Billet invité.
VISIONS INABOUTIES DE HUIT DEFIS POUR DEMAIN
Une fois n’est pas coutume, c’est dans la presse française que j’ai hier trouvé matière à commentaire. Plus précisément dans la lecture de la chronique de Nicolas Baverez, intitulée « Huit défis pour demain » (Le Monde daté du 3 juin). Après avoir lu une synthèse de sa pensée qui justifie de s’y attarder : comment cet économiste, qui n’est jamais passé pour un pourfendeur du capitalisme financier, voit-il donc l’avenir ?
Croissance faible, chômage de masse, hyper dette des Etats, bulle financière des banques centrales, inflation, système monétaire international, conversion des modèles économiques et politique économique, voici au mot près les intitulés des défis qu’il annonce, déjà en soi éloquents pour les premiers d’entre eux. Sans être totalement surprenantes pour tout observateur assidu de la crise en cours. A remarquer que l’hypothèse d’un rebondissement de la crise financière n’est, quant à elle, même pas envisagée, ce qui n’est pas étonnant, vu que ses causes sont proprement escamotées. Là n’était pas le sujet, assurément.
On pourrait en premier lieu remarquer, non sans céder à la polémique, que cette prospective devient paradoxalement plus intéressante quand elle s’interrompt et appelle des prolongements. Pas un seul mot n’est en effet consacré à l’assainissement et à la régulation du système financier, sauf pour évoquer la nécessité de « doter la mondialisation d’institutions et de règles », ce qui est d’autant plus court que la mission qui leur est assignée est toute autre, nous le verrons. Il est par contre expliqué, de manière quelque peu énigmatique, que l’activité « restera durablement molle (…) durant la reconstitution des fonds propres des banques et la normalisation des politiques monétaire et budgétaire. » Et, plus loin, laissant cette fois-ci poindre une certaine circonspection, que « les banques centrales sont devenues de gigantesques fonds spéculatifs qui ne pourront plus jouer leur rôle de prêteur en dernier ressort tant que leur bilan n’aura pas été assaini » (il considère que les 2/3 du bilan actuel de la Fed sont constitués d’actifs toxiques).
Sur ces deux éléments-clé de la situation, nous n’en saurons malheureusement pas plus. Comment les banques vont-elles reconstituer leurs fonds propres et les banques centrales vont-elles pouvoir assainir leur bilan, cela ne pas partie des questions justifiant un éclairage. Faute de mieux, on croit comprendre que c’est l’opération du Saint Esprit qui sera à chaque fois appelé à la rescousse. Le temps aidant, mais l’on ne sait pas trop bien non plus comment. Nicolas Baverez élude cette question primordiale, pourquoi donc ? Tout simplement parce que ce n’est pas le sujet, sans aucun doute.
Une telle amélioration des comptes ne peut résulter que de deux facteurs, en plus des résultats financiers de l’activité traditionnelle des banques, dont on comprend qu’elle se doit de générer de fortes marges pour que le processus ne soit pas trop long. Soit, à un moment ou à un autre, les actifs toxiques sont cédés, soit ils reprennent de la valeur. S’il est concevable que certains d’entre eux, mais nul n’est capable d’en déterminer à l’avance la proportion, pourraient effectivement reprendre des couleurs, une fois l’économie relancée, même à faible vitesse, il n’est pas besoin de longuement s’interroger pour deviner l’identité d’éventuels repreneurs, dans un cas comme dans l’autre. Les Etats, bien entendu, qui devront emprunter pour ce faire. Auprès de qui ? Mais des investisseurs privés, qui d’autres ? qui ne voudront jamais se fourvoyer dans une telle affaire à haut risque, à moins de bénéficier de la garantie de l’Etat, ce qui est précisément le modèle déployé par le Trésor US (dont on attend de voir comment il va fonctionner). Sans faire de mauvais procès à Nicolas Baverez, ni injure à ses capacités d’analyse, n’est-ce pas parce que cette conclusion est la seule possible qu’il a choisi de ne pas en faire état ?
