaité par Pékin), les excellents travaux conduits par MM. Brad W. Setser et Arpana Pandey et publiés en Janvier 2009 par le Council of Foreign Relations [http://www.cfr.org/publication/18149/chinas_17_trillion_bet.html], permettent d’explorer la très opaque comptabilité des réserves chinoises de change et de situer à plus de 2.300 milliards USD leur valeur totale fin 2008 (soit plus de 50% du PNB chinois), dont près de 1.700 milliards en actifs libellés en Dollars US (900 milliards en Bons du Trésor, environ 550 milliards en bons des GSE (Fannie, Fredie, ..), près de 200 milliards en actifs privés et 40 milliards en dépôts à court terme). L’auteur conclut fort logiquement qu’il n’est plus du tout dans l’intérêt de Pékin de continuer à amasser ces sommes gigantesques qui sont de plus en plus risquées du fait des choix financiers et économiques réalisés par les Etats-Unis pour répondre à la crise; et pour lesquelles les ressources vont désormais manquer du fait de l’effondrement des excédents commerciaux et des flux d’investissements étrangers. »

  4. Avatar de WB

    Je me demande en effet si on ne surestime pas l’interdépendance Chine/USA…

    L’idée c’est que tant qu’à faire autant imprimer de la monnaie chez soi… La relance keynésienne on la fait avec les dollars détenus par les exportateurs que l’on dilue.

    En forçant le trait en peut dire que la Chine n’a pas besoin de client mauvais payeur : si elle veut soutenir la demande, elle n’a cas développer sa demande intérieure. Pour les exportations elle n’a qu’à organiser un système où des bateaux vont jeter des marchandises dans la mer…ça rapporte autant que de vendre à des américains.

    Vous avez donc raison : à terme la marge de manœuvre des US va fortement se réduire. Les Etats-Unis tiennent leurs débiteurs jusqu’à un certain degré d’impression de monnaie…

    J’avais fait un billet sur ce thème : L’insolvabilité américaine : une extravagance bientôt banale ? Réponse : Oui, il y a des chances !

    http://blogduglobe.wordpress.com/2009/05/22/les-t-bonds-patates-qui-montent-en-temperature/

  5. Avatar de Grospolo
    Grospolo

    134 milliards de dollars de faux bonds du trésor US , pourquoi faire ? Cela paraît peu probable de trouver un pigeon fortuné à la hauteur ne serait-ce que du 10e. Reste peut-être la valeur collection, que l’on verrait rapidement sur eBay au prix de départ de 1 euro.
    Comme les bons du trésor russe, appelées encore « emprunts russes » ,qui bien que toujours valables ,comme l’a fait remarquer le conseil constitutionnel (Conseil d’état decision 99-425 DC du 29-12-1999), restent impayés depuis 91 ans.
    Où l’on verra peut-être prochainement les États-Unis rejoindre la Russie pour former le club des nations qui ne payent pas leurs dettes souveraines.

  6. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    L’Etat français a tout de même reçu une enveloppe de 400 millions de dollars de la part de l’Etat russe en 1997, à charge pour le gouvernement français d’en assurer la distribution aux porteurs. Mais, il est vrai, la somme représenterait moins de 1 % de la valeur actualisée de l’emprunt.

    Une association a vu le jour en 2007 pour défendre le droit des porteurs des emprunts russes. Elle attire l’attention auprès des autorités européennes pour que celles-ci « imposent aux agences de notation de crédit la prise en compte formelle du notoire défaut de paiement de la Fédération de Russie lorsqu’elles attribuent des notes à cet émetteur. » Les agences attribuent systématiquement la note « investment grade » (investissement de qualité) au lieu de SD « Selective Défault ». (Wikipédia)

    Ce qui est intéressant, et que je ne savais pas, est que la plupart des souscripteurs étaient des ruraux qui avaient investi dans les emprunts russes toutes leurs économies. Les banques (le Crédit Lyonnais, avant 1914, tirait 30 % de ses profits des emprunts russes, une presse française soudoyée par l’Etat russe pour assurer la publicité — mensongère — des emprunts russes, un gouvernement français qui soutenait la garantie à 100 % prétendue par la Russie, tout cela créait les conditions favorables pour berner les masses.

