La biosphère va-t-elle être privatisée dans l’indifférence générale ? par Jean-Paul Vignal

Billet invité.

LA BIOSPHERE VA-T-ELLE ETRE PRIVATISEE DANS L’INDIFFERENCE GENERALE ?

On parle beaucoup de biodiversité depuis quelques temps ; le gouvernement français y est même allé de sa contribution, en devançant les sages de l’Académie Française pour publier une définition SGDG de la chose au journal officiel de la République Française du 12 avril dernier ; la biodiversité c’est, dixit le JO, la « Diversité des organismes vivants, qui s’apprécie en considérant la diversité des espèces, celle des gènes au sein de chaque espèce, ainsi que l’organisation et la répartition des écosystèmes ». Dont acte.

A peu près au même moment, le centre d’analyse stratégique, qui dépend du Premier Ministre, a publié un rapport préparé par Bernard Chevassus-au-Louis, Jean-Michel Salles, Sabine Bielsa, Dominique Richard, Gilles Martin et Jean-Luc Pujol qui s’intitule tout tranquillement : « Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes ». On change de registre, il ne s’agit plus de reconnaître que la vie, bien qu’elle s’écrive avec un alphabet restreint, est avant tout diversité, et que cette diversité est à la fois cause et condition de son extraordinaire résilience, mais de voir comment concilier les impératifs d’un univers économique de plus en plus envahissant avec les contraintes de la biosphère qui le supporte.

Sous des dehors patelins d’orthodoxie aux honorables couleurs scientifiques, on risque en fait ainsi de définitivement légitimer la marchandisation de la biosphère. Rien de moins. Ce n’est pas bien grave pour la vie elle-même. Quelques krachs boursiers et une augmentation de la température ambiante et des taux de gaz à effets de serre ne vont pas la tuer. Ils la changeront, c’est tout. Même l’utilisation de l’arsenal nucléaire ne suffirait sans doute pas à la détruire, sauf à faire exploser la planète. Et encore, qui sait ce qui pourrait se passer sur les morceaux restants. Mais c’est sans doute plus grave pour l’homme, car il est fort probable qu’il aurait du mal à survivre en tant que tel, tant physiologiquement, que psychologiquement, dans un monde transformé en décharge et baignant dans la chaleur moite d’une atmosphère polluée par toutes sortes d’émissions gazeuses plus ou moins olfactives.

Alors que l’on nous rebat les oreilles avec le principe de précaution, et tandis que la main magique des marchés s’est totalement déconsidérée en s’avérant incapable d’assurer la rationalité des choix qui demandent d’avoir une vision à plus de 24 heures, mais qu’on laisse néanmoins continuer à trembloter des variations quotidiennes qui font la joie des spéculateurs et le désespoir des utilisateurs, voilà qu’on propose sans trop oser le dire de confier à des mécanismes de marché l’avenir de la biosphère.

J’ai cru longtemps que c’était une façon comme une autre de sensibiliser le monde de la finance aux besoins et aux rythmes de l’économie durable. Je ne le crois plus. Il est trop tard pour cela. Le système financier s’est définitivement disqualifié en se servant de l’activité réelle comme d’un prétexte à ses acrobaties virtuelles : comment expliquer autrement que les échangés de devises, par exemple, représentent plusieurs dizaines de fois les mouvements réels de produits et de services, ou que les pertes des établissements financiers représentent également plusieurs dizaines de fois les pertes réelles constatées sur les fameux crédits « subprime » ? Il n’a plus sa place pour gérer un enjeu de cet ordre.