Un phénomène majeur est par ailleurs enregistré, une fois admis la faiblesse de la croissance attendue, ainsi que le chômage durable, « qui va s’installer ». « La déflation n’a été arrêtée – explique au présent Nicolas Baverez comme si on y était déjà – qu’au prix d’un vaste et dangereux transfert des dettes du secteur financier vers les Etats » (Il oublie de préciser du secteur financier privé). Puis, il poursuit, en analysant les conséquences : « A terme, seul un délicat équilibre entre la croissance, les hausses des prélèvements et l’inflation pourra réduire la dette publique ». Cette fois-ci, tout est dit.
Si, encore fidèle sur ce point à sa conception monétariste, il voit bien menacée « la suprématie du dollar », reprenant doctement à son compte la thèse américaine de la surévaluation du yuan chinois, qui a « joué un grand rôle dans le déséquilibres mondiaux », il considère toutefois que ni la Chine ni l’Europe ne pourront supplanter le dollar dans son rôle actuel, éludant pour la commodité de l’exposé la proposition chinoise que ce soient les droits de tirage spéciaux (DTS), c’est-à-dire un panier de devises, qui puissent jouer dans l’avenir ce rôle.
Tout à sa vision, il préconise « une réindustrialisation basée sur l’économie de la connaissance au Nord » ainsi que sur la « …dynamisation de la demande intérieure au Sud ». Si cette dernière prendra du temps, mais peut être en effet considérée comme un remède envisageable, l’effet d’entraînement sur l’ensemble de l’économie du Nord du seul secteur dit des « technologies de l’information » (ou de la connaissance) est une sorte d’incantation que l’on répète sans trop réfléchir, comme pour mieux s’en convaincre. Il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent, une fois que l’on a parlé des autoroutes à péage, de la grande distribution et des aides aux personnes âgées, dont le potentiel de croissance n’est tout de même pas infini… Même aux Etats-Unis, où ce secteur des « NTI » est pourtant, avec « l’industrie financière », un des phares et des piliers de l’activité économique et de sa croissance, on constate, lorsque l’on considère sa contribution effective au PIB, qu’il ne suffit pas à la tâche, surtout si la part de la consommation des ménages dans la croissance devait décroître comme c’est très probable. Cette impasse mériterait quand même que l’on s’y attarde un peu. Passons, également, sur cette facilité déconcertante de langage qui place la Chine dans l’hémisphère Sud…
« Il faut réhabiliter des politiques budgétaire, fiscale, industrielle… » conclut Nicolas Baverez, envisageant de confier cette mission à des institutions mondiales, dotées de règles, est-il bien précisé à notre grand soulagement. Hélas, la nature de cette nouvelle gouvernance mondiale n’est pas évoquée, et c’est bien dommage. Car, là aussi, le débat devrait être engagé quand Nicolas Baverez l’arrête. Il est clair que si le modèle de la gouvernance de demain devait être recherché auprès des institutions internationales actuelles, FMI, Banque Mondiale, OMC, etc. on serait en droit de s’interroger sur le « déficit démocratique » prononcé de ce qui nous est proposé. De se demander si ces futures institutions ne risqueraient pas d’être aussi opaques dans leur fonctionnement que ne le sont actuellement les banques centrales et la Banque des Règlements Internationaux (BRI), ce saint du saint qui les réunit ?
Les Etats n’ont certes jamais été un modèle de transparence, mais il était devenu de tradition qu’ils soient, en Occident tout du moins, gérés par des gouvernements issus du suffrage universel. Pour le meilleur et pour le pire. Devons-nous comprendre que ce qui est déjà largement acquis, à savoir que les gouvernements sont dépassés et le reconnaissent d’ailleurs du bout des lèvres, va être ultérieurement officialisé ? Que l’oligarchie financière mondiale envisage de se doter d’un instrument de pouvoir à sa mesure ?
