Billet invité.
L’EUROPE RATTRAPEE
Le FMI, qui était entouré de toute la considération voulue tant qu’il intervenait à propos de pays lointains, en Asie ou en Amérique Latine, va finir par agacer sérieusement les puissances occidentales. Il vient de lancer un nouveau pavé dans la mare, jouant en cela le rôle que lui a attribué le dernier G20. Après avoir rendu publiques des estimations impressionnantes des dépréciations et des recapitalisations encore nécessaires dans les systèmes financiers américains et européens, en totale contradiction avec ce que les autorités de ces pays veulent bien reconnaître, pour ne pas parler des banques de leurs pays, qui se font encore plus tirer l’oreille, le FMI vient en effet d’allumer la mèche d’un nouveau pétard.
En Europe, « les pouvoirs publics doivent (…) soumettre les institutions financières à des tests de résistance réguliers et les forcer à reconnaître leurs pertes et à se recapitaliser le cas échéant », a déclaré mardi à Paris Marek Belka, directeur du département Europe du FMI, appelant à un « nettoyage de printemps urgent et minutieux ».
Analysant les conditions devant être remplies pour qu’une relance puisse intervenir, il a considéré en premier lieu nécessaire « la poursuite des apports » permettant de desserrer le crédit (les liquidités déversées par la BCE), la reconnaissance « crédible » des pertes du système financier et la recapitalisation des institutions financières, avec soutien public si nécessaire. « La politique budgétaire doit continuer à soutenir la demande », a également déclaré Marek Belka, souhaitant une « action concertée » européenne et pas seulement « au niveau national ». Il a enfin estimé que les actions « non-conventionnelles » (les mesures financées par la création monétaire) devenaient « plus essentielles ».
Il n’est pas certain que ces déclarations aient été du goût du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, qui, tout à sa langue de bois habituelle, avait déclaré lundi : « Nous nous approchons, en ce qui concerne la croissance, d’un point d’inflexion (…) nous observons un ralentissement de la baisse du PIB », ajoutant que « la situation sur les marchés s’est considérablement améliorée (…) depuis septembre 2008 », reconnaissant toutefois que les marchés financiers étaient toujours soumis à la « correction d’un certain nombre de déséquilibres ».
Les nouvelles du secteur bancaire qui se sont accumulées ces jours derniers, venant aussi bien d’Allemagne que d’Espagne et de France ne justifient pourtant pas cet absurde optimisme de façade.
Illustrant la gravité de la situation que connaissent les banques en RFA, un projet de loi vient d’y être présenté, donnant la possibilité aux sociétés financières et aux instituts de crédit de transférer dans des structures ad hoc des actifs toxiques (il en existerait des centaines de milliards d’euros), une solution décentralisée finalement préférée à la création d’une unique « bad bank ». Peer Steinbrück, le ministre fédéral des finances, n’a pas totalement dévoilé le mécanisme proposé, qui repose sur l’idée que les banques recevront des titres de créance couverts par des garanties publiques d’un montant équivalent à 90% de la valeur comptable de leurs actifs transférés, qui seront porteurs d’intérêts. A l’échéance de ces actifs, dans une limite fixée à 20 ans, la différence entre leur valeur réelle et la valeur à laquelle ils ont été initialement inscrits sera calculée et, en cas de moins-value, l’Etat couvrira partiellement les pertes. Il n’est pas précisé à quelle hauteur, une question pourtant fondamentale, mais ce n’est pas étonnant. Parallèlement, le gouvernement étudie un autre projet de bad bank destiné aux Landesbanken, les banques publiques régionales, qui, d’après le ministre lui-même, n’ont plus de modèle économique viable. Neeli Kroes, la commissaire à la concurrence de la Commission, a pour sa part reconnu « … le besoin d’une restructuration profonde du secteur des banques régionales allemandes afin d’assurer sa viabilité à long terme ».
En Espagne, un rapport de la Banque d’Espagne vient également de jeter un froid. Les crédits douteux consentis par le secteur bancaire, souvent dans un secteur immobilier très sinistré, atteignent en effet à la fin avril, 73,9 milliards d’euros. Un montant qui serait susceptible de doubler d’ici à la fin de l’année. Les deux grandes banques espagnoles, Santander et BBVA semblent tenir le choc, mais il n’en est pas de même du réseau des 45 caisses d’épargne, ainsi qu’en général du tissu des banques de petites et moyennes importances, qui s’effondrent. Partout, les ratios de solvabilités sont très détériorés et il est urgent de procéder à des apports en fonds propres. La somme de 60 milliards d’euros est évoquée, pour les deux ans à venir. Un plan de restructuration des banques est à l’étude et devrait être rendu public après les élections européennes du 7 juin prochain.