    « Pendant trente ans, le gouvernement et les médias français vont encourager les épargnants français à investir un total de près d’un tiers de l’épargne française en Russie pour un montant d’environ 15 milliards de francs or. De 1887 à 1913, l’exportation nette de capitaux correspondait à 3,5% du PNB de la France. » (Wikipédia)

    Jaurès prendra la défense des emprunteurs grugés.

  7. Avatar de go-ban
    go-ban

    @ Francois Leclerc

    Merci pour vos nombreux et percutants articles. Jouez-vous au go, Francois Leclerc ? Malgre ma propre faiblesse dans sa pratique, je crois savoir que ce jeu quadri-millenaire d’origine chinoise, pratique initialement par les empereurs et la noblesse combattante, propose une vision du temps qui correspondrait assez aux fondements de votre article par rapport a la viabilite de la monnaie chinoise. Par exemple :

     » La ligne d’horizon est tracee, l’atteindre est une question de temps ».

    En langage de go, on pourrait legerement modifier en disant que la construire est une question de temps. La construction et la consolidation des lignes de vie est un enjeu central du jeu de go. Il est interessant de noter qu’elles evoluent et se transforment au fil du jeu en fonction des nombreuses zones de batailles simultanees qui se deroulent sur le go-ban… Tres difficile de prevoir a quoi elles ressembleront en fin de partie…

  8. Avatar de BA
    BA

    Les comptes des banques ne se redressent pas ? Truquons les comptes !

    Même si la crise financière s’est calmée (ce que symbolise la décision de dix banques américaines de rembourser les aides du Trésor US), la récession généralisée pèse sur le bilan des banques françaises. Entre l’augmentation des faillites et la chute de l’immobilier, les établissements financiers risquent de continuer à déprécier leurs actifs (toxiques ou non). Et à afficher des pertes. La Société générale ou Natixis sont concernés au premier plan. Que faire pour éviter ces mauvaises nouvelles? Changer les normes comptables, tout simplement.

    C’est ce que le lobby bancaire, soutenu par le gouvernement français, est en train d’obtenir. Les autorités comptables de l’Europe, l’International Accounting Standards Board (IASB), ont cédé aux pressions des pouvoirs publics européens. Une réunion s’est tenue mardi à Luxembourg entre les ministres des Finances de l’UE et les représentants de l’IASB. Au menu, la révision de la norme comptable dite « IAS 39 ».

    Les gouvernements ont plein de bons arguments: l’IASB n’est pas un organisme démocratique, son conseil d’administration ne comporte pas de représentants des autorités ou des patrons d’entreprises, etc.), et surtout la norme IAS 39 est critiquable.

    Rappelons-le, pour les ignorants de la chose comptable. IAS 39 encadre la manière dont doivent être valorisés les actifs financiers possédés par les entreprises. Et il repose sur la notion de « fair value » (juste valeur), c’est-à-dire de comptabilisation à la valeur de marché (ou « mark-to-market »). Beaucoup de jargon pour décrire une transformation récente de la comptabilité française. Dans la comptabilité traditionnelle, on enregistre l’acquisition d’un bien le jour de son achat et ce n’est qu’au moment de sa cession (à un prix différent) qu’on enregistre la différence (sous forme de moins value ou de plus-value). Avec IAS 39, c’est à chaque fois qu’on présente ses comptes qu’on vérifie si la valeur de l’actif a évolué à la hausse ou à la baisse. Et qu’en conséquence, on déprécie ou non son bilan.

    Du fait d’IAS 39, le bilan des banques a connu une très forte volatilité, et cela a amplifié la crise. Quand le marché des actifs structurés (CDO, CDS, RMBS, etc.) s’est effondré, les banques ont dû passer des énormes dépréciations, annoncer des pertes gigantesques, et préparer des augmentations de capital pour augmenter leurs fonds propres et ainsi respecter les obligations légales. Et cela au pire moment puisque, en pleine crise, plus personne n’était prêt à leur apporter de l’argent.