53 réponses à “L’actualité de la crise : Visions inabouties de huit défis pour demain, par François Leclerc”
Bonjour,
« Devons-nous comprendre que ce qui est déjà largement acquis, à savoir que les gouvernements sont dépassés et le reconnaissent d’ailleurs du bout des lèvres, va être ultérieurement officialisé ? Que l’oligarchie financière mondiale envisage de se doter d’un instrument de pouvoir à sa mesure ? »
C’est un peu pour cela que cette constitution pour l’économie débattu ici me fait un peu froid dans le dos. Je la perçois comme un cheval de Troie pour une instauration de cette fameuse gouvernance mondiale. Même si les principes initiaux qui la sous tendent sont très louables…
Le retour au politique des nations, un jour j’espère…
C’est à dire un retour aux Nations?
Car le nouvel ordre mondial a échoué en apparence.
A moins qu’il ne sache parfaitement ce qu’il fait…
Le bordel précédant généralement la demande d’ordre par les Peuples.
Sacré gaillard ce Nicolas !…
Avec lui comme économiste en chef de la France, pas de doute vous en Baverez.
Plus sérieusement voyez l’excellent article de Henry C. K. CHUI sur contreinfo.info
Mouai, pas étonnant qu’on ne voit pas le bout du tunnel avec ce genre d’enfumeurs …
Une information susceptible de créer la panique sur le dollar :
June 3 (Bloomberg) — Bill Gross, founder of Pacific Investment Management Co. (PIMCO), advised holders of U.S. dollars to diversify before central banks and sovereign wealth funds ultimately do the same amid concern about surging deficits.
PIMCO est le plus important fonds d’obligations américaines.
Devant le Congrès, Ben Bernanke, président de la Fed, a aujourd’hui appelé les dirigeants du pays à apporter « une attention expresse » au problème posé par l’aggravation du déficit, pouvant provenir « des difficultés budgétaires et économiques qui vont de pair avec le départ à la retraite de la génération du baby-boom et la hausse durable des coûts médicaux ». Il a également déclaré que les craintes relatives au déficit avaient déjà des incidences sur les taux à long terme des obligations américaines.
Si de nouvelles mesures de relance devaient de ce fait être limitées, quelles en seraient les conséquences, étant donné que, déjà, Ben Bernanke prévoit que « même une fois une reprise apparue, le taux de croissance de l’activité économique réelle devrait rester sous son potentiel de long terme pendant un moment » ?
On admirera l’expression « rester sous son potentiel », en se demandant comment il opeut être estimé.
Les artistes officiels peuvent se permettre de choquer le Prince; pas les économistes officiels. Mais servir un brouet pareil, tout de même, c’est pousser l’allégeance un peu loin, non ?
Cette fois Bernanke peut lâcher les chevaux de l’apocalypse.
Au point où on en est on ne peut plus le déclarer responsable du pire.
Il va pouvoir faire les annonces les plus realistes et pessimistes comme qui rigole… et se défausser sur le destin qui comme chacun sait se rit des actes des dirigeants de la FED.
@ JJJ
Il y a les silences de Nicolas Baverez, que j’ai relevé, mais ils ne doivent pas faire oublier le reste, car son propos reste cohérent s’il est incomplet. Je fais référence à sa description de l’avenir proche, dont témoignent ses 5 premiers « défis »: croissance faible, chômage de masse, hyper dette des Etats, bulle financière des banques centrales, et inflation.
Nicolas Baverez , un des disqualifiés !
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/LORDON/16500 ((L’article égratigne aussi Attali. désolée , Paul).
En plus, au meme moment, j’entends Jacques Marseille péroré doctement à « C dans l’air » en qualifiant cette crise de « crise classique » dont fin se situera dans 12 à 18 mois, comme toutes les autres.
On dirait que tous ceux qui se prosternent devant le mythe de l’autoregulation, et qui se faisaient discrets depuis l’autonme dernier, sont entrain de reprendre du poil de la bête depuis que les indices boursiers repartent à la hausse.
Apres le déni, l’enfumage comme le dit Ybabel
avec la rumeur qui bruisse d’un JM Messier-J6M pressenti pour le prochain gouvernement et les sondages qui donnent les liberaux victorieux aux Europeennes , c’est à n’y rien comprendre !
Si !
Les français sont des veaux!
Et Marseille un jobard.
