Augmenter les salaires en Europe, le plus rapidement possible

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Je me pose deux questions ce matin. La première, c’est celle-ci : la hausse récente des taux longs américains (3,53 % pour le 10 ans qui décolle, contre 0,95 % pour le 2 ans) signifie-t-elle que « les marchés » (= ceux qui achètent et vendent des Bons du Trésor) anticipent une reprise solide de l’économie justifiant une rémunération bonifiée des investisseurs, ou bien est-ce la prime de risque comprise dans un taux qui fait que les taux longs grimpent, les investisseurs anticipant une rétrogradation de la notation du risque de crédit de l’État américain ?

La réponse à cette première question est simple : la seconde hypothèse est la bonne.

La deuxième question, c’est la semi-nationalisation aujourd’hui de General Motors qui oblige à la poser (60 % pour le gouvernement US, 17,5 % pour le fonds de gestion syndical des employés, 12 % pour l’État canadien et la province d’Ontario). J’écris « semi-nationalisation » puisqu’on l’a compris, jusqu’à nouvel ordre, les US ne nationaliseront rien, continuant de communiquer au monde le message TINA (There Is No Alternative) : ceux qui sont à l’origine du problème demeurent les plus qualifiés à les résoudre. Pourquoi maintient-on en place une équipe qui perd ? parce qu’il n’y en a pas d’autre, mon bon Monsieur ! La question, c’est celle-ci : assiste-t-on – simplement – à la fin de l’empire américain ou – plus dramatiquement – à la fin du capitalisme ? la deuxième branche de l’alternative ayant pour conséquence qu’un corollaire habituel resterait d’application : quand l’Amérique est malade, le temps d’incubation de l’Europe est de six mois environ.

Là aussi, sur la deuxième question, si rien n’est fait, je penche pour la seconde hypothèse. On a cru un instant, il y a un an ou deux, que la finance d’Europe de l’Est s’en tirerait mieux d’affaire que celle d’Europe Occidentale, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il s’agissait simplement d’une question de temps de latence. Il en sera de même pour l’Europe par rapport aux États–Unis. Ceci dit, la meilleure couverture sociale des ménages européens amortira mieux le choc qu’en Amérique, et ça c’est une excellente nouvelle pour les Européens.

Autre aspect de la question : si les États–Unis devaient redémarrer rapidement (on le leur souhaite de tout cœur, même si rien ne porte à le croire), ce serait à nouveau sur le mode de la bulle financière : parce que les consommateurs s’endetteraient à nouveau comme des bêtes, dans le même contexte de salaires déprimés qui a conduit à la crise. Ce qui suggère, sinon une solution à la crise (le système est très, très fatigué !) en tout cas un moyen excellent de la contenir (c’est la raison de mon « si rien n’est fait », un peu plus haut) : augmenter les salaires le plus rapidement possible.

Comme vous le voyez, je ne suis pas partisan de la politique du pire : je suggère de manière constructive le moyen pour le système capitaliste de retrouver un second souffle. Je suis certain que ceux qui ont à cœur sa survie entendront mon appel. À moins bien sûr qu’ils ne croient vraiment qu’il n’existe pas d’alternative. Je veux dire en leur for intérieur et pas uniquement à des fins de propagande.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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159 réponses à “Augmenter les salaires en Europe, le plus rapidement possible”

  1. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ A.

    « Bien sûr, la conclusion est très contestable et elle arrange ceux qui nous ont conduit à ce désastre. »

    je ne suis pas convaincu par votre propre conclusion :
    le désastre que nous connaissons n’arrange personne

    Pour ceux qui ont lu le rapport Cotis, j’ai 2 simples questions :
    Quelle est la période de l’étude ?
    La valeur ajoutée du modèle France a-t-elle augmenté sur cette période ?

  2. Avatar de Karluss
    Karluss

    pour les taux, du moins en France, j’ai remarqué, ces temps derniers, la totale absence de confiance et de visibilité sur le long terme. Les taux, plutôt élevés, reflètent donc une élévation de la prime de risque ainsi que la nécessité d’attirer le chaland. Mais le facteur temps, la durée de l’emprunt, semble encore plus perturbé par la panique masquée. En effet, on voit des émissions à 3 ans sur des produits normalement émis sur 10 à 15 ans.

