Billet invité.
LE PIRE EST-IL ENCORE EVITABLE ?
Depuis quelque temps, je me cantonne dans l’actualité, j’évite d’imaginer l’avenir et d’en parler. Non pas à cause des incertitudes persistantes qui demeurent, ou de l’étrangeté de cette situation totalement imprévue et inédite dans laquelle nous sommes, mais parce que je ne vois, quand je m’y mets, que les plus sombres des perspectives advenir. Le mal est combattu par le mal, la débâcle de la finance par de nouvelles folies, ce qui dérange est écarté, comment pourrait-il en sortir du bien ?
J’ai acquis le sentiment, au fil de mes lectures et réflexions, que le prix qu’il faudra payer pour résorber des pertes que l’on ne sait même pas chiffrer n’est pas à portée, même avec le concours des Etats. Les investisseurs privés ne se manifestant que garantis par les Etats, ce qui renvoie au cas précédent. J’ai d’abord cru que les financiers ne voulaient pas assumer les pertes et se défaussaient, ce qui n’était pas à mes yeux étonnant outre mesure, mais je saisis maintenant que c’est tout autant en raison de cette impasse que l’on tente de masquer les pertes. Ce qui est bien davantage surprenant. Pour gagner tout simplement du temps, faute de mieux. Quant aux financements déjà engagés ou à venir, au titre du sauvetage des banques ou de la relance, ils recréent une bulle financière, différente de la précédente en ceci qu’elle est cette fois publique. Et l’on sait déjà que cette bulle ne sera pas extensible à l’envi, car elle s’appuie sur la monétisation des dettes ou sur l’émission obligataire, solutions ayant chacune leurs limitations. Depuis que le mauvais chemin a été choisi, nous avançons dans un cul-de-sac, à tâtons.
Le mot est trop fort ? parlons-en. Les banques centrales ne vont pas pouvoir augmenter sans limites la taille de leur bilan – ligne de plus grande pente qu’elles suivent les unes après les autres – sans devoir rechercher le moment venu auprès des Etats, des points d’appui financiers que ceux-ci seront bien en peine de leur accorder. Il n’y aura plus d’artifices disponibles, le montant prévisible de leurs émissions obligataires dépassant selon toute probabilité ce que le marché est prêt à supporter. Au mieux, les taux obtenus généreront un service de la dette insupportable pour leurs budgets : les Etats s’endettent auprès des investisseurs privés pour réunir les moyens de sauver ceux-ci de leur propre déroute. Nous vivons dans un monde bien étrange. Ce n’est pas raisonnable de leur part, mais l’ont-ils jamais été ?
Alors qu’il devient de plus en plus clair que seule l’inflation permettra de résorber cette dette (et encore, pour une petite partie uniquement), le débat s’engage timidement sur ses conséquences potentielles. Pas celles que l’on connaît par cœur, réservées aux rentiers et aux créanciers qui verront leurs revenus ou patrimoines diminuer en terme réels. Mais celles qui atteindront la timide et rédemptrice relance de l’économie tant espérée, car l’inflation aura d’inévitables conséquences sur les taux d’intérêt, accroissant les taux de défaut sur les emprunts, perturbant le marché des obligations privées et publiques, augmentant le stock de mauvaises dettes. Au risque de se retrouver au final avec dans une main ce que l’on a lâché de l’autre : des dettes.
Je croirai à la relance économique quand je la verrai. En attendant, la récession s’est mondialement installée, sans que sa fin soit prévisible, sauf du sommet des tribunes et devant les caméras et les micros. Son poids va alourdir les charges budgétaires, afin de maintenir vaille que vaille un filet de protection sociale de plus en plus mince, ainsi que de financer des plans successifs de relance ou de soutien de l’économie, au nom de la sauvegarde de l’emploi, qui ne cessera cependant de décroître. Les recettes diminuant, la pression fiscale augmentera, en dépit de toutes les assurances.
Les crises financière et économique s’alimentent dorénavant mutuellement, sans que cette boucle rétroactive puisse semble-t-il être interrompue par autre chose qu’une rupture du système capitaliste lui-même. Ce dernier a toutefois réussi à échapper à la catastrophe en ne s’effondrant pas, comme cela aurait pu être le cas en fin d’année dernière.
Sans qu’il soit nécessaire de prophétiser l’apocalypse, il est parfaitement envisageable que le système financier, dont la perfusion en liquidités n’est pas près de s’interrompre, tienne le coup grâce à elle, même s’il elle s’avèrera insuffisante à lui rendre son lustre. Incorrigible et sans scrupules, il s’est réengagé dans la formation d’une nouvelle bulle de capitaux privés, alors que la précédente est encore loin d’être résorbée. Même s’il n’est plus, comme à son heure de gloire passée, en mesure de se lancer dans les aventures financières les plus insensées, empilant à nouveau pour faire bonne mesure des crédits de toute nature en quantité faramineuse. Dans ces conditions, les entreprises non financières continueront de rencontrer de sérieuses difficultés de financement, tant auprès des banques que sur le marché des actions ou des obligations. Déjà déséquilibrées en trésorerie, elles devront continuer de payer au prix fort leurs emprunts, ralentissant d’autant leurs investissements. Les particuliers vont quant à eux devoir diminuer et modifier leur consommation. Mais cette moyenne à la baisse ne masquera pas l’accroissement de fortes disparités sociales.
La croissance, même retrouvée, sera durablement modeste : il faut bien que quelque chose le soit. Le parasitisme du système financier en apparaîtra encore plus flagrant, exhibant la situation inédite d’une finance apparemment en bonne santé, greffée sur une économie chroniquement malade. La crise sera permanente, la finance s’en accommodera, faisant preuve non plus de sa légendaire créativité, mais de ses capacités d’adaptation et de résistance.