    Depuis le début de la crise, IAS 39 est accusée de tous les maux par les banques. Qui ont réussi à ce que cette règle soit déjà largement amendée. Une première fois à l’automne 2007. On a autorisé les banques à utiliser la méthode du « mark-to-model » pour valoriser certains de leurs actifs, en l’absence de référence sur les marchés. Au lieu de prendre en compte la valeur de marché (nulle), on se référait à un modèle de calcul établi en interne. Exemple, un CDO avec des prêts subprimes était valorisé, non au cours fixé par le marché ABX (où étaient cotés ce type d’actifs), mais à partir de la probabilité que les prêts subprimes soient remboursés.

    A l’automne 2008, alors que la crise est à son summum, nouvel amendement à la règle. Les banques peuvent « reclasser » une partie de leurs actifs en les faisant passer du « trading book » au « banking book ». En clair, certains actifs structurés de dette avaient été achetés pour être revendus immédiatement et étaient donc comptabilisés à leur valeur de marché. On a permis aux banques de les requalifier en prêts, donc remboursables à échéance de long terme. Avec, encore une fois, un calcul de valorisation basé sur la probabilité ou non de voir ces prêts rembourser d’ici dix ou vingt ans.

    Toutes ces manipulations ont permis d’atténuer fortement les effets de la crise. Rien que pour la Société générale, cela permis d’augmenter son résultat 2009 de 1,5 milliards d’euros. Mais cela ne suffit pas pour les banquiers, qui réclamaient une extension de « l’assouplissement des normes » à tous les actifs financiers. Avec un argument choc: le FASB, l’autorité comptable américaine, l’a déjà fait en avril dernier. Et les banques européennes sont donc désavantagées.

    Avec la prochaine réforme, on risque d’aboutir à des effets identiques. Elle permettra, selon la Tribune, à ce que « les titres de dette donnant lieu à remboursements prévisibles ne soient plus comptabilisés à la juste valeur, mais au coût historique amorti, c’est-à-dire selon la méthode des flux de trésorerie actualisés. Un changement qui aura pour effet de ne plus prendre en compte les risques liés au marché (contrepartie, liquidité…), mais seulement le risque de crédit. » Et le quotidien économique de prédire que « le principal impact de la révision pourrait donc être d’éviter des pertes futures sur des classes d’actifs qui risquent de subir les foudres du marché, comma la dette d’entreprise et LBO ».

    Que conclure de tout cela ?

    C’est d’abord la victoire d’une conception de la comptabilité plus « européenne », et plus à l’écoute des besoins des entreprises, alors que l’imposition récente de la norme IAS 39 (2005) s’était faite sous la pression de la finance anglo-saxonne, et des investisseurs institutionnels américains qui demandaient à pouvoir suivre sur le court terme la valorisation des entreprises dans lesquels ils avaient acheté des actions.

    C’est ensuite la preuve éclatante du pouvoir de l’establishment bancaire dans la société actuelle. Les règles comptables sont destinées à contrôler les banques. Quand les règles ne satisfont plus les banques, on change les règles !

    Cela montre enfin à quel point les règles comptables sont une vaste fumisterie, et à quel point la comptabilité est le contraire d’une science. La comptabilité est avant tout le résultat d’une lutte entre acteurs institutionnels (banques et entreprises contre gros actionnaires, avec pouvoirs publics au milieu, penchant suivant les moment d’un côté ou de l’autre) pour imposer une vision de l’état des entreprises.

    http://cordonsbourse.blogs.liberation.fr/cori/2009/06/les-comptes-des-banques-ne-se-redressent-pas-truquons-les-comptes.html

  9. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ go-ban

    Je me suis intéressé au Go via Georges Perec, grand connaisseur comme vous le savez, mais je préfère le monde réel pour m’exercer.

