L’actualité de la crise : Les élégants dessous de la finance, par François Leclerc

Billet invité.

LES ELEGANTS DESSOUS DE LA FINANCE

Le plan Geithner de nettoyage des actifs toxiques détenus par les banques vient de prendre un sacré coup dans l’aile et la blogosphère américaine s’interroge sur son avenir.

On vient en effet d’apprendre, grâce au New York Times d’hier jeudi, que la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), cet organisme chargé aux Etats-Unis de garantir les dépôts bancaires des épargnants et de gérer les faillites bancaires, vient de suspendre « pour une durée indéfinie » un programme pilote de sauvetage des banques, le Legacy Loans Program, doté d’un milliard de dollars. Celui-ci prévoyait de contribuer à l’achat auprès des banques d’actifs hypothécaires par des investisseurs privés, grâce à des prêts consentis à ces derniers à des conditions très avantageuses. Ce programme avait été lancé en prélude et sous forme de test du célèbre partenariat public-privé du Trésor (PPIP) – qui faisait en attendant du sur place – censé permettre la vente par les banques de centaines de milliards de dollars d’actifs toxiques, afin de les libérer. Dans des conditions qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre, puisqu’elles reviennent indirectement, a-t-il été abondamment relevé, à faire supporter la charge financière de l’opération aux contribuables. Cette suspension indéfinie est loin d’être un excellent signal pour la suite des opérations et pourrait signifier leur suspension, ou au minimum de nouveaux délais d’ajustement de ses modalités.

Que s’est-il passé ? Tout simplement que les banques n’ont pas voulu vendre ces actifs aux prix qu’étaient prêts à payer les investisseurs, afin de ne pas avoir à procéder à des dépréciations, même limitées. Deux importantes modifications de leur environnement ont contribué à ce refus, devant lequel la FDIC a du s’incliner. La modification des fameuses normes comptables, qui imposaient de valoriser au prix du marché les actifs en question, ainsi que le « bon pour le service » qu’elles ont obtenues, pour les principales d’entre elles, à l’issue des stress tests. Dans la foulée, elles ont pu améliorer leur bilan, faire en conséquence valoir d’appréciables résultats, puis facilement lever des fonds sur le marché, tout en faisant au final l’économie de toute dépréciation. Plus que jamais, les banques cherchent à être totalement exonérées de leurs pertes colossales et veulent croire à un retour à meilleur fortune. Une perspective toute aussi illusoire que la prétendue absence de risques dont elles se prévalaient précédemment.

Il semble bien que le bras de fer permanent et feutré engagé entre les banques et l’administration Obama, à la recherche d’une délicate issue négociée à la crise financière, s’amplifie, et que le plan de sauvetage du Trésor, qui était pourtant à l’avantage incontestable des banques, soit considéré comme ne l’étant pas encore assez. Cette intransigeance n’est pas réellement nouvelle, puisqu’elle se manifeste sur de très nombreux autres dossiers. On a vu ces derniers temps, illustration de la même attitude, comment les limitations imposées aux rémunérations des dirigeants des banques (primes, bonus, etc…), sont ouvertement contournées par le biais d’augmentations de salaires, qui ne font l’objet d’aucun mystère. Quelle va être la prochaine étape de ce feuilleton insensé ?

Depuis Tokyo, à l’occasion d’une conférence donnée à la Bank of Japan, la banque centrale japonaise, Paul Tucker, gouverneur-adjoint de la Banque of England, nouvellement promu, a dressé un tout autre tableau de ce qui serait, selon lui, nécessaire de mettre en œuvre. Il a proposé ni plus ni moins que de faire contribuer, par différents mécanismes, les actionnaires des banques et les détenteurs des dettes qu’elles ont émises au coût de leur sauvetage, une fois l’orage passé grâce à l’apport de fonds publics. Considérant qu’il fallait envisager une sorte de « mutualisation » des pertes du système bancaire, une façon inédite de faire jouer la « solidarité de place » qui risque fort de recevoir un accueil assez mitigé à la City.

Mais si ces comptes-là ne seront pas nécessairement faits, d’autres devront l’être d’une manière ou d’une autre, et tôt ou tard. Il fallait assister hier, à une conférence de l’Association française des trésoriers d’entreprise, à Paris cette fois-ci, pour entendre un représentant de la BCE, en charge des opérations de marché, expliquer que cette dernière était préoccupée par la qualité des actifs qu’elle récupérait en garantie des prêts qu’elle octroie sans limites aux banques. Il n’a en effet pas échappé à ces vigilants gardiens de l’orthodoxie financière et monétaire, qui ont accepté d’accueillir au bilan de la BCE des actifs notés BBB (et non plus seulement A), que la proportion d’ABS (Asset Backed Securities) utilisés dans les opérations menées par les banques avaient beaucoup augmenté. Les ABS sont comme chacun sait de dangereux packages d’actifs à la valeur incertaine. Vu la rapidité avec laquelle le bilan de la BCE enfle, ce qui n’est rien en comparaison avec celui de la Fed mais quand même, on peut se demander ce qu’il va advenir de ces actifs dans l’avenir et, surtout, jusqu’à quand et pour quelle quantité la BCE va pouvoir continuer d’accepter de telles « garanties », au risque que de voir atteinte à son tour sa crédibilité. Qui sera le prêteur en derniers recours des banques centrales ? C’est une question que l’on peut aussi se poser.

Tout ne va pas toutefois au plus mal, puisque Morgan Stanley vient de lever 2,2 milliards de dollars, une très modeste opération destinée à satisfaire aux conditions que la Fed, qui veut la preuve préalable à toute acceptation que les banques ayant l’intention de rembourser les fonds du TARP sont capables de lever des fonds sur le marché, sans garantie gouvernementale. La démonstration a été aussitôt faite, avec le concours remarqué de la China Investment Corporation (CIC), le fonds souverain chinois. Deux remarques peuvent être faites à propos de cette brillante opération financière. 1/ En exigeant des banques de montrer patte blanche, en imposant des conditions supplémentaires, alors qu’elles ont passé avec succès les stress tests, la Fed montre en réalité le peu de crédit qu’elle accorde elle-même à ces derniers. 2/ Les Chinois ont appris de la crise et jouent désormais les gagnants, après s’être fourvoyés en investissant dans Freddie Mac et Fannie Mae, sauvés à l’époque de justesse par Henry Paulson, alors secrétaire du Trésor de l’administration Bush.

