Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Aux États–Unis, j’étais au cœur du système financier – du moins jusqu’en octobre 2007 – et j’avais donc un accès direct à l’information sur ce que l’on pensait dans le milieu. J’ai travaillé dans une banque française mais c’était il y a bien longtemps : en 1990-1991. C’est ce qui m’oblige, quand je parle du secteur bancaire en France, de travailler à l’intuition – une situation qui est très loin d’être idéale.
J’ai récemment eu la chance de parler à un banquier français qui a accepté de parler « off the record », hors-micro, et sous le sceau de la confidentialité.
Moi : J’ai le sentiment que si la situation a l’air meilleure dans le secteur bancaire français, c’est à cause d’une certaine tradition de dissimulation en France. Est-ce que je me trompe ?
Lui : Vous ne vous trompez pas.
Cela veut donc dire que les mauvais résultats vont continuer d’apparaître. A-t-on pris la pleine mesure des dégâts ?
Non : il y a encore en France, beaucoup de très mauvais résultats à venir. Et ce n’est pas seulement la France : c’est vrai pour l’Europe en général.
Peut-on dire – comme on l’entend répéter ces jours-ci – que la situation s’améliore dans le domaine financier ou est-elle encore en train de s’aggraver ?
La situation s’aggrave encore.
Pour quelle raison ?
Parce qu’aucune des mesures qui auraient pu être prises pour endiguer la crise n’a été prise. La crise s’est répandue comme une pandémie : il y a eu des phases de développement. À chacune de ces phases, des mesures auraient pu être prises. Aucune ne l’a été.
Comment est-ce possible ?
La peur ! On finira – vous verrez – par adopter partout la formule des « bad bank », des banques de mauvais aloi, où l’on isole du reste de l’économie les produits financiers toxiques. C’est la seule solution raisonnable. Et elle est connue depuis le début de la crise : on l’a envisagée un moment, puis l’on s’en est détourné. La raison, c’est tout simplement la peur : la peur devant les chiffres gigantesques qui étaient apparus.
Les suggestions sur ce qu’il conviendrait de faire ne manquent pas parmi des gens qui sont en-dehors du circuit traditionnel – venant même de certains Prix Nobel d’économie. Pourquoi les éléments de solutions proposés par ces gens-là sont-ils ignorés ?
Parce qu’il existe un cadre traditionnel pour résoudre ces problèmes : celui du milieu financier et de ses superviseurs – c’est-à-dire l’État – et l’on persiste à vouloir résoudre les difficultés au sein de ce cadre traditionnel. Or, comme vous le savez, c’est le monde financier qui est à l’origine des difficultés actuelles mais c’est de lui que l’on exige de les résoudre. Le monde politique ne remet pas en question que ce soit là le cadre au sein duquel il faille opérer.
Que va-t-il se passer ?
Il y aura de nouvelles phases dans la pandémie et on s’abstiendra à nouveau de prendre les mesures qui devraient être prises. Encore une fois, par peur.
On ne fera jamais appel à ceux qui proposent au moins des bouts de solution ?
Si, le moment viendra.
Qu’attend-on ?
Que la situation soit encore beaucoup plus grave.
Et à quel moment s’adressera-t-on à eux ?
Paradoxalement, c’est le marché qui en décidera : quand la situation sera si grave qu’il faille absolument sortir du cadre de référence habituel, les marchés l’imposeront alors.
Moi (un peu désarçonné, il faut bien le dire) : La solution viendra donc de l’autorégulation des marchés !
Si vous voulez.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
112 réponses à “L’autorégulation des marchés : le retour !”
à A [08:22]
Lisez la Charte Constitutive de la BRI
blog/?p=3160#comment-27025
Elle fut signée en 1930 et on retrouve les Etats signataires (« démocratiques ») — UK, France, UsaMascarade,… — sur les mêmes petits prie-Dieu(x) (au pluriel, pseudochaises très basses) à mettre au Mont-de-Piété après la réunion.
Mais non voyons,la crise actuelle n’est pas la faute des financiers qui ont « intoxiqué » l’économie, on est en train de nous démontrer que la crise c’est la faute d’un Etat trop dépensier en avantages sociaux, les hôpitaux coutent trop cher, les services publics coutent trop cher, les impôts sont trop élevés(sauf dans les paradis fiscaux) seule l’autorégulation des marchés va nous sauver, pourquoi pas l’autogestion d’ailleurs.
