L’actualité de la crise : « Il ne suffit pas que Dieu soit avec les pauvres », par François Leclerc

Billet invité.

« IL NE SUFFIT PAS QUE DIEU SOIT AVEC LES PAUVRES » (*)

Les résultats européens du 1er trimestre 2009 sont tombés aujourd’hui, selon un tir groupé, pays par pays. La zone euro, comme d’ailleurs l’ensemble des 27 membres de l’Union Européenne, a enregistré durant cette période un repli de 2,5% de son activité économique (PIB) ; il avait été de 1,5% au dernier trimestre 2008. Ces chiffres ne sont que des moyennes et cachent d’importantes disparités (5,4% en Slovaquie, 3,8% en RFA, 1,2% en France…). Ils sont plus élevés que les chiffres américains correspondants (1,6% au dernier trimestre 2008 et autant au 1er trimestre 2009). Pour ne retenir qu’un seul chiffre, il est prévu que la RFA, première puissance économique européenne, connaisse en 2009 la plus importante récession de son histoire, avec un recul de 6% de son PIB sur toute l’année. Voilà le tableau.

L’espoir faisant vivre, et faut-il croire, faisant réélire les hommes politiques, une déclaration du directeur général du FMI, voué ces derniers temps au rôle du méchant et du porteur de mauvaises nouvelles, a déclaré « possible » qu’une reprise intervienne au premier semestre 2010. C’est tout du moins ce qui est pour l’essentiel, et à tort, retenu d’une déclaration qui précise pourtant que les risques « restaient très élevés » et que cette reprise allait dépendre des mesures prises pour les banques. « Il n’y aura pas de reprise aussi longtemps que les banques n’auront pas remis de l’ordre » (dans leurs comptes), a-t-il clairement précisé.

Les signes de cette reprise vont donc continuer d’être attentivement scrutés, faute de véritablement agir sur les événements. Tous les indicateurs sont passés en revue, puisque la boussole est détraquée, comme lorsque l’on s’approche du pôle. La discussion est mondiale, elle a été un temps faussée par l’embellie boursière qui a été enregistré, à la manière d’un bronzage masquant la peau blême du malade.

Il a fallu que Jean-Claude Trichet, président de la BCE, cultivant l’ambiguïté et s’appuyant sur l’ignorance mathématique de certains, évoque la proximité d’un « point d’inflexion », pour qu’il soit faussement compris inversion de tendance. Willem Buiter a fait grâce de cette interprétation erronée, sur son blog du Financial Times, expliquant que cela signifiait que l’activité économique allait continuer à décliner, mais que ce déclin allait se poursuivre suivant un taux qui, lui seul, allait décliner…

Si un consensus semble aujourd’hui se dessiner à propos de cette hypothétique reprise, tel que les économistes en raffolent dès qu’il s’agit de prédire un événement, préférant être beaucoup à se tromper que peu à dire la vérité, c’est pour annoncer qu’elle va être lente, très lente. Ils ont quelque chance, pour une fois, d’être dans le vrai. De nombreuses lettres de l’alphabet continuent d’être mises à contribution pour imager (à défaut de caractériser), ce phénomène assez singulier. Le « V » et le « U » étant écartés, c’est le « L » qui a toutes les faveurs, avec sa variante du « W » (une croissance en vol de poule, qui s’élève et puis retombe).

Si le « L » devait l’emporter, c’est-à-dire si nous devions connaître, avec des disparités suivant les régions du monde et les pays, un très faible taux de croissance pendant toute une période, cela créerait une situation sans précédent et tout à fait nouvelle. D’autant que la longueur de la branche horizontale du profil de reprise resterait probablement une totale inconnue, tout du moins pendant les premières années. La dernière enquête mensuelle du Wall Street Journal, effectuée auprès d’une cinquantaine d’économistes américains, publiée hier jeudi, contient une information encore plus essentielle si l’on veut comprendre ce qui est devant nous. La durée de cette période de quasi « plat » est certes estimée entre 4 et 6 ans, ce qui ressemble furieusement à une analyse faite au doigt mouillé, avec tout le respect dû à l’honorable aréopage en question et au vénérable quotidien qui l’a sollicité. Mais c’est secondaire. Il est en effet considéré que les pouvoirs publics, en l’occurrence la Fed et le gouvernement américain, ne pourront pas se désengager durant toute cette période.