Le basculement de l’axe mondial s’accroîtra, marqué par le déclin accéléré des Etats-Unis, la stagnation au mieux des pays européens occidentaux, ainsi que par la poursuite de la croissance plus modérée des pays émergents. De nouveaux pôles économiques et financiers régionaux et internationaux se constitueront, le développement des échanges internationaux ne sera plus le principal moteur de la croissance mondiale, sur le mode dont l’OMC s’était fait le chevalier blanc.
C’est au plan social que la situation sera la plus lourde. Dans les pays « développés », les couches moyennes de la société payeront un important tribut à la récession économique prolongée. Les pauvres resteront pauvres – ils savent y faire. Les inégalités sociales s’accentueront encore, suivant des modalités qui rappelleront dans les pays « développés » celles que connaissent les pays qui ne le sont pas. Le monde s’homogénéisera, mais par le bas, pas par le haut. La précarité s’accroîtra en Occident, tandis que la pauvreté s’y installera et se cristallisera dans des zones entières, induisant une urbanisation jusque-là réservée au Tiers-monde. L’économie informelle s’y développera, au fur et à mesure qu’il sera nécessaire pour des couches sociales de plus en plus larges de subvenir à leurs besoins les plus criants – en-dehors des circuits défaillants de l’économie formelle. Un contrôle social omniprésent, assorti d’une répression rampante, s’efforcera de contenir des tensions sociales soutenues dont les explosions sporadiques seront criminalisées – tout comme le seront toujours davantage les formes les plus élémentaires de la protestation.
Le modèle de société dominant du monde de demain, au-delà des diversités nationales et culturelles sera, toutes proportions gardées, plus proche de celui des sociétés émergentes que de celui des sociétés occidentales tel que nous l’avons connu à l’apogée du capitalisme financier triomphant.
Cette perspective peut paraître à première vue exagérée et même absurde, les indices en sont pourtant déjà présents. Les limbes de la société de demain existent dans celle d’aujourd’hui, il en fut toujours ainsi.
Déjà constituée, une oligarchie internationale se renforcera afin de gérer ces sociétés marquées par la difformité qui les caractérise à la naissance. Elle le fera en symbiose étroite avec le monde de la finance, consacrant l’avènement d’un nouveau mode de production oligarchique. Jouant des acteurs de la vie politique comme des pions, un peu à la manière des Américains autrefois, aux lendemains de la défaite du nazisme, lorsqu’afin de s’opposer alors au péril rouge, ils bâtirent leur propre glacis.
Et quid du chapitre des ressources mondiales et des dérèglements de toutes natures, négligé dans ces ténèbres ? Nous nous serons entretemps inéluctablement rapprochés du moment où de redoutables taquets environnementaux – déjà identifiés – nous attendent. Et d’autres seront peut-être apparus. Peu aura été réellement accompli afin de s’y préparer. Il n’y aura plus cette fois d’échappatoire, comme il n’y aura plus d’artifices financiers. Mais ces oligarques réfugiés dans leurs emprises protégées, où ils se sentiront prémunis de leurs coups d’arrêt, accepteront-ils de rendre les armes ?
Invisibles aujourd’hui, existe-t-il des événements futurs capables de me démentir ?
144 réponses à “L’actualité de la crise : Le pire est-il encore évitable ?, par François Leclerc”
@Nikademus :
Oui mais, je crois que Paul veut montrer que l’argent n‘est qu‘une chose (de la catégorie marchandise), même s’il est malgré tout autre chose : l’objet de tous nos fantasmes.
Bonjour,
Après lecture de ce texte qui a relevé beaucoup de signaux faibles d’un futur négatif, je dis oui, nous pouvons ;-))
élaborer, toutes classes sociales confondues, un présent immédiat qui n’est pas porteur de conflits futurs.
J’imagine que nous pouvons relire ensemble http://www.evene.fr/celebre/actualite/charles-darwin-theorie-evolution-especes-creationnisme-1954.php?p=5 Darwin et l’importance pour lui de la solidarité et de l’altruisme dans la « construction » de l’espèce humaine.
Ensuite, après ce rafraichissement neuronal auprès de ces textes fondamentaux de notre pensée occidentale ethnocentrée, peut-être aurons-nous la capacité à dissoudre la peur qui nous sépare et divise. Elle fait partie du passé, a été, elle aussi médiatisée par notre inconscient territorial ; l’histoire ne se répète que si on l’y invite.
Bonne journée
malheureusement, François Leclerc est un visionnaire avéré, il donne dans le juste, le sans faute. L’individualisme exacerbé par la culture occidentale répandant son modèle comme le seul convenable et souhaitable, ne va rien arranger. Et nos oligarques resterons les modèles de ce qu’il faut atteindre, ils scelleront les empreintes du rêve, comme toujours.
à moins que d’autres réseaux informatifs permettent à la connaissance et à la sagesse de prendre le dessus.
et puis les révolutions tournent mal, mais elles ne naissent pas par hasard ; des soupapes vont craquer à différents endroits, des conflits semblent inévitables. Misère !