Il serait prématuré, toutefois, de tirer de trop rapides conclusions de cet épisode, en concluant à une nouvelle lune de miel entre les gouvernements américain et chinois. La partie, qui se jouait aussi à Pékin en début de semaine, à l’occasion d’une visite de Timothy Geithner, l’actuel secrétaire au Trésor, est de longue haleine, à rebondissements multiples et à tiroirs.

Habitué à vivre dans un confortable monde feutré, où tous les coups sont permis à condition d’agir dans la discrétion et de ne pas se faire prendre, le monde de la finance se révèle incapable de s’amender, sans que cela soit étonnant. Mais cette confirmation appellerait des mesures de régulation, annoncées avec fracas par le G20, qui se font beaucoup attendre et s’annoncent à minima.

En attendant, les actifs toxiques sont toujours détenus par les banques, le crédit est toujours rare et cher, les bilans des banques centrales enflent, les déficits des Etats augmentent, la récession sévit, les taux des obligations d’Etat montent.

Une bonne nouvelle, il est vrai, le Baltic Dry Index est en hausse. Mais les experts en trafic maritime considèrent que cela résulte de la constitution de stocks de minéraux par les Chinois, qui profitent des bas cours de ceux-ci. Ils n’ont pas tort, puisque la prochaine étape attendue sera l’apparition de nouvelles hausses spéculatives sur l’ensemble des matières premières.

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47 réponses à “L’actualité de la crise : Les élégants dessous de la finance, par François Leclerc”

  1. Avatar de ghost dog
    ghost dog

    @François,

    En ces temps d’élections européennes ( auxquelles je ne participerais pas, le référendum sur le traité constitutionnel ayant largement démontré le simulacre de démocratie dans lequel nous vivons…), vous posez, dans votre excellent article une question tonitruante…

    Qui sera le prêteur en derniers recours des banques centrales ?

    Notre très chère BCE et sa très chère indépendance ne pourra faire appelle aux états membres sous peine de devoir amorcer un bordel juridique tel, qu’il faudrait refonder ses statuts, bref tout changer…

    Il y’a quelque chose de jubilatoire à observer l’absurdité du système néo-libéral tel qu’il a été pensé et construit…

    Cela nous réserve encore de d’éclatantes surprises…

    Nous avons touché l’iceberg, les violons nous bercent malgré l’air glaçé, on entend au loin les poulies de canots de sauvetages des première classe…ignorant qu’il n’y a nulle part où se réfugier…

  2. Avatar de thierry ruaux
    thierry ruaux

    vous ne verrez pas cela sur fr3 http://www.planetdan.net/pics/misc/sarkozy.htm

  3. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Ghosdog

    Eh bien moi je voterai 🙂

    La démocratie est ce qu’elle est, il faut la prendre comme elle est, aujourd’hui.
    La démocratie ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Mieux vaut utiliser tous les leviers encore disponibles, aussi minces soient-ils.
    C’est le genre de pari sur l’avenir dont il serait dommage de se priver. Ne pas voter c’est partir perdant à tous les coups. La politique n’a jamais été une partie de plaisir ni l’expression de la Justice toute nue. Il faut éviter absolument que se constitue une majorité UMP-PS ou son équivalent au parlement européen. D’autres voix doivent pouvoir se faire entendre. Je pense à Eva Joly par exemple dont la compétence, les idéaux et la probité ne sont plus à démontrer !
    Le parlement européen ce n’est tout de même pas rien !!

    Nous avons encore le pouvoir d’exprimer le désir d’autres politiques en ne votant pas pour les grands partis.

  4. Avatar de ghost dog
    ghost dog

    @Pierre-Yves D.

    J’apprécie énormément vos interventions, j’ai un immense respect pour vous bien que nous ne connaissions car en vous fréquentant sur ce blog, j’apprends énormément et pour cela Merci !

    Désolée de ne cependant pas aller voter dimanche (malgré la proportionnelle), je n’encourage personne à suivre mon exemple, j’exprime simplement une certaine forme de renoncement, pas à l’idéal démocratique, mais au système actuel, dont les élections riment pour moi avec « piège à cons ».

    cela a perdu tout sens…

    Maaschtricht, Lisbonne, le traité constitutionnel…Barroso, les lobbies…non merci…l’Europe je la vis tous les jours à Bruxelles et ces élections sont loin, très, très loin de ma vie quotidienne…

    Désolée mais je ne vois personne pour me représenter et puisque je n’ai aucun moyen de faire tomber le Léviathan…

    Bonne soirée, pierre-Yves, ne m’en voulez pas trop de refuser de concourir pour la médaille de la « best citizen »

  5. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ ghost dog

    ah, si vous êtes bruxelloise, ça change tout ! 😉
    On a certes pas les moyens de le faire tomber, mais peut-être de le faire vaciller …..
    ou de grimper sur ses épaules pour voir plus loin !
    Mais je ne vous en veux pas (trop), la démocratie ce n’est pas seulement les élections, la preuve par Paul Jorion et son blog.

  6. Avatar de BA
    BA

    Dans notre grande série « Les banques américaines veulent continuer à présenter des bilans mensongers », voici le dernier épisode :

    Les banques américaines veulent limiter la comptabilisation des actifs titrisés à leur bilan.

    [ 05/06/09 ]

    Harmonisation.