  10. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Go-ban

    Le jeu de go est une excellente métaphore de la stratégie chinoise.
    Les autorités chinoises n’ont qu’un seul but, prendre l’ascendant à la faveur d’une situation qui leur est favorable.
    Il s’agit bien de construire quelque chose, mais la forme que va prendre le chemin qui mène au nouveau dispositif n’est pas connu d’avance.
    Il y a bien un but mais les moyens pour y parvenir se découvrent au fur et à mesure de l’évolution de la situation — ici les rapports de force de l’économie mondiale .

    Le temps est un allié dès lors qu’il permet de se jouer des faiblesses de l’adversaire. Ici des USA qui sont englués dans leurs contradictions, dans leur monétarisme sans vision d’ensemble incapables qu’ils sont de prendre leur situation pour ce qu’elle est : la faillite d’un système de pensée qui se traduit par toutes sortes de maquillages. Comptable, idéologique, diplomatique …
    Obama et son équipe auraient une petite chance de se sauver s’ils avaient opté pour une « glasnost » puis une pérétroika, comme Gorbachev l’a encore soutenu après moult conférences aux USA où il recevait pourtant un accueil enthousiaste.
    La force de l’ »occident » c’est d’assumer des projets, d’abandonner les anciens quand ils ont fait leur temps. Aujourd’hui rien de tout cela, tout le monde fait comme si. Et d’ailleurs on ne sait même plus on fait comme si quoi. L’aveuglement et la paralysie sont complets.

    Pourla Chine, les USA sont clairement sur la défensive car la situation économique et financière ne cesse de s’y aggraver. L’Europe n’est pas en reste bien entendu.
    Or devant un ex partenaire mal en point mais dont on dépend pourtant la meilleure attitude est d’adopter une approche graduelle consistant à s’en défaire pour ne pas avoir à subir les conséquences désastreuses de sa descente aux enfers.
    Paul Jorion François Leclerc ont vu tout de suite de quoi il s’agissait avec les bons du trésor américains.

    Sun T’seu, l’auteur d’un traité fameux de stratégie militaire à l’époque des Royaumes Combattants, ne disait-il pas que la victoire est assurée lorsque l’on a pas eu à livrer bataille.

    Obama aurait dû s’entourer d’une équipe de sinologues et non pas de financiers ou d’économistes !

  11. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    je précise de spécialistes de la Chine pour comprendre la CHine, pas pour faire comme elle.
    Les démocraties doivent tirer le meilleur partie de la démocratie : la saine confrontation des idées.
    Or les gouvernants occidentaux s’acharnent à tuer la démocratie à petits feux.

  12. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Pierre-Yves D.

    Il a été fait beaucoup de cas des connaissances de la Chine, et du mandarin, de Timothy Geithner. On a précédemment fait de même avec Condoleezza Rice et sa connaissance du russe. Quand elle s’est essayé à le parler, à Moscou, cela a été la première et la dernière fois.

  13. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Grospolo,
    ce ne serait peut-être pas un mal ?

    je ne sais pas trop -quel usage de l’argent fut fait sous le régime tsariste recouvert de ces fameux emprunts russes émis par le Tsar ??? -à quoi, sous quel motifs, pour quels objectifs furent levés ces fameux emprunts , en quoi furent utilisés -et en quoi pu servir cette avance ???
    mais j’imagine que la question s’en est posée, avant que le nouveau régime délibère de ne point les reconnaître à devoir être remboursés de son dû ?

    réfléchir l’usage à investir de prêter son argent serait-il légitime à être évacué de tout questionnement?
    alors que d’un autre côté, celui de le dépenser, l’investir à la consommation, l’usage, le simple usage de son argent pour se nourir, s’habiller, se chauffer, rouler …
    se devraient d’être responsabilisé, car la pollution, et cette masse de pollueurs consommateurs irresponsables … ???

  14. Avatar de iGor milhit

    j’ad’OR ma ville… terre d’asile, qui a dit le contraire?
    je garde mes réflexions pour moi.