On a joué sur notre cupidité, notre espoir de devenir riches.On nous a fait croire que l’on s’enrichissait à coups de bulles. On va nous lessiver à coups d’inflation, de diminutions de prestations sociales , de non augmentations salariales , de dette publique. On= nos gouvernants , associés à cette « industrie financière « , qui n’ont rien vu venir , viennent nous expliquer aujourd’hui avec un cynisme absolu ce qu’is vont essayer de faire pour nous sortir du pétrin.La finance n’est plus l’endroit ou l’on finance des projets mais l’endroit ou l’on prend des paris incensés avec la couverture du contribuable si l’on se plante.Intuitivement, tout le monde a compris ou l’on va.
Un autre dont les affaires vont très bien en dépit de la crise (et même sans doute grâce à elle), c’est ce célèbre avocat londonien spécialisé dans les divorces des gens très fortunés et célèbres auquel le New-York Times consacre un article.
Cet homme est en quelque sorte un socialiste car il milite pour une redistribution équitable des revenus dans le couple 🙂
http://www.nytimes.com/2009/05/26/business/global/26divorce.html?_r=1&hp
@Rumbo et Jean Goupil,
oui bien sur, l’économie se re-dirige vers d’autres secteurs. Plutôt que de construire, on répare. Plutôt que de fabriquer on recycle. Donc l’artisanat va se porter mieux un temps, dans le bâtiment ou les garagistes.
Un autre secteur plein d’avenir aussi c’est policier…
Mais ca ne veut pas dire que la crise n’est pas la, ni qu’elle n’est pas grave (pour le reste de la population).
Ceci dit, tant mieux pour vous 🙂
@ Nikademus
Votre « mise au point », si l’on considère la situation pour demain comme n’étant pas nette ou très floue, correspond à ma vision. Je chausse donc vos lunettes avec satisfaction. J’ajouterais une autre incertitude que vous n’évoquez pas ici, et qui semble être hors de votre champs visuel (l’exigence écologique ou planétaire) mais je comprends pourquoi : une complexité de plus qui viendra réguler ou tyranniser (c’est selon) les enjeux existants que vous décrivez.
@Karluss : « L’individualisme exacerbé par la culture occidentale »… En voilà un cliché ! En dépit des apparences, nous sommes bien plus « collectivistes » qu’individualistes. L’individualisme n’est qu’un leurre. Exemple : tout le monde cherche à placer ses gosses dans « la meilleure école possible ». Quand je dis « tout le monde », c’est bien sûr ceux qui le peuvent, mais si tout le monde le pouvait, tout le monde le ferait. Le vrai individualisme est celui des « marginaux » qui refusent cet espèce de « collectivisme global » que le capitalisme s’efforce d’imposer. Cet individualisme-là est haï, à commencer par les braves gens qui dénoncent « L’individualisme exacerbé par la culture occidentale » et votent pour Sarkozy et sa politique de répression.
Nous savons que l’economie reste une science molle meme si certains tentent de la legitimer en science dure en la mathematisant. Les parametres humains – emotionnels, psychologiques etc – y jouent un role preponderant, souvent imprevisible et difficilement quantifiable.
On evoque bq cette crise par l’analyse rationnelle des statistiques, de divers indicateurs. C’est indispensable et je lis les apports de chacun d’entre nous avec un vif interet.
Je vous soumet cette question pour avoir votre avis et votre perception :
COMMENT, ACTUELLEMENT, LES PERSONNES DE VOTRE ENTOURAGE EVOQUENT-ELLES LA CRISE ?
Pour ma part, je constate depuis quelques temps, 2 mois environ, une propension – chez mes collegues, amis, famille – à ne plus vouloir parler de la crise, à eviter le sujet ou tres vite l’abandonner quand il est abordé.
J’en ai eu un choc samedi soir, lors d’un diner avec des ami(e)s, travaillant dans le milieu politique, quand ceux-ci m’ont dit, alors que j’evoquais la gravité de la situation economique et que je pensais pouvoir echanger avec eux, qu’ils ne voulaient plus parler de la crise.
Je fais partie de la CSP de classe moyenne, je cotoie des personnes de differentes CSP dont peu , pour l’instant, subissent la crise et je constate la mise en oeuvre d’une sorte d’une sorte de “déni” collectif trans- categories-sociaux professionnelles.
Quel est votre constat, il m’interesse grandement.
Au moins, je sais que sur ce blog , on peut en parler .
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Je ne sais pas ce qu’il faut penser de ces histoires d’inversion de pôle magnétique terrestre en 2012 (ou de changement d’axe de la Terre?), mais cette donnée à elle seule, indépendamment de catastrophes environnementales liées à l’activité humaine (obscurcissement solaire), suffit à faire froid dans le dos, indépendamment de toute crise politique majeure. Alors si on cumule les deux…
@ Clemence
Même constat.
Les rares financiers- banquiers que j’ai pu approcher veulent bien en parler avec moi. Et je me rend compte qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. Je suis mieux informé qu’eux sur ce blog! Ils ne savent pas « quoi » faire (pour ceux qui ont gardé un minimum de respect des citoyens et qui souhaiteraient améliorer la situation) mais ils ont conscience de la précarité de la situation de la banque dans laquelle ils exercent (et leur discours est bien moins optimiste que celui de Trichet). En fait en dehors de leur domaine de compétence professionnel ils n’ont pas de vision globale de ce qu’il faudrait faire pour remettre leurs métiers au service de l’économie productive. Je devais en discuter avec un trader la semaine dernière mais au dernier moment il a annulé.