    @ François Leclerc
    je vous cite : “La question est de savoir si nous allons ou non partager ce modèle dans nos sociétés occidentales.”
    et bien, les décennies précédentes, les sociétés occidentales ne se sont pas trop inquiétées du pillage organisé, ni de la mise en esclavage des peuples des pays spoliés. Non seulement elles sont prêtes à partager ce modèle, mais elles sont à l’origine de la matrice.
    Les forces de la « prédation » sont plus puissantes que la « production » équitable.

  3. Avatar de leduc
    leduc

    Je doute que la possibilité d’une hausse significative des salaires pour les classes les plus basses de la société soit possible.
    Après tout cela fait maintenant plus de 20 ans que le processus de mondialisation de l’économie tend à faire baisser les prétentions salariales à coups de délocalisation, chômage, concurrence sans limite où tous les coups sont permis pour une entreprise afin d’augmenter ses parts de marchés et ses bénéfices (au profit quasi exclusif des dirigeants et actionnaires).
    Les bas salaires ont à peine réussi à suivre le cout de la vie, l’inflation ces dernières années, au pire on a même réussi à faire croire que le pouvoir d’achat augmentait grâce à la baisse de prix des produits manufacturés importés à bas couts des pays d’Asie.
    Augmenter significativement les salaires c’est prendre le risque d’une augmentation brutale des prix des biens et services afin que les entreprises conservent leur marge et profitabilité, payer plus cher par ricochet les biens de consommation courants, la nourriture, le coiffeur, le cinéma, etc, etc….
    Et effectivement je vois mal aussi comment une telle législation générale sur les salaires pourrait concerner ainsi l’union européenne entière, car évidemment pour ne pas distordre la concurrence il faut que cela s’applique à tout le monde et encore faudrait il prendre des mesures douanières importantes (guerre économique ?) contre les pays lointains qui n’ont pas la même structure socio économique qu’en Europe.
    Il ne faut pas sous estimer la capacité des grands dirigeants d’entreprise à contourner les lois d’une manière où d’une autre, leur spécialité étant souvent de trouver des failles qui pourrait être exploitées. D’une manière plus générale il faut bien comprendre que l’intérêt des états à essayer de mettre du social dans une économie où les grands capitalistes pensent à faire le maximum de bénéfice ne sont pas souvent compatible, les grands patrons n’hésitent pas à presser un peu plus les salariés d’une manière ou d’une autre lorsqu’on essaye de leur faire passer des lois économiques un peu plus « sociales ».

    Je vais encore paraître d’un pessimisme rédhibitoire, mais ce que l’économie a mis 20 ans à créer, cette énorme surconsommation, cet excès d’endettement, c’est un long processus qui a mis longtemps à se faire. Dans l’autre sens j’imagine que si on essaie de faire ce même processus lentement on aura une décennie ou deux de « perdue » marquée par une décroissance lente, une consommation moindre. J’imagine que c’est vers quoi on tend, avec des mesures gouvernementales prises un peu partout pour essayer d’atténuer les effets de l’effondrement, de retarder, de lisser les effets néfastes de la crises, en essayant d’étaler tout cela dans le temps pour que cela paraisse moins brutal.
    Si on laissait les choses se faire, si on laissait Lehman et General Motors par exemple déposer le bilan avec une liquidation pure et simple sans reprises, si on n’essayait pas de contrarier le processus de liquidation des excès de production, de consommation, d’endettement, les choses iraient très très vite, très brutalement, la correction serait sans doute très rapide, on aurait une énorme dépression de type 1929, et sans doute malheureusement des chocs sociaux violents et des réactions populaires très violentes, c’est sans doute ce que les gouvernements tentent d’éviter avec leurs interventions souvent maladroites mais visant néanmoins à lisser et étaler les dégâts de cette débâcle économique.