Il se confirme en France, aux dires mêmes du nouveau PDG de la Société Générale, Frédéric Oudéa, qu’il est « prématuré de dire que c’est la fin des dépréciations », laissant clairement entendre que de nouveaux ajustements pourraient prochainement intervenir dans sa banque. Les agences de notation ont abaissé à A+ la note de sa dette à long terme, rappelant que son portefeuille de titres illiquides d’origine américaine s’élève à 43 milliards d’euros et que son exposition en Russie ainsi qu’en Europe centrale et orientale, une zone où les défauts de payement s’accroissent de manière importante, représente 11% de ses actifs.
Mais c’est autre pan du système financier qui a retenu particulièrement l’attention du gouvernement ces derniers jours, celui du secteur de l’assurance-crédit. Un quart des entreprises fait en France appel à lui pour se couvrir contre les risques d’impayés de ses clients. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME) s’est plainte ces derniers mois des remises en cause des garanties accordée par les assureurs-crédit, qui, selon elle, mettent en péril de nombreuses entreprises. Cela concernerait plus de la moitié de celles qui font appel à ce dispositif. Le gouvernement envisage de lancer un dispositif de « complément d’assurance-crédit public », qui apporterait une garantie publique aux risques non couverts par les assureurs-crédit. Ce qui représenterait une enveloppe de 5 milliards d’euros.
Christine Lagarde a commencé à infléchir son discours sur la reprise et déclare maintenant croire dans « une reprise graduelle ». Tout en reconnaissant, vu la nature de la crise, ne pas pouvoir faire de pronostic pour l’année prochaine.
La question est désormais de savoir si les gouvernements européens vont continuer à agir en ordre dispersé, comme cela semble devoir être le cas, si la Commission de Bruxelles va continuer à être aussi inexistante, ce qui est bien parti, et si la BCE va continuer à jouer au fleuret moucheté là où il faudrait une hache d’abordage. Rien ne permet pour l’instant de croire au contraire. Il restera alors à tout ce beau monde la possibilité de se retourner, outré, contre l’audace du FMI. Avant de rentrer la tête dans les épaules en attendant le choc inévitable.
Un pari a été fait, une spéculation de plus, sans doute une de trop, qui a consisté à vouloir croire que la reprise américaine interviendrait assez vite pour que la crise « glisse » sur l’Europe. Qu’il pourrait ainsi être fait l’économie d’un grand ménage, une fois réglées les situations les plus criantes, à coup de mécanos bancaire et d’interventions plus ou moins déguisées de l’Etat. Cela n’en prend pas le chemin, alors qu’il devient impossible de différer plus longtemps un sauvetage à grande échelle. Alors qu’est enclenchée une boucle interactive entre la crise financière et sa consœur économique, l’une alimentant l’autre.
La demande du FMI est que des stress tests soient organisés en Europe, mais régulièrement, afin qu’il ne soit pas possible, comme les Américains viennent de le faire, de balayer en mettant les actifs toxiques sous le tapis, afin de pouvoir proclamer un solde de tout compte après quelques ajustements. Celui-ci ne sera pas tenable, s’il se confirme que la crise du crédit hypothécaire va bientôt rebondir aux USA et que celles des cartes de crédit va s’y approfondir. Alors, dans une Europe déjà très atteinte, notamment par la situation en Grande-Bretagne, il serait nécessaire de prendre les devants. Nous en sommes loin.
37 réponses à “L’actualité de la crise : L’Europe rattrapée, par François Leclerc”
QUAND LE CHASSEUR D’ÉVASION FISCALE US RATTRAPE AUSSI L EUROPE
ou quand les silences de connivence d’hier volent en éclat par l’impérieux besoin de cash alors c’est le chacun pour soi
article journal suisse Le Temps:
HSBC et Credit Suisse pourraient subir l’assaut de l’IRS. En enquêtant sur la clientèle extra-territoriale d’UBS, le fisc américain aurait obtenu des informations sur les réseaux d’autres banques. Credit Suisse dément l’existence de toute poursuite. HSBC Private Bank n’a pas retourné nos appels.
