L’actualité de la crise : La crise se poursuit, l’après-crise se dessine, par François Leclerc

Billet invité.

LA CRISE SE POURSUIT, L’APRES CRISE SE DESSINE

Le renouvellement prévisible des métaphores utilisées pour évoquer la crise et ses perspectives est en bonne voie. Peter Orszag, le directeur du budget à la Maison Blanche, a bien commencé en déclarant le 17 mai dernier sur CNN : « la chute libre de l’économie semble s’être arrêtée », mais il est hélas immédiatement retombé dans un poncif, ajoutant : « Il y a des lueurs d’espoir… ». Le lendemain, éludant une question lui demandant s’il pensait que nous avions touché le fond, pour rester dans les poncifs, Tim Geithner, secrétaire au Trésor, a préféré sauter à la phase suivante, affirmant en innovant que « la reprise ne sera pas stable et régulière. Elle sera cahotante (…) et fragile pendant un temps ». Au chapitre de la franchise, il a même déclaré : « Pour nombre d’Américains, ça n’ira pas mieux avant longtemps ». Barack Obama, à l’occasion de la première réunion de son conseil pour la reprise économique, a déclaré avec prudence: « Nous sommes contents de voir des progrès, de voir un certain retour à la normale par certains aspects sur les marchés financiers. »

A en croire la Fed, le reste ne va pas très fort aux Etats-Unis. L’économie américaine ne devrait pas être conforme à ses objectifs de croissance, de chômage et d’inflation avant cinq ou six ans. Le taux de chômage, qui est actuellement de 8,9%, pourrait atteindre 9,6% en 2009 et toujours 8,5% en 2011, l’objectif de la Fed étant compris entre 4,8 et 5,0%. Le PIB devrait chuter en 2009 plus que prévu, soit de 2,0%, avant de croître de 2 à 3,0% en 2010 et de 3,5 à 4,8% en 2011. Ces nouvelles prévisions plus pessimistes que les précédentes datant de février dernier.

Nous ne sommes pas encore sur la branche horizontale du « L », mais nous nous en approchons, Paul Krugman n’en écarte pas la possibilité, Joseph Stiglitz également. Il est frappant de remarquer, toutefois, que les analyses font sauf exception défaut pour expliquer cette période de stabilisation qui nous attend, puisque c’est ce qui nous est au mieux promis.

Dans un article syndiqué intitulé « le printemps des zombies », Joseph Stiglitz en donne les raisons : « Les banques zombies – ces morts-vivants – ‘parient sur leur résurrection’, en reprenant les mots immortels d’un économiste, Edward Kane. Tandis qu’elles répètent la débâcle des caisses d’épargne et de prêts américaines (Savings & Loans) des années 1980, les banques utilisent de mauvais modèles de comptabilité. (Elles étaient par exemple autorisées à conserver des actifs non performants dans leur bilan sans les échéances). Pis encore, elles peuvent emprunter à bon marché à la Réserve fédérale, même sans réelles garanties, tout en prenant sur les marchés des positions risquées. »

« Certaines banques ont annoncé des bénéfices au premier trimestre 2009, la plupart grâce à des tours de passe-passe comptables et à des gains sur les marchés financiers (c’est-à-dire en spéculant). Mais ce n’est pas ce qui va permettre au monde de se rétablir rapidement. Et si le pari est perdu, le contribuable américain devra régler une note encore plus salée. Le gouvernement américain aussi parie qu’il va s’en tirer : les mesures de la Fed et les garanties du gouvernement signifient que les banques ont accès à un financement à bas prix, alors que les taux des crédits qu’elles accordent restent élevés. »

« Sauf une nouvelle mauvaise surprise, il est même possible que les banques puissent s’en tirer sans traverser d’autre crise. D’ici à quelques années, les banques seront recapitalisées et l’économie reviendra à la normale. Cela est le scénario idéal. Mais l’expérience conduit à penser que cette approche est dangereuse. Mais l’expérience conduit à penser que cette approche est dangereuse. Même si les banques se portaient bien, la dépréciation et la perte de richesse qui découlent de la crise signifient que selon toute probabilité l’économie sera faible. Et une économie sans force est plutôt synonyme de pertes bancaires que de bénéfices. »

Somme toute, il nous faut prendre notre mal en patience, en attendant que les banques se guérissent de celui qui les a atteint. Nous subissons une double punition, en raison de leur double faute.

Si les explications font souvent défaut, les commentaires erronés ne manquent pas, au contraire. Il n’est de jour qu’un commentateur mal inspiré annonce le dégel du marché interbancaire, s’appuyant en Europe sur la baisse du taux du Libor, signe d’une reprise selon lui de l’activité. Occultant une réalité plus dérangeante pour l’optimisme de son propos, à savoir que les banques pouvant se fournir en liquidité à très bas prix auprès de la BCE, elles n’ont aucun intérêt à aller emprunter ailleurs pour nettement plus cher, si elles y parviennent. Et donc le Libor baisse, car il n’y a peu de demande !

La crise bancaire se poursuit donc, induisant entre les banques cette défiance qui paralyse leurs relations financières. En France, le sénateur Jean Arthuis, président de la commission des Finances, du Contrôle budgétaire et des Comptes économiques de la Nation du Sénat, a eu cette magnifique formule : « Sans doute y a-t-il eu un peu d’inertie dans le provisionnement des banques françaises ». Mais, sans attendre l’annonce de nouvelles dépréciations dans les comptes des banques, impliquant de nouvelles opérations de sauvetage, la situation de Natixis et de ses actionnaires le Groupe Ecureuil-Banque Populaire, fait l’objet de toutes les rumeurs, en dépit des mesures de soutien déjà annoncées par les pouvoirs publics. Elles ne suffiront pas, est-il clairement envisagé, d’autres vont devoir intervenir à nouveau. Soit sous la forme d’une garantie publique du portefeuille d’actifs de Natixis, soit sous celle de la mise en place d’un mécanisme de cantonnement.

De la Grande-Bretagne à la RFA, en passant par l’Irlande ou la Belgique, les exemples de solution ne manquent pas, toutes les variantes sont essayées ou envisagées. La situation française semble compliquée par le fait que les grandes banques préfèrent essayer de tirer leur épingle du jeu en solo et veulent éviter une solution globale, qui pourrait les amener à consentir des contreparties. Pas plus qu’elle n’acceptent que les résultats des stress tests européens, quand ils seront effectués, ne soient exposés sur la place publique, de peur du pilori. Le nouveau PDG de la Société Générale, Frédéric Oudéa n’a pas craint de donner deux arguments de fond pour justifier, selon sa formule contournée, qu’il n’était « pas indispensable » de les rendre publics. « La confiance est présente dans le système bancaire français et dans la Société Générale en particulier », a-t-il cru devoir ajouter, particulièrement bien placé dans ses nouvelles fonctions pour rappeler que l’ensemble des banques françaises se livrent depuis des années à des tests de résistance. Et puis, afin de se rallier démagogiquement un public, « nous n’avons pas de leçon à recevoir des Américains ».

Sans doute parce que la récession y est plus forte, et qu’il est maintenant admis que c’est chez elle que la situation des banques est la plus alarmante de toute la zone euro, la réalité allemande est moins dissimulée. Hartmut Schauerte, secrétaire d’Etat à l’Economie a reconnu ce mardi que l’Etat a dû assumer « les fonctions de banquier », les banques ayant quasiment coupé le robinet du crédit, précipitant nombre d’entreprises dans la crise. Il a précisé que « l’épreuve cruciale est encore à venir pour ce qui concerne l’approvisionnement en liquidité (des entreprises), en août, septembre et octobre ». Sous le nom de « Deutschlandfonds », le gouvernement a mis en place un programme de 115 milliards d’euros de garanties financières et de crédits directs.