    Je ne pense pas donc que la hausse significative des bas et moyens salaires soit un éléments de réponse. Aujourd’hui et demain ce sera plus certainement une baisse de la consommation, une stagnation du pouvoir d’achat, une hausse du chômage, une baisse de la production. Si le monde a vraiment vécu au dessus de ses capacités de consommations et de financement « normales », il faudra bien que cet excès soit liquidé. Et à mon humble opinion la seule hausse des salaires qu’on pourra voir c’est celle non pas voulue politiquement mais celle imposée par un emballement de l’économie et une inflation galopante à cause des risques énormes qui pèsent à cause de la création monétaire au niveau des banques centrales.

  4. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    Petite précision sur la formation des taux d’intérêt aux USA.

    Le fait que les taux longs grimpent n’est pas tellement dû au danger d’une rétrogradation de la notation du pays ni d’une augmentation du risque de crédit de l’état, mais plutôt du mécanisme d’allocation des Bons du Trésor. Jusqu’à il y a peu, les USA pouvait se targuer de se financer à vil prix. Ils disposent d’une part de la monnaie de réserve qui leur permet de régler tout ce qu’ils veulent dans leur propre devise, quitte à en battre davantage à cet effet. D’autre part, la présence de cette monnaie de réserve contraint en quelque sorte leurs détenteurs à la placer aux USA et, plus particulièrement, en bons du Trésor.

    Toute banque centrale étrangère récoltant des dollars sur son marché des changes, alimentant ses réserves de changes, participe aux adjudications des bons du Trésor américain afin de remplacer ses dollars en titres rémunérateurs. La participation de ces banques centrales étrangères fait partie des offres dites non-compétitives, aussi connues dans le jargon financier de « add-ons ». La banque participante indique le montant auquel elle veut souscrire, sans toutefois indiquer à quel prix elle veut le faire – d’où le qualificatif de « non-compétitif ». Tout autre particpant, quant à lui, indique non seulement le montant mais aussi le prix qu’il est prêt à débourser.

    Le Trésor américain additionne toutes les offres, retenant d’office les non-compétitives puis les comptétitives classées par ordre décroissant du prix offert. Dès que la somme convoitée est atteinte, le prix offert le plus bas du classement des offres retenues deviendra le prix unique de l’adjudication. Toutes les offres non-compétitives se règleront par conséquent à ce prix-là aussi.

    Ce mécanisme – qui existe par ailleurs dans la plupart des pays occidentaux – permet aux USA de se financer à vil prix. En effet, dans les années de gloire du dollar et de son hégémonie sur les places financières, les add-ons frisaient régulièrement les 30% du montant adjugé. Ce qui signifie que seuls 70% de ce montant ont déterminé le prix (et donc le taux de rendement des bons) de la totalité de l’adjudication. Lors des dernières adjudications qui se sont déroulées durant le mois de mai (quelque 188 milliards de dollars à deux, trois, cinq, sept, dix et trente ans), la part des add-ons ne représentaient plus que 9% du total.

    On en déduit deux choses essentielles : d’une part, les banques centrales étrangères participent de moins en moins aux adjudications am&ricaines. Elles remplacent par conséquent de plus en plus leurs dollars par d’autres devises. D’autre part, le Trésor américain va inexorablement devoir payer la facture réelle de ses débours astronomiques, avec ou sans rétrogradation de la notation du pays. Aujourd’hui, plus de 90% du montant adjugé fixent le prix de l’allocation. Bientôt, quand on fuira le dollar, ce seront 100% qui fixeront le prix.

    On peut donc d’ores et déjà affirmer que les taux d’intérêt américains (les réels) resteront orientés à la hausse.

  5. Avatar de grandgillou
    grandgillou

    Comment peut-on se poser une question dont on est sûr de la réponse ?
    Amitiés

  6. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ Jean- Pierre

    merci pour ce partage de savoir, c’est très instructif

    Ce taux de « adds-on » est-il officiel ?
    Peut-il se récupérer quelque part ?