Le programme d’amnistie partielle offerte par le fisc américain aux détenteurs de comptes non déclarés à l’étranger – une perche tendue aux dizaines de milliers de clients d’UBS menacés de poursuites civiles et pénales – pourrait attirer l’attention sur les activités de gestion offshore d’autres grandes banques, dont le britannique HSBC et Credit Suisse.
«Nous avons identifié d’autres banques», a indiqué l’agent Daniel Reeves de l’Internal Revenue Service (IRS), sans les nommer, lors d’une conférence sur la fraude fiscale qui s’est tenue au début du mois à Miami. En décembre dernier, un article du New York Times avait spécifiquement mentionné les deux banques, citant des sources au sein de l’administration américaine. Le siège mondial de la division de gestion de fortune de HSBC est établi à Genève.
Le 26 mars, l’IRS a introduit une nouvelle procédure qui permet aux détenteurs de comptes non déclarés à l’étranger de faire amende honorable. Auparavant, un contribuable qui omettait de révéler l’existence d’un tel compte s’exposait à une amende à hauteur de 50% des fonds en question, et ce pour chaque déclaration frauduleuse. Après trois ans, les pénalités pouvaient ainsi se monter à 150% des avoirs.
Publicité
«Déclaration volontaire»
Selon la nouvelle procédure de «déclaration volontaire», un contribuable peut s’en tirer, sur le plan administratif, en payant 20% de la plus haute valeur du compte depuis 2003. Les bureaux locaux de l’IRS, notamment en Floride, ont été inondés de demandes depuis cette annonce fin mars, bloquant les rouages de l’administration, raconte l’avocat Larry Kemm, de l’étude Sharp & Associates à Tampa qui assiste «plusieurs douzaines» de clients d’UBS dans leurs démarches.
Ce n’est que ces derniers jours qu’une procédure a été mise en place pour régulariser ces dossiers. Ils sont désormais transmis à la centrale de l’IRS à Philadelphie, où une unité spéciale est chargée de se prononcer sur chaque cas. Pour certains d’entre eux, les contribuables sont soumis à une liste de 30 questions auxquelles les avocats n’ont pas accès à l’avance. «La plupart de ces questions concernent l’historique du compte, poursuit l’avocat et fiscaliste William Sharp. L’IRS cherche à savoir comment et avec l’aide de quels intermédiaires ces comptes ont été ouverts.»
Selon William Sharp, il est hautement probable que parmi la nuée de clients d’UBS, des informations sur les réseaux d’autres banques tombent ainsi dans les mains de l’IRS. L’administration fiscale pourrait se baser sur ces informations pour ouvrir des procédures semblables à celles lancées contre UBS. La mention de Credit Suisse et de HSBC par le New York Times aurait servi de coup de semonce pour ces clients. Car la procédure de déclaration volontaire ne s’applique qu’aux clients qui s’annoncent «à temps», selon les termes de la circulaire de l’IRS. C’est-à-dire avant que l’administration fiscale ne découvre l’existence des comptes par ses propres moyens.
ACTUALISATION
On apprend que le projet de stress tests de certaines banques européennes avait fait l’objet d’un accord entre ministres des finances et FMI, qui n’avait pas été rendu public. Il apparaît aussi que de nombreux désaccords existent quant à la manière de les réaliser, ceci expliquant que le FMI ait cru devoir publiquement donner son point de vue, en mettant les points sur les « i ». Délicatesse de sa part, il n’aurait pas tranché sur le fait de savoir si leurs résultats devraient ou non être rendus publics.
Mais les chiffres du FMI généralement repris dans vos billets ne sont-ils pas trop pessimistes?
voir à ce sujet: http://www.rfi.fr/actufr/articles/113/article_80940.asp
Les différences d’estimation laissent pantois. Ne s’agit-il pas là aussi d’une manœuvre ? (dont la finalité, je dois le dire m’échappe). Merci pour la pertinence de vos articles.
Pourquoi nous n’entendons plus jamais parler de Clearstream?
Qui réabilitera le travail de Denis Robert que trés peu de ses confrères ont soutenu dans son combat inégal? http://www.ladominationdumonde.blogspot.com/
En ces temps de perturbations sur le réseau ferré financier, personne ne s’intéresse à la station d’aiguillage, à ses listings et à ses secrets?