  15. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    Ajoutons encore que la participation de la Chine (ou de tout autre pays) aux adjudications du Trésor américain n’est pas régulière. Lors des trois premières séries allouées durant la première semaine de juin, (quelque 65,7 milliards de dollars de bons à 3, 10 et 30 ans) la participation non-compétitive , dont fait partie l’étrangère, ne faisait même pas 1,5% ! En mai, la moyenne était encore de 9%.

    Ensuite, outre les carry trades, on constate sur le marché international des capitaux que de plus en plus d’entreprises de pays émergents ayant accès à ce marché, empruntent en dollars américains, dont le taux d’intérêt est nettement inférieur à celui prévalant dans leur pays, convertissent le produit de leurs emprunts en monnaie locale pour investir dans leur pays. La politique monétaire de la Fed joue donc en faveur de ces entreprises et pèse sur le dollar ! D’ailleurs, il est fait marquant actuellement sur le marché obligataire international : les émetteurs d’origine russe s’y portent à merveille : le cours de leurs obligations croît depuis des semaines, alors que l’image reste mitigée pour tous les autres et que le différentiel entre le cours papier et le cours argent augmente inlassablement.

  16. Avatar de Cécile
    Cécile

    il reste
    -la carte DalaïLama , très en vogue ….
    -la carte Tiennemen très entrenue, moultes commémorations ….
    -mais aussi : le Pakistan n’aurait-il pas une frontière commune avec la Chine ?
    ou sinon mais encore : et où donc se situe la Corée du Nord ?

    sur ce dernier point, la Chine travaille aussi, je crois avec la Russie, quelques pays de l’Amérique latine, mais aussi le Japon , d’autres pays voisins, asiatiques ou non …
    dans une association, dont un des principes si j’en ai bien compris est celui de refuser que son territoire ou les marches de son territoire servent de terrain de jeux de guerre, soit le lieu de théâtres de la guerre …
    (il me semble … )

  17. Avatar de Cécile
    Cécile

    Question
    De tous ces fonds -misés sur capitalisation- possibles, ( fonds souverains, fonds de pension, fonds d’assurance maladie, fonds d’assurance vie … )
    une proportion en est de l’argent chinois, mais aussi une autre celui de la retraite des usaméricains, une autre … , sans doute aussi beaucoup d’autres …

  18. Avatar de coucou
    coucou

    @Go-ban et Pierre-Yves

    C’est vrai que c’est intéressant.

    Par là-même, on pourrait se demander : si la Chine venait à prendre le leadership mondial, que pourrait-elle bien faire ?

    Elle n’aurait plus forcément besoin de suivre le modèle d’expansion capitaliste libéral : quelle serait donc sa propore conception de la globalisation ?

    Pour les Anglais au XIXème et les USA au XXème, c’était « simple » à comprendre pour nous Européens, mais pourrions-nous suivre la « logique » chinoise ?

    Autrement dit, que ferions-nous à la place de pays de second plan, nous dont les repères familiers, notre représentation occidentale du monde géopolitique se morcellent inexorablement ?

  19. Avatar de Moi
    Moi

    @François Leclerc:

    C’est hyper courant ce trafic de faux-titres? Parce que deux mois auparavant les douaniers en avaient pris un autre avec quelques milliards de bons du trésor (japonais cette fois). Bloomberg en avait-il parlé? Il faut dire que 15 milliards, c’est sans doute banal. 🙂

    http://archiviostorico.corriere.it/2009/aprile/05/Bloccati_miliardi_bond_giapponesi_co_7_090405005.shtml

  20. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    @ Tous :
    A propos de cette histoire de trafic de faux-titres, quelqu’un peut-il m’expliquer comment on peut fourguer ces bons en dehors de toutes institutions bancaires ou de l’Etat ?
    Je suppose que ces titres sont scrupuleusement vérifiés à chaque lorsqu’ils servent de transaction, j’imagine mal un mafieux les utiliser ! Décidément cette histoire est bizarre : Imaginer des rotatives au fond d’une cave produire autant de faux titres est proprement délirant …
    Si c’était le cas, est-il possible qu’une banque en fasse l’acquisition tout en les faisant apparaitre dans son bilan (la banque ce serait fait arnaquer) ?