Les industriels que j’ai pu voir, en revanche, nient le problème. Ou plutôt non ils ne le nient pas puisqu’ils en voient les effets sonnant et trébuchants tous les jours. Ils espèrent que ca va bientôt finir parce que c’est tout ce qui leur reste. Alors si on leur dit que non « on n’est même pas à la fin du début » et qu’en plus ce qu’ils ont mis de côté en bourse va continuer de fondre comme neige au soleil, ceci pendant les moments ou ils n’ont pas le nez plongé dans les comptes de leur société, ben c’est normal ils ont envie de fuir pour respirer un peu d’air. Même chose ils n’ont aucune idee de quoi faire. Quand ils en ont une un bref rappel de l’ampleur du desastre leur fait baisser les bras. Et dans le même mouvement ils voudraient que « tout continue comme avant », éviter de trop « politiser » (ils aimeraient des solutions « techniques » apolitiques mais ca n’existe pas) et donc refusent tout diagnostic du système qui serait trop « profond » (par exemple, on sent un « agacement » bien compréhensible d’ailleurs dès qu’on passe de « la méchante oligarchie financière » à « le rapport salaire/recours au crédit pour les ménages »). C’est pourquoi ils préfèreront systématiquement croire une explication de la crise qui ne ferait pas intervenir ces dimensions là du problème, et c’est pourquoi in fine ils restent des cibles privilégiées pour le discours « remise en question non du capitalisme mais des abus du capitalisme financier ».
Les politiques c’est différents. S’ils sont UMP ou socialistes la crise va les cramer et ils le savent. Ils n’ont donc aucun intérêt à en parler, car les seules mesures-radicales- qui pourraient assainir le système sont de toute façon incompatibles avec la conception de la sociale-démocratie pour laquelle ils ont plaidé jusque là (pour des raisons suffisantes). Ils sont donc en position de faiblesse.
@ François, @ Paul et @ vous tous…
Je parcours très souvent les articles de Paul et François, et j’accorde toujours un peu de temps à la lecture des commentaires tout aussi pertinents que les billets concernés ; je tiens d’ailleurs à saluer ici les commentaires d’anonymous56 et d’Yves de Bressy.
Dans la vie de tous les jours, je suis chercheur en mathématiques auprès d’une multinationale. Mes travaux concernent la création d’outillages mathématiques visant à conforter nos activités de capacity planning et de business intelligence. Je suis donc très au fait des méthodes d’observation et d’analyse des systèmes quels qu’ils soient.
Je tiens à dire que ce billet est hélas très en phase avec la réalité. Il ne s’agit malheureusement pour nous tous, ni d’une fiction, ni d’une vision partisane avant le prochain scrutin européen…
François Leclerc semble en outre poser une autre question, bien plus inquiétante selon moi, puisque décisive pour l’avenir de l’humanité bien plus tôt qu’il n’y parait : » […] Et quid du chapitre des ressources mondiales et des dérèglements de toutes natures, négligé dans ces ténèbres ? […] »
Pour répondre à la question de François Leclerc, je vous propose de parcourir (si ce n’est déjà fait) cette démonstration du chercheur Roland Lehoucq écrit en janvier 2005, bien avant le prix Nobel de Paul Krugman en 2008, bien avant l’intervention de Nouriel Roubini devant le FMI en 2006 : Compte à rebours. Cette démonstration a suscité elle aussi de nombreuses controverses. Cette démonstration concerne la crise systémique globale dans laquelle l’humanité s’est engagée.
Aussi très franchement, le pire est-il encore évitable ?
A cela ma réponse est oui, ce qui n’engage que moi si je décide de raisonner par l’absurde, puisque cela impliquerait une décision planétaire qui dépasse l’entendement pour tout un chacun y compris pour moi-même : réduire au plus vite (sous-entendu en moins d’une année) la population mondiale et la ramener au niveau raisonnable de 3 milliard d’êtres humains… Absurde et insoutenable humainement ? Certes, mais est-ce pour autant impossible techniquement ? Non hélas…
— La démonstration de Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA — Bonne lecture à tous !
La Terre est un système fini. Ainsi formulée, la chose semble évidente. Au quotidien, elle passe pourtant inaperçue, tant les mesures de référence humaines sont distinctes des échelles terrestres. La différence est même si grande que nous avons toujours puisé sans compter dans des ressources imaginées, sinon infinies, du moins très grandes. Si la part que l’humanité prélève sur l’écosystème terrestre a longtemps été négligeable par rapport aux ressources disponibles, il faut bien reconnaître que, après une bonne cinquantaine d’années de croissance exponentielle, l’activité humaine rivalise désormais avec les forces de la nature. Une façon de quantifier cette activité est de considérer l’énergie qu’elle consomme. Du point de vue du physicien, l’énergie représente la grandeur qui exprime la capacité d’un système à modifier l’état d’autres systèmes avec lesquels il est en interaction.
Une croissance exponentielle se heurte inévitablement, et beaucoup plus rapidement qu’on ne le croit, à la finitude des ressources de son environnement. Prenons l’exemple de bactéries cultivées dans une boîte. Elles se reproduisent en se divisant et leur nombre double au bout d’un temps variable qui, pour prendre un exemple, peut ne pas dépasser 20 minutes.
Imaginons que la descendance d’une unique bactérie, placée à midi sur le milieu de culture, parvienne à saturer la boîte à minuit : dans ce laps de temps, le nombre de bactéries aura été multiplié par 68 milliards. Quand la boîte était-elle à moitié pleine ? A 23 h 40. Si nous étions l’une de ces bactéries, à quel moment aurions-nous conscience que l’on s’apprête à manquer d’espace ? A 22 heures, quand la colonie n’occupe encore que 1,5 % du volume de la boîte, nous n’imaginons pas la catastrophe qui se prépare. Supposons qu’à 23 h 20, une bactérie particulièrement avisée commence à s’inquiéter. A grands renforts de moyens, elle lance un programme de recherche de nouveaux espaces. A 23 h 40, trois nouvelles boîtes sont découvertes, ce qui quadruple le volume disponible ! Cet accroissement des ressources, apparemment considérable, ne donnera pourtant qu’un répit de 40 minutes : la colonie étouffera à 0 h 40.