Le Baverez de LA FRANCE QUI TOMBE ne semble pas lire plus loin que la fin de son article .
Quand la majorité des salariés chôment qui paye les frais sociaux ?
Comment l’état finance-t-il les retraites?
Même si la France jouit , comme le dit un Marseille, d’un parachute social enviable..c’est pour combien de mois de plus que le monde qui tombe?
Désolé, j’ai vu aussi ce Marseille en direct et j’avais envie de lui passer un gros savon.
« …croissance faible, chômage de masse, hyper dette des Etats, bulle financière des banques centrales, et inflation… »
Cherchez l’intrus.
Madame DUMAS et Daniel COHEN :
Au secours !!!!
Et secouez (Dumas) un peu plus les salariés,sans les bénir quand ils se satisfont de miettes (Continental ici, 200 euros là … ) . Et la CGT /L’Huma qui réclament un smic européen !!! =
Oui,peutêtre,à condition que cela ne soit qu’un début de la reconstruction d’un autre type de répartition des richesses.
Lire Krugman sur cette baisse des salaires dans contre info info
Jacques Marseille un personnage si attachant, si sympathique, si positif et merveilleux, quel verbe, si sincère qui vous ferait même encore croire au libéralisme les yeux fermés, mais qui hélas comme beaucoup de ses ami(e)s ne voit pas encore très bien la réalité et le quotidien de pas mal de gens aujourd’hui, et c’est bien dommage pourvu que ça dure, de vouloir continuellement pérorer en vain sur les plateaux télé à des années lumière de ce que peuvent vivre certaines personnes au quotidien n’arrivant même plus à vous suivre,quel grand oubli de l’autre, de l’homme …
Oui c’est certainement une petite crise classique de rien du tout pour tant de gens, tant bien sur que cela ne touche
pas encore les vôtres vos petits enfants, si bien protégés, n’est ce pas liberté chérie, dans le laisser faire et le laisser aller des puissants sans aucun états d’Ames, pire sans scrupules, Ohh oui nous n’avons pas encore tout vu …
Tiens je préfère plutôt écouter encore cela à la place maintenant:
http://www.youtube.com/watch?v=QMLB4mdlcHc&feature=related
La crise on s’en fout ,on est prêts
Des preuves ? :
– la mode bio nous à préparés à revivre comme il y a 220 ans.
– les lumières d’un certain islam nous ont préparé aux fastes d’une nouvelle inquisition.
@Eomenos
le raisonnement humain dans toute sa superbe :
ce que l’Islam nous prépare (hypothétique) ressemble à ce que nous avons fait (avéré) donc … ce sont des monstres !
pas très sympa tout ça .
@ Tartar
moi, je n’ai pas pu m’empêcher d’en passer un (de savon) à Yves Calvi
je reproduis le message:
Cher Yves Calvi,
il faudrait arrêter d’inviter Jacques Marseille, il en va de la crédibilité de l’émission: ceux qui ont un minimum de mémoire savent qu’il ne fait que de la propagande de régime, que depuis des mois ses interventions proposent des analyses et des interprétations qui se révèlent fausses(les institutions internationales vont résoudre la crise, la France n’est pas en crise, les banques se portent bien comme l’économie réelle…fadaises!).
Encore ce soir il continue à affirmer des choses qui n’ont pas grand chose à voir avec la réalité. Les autres intervenants ont essayé de le corriger, mais c’est inutile, il insiste depuis des mois à essayer de propager des contrevérités évidentes:
– le pouvoir d’achat augmente: faux= (comme expliquaient aussi les autres intervenants) la paye médiane n’augmente pas depuis 25 ans, tandis que l’inflation (même officielle, càd tronquée des prix du logement et de l’énergie) a continué d’augmenter. L’augmentation du pouvoir d’achat est un effet statistique du à l’augmentation des hauts revenus qui tirent les statistiques vers le haut (paye moyenne à la place de la paye médiane) et de l’utilisation d’un calcul fantaisiste de l’inflation.