Le FMI peut-être…. Ou une collone de chars russes pourquoi pas. Chacun sa mesure. De Villepin a pris la sienne… Silence radio.
Lux en bourgeois, quel beau nom que voilà!
Qui cherche une des clefs des paradis fiscaux? Qui fait semblant de chercher?
Pour ce qui est de l’assurance-crédit, instrument incontopurnable dans les PME
: les garanties ont été réduites dans une proportion de 1 à 1000 environ ( stats personnelles). C’est-à-dire qu’il n’y a plus de couverture…
La démarche de l’IRS est en phase avec l’acuité du problème : trouver des fonds par tous les moyens. Et s’il vous plaît, ne parlons ni de droit international, ni de morale. De même qu’à une date récente le problème bushien était de trouver du pétroile accessible par tous les moyens : Saddam et son pays ont payé cher le refus de courber l’échine. Voilà qui n’augure pas de lendemains en forme de « long fleuve tranquille »…
Complément d’info:
« D’autre part, selon le Wall Street Journal qui cite une étude du Fonds monétaire international (FMI), si les stress tests étaient appliqués aux établissements financiers européens, ces derniers nécessiteraient 600 milliards de dollars de capitaux supplémentaires.
Ainsi, selon l’étude du FMI cité par le Wall Street Journal, les banques de la zone euro devraient encore trouver 375 milliards de dollars, celles de la Grande-Bretagne 125 milliards de dollars, et celles des autres pays 100 milliards de dollars.
Selon les estimations du FMI citées par le journal américain, les banques européennes n’auraient jusqu’à présent levé que 40% des 1 000 milliards de dollars dont elles auraient besoin pour faire face aux conséquences de la crise actuelle, tandis que les banques américaines auraient déjà levé ou prévu de lever les deux tiers des 666 milliards de dollars dont elles auraient besoin selon le FMI. »
IRS cherche des coupables a donner en pature aux medias pour masquer les lois des gvnmts permettant ce gigantesque ponzi planetaire.
Tant que l’on changera les règles comptables on pourra obtenir le résultat que l’on souhaite. Si de plus on les change tout le temps on n’a même plus d’éléments de comparaison dans le temps. Malgré cela on voit que les résultats des stress tests sont mauvais mais quel politique laisserait « planter » ses banques. On rabâche à tous que les dépôts seront assurés et les banques comprennent très bien qu’elles peuvent continuer dans ce cas là. On ne peut pas être schizophrène et médiatiser à tort et à travers que l’on assure les dépôts et demander au banque de faire le ménage par ailleurs puisqu’ on leur assure leur assise quoiqu’il en soit.
@ jean boussart
Dans son dernier article du FT, Martin Wolf s’appuie sur une comparaison des pertes prévisionnelles et des besoins en capital entre les chiffres officiels américains, ceux du FMI et ceux de l’économiste Nouriel Roubini, connu pour ses analyses sans concessions (disponible sur site de Brooking Institution). Il en ressort que les chiffres des régulateurs américains sont plus conservateurs que ceux du FMI et moins que ceux de Roubini, s’agissant des pertes potentielles. Ce qui n’est toutefois plus le cas lorsque l’on considère les besoins de recapitalisation…car tout dépend du ratio que l’on prend en référence.
http://blogs.ft.com/economistsforum/2009/05/why-obama%E2%80%99s-conservatism-may-not-prove-good-enough/
L’article de RFI auquel vous faites référence me semble mélanger abusivement certaines erreurs du FMI avec les dénégations de ses estimations des pertes des banques européennes. Pour la RFA, elles ont depuis été confirmées grâce à une fuite parue dans la presse allemande, avec pour source le BaFin, le régulateur allemand.
Un communiqué de presse du 12 mai du Committee of European Banking Supervisors (CEBS), l’organisme qui depuis Londres regroupe des représentants des régulateurs et des banques centrales européennes, laisse peu d’espoir d’en savoir plus à propos des futurs stress tests, annoncés pour septembre prochain. Ni leur méthodologie, ni leurs résultats, ne seront rendus publics, est-il clairement précisé.
Objectivement, on s’en fout.
Nous savons tous que 90% des banques européennes sont en état de faillite, et 10% des Etats aussi.
Tout le reste, tout ce tralala, c’est pour vérifier si l’on a eu raison avant les autres et tant qu’à faire affirmer qui à la plus grosse
(faillite).
La Belgique qui est un des pays les mieux géré au monde n’aura pas besoin de faire le moindre stress test de ses banques.