Avec les taux de croissance actuels, le temps de doublement de la consommation mondiale d’énergie est voisin de 50 ans. La crise que l’on annonce, et dont on perçoit déjà les premiers symptômes, n’est que la manifestation d’une croissance exponentielle dans un environnement fini. Peut-on estimer les échelles de temps mises en jeu ? Le calcul du temps de doublement de la consommation est une première tentative. Une autre façon de procéder consiste à calculer le rapport entre les réserves estimées d’une ressource et la consommation annuelle actuelle. La valeur obtenue est une borne supérieure au temps réel d’épuisement de la ressource considérée, car elle fait implicitement l’hypothèse – non vérifiée aujourd’hui – d’une stabilité de la consommation. Selon que l’on considère les réserves prouvées ou les réserves ultimes, les temps d’épuisement du pétrole, du gaz naturel et de l’uranium varient entre 40 et 120 ans ; pour le charbon, la situation est plus favorable : entre 220 et 850 ans (1). Du point de vue des ressources fossiles, minuit approche…
Quelles sont les possibilités d’allonger la durée du compte à rebours ? La première, qui tombe sous le sens, consiste à passer à un mode de développement plus lent, à croissance nulle, voire négative. Cette démarche est indispensable, même si sa mise en œuvre à l’échelle mondiale apparaît très difficile, tant la demande énergétique est forte. Chaque pas dans cette direction a cependant le mérite de faire gagner un peu de temps sur l’inéluctable disparition des ressources fossiles. Par ailleurs, le captage de l’énergie solaire, éolienne, géothermique, hydraulique, de la biomasse, de l’énergie des marées, des vagues ou de l’énergie thermique des mers permettrait également de ralentir l’épuisement des combustibles fossiles. Cependant, si l’on exclut le solaire, la puissance disponible dans les sources d’énergies renouvelables n’est supérieure que de quelques fois à celle consommée aujourd’hui. Si la croissance planétaire de la consommation se poursuit au rythme actuel, le temps viendra où les prélèvements satureront les capacités de renouvellement. La puissance disponible dans ces sources d’énergie impose donc une limite à la croissance de la consommation énergétique humaine, avec toutefois un avantage incontestable sur les boîtes à bactéries et les énergies fossiles : le stock disponible se renouvellera.
En revanche, la Terre reçoit du Soleil une puissance 13 000 fois supérieure à celle que consomme l’humanité. Le Soleil brille parce qu’il est chaud – sa température de surface est de l’ordre de 6 000 °C – et, en un peu plus d’un millionième de seconde, il rayonne autant d’énergie que l’humanité en produit en un an (2).
Ainsi, à l’échelle humaine, cet astre constitue une source en apparence inépuisable : il brille depuis 4,5 milliards d’années, et continuera à le faire pendant à peu près la même durée. S’il brille intensément depuis si longtemps, c’est qu’il puise son énergie au cœur des noyaux des atomes : dans les régions centrales les plus chaudes, des réactions de fusion thermonucléaire dégagent de l’énergie en transformant quatre noyaux d’hydrogène en un noyau d’hélium. Capter une fraction appréciable de cette énergie changerait radicalement les échelles de temps mises en jeu. Comment faire ? En sus des méthodes traditionnelles (capteurs solaires de type photovoltaïque ou thermique), deux projets ambitieux tentent de baliser la piste à suivre. Le premier, la construction d’une gigantesque tour solaire, est en voie d’expérimentation ; le second, la mise en orbite d’une station solaire, est encore à l’étude.
La structure la plus haute jamais construite par l’homme pourrait voir le jour dans l’outback (3) australien d’ici à 2008. La compagnie australienne EnviroMission projette d’y ériger une tour solaire de plus d’un kilomètre de hauteur, capable de produire une puissance de 200 mégawatts (4). Elle aura une section de surface voisine de celle d’un terrain de football, et se situera au centre d’un parterre de verre de plus de 7 kilomètres de rayon. Son fonctionnement est simple : la lumière solaire chauffe l’air situé sous le toit de verre, incliné de sorte que l’air chaud s’élève vers la tour. Il y est canalisé pour actionner des turbines dont la rotation produira de l’électricité 24 heures sur 24. Bien que l’énergie solaire soit, par essence, intermittente, la chaleur stockée dans le sol situé sous le collecteur de verre fournira une source d’appoint durant la nuit. Cette tour est une version géante du prototype de « cheminée solaire » inventée et construite par l’ingénieur allemand Schlaich Bergerman en 1982, près de Manzanares, en Espagne.
Quasiment toute l’énergie rayonnée par notre étoile se perd dans l’infini, la Terre n’en interceptant qu’un demi-milliardième. Pourquoi, alors, ne pas capter ce rayonnement depuis l’espace ? L’absence d’alternance jour/nuit permet de s’alimenter au Soleil en permanence, et l’absence du filtre atmosphérique multiplie par huit la puissance reçue. Durant les années 1995-2000, la NASA a lancé le programme de recherche et de développement technologiques Space Solar Power (5) pour conduire les études préalables à la réalisation de grandes stations solaires orbitales, capables de produire plusieurs centaines de mégawatts, voire quelques gigawatts. De grands panneaux photovoltaïques capteraient le rayonnement solaire, dont l’énergie serait ensuite transmise sous forme d’ondes centimétriques. Une expérience dans ce sens a même été réalisée à La Réunion, où l’utilisation de micro-ondes a permis d’alimenter en énergie les habitants vivant dans une vallée difficile d’accès (6). D’autres pays sont intéressés par ce projet. Le Japon a annoncé, début 2001, son intention de réaliser une centrale solaire orbitale d’ici à 2040. Ce satellite serait équipé de deux panneaux géants de 1 kilomètre sur 3, et il pèserait autour de 20 000 tonnes.