Prolongeant une longue tradition, certains souhaitent que l’on fasse confiance à une autre main magique, celle de dame nature, pour traiter ce délicat problème de la protection de la biodiversité. La proposition est techniquement plus recevable, car la nature sait effectivement prendre soin de tout, même des pires pollutions, comme l’ont par exemple montré certaines études sur l’élimination des PCB ou des séquelles des marées noires. Mais il lui faut du temps, beaucoup de temps. La seule façon de lui donner ce temps serait de ralentir notre propre rythme. Est-ce possible ? Oui, mais à condition d’accepter de laisser sur le bord de la route une bonne partie de l’humanité, et de revenir à une population de 3 à 4 milliards d’habitants, dont les deux tiers auraient une vie comparable à celle des occidentaux actuels et le tiers restant, déguisés en costume folklorique local, maintiendraient la « biodiversité » dans des réserves écologiques pour le plus grand plaisir des touristes. Cette perspective de licenciements collectifs massifs et définitifs ne me satisfait pas non plus.

Que cela plaise ou non, l’accumulation des connaissances non maîtrisée par autre chose que le profit financier à court terme s’avère être une catastrophe. Non pas que le savoir soit « mauvais ». Mais ses applications ne sont pas neutres. Jusqu’à présent seuls les militaires avaient le droit de l’utiliser à leur guise. Maintenant, les sociétés privées, – qui ont souvent d’ailleurs des liens étroits avec les cercles militaires -, souhaitent pouvoir en faire autant librement pour maximiser leurs profits.

Face à cette montée en puissance des pourvoyeurs transnationaux d’emplois et d’électeurs heureux et dociles, les gouvernements de presque tous les pays ont abandonné les choix de société à un marché dont le seul propos, la seule éthique, est de s’enrichir financièrement. On en voit le résultat. On veut confier maintenant à ce même marché, les choix en matière de « biodiversité ».

Il suffit d’observer l’évolution des cours du marché du carbone pour savoir que cela signifie la fin de la prise en compte du temps long, celui de la nature, pour décider de ce qui doit la protéger. Ce serait une faute considérable, car on peut être certain que, dans une telle hypothèse, tous les investissements dont la rentabilité se calcule sur plus de 3 ans seront négligés, et les investissements d’infrastructures abandonnés, ou confiés à la collectivité dans des conditions scandaleuses : c’est elle qui en supportera le risque initial, mais l’exploitation sera privatisée a vil prix dès qu’elle sera rentable, comme elle l’est systématiquement depuis 20 ans.

La seule solution acceptable est un retour du politique, non pas comme c’est le cas en ce moment en tant que mandataire plus ou moins servile d’intérêts particuliers, mais en tant que véritable représentant de l’ensemble du corps électoral qui l’élit. La biodiversité est une occasion de refuser d’aller plus loin dans la « privatisation » ambiante actuelle. Il n’est pas concevable que la gestion et la préservation du patrimoine génétique de la biosphère fassent l’objet de manipulations financières. Il doit rester un « bien commun », à la disposition et au service de tous. C’est un enjeu extraordinairement important dont le chaos économique actuel ne doit pas détourner l’attention de tous les hommes de bonne volonté.

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33 réponses à “La biosphère va-t-elle être privatisée dans l’indifférence générale ? par Jean-Paul Vignal”

  1. Avatar de svenmarq
    svenmarq

    « Ainsi CONSTANT CONFLICT nous apparaît-il comme plus significatif, comme à visage découvert dirions-nous, et c’est là toute sa vertu pédagogique a contrario : ce n’est pas l’Amérique* selon l’entendement commun qui attaque, mais bien un système qu’a secrété l’Amérique et qui se retourne contre elle de la même façon qu’il agresse le reste »…
    … des êtres, des civilisations, de la biosphère, de la planête elle même ???)
    ( voir fin d’article De defensa d’hier « le joli moi de mai » sur la logique « AMERICANIHILISTE du major ralph peters)
    Par nos modes de vies, notre assuétude au système, nous sommes sans doute tous des barbares de la fin du monde…

    Pourtant chaque enfant qui nait doit avoir sa chance de renouveau .