    Si l’on en croit le « Wall Street Journal » d’hier, les banques américaines cherchent à contourner les nouvelles règles les obligeant à inclure au bilan leurs actifs titrisés à partir de début 2010, comme elles s’y étaient pourtant engagées.
    Après avoir réussi en avril à faire plier leur autorité comptable (la FASB) sur le principe de la juste valeur, plusieurs banques américaines auraient en effet écrit le 1er juin à Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor, pour lui recommander la prudence dans l’adoption de cette règle déjà appliquée dans l’Union européenne mais pas aux Etats-Unis.
    Les montants en jeu sont considérables – JPMorgan Chase évoque le chiffre de 145 milliards de dollars d’actifs en plus à consolider au bilan – et pourraient, craignent les banques américaines, les contraindre à lever encore massivement des capitaux pour répondre aux exigences de solvabilité.
    Les banques françaises verraient d’un très mauvais oeil un nouveau retard dans le processus d’harmonisation comptable internationale.

    http://www.lesechos.fr/info/finance/4871776-les-banques-americaines-veulent-limiter-la-comptabilisation-des-actifs-titrises-a-leur-bilan.htm

  7. Avatar de Albin
    Albin

    Philippe Auguste est de retour
    Question : A quel cours le stock d’or de la FED (Fort Knox) pourrait-il éponger la dette US ?
    Tentative de réponse :Rappelons que la dette extérieure (brute) des Etats-Unis était de l’ordre de 13.000 milliards de dollars US fin 2007. Suivait la Grande-Bretagne, avec une dette extérieure de plus de 10.000 milliards de dollars. Ensuite, l’Allemagne et la France, avec plus de 4.000 milliards de dollars chacune.D’après Natixis, la dette extérieure brute des Etats-Unis en 2009 serait de l’ordre de 17.500 milliards de dollars.

    Quel est le stock d’or US ?
    http://investglobe.wordpress.com/category/fort-knox/
    Selon des informations (mars 2008), la Réserve Fédérale américaine aurait
    pour 234 milliards d’or dans ses coffres à Fort Knox.
    Donc le calcul est :
    17.500/234 = 74,78 fois plus.
    C’est ce multiple 74,78 du cours actuel pour renflouer intégralement le trésor américain par le rognage de la monnaie si cher au roi de France Philippe Auguste.

    http://bourse.lesechos.fr/bourse/matieres/details_matieres.jsp?Code=LINGF&Place=RMSE-TR&Codif=TSB&Secteur=METAL
    Cours le 01/06/2009 = 22.000 euros
    Valorisation pour éponger la dette
    22.000 X 75 = 1.650.000 euros /lingot 1 kg
    Mais pour les suisses (qui s’y connaissent en or), une couverture de 40 % est suffisante.
    Cette couverture est certainement trop forte selon certains. Donc examinons l’hypothèse d’une couverture de 25 %.
    Une valeur de 450.000 euros / lingot pourrait être suffisante car avec un cours capable d’absorber 25 % de la dette US la confiance va revenir, les impôts remplir la caisse du Trésor Américain.

  8. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ ghost dog

    Formellement, voici la situation :

    Les actionnaires de la BCE sont les banques centrales nationales (BCN) de la zone euro (de France, d’Espagne, de Belgique, etc…), qui devraient se retourner ensuite vers l’Etat.

    En ce qui concerne la Fed, ses actionnaires sont les douze Regional Federal Reserves. Dans chacune de ses régions, ce sont les banques commerciales qui sont obligatoirement les actionnaires de ces dernières. On croit comprendre que c’est le Trésor qui serait in fine mis à contribution.

  9. Avatar de Candide
    Candide

    @ Thierry Ruaux

    Quoi, personne à l’UMP n’a encore porté plainte contre ce crime de lèse-majesté ??? Une proche de l’empereur a porté plainte contre une internaute (lambda et mère de famille) pour moins que ça !

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/06/05/convoquee-par-la-police-pour-avoir-traite-nadine-morano-de-menteuse-sur-internet_1202991_823448.html

  10. Avatar de BA
    BA

    33,2 millions d’américains (1 sur 9) reçoivent des bons d’aide alimentaire.

    One in nine Americans are using federal food stamps to help buy groceries as the country’s deep recession forced another 591,000 people onto the federal anti-hunger program at latest count.

    March 2009 – 33.157 million.

    February 2009 – 32.556 million.

    January 2009 – 32.205 million.

    December 2008 – 31.784 million.

    November 2008 – 31.097 million.

    October 2008 – 31.050 million.

    Sept 2008 – 31.587 million.

    http://news.yahoo.com/s/nm/20090603/us_nm/us_food_usa_s

  11. Avatar de Loredana
    Loredana

    vu qu’on parlait des élections de demain, même si je ne suis pas sure que ce soit l’endroit le plus adaptée, je voudrais jeter un pavé dans la mare: je ne crois plus au suffrage universel.
    la démocratie représentative (dont on discutait la crise dans les années 70 et 80) ne fonctionne plus du tout, mais depuis la chute du mur, une espèce de consensus c’est répandu sur le fait qu’on n’a pas trouvé mieux. Soit. c’est une bonne raison pour chercher.

    depuis Aristote, en passant par Machiavel, on sait que la démocratie a une fâcheuse tendance à se transformer en dictature, par l’entremise de la manipulation des masses (par la rhétorique sophiste, par la radio mussolinienne, par TF1), que la souveraineté, une fois « déléguée » aux représentants on ne la maitrise plus, et les élites ont la (tout aussi) fâcheuse tendance à chercher à se perpétuer et verrouiller le pouvoir (certaines charges à Athènes duraient 1 seul jour: gens futés).

    le vote aujourd’hui:mobilisation des masse (ou tentative de)= mobilisation des indifférents qui vont voter pour celui qui est passé plus souvent à la télé (Sarko – Ségo ou équivalents)/ scrutin uninominal = la fête à la magouille de parti / à deux tours = bien obligé de voter le mal mineur (Rousseau, Toqueville et Montesquieu doivent se retourner dans leur tombe)
    je ne voterai plus en France
    je voterai encore demain, par un réflexe moutonnier (et pour la proportionnelle)

    il faut trouver d’autres manières de concevoir et établir la démocratie, le suffrage universel c’est le règne du mouton(c’est Aristote expliqué au peuple), dans une civilisation ou la manipulation de l’opinion a atteint un degré très sophistiqué.

    un de mes ami propose de reprendre la tirage au sort comme à Athènes, mais ça va donner quoi aujourd’hui? si je pense que ça risque de tomber sur quelques uns de mes proches…!