En dépit de cette franchise (relative) et de l’ampleur des mesures prises ou annoncées, le gouvernement allemand vient de recevoir plusieurs volées de bois vert. Günther Verheugen, le commissaire européen à l’industrie, n’y a pour sa part pas été par quatre chemins : « L’Allemagne était la championne du monde des risques bancaires. Nulle part ailleurs dans le monde, pas non plus en Amérique, les banques ne se sont lancées d’une façon aussi importante dans des risques aussi incalculables, surtout les banques régionales ». Wolfgang Münchau, l’un des chroniqueurs du Financial Times, sous le titre sans équivoque « L’Allemagne a besoin d’autre chose que des tours de passe-passe comptable », a de son côté considéré que les plans de cantonnement annoncés, qui éludent la nécessité de recapitalisations, ne sont que des temporisations, et qu’il faudra bien que les contribuables payent à l’arrivée, car il est illusoire de penser que les investisseurs privés s’engageront dans les structures qui devraient être mises en place.

Il semble que ce ne devrait pas être le cas aux Etats-Unis, le Trésor retardant encore l’annonce de la liste des heureux élus qui vont mettre en place et expérimenter les structures publiques-privées de défaisance, devant l’afflux de candidats à leur gestion. Sans doute parce que les conditions offertes par les pouvoirs publics y sont considérées comme très attractives, c’est-à-dire fort généreuses. Finalement, de part et d’autre de l’Atlantique, selon des modalités différentes, c’est un peu le même plan qui est proposé. Dans un cas, aux Etats-Unis, sa complexité apparente masque le fait que les contribuables en sont les financiers de dernier recours, dans l’autre cas, en République Fédérale, il est seulement prévu qu’il ne leur sera dit que plus tard, le plus tard possible.

Le renflouement des banques américaines, portées par l’embellie boursière de leurs valeurs de ces dernières semaines à l’annonce de leurs résultats, se poursuit à toute allure, les encourageant à vouloir rembourser au plus tôt les fonds publics qu’elles ont emprunté, afin de récupérer leur totale liberté (comme si elles avaient subi de si nombreuses contraintes !). Parallèlement, l’important et dense tissu des banques locales américaines s’enfonce dans la crise, n’ayant pas les moyens des grandes banques pour faire face à ses difficultés, largement délaissé par les pouvoirs publics, en dépit de l’annonce récente que des fonds résiduels du TARP, abondés par les remboursements à venir des grandes banques, allaient être consacrés à l’aider. Il y a de la concentration de l’air et des bonnes affaires en perspective, comme nous l’avons déjà indiqué.

Il est certes justifié de s’interroger sur les bases effectives des résultats financiers annoncés par les banques, ainsi que sur leurs conséquences boursières, et pour finir sur la solidité de l’ensemble du nouvel échafaudage qui tente d’être progressivement construit sous nos yeux. Au mieux, il l’est sur le sable de l’économie américaine, au pire il résulte d’un montage qui s’écroulera de lui-même. Il est aussi permis de se demander quel est le feu de brousse qui amène les banques à vouloir si vite couper tout lien financier avec l’administration de l’Etat. Est-ce, comme on l’entend dire, afin de ne pas avoir à souscrire aux maigres obligations qui leur sont faites en matière de rémunération de leurs dirigeants, qui peuvent facilement être contournées et qui le sont certainement déjà ? Ou n’est-ce pas plutôt afin de couper court à toute velléité de renforcement de ces mêmes obligations, qui pourraient intervenir à la faveur de nouveaux épisodes ? Qu’est ce que cela peut-il bien signifier, par ailleurs, ce subit besoin de liberté, alors que, petit à petit, des informations filtrent à propos des futures mesures de régulation qu’envisagent les pouvoirs publics, notamment dans le domaine des produits dérivés ? Sont-elles, malgré leurs limites, néanmoins considérées comme inacceptables, impliquant de se mettre en ordre de bataille pour s’y opposer ?

Que pèsent, en réalité, ces calculs et ces luttes plus ou moins ouvertes d’influence et de pouvoir à propos de la configuration du système financier de demain, face à l’avenir de l’économie mondiale tel qu’elle est, dans le meilleur des cas, désormais envisagé, qui va poser des problèmes bien plus redoutables ?

Fidèle à son nouveau rôle, le FMI, par la bouche de l’un de ses directeurs adjoint, John Lipsky, s’inquiète depuis Tokyo qu’une situation qui pourrait selon lui encore empirer. Il met en garde contre d’éventuelles complaisances et estime bien peu probable, en tout état de cause, que la consommation retrouve sa vigueur passée, en particulier aux Etats-Unis. C’est à la même conclusion que Joseph Stiglitz est d’ailleurs parvenu dans son article déjà cité. « Cette récession est complexe : c’est une crise économique combinée à une crise financière. Avant son début, les consommateurs criblés de dettes aux Etats-Unis étaient le moteur de la croissance économique mondiale. Ce modèle est aujourd’hui en panne et il n’est pas près d’être remplacé. » Voilà un pronostic dont il n’a pas encore été fait le tour de ses énormes conséquences.

Pour aborder brièvement un tout autre sujet, le voyage qui est en cours de Lula, le président brésilien, en Arabie Saoudite, en Chine et en Turquie, illustre autant que les interrogations précédentes, inconnues comprises, ce que l’avenir nous réserve. La Chine est devenue le premier partenaire commercial du Brésil, cela n’est pas sans conséquences. Ce que les économistes, mal inspirés, appelaient commerce Sud-Sud, par opposition au commerce Nord-Sud entre pays développés et pays sous développés, est en train de petit à petit s’organiser sur de nouvelles bases, sur de nouvelles complémentarités. Ainsi que sur de nouvelles connivences, en s’appuyant sur des intérêts communs bien compris.

Si l’un des moteurs du commerce international, les exportations des pays émergents, est et va tourner au ralenti pour une période indéfinie, mais que l’on s’accorde comme devant durer, le lent développement des marchés intérieurs des pays émergents, seule alternative à leur disposition, va accentuer le phénomène déjà largement en cours de basculement de l’axe économique mondial. Ils vont donc commercer de plus en plus entre eux, développant le fameux commerce Sud-Sud (la Chine, la Russie et l’Inde sont dans l’hémisphère Nord).

Ces pays, pris dans leur ensemble, disposent de matières premières de toutes natures, de ressources énergétiques, de terres agricoles, d’un tissu industriel dense et complet, d’une main d’œuvre nombreuse et de plus en plus qualifiée, de savoir-faire technologiques accomplis, et aussi de capitaux. Tout ce qui est nécessaire à leur essor économique.

Nous assistons actuellement aux prémices d’un nouvel équilibre économique mondial, au sein duquel les pays que l’on avait coutume d’appeler « développés » ne vont plus pouvoir prétendre au rôle hégémonique qui a été le leur. Ni leurs savoir faire technologiques, de plus en plus partagés, ni leurs centres financiers, en crise durable, ces deux derniers fleurons, ne sauront les maintenir aux commandes du monde tel qu’ils y étaient habitués.

Si les échanges commerciaux se développent de plus en plus entre pays émergents, et s’ils écartent de plus en plus le dollar comme monnaie pour leurs transactions, nous assisterons, à ce rythme-là, à la descente progressive du dollar comme monnaie de réserve. Ce moteur-là du changement peut connaître des ralentissements ou des accélérations, mais il ne calera pas.