  2. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ Paul Vignal,

    LA BIOSPHERE VA-T-ELLE ETRE PRIVATISEE DANS L’INDIFFERENCE GENERALE ?

    c’est dans l’air du temps, non? Ce qui n’est pas mesurable quantitativement et/ou monayable n’existe pas, ou plus, pour les économistes voire les politiques…

    le sens de la retenue-modération-précaution-prudence-‘phronesis’ absolument nécessaire dans notre époque de déréliction peut-il entrer dans un calcul? bien sûr que non! Dans le logiciel de reflexion stratégie d’un politique dont l’ambition et l’horizon sont sa propre réélection? pas plus!

  3. Avatar de Sandrine

    La privatisation de la biosphère n’est-elle pas un corollaire du « développement durable » ? Le développement durable constitue en effet un mode de gestion des ressources, or la gestion telle qu’on la pratique repose sur des valeurs de profit. La théorie du développement durable permet à l’homme de décider ce qui est utile (la biodiversité, par exemple, car elle « rend des services » aux hommes). Au lieu de s’inscrire dans un écosystème qui a sa propre logique, les théories de la durabilité utilisent l’écosystème dans une logique purement humaine, tout en maintenant des rapports de force économiques entre pays développés et pays émergents… peut-être pour qu’ils n’émergent pas trop ?

  4. Avatar de JeanLulu
    JeanLulu

    @Sandrine,

    Vous avez bien résumé le concept de développement durable.

  5. Avatar de Crystal
    Crystal

    @ Jean Paul Vignal

    Je ne comprends pas trop cette prise de position :

    « La seule façon de lui donner ce temps serait de ralentir notre propre rythme. Est-ce possible ? Oui, mais à condition d’accepter de laisser sur le bord de la route une bonne partie de l’humanité, et de revenir à une population de 3 à 4 milliards d’habitants, dont les deux tiers auraient une vie comparable à celle des occidentaux actuels et le tiers restant, déguisés en costume folklorique local, maintiendraient la « biodiversité » dans des réserves écologiques pour le plus grand plaisir des touristes. Cette perspective de licenciements collectifs massifs et définitifs ne me satisfait pas non plus. »

    Sachant que 20 % des humains consomment 86% des ressources naturelles, il me semble que plutôt que de zigouiller une partie de l’humanité, il serait quand même plus sage que ces 20% d’humains acceptent de réduire leur empreinte écologique. Et je vous rejoins totalement sur la conclusion de votre article pour y parvenir.

    A quand ce retour du politique ? Quelles en sont les conditions ?

  6. Avatar de TELQUEL
    TELQUEL

    Bonjour a tous ,oui triste fait! Heureusement nous ne sommes qu’une peripetie au regard des 13 milliards d’annees depuis la creation de l’univers .Amities

  7. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @Jean-Paul V

    Auriez-vous déjà lu le rapport préparé par Bernard Chevassus-au-Louis et les sbires ?

    Nous sommes toujours dans l’ère de la pensée libérale ( surtout au côté du Premier ministre ), où l’on pense que pour intéresser qui que ce soit à quoi que ce soit, il s’agit de faire monter des entreprises sur la ligne de feu, motivées ( as usual ) par le profit.

    Rien de neuf. Ceci doit être un rapport ( je ne l’ai pas lu ) sans rupture avec la pensée qui nous a amené dans la situation actuelle, sans doute peu ambitieux pour définir l’ensemble dans l’éventail des prospectives. Juste sa ligne idéale ( idéalisme aveugle ).
    Je m’attends aussi à des dérives phénoménales, au moment où on pourra se mettre à la titrisation généralisée du CO2 émis, si cela se fait.
    Je suis persuadé que certains auront un intérêt financier à voir des émissions augmenter, et feront donc tout, pour les voir augmenter ( même si dans le bilan général, il n’y a pas de bouleversement climatique conséquent à attendre d’actions de ce type, révélant juste l’intérêt personnel devant le reste, une nouvelle fois ). La taxe sur les énergies fossiles, il va y avoir de bons moyens de détourner cela aussi, on le sent, on le respire …

    ô que le sens politique citoyen nous a quitté. Faut dire qu’il existe d’autres possiblités de se distraire.
    Vous avez bien raison, il faudrait que ces citoyens se sentent de nouveau concernés, mais je suis incapable de savoir si actuellement, on approche d’un point d’inflexion, indiquant que leur attention s’ouvre favorablement, ou pas ??