  21. Avatar de iGor milhit

    oups j’ai du faire une erreur à quelque part le lien: l’article de hudson de ci-dessus
    l’erreur doit être que j’ai oublié le signe « = »…

  22. Avatar de Grospolo
    Grospolo

    @Cécile et Pierre-Yves D.
    Le conseil d’État a reconnu dans son arrêt (99-425 DC du 29-12-1999) que l’accord bilatéral franco-russe de 1997 ne constituait qu’en le versement d’une indemnité aux 316 000 recensés de porteurs de titres russes anciens. Ceci en échange de la perte de représentativité diplomatique des citoyens français par son gouvernement… Il s’agit nullement d’un remboursement, les titres sont toujours valables. La mauvaise volonté de payer n’a jamais exonéré le débiteur de sa dette. En outre il faut remarquer, et c’est une constance des droits internationaux, que si les gouvernements se suivent, l’État demeure avec ses engagements. Sinon qu’en serait-il des traités internationaux par exemple. Le tsar a, à l’époque engagé la signature de la Russie. Chaque bon stipule que le montant en est inscrit au grand livre de la dette Publique . Bref, ce sont des obligations d’État Et non des actions .Le décret de Lénine de 1918, dénonçant les engagements antérieurs de la Russie , dirigé à l’époque contre les propriétaires terriens, a malheureusement atteint aussi les porteurs de titres français et européens. Les bolcheviques ont maintenant quitté le pouvoir, le président Medvedev n’a toujours pas abrogé ce décret spoliateur.
    En ce qui concerne l’usage des sommes empruntées, cela ne concerne absolument pas le créancier.
    Bien sûr, certains diront que dès 1905 les soviets avaient prévenu les Européens de l’Ouest , qu’à partir de cette date ,ils n’honoreraient plus leurs dettes(certainement une conséquence de la disparition de la propriété privée…). Il n’en reste pas moins que ce n’est pas pour autant qu’ils ont remboursé les emprunts antérieurs à 1905…
    Les magouilleurs de la finance internationale, j’ai nommé les agences de notation, ne prennent pas en compte ce défaut de paiement caractérisé ainsi que l’arrêt du conseil d’État.
    Oeuvrer pour un respect des engagements contractuels ne serait pas un luxe inutile , mais montre bien à quel point de déliquescence nous en somme arrivée .L’arnaque financière semble être une constance et ne trouble plus personne. D’ailleurs la Chine s’y prépare, craindrait-elle un défaut de paiement US ?
    « Les normes ont été élaborées et annoncées par Dagong Global Credit Rating Co., Ltd, une des premières agences de notation domestique en Chine.
    Les normes de notation des emprunts d’un Etat doivent être capables d’évaluer la volonté et la capacité d’un gouvernement central de rembourser les titres qu’il a placé dans le public en respectant les termes initiaux des contrats, a expliqué la compagnie Dagong. »
    source:
    http://french.peopledaily.com.cn/Economie/6664562.html
    Nous allons bien rigoler quand la Chine appliquera sa notation à la fédération de Russie.

  23. Avatar de jean
    jean

    @Bertrand:
    Normalement, les titres (ce qui inclut les bons du trésor) sont dématérialisés. Donc, si on vous propose des bons du trésor américains papier, il y a de fortes chances qu’ils soient faux.

  24. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Grospolo

    Ce n’est pas tant l’idée que les Etats émetteurs des emprunts ne tiennent pas leurs engagements qui me gêne, en dehors du fait bien entendu qu’il y a eu tromperie sur la marchandise « emprunts russes », ce qui était condamnable, surtout s’agissant de l’exploitation de la crédulité de gens peu informés et peu fortunés.

    Ce qui me gêne avant tout c’est cette « culture » de la bourse, cette idée que l’on puisse faire des plus-values en confiant aveuglément à des tiers son argent, lequel est fructifié parce qu’il y eu exploitation des hommes.
    L’argent que l’Etat russe retirait de ses emprunts a permis de lancer l’industrialisation du pays. Mais à quel prix ?
    On ne garde bien de dire combien de forçats participèrent par exemple à la construction du transsibérien.