Si la consommation énergétique de l’humanité devait poursuivre sa croissance actuelle sur le long terme, seul le Soleil serait capable d’y pourvoir. Avec, cependant, une date butoir théorique : celle où la croissance de la consommation imposerait de capter toute la puissance qu’il rayonne. Cette date pourrait ne pas être aussi lointaine que nous l’imaginons : 3 200 ans d’une croissance annuelle de 1 % suffisent à l’atteindre. Le Soleil est, lui aussi, fini.
@clémence
Cela fait environ 1 an que je n’ en parle plus, sauf si on m’ y invite…
Le fait d’ avoir eu raison avant le déclenchement de la crise ne change rien au fait que les gens n’ aiment pas les mauvaises nouvelles, ni leur messager, surtout quand il n’ a pas été écouté.
Toutefois, ce réflexe repose sur une base bien rationnelle: si chacun transmettait « le cafard » , la situation s’ aggraverait aussitôt (prophétie auto réalisatrice).
@Rumbo et Jean Goupil
Attention au petit raccourci, ne faites pas de cas isolé une généralité.
Je suis moi même artisan dans le bâtiment, et en ce moment c’est la purge ; il faut bien distinguer deux secteurs: le neuf et la rénovation.
La rénovation est aussi en baisse et donc se restructure (panneau photovoltaique, isolation renforcé,…grace aux incitation gouvernementale..), mais compte tenu de la quantité incroyable de rénovation qu’on à observé c’est dix dernières années
le plus gros à été fait.(et le cash manque)
Le neuf est en mauvaise situation dans ma région selon les départements on attend une baisse de -30% à -50%,
au niveau national je n’ai plus les chiffres mais on est dans la moyenne.
rendez vous compte qu’on laissait encore s’installer des artisans en Octobre dernier……alors que déjà la baisse se faisait sentir début 2008.
1°:La quantité de construction et rénovation subit une forte baisse
2°:L’effectif global dans l’artisanat était basé sur la croissance exceptionelle de ces dernières années
3°:l’effectif par confrérie est très disparate (le nombre de maçons est énorme par rapport aux serruriers par exemple)
4°:la taille de l’entreprise
5°:sa zone géographique
……….
La purge à commencé enfin 2008 par les artisans maçon puis début d’année par des couvreurs……..
trop de personnes se sont installés ces dernières années, laissant la qualité en second plan, l’appât du gain certainement sans compter le travail au noir en supplement pour les faux frais :).
En ce moment on vous dit : « ça semble repartir », foutaise, qui construit ?, à qui les banques prêtent-elles ?
On est tous débordé en ce moment (dans la construction neuve) parce qu’on vit sur les commandes de l’année dernière et surtout les constructeurs veulent approcher leurs rendements des dernières années , les maisons se montent en 7 à 8 mois au lieu de 11 à 12 mois, la grande course jusqu’à Aout (la respiration dans le bâtiment).
Les constructeurs ne vendent plus beaucoup ils savent que certains vont mourrir (normal, comme les artisans ils sont trop nombreux, regardez l’immobilier c’est la même chose), ils sont au point de nous demander des baisses de tarif de 5%
(certains constructeurs jusqu’à 16%!!!),voila le rapport de force est bien monté d’un cran, la purge commence, j’attend l’hiver prochain pour voir si je reste dans le train ou si je reste sur le quai (et peut etre sous le pont 🙂 ).
Alors ne tirez pas de conclusions hative,la crise économique touche même les tpe/pme, comme dans n’importe quel autre secteur tout dépend de l’entreprise, de son marché, de son patron (petit!), de son réseau, de sa situation géographique………
@ Tique
C’est avoir une conception particulière de ce qui constitue la moralité d’une action, qu’on pourrait qualifier d’utilitariste ou de conséquentialiste (je passe sur les différences), qui n’a RIEN à voir avec une quelconque idée de rationalité. Que cette approche soit l’approche morale correcte, ou qu’elle soit même compatible avec l’idéal démocratique de respect mutuel entre égaux, cela ne va pas de soi. Il n’y a rien de « rationnel » là dedans. Il s’agit juste d’une posture morale qui ne dit pas son nom (ou stratégique pour ceux qui y ont un intérêt… la « prophétie autoréalisatrice c’est du pain béni pour l’oligarchie financière).
Les démocrates qui passent leur temps à exiger la transparence sur l’espace public, et qui en même temps dès que les choses deviennent sérieuses sortent le concept de « prophétie autoréalisatrice » ou de « principe de précaution » de leur chapeau m’ont toujours fait beaucoup rire.
La situation est grave, peut-être désespérée, mais rappelons-nous que l’homme est comme le saumon, il n’est jamais autant lui-même que lorsqu’il remonte le courant.