    En France déjà, pays favorisé dans le militantisme politique, et un peu endormi depuis que les socialistes sont passés en 81, tuant l’espoir de réelles alternatives pour un bon moment ? Ailleurs ?

  8. Avatar de Fab
    Fab

    Le titre est amusant. Qui est le privé dont il est question ici ? Une certaine partie de la population humaine ou l’humanité parmi les autres espèces ?
    Il semblerait qu’il soit question du privé auquel se réfère l’économie… Intéressant de voir qu’encore une fois nous ne pouvons faire autrement que de nous observer économiquement.

    Cela dit et comme le disait un certain Rocco, vive le développement durable.

    Développements durables ? :

    L’économie est-elle privatisée ?

    L’économie a-t-elle privatisé la biosphère, la vie ?

    Attention… Un économiste peut en cacher un autre !

  9. Avatar de JAMES
    JAMES

    Développement durable, c’est un oxymore : « figure qui consiste à allier deux mots de sens incompatibles pour leur donner plus de force expressive » (Dictionnaire le Robert)

  10. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    @JAMES
    Pas du tout: on peut « développer » tout un tas d’activités en diminuant l’empreinte écologique: par exemple des services au lieu des biens, l’activité locale au lieu de l’activité « internationale », etc

    Ceci dit, je suis d’accord que ce terme n’est pas très bien choisi.

  11. Avatar de JJJ
    JJJ

    L’exemple du CO2 est malheureusement inopportun : il semble bien que ce gaz n’intervienne qu’à la marge dans l’effet de serre (c’est la vapeur d’eau qui en est principalement responsable) ; il est ensuite attesté que le CO2 résultant de l’activité humaine est ridiculement faible en regard de l’émission naturelle ; il est par ailleurs démontré que c’est l’augmentation des températures qui provoque l’augmentation du CO2 et non le contraire ; selon les climatologues sérieux, les variations de températures (immémoriales) sont principalement attribuables à l’activité solaire. Toujours selon ces derniers, les « travaux » du GIEC révèlent de l’escroquerie scientifique pute et simple. Un dossier très étayé figure ici .
    Très politique, la démarche du GIEC conclut à la nécessité d’un interventionnisme massif. Ce qui crée de nouveaux « marchés », bien entendu, qu’ils relèvent de la sphère privée ou de la gestion publique. Et qui sous-tend un redoutable malthusianisme, déjà présent dans les réflexions du Club de Rome (1957) : l’homme serait le principal ennemi de l’humanité… Cousteau ne disait pas autre chose, en appelant à la diminution de la population mondiale. Le Commandant a, sans conteste, contribué par ses travaux à une meilleure connaissance du vivant, mais comme « philosophe », il ne vaut pas une once de plancton !
    Loin de moi l’idée de sacrifier les préoccupations écologiques ; mais la focalisation sur le CO2 relevant de prémisses foireuses, les conclusions qui en résultent sont nécessairement dépourvues de pertinence. Et au global, dangereuses.

  12. Avatar de JJJ
    JJJ

    lire : escroquerie scientifique pure et simple, bien sûr. Même si les intéressés se comportent comme des maquereaux 😉

  13. Avatar de Vincent
    Vincent

    @Anne.J:

    « Développer des services au lieu des biens », Oui et non. C’est cet adage qui a lontemps prévalu pour justifier la perte de création de richesses réelles des pays dits développés au profit des pays émergents : créations de services à haute valeur ajoutée se gargarisait-on : du vent, essentiellement fiancier, et donc maintenant tout le monde peut voir où cela a mené: comment imaginer que l’on puisse perpétuellement dégager de la richesse virtuelle sans aucune contrepartie manufacturée? jusqu’à maintenant, seules les religions ont réussi ce miracle (sic).
    Mais sauf à mettre tout le monde dans des baignoires reliées à la Matrix, et déclarer ouverte la République Virtuela, nos sociétés doivent bien produire quelquechose pour continuer;Il va falloir juste réapprendre à produire sans systématiquement et rageusement détruire son environnement

  14. Avatar de thomas

    @JJJ

    Si je peux me permettre, le Club de Rome qui date de 68 environ, et le rapport Meadows qui en a découlé début des années 70 a suscité beaucoup de commentaires, mais qui l’a lu ?