    Aujourd’hui quand on investit en bourse dans TOTAL, AREVA ou AIR France il faut savoir à qui et pour quoi on confie son argent.
    Total, en Birmanie, ce fut par exemple l’exploitation d’une main d’oeuvre servile pour la construction d’un oléoduc. (Total optera finalement pour un indemnisation, ce qui constituait un aveu, tardif, après les rapport Kouchner bidon qui exonérait et Total et la dictature birmane.)
    Areva, c’est l’exploitation des mines d’uranium au NIger avec ses conséquences sanitaires sur la population locale.
    Air France c’est cette compagnie qui exprime ses « regrets éternels » après la mort du dictateur Bongo !

  25. Avatar de Grospolo
    Grospolo

    @Pierre-Yves D.
    Certes, mais vous citez des sociétés privées et du commerce des actions de celle-ci qui est une activité spéculative connue. A contrario, l’acquisition d’obligations d’État ou de bons du trésor est un placement de bon père de famille puisque les sommes prêtées sont garanties par les états, qui par définition ne peuvent pas faire faillite.
    Le profil social des porteurs de titres russes est très varié. Il faut savoir qu’à l’époque le titre de base valait 500 fr. or, ce qui fait quand même 25 Napoléons. Le portefeuille moyen était de 3 titres soit 70 napoleons (100000 euros actuels) De nombreuses familles de toutes origines qui avaient placé ainsi toutes leurs économies furent ruinées.
    Ce qui est absolument déplorable c’est que le gouvernement français a honteusement laissé tomber ses ressortissants, s’interdisant par l’accord de 1997 à présenter à la Russie toute créances antérieures à 1945.
    Ce qui est déplorable c’est que l’arnaque soit devenue le principe même, ce qui est stupéfiant est que ce principe soit maintenant admis de tous ou presque.
    Je pense que d’une manière géopolitique l’Europe a intérêt à se développer à l’est comme la Russie aura intérêt à commercer avec l’Ouest. La base du commerce est une confiance réciproque dans le respect de ses engagements.
    Que la fédération de Russie ne respecte pas sa parole, cela fait vraiment mauvais effet.
    De surcroît, la fédération de Russie s’apprêterait à lancer des 2010, devinez quoi ? un nouvel emprunt russe de 10 milliards de dollars par an !
    Et comme le précédent, l’ancêtre, accessible , bien entendu aux guichets de votre banque et peut-être même à ceux de la banque postale par votre conseiller …
    Les anciens pigeons souhaitent la bienvenue aux nouveaux., pour l’instant jeunes et en pleine forme.. Qui peut être avant de confier leurs économies s’interrogeront sur la solidité du débiteur, son passés, les éventuels impayés etc.. à ce moment pourront consulter gratuitement pour leur bien et le calme de leur nuit de sommeil. ,les archives des associations de défenses des porteurs de titres russes anciens. Car les nouveaux investisseurs pourraient remarquer que les agences de notation sont toujours aussi distraites que flatteuses (cela date certainement depuis l’affaire ENRON).

    Source: rian Novosti
    http://fr.rian.ru/world/20090605/121889300.html

    Associations de porteurs de titres russes anciens :
    http://empruntsrusses.winnerbb.com/forum.htm
    http://www.afiper.org/

  26. Avatar de Alfred MIGNOT

    Bonsoir cher François,

    je suis Alfred Mignot, journaliste à Vendredi hebdo et vendredi.info. Nous avons échangé quelques mots l’autre soir, lorsque vous nous avez rendu visite, rue de Malte, au moment où vous repartiez, dans la cour, il y avait trois JF…

    Vous écrivez beaucoup en ce moment, et vos lecteurs semblent se régaler, ils commentent abondamment !
    J’ai mis en ligne vos deux derniers articles sur vendredi.info, et celui-ci (Chinamérique, deuxième épisode ) apparaîtra demain à 15 h.