Peut-être tenons-nous là une clé de la compréhension de cette « restructuration » du capitalisme appelé par certains et que l’on ne voyait pas venir. L’Etat, si vilipendé et périphérisé durant ces dernières décennies, va désormais jouer un rôle accru et même essentiel, se substituant chaque fois que nécessaire à un marché défaillant, pour une période indéfinie, avec comme missions :

1/ tenir à bout de bras l’économie dans un contexte de faible croissance.
2/ permettre au secteur de « l’industrie financière » de faire ses affaires, de plus en plus en vase clos.
3/ de gérer tous les « à-côtés » de cette situation : combinaison de pression fiscale et d’inflation, de chômage accru et d’explosion des comptes sociaux et de la dette publique.

Comment va-t-on bien pouvoir appeler ce nouvel avatar ? Le capitalisme financier d’Etat ? On sait déjà en tout cas comment se dénomme sa structure de pilotage, l’oligarchie.

PS : Beaucoup de questions à suivre de près dans les jours prochains, qui arrivent à maturité. Les désaccords au sein de la BCE à propos des mesures non conventionnelles, la situation des grandes compagnies d’assurance aux USA et en Europe, l’évolution des relations entre les Américains et les Chinois, dans l’attente du prochain voyage de Tim Geithner en Chine, le mécano en cours de la régulation financière américaine.

————————–
(*) Hassan Fathy, architecte égyptien.

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18 réponses à “L’actualité de la crise : « Il ne suffit pas que Dieu soit avec les pauvres », par François Leclerc”

  1. Avatar de IznoPreum's
    IznoPreum’s

    Preum’s.
    Ha
    Ha
    Ha

    Par ailleurs, j’ai noté une coquille dans votre texte : « L’espoir faisant vivre […] une déclaration du directeur général du FMI, voué ces derniers temps au rôle du méchant et du porteur de mauvaises nouvelles, a déclaré « possible » qu’une reprise intervienne au premier semestre 2010. »

    Or, puisque l’espoir fait vivre, c’est bien plutôt du 1er semestre 2100 dont voulait parler ce brave homme, non ?
    Non ?

  2. Avatar de pseudo
    pseudo

    A propos de « boussole detraquée », lire le dernier rapport du LEAP sur la crise systemique globale:
    http://www.leap2020.eu/GEAB-N-35-est-disponible!-Crise-systemique-globale-Juin-2009-Quand-le-monde-sort-definitivement-du-cadre-de-reference_a3240.html

    exrtraits: »avait décrit la charnière 2006/2007 comme caractérisée par un « brouillard statistique » typique de l’entrée en récession et conçue pour faire douter les passagers que le Titanic était bien en train de couler (1), notre équipe considère aujourd’hui que cette fin de Printemps 2009 marque la sortie définitive du référentiel utilisé depuis une soixantaine d’années par les acteurs économiques, financiers et politiques mondiaux pour effectuer leurs prises de décisions, et en particulier de sa version « simplifiée », utilisée massivement depuis la chute du bloc communiste en 1989 (le référentiel étant alors devenu purement américano-centré). Au-delà de tout aspect théorique, cela signifie concrètement que les indicateurs que chacun a l’habitude d’utiliser pour ses décisions d’investissement, de rentabilité, de localisation, de partenariat, etc… sont devenus obsolètes, et qu’il faut désormais chercher ailleurs les indices pertinents si l’on veut éviter de prendre des décisions désastreuses.

    Ce phénomène d’obsolescence s’est accentué fortement depuis quelques mois sous la pression de deux tendances :

    . d’une part, les tentatives désespérées de sauvetage du système financier mondial, et en particulier des systèmes américain et britannique, ont de facto « brisé les instruments de navigation » du fait des manipulations en tout genre effectuées par les établissements financiers eux-mêmes et par les Etats et banques centrales concernées. Parmi ces indicateurs affolés et affolants, les bourses sont le meilleur exemple. Nous y revenons d’ailleurs plus largement dans les recommandations de ce GEAB N°35. Et les deux graphiques ci-dessous illustrent magistralement comment ces efforts désespérés n’ont pas empêché un bouleversement majeur du classement des grandes banques mondiales (c’est essentiellement depuis 2007 que s’est enclenchée la fin de la domination historique américano-britannique de ce classement)

    . d’autre part, les quantités astronomiques de liquidités injectées en une année dans le système financier mondial, et en particulier dans le système financier américain, ont conduit l’ensemble des acteurs financiers et politiques à une perte totale de contact avec la réalité. De fait, à ce stade, ils semblent tous atteints du syndrome de l’ivresse des profondeurs – qui déclenche chez ceux qu’il affecte une impossibilité à se repérer dans les profondeurs marines et les conduit à s’enfoncer toujours plus profondément en croyant en fait remonter vers la surface. L’ivresse des profondeurs financières a visiblement les mêmes effets que son homologue aquatique.