    En fait ce rapport fait surtout état de l’impossibilité de maintenir des progressions exponentielles dans un monde fini, ce qui est presque une lapalissade.

    Faut-il être malthusianiste pour constater qu’en prolongeant les courbes, ça ne passe pas ?

    Quand au réchauffement climatique, il me parait hors de notre portée de le modéliser, et la théorie que vous évoquez me parait aussi sujette à questions que celle du giec.

  15. Avatar de thomas

    Un petit résumé du club de Rome par JM Jancovici

    http://www.manicore.com/documentation/club_rome.html

  16. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    @Vincent
    Vous avez le droit d’extrapoler ce que je pense, mais je vous signale quand même que je n’ai jamais pensé en écrivant « services » à une économie de services financiers et de richesses virtuelles spéculatives ou issues du travail des PVD, ce que ne sont pas, par exemple, les services de santé, de transport collectifs, d’aide à la personne, etc, dans un cadre « local »…

  17. Avatar de Vincent
    Vincent

    @Anne.J

    J’imagine bien que vous ne pensiez pas aux services financiers. J’ai exagéré le trait pour une bonne raison : Vous-êtes vous posé la question suivante : Qu’est-ce qui permet à une société qui se dit moderne et humaniste d’aboutir à un niveau de richesse par habitant lui permettant de monopoliser une grande partie de sa force vive pour améliorer le quotidien de la totalité de sa population (santé sécu, transports etc..) voire faciliter la vie d’une partie de la population qui est exclue, par l’âge ou par un handicap, de la sphère du travail (et là, je ne parle même pas de création de richesses vitales à l’existence et au quotidien, sinon il faudrait exlure aussi 50% de la population »active) en se substituant à la cellule familiale traditionnelle, par des services d’aide en tous genres.

    Vous voyez bien que sans être grand clerc, tous nos acquis sociaux reposent sur une richesse historique industrielle et agro-alimentaire, j’irais même jusqu’au commerce de produits agricoles, biens manufacturés ou matières premières dans mon équation. Sans création de richesse réelle suffisante pour permettre à une partie de la population de s’occuper à autre chose que de survie, vos services à la personne ne sont plus possibles.

    C’est bien pour cela que la cellule familiale et la solidarité inter-générationnelle, voire la solidarité de clan a duré tant que les sociétés n’avaient pas atteint un degré de richesse par habitant suffisant pour se substituer à ces acteurs traditionnels. Pas par bonté d’âme des brues vis-à-vis de leur belle-mère…Mais par nécessité.

    Il est possible d’ailleurs que la nécessité revienne, de redécouvrir les joies de l’habitation familiale agrandie, par manque d’argent pour les enfants de s’établir de façon indépendante, et par manque de structures pour acceuillir les aïeux de manière décente.

  18. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ thomas

    Vous avez raison : 1968. Je me suis emmêlé les pinceaux avec la date du… traité de Rome. Ce qui n’est pas tout-à-fait la même chose.
    Quant au climat, les experts auxquels je fais référence (je ne suis pas du tout spécialiste de la question) ne disent pas autre chose que vous : la difficulté de le modéliser. Ce qui revient à ridiculiser les projections catastrophistes du GIEC.