Arrêtons de fantasmer, les accidents ont baissé sur les routes en France à cause des radars.Quels seront les radars mis en place pour les marchés?
à Eomenos [09:54]
Le banquier français, avec son franglais, parle t-il encore 100% français ?
Certains de ses linguistico-neurones n’auraient-ils pas pu muter ?
Ces deux questions écartées, vraiment très bien, votre contribution … j’ai bien ri
Quand on y pense, cette « autorégulation » là est la régulation du pied du mur… C’est à dire le contraire en fait d’une quelconque régulation.
En matière énergétique et climatique c’est la même chose en pire. Bien entendu que le système finira par s’autoréguler, il y aura des millions de réfugiés climatiques, probablement des millions d’autres qui périront mais, cyniquement, la démographie aura baissé… Et la pression de l’espèce humaine sur son biotope par la même occasion… Le problème se sera aussi « autorégulé »…
Voila donc que nos « élites » banco-financières attendent: que l’économie ou la monnaie entraînent des catastrophes plus grandes encore dans le monde réel pour repenser un peu le système…
à Moi Moi [09:58 ]
Où verriez-vous un signal-phare qui émettrait en morse (—trait–point…)
« Les Etats ne peuvent plus continuer à avaler ces dettes » ?
Aussi longtemps que les topCreanciers et NoyauxDurs des topBanques jugent qu’il existe encore des nations insuffisamment endettées avec encore 99.99% de lamas, moutons et pigeons prêts à passer à la tondeuse, à la casserolle ou à la morgue où serait le souci ?
[Définitions provisoires. Pigeons : sont exempts de l’IRPP, mais paient notamment la TVA – Moutons : paient IRPP et TVA – Lamas : paient ISF, IRPP, TVA ]
Le libéralisme est darwinien.
Les modèles financiers s’adaptent selon le hasard et la nécessité …dans le canal de la légalité internationale.
Il y aura des malheurs, mais après quelques millions de morts une nouvelle stabilité s’établira.
Jusqu’au prochain chaos.
Jugeons la civilisation avec une « résolution » historique de 1000 ans et vous verrez que les « stages » de stabilité et de bonheur sont localement plus nombreux que les temps de chaos.
Enfin j’espère.
En attendant le chômage et la perte de rentrées fiscales aidant nous allons en France vers un réchauffement du climat (social).
Il faudra des boucs émissaires…
Seulement si les nobles « émigrés » de 1789 savaient ou se réfugier, les banquiers et les CEO à grosses fesses (primes) de 2010 vont devoir partir sur une autre planète…
Il parait qu’ils ont des bases sur la lune ou mars et que les black programs du Pentagone servent à les véhiculer là-bas.
Cette thèse étant métaconspirationniste …
J’y crois pas trop, alors ils doivent commencer à baliser…
@ Tartar
Souvenir de la lecture de la série Autremonde, de Tad Williams (Payot, SF), publiée en 2000… Les plus riches des hommes, par une sorte de cryogénisation cybernétique, se réfugient pour l’éternité dans les routeurs d’un réseau informatique pensant atteindre l’immortalité et assurer la poursuite de leur contrôle implacable sur le monde réel. Mais il y a des bugs !
Qu’en est-il du « facebook pour milliardaires » déniché par Le Monde il y a quelques jours ? C’est robuste ?
Il est très intéressant de constater que les principaux fautifs (au moins le premier à l’accepter) éprouvent le besoin de venir s’épancher sur support aussi « trivial » que le blog dans ce monde MSM (Main Stream Media).
Personnellement, cela me rassure. L’espoir existe toujours. Malgré la peur qui est exprimée dans le texte.
Malheureusement, s’entendre dire que la solution ne peut venir, encore une fois, que du marché (ou du système, ou de la main invisible…) laisse entendre la faible part de prise de conscience que l’on va laisser aux non-acteurs. C’est-à-dire les non-privilégiés… la société… le peuple… la démocratie… la conscience… l’intelligence. Et j’évite les mots éthique ou morale.
Cependant, un pas dans la bonne direction vient d’être fait. Il est notable.