Toujours à la pointe du progrès, surtout en matière d’ingénérie financière, la Belgique est désormais au troisième tour de
renflouage pour sa dernière banque, la très Flamande KBC. D’ici aux stress tests tout cela aura été balayé.
Nos grands vins tournent au vinaigre ce n’est pas grave car dans cet état il pourront longtemps encore servir à conserver les cornichons.
La vraie sagesse se vit dans le dénuement.
Brave new world sous le signe du cornichon au vinaigre de Petrus…
Y en a qui vont le vendre cher le bocal, comme quoi les riches s’adaptent mieux que les pauvres.
KBC suite (et pas fin).
L’Europe rattrapée…, c’est vrai.
KBC est couverte pour les actifs toxiques qui restent à son bilan, . L’assureur américain MBIA risque de faire défaut. et parrain Barack n’est plus prêt à casser sa tirelire pour l’Europe, il a déjà donné avec AIG.
Comme les Flamands sont prévoyants nous demandons à nous prémunir avant sinistre. (Histoire de dire à Tonton Obama qu’il peut dormir tranquille : de notre côté nous ne sponsoreriserons pas la guerre en Al-quaida land au délà de ce que nous faisons mais nous pourrons quand même dire « on a déjà donné ».
@ Jean-Baptiste
Sauf erreur de ma part, seules les règles comptables du FASB ont été modifiées, ce qui veut dire que les règles applicables en Europe n’ont pas été touchées …. à ce jour.
@ CF
Vous avez raison. C’est une question en suspens. Elle conditionne le retour à la « légalité » des banques, dont on peut se demander comment elles valorisent effectivement certains de leurs actifs, actuellement.
@ François Leclerc
Je pense que nous avons tous les deux la même réponse à votre question.
Question subsidiaire :
A une époque où dans certains pays comme les USA ou l’Islande, nous avons pu voir les dégats que pouvaient créer des banques « too big to save » et « too big to fail », comment se fait-il qu’on « autorise » en Europe un établissement bancaire déjà « big » racheter un autre établissement important dans un pays frontalier.
On ne voit pas ou on ignore le risque ?
On pense que ainsi l’Etat pourra demander à l’Etat voisin de l’aider si le nouveau groupe devait avoir des problèmes ?
Autre réponse ?
@ CF
Dans le même genre, on peut se demander pourquoi, depuis le début de cette crise, personne ne semble avoir envisagé sérieusement d’établir (ou de rétablir) la séparation entre banques de dépôts & banques d’investissement.
Cela semble du bon sens élémentaire, en matière de réduction des risques systémiques. Pourtant, personne, je veux dire chez les « responsables », n’évoque même cette possibilité.
Il est vrai que, du coté des banques, on pousserait les hauts cris, tant l’actuelle situation s’est révélée profitable. Accessoirement, effectivement, le « too big to fail » est devenu, pour les banques, l’assurance absolue de ne jamais devoir elles-mêmes assurer les conséquences de leur « innovation financière ». Pourquoi redevenir faillibles quand on a tant intérêt à ne plus l’être?
C’est tout de même un comble que les européens soient aujourd’hui à la traîne des US, même si l’absence de transparence est la règle des deux cotés de l’Atlantique. Au moins en Amérique on s’applique pour faire semblant.
On allait voir ce qu’on allait voir, l’Europe, et la France en particulier, de prendre à témoin le monde entier, et de lever bien haut à la face du monde l’étendard quasi sanglant de la lutte impitoyable contre le mauvais capitalisme qu’il fallait d’urgence « refonder ».
Et puis les mois passèrent ….. ce fut flop flop flop et encore Flop.
Il y a actuellement un réel déni de démocratie en Europe.
Quid des auditions – publiques ET médiatisées — dans les parlements nationaux ou au parlement européen pour diversifier les points de vue sur la crise et présenter les moyens alternatifs d’y remédier ?! (Quel média a relayé l’intervention de Paul au parlement européen ?)
Quand les Trichet, Noyer, Bouton, Pérol, et autres acteurs de premier plan de la banque en Europe seront-ils entendus dans les enceintes des élus du peuple ? Quand seront-il publiquement confrontés à des interlocuteurs contradicteurs ?
@ Champignac et Pierre-Yves D
Si vous comprenez l’américain, je vous suggère de regarder la video suivante.