  19. Avatar de Alain A
    Alain A

    Ce sujet est grave et l’étude la plus argumentée que je connais sur ce sujet est « Acheter les services de la nature ? Une analyse des ‘‘paiements de services environnementaux’’», un texte de Jean-Paul Ledant, chercheur-associé à Etopia et chercheur à l’Institut pour un Développement durable. On la trouve sur http://www.etopia.be/IMG/pdf/ledant.pdf

  20. Avatar de Alain A
    Alain A

    Pour ceux qui n’auraient pas le courage de lire l’étude dont je viens de donner les références, je me permets d’en extraire ce que je pense être le cœur de la conclusion : « Qu’on le veuille ou non, les PSE (paiements pour services environnementaux, manière envisagée et la plus efficace pour ‘’privatiser la nature’’- ndaa) ne peuvent procéder que d’une combinaison pragmatique de mécanismes de marché et de structures institutionnelles. De ce fait, ils associent le risque, inhérent au marché, de voir négligées les demandes les moins solvables et les besoins des générations futures avec celui, inhérent à la bureaucratie, de voir le système alourdi dans son efficience et biaisé par des rapports de force inégaux, la corruption, le hiatus entre décideurs et payeurs, ou les stratégies de captation de la rente ou d’évitement à payer. Mais en même temps l’indispensable dispositif de contrôle collectif offre heureusement des opportunités de contrer ces tendances, par une conception et une gestion démocratiques de ces systèmes visant à concilier au mieux l’efficacité, l’équité et la durabilité. »

  21. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @JJJ, Thomas

    Sous-discussion bienvenue.

    Dommage, que Daniel Dresse ait pris des vacances pour cause de stress intense, je l’attendais pour amplifier la baston sur ce sujet.
    D’abord, Thomas est le plus proche de la réalité :
    On ne sait pas modéliser le climat et son évolution. Même en approche, on va plutôt faire le jeu de tel ou tel autre groupe d’intérêt.

    Ensuite, sur le CO2, l’eau, ou le méthane et leur capacité respective à produire de l’effet de serre, de quoi parle t-on ? Lorsque Contre-info crie sans arrêt au feu, il s’agit surement de parti pris, mais la prudence dans de tel cas n’est pas forcement un luxe.
    La persistance de ces gaz dans l’atmosphère, leur pouvoir d’emmagasiner la chaleur, joue à des degrés divers.

    Quand on parle de pollution CO2 au niveau des pots d’échappement de voiture, on est bien dans de la pute, pardon, pure manipulation des esprits non-avertis. Merci la télévision.

    JJJ, les courbes températures et concentration C02 dont toutes les glaces fossiles peuvent témoigner ( antarctique a la plus grosse carotte ) démontre juste que les deux sont liés, sans pouvoir dire lequel influe sur l’autre, et doutons-nous-en, nous y trouverons du vice versa.
    Reste que depuis le début de l’ère industrielle, une certaine masse de CO2 a bien été émise dans l’atmosphère, et on connait mal « tous » les mécanismes permettant de réabsorber celui-ci par rapport au temps. Les hypothèses restent donc ouvertes, ainsi que les budgets dans les labos de recherche. Et il faut bien vivre de quelque chose.

    La terre a déjà été beaucoup plus chaude, et le réchauffement climatique, ça fait rigoler les sibériens qui voient approcher le temps de leur splendeur.

    Certains prétendent que l’on a jamais vu de réchauffement climatique aussi rapide. Faux ! Ils oublient de préciser : « de mémoire d’humains adeptes de l’écriture ».

    En tout cas, quoi qu’il arrive, attendez-vous à un réchauffement climatique, influence humaine qu’on ne stoppera pas … ou pas.

    Et mettez-vous à la place des allemands. Dans les millésimes entre 1980 et 1990, ils n’ont dû avoir que deux années acceptables à faire du bon Riesling. Enfin, grâce au réchauffement, ils pourront un peu mieux aligner les bonnes années, histoire de se varier l’ivresse entre les murges à la bière !

  22. Avatar de Vincent
    Vincent

    barbe bleue… a dit  » La terre a déjà été beaucoup plus chaude, et le réchauffement climatique, ça fait rigoler les sibériens qui voient approcher le temps de leur splendeur. »
    Heu peut-être dans 500 ans, mais pour le moment, ils ne voient pas d’un bon oeil le permafrost devenir un gigantesque marigot putrescent qui voit remonter à la surface des milliers de cadavres de mammouths de ces 200 000 dernières années, avec le méthane qui va avec et des millions d’hectares de « forêt saoule » pour cause de terrain mouvant….Bref, ça va être sain comme un pet de cheval dans une écurie, les moustiques en plus.