Une déclaration un peu étonnante de Barack Obama est passée inaperçue dans le tourbillon de l’actualité. Dans un discours prononcé, le 15 mai dernier, à Rio Rancho (Nouveau Mexique), consacré au crédit procuré par les cartes du même nom, il a incidemment évoqué la Chine et l’achat par celle-ci des bons du Trésor US, pour craindre qu’elle pourrait un jour se lasser d’en acheter. Sans en tirer plus argument. Or ce n’est pas actuellement le cas. L’analyse du marché des bons du Trésor, au fur et à mesure de leurs adjudications, est une compétence qui ne s’improvise pas et il est donc difficile d’y voir clair. Mais il semble bien que les autorités chinoises poursuivent leurs achats et que ce n’est pas sur ce terrain qu’il est possible observer l’évolution de leur politique. C’est dans le domaine monétaire, où ils sont plus libres de leurs mouvements, que les dirigeants chinois agissent. Ils viennent de trouver avec Lula un renfort, ce dernier ayant expliqué qu’il souhaiter que les relations commerciales entre les deux pays soient désormais libellées dans leurs deux monnaies respectives, excluant le dollar.

Les déclarations du gouverneur de la banque centrale chinoise, préconisant avant le dernier G20 l’abandon du dollar comme monnaie de référence, ont sonné comme une alerte, trop vite oubliée. Zhou, le gouverneur, avait pourtant bien pris soin d’expliquer qu’il s’agissait d’une perspective à long terme, et qu’il souhaitait engager à ce propos des discussions, afin d’en prévoir les étapes. Si ces discussions ne s’engagent pas, comme proposé, d’autres moyens de parvenir aux mêmes fins sont donc possibles pour les Chinois. Cela prendra du temps, certes, mais il était de toute façon prévu qu’il en soit ainsi.

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41 réponses à “L’actualité de la crise : La crise se poursuit, l’après-crise se dessine, par François Leclerc”

  1. Avatar de antoine
    antoine

    Les chinois serrent doucement le noeud coulant. Plus ils prennent leur temps plus ils obtiendront de concessions, plus ils se mettent à l’abri et se renforcent (à tous les niveaux: diplomatique, monétaire, militaire). Le règne de la « troisième Rome » est passé. Il vaut mieux pour eux que les US s’étouffent lentement dans leur propre sang plutôtque de leur donner une mort expéditive.

    Pourquoi faut-il qu’il y ait une limite à la chute, un seuil? Au nom de quelle ancienne croyance?
    La seule chose susceptible de l’arrêter est le recours à des formes de protectionnisme de plus en plus agressives (sans quoi les salaires sont condamnés à baisser toujours plus et les chômeurs les plus qualifiés continueront à s’expatrier en masse…). Alors va venir le temps des rapports de force assumés et de l’attribution des marchés sur le mode russe (accords bilatéraux, stratégiques, plutôt que marché « libre »). Les transactions éco vont ainsi apparaître comme ce qu’elles sont, de la politque pure et simple dont les termes fondamentaux ne sont pas actif/pasif mais ami/enemi, et l’ultima ratio non le profit mais la virtualité de la guerre, c’est à dire la mort violente du fait d’autrui. Tout le problème sera alors de préserver les apparences de la pérenité d’un ordre ancien pourtant déjà révolu tout et de ne pas aller trop loin dans la prédation franche afin d’éviter tout conflit ouvert majeur.
    Suis-je trop pessimiste… ou malheureusement lucide?

  2. Avatar de TELQUEL
    TELQUEL

    Merci Francois ,bonjour a tous ci joint un lien aranalyse sur Daily bourse.
    http://www.daily-bourse.fr/analyse-Un-long-chemin-de-penitence-vtptc-7649.php
    Si vous le parcoure,lisez la conclusion.Amities

  3. Avatar de lacrise
    lacrise

    Le Leap offre aussi des perspectives pessimistes pour l’économie occidentale, son analyse étant parfois teintée de syllogismes douteux, me semble-t-il : en particulier il reprend la formule toute faite disant que ceux qui nous ont conduits à cette crise qu’ils n’avaient pas prévue ne sauraient prédire quand elle finira. Pourquoi ne l’auraient-ils pas volontairement provoquée ? Subiront-ils eux-mêmes, personnellement, les effets de la crise ? Ils sont aux affaires mais oeuvrent-ils véritablement pour le bien de l’occident ? La réponse à cette question rejoint à cet endroit la conclusion du Leap : l’occident, Europe, Etats Unis, Japon etc vit peut être un retournement historique, à l’échelle de plusieurs siècles. Analyse amusante pour le novice que je suis, en voici le détail :

    http://www.leap2020.eu/GEAB-N-35-est-disponible!-Crise-systemique-globale-Juin-2009-Quand-le-monde-sort-definitivement-du-cadre-de-reference_a3240.html

  4. Avatar de BA
    BA

    Bilderberg 2009 : le nombre de banquiers participants est très révélateur. Dans la liste des participants, on trouve des hommes d’Etat (Tim Geithner …), plusieurs ministres des Affaires Etrangères en exercice, des militaires de très haut rang, des responsables de l’OTAN, mais on trouve surtout un nombre incroyable de banquiers.

    Conclusion : les banquiers ont pris le pouvoir, aujourd’hui, en mai 2009. Le pouvoir n’est plus dans les mains des hommes politiques, ni du complexe militaro-industriel. Le pouvoir est dans les mains des banquiers.

    Les rois et les reines :

    1- Queen Beatrix of the Netherlands
    2- Queen Sofía of Spain
    3- Prins Filip, Belgian Prince

    Les autres participants :