    la démocratie directe (pas participative, ou beaucoup participent, et une seule décide), en éliminant le parlement dans sa forme de législateur suprême, remplacé par le vote directe par internet? avec confiance (et responsabilité) du gouvernement testée régulièrement?
    c’est faisable?

    pourrait-on la fonder sur une sélection des électeurs basée sur la motivation, l’implication dans le sujet voté, donc sur l’auto-sélection: je vote si ça m’intéresse.
    dans ce sens le fait que très peu de monde vote aux européennes me semble une bonne chose, si ceux qui votent savent ce qu’ils font, et pas seulement les moutons qui font ce qu’on leur dit de faire.
    après, comment se garantir contre ce type de public éminemment manipulable? en multipliant les démarches? voter après une manifestation claire de l’intérêt? bien sur, ce serait une forme d’élitisme, mais non pas décidé par le haut, mais décidé par chaque personne

    c’est juste un pavé dans la mare contre le suffrage universel, je ne mérite pas la lapidation

  12. Avatar de Laborde Stephane

    Excessivement clair et instructif, comme toujours, je tire mon chapeau ! (ce que je fais exceptionnellement par ailleurs…)

  13. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    La violence génère la violence.

    Les financiers ne veulent pas discuter, seulement imposer. Le monde entier va se transformer en un immense « Gaza ». Et ce ne sera pas bandant.

    A la violence des financiers répondra tôt ou tard celle des peuples.
    Elle sera terrible, car il faudra aussi régler les problèmes de « Home ».

    Aux discours policés et aux images léchées répondra bientôt une nouvelle esthétique : celle du sang.

  14. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    @Loredana

    La démocratie meurt sous nos yeux pour la principale raison que la justice n’est pas indépendante de l’éxécutif. Qui donc ne risque pas d’être dérangé quelles que soient les magouilles. Comme les assemblées sont aux ordres, le vote va dans le sens voulu par l’executif. C’est comme la constitution de Paul, il faut d’abord un vrai changement avec bcp de dégats avant de constituer quoi que ce soit. On ne met pas la charrue avant les boeufs. Voter ne sert a rien, et si vous voter pas comme il faut, l’executif et les assemblées change la constitution. C’est fini. Brefs des changements radicaux doivent intervenir avant de constituer le nouvel etat normal du monde dans une … constitution.

  15. Avatar de Loredana
    Loredana

    @ Scaringella

    d’accord, la séparation des pouvoirs, et la « balance of power » ce sont des principes bien oublié dans les soi-disantes démocraties actuelles, (avec « la loi est égale pour tous », le contrôle du parlement sur l’exécutif, et d’autres à l’avenant) mais le problème reste le même: refonder le politique, et l’économique aussi.
    par la révolution?
    je souhaite aussi voir quelques chefs d’états actuels pendu par les pieds comme Mussolini, pourtant je vois aussi le prix à payer, et je souhaite ne pas souhaiter un tel virage.

  16. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    @ Scaringella,

    La Justice est fort indépendante, les Hommes qui la rende moins sans doute.

    Certains magistrats fautent, très lourdement. Ce n’est pas à leur pairs qu’ils devraient des comptes, mais au peuple.
    Outreau c’est un outrage, à l’équité , au bon sens….. Il n’a guere été sanctionné.

    Il convient aussi de réfléchir sur l’évolution de la bonne gouvernance.

    Aucun principe ne doit représenter un « Tabou ». Il est diverses façons d’aboutir à un bon résultat.

    Ce qui était bon il y a 220 ans, parce que l’on sortait des lettres de cachet et fantaisies du même acabi, n’a pas nécessairement
    la même intensité de bon sens aujourd’hui.

    L’indépendance de la magistrature ne peut en aucun cas se transformer en intouchabilité de la magistrature, ni a fortiori, ce qui arrive trop souvent à couper celle-ci du reste de la société.
    Il convient aussi de donner à la Justice les moyens de sa mission.
    La justice est un des seuls domaines régaliens de l’Etat, fondé sur la nécessité de faire disparaître les violences privées.
    Quand l’Etat n’alloue que des budgets inadéquats, ce sont ses Ministres qu’il faut condamner, (et pas seulement politiquement) car en laissant la Justice sans moyens ils se comportent en fossoyeurs des Libertés.

    Outreau fut choquant mais le fait de ne pas donner de suivi aux décisions légitimes de magistrats du siège, l’est tout autant.
    Récemment un magistrat à acquité un délinquant multi-récidiviste au motif que jamais le parquet n’avait daigné l’emprisonner
    alors qu’au jour de la commission d’un nouveau délit il aurait dû être derrière les barreaux.

    Nos dirigeants trouvent l’argent qu’ils veulent bien.

    Il semble plus judicieux à leurs yeux de financer les banques qu’une justice équitable.

  17. Avatar de ghost dog
    ghost dog

    Merci François pour ce rappel et cet éclairage. Effectivement tel que vous le décrivez il existe un mécanisme possible de renflouement de la BCE.

    Mais les Etats en auront-ils les moyens ?

    J’imagine que c’est ce que votre question sous-entendait…

    @Loredana,

    j’espère qu’il ne viendra à l’idée de personne de vous lapider (même avec des mots) simplement parce que vous exprimez votre opinion.

    Je crois que nous sommes nombreux à ressentir ce désarroi, simplement nous n’y apportons pas tous la même réponse.

    Et je ne crois pas qu’ici, quelqu’un ai l’outrecuidance de prétendre détenir la vérité !

    @Pierre-Yves,

    Je suis Bruxelloise d’adoption, et cela me convient parfaitement pour le moment. Impossible de continuer à vivre à Paris quand la France se dote d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale…

    Monter sur les épaules du Léviathan, c’est malheureusement rester très près du sol…par un renversement étrange, les citoyens doivent baisser le regard pour croiser celui de leur représentant…étrange époque !

    En tout cas votre indéfectible optimisme m’engage à la méditation, car comme l’ont dit d’autres commentateurs, les dés sont pipés…

    Les pauvres belges ont eux l’obligation légale d’aller voter…je trouve cela particulièrement infantilisant…De quoi on donc peur leurs dirigeants ? Qu’un taux d’abstention démontre noir sur blanc le peu d’intérêt qu’ils portent à la chose publique ?