  7. Avatar de Romain
    Romain

    @ Tous
    Le Nouveau Monde
    Je reste persuadé que cette crise en est une de civilisation. Toute nouvelle idéologie ne fera que répéter les erreurs du passé … si l’homme ne parvient pas à comprendre et désactiver le crabe qui lui dévore le cerveau. Les sages ont compris le véritable rapport à la réalité. C’est pour cette raison qu’ils sont en paix, heureux, et qu’on les dit sages. Cette fausse perception de la réalité, qui fait de nous des guerriers, prêts à nous battre avec nos frères, nos sœurs, notre voisin et le monde entier, est depuis longtemps expliqué, symboliquement, par ces hommes de conscience
    Parmi les plus grands et les plus contemporains, que tous connaissent, il y a Sri Aurobindo (L’idéal de l’unité humaine), Krisnamurti (Commentaires sur la vie, tome I II III), Satprem (L’aventure de la conscience, La genèse du surhomme) et il y en a d’autres. Tous nous font voir notre fausse perception de la réalité, notre mauvais rapport au temps et notre course dans la construction de note cauchemard. Je dois vous dire que j’ai beaucoup appris d’eux. Mais ça demande une certaine forme de cerveau pour aimer plancher sur cette fameuse conscience dont nous sommes inconscients.
    Cette année, deux magnifiques livres me sont tombés entre les mains, après une dizaine d’années où j’avais un peu mis de côté ce type d’ouvrage. Le premier de Eckhart Tolle (A new earth). Ce fut pour moi une révélation sur le fonctionnement de l’ego. Ce livre est beaucoup moins philosophique qu’un Krisnamurti, plus concret. Avec Tolle, je suis passé d’un concept, qui reste au niveau de l’intellect, à la pratique. J’ai commencé ma transformation, et ça fonctionne!
    Il y a environ un mois, j’ai reçu un livre d’un ami, en document attaché. Cet ami l’avait reçu d’un ami, qui lui aussi faisait partie d’une chaîne de transmission. Depuis je l’ai envoyé à une dizaine de copains. Dans ce livre que je situerais entre un Toll et un Krisnamurti, l’auteur fait la distinction entre l’intellect et le cœur. Il dira quelque part qu’il y a un univers entre, lire sur l’amour, et aimer. Il dira aussi que notre monde est en mode lecture, intellect, et que tous nos troubles viennent de là.
    La révélation avec ce deuxième livre, c’est dans cette chronologie de l’Histoire qui nous montre pourquoi nous nous identifions à nos pensées; d’où remonte le problème, quand le crabe a pris naissance. Ça, pour moi ça été renversant. L’histoire du crabe pouvait être expliquée. Cette nouvelle théorie, après débats, un jour serait acceptée. Il nomme ce passage, des ténèbres à la lumière, la sortie de la caverne aux illusions de Platon. Comme Aurobindo, il explique comment devenir surhomme; l’Homme qui s’élève au-dessus de lui-même, tout en travaillant aux choses de ce monde, l’Homme qui n’est plus esclave de son faux moi. J’ai jubilé en voyant l’humanité sortir de sa torpeur.
    J’ai goûté à cette nouvelle conscience, que j’essaie depuis de maintenir, et de rattraper quand je la perds. Pour moi, il ne fait plus aucun doute que cette recherche d’équilibre, entre le haut et le bas, qui donne des hommes meilleurs, tellement plus conscients et réels, c’est la base du Nouveau Monde. De cette méthode naîtra une société renouvelée, avec de grands politiciens. Des individus capables de travailler pour l’ensemble et non uniquement pour leurs petits ego.
    Je ne connaîtrai sûrement pas le jour où cette technique sera répandue à travers le monde, mais je suis certain qu’il n’y a aucun autre sens à l’évolution. Nous arrivons au point où la croissance doit être avant tout, intérieure.
    Si vous voulez lire L’Arche de Jean le Baptiste, je vous le fais suivre en document attaché.
    Vous savez, un sage est un philosophe qui a réussi.
    Romain

  8. Avatar de svenmarq
    svenmarq

    @ H. de Bressy & Yeld vs Greed:

    Comme déjà évoqué à divers moments forts du blog, une T.V.A. SOCIALE pourrait en réalité
    s’appeler (par exemple) – B.V.D.: Bonus de Valeur Décroissante
    ou – R.V.S.: Ristourne de valeur Sociale (socialement utile)
    (ou anti-tva) – A.V.T.: A jout de V aleur T empo (raire/risation/relle/ etc.?)
    A dded V alue T empo (rary)
    Soulignant la notion de « monnaie sociale fondante » (Euro 2.0) de l’ordre du quart de la masse monétaire à parité
    Somme identique DISTRIBUéE à tout citoyenparallèlement aux autres revenus,en tant qu’aide à la consommation à vie et hors conditions (+/-comme les alloc’s familiales);
    Dont l’assiette serait financée par: T.V.A. classique sociétés + Tobin sur transactions + IGF + ConsoCO2 + Taxe Kérosène aviation +Taxe « Made in dignity »+ « Made in proximity » + cumul des mandats + Taxe loyers, etc, etc…

    Récupérable par les commercants à date de péremption à la « Caisse Européenne de Compensation »
    Ce formidable outil orienterait les choix de consommation, tel produit ou service benéficiant OU NON d’une A.V.T.à divers taux en fonction de son utilité sociale, culturelle, innovante, de proximité, écologique, décroissante, etc…

    Bonne cogitation.

  9. Avatar de Paul Jorion

    @ Yield_vs_Greed

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=USGG2YR%3AIND

    Dans la fenêtre « Add Security », entrer USGG10YR:IND

    Cliquer « Draw »

    Quelle autre explication alors ?

  10. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @svenmarq

    je suis un candide en terme de taxes

    L’application de cette « TVA sociale » est-elle du ressort de chaque nation ou doit-elle passer par un vote au parlement européen ?

    Si tel est le cas, sera-t-elle validée par les « petits pays » qui viennent de rejoindre l’Europe ?

  11. Avatar de Issam Guerchali
  12. Avatar de svenmarq
    svenmarq

    @ Pierre Guillard ( intervenant 28) & Rumbo (29):
    … le MEDEF et le …MADOFF curieux hasard des consonnances…

  13. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    Augmenter les salaires ?
    L’effet immédiat de la hausse des salaires en 1968 a été l’inflation… aucun effet à long terme sur le pouvoir d’achat des salariés.
    Ce serait encore pire maintenant qu’il y a eu un basculement vers plus de services.
    Une bonne partie des augmentations partirait en importations.. il faut donc, simultanément rendre nos frontières moins perméables aux importations et établir une TVAS
    Il ne sert à rien d’augmenter les salaires si la quantité de biens et de services à se partager reste identique: il faut simultanément baisser les hauts salaires et les hauts revenus par une plus juste répartition (fiscalité)

    La TVAS est une bonne idée mais il faut qu’elle soit « massive » (non pas les quelques pourcents qu’on a vu en Allemagne et au Danemark), qu’elle transfère toutes les cotisations sociales sur le travail vers une cotisation payée sur la consommation, quitte effectivement à soutenir les bas revenus. Mais les producteurs en profiteront sans doute pour augmenter nleurs prix…

    Pour le « revenu d’existence » voir http://www.revenudexistence.org/

  14. Avatar de Karluss
    Karluss

    @ Romain

    savez-vous pourquoi Paul Jorion boude votre roman au point d’en faire l’analogie avec les thèses inspiratrices de la scientologie ?

  15. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ Paul Jorion

    En suivant vos indications, et en examinant le graphique obtenu :
    je note le point suivant : les taux longs repassent au dessus des taux courts, ce qui est censé être la « norme ».