Par exemple, Apple a sorti son iPhone en 2007, année du démarrage de la crise. Il en a vendu des millions. La communauté des programmeurs s’est aussitôt mise au travail pour concevoir de nouvelles applications. Il y en aujourd’hui plus de 22.000, accessibles d’un clic sur l’Apple Store. Plus d’un milliard de téléchargements. Une sorte d’économie symbiotique a bourgeonné et est sortie de terre: les applications rendent le smartphone encore plus intéressant et désirable et d’autre part, le volume des ventes de l’iPhone stimule les programmeurs qui rivalisent de créativité. Au total, l’iPhone est en train de devenir une sorte de super canif suisse virtuel, un objet magique à tout faire, ayant largement excédé ce à quoi il était destiné à l’origine. Il se transforme, par exemple, en télécommande, en palette de peintre (la dernière couverture du New Yorker a été composée sur un iPhone), en instrument de musique, en lampe de poche, en livre de recettes. Il vous oriente en ville, reconnait un air de musique, traduit. Bientôt, on l’utilisera comme carte de paiement.
Et tout ça par temps de crise…
@ françois,
je partage avec vous le fait que le scénario « désagréable » prend de jours en jours une probabilité d’occurence croissante. Cependant le pire n’est jamais certain et les regles du jeux peuvent etre changer à tout moment. Baignant au quotidien dans l’environnement financier je temoigne de l’autisme ambiant , de l’effet lobotomisant du »on le pense positif donc cela sera » conduisant à un optimiste dangereux pour l’avenir.
A vous lire,
chris
@ clémence
même constat que vous .
Cela fait des mois que je passe pour un urluberlu, j’ai argumenté, développé, déssiné, recommandé ce blog, rien n’y a fait, la difficulté de penser peut ètre …….
Alors finis je n’en parle plus , même mon banquier(pardon ! mon vendeur de produit financier) n’y pige que dalle lorsque je lui pose des questions sur la banque et son fonctionnement.
Je ne sais pas s’il s’agit plus d’un déni que d’une accoutumance.
Sur wikipédia j’ai trouvé cela:
Accoutumance
L’accoutumance ou tolérance est un processus d’adaptation de l’organisme à un stimulus extérieur, un environnement nouveau ou même un produit toxique. Cette accoutumance se manifeste par un affaiblissement ou même un épuisement de la réponse à ce stimulus à mesure que l’organisme y est confronté. Cette diminution de la réponse implique nécessairement une capacité plus grande à supporter les effets du stimulus et la possibilité potentielle d’augmenter le stimulus afin de recréer les mêmes effets qu’à la première confrontation.
Drôle non! il faudrait donc 2 fois le tintamarre de septembre pour que les personnes réagissent 😉
@tique: « Toutefois, ce réflexe repose sur une base bien rationnelle: si chacun transmettait “le cafard” , la situation s’ aggraverait aussitôt (prophétie auto réalisatrice). » Encore ce cliché de l’optimisme pensé comme une nécessité ! Si les capitalistes s’étaient abonnés au pessimisme, ils auraient une vision plus prégnante de la réalité : elle n’est pas faite d’options, et encore moins de stock options, mais de nécessités.
Super….. Entre LEAP 2020 et ça, je fais quoi maintenant !! Euh, je crois que je vais lancer Mario Kart et jouer à la Wii…. Vous me réveillez dans 20 ans??
La classe moyenne n’a pas encore trinqué. Tout est là. Lorsqu’elle sera touchée à son tour, on en reparlera.
@ Philippe Soubeyrand
Merci pour l’article !
« réduire au plus vite (sous-entendu en moins d’une année) la population mondiale et la ramener au niveau raisonnable de 3 milliard d’êtres humains… Absurde et insoutenable humainement ? Certes, mais est-ce pour autant impossible techniquement ? Non hélas… »
Comment dire…Heureusement que vous avez ajouté le « hélas » ! J’ai eu très peur…
Cela dit, suite à votre commentaire je voudrais évoquer ceci :
Le malthusianisme à l’échelle globale est-il souhaitable ? S’il l’est, est-il possible ? Je m’explique :
-Les manuels d’Histoire-Géo (vous noterez la qualité de mes sources) expliquent que la démographie d’un pays est étroitement liée à sa capacité à produire de la richesse, et de redistribuer cette richesse de façon pas trop injuste.
-La capacité à produire les richesses est elle-même intimement liée à la production et à la consommation énergétique.
-On pourrait donc supposer qu’à l’échelle du globe, une démographie « sage » (stabilité) serait intimement liée à la capacité de jouir d’une énergie justement répartie et maîtrisée.
-C’est là qu’entrent en scène les énergies alternatives existantes, et surtout du futur disons « proche ». Mon dada à moi, c’est la fusion nucléaire produite sur Terre, et dans l’article de Lehoucq, c’est la fusion du vrai Soleil récupérée dans l’espace.
Voici où je veux en venir : nos grands politiques et financiers sont bien gentils de tourner en rond en temporisant et en pleurnichant parce que leur joujou est cassé.
Mais s’ils passaient sur le mode LONG TERME, ils verraient, au-delà de leurs hydrocarbures et de leurs marchés boursiers confits par la spéculation,
que non seulement la compréhension de ce qu’est la monnaie est fondamentale, mais que la mise au point d’une production énergétique viable et durable l’est tout autant, car c’est la clé de la coexistence des humains sur le long terme, sans craindre de déborder de la boîte à bactéries !
Cela dit, l
à Antoine
Environ 99% du personnel d’une banque n’a aucunement en tête la synthèse du fonctionnement d’une banque et des swot (menaces, opportun,ités, marges, risques) de ses flux monétaires avec ses « parties prenantes » (au passif, à l’actif, au hors bilan, en charge).
à Clemence Daerdenne
Vous n’êtes pas seule.
Il y a des mois que je n’évoque plus la question crise qu’au compte-gouttes.