    4- Étienne Davignon, Belgium, ancien président de la Société Générale de Belgique, vice-président de la banque Fortis, président honoraire du Groupe de Bilderberg
    5- Josef Ackermann, Germany, banquier, patron de la Deutsche Bank
    6- Keith B. Alexander, Director of the National Security Agency, USA
    7- Roger Altman, USA, banquier, proche du Parti Démocrate
    8- Takis Arapoglou, banquier, National Bank of Greece, Greece
    9- Ali Babacan, Turkey, actuel ministre des Affaires Etrangères
    10- Balsemão, Francisco Pinto, Portugal, PDG de la holding de presse Impresa SGPS
    11- Nicolas Baverez, France, chroniqueur du journal « Le Point »
    12- Franco Bernabè, Italy
    13- Xavier Bertrand, France, secrétaire général de l’UMP
    14- Bildt, Carl, Sweden, actuel ministre des Affaires Etrangères
    15- Jan Björklund, Sweden, actuel ministre de l’Education
    16- Christoph Blocher, Switzerland, homme politique, Union Démocratique du Centre
    17- Alexandre Bompard, France, PDG de la radio Europe 1
    18- Ana Botín, banquière, fille du PDG de la Santander Bank, Group Emilio Botín, Spain.
    19- Henri de Castries, PDG des assurances AXA, France
    20- Juan Luis Cebrián, PRISA Group of Media, CEO, Spain.
    21- W. Edmund Clark, banquier, TD Bank Financial Group, Canada
    22- Kenneth Clark, banquier, ΤD Βank Financial Group, Great Britain
    23- Luc Coene, banquier, National Bank of Belgium, Belgium
    24- Richard Dearlove, ex chef du MI 6, Service des renseignements extérieurs du Royaume-Uni
    25- Mario Draghi, banquier, Βanca d΄Ιtalia, Italy
    26- Eldrup, Anders, Denmark
    27- Elkann, John, Fiat SPA, Italy
    28- Enders Thomas, PDG d’ Airbus, Germany
    29- José (Manuel) Entrecanales (Acciona Group, Construction and infrastructures), Spain.
    30- Isidro Fainé Casas, banquier, President of Caixa « Bank » and SEAT Adviser, Spain.
    31- Niall Ferguson, Harvard Business School, USA
    32- Timothy Geithner, actuel Secrétaire au Trésor des Etats-Unis
    33- Dermot Gleeson, Ireland, banquier, Allied Irish Banks
    34- Donald E. Graham (Washington Ρost Company)
    35- Halberstadt, Victor, Professor of Economics, Leiden University, Netherlands
    36- Ernst Hirsch Ballin, Netherlands, actuel ministre de la Justice
    37- Richard Holbrooke (envoyé spécial des Etats-Unis pour l’Afghanistan et le Pakistan)
    38- Jaap de Hoop Scheffer, actuel secrétaire général de l’OTAN
    39- James L. Jones, général du Corps des Marines, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis
    40- Vernon Jordan, homme d’affaires afro-américain, l’une des éminences grises du Parti Démocrate à Washington.
    41- Robert Kagan, USA, chef de file des néo-conservateurs
    42- Jyrki Katainen, Finland, actuel ministre des Finances
    43- John Kerr, Baron Kerr of Kinlochard, Great Britain, diplomate
    44- Mustafa Koç, banquier, Turkey
    45- Roland Koch, Germany, homme politique, vice-président de la CDU
    46- Sami Cohen, Journalist, Turkey
    47- Henry Kravis, banquier, USA
    48- Marie-Josée Kravis, banquière, USA
    49- Neelie Kroes, une des 27 membres de la Commission Européenne
    50- Odysseas Kyriakopoulos, S&B Group, Greece
    51- Manuela Ferreira Leite, Portugal, banquière, administratrice non exécutive de Banco Santander.
    52- Bernardino León, Spain
    53- Jessica Mathews, Carnegie Endowment for International Peace, USA
    54- Philippe Maystadt, banquier, European Investment Bank, Belgium
    55- Frank McKenna, banquier, ΤD Βank Financial Group, Canada
    56- John Micklethwait, The Economist, Great Britain
    57- Thierry de Montbrial, Institut français des relations internationales (IFRI), France
    58- Mario Monti, Bocconi University, Milan, Italy
    59- Miguel Ángel Moratinos, Spain, actuel ministre des Affaires Etrangères
    60- Craig Mundie, Microsoft, USA
    61- Egil Myklebust, SAS Group, Norway
    62- Matthias Nass, Die Zeit, Germany
    63- Denis Olivennes, directeur du journal « Le Νouvel Οbservateur », France
    64- Frederic Oudéa, banquier, PDG de la Société Générale, France
    65- Cem Özdemir, co-président du parti des Verts en Allemagne
    66- Tommaso Padoa-Schioppa, Italy, banquier, président du comité directeur du Fonds monétaire international
    67- Papalexopoulos, Dimitris, CEO, Titan Cement Co. S.A., Greece
    68- Richard Perle, Αmerican Εnterprise Ιnstitute, USA
    69- David Petraeus, Commander, U.S. Central Command, USA
    70- Manuel Pinho, Portugal, actuel ministre de l’Economie
    71- Robert Prichard, Τorstar Corporation, Canada
    72- Romano Prodi, président du Parti Démocrate européen (co-président : François Bayrou)
    73- Heather Reisman, Ιndigo Βooks & Μusic Ιnc., Canada
    74- Eivind Reiten, Norway (Chairman BD Norske Skog, former CEO Norsk Hydro)
    75- Michael Ringier, Czech Republic
    76- David Rockefeller, banquier, USA
    77- Dennis Ross, USA, homme politique, membre du Parti Démocrate
    78- Barnett Rubin, USA
    79- Alberto Ruiz-Gallardón, Mayor of Madrid, Spain
    80- Suzan Sabancı Dinçer, Turkey
    81- Indira Samarasekera, President of the University of Alberta, Canada
    82- Rudolf Scholten, Social Democratic Party, Austria
    83- Jürgen Steb, Germany
    84- Pedro Solbes, Spain, homme politique, membre du Parti Socialiste
    85- Sampatzi Saraz, banquier, Turkey
    86- Sanata Seketa, Canada (University of Canada)
    87- Lawrence Summers, banquier, USA, chef du Conseil Economique National
    88- Peter Sutherland, banquier, Ireland
    89- Martin Taylor, banquier, Barclays Bank, Great Britain
    90- Peter Thiel, USA, libertarien proclamé, il a fondé The Stanford Review, aujourd’hui principal journal conservateur/libertarien de l’université.
    91- Agan Ourgkout, Turkey
    92- Matti Vanhanen, actuel Premier Ministre de la Finlande
    93- Daniel Vasella, Novartis AG, Switzerland
    94- Jeroen van der Veer, CEO Royal Dutch Shell, Netherlands
    95- Guy Verhofstadt, ancien Premier Ministre, Belgium
    96- Paul Volcker, USA, directeur du Conseil pour la Reconstruction Economique
    97- Jacob Wallenberg, banquier, Sweden
    98- Marcus Wallenberg, banquier, Sweden
    99- Nout Wellink, banquier, Netherlands
    100- Martin Wolf, Financial Τimes, Great Britain
    101- James Wolfensohn, banquier, USA
    102- Paul Wolfowitz, banquier, ancien président de la Banque Mondiale, USA
    103- Fareed Zakaria, USA – Newsweek
    104- Robert Zoellick, USA, actuel président de la Banque Mondiale
    105- Dora Bakoyannis, Greece, actuel ministre des Affaires Etrangères
    106- Anna Diamantopoulou, Greece, membre du Parti Socialiste Grec
    107- Yannis Papathanasiou, Greece, actuel ministre de l’Economie et des Finances
    108- Georgios Alogoskoufis, Greece
    109- George David, Coca-Cola 3E, Greece

    http://www.wacholland.org/nl/nieuws/bilderberg-2009-dag-4-final-day-inclusief-nederlandse-deelnemers

  5. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Il serait intéressant de savoir si les dirigeants actuels de l’empire du milieu ont l’intention de terrasser le dragon US selon des principes taoistes ou communistes ?
    Il est possible que la philosophie traditionnelle joue un rôle important dans la suite des décisions…
    La mort n’est qu’un court moment Lao Tseu l’a dit.

  6. Avatar de LeTransmuteur

    Voici le lien vers la vidéo de l’intervention de Jacques Attali lors du FIEF (Forum International Économique et Financier de Paris) 2009 :
    http://www.dailymotion.com/video/x99fg2_intervention-de-m-attali_webcam

    Jacques Attali est très pessimiste, il parle d’un “Weimar planétaire“. Écoutez-le bien, car il est d’une concision rare. Il précise aussi que les trois principales banques françaises sont des banques zombies et que l’avalanche qui a été déclenchée ne peut plus être arrêtée.

  7. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ François Leclerc
    Je lis toujours vos billets avec beaucoup d’intérêts, étant « total novice » en la matière. Les analyses et réactions des uns et des autres améliorant encore l’éclairage global de cette crise. Mais je me pose toujours une même question dont vous n’avez peut-être pas la réponse, mais sûrement une opinion.