Merci Paul. Votre retour en Europe s’annonce sous les meilleurs auspices.
Il y a une conséquence qu’il ne faut pas oublier. L’explosion du chômage aux Etats-Unis, en France, au Royaume-Uni, etc. provoque la conséquence suivante :
de plus en plus de gens se retrouvent au chômage, donc de plus en plus de gens n’ont plus les moyens de rembourser leurs emprunts immobiliers, leurs emprunts dans l’immobilier commercial, leurs crédits à la consommation, etc.
Conséquence : les défauts de paiement explosent. Les banques sont en train de voir arriver la deuxième vague de la crise financière. Cette deuxième vague s’annonce terrible.
Par exemple : que va-t-il se passer à ce sujet en France ?
La France devrait compter 639.000 chômeurs de plus en 2009 qu’en 2008, selon les chiffres publiés ce mardi par l’Unedic.
L’assurance chômage table sur une destruction nette de 591.000 emplois cette année, si la contraction du PIB atteint – 3 %.
Qui dit augmentation du nombre de chercheurs d’emplois dit logiquement hausse des indemnisations chômage. L’Unedic a donc également relevé sa prévision de déficit pour 2009 à 10,9 milliards d’euros.
« Sans vouloir noircir le tableau, a expliqué récemment à l’AFP l’ex-directeur général de l’Unedic, Jean-Pierre Revoil, le recul de l’activité devrait mécaniquement faire 900.000 chômeurs de plus cette année, et on risque d’atteindre le million de chômeurs supplémentaires. »
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20090526trib000380563/lunedic-table-sur-639.000-chomeurs-de-plus-en-france-en-2009.html
@Samuel : j’aurai bien aimé moi aussi avoir des lingots. A defaut, on a commencé à cultiver un potager. 🙂
@Oppossum: quelle est la différence entre un marché manipulé (auto-regulé) et un marché manipulé (régulé)? Moi je la vois, mais elle n’est pas dans la liberté du marché qui n’a jamais existé et n’existera jamais (le mythe du marché « sincère »). La différence porte sur qui a le contrôle du marché (une oligarchie ou l’Etat).
le retour de l’autorégulation des marchés est une farce géante, une caricature. Ce ne sont pas les marchés qui gèrent la vérité, mais lorsque arrive le stade de l’écoeurement, les marchés prennent acte, et s’adaptent par nécessité, souvent de manière chaotique.
Est-ce que le marché se rend compte qu’il ne gère que des bits sur des disques durs?
Et que si l’électricité est coupée (grève ou attentats) plus rien ne survit de la civilisation telle que nous la connaissons.
Fin de l’âge d’or.
DENI, DISSIMULATION, PEUR DE LA VERITE.
Conte : LE ROI CHIMER et « LA GRANDE ORGANISATION »
Apres la mort de son père, Le jeune roi CHIMER hérite du trône du grand royaume de Sanglonge. Son peuple est pauvre mais, les terres fertiles alliées aux méthodes de cultures et d’élevage ancestrales permettent aux paysans et leur famille de manger à leur faim et de vivre en paix.
Le jeune roi CHIMER a un grand dessein pour son règne : faire de son royaume une grande puissance et asseoir la prospérité de son peuple.
Il s’entoure, alors, d’un collège des plus grands savants car il doit rattraper le retard de développement pris sous le règne de son père. La solution est simple et rationnelle : augmenter les productions et fabrications du pays et commercer avec les royaumes voisins. Les écus ainsi accumulés permettront de développer le royaume en interne.
Il décide de mettre en place une « Grande Organisation ». Il découpe son territoire en parcelles égales en surface et en nombre d’habitants. Sur chaque parcelle, pour être plus efficace, les différentes familles se regrouperont en collectifs organisés sur le principe de l’entraide, la mise en commun du savoir-faire, du matériel et des biens. La spécialisation sera abandonnée au profit de la polyvalence : cultiver la terre, faire de l’élevage, travailler le bois, travailler le fer etc. …
Chaque collectif aura pour objectif de doubler sa production de blé et de bois et de se lancer dans la fabrication d’outils en fer. Ces objectifs doivent être atteint rapidement pour permette au bon roi CHIMER de mener à bien son projet de développement. Il est décidé que la moitié de la production de tous les collectifs seront livrée au Royaume.