    A propos de solaire, j’ai lu quelque part que notre lampe torche préférée entrait dans un cycle de faible émission, du même genre que celle qui avait inauguré le petit âge glaciaire européen aux XVI et XVII siècles. Cela serait intéressant d’inaugurer une période de réchauffement global en se les gelant autour du poêle (à bois bien sûr 😉

  23. Avatar de Jean-Paul Vignal
    Jean-Paul Vignal

    Merci à vous tous pour ces réactions: je réalise que mon texte n’était qu’une sorte de billet d’humeur mal construit et trop rapidement rédigé, après la lecture de deux articles évoquant des initiatives de la Caisse des Dépôts et de l’UNEP FI, l’organisme de l’ONU qui essaie de concilier finances et protection de l’environnement. Le sujet mérite beaucoup mieux et l’essentiel n’était pas dit: c’est le fait que les financiers commencent à monter des organismes de compensation grâce auxquels les sociétés destructrices de biodiversité peuvent s’acheter une bonne conduite. Comme elles le font sur une base « volontaire » on peut supposer que le prix payé a peu de chances de correspondre à l’ampleur des dégâts, et ce d’autant plus que personne ne sait évaluer ces dégâts. Tout ce que l’on sait faire, c’est estimer le cout du manque à gagner économique généré par ces destructions. Mais personne ne peut mettre un prix sur la disparition de certaines espèces animales ou végétales. D’un point de vue Darwinien, il est peut-être nul d’ailleurs, mais personne n’en sait rien. Et ce n’est pas vraiment le problème; l’important, c’est que la destruction de la biosphère engage notre responsabilité collective vis à vis d’une part de ceux qui ne bénéficient pas de ses « retombées » économiques positives à court terme et, de l’autre, des générations qui nous suivront. Ce n’est pas une opération qui doit s’évaluer à l’aune de la main magique des marchés ; elle doit être gérée collectivement, au niveau politique, sur des bases non spéculatives, entre autres par voie règlementaire et fiscale. Le commerce des quotas carbone est une bonne illustration de l’ineptie de confier la régulation au marché: les cours restent à un niveau tel qu’ils ne sont guère incitatifs. De plus, leurs constantes variations font qu’ils ne peuvent pas servir leur seule utilité théorique possible, qui serait de garantir un revenu régulier aux audacieux qui investissent dans des technologies à faible empreinte carbone et pourraient ainsi leur permettre de monter plus facilement des financements longs pour leurs investissements que la logique courtermiste des calculs d’actualisation rend difficiles, sinon impossibles.

    Jean-Paul

    – Biodiversité : première initiative pour la compensation

    – Finance & Biodiversity Rising : ici

  24. Avatar de thomas

    @ vous, donc :

    Ce que je trouve bien, dans cette histoire de climat, c’est l’occasion qu’elle constitue de se soucier à nouveau du temps qu’il fait après une parenthèse de quelques decennies ou l’on a cru s’affranchir pour toujours du chaud, du froid, de la pluie grace à nos bricolages technologiques : le temps qu’il fait reprend son role de grand sujet de conversation entre les hommes, même si ils ne sont plus paysans.

    C’est d’autant plus dommage de gacher cette occasion en manipulant ce sujet pour atteindre un objectif plus ou moins politique ou pire, économique.