    Je l’avais exprimé longuement dans un billet invité (Candide au pays de l’or noir) il y a deux mois de cela. Pour faire bref :
    – en juillet 2008 le pétrole atteint les 147$ le baril, la consommation est de 86,2 millions de b/j et la production est au taquet avec 86,6 mb/j
    – je me souviens d’une réunion au mois de juillet ou aout du G7 et de l’OPEC afin de pousser la production pour en faire baisser le prix (je n’en ai pas retrouvé les références, dommage), sans grand succès…
    – au mois de novembre, l’AIE publie son rapport annuel avec le schéma de la production que je présentais dans mon billet, on y constatait que la production de brut de qualité (crude oil) avait « piqué » en 2007 avec une dégringolade lente mais sûre pour la suite
    – on comprends mieux les réticences de l’OPEC à augmenter un production arrivée à son plateau
    aujourd’hui la consommation est de 82,5 mb/j et la production à 83,3 mb/j
    – là encore on comprend mieux un prix du baril à 60$,

    Mais je ne comprends pas une remonté du prix de 45$ en moyenne au début de l’année à 60$ aujourd’hui avec une consommation qui en 5mois a baissé de presque 2mb/j autrement que par la confirmation du schéma de Fatih Birol (AIE), ie. un plateau de production atteint en juillet 2008. Le déficit de production étant assuré par les pétroles non conventionnels (plus chers et moins bons, mais surtout plus gourmands en énergie). Quant à la baisse de consommation elle s’explique surtout par la chute de l’activité industrielle qu’il n’est pas besoin de rappeler ici et non (malheureusement) par une efficacité énergétique accrue sortie soudain du chapeau de BHO ou de NS en France. En bref la baisse de consommation et l’augmentation du prix serait une preuve supplémentaire du « peak Oil » atteint.
    A moins qu’il ne s’agisse de spéculation, mais en toute logique, une baisse de la demande n’a jamais entraîné un hausse du prix, ou alors il faut revoir la règle de base de l’économie de l’offre et de la demande… On n’est plus à ça prêt, certes, mais tout de même !
    Je ne pense pas qu’il soit utile de rappeler la dépendance de notre civilisation à l’énergie en général (sous forme de déplacements, chimie, chaleur, électricité…) dont l’essentiel provient de la manne fossile hydrocarbonée (pétrole, charbon, gaz) à plus de 80% !

    Peut-on penser que la deuxième vague de la Crise soit énergétique ? dans peu de temps ?
    La Crise et la chute (relative) du prix du pétrole on fait un peu oublier la nécessité de réorienter notre civilisation (n’ayons pas peur des généralités) vers un système fortement décarboné. Accessoirement, un hiver froid en Europe a fait oublier à beaucoup un réchauffement climatique qui nous impose plus fortement encore une généralisation forcée des économies d’énergies.

    Peut-on croire encore dans ces conditions à une quelconque reprise, à la vertu de quelques grands travaux autoroutiers ou aéroportuaires (comme en GB par ex.). Peut-on croire surtout que nous toucherions bientôt le bas de la crise pour repartir b.a.u. dans un ou deux ans, ou au pire dans cinq ou dix ans après une stagnation de quelques petites années ?

    Je n’ai pas de réponse, mais je fais des suppositions.

  8. Avatar de rodolphe

    @ le transmuteur
    Lien intéressant, mais l’intervention date du 26 janvier. Il y a fort à parier qu’Attali estime aujourd’hui que le pire a été évité.

  9. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Alexis

    Le cours du pétrole (pour faire vite) est l’indice le plus trafiqué dont nous disposons, dont l’interprétation fait, elle aussi, l’objet de beaucoup de spéculations ! Rien d’étonnant à ce que vous n’ayez pas de réponse à vos questions. C’est plutôt bon signe que de le reconnaître, cela évité d’en tirer des conclusions prématurées.

    Dans ce secteur, tout est piégé, depuis l’estimation des réserves, jusqu’à celle de l’extraction. Le reste de la chaîne, stockage, transport et raffinage n’est pas plus transparent. On ne parle là, au moins, que du pétrole « physique », c’est à dire réellement existant. Pour le reste, nous entrons dans le vaste monde inconnu et siencieux de la spéculation financière sur les matières premières.

    La détermination même de la date du « peak oil » (le moment où les réserves ne croisseront plus) est sujette à une grande incertitude. L’un des arguments avancé pour en justifier le report est que le prix de plus en plus élevé du pétrole va permettre de financer des coûs d’extraction de plus en plus lourds, dans des gisements de plus en plus profonds…

  10. Avatar de LeTransmuteur

    @ rodolphe

    Effectivement cette intervention destinée au sérail économique et financier date de quelques mois mais son analyse d’hier reste encore aujourd’hui pertinente et d’actualité.

  11. Avatar de Michel B
    Michel B

    et le la valeur du pétrole est exprimée en USD

  12. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Excellente synthèse, François Leclerc. Bravo pour votre travail et merci.

    Pour ce qui est de la hausse du prix du pétrole, ne peut-on estimer simplement que les opérateurs (spéculateurs inclus) prennent des positions sur les marchés à terme puisque que le consensus actuel semble être en faveur d’une reprise fin 2009, début 2010?

  13. Avatar de Smiley
    Smiley

    @ Alexis

    Ces derniers temps, le prix du pétrole semble très étroitement corrélé aux indices boursiers. Spéculation, disponibilité de liquidités semblent plus importants que le véritable rapport entre offre et demande.

    ??

  14. Avatar de Crystal
    Crystal

    @ Alexis et François Leclerc

    Je me suis vu exposé lors d’une semaine de formation en économie pétrolière la méthode de calcul des réserves.
    J’ai pas trop le courage d’aller fouiller dans mes papiers pour en retrouver la teneur exacte, mais de ce que j’en ai retenue c’était un peu limite…

    Elle est basé sur une modélisation du réservoir à l’aide d’une simulation de Monte-Carlo qui fait appel à tout un tas de variable contenant des paramètres physiques mesurables (par exemple la porosité des roches), et des coefficients censés rendre compte par exemple de la facilité de récupération. Ces derniers sont laissés à l’appréciation du géologue. Je me rappelle avoir demander :  » A l’appréciation du géologue ? C’est à dire ? » Et bien le géologue tire de son flair de son expérience etc… une valeur (donc assez intuitive) pour ces coefficients.

    Puis on rentre tout ça dans la moulinette et la modélisation nous pond à la fin un joli graph donnant la probabilité de présence en fonction du nombre de baril dans le réservoir. Après trois définitions (repris de wikipedia) :

    Réserves prouvées

    Définies par les ressources en gaz et pétrole « raisonnablement certaines » d’être produites, en utilisant les technologies actuelles, au prix actuel et selon les accords commerciaux et gouvernementaux en cours. Dans l’industrie, elles sont connues sous le nom 1P. Certains spécialistes utilisent l’appellation P90, car elles ont 90% de chance d’être mise en production.

    Réserves probables

    Définies par les ressources en gaz et en pétrole « Raisonnablement probables » d’être produites, en utilisant les technologies actuelles, au prix actuel et selon les accords commerciaux et gouvernementaux en cours. Dans l’industrie, elles sont connues sous le nom 2P. Certains spécialistes utilisent l’appellation P50, car elles ont 50% de chance d’être mise en production.

    Réserves possibles

    i.e., « ayant une chance d’être développées en tenant compte de circonstances favorables ». Dans l’industrie, elles sont connues sous le nom 3P. Certains spécialistes utilisent l’appellation P10, car elles ont 10% de chance d’être mise en production.