– Les frais de solidarité seront les impôts de demain, laissée en héritage à nos enfants (rabâchage habituel et pseudo logique): entretemps nous payons, hier, aujourd’hui et demain, avec nos impôts (des salariés) sur le revenu (50 milliards) les niches fiscales (environ 40 ou 50 milliards), l’évasion fiscales (entre 50 et 70 mld) et les aides aux entreprises qui licencient (?). alors ce ne sont pas les quatre sous de la solidarité à payer en plus qui nous font peur!
– les chiffres du chômages sont meilleures que dans les crises précédentes parce que on a changé (et plusieurs fois) la méthode de calcul, en fait les chiffres réelles sont plus proche du 20 %: 2,400,000 chômeurs catégorie A (presque 9%) + chômeurs cat. B,C,D, E (officiels),3,500,000 + chômeurs non déclarés: CES, radiations, RMIstes non inscrits à l’ANPE (2/3 environs), en stage et formations, et on s’approche joyeusement des 5 millions =’20 % des actifs (environ 25 millions)
– la France ne s’en sort pas mieux que ses voisins, pas plus que l’Italie, si ce n’est que par la magie de la propagande de Sarkozy et Berlusconi et leurs acolytes; la crise a seulement quelques mois de retard pour des raisons structurelles (les protections sociales plus efficaces, la protection de l’euro, l’endettement relativement faible de l’état pour la France, des ménages pour l’Italie).
– les profs auto-entrepreneurs il y en a très peu, et s’il y en a c’est parce que notre paye devient par ces temps carrément misérable, par rapport au niveau de vie qu’on serait en droit d’espérer ayant bac + 4 (ou plus); mais on ne se plaint pas: j’ai regardé la structure des revenus salariés en France et en tant que prof (1800 € par mois et beaucoup de dettes) j’appartiens au 30% plu favorisé de la population (alors le reste…!)
Invitez plutôt Paul Jorion, (voir son blog : http://www.pauljorion.com/blog/),qui avait prévu la crise et l’analyse surement mieux, ou François Leclerc (intervenant sur le même site), ou moi-même, si vous voulez, prof sans titres particuliers, mais assez renseignée et surtout douée de mémoire et de bon sens.
Cordialement (mais assez énervée)
Baverez n’a pas de honte après s’être autoproclamé « déclinologue »(une valeur ajoutée pour un économiste) il nous a vendu pendant des années le système qui vient de « scraccher » sous nos yeux. Il avait simplement vu le déclin du mauvais côté.
Qu’il veuille maintenant se resaisir et se recrédibiliser dans « le Monde »c’est tout à fait son droit, il a encore quelques alliés comme J.Marseille et l’hebdomadaire « Le Point » pour les héberger.
C’est difficile de manger son chapeau.
@ Eomenos
vous ne forcez pas un peu le trait ?
Pourquoi ce parallèle entre le bio et l’intégrisme islamique ?
Cela n’a aucun rapport, ou alors de façon lointaine quand les adeptes du bio deviennent intolérants, ce qui ne remet pas en cause la nécessité de nouvelles pratiques agricoles et donc aussi de reconsidérer notre rapport à une alimentation industrialisée à outrance.
Le bio n’est pas une mode. C’est une pratique agricole plus respectueuse de l’écologie, de la santé et même du goût !
Le bio n’est une mode que si on envisage son existence sous le seul angle consumériste, auquel cas « consommer bio » fait intervenir la question du pouvoir d’achat, et donc la publicité et le marketing. La récupération du « bio » par les grands distributeurs.
S’agissant de l’Islam il n’y a aucune fatalité à ce que celui-ci suive la pente de l’intégrisme.
J’aurais même plutôt tendance à penser que l’intégrisme islamique se nourrit des contradictions de plus en plus flagrantes du système capitaliste et de son soi-disant libéralisme avancé qui masque souvent des accointances avec les régimes dictatoriaux qui sévissent au proche et moyen-orient.
@ Malik,
Ne pas me faire écrire ce que JAMAIS je n’ai et n’aurais écrit.