« La Grande Organisation »est mise en œuvre et encadrée par les émissaires-Spécialistes royaux. Ce sont eux qui calculeront la part de production due au roi.
L’aventure commence. Les paysans se mettent au travail avec enthousiasme et acharnement. Il passe des labours au pâturage, du pâturage à la foret, de la foret à la forge. Mais qu’il est difficile de s ‘organiser quand on n’a pas le savoir-faire hérité des anciens, surtout que les savants et les émissaires-spécialistes du Roi ne sont pas assez pour les conseiller. Ils ne savent pas travailler le bois et le fer et ignorent comment augmenter les récoltes. De plus, travailler dans des grandes équipes les déstabilisent. Mais, ils ont confiance et déploient des efforts considérables.
Les émissaires-spécialistes royaux sont dépassés : ils ne sont pas assez nombreux et n’ont pas les connaissances techniques car ils n’ont pas été formé par les savants. Ils se rendent compte rapidement que les objectifs du roi sont inatteignables.
Quel cas de conscience ! Aucun d’eux ne veut prendre le risque d’en informer le Roi, ni même ses conseillers : peur pour la carrière, peur de la réalité et aussi peur de décevoir le Roi.
Les paysans redoublent d’effort mais s’épuisent au travail jour et nuit
De plus, par malchance, le temps n’est pas clément. Ils craignent de faire échouer le projet de leur Roi et s’inquiètent pour eux-mêmes car ils savent que la récolte ne sera pas bonne.
Régulièrement, des conseillers du roi font le tour du royaume pour vérifier les progrès de « la Grande Organisation » et s’informent sur la qualité et quantité de la récolte de blé à venir. Les émissaires-spécialistes présents sur place préfèrent taire la réalité. Ils leur promettent de fournir comme convenu la moitié de la production de blé prévue.
Les conseillers repartent ravis car leur bon roi va être satisfait de bonnes nouvelles.
Malgré toute l’ardeur des paysans, le nombre de stères de bois est faible, les outils de fer de mauvaise qualité, mais surtout la récolte de blé n’est pas aussi bonne que prévue. Les spécialistes royaux décident malgré tout de satisfaire le roi et de lui fournir les quantités de blé promises. Ainsi, les paysans et leur famille ne garderont que le stock restant. Mais, dans tous les collectifs, il est bien inferieurs à la récolte de l’année précédente et à leur besoin.
Le peuple est inquiet. Une fois le quota royal livré, il n’y’a plus assez de blé et de bois pour eux. Beaucoup de paysans tombent malades, certains meurent d’épuisement et tous ont faim et froid.
Malgré la privation du peuple organisée par les spécialistes royaux, le Roi n’a pas la quantité de blé et de bois demandé. De plus, les outils de fer sont de mauvaises qualités et sont invendables. Cependant, le Roi est satisfait et décide de poursuivre son projet de « Grande Organisation » et de reporter à la saison prochaine, le commerce avec les royaumes voisins.
Mais, au bout de quelque mois, le Roi est mis au courant d’une rumeur circulant dans le palais : son peuple serait dans de grandes difficultés ? Pour en avoir le cœur net, il décide de parcourir son royaume de Sanglonge. Il constata avec horreur le chaos régnant et la famine frappant son bon peuple et en fut profondément mortifié.
Les spécialistes royaux ont choisi la politique de la dissimulation. Leur peur d’affronter la réalité de « La Grande Organisation » provoqua la mort de 10 % des sujets de la Sanglongie, morts de maladie, d’épuisement, de faim et de froid pour servir leur Roi. Tout le royaume était désorganisé et en grave régression.
Le Roi CHIMER abandonna pour toujours son utopie de « Sa Grande Organisation ».
La famine sévit pendant 3 ans et 10 longues années furent nécessaires pour que le royaume retrouve son niveau initial de blé, de bois et de fer.
Ce conte que j’ai crée est utilisé dans le cadre de formation en entreprise. Il est inspiré d’un épisode douloureux de l’histoire que vous avez reconnu.
Je crains que ce type de désastre lié à l’incapacité à affronter la réalité nous attende.
Et bien sur, j’espère de tout cœur me tromper.