    Notez bien que je pense avoir compris vos propos initiaux et qu’un jour ou l’autre les USA vont perdre leur note AAA.
    Cependant je ne suis pas convaincu que la valeur des taux en ce début juin 2009 traduisent cette « prime de risque » liée à un « futur défaut » des USA

    Au dernier trimestre 2008, les liquidités ont suivi l’adage « fly to quality » lorsque la peur a dominé les marchés financiers mondiaux
    Conséquence : les opérateurs ont accepté des rendements historiquement bas (voire négatif sur le TBond « 1month »).
    Désormais la peur est derrière « eux » * : les marchés actions reprennent des forces et les placements sans risque** comme les Tbonds doivent augmenter leur attractivité sous peine de ne pas trouver suffisamment d’acquéreurs

    * la peur ou peut être l’absence d’alternative
    ** « considérés comme sans risque ou les moins risqués à ce jour »

  16. Avatar de Romain
    Romain

    @ Karluss
    Probablement parce qu’il ne l’a pas lu…, et ce n’est pas mon roman.
    Il faudrait peut-être lui demander?
    A+, Romain
    jls2008@live.ca

  17. Avatar de Paul Jorion

    @ Jean-Pierre

    Le fait que les taux longs grimpent n’est pas tellement dû au danger d’une rétrogradation de la notation du pays ni d’une augmentation du risque de crédit de l’état, mais plutôt du mécanisme d’allocation des Bons du Trésor.

    Merci d’avoir décrit le mécanisme, mais il n’explique pas le changement, n’ayant pas changé lui-même. Ce qui a changé, c’est comme vous le dites :

    On en déduit deux choses essentielles : d’une part, les banques centrales étrangères participent de moins en moins aux adjudications américaines. Elles remplacent par conséquent de plus en plus leurs dollars par d’autres devises. D’autre part, le Trésor américain va inexorablement devoir payer la facture réelle de ses débours astronomiques, avec ou sans rétrogradation de la notation du pays.

    … ce qui est l’équivalent strict d’une croissance de la prime de risque comprise dans le taux : les acheteurs traditionnels se retirent du fait d’une réévaluation du risque, poussant le taux à la hausse pour rester attractif. cqfd

    Vous décrivez le comment mais le pourquoi est inscrit dedans.

  18. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Yield_vs_Greed

    Cela en a pris le chemin aux Etats-Unis. Avez-vous entendu parler des « working poors », ceux qui travaillent mais dont les revenus sont insuffisants pour assurer leur sécurité économique et celle de leurs enfants, et qui donc basculent dans l’endettement ?

  19. Avatar de svenmarq
    svenmarq

    @ Yield_vs_Greed
    Qu’on les aime ou pas, il faut reconnaître que les taxes (outre-et précédent- les dépenses bien-sûr) sont le principal outil d’orientation économique des nations modernes, le carburant des démocraties en quelque sorte…
    Tout individu sensé devrait dire: je souhaite payer le plus d’impôts possibles (cela signifie que je gagne beaucoup et que je puis vivre dans un pays bien organisé, avec filets de sécurité multiples financés par la collectivité).
    Quant à l’Europe, il faut se dire que c’est à ce niveau qu’idéalement les choses devraient se faire.
    On en est plus à se taper dessus c’est déjà ça, mais ce sera long pour vraiment collaborer dans la fraternité…

  20. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ svenmarq

    « Quant à l’Europe, il faut se dire que c’est à ce niveau qu’idéalement les choses devraient se faire. »

    J’ai plus l’impression que les choses se font par nécessité ou par pragmatisme, l’idéal étant plutôt réservé aux contes pour enfants (sourire)

    ça me permet de réitérer ma question : L’application de cette “TVA sociale” (ou d’un système similaire type TVA écologique) est-elle du ressort de chaque nation ou doit-elle passer par un vote au parlement européen ?

  21. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ François L.

    Ils ne doivent pas être assez visibles
    (ou suffisamment nombreux si vous préférez)

    et malheureusement les working poors ne sont pas un phénomène typiquement US mais doivent faire partie intégrante du système capitaliste (probablement depuis la nuit des temps – mais je ne suis pas historien alors je ne l’affirmerai pas)

  22. Avatar de Paul Jorion

    @ Anne.J

    L’effet immédiat de la hausse des salaires en 1968 a été l’inflation.

    … parce qu’on reflète immédiatement les augmentations de salaire dans le prix des produits manufacturés… parce qu’on n’envisage pas une seconde que l’augmentation des salaires puisse s’accompagner d’une baisse concomitante de la marge de profit des entreprises et des dividendes versés aux actionnaires. Pensez-vous ! ce serait… euh… l’anarchie !