Les « lumières » d’un certain islam, ce n’est pas « l’Islam » . Les intégristes de tout poil (sans jeu de mot) et en toute matière (y compris économique) sont des gens dangereux et souvent méprisables.
ravie d’avoir découvert le blog, j’y apprends plein de choses,
merci à son auteur, qui fait un grand travail et permet la confrontation libre des idées,
tellement absente des media,
merci à ceux qui y participent
ce n’est pas exactement le sujet, mais, pour plus de visibilité,
je me permets de poster ici des réponses à des commentaires antérieurs :
@ antoine
ne croyez pas qu’on est nécessairement réduits à la croyance :
http://www.automatesintelligents.com/biblionet/2006/sep/mms.html
@ antoine
[ reconstruction bizarre… Il faudrait arrêter avec la fable d’un Moyen Age plongé dans les ténèbres et la Renaissance comme redécouverte de la pensée classique… Ce que l’on doit à la philosophie politique médiévale est sans commune mesure avec ce qu’apporte la Renaissance en matière de philosophie politique (Maimonide, Al Farabi, Halevi, Thomas d’Aquin, Averoes, Guillaume d’Ockam. Penchez vous sur les pensées médiévales de la Loi…]
(je ne comprends pas le ton condescenden, mais bon…vous devez avoir vos raisons)
parler de ténèbres du Moyen Age est justifié :
envoyer, après la période antique de libre pensée, des gens au bûcher
parce qu’ils ne se soumettent pas au dogme
(pour lequel on accède à la vérité par divination ou révélation)
c’est, effectivement, replonger la pensée dans les ténèbres
les auteurs que vous citez ne sont pas sortis de ces ténèbres,
ils n’ont fait qu’essayer de concilier foi et raison,
quand ce n’était tenter de consolider la première par la seconde
on ne peut, certes, pas le leur reprocher : la pensée libre n’en était qu’à ses débuts
la modernité n’a pas une théorie politique unique, elle a des penseurs très divers
en pratique, cependant, elle raisonne implicitement ainsi :
vu que divination et révélation ne peuvent plus être considérées comme sources de vérité,
vu que la science expérimentale n’est pas appliquable aux valeurs morales,
vu que l’individu a doit vivre en société
et vu qu’il a le droit de penser librement
il ne reste, pour ce qui est de l’organisation de la cité, qu’à laisser les individus à en décider;
au cas où leurs opinions sont différentes, a raison celle qui est majoritaire,
sous peine qu’il ne reste alors que le bain de sang pour en décider
en absence d’assises dites scientifiques, on a adopté une pensée pragmatique,
la majorité ne doit donc pas être vue comme une dictature, mais comme une nécéssité pratique
maintenant, il est certain que cette majorité peut être manipulée,
mais alors à qui la faute ?
question qui a l’air cynique, mais je ne le suis pas, j’essaie de réfléchir
depuis cinquante ans on nous serine que l’argent est la valeur suprême,
or l’argent n’est pas illimité, et, qui plus est, tout le monde n’est pas parti du même starting-block,
lamas, moutons, pigeons (clin d’oeil à notre Auguste expert, dont je salue l’indignation, la sagacité
et le talent d’écriture), qui ont pris ça pour argent comptant, en font maintenant les frais
ils n’ont qu’à réagir, à qui la faute qu’ils prennent parti pour la servilité, plutôt que pour la dignité ?
vous parlez égalité, dans quel sens ?
celui qui a sué en étudiant pendant 20 ans (un médecin), peut-il recevoir la même chose
que celui qui n’a ou presque pas étudié ?
l’égalité ne peut être conçue qu’égalité de droit à une vie digne d’un être humain
vous dites fraternité : la pertinence du concept est problématique, Abel et Cain étaient frères…
solidarité ? ce n’est pas pertinent, en effet,
le mot désigne « le sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle »,
or ce sentiment est loin d’être partagé de tous
je dirais plutôt équité : à chacun selon le mérite, avec la précision que personne ne doit
manquer de ce qui est nécessaire pour vivre (santé, logement, éducation, travail, loisirs)
comment réaliser l’équité ?
le revenu d’existence semble une piste à explorer
les causes du problème résident dans deux défauts majeurs constitutifs de l’individu :
le manque du sentiment de dignité personnelle etl’indifférence aux souffrances d’autrui
l’individu peut-t-il changer ?