@ Moi
Bien vu : vous pourrez bientôt échanger les produits de votre potager avec les lingots de Samuel (vous avez tous deux raison) 😉
@ Auguste
Puisque les belgicismes (abominables ou non) sont désormais tendance sur ce blog, vous devez échanger votre volatile favori, le pigeon, contre le coulon
… peut-être pourrait-on baptiser les banquiers des coulonneux, puisqu’ils sont passés maîtres dans l’élevage des pigeons !
Il faut s’attendre à septante ou nonante années d’instabilité…
On sera obligés de manger des chicons, et de réparer les fouites nous-mêmes jusqu’à houit heures du soir !
Bon sang de bois de carabistouille.
Ces financiers sont tout de même de fameux castars…
@ Vous tous…
Ce banquier anonyme est au blog de Paul Jorion ce que Crésus est à la maison d’édition Fayard… Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, stoppez vos activités professionnelles du moment et prenez une heure de votre temps pour aller chercher ce livre avant la tombée de la nuit : Confessions d’un banquier pourri, de Crésus aux éditions Fayard…
J’ai une première question pour Paul : s’agit-il du même banquier ?
Une proposition de réflexion @ Vous tous maintenant…
Tout ceci est énorme ! N’est-ce pas ? Quelle est selon vous la probabilité que tout ceci ne soit pas prémédité ? Je ne parle pas de cet échange entre Paul et ce banquier anonyme qui n’est à lui seul qu’une conséquence. Je veux parler de la crise économique elle-même.
—
Prenons un peu de recul si vous le voulez bien, ce que je me suis permis de faire cette nuit devant mon tableau blanc et mon ordinateur fétiche. Prenons aussi la peine de négliger les bruits alentours, ce qui n’est pas simple je vous l’accorde compte tenu des propagandes spéculatives qui déferlent sur toutes les ondes, dans la presse et sur le Net…
Je me suis alors souvenu de ce jour ou la terre a tremblé à Besançon. J’étais dans ma cave aménagée en laboratoire, devant mes ordinateurs qui compilaient un algorithme de calcul pour une multinationale du secteur pharmaceutique. Le tremblement de terre n’a duré que quelques secondes qui m’ont pourtant parues interminables. Mais aujourd’hui, ce ne sont pas tant le tremblement de terre et ses conséquences bénignes qui marquent le plus ma mémoire, que ce qui s’est produit juste avant le séisme de 5,1 sur l’échelle ouverte de Richter : tous les chiens de mon quartier ce sont mis à hurler comme jamais ils ne l’avaient fait auparavant ! Puis ce fut un grand silence comme si la terre s’était arrêtée de tourner ! Par la suite, le séisme a été associé à la collision entre la plaque africaine et la plaque européenne…
Les chiens ne sont pas les seuls à manifester un comportement singulier juste avant un séisme : les chats domestiques sautent par les fenêtres, les abeilles se dispersent au delà de la ruche, les rats sortent des trous et les oiseaux crient à tue-tête… L’Homme quant à lui croit ne rien ressentir du tout, d’autant qu’il y a bien longtemps que ce dernier s’est désintéressé de la Nature et de ses signes…
—
J’ai retrouvé sur le Net cet article du 23 novembre 2000, très important selon moi, qui concerne le retournement de veste brutal de certaines multinationales face au réchauffement climatique : http://archives.lesechos.fr/archives/2000/LesEchos/18285-56-ECH.htm
J’ai aussi retrouvé un rapport AXA important datant du 14 septembre 2005 et qui concerne l’estimation du coût de l’ouragan Katrina : http://www.paris-re.com/eng/content/download/781/3095/file/03-KAT_14SEP05_FR.pdf
Enfin, cet article datant du 28 août 2008 et qui évoque la flambée des prix du pétrole du fait de l’arrivée imminente de l’ouragan Gustave : http://afp.google.com/article/ALeqM5hkwy4u6CLjd8yR0sN_KLCWBdN6DA
Pour information, l’année 2008 aura été finalement l’une des plus actives de ces 60 dernières années en termes d’ouragans… L’année 2008 fait désormais partie des 10 années les plus chaudes de ces 50 dernières années dont 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007…
Aussi, du fait de la recrudescence des tempêtes et des ouragans sur ces 10 dernières années, il me vient à l’esprit ces questions ordonnées que je vous soumets :
– combien de maisons sub-primes sont parties en fumée aux US du fait de ces catastrophes naturelles ?