    Capteurs détruits ou pervertis, perte du sens de l’orientation des dirigeants financiers et politiques, voilà les deux facteurs-clés qui accélèrent la sortie du système international hors du référentiel de ces dernières décennies. « 

  3. Avatar de jean-benoit
    jean-benoit

    Bon, ça y est je crois avoir compris la philo de la chose: les banques sont poivrées plus ou moins à mort et elles se refilent le mistigri, lequel va donc tomber dans la grande poche maternante de l’état à qui on va implorer: Sauvez-nous, sauvez-nous pour l’amour du dollar!!

    Mais qu’en est-il des assurances??
    depuis 10 15 ans, elles aussi en ont croqué! Quand la banque s’est mise à faire de l’assurance, l’assurance s’est aussi mise à jouer avec le pognon des assurés, des investisseurs, des assurés-investisseurs..

    Quel est le risque, à l’instar de la banqueroute des établissements bancaires, que l’assuré moyen se voie le bec dans l’eau en cas de « réalisation du risque » (j’adore cette formule!!) avec en face de lui une compagnie insolvable???

  4. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ jean-benoît

    Précisément. Les titulaires de contrats d’assurance-vie sont créanciers des compagnies (pour toucher leurs sous, ils doivent « racheter » leurs contrats). Les Assureurs ont nécessairement croqué des toxines, et comme ils sont encore plus experts que les Banquiers en matière de « transparence », on pourrait bientôt découvrir de bien vilaines écuries…

  5. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ François Leclerc

    Personne ne peut aujourd’hui se hasarder à des prévisions, avec ou sans modèle économétrique. Mais le hard landing en préparation sera d’évidence très hard, d’une intensité que méconnaissent les manuels d’économie. Il est même raisonnable de penser que la baisse du PIB sera un nombre à deux chiffres. Sauf si Mme Lagarde prend l’affaire en mains, bien sûr 😉

  6. Avatar de Champignac
    Champignac

    Patrick Artus (certes de Natixis, pas vraiment une référence en matière de bonne gestion), lui, nous rajoute encore un supplément d’optimisme, en faisant la prédiction de ce que, selon lui, la mythique « reprise » ne serait, de toute façon, pas pour tout le monde:

    « La confiance des ménages semble commencer s’améliorer (graphique 16) mais
    même après la fin de la récession, les ménages seront pénalisés :

    – par un coût plus élevé du crédit, avec le prix plus élevé du risque

    – par de nouvelles pertes d’emplois industriels avec une nouvelle vague de
    délocalisations et une nouvelle pression à la baisse sur les salaires

    – par le maintien d’un taux de chômage élevé avec une croissance qui ne
    peut pas devenir supérieure à la croissance potentielle en l’absence de
    reprise du crédit

    – par la hausse de la pression fiscale avec la nécessité de stabiliser les taux
    d’endettement publics. »

    NDLR: chhuuttt! Ne le dites pas à votre voisin ou à madame Michu. Ils croient encore que, la « reprise », ça leur serait destiné.

    Le « flash info » complet, ici: http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=46595

    (Source originale, le toujours excellent « ContreInfo », qui semble, merci, bien rétabli. Et dont il faut souligner la qualité du travail d’information. Pensez à lui, aussi, si un petit don spontané vous tente)

  7. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    La saga des assureurs, a débuté en fanfare avec la star AIG, qui a bénéficié de 170 milliards de dollars d’aide à ce jour. Ce ne sont pas ses activités traditionnelles d’assurance qui sont à l’origine de ses pertes colossales, mais les produits financiers d’assurance que sont les CDS (Credit Default Swaps).