    N’est-ce pas leur droit ?

    Bonne journée à tous.

  18. Avatar de Farfelu

    Bonjour, je suis très heureux d’avoir trouvé sur ce site que je fréquente pour la première fois une analyse de qualité.
    Je me permet donc d’y déposer un message .

    C’est un article très intéressant, et pour rester dans le sujet de l’article …

    – Comment sont déterminés les prix des papiers que les Banques Centrales refinancent ? selon quels critères ?
    y a t-il une grille de référence ( qui appuie sur les notations des agences, donc sujette à cautions ) ?

    – Je ne crois pas que ce soit si dangereux de refinancer un ABS de qualité médiocre en prenant de bonnes marges de manoeuvre, et seulement après un examen méticuleux du portefeuille de créances. Mais les Banques Centrales procèdent-elles ainsi ?

    – Dans le pire des cas, je ne pense pas que le Trésor sera le sauveteur du système; ce n’est pas son rôle et il n’en a pas besoin. Ce seront les BC elles mêmes, elles qui peuvent « abreuver » sans limite le système de liquidités.
    Dans la mesure où rien ne va plus, elles refinancent grassement les banques commerciales, « enfouissent » les mauvais papiers dans leurs bilan en refinançant autant que cela sera nécessaire ces papiers « véreux ».

    Si dans le bilan des BCentrales et commerciales, ces papiers sont évalués à leur valeur de refinancement, aucune provision ne devra être passée.
    A l’échéance d’un papier, la Banque commerciale reprend son papier et peut faire refinancer dans de bonnes conditions un nouveau papier, potentiellement pourri lui aussi, pour combler la perte du précédent.

    Bon, tout cela est une évidence, car une Banque Comemrciale peut dissimuler des pertes et « se refaire » tant que le marché lui accorde crédit.
    Si les marchés interbancaire et obligataire ne peuvent pourvoir au refinancement , les Banques Centrales s’y substituent pour approvisionner les Banques Commerciales en liquidité. Aussi longtemps qu’il le faudra, il sera possible de camoufler sans douleur ou presque les pertes potentielles du système bancaire.

    Bien entendu, les marges de manoeuvre des Banques Commerciales en termes de gestion des risques sont dans ces périodes très réduites. Elles ne peuvent donc octroyer des crédits qu’aux emprunteurs a priori solvables ou encore faire des placements en principe des placements peu risqués avec les sommes tirées des refinancements Banque Centrale.

    Les Banques Centrales peuvent/doivent également créer des conditions favorables sur les marchés afin que les banques y investissent sans prendre trop de risque. On peut par exemple penser au souci pour les BC de maintenir des courbes de taux croissantes…

  19. Avatar de Farfelu

    … Par conséquent, au-delà de l’attachement des Allemands à la préservation d’une scrupuleuse orthodoxie monétaire qui fait probablement s’exprimer Angela MERKEL, son intervention doit nous faire mesurer la vraie profondeur de la crise qui
    touche le système bancaire mondial.

    Dans ces conditions, il est fort peu probable que l’octroi de crédits nouveaux génère une croissance égale à celle qu’ont connue les pays occidentaux dans les quinze dernières années. Une fois la stabilisation acquise, il sera alors nécessaire que les Banques Commerciales épongent encore les pertes accumulées et dissimulées.

    On comprendra mieux l’optimiste des messages que les médias répandent depuis quelques semaines.
    Conscience a été prise de l’ampleur des dégâts et on a la solution, mais nul est besoin de créer des conditions/climats économiques « dépressifs » alors que le chemin encore à parcourir par les banques pour rejoindre des contrées moins hostiles en dépend.

  20. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    Au moins 60 % de « pertes » non déclarées chez nos ennemis banquiers ?
    C’est ,selon mon entendement ce chiffre qu’a cité Paul Jorion.
    D’autre part,et allant dans le sens du même auteur,aujourd’hui, Slate.fr reprend un point de vue Russe sur la monnaie chinoise dans 10 ans = le nouveau billet vert devenu rouge = le Yuan.
    Et comme rappelait ,gentiment ,Paul ,à son voisin sur le plateau : « soyez gentils avec les Chinois car dans 10 ans… » ,
    avant de dire peu de temps aprés qu’ils nous sortiront,à peu prés dans ce délai-temps ,des marécages nauséabonds,mortiféres dans lesquels l’imbécilité institutionnelle nous a conduits.
    Enfi, demain : Y aller ?
    Si oui , j’opterais volontiers pour Généreux (chez moi) …..Mais….
    C’est auprés des Personnes habituellement éclairées ici que je me déterminerai en fin de compte.

  21. Avatar de johannes finckh

    @François Leclerc:
    Que pensez-vous de l’idée d’une émission anticrise?:
    cela me semble être le seul moyen de maintenir l’économie à flot et de pouvoir digérer sans peine toutes les grosses faillites sans crise systémique, car celle-ci, présisément, ne sera plus possible avec la monnaie anticrise que j’ai décrite de nombreuses fois sur ce blog:
    je joins à nouveau le texte:

    Bordeaux, 3 Janvier 2009
    Une monnaie anticrise ou l’oeuf de Colomb

    Je lis toujours attentivement la revue « Humane Wirtschaft(=l’économie humaine) », ses analyses me sont si familières que je ne puis plus penser autrement que du point de vue de l’économie franchiste.
    Les articles de Günther Moewes et de Helmut Creutz (naturellement!) sont, comme toujours, excellents.
    J’ai eu cependant un mouvement d’arrêt quand j’ai lu chez Moewes: « L’instant actuel serait, pour un changement abrupt de cap, on ne peut plus inapproprié. »
    Précisément, il me semble que non!
    L’instant n’a jamais été aussi approprié!
    En effet, la thésaurisation de monnaie liquide a pris des formes extrêmes, et rien ne la ralentira sans l’introduction d’une monnaie nouvelle grevée de frais de circulation – une monnaie anticrise.
    La situation est telle qu’il vaudra mieux renoncer à un mouvement abrupte de réduction de la thésaurisation, et il s’avérera que cela n’est absolument pas nécessaire! Le problème se règlera de lui-même comme je le montrerai ici.
    Les coupures de 500,200 et 100 Euros devraient nous laisser indifférents parce qu’elles ne circulent guère!
    Seules les coupures de 50,20,10 et 5 Euros sont importantes!
    Il suffirait que la banque centrale européenne décide de n’émettre plus que ces coupures-là!
    Mais la BCE ne devrait, du fait de la crise de refinancement, n’émettre plus que des « billets anticrise », dès maintenant! Cest-à-dire des billets qui, selon le modèle gesellien, seront pourvus de frais de circulation ! Car il ne saurait être dans l’esprit des gardiens de la monnaie que la monnaie nouvellement émise soit aussitôt thésaurisée et mise de côté.
    La BCE a pour cela des raisons suffisantes. J’ai lu plusieurs fois dans la presse économique que les banques déposent en ce moment leurs excédents du marché au jour le jour préférentiellement sur leurs comptes à la BCE au lieu de les placer sur le marché interbancaire pour les reprendre les jours suivant, selon leurs besoins. La BCE regrette ceci, car ceci aggrave la crise de confiance entre banques, complique et ralentit les crédits consentis au secteur économique. La BCE veut à juste titre baisser le taux de rémunération pour de telles opérations, et elle le fera aussi sans doute.
    La crainte que, dans la situation présente, les banques continueront à déposer trop d’argent à la BCE, même à taux zéro, reste cependant fondée, justement par la crise de confiance.
    Il me semble ainsi que dans cette situation, reconnue par tous comme inhabituelle, la BCE pourrait être en droit, et cela sans aucun changement de loi, de grever ses billets nouveaux d’une taxe à la circulation, par exemple 5,2% annuels, et elle veut explicitement tout mettre en oeuvre pour empêcher que ces émissions nouvelles ne soient pas « pendant la nuit » immobilisées mais qu’elles alimentent effectivement le marché interbancaire de l’argent ! Cette taxe peut être marquée électroniquement et aussi être imprimée mensuellement, quoi qu’il en soit, si l’idée est juste, il y aura aussi un chemin.
    Puisque la BCE est largement indépendante et « autonome », il est évident qu’elle pourra justifier cette mesure par la crise inhabituelle – si elle le veut!
    La résistance semble être surtout intellectuelle, tout comme jadis le problème de l’or. Nous savons que la seule « couverture » de la monnaie est son seul pouvoir d’achat et sa validité légale.
    Une telle réorganisation de l’émission du numéraire ne provoquerait, seule, aucune inflation dans le contexte actuel! C’est pourquoi le moment est aussi favorable que possible !
    Il est évident que les billets traditionnels seront repris par la BCE sans aucune retenue ni perte pour les banques et sans pertes pour les clients auprès des banques de détail!
    Les billets nouveaux ne seront repris par la BCE que moyennant une détaxe en fonction du temps – 5,2% annuels, 0,1% hebdomadaires ou 0,014% au jour le jour! Justement parce qu’il s’agit d’une monnaie anti-crise qui est censée circuler rester en usage quand il y a la crise de confiance comme maintenant !

    Retentissements d’une telle mesure vraiment simple:

    La monnaie anticrise serait toujours mise en mouvement préférentiellement et assurera la tâche stimulante de la conjoncture immédiatement!
    Lors d’une crise financière nouvelle survenant à coup sûr dans les mois à venir d’une façon répétée, la BCE devra répondre avec sa monnaie anti-crise parce qu’elle ne pourra faire autrement!

    Il est alors plus que vraisemblable que les prix des actions et des terrains ne cèderont et remonteront plutôt vite, événement actuellement plutôt souhaitable. Les liquidités ainsi dégelées retourneraient aux banques, car la baisse actuelle provient justement de la rétention liquide (thésaurisation!) des investisseurs.
    Les banques pourront régler leurs dettes auprès de la BCE, quand c’est nécessaire.

    La BCE devra geler et détruire dès lors des quantités importantes de monnaie liquide, car sa tâche est et reste le contrôle de l’inflation et le maintien du niveau des prix. En même temps, cela sera essentiellement la monnaie traditionnelle qui refluera, car elle sera reprise sans perte.

    Effets sur les comptes courants: Puisque le refinancement ne sera effectué qu’avec la monnaie anti-crise, les banques devront d’elles-mêmes appliquer la taxe circulante aux comptes courants, car le rôle de la monnaie liquide est, en fait, d’être prête dès que les usagers la demandent, et les banques doivent pouvoir fonctionner normalement.

    L’objection qui prétend que la monnaie liquide n’aurait qu’un impact faible est foncièrement fausse, car tous les comptes courants ne valent que si la promesse de liquide est tenable d’une façon crédible.

    Des excédents sur les comptes d’épargne, qui ne sont pas concernés par la taxe circulante, ne manqueraient pas d’apparaître rapidement ; ils entraîneront le fait que les banques doivent accorder davantage de crédits à l’économie parce que les dépôts bancaires causent aux banques des taxes circulantes que les banques n’éviteront qu’en les redistribuant aux emprunteurs le moins cher possible. Une Baisse des taux de l’épargne et du crédit serait la conséquence, ce qui ne peut que stimuler la conjoncture.

    Ce mouvement de baisse des taux serait cependant freiné par le règlement des paiements d’intérêts contractuels du passé qui devront être faits pour rester crédible.

    /Seuls les crédits nouveaux seront moins chers; ils se substitueront peu à peu aux anciens et les éteindront finalement.

    Fondamentalement, il doit être clair que les nostalgiques de la thésaurisation garderont le droit de le faire, mais ils s’apercevront bientôt qu’il ne leur revient de cela plus d’avantage particulier dès que la BCE ne fournit d’une façon constante que de la monnaie anticrise (la monnaie franche). Libre à eux d’échanger leurs beaux billets contre des nouveaux sans perte, et rien de plus. S’ils trouvent alors quelqu’un qui leur offre davantage d’intérêts ils auront de la chance !