    Ces calculs sont actualisés avec de nouvelles données pendant la durée de vie du puit. Ce qui en gros revient à faire passer au fur et à mesure des réserves probables en réserves prouvées. C’est une des raisons qui fait que la plupart des débats sur le peak oil sont biaisés. A cause de cela, on s’entend dire que le rapport R/P (réserve sur production) n’a quasiment pas changé et que donc du pétrole on en a encore pour un bout de temps. Mais si vous avez bien compris ce que j’ai raconté au dessus le rapport R/P n’a pas bougé parce que des réserves probables sont devenues des réserves prouvées. Les réserves ultimes (celle que l’on sucera en tout et pour tout) n’ont pas bougé d’un iota pendant ce temps là. Pour faire une analogie avec l’actualité économique c’est comme un espèce de changement de norme comptable…

    Une remarque en passant : »La détermination même de la date du “peak oil” (le moment où les réserves ne croisseront plus) est sujette à une grande incertitude. »

    La définition du peak oil est le pic de production. De quoi ? C’est là où cela devient difficile. La première définition parlait du pic du production du pétrole conventionnel, puis a été étendu à d’autres ressources.
    Ce qui me permet d’arriver là ou je voulais en venir :

    « L’un des arguments avancés pour en justifier le report est que le prix de plus en plus élevé du pétrole va permettre de financer des coûts d’extraction de plus en plus lourds, dans des gisements de plus en plus profonds… »

    Vous pensez donc en gros à l’ultra deep water, oil shale, tar sand, et compagnie… Ce n’est pas quelque chose qui est de nature à modifier sensiblement la date du pic pour deux raisons. La première c’est qu’il est préférable de s’intéresser au pic des découvertes, qui de mémoire, est intervenu dans les années 70. Cela fait donc quasiment 40 que l’on consomme plus de pétrole que l’on en découvre. En gros si on s’intéresse aux ordres de grandeurs associés aux pétroles non conventionnels ce n’est pas significatif pour faire bouger de manière importante la date du pic. Même si cela représente quand même des réserves considérables, mais il faut bien garder en tête les ordres de grandeurs.

    Ensuite il ne faut pas oublier que les pétrole de type oil shale et tar sand sont peu rapide à extraire ( et je vais passer sous silence l’aspect catastrophe écologique que la mise en production de ce type de réserve implique). Dis autrement : « Est-ce que leur mise en production serait capable de compenser un taux de déplétion des puits traditionnels qui tourne autour de 6% ? » C’est loin d’être gagné…

    Les dernières projections qui ont intégré l’effet de la contraction de la demande à cause de la crise situe le peak autour de 2017-2020. Mais c’est vrai qu’il n’y a pas de consensus entre toutes les projections.

  15. Avatar de EnPassant
    EnPassant

    Sur le sujet de l’énergie une conférence de J.M jancovici du 27 mars 2008 chez Spie
    http://storage02.brainsonic.com/customers2/entrecom/20080227_Spie/session_1_fr_new/files/index.html

  16. Avatar de pseudo
    pseudo

    Selon le site  » information clearing house » , cinq banques détiennent quelques 193 trillions de $ de dérivatifs, soit plus de trois fois la valeur de l’économie réélle globale estimée à environ 60 trillions de $.

    http://www.informationclearinghouse.info/article22658.htm

  17. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Alexis et les autres

    Le prix du baril est fixé en Occident, sur les places spécialisées (New York, Londres) et a très peu à voir avec la consommation réelle ou la production, réelle ou envisagée. Certes, les contraintes économiques déterminent la tendance générale de ce prix, mais non sa hauteur quotidienne.

    Quand la crise bancaire a démarré en julllet 2007, fonds spéculatifs et banques d’investissements ont immédiamtent tenté de recouvrer leurs pertes sur des marchés plus « manipulables ». C’est à partir de ce moment que le prix des matières premières (pétrole en particulier) puis agricoles se sont envolés vers des sommets inégalés. Les doctes économistes prétendaient alors que c’était dû à le demande croissante provenant de Chine et d’Inde. Or ces deux régions étaient, comme tout le reste du monde déjà, en décélération économique. Et pour ce qui est de la Chine, elle importe son pétrole essentiellement de la Russie par contrats, donc non tributaires des aléas du marché.

    Les banques d’investissement (essentiellement Goldman Sachs, Morgan Stanley et Merrill Lynch), ainsi que bon nombre de fonds spéculatifs (hedge funds) ont alors poussé le prix du baril à la hausse pour se refaire autant que possible. Goldman, par exemple, aigissait non seulement comme courtier sur le marché de New York (Nymex), mais aussi sur le libre et entièrement électronique de Londres (ICE). Pour favoriser la hausse, Goldman stockait purement et simplement le pétrole et ceux qui en avaient effectivement besoin devaient payer jusqu’à 5 dollars en sus du prix courant pour l’obtenir ! Goldman créait de la sorte une pénurie articficielle justifiant économiquement la hausse du prix.

    Le prix du baril est fixé sur un marché à terme. Normalement, producteurs et utilisateurs comme les raffineries s’y retrouvent et conviennent d’un prix pour une livraison future. Durant le laps de temps entre cette convention et la livraison, le contrat peut changer plusieurs fois de main en fonction de l’évolution du prix. Mais dans l’ensemble, les deux parties agissent de la sorte pour « fixer » un prix et leur permettre de programmer leurs investissements et budgets. A cette aune, le marché à terme est indispensable à la maîtrise des coûts.

    Sauf que ce marché est pollué actuellement par les spéculateurs. En économie financière, le spéculateur est considéré comme le pourvoyeur de fonds (de liquidités) et le preneur de risques. Ce serait vrai si le spéculateur agissait avec son capital propre. Mais comme la majorité d’entre eux agissent à crédit, que les banques leur fournissent sans trop difficulté d’ailleurs – c’est une autre histoire – leurs interventions sur ce marché, qui est fondamentalement étroit, déstabilisent la cotation, la poussant tantôt à la hausse, tantôt à la baisse, toujours de façon exagérée.

    Pour savoir si le marché est affecté par des mouvements spéculatifs, il faut comparer deux statistiques : le volume traité, c’est-à-dire le nombre de contrats qui a été échangé durant la séance, et l’évolution du nombre de contrats en ciruculation, ce que dans le jargon est appelé « open interest ». Quand un opérateur, spéculateur on non, place pour la première fois un ordre d’achat ou de vente, le nombre traité augmente d’une unité et le nombre de contrats en circulation aussi. Quand l’opérateur clôture son contrat, le nombre traité augmente d’une unité tandis que celui de l’encours des contrats baisse d’une unité. Si aucune opération n’est de caractère spéculative, l’évolution du nombre de contrat en circulation ne peut jamais dépasser celui des contrats négociés.

    Le nombre de contrats en cours peut largement dépasser le volume quotidien de production de pétrole ainsi que le nombre de contrats négociés. Mais quand on constate que le volume négocié est un multiple du nombre de contrats en circulation, on peut déduire qu’il y a spéculation, car cela signifie que ces contrats tournent en rond, changent de mains continuellement. C’est précisément ce qui s’est passé depuis septembre 2007 jusqu’à la fin de l’été 2008. On assistait a des volumes négociés représentant une bonne dizaine de fois la production de pétrole, alors que le nombre des contrats en cours diminuait ! Un autre facteur indiquant la présence de spéculation est le différentiel de cotation entre les contrats à court terme par rapport à ceux à long terme. Normalement, plus le terme est long, plus le prix sera élevé. Duant la spéculation qui a sévi près d’un an, on constatait l’inverse : plus le terme était éloigné, moins le prix était élevé !

    Cette analyse vaut pour tous les marchés à terme. Et le même phénomène s’est produit avec les prix agricoles à partir de la même période. Les remous sociaux qui en a finalement résulté a contraint les spéculateurs à changer de tactique. Ils se sont rabattus sur les devises (en septembre 2008), puis sur les Bourses. Gageons qu’ils reviendront sur les marchés à terme quand les Bourses s’essouffleront. Et nos autorités de supervision laissent faire et nos économistes continuent de marginaliser le fléau que représente les spéculateurs « institutionnalisés ».