– quel est le coût cumulé des pertes industrielles et surtout pétrolières ?
– quels sont aujourd’hui les niveaux de contraction des capacités de réassurance ?
– de facto quels sont les niveaux de risque ?
– quels sont les liens économiques entre catastrophes naturelles en série et défauts de remboursement des crédits ?
– l’augmentation des taux variables a-t-elle été accélérée du fait des risques accrus de catastrophes naturelles de cette dernière décennie ?
– etc… je vous épargne un peu…
– mais j’en viens surtout à la question qui me préoccupe le plus : quel est le niveau de risque des investissements côtiers au regard de tous les autres ?
– de facto, quel serait d’ores et déjà le volume des pertes potentielles à l’échelle du globe ?
Au regard des chiffres que j’ai pu d’ores et déjà trouver ça et là, il est clair que la bulle sub-primes n’a rien arrangé, avec toutes les conséquences que nous vivons aujourd’hui sur le plan international…
A l’heure où la NOAA publie ces prévisions peu encourageantes pour la saison 2009, il me semblait pertinent de vous proposer cette voie de réflexion : http://www.noaanews.noaa.gov/stories2009/20090521_atlantichurricane.html
Cum hoc ergo propter hoc !
Ce sophisme me semble bel et bien d’actualité aujourd’hui ! Nous devons chercher les causes de la crise financière ailleurs que dans les bulles et surtout parmi les signes trop longtemps ignorés… Certes les bulles spéculatives font à elles seules des ravages inconsidérés au niveau de l’économie réelle, mais ces processus destructeurs de valeurs sont désormais accélérés, entretenus et bel et bien irréversibles…
Bien à vous.
@ coucou
Vous êtes interprète à la Commission de Bruxelles ? Votre maîtrise de la langue belge est stupéfiante ! 😉
Une fois!
Incompétence, ignorance, stupidité, manque de courage, peur, faiblesse, cupidité, en tout cas menteur par faiblesse à défaut d’avoir le courage de faire les choses, voilà ce qui caractérise l’essentiel de la caste des dirigeants politiques, économiques, des différentes autorités.
Je crois que j’ai longtemps voulu ne pas voir les choses en face mais pour qu’on en arrive au point où nous en sommes, que les choses continuent a empirer alors que ceux qui détiennent les clés du pouvoirs affirment avec le plus grand aplomb que tout va finalement pas si mal que cela et que dans 6 mois tout au plus la récession sera terminée, il ne peut en être autrement. Les classes dirigeantes sont totalement corrompues dans tous les sens du termes, totalement inefficace et même contre productif.
Oui le marché fera son autorégulation, si personne ne le fait à sa place, on peut continuer à mentir, tricher, déformer la réalité, les statistiques, masquer les problèmes, arranger les enquêtes d’opinions et les indices économiques, mais, tôt ou tard, la réalité reprendra le dessus face à un virtualisme total et là, ca fera très très mal je crois lorsque la prise de conscience de la situation sera totale, irréversible.
@ JJJ,
Les pigeons rentrent au colombier pour….le sexe.
Ne pas confondre colombes au colombier et combines de banquier.
Quoique, avec une banquière comme Romy Schneider, je me laisserais tout de même (un peu) plumer.
« On finira – vous verrez – par adopter partout la formule des « bad bank », des banques de mauvais aloi, où l’on isole du reste de l’économie les produits financiers toxiques. C’est la seule solution raisonnable. »
Mais il y a encore plus raisonable: Laisser la banque tomber en faillite sans intervenir et la mettre de force en restructuration sous controle du Tribunal de Commerce. Créer une nouvelle « good bank » et y transférer les dépôts et actifs sûrs. Et laisser la banque d’origine comme « bad bank » aux mains des actionnaires, avec une participation dans la good bank. Le coût est minime, les emplois sont sauvés et la « good bank » part sur des bases saines.