Un grand moment de solitude pour la personne interviewée par Mr Alan Grayson (je pense qu’il s’agit de lui).
Peut-être Paul pourrait nous faire un topo sur ce monsieur et sur les raisons et conditions qui font que aux USA, ces auditions ont lieu et sont télévisées.
Pour ceux qui ne comprennent pas l’anglais la personne interviewée est censée contrôler les comptes et mouvements de fonds de la FED, mais ne peut pas répondre sur un montant anecdotique ….. : 1 à 2 trillions de dollars (1000 milliards) ….une paille !!
Un peu plus de 1 trillions ne serait plus dans les comptes depuis 8 mois et Mr Grayson demande uniquement qui a reçu ou où est passé l’argent….
http://www.youtube.com/watch?v=PXlxBeAvsB8&eurl=http%3A%2F%2Fclearstation.etrade.com%2Fcgi-bin%2Fbbs%3Fpost_id%3D9033093%26Refer%3D&feature=player_embedded
Il y a deux mois, j’ai publié un billet intitulé Le 18 mars 2009 : fin du capitalisme. Toutes les bonnes nouvelles relatives au rebond de l’économie (ou tout au moins de la Bourse) au cours des semaines récentes peuvent vous conduire à vous demander si je regrette de m’être avancé de cette manière.
Il n’en est rien et si vous voulez savoir pourquoi – et si vous comprenez l’anglais – visionnez l’audition que nous signale CF. J’admire le calme de ce député américain et… non, je ne regrette rien !
@ Paul
Je profite du fait que vous êtes connecté pour vous demander qui est ce Mr Grayson, et dans quel cadre ont lieu ces auditions.
Wikipedia : Alan Grayson.
En feuilletant un autre blog je suis tombé sur un lien vers cette vidéo sur YouTube. J’ai ainsi découvert qu’elle avait été retirée, ce qui n’est que trop, explicable. Heureusement vous en avez sauvegardé une copie !
@ CF
J’avais déjà vu cette vidéo ce matin.
Sauf que, contrairement à nombre de commentaires, je ne pense pas que l’embarras de la dame venait de ne pas pouvoir répondre. Mais probablement de ne tout simplement pas vouloir donner de réponses à ces questions.
@ Champignac
Je partage votre point de vue. Si vous avez un peu de temps, regardez les autres vidéos concernant ce monsieur.
Celle qui concerne les bonus est excellente, notamment le début, quand il fait référence à deux des nombreux mails qu’il a reçu.
@ CF et autres…
je veux pas faire mon petit malin mais j’en avais déjà parlé dans un commentaire sur l’omerta de cette vidéo que j’avais trouvée sur le blog de glenn greenwald sur salon.com.
C’est curieux, je n’entends rien sur cette vidéo. On dirait du son crypté. Mais j’ai trouvé le texte:
————–
Alan Grayson: Thank you very much, Mr. Chairman. Inspector Coleman, you’re the Inspector General for the Federal Reserve, right?
Elizabeth A. Coleman: That’s correct.
Alan Grayson: Okay. Have you done any investigation concerning the Federal Reserve’s role in deciding not to save Lehman Brothers, which led to shockwaves that went through the entire financial system?
Elizabeth A. Coleman: In that particular area, you know, I don’t feel like to comment on specific investigations, but we do not currently have an investigation in that particular area.
Alan Grayson: All right, what about the $1 trillion-plus expansion of the Federal Reserve’s balance sheet since last September? Have you conducted any investigations regarding that?
Elizabeth A. Coleman: Well, right now, we have a… we call it a review and with the term investigation, we have different connotations. We’re actually conducting a fairly high-level review of the various lending facilities collectively, which would include, you know, the TOWS, the variety of the different programs that are in process, so we’re looking at them at a fairly high level to identify risks.
Alan Grayson: Well, I understand that, but we’re talking about events that started unfolding eight months ago. Have you reached any conclusions about the Fed expanding its balance sheet by over a trillion dollars since last September?
Elizabeth A. Coleman: We have not yet reached any conclusions.
Alan Grayson: Do you know who received that money?
Alan Grayson: For the… we are in the process right now of doing our review and…
Alan Grayson: Right, but you’re the Inspector General. My question specifically is do you know who received that $1 trillion-plus that the Fed extended and put on its balance sheet since last September. Do you know the identity of the recipients?
Elizabeth A. Coleman: I do not know. We have not looked at that specific area at this particular point on those reviews.