    L’autre jour, nous avons déjeuné avec Paul Jorion, de passage à Paris, et au détour d’une phrase il m’a dit que vous aviez des « outils » pour suivre les thèmes d’actu qui vous intéressaient. Puis, la conversation a tourné et nous en sommes restés là.

    Auriez-vous la gentillesse de m’indiquer quels sont ces outils de veille (applications, agrégateurs… ?), cela pourrait m’être d’un précieux secours pour mon travail à Vendredi.

    Avec mes remerciements, et mon meilleur souvenir.

    Alfred Mignot

  27. Avatar de BA
    BA

    Les comptes des banques ne se redressent pas ? Truquons les comptes !

    Même si la crise financière s’est calmée (ce que symbolise la décision de dix banques américaines de rembourser les aides du Trésor US), la récession généralisée pèse sur le bilan des banques françaises. Entre l’augmentation des faillites et la chute de l’immobilier, les établissements financiers risquent de continuer à déprécier leurs actifs (toxiques ou non). Et à afficher des pertes. La Société générale ou Natixis sont concernés au premier plan. Que faire pour éviter ces mauvaises nouvelles ? Changer les normes comptables, tout simplement.

    C’est ce que le lobby bancaire, soutenu par le gouvernement français, est en train d’obtenir. Les autorités comptables de l’Europe, l’International Accounting Standards Board (IASB), ont cédé aux pressions des pouvoirs publics européens. Une réunion s’est tenue mardi à Luxembourg entre les ministres des Finances de l’UE et les représentants de l’IASB. Au menu, la révision de la norme comptable dite « IAS 39 ».

    La suite sur cordonsbourse.blogs.liberation.fr

  28. Avatar de johannes finckh

    @françois leclerc:
    je n’ai pas tout compris sur cette histoire de créance et de dette USA-CHINE!
    Plus simplement, ne peut-on pas supposer aussi que les chinois ont aussi dû se mettre à l’évidence qu’une part substantielle de leurs avoirs en dollars est dorès et déjà perdue, contre rien en fait!
    En effet, en ralentissant la chute du dollar, les chinois tentent de protéger leur magot, autant que faire se peut, mais, à mon sens, cela ne réussira pas si bien que cela!
    A mon sens, le déséquilbre est tel que le débiteur tient le créancier aussi bien par les c…que l’inverse!
    Etant donné, en outre, que la plupart des pays pauvres acceptent toujours le dollar très largement, on peut simplement faire l’hypothèse que dollar, au lieu de « disparaître », deviendra véritablement une monnaie mondiale … une véritable « monnaie fondante » qui évite, du fait de son extension de plus en plus large, les dérives inflationnistes pour l’instant. Sauf à l’arrivée, quand tous devront se rendre à l’évidence de l’insolvabilité américaine!
    La lente perte de change appauvrira, par contre, les USA pour quelque temps, très dépendants des importations ainsi renchéries.
    Et l’Europe dans tout cela? Avec l’euro fort, nous ne sommes pas pris dans cette spirale, par contre, les produits américains deviendront, d’ici quelque temps, à nouveau compétitifs, du fait de la baisse du dollar. Mais puisque le restte du monde calcule toujours en dollars (et les accepte), le reste du monde pourra nous concurrencer efficacement.
    Quelle solution? peut-être accepter le dollar aussi en Europe?
    Mais la dette américaine ne se règlera qu’avec une forte chute du dollar qui privera les créanciers d’autant!
    Cependant, il est évident que le dollar ne sera plus valeur refuge, ce qui est bon pour l’amérique finalement!
    Un euro fort, par contre, un euro VALEUR REFUGE pourrait se révéler catastrophique pour nous: risque de déflation!
    jf

  29. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Alfred Mignot

    Bonjour!

    J’utilise Netvibes, qui est tout simplement un agrégateur paramétrable de fils RSS (et qui me donne comme on dit toute satisfaction). Je connais aussi Google Reader, avec des fonctionnalités similaires.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Netvibes

    En espérant que cela vous sera utile pour vendredi.info

    A bientôt.

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