Serait-ce de la mauvaise volonté ou du déni ? J’en doute.
… Le capital des banques est négatif … L’offshore déborde
… Le hors bilan des banques est inconnu … les autorités sont calfeutrées et mensongères …
Faute de ducs-d’Albe ou de poteaux auxquels tendre un axone,
les neurones ne voient pas même des lucioles ou des libellules qu’ils pourraient re-connaitre.
Ne serait-ce pas le cerveau de votre protagoniste qui ne sait pas quoi faire de vos propos ?
A propos où en est l’avancement du Glossaire ?
Le mot hors-bilan y figure t-il ?
Le 8 juin, à la publication des feuilles-de-vigne de la BRI il vaudrait mieux que tout visiteur de ce blog comprenne bien ce que signifie (a) hors bilan – (b) propagation de hors bilans depuis NewYork, via (…) jusqu’à Socgen et BNP, puis à (…) via (…)
@Ton vieux copain Michel : à quelle nécessité obéit l’iPhone et ses 22.000 applications qui ont l’air de faire votre enthousiasme ?
@coucou : y’a belle lurette qu’il aurait fallu « passer sur le mode long terme », mais le système n’est pas équipé pour. Les individus non plus, du reste, il est prouvé qu’on a tendance à privilégier le présent au détriment du futur. Toutes les espèces en font autant : elles ne savent, au mieux, que faire des provisions pour le prochain hiver. Les politiques ne font pas mieux : leur horizon est borné par les prochaines élections. Et le peuple, quand on lui demande son avis, vote pour les solutions à court terme des problèmes à court terme. Et les journalistes, qui informent le peuple, votent d’abord pour leur salaire à la fin du mois. Pensez enfin au Château de Kafka : la stratégie à long terme de son héros, qui veut à tout prix rencontrer les dignitaires du Château, s’échoue à tous les coups sur les récifs du court-terme. Bref, le « long terme » est encore un cliché.
Le New York Times rapporte l’inauguration du « National Ignition Facility », ou NIF.
La remarque du Dr Moses qui dirige le projet nous fait tous rêver:
“If fusion energy works,you’ll have, for all intents and purposes, a limitless supply of carbon-free energy that’s not geopolitically sensitive. What more would you want? It’s a game changer.”
Si l’énergie de fusion fonctionne, vous aurez,à toutes fins utiles, une ressource illimitée d’énergie libre de carbone non sensible géopolitiquement. Que voudrions nous de plus? C’est un changement de donne.
http://www.nytimes.com/2009/05/26/science/26fusi.html
Qui peut savoir quand le rêve deviendra réalité mettant à notre disposition sur terre la puissance des étoiles, celle de la fusion nucléaire?
Les prévisions sont hasardeuses et rarement justes.
Le tableau esquissé par François Leclerc n’est heureusement pas ne prévision. Il a plutôt essayé de deviner l’esquisse d’un tableau dans les lignes tracées sur la toile, les taches de couleur déjà visibles… mais l’hypothétique « Pollock » auteur du tableau peut renverser un pot de peinture qui rendrait caduques ces arcanes entrevues.
http://www.ipollock.com/
Guernica n’est pas sure.
@Philippe Soubeyrand
Les humains ne sont pas comme les bactéries confinées dans une boîte.
De mon point de vue, il y a plein de place en Australie, aux US, dans les campagnes Françaises…
La fin du monde pour tout a l’ heure est un gros flan indigeste qui ne passe pas.
Il sert uniquement a noyer le poisson (l arnaque reelle, immediate, ici et maintenant) dans du gros flan (échelle galactique).
PS : la terre n’ est pas une boîte de Pétri, les hommes peuvent radicalement changer, une decouverte revolutionnaire (comme internet ) appliquée a l’ énergie, et tout le gros flan s’ évapore.
Par contre les Top profiteurs humains seront toujours là pour monter leurs péages et tondre leurs semblables : cela j’ en suis certain !
Je propose un exercice de style à François :
écrire un billet optimiste
@ Tous,
Le moment de la conviction approche. Nous allons tous bientôt mettre le doigt sur la cause première de cette crise qui est très probablement un problème d’épuisement des matières premières non renouvelables, déjà signalé sur ce blog. Les perturbations dans le monde de la finance ne sont que des conséquences.
La monnaie ne serait qu’accessoire dans cette histoire.
Lisez « C’est maintenant. 3 ans pour sauver le monde Editions du Seuil » de JM. Jancovici ou bien écoutez et visionnez sa conférence sur le site ci-après
http://www.espci.org/fr/jancovici
Lehoucq ne parle pas de réduction malthusienne, il dit que 3 milliards, ou 6 milliards est approximativement la même chose quand le temps se déroule et que la demande énergétique augmente. Bref, il explique ce que sont les exponentielles et que lorsque les hommes politiques ou Johannes Finckh parlent de sauver le monde à jamais en relançant la consommation, c’est surtout qu’ils semblent avoir du mal à intégrer une donnée fondamentale dès le départ.
Jancovici dit la même chose que Lehoucq d’ailleurs, mais son pari est plus porté sur le moment où on va dépasser le pic de l’extraction pétrolière.
A la suite de quoi, il faudra comprendre si avoir au delà d’une certaine quantité d’énergie à sa disposition, et par personne, est un fait qui rend les gens à coups sûrs, plus heureux pour profiter de leur existence.
A voir la tête de certains banquiers dans de magnifiques tailor made suits, descendant d’un jet privé après être rapidement passé à LA, Tokyo, Singapour, et Londres, j’en doute souvent
@ A
C’est la version optimiste que je publie !