  18. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Jean-Pierre

    Merci de ces explications techniques et de ces rappels.

  19. Avatar de Alexis
    Alexis

    Merci pour touts ces éclairages, mais j’ai néanmoins de nouvelles questions…

    – Si la spéculation est essentielle dans la détermination du prix du baril, faut-il alors se fier ou non aux graphiques de l’AIE dans son rapport annuel et particulièrement dans ce pic de production bien visible en 2007 ? (voir les schémas sur leur site ou celui que je reproduisait dans mon billet du mois de mars)

    – Doit-on pareillement se fier aux dires de Margerie (TOTAL) qui prévoit un maximum d’en moins de dix ans avec un maximum à 87 mb/j ?

    – L’ASPO ou Jancovici dont je tiens l’essentiel de mes sources sont-ils de tristes Cassandre dont on ne devrait que se méfier ?

    – Dans tous les cas de figure, « peak oil » passé ou pas, nos dirigeants politiques et économiques peuvent-ils sincèrement promettre une « reprise » de la « croissance » quand on sait cette dernière intrinsèque de la production pétrolière ?

    – Analyse-t-on bien les conséquences sur l’économie en général et donc sur notre choix de société ie. sur-production, sur-consommation, pouvoir d’achat, délocalisations généralisées (du mitage rural à l’industrie chinoise en passant par les WE à Londres ou les vacances à Bali…) d’une énergie qui fatalement sera demain ou après demain de plus en plus chère car de moins en moins abondante ?

    – Peut-on objectivement croire que « demain nous aurons la solution » à ce problème, mais qu’il est plus urgent de sauver d’abord les banques et la finance comme préalable à la prise en main efficace du problème énergétique et environnemental qui nous guète à plus ou moins court terme ?

    – La remise en place d’un système financier, boursier, monétaire et bancaire même différent de l’actuel, ie. plus « juste », plus « équitable » et respectueux des travailleurs, ne risque-t-elle pas de conserver les mêmes valeurs de production/consommation mâtinées de »greenwashing » ? et pas d’avantage ?

    – Le changement de paradigme est-il vraiment dans l’effondrement actuel d’un système financier dit ultra libéral, et non dans un changement de civilisation induit par la fin (plus ou moins prochaine) d’une énergie sur-abondante et pratiquement gratuite ?
    – L’urgence impérieuse ne serait-elle pas tout d’abord dans la relocalisation de nos ressources alimentaires ? Imaginons un arrêt suite à une guerre de livraison de gaz et pétrole en Europe, en combien de temps les supermarchés sont-ils vides ?
    – Dans ces même conditions, comment vont se déplacer les banlieusards ou pire les « campagnards » des villes petites et moyennes n’ayant d’autres moyens de transport que leur voiture individuelle ? Où sont les stocks permettant de poursuivre une activité économique « normale » quand l’essentiel se déplace sur nos autoroutes (le flux tendu !)

    – Que devient l’économie d’un pays et a fortiori d’un continent avec une coupure d’électricité de plusieurs jours ou des coupures erratiques pendant des mois ?

    – Si ma casbah brûle, j’ai une assurance et peut espérer que celle ci me trouve un abris le temps des travaux, mais à l’échelle nationale ? Quelle assurance avons nous ? Quelle certitude avons nous de l’impossibilité d’une telle « catastrophe » ?
    – En 2005 nous européens nous sommes moqués des yankees et de leur impréparation face à l’ouragan Kathrina… a-t-on vraiment l’assurance qu’un tel merdier soit bien mieux réglé de ce côté ci de l’Atlantique ?

    – Le siècle passé nous a appris que même en temps de guerre, d’occupation et de privations, le système D, le marché noir et la famille à la campagne nous sortiraient de la merde… Mais 40 millions d’habitant, 30% au moins de la population agricole et quelques taillis et vieilles planches pour alimenter les trois gazogènes du village autorisent une certaine autonomie, voire une certaine qualité de vie… j’ai un peu le sentiment que les paramètres ont changés aujourd’hui.

    J’ai aussi le sentiment (que je soumet à votre sagacité) que la situation aujourd’hui est bien plus grave qu’une « simple » (excusez ma prétention) crise économique dont la fin serait programmée.
    Voilà pourquoi depuis que j’interviens sur ce blog, j’attends une analyse qui aille au delà de la vision purement monétaire, économique ou financière.

    Je n’ai aucune solution et n’apporte aucun soutien à quelque politique ou groupuscule que ce soit et je crains, mais souhaite me tromper, que l’on se focalise dans les sphères des pouvoirs, mais même ici, sur cet aspect là uniquement.

    J’opte pour une posture D+ voire E !

  20. Avatar de BA
    BA

    Attention ! La deuxième vague arrive ! Les défauts de paiement sont en train d’exploser aux Etats-Unis !

    Les banques américaines vont subir de plein fouet une deuxième crise financière, encore plus violente que la première !

    De plus en plus d’Américains se retrouvent au chômage. Le taux de chômage 2009 est désormais estimé entre 9,2 % et 9,6 % par la Reserve Fédérale.

    Trois conséquences désastreuses pour les banques :

    1- De plus en plus d’Américains ne peuvent plus rembourser leurs emprunts immobiliers pour leur logement : regardez la courbe bleue sur le graphique. Les défauts de paiements explosent.
    2- De plus en plus d’Américains ne peuvent plus rembourser leurs emprunts pour l’immobilier commercial : regardez la courbe rouge sur le graphique. Les défauts de paiements explosent.
    3- De plus en plus d’Américains ne peuvent plus rembourser leurs crédits à la consommation : regardez la courbe verte sur le graphique. Les défauts de paiements explosent.

    http://3.bp.blogspot.com/_pMscxxELHEg/ShHOSI9n-nI/AAAAAAAAFSU/vv1co4fr2qI/s1600-h/FedDelinquencyQ1.jpg

  21. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Alexis

    Des choix drastiques devraient en effet être inévitablement fait. Et pas seulement dans le domaine de l’énergie. Dans les pays « développés » comme dans ceux qui « émergent ».

    La crise financière et économique actuelle apparaîtra vénielle, demain, si tous les signaux d’alarme qui retentissent aujourd’hui, tous les avertissements qui sont effectués, ne sont pas suivis d’effet.

    Les réponses qui sont aujourd’hui apportées ne sont pas à la hauteur des enjeux qui sont décrits, il faut le constater. Cela induit deux simples questions:

    1/ Qu’est ce qui serait susceptible de modifier ce cours?

    2/ Quel est le scénario envisageable, si cela n’intervient pas ?

  22. Avatar de Crystal
    Crystal

    @ Alexis

    J’ai retrouvé dans votre post toutes les questions qui me traversent l’esprit.

    Une des clés se trouvent se trouve dans le constat que notre système est en train de parvenir à réduire l’Homme à sa seul dimension marchande.

    Il serait donc temps de dire haut et fort que l’Homme est multidimensionnel: il peut se réaliser certes au travail, mais aussi en tant que poète, amant, musicien, etc.. Toutes les facettes qui sont essentielles à son épanouissement sont à redévelopper.

    En rétablissant par exemple une sphère de la gratuité, Un revenu d’existence couplé à un revenu maximal. Bref imaginer les nouvelles structures qui permettent de créer l’espace pour le dévellopement de toutes les dimensions non marchandes.

  23. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    A propos de pétrole, jetez un coup d’oeil sur la situation du marché à terme du crude oil. Des gens font des paris à l’horizon décembre 2015.