Voir par ex. cette proposition de Hall-Woodward-Bulow pour Citicorp:
http://www.voxeu.org/index.php?q=node/3132
Et celle de Willem Buiter pour RBS:
http://www.voxeu.org/index.php?q=node/3264
Mais c’est peut-être trop facile? Ca va faire trop mal aux pauvres actionnaires qui vont hurler et taper du pied (comme pour Fortis). Et bien, ce n’est que justice: toute entreprise DOIT pouvoir faire faillite, même une banque. Quand l’état (ou la BC) viens sauver une grande banque qui a joué et perdu au casino, il ne fait qu’encourager les banques à devenir encore plus « Too Big To fail » (BNP+Fortis) et leur donne le feu vert pour prendre des paris encore plus fous.
@ Philippe Soubeyrand
Pour les questions climatiques et autres cataclysmes, je ne saurais trop vous encourager à visiter le site suivant, tenu par un scientifique :
http://www.pensee-unique.fr
@ Moi
Oui, d’un certain point de vue la ‘liberté’ du marché n’existe pas. Mais une partie de cette assertion renvoie au fait que la ‘liberté’ (vraiment libre) n’existe pas non plus ! (Il ne faut pas se laisser piéger par les mots) .
Oui le marché parfait n’existe pas. Oui il est en permanence manipulé . Mais également comme tout est manipulé , comme le consentement se fabrique (La Fabrication du Consentement) et comme l’ « indignation » -si chère à Paul-, se fabrique également (La Fabrication de l’indignation ?).
Et si l’on ne croit même pas au marché comme tentative imparfaite et à retravailler sans cesse , d’une addition des analyses individuelles -si subjectives soient-elles-, alors par quoi remplacer ce thermomètre qui permet d’orienter en partie nombre de choix humains ?
Je ne dis pas que le marché doit déterminer l’activité , je dis qu’il est un élément important qui permet , malgré tout, d’en déterminer , relativement librement -cela s’organise-, une partie, une fois des choix politiques déterminés.
Le politique et sa machinerie administrative ne peut se substituer à l’addition des analyses individuelles .
Le Conference Board fait fuser le Dow et le CAC 40… General Motors les fera-t-il retomber ?
Par Philippe Béchade le mercredi 27 mai 2009 pour La Chronique Agora
Actuellement les bad bank ce sont les états pourquoi créer de nouvelles structures?
En europe ca risque de poser problème si on ne se résigne pas a dévaluer un peu l’euro
la dette risque de peser sur l’économie durablement
@ fujisan
L’argument massue en faveur du sauvetage des banques, c’est le risque systémique. Incontestable.
Mais la stratégie retenue n’empêchera pas le grand plongeon. Il sera simplement plus tardif, et sans doute plus douloureux. Cette approche relève du gradualisme, qui est devenu LA conduite politique par excellence depuis des décennies (un pas en avant, deux pas en arrière). Si ma mémoire est bonne, c’est Jacques de Larosière de Champfeu qui popularisa cette doctrine, lorsqu’il fut Directeur général du FMI.
Apparemment, on se pose des questions sur la réussite du fonds d’investissement public privé et un grand cabinet d’audit, PriceWaterhouseCoopers, préconise plutôt la solution de la « bad bank ».
http://www.marketwatch.com/story/no-great-expectations-for-this-ppip
L’argument massue en faveur du sauvetage des banques, c’est le risque systémique. Incontestable…
Ce qui est incontestable c’est que le fric offshore accumulé par les banques doit servir en premier lieu avant qu’on aille taper dans les poches des citoyens)
Ce qui est incontestable c’est que ceux qui ont une top-responsabilité devraient être expropriés et fusillés.
Ce qui est incontestable c’est que ce sauvetage implique la main mise totale de la communauté politique sur le système bancaire. En langage libéral: « celui qui paie décide ». En langage absolutiste: « obeissance contre protection ». En langage républicain: « souveraineté ».
Donc incontestable ne signifie pas que le sauvetage soit synonyme de pillage.
Je n’arrive plus à remettre la main sur l’intervention de 10 min d Attali. J’aimerais la récupérer pour faire tourner le lien.
merci.
La mainmise totale des politiques sur les banques?
Alors que ce sont les banquiers qui font les politiques.
Les lobbies eux à leur niveau se contentent de magouilles (avec prébendes) avec les députés.
http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoaft2Gq.html
Attali ici:
http://www.dailymotion.com/swf/x99fg2