    La monnaie thésaurisé et du pouvoir d’achat thésaurisé, et cela reste ainsi, il faut re-émettre de la monnaie nouvelle, comme c’est déjà le cas, seulement : sans l’introduction de la monnaie anticrise, cela ne pourra plus continuer, sauf à accepter une « crise » qui ne durerait pas un ou deux ans, mais dix ou vingt et plus, exemple : Le Japon !

    Nous voyons donc, la réforme gesellienne est réalisable en une nuit, sans menacer ou déstabiliser le système, au contraire, elle stabiliserait l’ensemble.

    La rente du capital baisserait cependant, les salaires augmenteraient instantanément et le chômage reculerait rapidement.
    De même l’objection d’une fuite des capitaux est totalement intenable, justement parce que l’Euro vaut d’abord en Euroland!

    La principale fuite des capitaux est de toute façon toujours la thésaurisation, car il est absolument indifférent d’avoir des trésors dans le pays sous le matelas ou dans un coffre suisse.

    Le capitaux gigantesques circulant autour du globe ne que la conséquence du fait que la monnaie est thésaurisable et qui transfère sa propriété d’être capital sur les « produits financiers » divers.
    Il serait, au contraire, vraisemblable que les autres banques centrales suivraient rapidement l’exemple, car l’avantage économique de la zone Euro serait énorme rapidement !
    Johannes Finckh, Bordeaux

  22. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Farfelu

    Il est en effet clair que, faute de prendre le taureau par les cornes, il n’y a pas d’autre solution aux yeux des décideurs, qui n’en ont donc que le nom, que de repousser le problème des actifs toxiques à plus tard, en faisant des voeux pour que la relance économique aboutisse à terme à une revalorisation de ceux-ci, au moins pour partie. Un pari hasardeux et très coûteux.

    Tout le mécanisme destiné à s’installer dans cette attente, qui repose sur les banques centrales ainsi que sur les Etats (garanties et apports divers), est nettement moins transparent. Il n’est pas innocent non plus, comme on le sait, puisqu’il aboutit, afin d’éviter des nationalisations, à la socialisation des pertes.

    Par ailleurs, il a été abondamment relevé le paradoxe qui voulait que l’on combatte avec des injections massives de liquidité une crise de solvabilité. Utilisant en quelque sorte un pansement pour tout remède.

    L’épouvantail de l’inflation qui pourrait résulter de cette action est par contre tout à fait réel. La discussion est à cet égard engagée aux Etats-Unis, en dépit des assurances données par Ben Bernanke, sur la capacité qu’aura la Fed de retirer, ni trop tôt ni trop tard, les liquidités dont elle arrose actuellement le marché. En tout état de cause, il semble bien y avoir une limite à cette arrosage, un point de non retour au delà duquel le contrôle de la situation risque d’être perdu. Le problème est qu’on ne le connaît pas ! Par contre, la taille du bilan de la Fed, et des autres banques centrales, on la mesure et on s’en inquiète.

    Une autre approche est de considérer qu’en réalité cette inflation future est voulue et nécessaire, afin de permettre de réduire ultérieurement la gigantesque bulle des dettes publiques en train d’être constituée. Ce n’est pas la mienne, car je crois que tout ce processus est fait d’improvisations et non de calculs.

    On en revient donc, si l’on considère le danger de l’inflation, au-delà des ressources de la technique financière dont disposent incontestablement les banques centrales, que vous évoquez, aux conséquences économiques de leurs actes. La crise actuelle montre bien qu’en dépit de l’autonomie dont elle a fait preuve vis-à-vis de l’économie (qu’elle revendique toujours, en affichant en plein récession des résultats florissants) la finance ne peut pas s’en affranchir totalement. En affectant d’ignorer les conséquences d’une inflation incontrôlée pour demain au nom de la lutte contre la récession aujourd’hui.

    On est également amené à considérer, pour en mesurer les limites, les conséquences monétaires d’une situation qui échapperait au contrôle d’une banque centrale donnée (et qui rejaillirait nécessairement sur les autres dans le contexte de forte interpénétration financière que nous avons atteint). Il en irait rapidement, par exemple, du statut actuel du dollar, dont la perte aurait d’énormes conséquences pour les Etats-Unis, dont la situation économique est déjà catastrophique.

    Il ne s’agit pas, avec ce type de prospective, d’annoncer des cataclysmes pour s’en réjouir. Mais de mettre en évidence que les solutions qui sont employées n’en sont pas véritablement. Ce ne sont que des pis-aller. Attendons donc les prochains épisodes.

  23. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Johannes finckh

    Je suis grâce à vous dorénavant imprégné de la pensée de Gesell, que je ne connaissais pas.

    Impliqué dans une chronique de l’actualité, dont je déborde il est vrai parfois, j’ai du mal à concevoir que les principes de la monnaie fondante pourraient être adoptés dans le cadre de la crise financière que nous connaissons par ceux qui en auraient le pouvoir.

    En réalité, au risque de vous décevoir, je ne crois pas qu’il y ait de solution monétaire à la crise actuelle, même si la réflexion sur la monnaie et son statut dans une société autre que la nôtre a toute son importance, comme un des élèments d’un édifice que nous peinons à imaginer, et dont les aspects sociaux et écologiques seront selon moi déterminants.

  24. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Farfelu

    Vous dites : « Je ne crois pas que ce soit si dangereux de refinancer un ABS de qualité médiocre en prenant de bonnes marges de manoeuvre, et seulement après un examen méticuleux du portefeuille de créances. Mais les Banques Centrales procèdent-elles ainsi ? »

    Si, justement, c’est dangereux. Car qu’est-ce une bonne marge ? Tous les refinancement d’ABS, RMBS, CDO etc ont tous appliqué « une bonne marge ». Pourtant elle n’était pas suffisante ni satisfaisante. Ces chers ingénieurs de la finances avaient même prévu des clauses « parachutes ». Comme chaque emprunt adossé à de telles créances était structuré en fonction de la qualité de cette dernière, on veillait non seulement à ce que la « marge » soit appréciable – jusqu’à 30% – et que les autres tranches puissent servir de palliatifs en cas de nécessité.