    Ce sont des paris purs car j’ai du mal à croire que des producteurs pensent à cette échéance même s’ils sont tout au début de leur phase de prospection.

    http://futures.tradingcharts.com/marketquotes/index.php3?market=CL

  24. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Alexis

    je partage votre analyse.
    C’est effectivement une crise de civilisation. Non pas de civilisation dans le sens où cela serait les seules valeurs qui feraient problème, mais crise de la civilisation au sens le plus basique, matériel du terme – Braudel parlait de civilisation matérielle — comme vous le montrez de façon tout à fait pertinente, en esquissant ce qui nous attend si un effondrement brutal ou une coupure du robinet énergétique intervenait.

    Paul met beaucoup l’accent sur les aspect monétaires et économiques, mais ce n’est pas qu’il fasse le diagnostic que la crise se réduirait à ces seuls aspects. Loin de là, si vous l’avez bien lu. Il parle d’ailleurs de diverses temporalités qui se telescopent et font la spécificité de la crise actuelle. Il ne s’agit donc pas de sauver les banques puis de passer à une seconde étape qui serait celle de la réorientation de l’économie vers un modèle plus égalitaire, puis enfin de s’attaquer au modèle de consommation et à celui de l’énergie qui lui est associé.

    Mais vous avez raison d’insister. Ces trois étapes ne doivent qu’en faire qu’une car en réalité les trois aspects interagissent.
    Si l’on renfloue les banques sans se préoccuper dès maintenant de l’affectation des fonds qui sont alloués — faire aller l’argent là où il est réellement utile — les inégalités vont demeurer et même s’accentuer ; aux USA et même en France nous assistons déjà à des incitations, pressions pour faire baisser les salaires, un comble ! Le néo-libéralisme malgré sa défaite intellectuelle continue sur sa pente naturelle.
    De même remettre en question le modèle consumériste sans se préoccuper de la réduction des inégalités est voué à l’échec, car qui voudra restreindre, changer son mode de vie — en dehors des convaincus — si le modèle dominant continue de faire la promotion du mode de vie d’une classe privilégiée toujours omniprésente dans les magazines, les films et à la télévision ?

    Repenser l’économie et son fonctionnement dans une perspective de « physique sociale » comme le propose Paul Jorion n’est-ce pas une manière de répondre à votre question ? Il me semble que c’est la meilleure façon de briser l’illusoire autonomie dans laquelle les experts et idéologues du capitalisme caduc et autodestructeur tiennent l’économie. Ils ne veulent surtout pas que les mécanismes sociaux qui sous-tendent les prétendues lois de l’économie soient mis à jour.

  25. Avatar de Mo
    Mo

    Dans mon entourage, une aide maternelle a le même salaire qu’un architecte fraîchement diplômé, soit 1200 €.
    Le gouvernement ne peut espérer lever les impôts nécessaires à l’absorption de la dette avec de tels écrasements de salaires.
    Un changement de système paraît incontournable.

  26. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Pierre Yves D., j’avoue avoir forcer un peu le trait en supposant que « même ici » on ne se souciait que de banque et de monnaies et non du reste… La prise de conscience sur ce blog est réelle, mais peut être trop évidente et pas suffisamment mise en exergue car « allant de soi ».
    Je pense, j’espère du moins ce blog lu au delà de ceux qui y laissent leur prose. Or, nous ne pouvons que constater que l’essentiel du discours officiel se concentre sur l’aspect premier de la Crise, renvoyant à plus tard le règlement des autres problèmes.

    François Leclerc pose une bonne question « Qu’est ce qui serait susceptible de modifier ce cours ? »
    Faut-il comme le propose john Gertner dans cet article du Monde « Pourquoi n’avons nous pas un cerveau vert ? » un « Pearl Harbour climatique » pour prendre les décisions drastiques qui s’imposent ? http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/05/20/pourquoi-n-avons-nous-pas-le-cerveau-vert_1195925_651865.html
    Londres inondée, les digues néerlandaises brisées ou la moitié de Venise effondrée dans sa lagune suffiront-elles à modifier radicalement le discours et les comportements ? Et quand bien même un extraterrestre débarquant de sa soucoupe viendrait à faire cesser la Terre de tourner (comme un film de SF célèbre nous le raconte), prendrions nous les mesures nécessaires ?
    Si je n’ai pas ici de réponse, NOUS devrions en trouver une ou plusieurs très vite.

    Jancovici dans son dernier opus « C’est maintenant, trois ans pour sauver le Monde » se raccroche à l’idée de l’homme providentiel, du De Gaulle ou du Churchill nous guidant vers des lendemains qui chantent. Il nous incite à titiller nos élus des grands partis à s’atteler à la tâche…
    Ailleurs d’autres stigmatisent le vulgus peccus comme devant agir dans son coin, la somme des actions individuelles devant décider à terme du sort de tous…

    Je crois d’avantage en la première méthode politique imposée par les actes et inscrite dans la loi, même si la somme des intérêts personnels n’est pas négligeable.

  27. Avatar de patdembe
    patdembe

    @Crystal

    C’est exactement mon opinion. Si certains veulent gagner plus que d’autres, alors qu’ils se démènent pour cela, mais pas au détriment de la société toute entière ou sur le dos de la vie d’autrui. En plafonnant le revenu (au delà duquel donc il serait taxé à 100%), on évite ainsi que certains zozos aillent trop loin… En instaurant un minimum pour tous, tout le monde a au minimum de quoi vivre, tout simplement.
    Pour moi, tel est le remède à la plupart des problèmes de ce monde.

  28. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    A l’origine de tous les problèmes, il y a l’opposition entre producteurs et consommateurs fondée sur la « loi » de l’offre et de la demande. Elle pousse les premiers, soit disant « créateurs de richesses », à faire toujours plus de profits en jouant sur des volumes toujours plus grands, et les seconds, apparemment « destructeurs de richesses », à consommer toujours moins. Il y a longtemps que ces deux catégories ne sont plus dans le jeu gagnant-gagnant des Trente Glorieuses, mais dans un jeu gagnant-perdant, bien sûr orchestré par les futurs gagnants. Sauf que, petit problème que les théoriciens des jeux ne peuvent pas prendre en compte, c’est qu’un jeu gagnant-perdant a forcément une fin, et que celle-ci ne sonne pas la fin de la partie uniquement pour le perdant, mais aussi pour le gagnant.

    Mais le jeu, c’est aussi cet espace libre entre deux pièces de mécanique qui leur permet d’avoir un mouvement en restant liées. Dans la vie réelle, les banques ne doivent être contrôlées ni par des intérêts privées ni par l’état, mais par la société civile. C’est la règle fondamentale à mettre en pratique. Tout le reste en découlera.

  29. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Pierre-Yves D. dit: « Le néo-libéralisme malgré sa défaite intellectuelle continue sur sa pente naturelle. »

    Je trouve en effet, que ce serait faire oeuvre utile de bien démontrer en quoi il s’agit d’une défaite intellectuelle. Autrement dit, en quoi cette crise a apporté un démenti cinglant à la plupart des présupposés du néo-libéralisme.

    Le moment de vérité en fut l’aveu, vite oublié, de Greenspan à propos de sa croyance aveugle en l’auto-régulation des marchés.

    Ayant personnellement assez peu de goût pour les grandes visions utopiques, je trouve en effet plus intéressant de démontrer en quoi un système contredit ses propres principes, posés comme des axiomes.

    Le néo-libéralisme est voué à continuer sur sa pente naturelle, comme un poulet sans tête. Il est programmé pour ça. C’est dans son ADN. C’est peut-être dans l’ADN de l’humanité, je n’en sais rien.

    En revanche, rien n’empêche de démontrer la faillite intellectuelle du libéralsme. Je crois même qu’il faut commencer par là.

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