  23. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ Paul Jorion

    pour se faire, il faudrait un consensus mondial sur le coût moyen pondéré du capital, ce qui n’est pas une mince affaire à obtenir…

    Puis avez vous seulement pensé aux retraités américains ?
    égoïste ! (sourire)

  24. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Yield_vs_Greed

    D’après un think tank cité par Patrick Artus et Marie-Paul Virard (Mobility Agenda), un emploi sur quatre, soit 44 millions, contribuerait à l’existence des working poors, dont le nombre a explosé depuis 2006.

  25. Avatar de Paul Jorion

    @ Yield_vs_Greed

    pour ce faire, il faudrait un consensus mondial sur le coût moyen pondéré du capital, ce qui n’est pas une mince affaire à obtenir…

    Il y a au moins une chose que le marché fait : précisément cela.

  26. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    @Paul Jorion

    Je suis tout à fait de votre avis … mais il va falloir faire un blocage des prix simultanément: quelques milliers de fonctionnaires pour vérifier tout cela ? :).
    De toute façon votre objection ne règle pas le problème de la nécessité d’augmentation de la part du gâteau à se partager ou de la nouvelle répartition du gâteau existant. Je redis qu’AMHA augmenter (seulement) les salaires ne sert à rien (mais il reste évident qu’il faut diminuer l’écart des revenus, et pas seulement des salaires).

    Ah: Le RSA entre en vigueur et remplace le RMI: http://www.boursorama.com/pratique/actu/detail_actu_flash.phtml?num=8db80de3881c4b7e1604fdd7298a61b1

  27. Avatar de Jean Louis Bars

    Dans le sens généralement retenu ici,avec des nuances ,un excellent exposé de Bruno Amable dans la Revue PROJET :
    Bruno Amable, »vers un changement de modèle ? »,Ceras-revue Projet n° 309,Mars 2009.URL :
    http://www.ceras-projet.com/index.php?id=3564

  28. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ François L.

    si working poors = 1 travailleur sur 4

    c’est un ratio astronomique mais vraisemblablement insuffisant pour imaginer un changement de système à court terme

  29. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    @ Anne.J et Paul
    L’effet immédiat de la hausse des salaires en 1968 a été l’inflation.

    Pour illustration:
    Les 6 derniers mois de 1968 jusqu’au 1er semestre 1974 (1er choc pétrolier) ont été les meilleurs jamais enregistrés, au moins en France. Jusqu’au 2ème choc pétrolier au moins, plus fort que le 1er mais plus arrondi (celui de 1974 avait été très pointu) il y avait en moyenne 10 à 12% d’inflation annuelle. Période bénie où l’inflation « mangeait » une bonne partie des intérêts (en particulier dans l’immobilier). Dans le mauvais système qui existait déjà alors et qui allait empirer de plus en plus, un petit déferlement d’inflation n’est pas du tout mauvais, c’est la mouche du coche qui fait avancer énergiquement tout l’ensemble économique. Dans ce sytème là un peu d’inflation, pas plus de 10 à 12%, soit ~1% par mois est un excellent lubrifiant et stimulant. Les affaires marchaient, le chômage était absent. Très jeune j’était au tout début d’une activité dans le second-œuvre du bâtiment, et avec 11% d’inflation en moyenne annuelle, jamais je n’ai eu d’annulation de commande malgré des devis garantis seulement 3 mois. Les usines éditaient un tarif tous les 6 mois.

    Aujourd’hui nous sommes rongés par le système financier. Chercher à composer avec lui est une chimère, voire le conforte. Il faut prendre des attitudes qui puissent progressivement lui couper l’herbe sous les pieds, mais surtout, dans toute la mesure du possible s’en éloigner et œuvrer à des structures locales pouvant se mailler par la suite. Ceci dit en vitesse.

  30. Avatar de Yield_vs_Greed
    Yield_vs_Greed

    @ tous

    Quel était le niveau des exportations françaises (en % de PIB) lors de ces années de « très forte » inflation ?

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