jusqu’à présent,la prédication (philosophes, religieux) n’a pu le faire changer
et la force (Marx, dictature du prolétariat) est inadmissible
cependant, un saut qualitatif dans l’évolution n’est pas exclu
(certains grecs anciens considéraient le mal comme un accident sur le chemin du bien)
sur la liberté :
Kant n’a pas défini la liberté pratique (politique) mais le concept philosophique de liberté,
or tout concept philosophique est par définition spéculatif ou métaphysique, comme vous dites,
avec la précision que métaphysique ne veut pas dire ici mystique, comme vous semblez l’entendre,
mais suprasensible, pour parler comme Kant…
http://www.philocours.com/disse/comm-kant-lib.html
la liberté comme fait de ne pas être dominé : cette acception me semble inopérante :
le pauvre dit : je suis libre quand je ne suis pas dominé par le riche,donc quand j’ai autant que lui
le riche dit : je suis libre quand je ne suis pas dominé par le pauvre, qui veut avoir autant que moi
@ eugène
l’Homme ne se réduit pas à la somme des aires neuronales de son cerveau
la vision que vous avez de la chose scientifique porte un nom : scientisme
( http://fr.wikipedia.org/wiki/Scientisme )
la science répond au « comment ? », la philo tente de répondre au « pourquoi ? » (question du sens)
@ Crapaud Rouge
[ » à propos de la philosophie comme science de la pensée : Un jour, la mère de deux fausses jumelles m’apprit que l’une se destinait à la philosophie, l’autre à l’armée. Tout semblait donc les opposer, mais pas pour moi : je lui ai répliqué que la philosophie c’était la discipline de l’esprit, et l’armée : l’esprit de discipline. »]
en effet, la discipline est commune aux deux
mais la discipline n’est que le moyen de ces activités, leur but s’avère être différent :
la première se propose de réfléchir, la seconde d’agir
la philosophie suppose la préférence pour décider par soi-même,
l’armée, celle d’obéir à la décision d’autrui
la première est ainsi prête à assumer la responsabilité d’une éventuelle erreur,
la seconde préfère décliner cette responsabilité
cela ne veut pas dire que choisir la philo soit moralement supérieur
quant à savoir la cause de cette différence de caractère,
il est vraisemblable qu’elle subsiste dans la fausse gémellité,
qui comporte des patrimoines génétiques différents
il se peut toutefois qu’elle soit acquise : quand l’entourage insiste trop sur la gémellité
(même vêtements etc.) les jumeaux vont essayer de se différencier
@ Pierre-Yves D,
Mais si bien sûr. C’est même le but. Action-réaction- discussion.
Ceci dit, sur le fond je maintien que la techtonique des idées est en route.
Le retour à la nature, le retour à la religion font partie des mouvements idéologiques qui marqueront (d’une pierre blanche ou au fer rouge- c »est pas évident) ce siècle.
Je puis aussi vous parler de l’école des « zéguistes » ce mouvement né dans les années 1970 (e;a; René DUMONT) et qui annonçait et prônait la croissance « Zéro » pour la survie de l’Humanité.
Nous y sommes,…presque.
En ce qui concerne l’intégrisme islamique, voir ma réponse à Malk.
Sur le fond je suis d’accord avec vous. Cela n’empêche que le proche et le moyen orient ont produit ces derniers temps quelques « beaux » exemplaires de « Torquemada ».
C’est n’est pas flatteur, c’est inquiétant.
Chômage : la crise pourrait durer de six à huit ans, selon le chef de l’Organisation Internationale du Travail.
La crise de l’emploi et la protection sociale provoquée par la crise économique mondiale actuelle pourrait durer six à huit ans, a mis en garde mercredi le directeur-général de l’Organisation internationale du Travail (OIT) Juan Somavia.
Devant les délégués de la 98ème Conférence internationale du travail, il a appelé à l’adoption d’un pacte mondial pour l’emploi.