    Il vient par ailleurs d’être annoncé que six grands assureurs-vie (Prudential, Lincoln National, Allstate, Principal Financial, Hartford Financial et Ameriprise) allaient pouvoir bénéficier de concours financiers sur fonds publics. Selon le Wall Street Journal, 22 milliards de dollars seraient prévus à cet effet. MetLife, premier assureur-vie américain, n’est pas dans cette liste, ayant été jugé correctement capitalisé au terme des « stress tests ».

    En Europe, les principaux assureurs semblent pour l’instant garder le nez juste en dehors de l’eau, si l’on s’en tient à leurs résultats annoncés. Allianz, l’assureur allemand, a déjà passé plus de 750 millions d’euros de dépréciations d’actifs au 1er trimestre, afin de prendre en compte la baisse de la valeur comptable de ses participations dans la banque espagnole Banco Popular et dans Hartford Financial Services, l’assureur américain. De nouvelles dépréciations de 300 à 400 millions d’euros seraient attendues au second trimestre. Le bénéfice net d’Allianz a atteint 29 millions d’euros au premier trimestre, contre 1,15 milliard pour la même période de l’année précédente. Generali, l’assureur italien a vu son bénéfice net passer à 103,8 millions d’euros au 1er trimestre, contre 910,3 millions un an plus tôt, en raisons de dépréciations non précisées.
    .

  8. Avatar de Visiteur du soir
    Visiteur du soir

    Cette petite démonstration me semble édifiante (s’il fallait encore l’être).

    Les hedge funds pillent nos fonds de retraite.
    Par Marc Mayor

    Moneyweek n° 22, du 14 au 20 mai 2009, p. 21.

    « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Si le philosophe Anaxagore comprenait ce principe, il y a deux millénaires et demi, l’investisseur moderne doit se demander : à qui profitent les plans de sauvetage gouvernementaux successifs ? Vous risquez toutefois de ne pas apprécier la réponse : les fonds spéculatifs, à la recherche de profits à court terme, exploitent la situation au détriment de votre retraite.
    En d’autres termes, l’État américain a ouvert la porte du coffre de votre caisse de pension, en invitant les spéculateurs chevronnés, pour la plupart des traders surpayés, à se servir à vos dépens.
    Prenons le récent sauvetage par les autorités américaines de la plus grande entreprise mondiale selon Forbes en 2007 ; Citigroup (Nyse C).
    Le 27 février le département du Trésor américain a signé un contrat lui permettant d’augmenter sa part jusqu’à 36% du capital de Citigroup.
    Dans le cadre de cette entente, le gouvernement fédéral américain a décidé d’acquérir l’équivalent de 25 Mds$ d’actions privilégiées pour un montant total émis de 27,5 Mds$. Dès l’annonce du plan gouvernemental, le titre Citigroup s’est effondré. Pour l’homme de la rue, cela peut paraître paradoxal : la survie de Citigroup, du moins pour l’instant, n’est-elle pas
    une bonne nouvelle pour les marchés ?
    Comme souvent, il est nécessaire de lire les petits caractères pour comprendre le fin mot de l’affaire. Les mesures imaginées par l’État prévoient la conversion d’actions préférentielles en actions ordinaires selon un ratio de 3,25. Plusieurs actions préférentielles ont été émises à différentes valeurs nominales. La conversion se fait de la façon suivante: pour 100 $ de nominal, le détenteur divise par 3,25 afin de connaître le nombre d’actions ordinaires auquel il aura droit. Or, au moment de l’annonce, une action préférentielle de 25 $ de nominal s’échangeait à environ 7,50 $, tandis que l’action C ordinaire cotait 2,46 $.
    Les élus américains informèrent donc les traders, dans un langage compris des seuls initiés, qu’avec 120 $ il était possible d’acquérir sur le marché quelque chose qui valait désormais 300 $.
    Voici comment cette étrange arithmétique fonctionne : avec 120 $, le trader acquiert 16 actions préférentielles au nominal de 25 $ (16 x 7,50 = 120). Il met donc la main sur un nominal total de 400 $ payé 120 $. Le gouvernement a promis une conversion à 3,25 ; autrement dit, les 400 $ de nominal en actions préférentielles sont convertis en 123 (400 divisé par 3,25) actions ordinaires Citigroup et des poussières.
    Pour empocher un bénéfice immédiat, il suffit donc de vendre à découvert (avec promesse de rachat) 123 titres Citigroup à 2,46 $, pour un total de 303 $ environ. Ainsi, le trader s’engage, après la conversion, à honorer sa promesse de rachat en livrant les 123 actions résultant de la conversion
    de ses actions préférentielles, qu’il n’aura payées que 120 $. Le bénéfice immédiat est de 183 $ (303 moins la mise initiale de 120), soit 152 % de la mise, et ce, sans le moindre risque.
    Le trader, dont le bonus 2008 avait été réduit à la portion congrue, peut à nouveau envisager l’achat d’un jet privé dont les coussins sont recouverts du tissu des foulards Hermès.
    Les hedge funds, que l’on dit être en méforme, ont-ils effectivement pris part à ce pillage ? Oui : le 27 février, dès l’annonce du plan, il s’est échangé 2 milliards d’actions Citigroup. Ce seul titre a représenté plus de la moitié du volume du marché ce jour-là.
    Normal : l’équipe Obama avait fait cadeau aux traders de plusieurs milliards de dollars de profit pur et sans risque, à prendre en l’espace d’une journée.
    Anaxagore nous encourage à aller au bout de notre raisonnement : d’où vient l’argent gagné par les hedge funds ?
    Réponse : de ceux qui possédaient des actions Citigroup et n’ont pas pu vendre. En effet, les actionnaires de Citigroup ont encaissé (façon de parler) une perte de 60 % au cours des cinq jours de marché qui ont suivi le sauvetage.
    Qui sont-ils donc, ces porteurs incapables de se défaire du titre ?
    Aux dernières nouvelles, 58 % des actions en circulation sont entre les mains des institutionnels, par exemple votre caisse de retraite. Or la loi interdit à la plupart des fonds de pension de réagir à des événements à court terme, comme c’est le cas avec la saga Citigroup. Leur argent, votre argent, n’est donc pas parti en fumée : il fait désormais le bonheur d’un trader à court terme ou d’un hedge fund, par la magie des vases communicants.
    Choquant ? Non, logique. Barack Obama a obtenu bien plus d’argent de Wall Street que ses adversaires au cours de la campagne – c’est un prêté pour un rendu.
    Rien n’indique que ce pillage en règle de votre fonds de pension par les traders, avec la bénédiction de l’État, soit sur le point de faiblir ; au contraire, ce n’est probablement que le début. Les petits épargnants qui exigent haut et fort davantage d’interventionnisme étatique font chaque jour davantage penser à un crocodile passant la porte d’une maroquinerie.