    Un de mes amis a l’habitude de dire : « Ceux qui croient que l’homme peut modifier le climat, n’ont jamais pissé au large »

  25. Avatar de Cécile
    Cécile

    L’argent, c’est ce qu’on en fait qui compte,
    -à quoi on s’occupe ? (soit autre chose que de jouer à se battre pour perdre ou pour gagner …)
    -qu’est-ce qu’on fait de nos déchets, de nos poubelles ? (autre chose que des chausettes jetables, des voitures jetables, des voisins jetables …)
    – …

  26. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @Vincent

    Population en Sibérie : plus de caribous que d’hommes. L’intérêt du réchauffement serait d’abord, essentiellement minier. Or, les minéraux de toutes natures sont un des fondamentaux des besoins humains pour la fabrication de tout produit manufacturé complexe. La décision pour la prospection et suite, n’est que le rapport besoin/coût.

    Mettre les terres en cultures, c’est du travail pour l’immigration de toutes origines qui voudra bien y aller, mais si le climat le permettait, elle va y venir forcement.
    Il faudra commencer par fabriquer des sols. Mais puisque il est aussi nécessaire de penser à les refabriquer et les renforcer en Europe occidentale, conséquence des abus agricoles qui courent toujours actuellement…
    Le délai de cette mise en place dépend du désastre s’installant ailleurs.

    Le problème sera ensuite les moyens et voies de transport. Avec tout cela à fabriquer, on ne va pas se plaindre du manque de chômage en plus ?!

  27. Avatar de TELQUEL
    TELQUEL

    Bonjour a tous ,ci joint lien pour herisser encore ce qui nous reste comme cheveux.Amities
    http://www.actu-environnement.com/ae/news/rapport_chevassus-au-louis_valeur_biodiversite_7

  28. Avatar de thomas

    Concrètement, j’élève des brebis de race locale et des poneys également. Ces animaux sont rustiques, adaptés au milieu naturel du pays, élevés en extensif bien sur; Ici, le sol est si pauvre que l’on compte une brebis à l’hectare !! Inutile de dire que non seulement ces activités ne rapportent rien, mais qu’elles génèrent en plus une paperasserie ubhuesque.

    Pourtant, ces races sont reconnues comme patrimoine génétique menacé, et censées être défendues par la politique agricole. Dans les faits, de moins en moins de personnes pratiquent ce type de petit élevage, ce sont les petits paysans qui sont en voie de disparition, et tout est fait pour cela, sous couvert bien sur, de bonnes intentions.

    Alors, que la règlementation continue de dégénérer, finalement, qu’est-ce que ça change, puisque sur le terrain, il n’y a plus personne ?

    Vous souvenez vous que lors de la grippe Aviaire, chaque détenteur de poule était tenu de déclarer ses dangereux gallinacées en Mairie……

  29. Avatar de Karluss
    Karluss

    ce texte devrait être le fondement d’un nouveau livre sacré, le regard neuf d’un homme neuf.
    félicitations monsieur Vignal
    cordialement

  30. Avatar de Crystal
    Crystal

    @ Karluss et Vignal

    « ce texte devrait être le fondement d’un nouveau livre sacré, le regard neuf d’un homme neuf. »

    Oui, enfin bon, faut pas exagérer. Cela fait des années que les tenants de l’écologie politique s’évertuent à expliquer que le développement durable est une escroquerie intellectuelle. Récemment en France avec le grenelle de l’environnement (qui a été d’ailleurs été la mise à mort de l’écologie politique).

    Les mêmes décrivent en ce moment l’aboutissement de ce concept foireux comme l’avènement du capitalisme vert.
    Et on peut aller très loin dans ce qu’il pourrait produire… Vous connaissez probablement déjà les crédits carbone qui sont des droits à polluer pour les entreprises se négociant comme à la bourse. Et bien il serait possible d’étendre ce système à toute activité émettant du CO2, c’est à dire quasiment toute l’activité humaine (encore une possibilité de créer une bulle spéculative énorme…). Dès lors chacun recevrait une carte à puce contenant son droit d’émission de CO2 à l’année et lorsque celle-ci serait épuisée il suffirait d’aller la créditer au cours actuel du carbone.
    Ce qui, je ne vous le fait pas dire, ne va pas franchement améliorer l’égalité…

    Bref scénario de science fiction ?
    Peut-être… Mais je pense que l’on devrait à minima s’en méfier.

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