Avec quelque 45 millions de personnes qui entrent chaque année sur le marché du travail, le monde aura besoin de créer 300 millions de nouveaux emplois d’ici 2015 rien que pour les taux de chômage restent stables, a-t-il prévenu.
Or « les choses vont dans la direction opposée », a constaté Juan Somavia, lors de l’assemblée annuelle de l’organisation onusienne qui regroupe 183 pays.
Juan Somavia a déclaré que l’économie mondiale allait se contracter de – 1,3 % cette année et que le chômage risquait d’augmenter encore en 2010 et peut-être en 2011. Les faillites augmentent de façon « exponentielle », a-t-il mis en garde, la pauvreté augmente et les classes moyennes sont fragilisées.
Le diplomate chilien, qui dirige l’OIT depuis 1999, appelle les gouvernements à prendre des mesures pour soutenir l’emploi et la protection sociale en plus des plans de relance qui se sont concentrés sur le sauvetage des banques et des entreprises.
Si le G-20 a pris des mesures audacieuses pour lutter contre la crise financière, a-t-il expliqué, la situation de l’emploi ne se rétablit généralement après une crise qu’au bout de quatre à cinq ans. Dans le cas présent, « le monde fait peut-être face à une crise des emplois et de la protection sociale d’une durée de six à huit ans », a-t-il estimé. « Faire passer en premier les personnes, pas seulement le dire mais le faire, doit être la priorité ».
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=8fa6941caafdcfdbcfab0a113fcf1094
@ Eomenos
Ceci dit, pratiquement tout ce que redoutait René Dumont s’est révélé exact.
Son « programme » politique était peut-être un peu brut de décoffrage, mais s’il avait été un peu plus écouté
nous ne serions pas dans la panade écologique que nous connaissons aujourd’hui.
.
Je me souvient parfaitement de sa prestation télévisée lors de la campagne présidentielle de 1974 (je n’avais que 13 ans à l’époque !)
où un verre à la main il nous disait que l’eau était précieuse et qu’un jour nous pourrions en manquer.
Eh bien nous y sommes, la plupart des nappes phréatiques, des mers, des océans sont pollués par des molécules complexes déversées sans complexe par une industrie chimique et pharmaceutique qui n’a cure des retombées à court et long termes pour les éco-systèmes et par voie de conséquence pour la santé. Idem pour les terres arables qui se dé-fertilisent.
très émue en la regardant, je tiens à partager cette vidéo :
elle me semble faire écho au billet antérieur de M. Jorion sur Susan Boyle
cette musique, cette danse nous interpelle,
elles nous posent une question difficile :
alors que la vie est si courte, plutôt que de s’entre-déchirer, pourquoi les êtres humains
ne peuvent-ils vivre en harmonie et dévouer leur vie à la beauté ?
ils en auraient pourtant amplement les moyens…
mon hommage à tous les vrais artistes,
ceux qui ne troquent pas leur vocation contre des paradis fiscaux
(est-ce parce qu’on a si bien senti, dans la voix de Susan, qu’elle n’en est pas une, qu’elle n’a pas gagné ?)
@ François Leclerc
J’ai trouvé excellent votre redoutable décorticage de l’article de Nicolas Baverez.
C’est ici que l’on peut avoir se rendre compte que vos synthèses s’appuient d’abord
sur des analyses ! Expérience à renouveler avec d’autres auteurs et d’autres articles !
@eomenos
je ne doute pas du fond de votre pensée , jai plutot été géné de l’ambigüité de la forme
quant aux intégristes , ils ne lisent probablement pas ce blog inutile donc d’alimenter le feu (sacré ?)
@ Sylvie
Igor Krutoy. Hmm… Je préfère l’original :
Paolo Conte : Max
Merci Sylvie pour cette autre vidéo du même genre, de vouloir encore montrer à des gens comme Jacques Marseille ou comme d’autres du même acabit, que la vie en société ce n’est pas non plus que cela, que la bêtise, la finance, l’amour de l’argent, du gain en plus, la recherche du pouvoir, du plaisir également d’écraser d’autrui, d’en prendre toute la place dans une société, mais quel grand malheur pour l’homme …