  9. Avatar de thierry ruaux
    thierry ruaux

    Il semble que le pessimiste aujourd’hui se cache chez nos hommes, politiques ,dirigeants d’entreprises , financiers, etc… ,ils semblent tres déprimés.Je propose une vision très optimiste de la crise : ele va etre longue et dure pour la finance , mais la reprise économique (et non financière) va etre tres rapide et bénéfique! On peut consevoir un monde sans finance!

  10. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    Moi, j’aime de moins en moins lire le bulletin mensuel du LEAP. J’ai l’impression qu’il condense en quelques lignes définitives assenées abruptement les mêmes infos que François Leclerc, probablement par peur de foudroyer d’un coup le malade et je l’en remercie, lol, nous distille petit à petit chaque jour pour nous préparer progressivement au Grand Choc. J’ai l’impression d’être de plus en plus en état d’apesanteur, finalement de penser qu’une bonne vieille récession de dix ans à la japonaise, rassurante quoi, serait préférable plutôt que d’apprendre un matin que le dollar s’effondre brutalement, que les Etats-Unis explosent après la faillite totale de la Californie qui n’arrive même plus à payer ses policiers (et qui veut vendre ses prisons, si, si…) ou que l’on a perdu la clé du magasin des armes nucléaires pakistanaises et qu’on la cherche fébrilement dans Islamabad en proie au chaos taliban. A propos, qui a des nouvelles de la campagne électorale des Européennes, vous savez celle qui devait promouvoir de hardies idées de coopération économique judicieuse, de protection sociale humaniste, de régulation financière maitrisée, enfin toutes ces choses qui devaient nous permettre à nous, peuples européens définitivement civilisés, de jeter avec fougue les base de la société régénérée ?

  11. Avatar de Skycaptain
    Skycaptain

    Les oligarchies contemporaines utilisent le même outil que vous: l’informatique. On ne sait plus comment les arrêter, voyez par exemple:

    http://www.ftc.gov/opa/2009/05/robocalls2.shtm

    Mais dans le même temps, notez que personne ne défile dans la rue quand on impose une justice administrative d’exception pour défendre quelques pelouses privées.