Alan Grayson: What about Bloomberg’s report that there are trillions of dollars in off-balance sheet transactions that the Federal Reserve has entered into since last September? Are you familiar with those off-balance sheet transactions?
Elizabeth A. Coleman: You know, I think it may be important at this point to, just to bring up a certain aspect related to our jurisdiction and just to clarify perhaps some of my earlier comments. We are the Inspector General for the Board of Governors and we have direct oversight over Board programs and operations and we’re also able to look at Board-delegated functions to the Reserve Banks, as well as the Board’s oversight and supervision of the Reserve Bank.
We do not have jurisdiction to directly go out and audit Reserve Bank activities specifically. Nevertheless, in our lending facility projects, for example, we are looking at the Board’s oversight over the programs and to the extent that it extends out to the Federal Reserve Bank of New York.
Alan Grayson: Well, I have a copy of the Inspector General Act here in front of me and it says among other things that if you’re responsible, you can conduct and supervise audits and investigations relating to the programs and operations of your agency.
Elizabeth A. Coleman: That’s correct.
Alan Grayson: So I’m asking you if your agency has in fact, according to Bloomberg, extended $9 trillion in credit, which by the way works out to $30,000 for every single men, women, and child in this country. I’d like to know if you’re not responsible for investigating that, who is?
Elizabeth A. Coleman: We, actually… we have responsibility for the Federal Reserve’s programs and operations, to conduct audits and investigations in that area. In terms of who is responsible for investigating… would you mind repeating the question one more time?
Alan Grayson: What have you done to investigate the off-balance sheet transactions conducted by the Federal Reserve, which according to Bloomberg now total $9 trillion in the last eight months.
Elizabeth A. Coleman: I’ll have to look specifically at that Bloomberg article. I’m not… I don’t know if I have actually seen that particular one.
Alan Grayson: That’s not the point. The question is have you done any investigation or auditing of off-balance sheet transactions conducted by the Federal Reserve?
Elizabeth A. Coleman: At this point, we’re conducting our lending facility project at a fairly high level and have not gotten to a specific level of detail to really be in a position to respond to your question.
Alan Grayson: Have you conducted any investigation or auditing of the losses that the Federal Reserve has experienced on its lending since last September?
Elizabeth A. Coleman: We are still in the process of conducting that review. Until we actually, you know, go out and gather the information, I’m not in a position to really respond to this specific question.
Alan Grayson: So are you telling me that nobody at the Federal Reserve is keeping track on a regular basis of the losses that it incurs on what is now a $2 trillion portfolio?
Elizabeth A. Coleman: I don’t know if… you’re telling me that there’s… you’re… missing… that there are losses. I’m just saying that we’re not… until we actually look at the program and have the information, we are not in a position to say whether there are losses or to respond in any other way to that question.
Alan Grayson: Mr. Chairman, my time is up, but I have to tell you honestly, I am shocked to find out that nobody at the Federal Reserve including the Inspector General is keeping track of this.
Mr. Chairman: All right. Thank you, gentleman and…
En tout cas, il y une bonne nouvelle: l’exposition de l’assureur AIG aux CDS a été réduite de 2,7 trillions à 1,5 trillion. Pour obtenir cette réduction de l’effet de levier, l’Etat américain, autrement dit le contribuable, a dû débourser 182 milliards. En d’autres termes, si l’on veut dénouer les contrats CDS encore en souffrance, les Américains vont devoir encore sérieusement mettre la main à la poche. On comprend que le Congrès soit assez méfiant.
http://finance.yahoo.com/news/US-lawmakers-question-AIG-apf-15232231.html?sec=topStories&pos=2&asset=&ccode=
La fin du capitalisme. Aucun espoir.
The Daily Show With Jon StewartM – Th 11p / 10cElizabeth Warren Pt. 1thedailyshow.comDaily Show Full EpisodesEconomic CrisisPolitical Humor
Pour en remettre une couche, Elizabeth Warren est à la tête du comité de supervision de la Fed pour le TARP. Inteviewée par Jon Steward sur Comedy Central le 15 avr. Elle n’arrive même pas à se rappeler ce que signifie PPIP. C’est à pleurer.
PS Je ne voudrais pas me prénommer Elizabeth. Faut dire qu’elles font fort dans le genre déstabilisées pour un rien. Elles n’ont sans doute pas été drillées ni formées à la langue de bois…