    La crise des subprimes a démontré l’inefficacité de cette approche. Les emprunts adossés aux contrats hypothécaires, que ces derniers soient de qualité (prime) ou non n’importait pas, étaient émis en tranche. Chaque tranche correspondant à une qualité particulière de contrats sous-jacents. Toutes les tranches étaient cependant reliées entre elles par une clause qui stipulait que la tranche la plus faible de la série devait automatiquement subvenir à une plus haute si cette dernière se trouvait en difficulté, donc après avoir manger sa marge. C’est la présence de cette clause, qui, au départ se présentait comme une assurance supplémentaire, a enclenché la boule de neige des effondrements de ces structures. Effondrements attisés de surcroît par le fait que les acheteurs ont eux-mêmes empruntés pour acheter ces titres adossés.

    Alors accepter qu’une banque centrale batte monnaie pour acheter de tels papiers, c’est franchement se moquer du monde et avaliser ces pratiques douteuses. Pour qu’un refinancement fonctionne, il faut que le sous-jacent soit neutralisé, rendu non négociable. Cela n’a jamais été le cas et les pratiques actuelles ne montrent aucune volonté de résoudre le problème comme il le faut. Comme le dit François, les solutions actuelles, proposées d’ailleurs par les fauteurs eux-mêmes, sont effectivement des pis-aller. Le boomerang frappera un jour violemment.

  25. Avatar de jacques
    jacques

    @ ghost dog
    Je viens juste de finir mon plateau-repas tv , waourf …Les Etats auront les moyens de leurs contribuables, augmentation des impots et économies sur les prestations sociales.Alors votez simplement pour dire que vous savez et que vous n’etes pas d’accord.Amicalement.

  26. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    Le problème des retraites et de la sécurité sociale semblait déja insoluble avant la crise
    je prend conscience que nous cherchons des solutions post apocalyptiques.
    Apparemment la seule mesure entreprise jusqu’a présent est de faire croire a une reprise pour renforcer le systeme financier
    Au dela de ca c’est le néant, les financiers préparent l’hiver et les politiques leurs servent la soupe.

  27. Avatar de Cécile
    Cécile

    citations de Brezezinski (extrait article Michel Collon dans le Grand Soir -sept 2008)

    « « Le déclin des Etats-Unis est inévitable » (Zbigniew Brzezinski)

    Dans son livre, Brzezinski proposait une stratégie agressive et machiavélique pour sauver l’Empire US. Mais lui-même, croit-il que ça marchera ? Aussi surprenant que ça paraisse, la réponse est : Non.

    « A long terme, la politique globale est vouée à devenir de moins en moins propice à la concentration d’un pouvoir hégémonique dans les mains d’un seul Etat. L’Amérique n’est donc pas seulement la première superpuissance globale, ce sera très probablement la dernière. » (p. 267)

    La raison tient dans l’évolution de l’économie : « Le pouvoir économique risque aussi de se disperser. Dans les prochaines années, aucun pays ne sera susceptible d’atteindre 30% environ du PIB mondial, chiffre que les Etats-Unis ont maintenu pendant la plus grande partie du 20ème siècle, sans parler de la barre des 50% qu’ils ont atteinte en 1945. Selon certaines estimations, l’Amérique pourrait encore détenir 20% du PIB mondial à la fin de cette décennie pour retomber à 10-15% d’ici l’an 2020, tandis que les chiffres d’autres puissances – l’Europe, la Chine, le Japon – augmenteraient pour égaler approximativement le niveau des Etats-Unis. (…) Une fois que le déclin du leadership américain sera amorcé, la suprématie dont jouit aujourd’hui l’Amérique ne pourra être assurée par aucun Etat isolé. » (p. 267-8)

    « Une fois que le déclin du leadership américain sera amorcé ». Brzezinski ne parle donc pas d’une possibilité, mais d’une certitude. Il écrit cela en 1997. Aujourd’hui, il est devenu clair que le déclin est bel et bien amorcé. Le monde devient multipolaire.

  28. Avatar de johannes finckh

    @François Leclerc
    Merci de m’avoir répondu! Vous avez raison, pour que cette monnaie puisse avoir une chance, il s’agit d’avoir les soutiens des politiques et des économistes de renom, ce qui n’est pas le cas!
    J’ai envoyé à Paul Jorion un exemplaire de l’ordre économique naturel de Silvio Gesell (en français); si vous ne l’avez déjà (il est téléchargeable, mais c’est un peu long), je vous l’enverrai à mes frais et gratis et avec plaisir! envoyez-moi un mail dans ce cas: johannes.finckh@wanadoo.fr
    D’un point de vue technique, cette réforme est vraiement simple et efficace!
    En tout cas, je crois que cett réforme est une chance pour pouvoir stabiliser l’économie et pour en finir avec des crises monétaires systémiques!
    Bien à vous, jf

  29. Avatar de johannes finckh

    @François Leclerc et Farfelu:
    je pense, pour ma part, que les banques centrales ne contrôlent plus guère grand’chose!
    L’hyperinflation guette bien au coin du bois au USA; au Japon, c’est la déflation malgré l’arrosage massif du pays en Yens depuis 20 ans! Et là aussi, cela finira en hyperinflation certainement, idem l’Europe et GB!
    Les BC n’auront certainement pas les moyens de retirer suffisamment vite les liquidités en excès!
    Sauf avec la monnaie anticrise qui se substituerait efficacement et en quantité limitée à la monnaie actuelle, sans interrompre la circulation (comme actuellement) avant de se déverser en torrent comme cela se produira avec la monnaie actuelle!

  30. Avatar de logique
    logique

    Désolé mais il n’y a pas que les banques centrales qui ne plus controle plus rien, les politiques sont dans le même cas.
    Je me demande parfois si ces élégants dessus ne sont pas completement verollés. D’ailleurs les prochaines années risque d’être une reprise de la colère populaire plutot qu’une reprise économique. Mais il nous reste encore un peut de temps avant que les pigeons se transforme en oiseaux, comme dans le film d’HITCHCOCK.

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