    Paul Jorion a raison, c’est complexe!

  12. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Wladimir Un espoir : le séminaire de Paul ! 🙂

    Paul a compris depuis longtemps — et avec lui François Leclerc et beaucoup d’entre nous ici — que le système s’autodétruit.
    Paul a dépassé le stade du ressentiment sûr que l’avenir — partagé — appartient — en esprit — à ceux qui pensent à son invention.

    La différence entre le blog-séminaire de Paul et le LEAP c’est que ce dernier offre seulement à ses lecteurs une (sur)vie pour leurs petites ou grandes économies, tandis que le premier offre un espoir à la vie elle-même, dans toute sa plénitude.
    Nonobstant le Leap joue peut-être tout de même un rôle de vigie dans un climat de désinformation qui incline à la démobilisation. Le dernier bulletin n’est pas inintéressant lorsque à l’aide de certaines grandeurs caractéristiques il montre que la crise doit être replacée dans un contexte historique multi-séculaire. Mais il ne parle pas encore de « fin du capitalisme », faut tout de même pas effrayer les lecteurs investisseurs !

    De moins en moins de gens seront dupes. Symptomatique est à cet égard le dernier article de Nicolas Hulot paru dans le Monde daté de vendredi.
    Quel chemin parcouru chez cet — honnête — homme entre ses prestations héliportées de présentateur télé et dévalant les pentes du Machu Pichu en deltaplane et maintenant son engagement pour un changement radical de modèle. Il n’est pas anthropologue ni économiste mais petit à petit sa réflexion s’est engagée sur ce terrain. Ses conclusions rejoignent beaucoup de celles qui sont développées par Paul et nous tout. Il ne croit pas à la rédemption dans le business vert et tient l’avenir de l’écologie pour inséparable d’un nouveau partage des richesses.
    Il prône une croissance dans certains secteurs prioritaires et la décroissance pour tout ce qui nuit au bien être de l’humanité.
    Selon lui beaucoup de gens ont un petit bout de solution entre leurs mains, ne manque que le nouveau modèle qui composera tout cela. Il y a maintenant des gens percolent pendant que les autres picolent du mauvais vin, îvres imbéciles de futiles richesses qu’ils sont encore.

    La campagne n’est pas folichonne. Mais devons-nous attendre qu’une nouvelle majorité — suivez mon regard ! — préside aux destinées de l’Europe pour nous estimés satisfaits ? Surtout quand on sait que les partis au pouvoir en Espagne et au Royaume Uni souhaitent reconduire Barroso ! Ceci dit, avec tous ses défauts — je précise que j’avais voté Non au référendum — il me semblerait dangereux de passer l’Europe par pertes et profits. Ici je ne m’adresse pas à vous qui me semblez convaincu de sa nécessité.
    Elle reste un instrument pour le meilleur comme pour le pire. Le pire quand elle érige le principe de la concurrence économique et le monétarisme en vertu fondatrice, et le meilleur quand elle produit des normes en matière d’écologie et réoriente — encore timidement — une politique agricole jusqu’ici productiviste. Faute de constitution pour l’économie – celle de Jorion pas celle de Giscard (résumé de tous les traités antérieurs) qui tacitement faisait cause commune avec les jeux fous de Wall Street et de la City !! — elle ne cesse de naviguer entre ces deux pôles, laissant l’humain totalement en friche alors que ce dernier devrait être la valeur à l’aune de laquelle toutes autres considérations devraient être appréhendées et jugées. D’autre part l’Union demeure un lieu de concertation et de débat public, même si encore trop peu médiatisé et insuffisant, en regard des pouvoirs conférés à la Commission, au conseil des chefs d’Etats et à la Banque centrale. Au moment où chacun pourrait être tenté au repli dans son pré carré c’est un acquis qu’il faut conserver et amplifier. Angela Merkel a raison de refuser un élargissement de l’Union sans approfondissement politique préalable. Un élargissement en l’état dépolitiserait l’Union et ferait les affaires de quelques représentants de la « perfide Albion. »

  13. Avatar de ghost dog
    ghost dog

    @Pierre-Yves,

    Et si cette crise transformait le visage de l’Europe ? Imaginons que les Etats souverains fassent faillites…Ne serait-il pas temps de former une entité fédérale ?

    Les problèmes de l’Europe actuelle ce sont aussi les états -nations…Sommes-nous prêts à embrasser la citoyenneté européennes ?

    Plus urgent me semble aussi le déficit démocratique…Où se trouve la séparation des pouvoirs en Europe ? Quel rôle pour le Conseil , et la Commission ? (Double emploi ?) Et le parlement ? Où se trouvent les contre-pouvoirs ?

    La Justice ? Elle se contente de faire appliquer les directives même si celles-ci protègent les intérêts des multinationales et non le bien commun.

    La démocratie, ce n’est pas l’économie de marché, or pour le moment l’Europe est avant tout un grand marché…avec tout ce que cela a comme conséquence pour le reste du monde ( cf : Let’s make money).

    Ayant vécu à Londres, en Hollande et aujourd’hui en Belgique, il y’a bien longtemps que je me sens européenne, peu importe la couleur de mon passeport…Quoique depuis Sarko, c’est plutôt la honte qui domine…

    Tout cela pour vous dire qu’il y’a du pain sur la planche : la citoyenneté européenne voilà ce que nous nous devons de construire…

    Rien à voir avec les consommateurs du grand marché européen, enfin plutôt les veaux dont parlait Paul il n’y a pas si longtemps…

  14. Avatar de pseudo
    pseudo

    @Wladimir

    Si les infos « assenées  » par le LEAP sont les mêmes que celles de François Leclerc, alors où est le problème?
    Est ce que vous insinuez un quelconque plagiarisme?

  15. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ ghostdog

    Si les Etats souverains font faillite, est-ce que les regrouper en une entité fédérale les rendra plus solvables ? On peut aussi concevoir un Etat mondial, une monnaie mondiale, le tout permettant d’imposer un déni complet de la réalité. Sous la contrainte d’une police mondiale de la pensée…

  16. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    @pseudo,

    Aucun problème et surtout pas d’accusation de plagiat de l’un ou l’autre, simplement la convergence de plus en plus évidente entre le blog LEAP (longtemps considéré comme trop apocalyptique ici-même) et d’autre blogs critiques (je ne parle pas seulement du blog de Paul Jorion). Et cela est d’autant plus frappant que les différentes analyses s’appuient sur des chiffres ou des projections économiques plutôt abstraits pour les non-économistes et non sur la réalité quotidienne d’une crise qui épargne encore très largement les français (seuls les chômeurs payent). C’est pourquoi je parle d’atmosphère à la « Août 14 » où les bals-musettes ne désemplissaient pas pendant que les lourds nuages s’accumulaient à l’horizon.
    @Pierre-Yves D,
    Paul Jorion parle de séminaire, d’échanges enrichissants d’idées, de recherche de synthèses, pas d’intervention sur la réalité, du moins au stade actuel. Pour être brutal « Le blog de Paul Jorion, combien de divisions ? ». J’ai voté non en 2005 car l’idée européenne généreuse et quelque peu idéaliste au départ s’était transformée en pure machine de propagande néo-libérale qui n’avait cure du soi-disant bien-être des peuples, mais plutôt du bien-être du capitaliste financier occidental et qu’il était hors de question de continuer à cautionner, quelques soient les minuscules avancées symboliques obtenues. Le coup de « L’Europe nous a au moins protégé de la guerre et est l’étape nécessaire pour la fusion harmonieuse (et néanmoins respectueuse des différences culturelles) des peuples », à d’autres…

  17. Avatar de Ph
    Ph

    LEAP : vendre (très) cher ce que FL (et d’autres) ne jugent pas nécessaire de monnayer, c’est du joli boulot de consultant, non?

    LEAP ultima formula (avant « fin du monde ») : vendre (très) cher la constatation que les outils de prévision sont cassés, c’est du madame soleil de soir de grosse fatigue = j’en sais plus rien mais tu douilles quand même!

  18. Avatar de Charles
    Charles

    @François Leclerc
    La récession est beaucoup plus grave en Europe qu’aux Etats-Unis.
    Source Eurostat : du premier trimestre 2008 au premier trimestre 2009, le PIB s’est contracté de 2,6% aux Etats-Unis et de 4,4% dans l’Union européenne. La chute atteint 4,6% dans la zone Euro.

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