Ce texte est un « article presslib’ » (*)
J’ai connu l’« apologue de la Dame de Condé » à partir d’un commentaire de La monnaie, c’est de la sueur (et du soleil) condensés, posté par A-J Holbecq le 16 juin 2008. J’ignore où lui-même l’a trouvé (il nous le précisera sans doute). Je le reprends car j’y vois une excellente introduction à un nouvel éclairage qu’il me semble essentiel d’introduire quand il s’agit de la monnaie : celle qu’essaie de capturer maladroitement la notion d’agrégat monétaire M1, M2, M3. Je commence donc par rappeler cet apologue en recopiant ce qu’A-J Holbecq nous en dit, y compris son commentaire quant à la morale de l’histoire.
Nous sommes à Condé-sur-Gartempe. Son hôtel de la Gare est réputé pour ses ortolans et sa discrétion…! Un vendredi après-midi débarque une jeune femme, d’apparence convenable, bien qu’un peu trop fardée. Elle réserve une chambre pour la nuit et, comme elle n’a pas de bagage, elle laisse en acompte un billet de 100 euros, tout neuf. Puis elle s’en va visiter la vieille ville. Le pâtissier qui a vu la scène dit au patron : « Ça fait six semaines que vous me devez 100 euros pour la pièce montée que j’ai livrée à l’occasion de la communion de votre fille. » Le patron lui donne le billet de bonne grâce. Comme cette scène a été vue par d’autres, elle se reproduit cinq nouvelles fois, car le pâtissier devait aussi 100 euros au minotier… qui en devait autant au garagiste… lui-même débiteur de cette somme au boucher… qui avait à régler 100 euros au représentant de la maison Erlida… lequel devait à son tour acquitter sa chambre à l’hôtel de la Gare pour 100 euros. Il redonne donc le billet au patron de l’hôtel. Notre Dame revient de promenade. Elle annonce, qu’ayant fait une rencontre, elle annule sa réservation. Ce qui arrange bien l’hôtelier qui, entre temps, a eu une demande d’un de ses vieux clients. L’hôtelier lui rend donc son billet qu’elle brûle aussitôt. « Il était faux », dit-elle en souriant.
Moralité de cette histoire :
– Le PIB du village a augmenté puisque les commerçants, ayant été payés, ont pu inclure leurs ventes dans leur comptabilité…
– Ce faux billet a été capable de catalyser autant d’échanges parce qu’un billet est de la monnaie fiduciaire (du latin fiducia : confiance). C’est exclusivement une « valeur de confiance » entre les membres d’une communauté. Dans un autre pays il n’aurait pas été accepté. Un billet faux perd « sa valeur » seulement au moment où il se révèle faux et n’est plus accepté par celui qui le reçoit. C’est celui qui le détient en dernier qui assume la perte. Dans cette histoire il n’y a pas eu de perte sauf pour la Dame de Condé qui savait de toute façon qu’il était faux.
– La Dame de Condé, en réservant sa chambre, a accru de 100 euros la masse monétaire du village, ce qui a permis à six personnes d’éteindre réciproquement leur dette pour un montant total de 600 euros. La « qualité » de la monnaie utilisée, bonne ou mauvaise, est indifférente, mais la quantité de monnaie en circulation dans une zone est importante.
Dans son commentaire, A-J Holbecq écrit à juste titre que « La « qualité » de la monnaie utilisée, bonne ou mauvaise, est indifférente » à la morale de l’histoire, ce qui est vrai et fait aussi qu’on se demande pourquoi celui qui l’a inventée a tenu à ajouter ce détail sans réelle pertinence. Il a dû se dire, je suppose, que la bizarrerie de l’effacement en moins de temps qu’il ne faut pour le dire d’un montant si élevé de dettes au sein d’une petite communauté à l’aide d’un seul billet de 100 €, apparaîtrait encore plus étonnant si ce billet s’avérait a posteriori avoir été faux et donc n’ayant en réalité rien valu du tout. Il y a là un raccourci certainement excusable mais inacceptable : un faux billet cesse de valoir quoi que ce soit aussitôt qu’il a été reconnu comme tel, ce qui interrompt sa circulation, mais tant que sa « dénonciation » n’a pas eu lieu, rien ne le distingue d’un vrai billet et il lui est strictement équivalent. Quand la Dame de Condé révèle que le billet de 100 € était contrefait et le brûle pour convaincre un public sans doute encore incrédule qu’elle ne ment pas, l’affaire est en fait déjà réglée : il lui a permis de réserver une chambre d’hôtel pour se dédire ensuite – usage on ne peut plus utile d’un billet de banque ! On pourrait alors s’interroger : pourquoi n’a-t-elle pas continué à l’investir dans des activités encore plus profitables ?
Ce qui intrigue dans l’histoire, ce n’est donc pas qu’une petite communauté ait pu prendre pour vrai un billet qui était faux, ce qui est banal et ne permet de tirer aucune leçon, mais c’est qu’un unique billet (vrai ou faux) ait pu avoir un tel effet : transformer un village criblé de dettes en un autre libéré de toutes obligations d’un citoyen envers un autre.
Essayons d’analyser l’apologue. Puisqu’il existe un hôtel et que l’hôtelier accepte les 100 € de la dame, on peut supposer que la petite communauté a dépassé le stade du troc et que de la monnaie y existe sous la forme de billets et de pièces. Le montant exact ne nous importe pas, appelons le A. Au moment où la dame offre son billet à l’hôtelier l’argent disponible dans le village passe de A à A + 100 €. C’est là le montant de la masse monétaire fiduciaire qui y est présente à partir du moment où la dame paie ses arrhes jusqu’au moment où elle annule sa réservation et où la masse retombe à A. La fausseté du billet, comme je l’ai dit, n’était connue que d’elle et était du coup sans impact : il n’est pas permis d’affirmer que la masse d’argent liquide ne fut jamais « en réalité » que de A : on ne parle en effet pas ici d’un produit tel que l’uranium, dont le fait qu’il soit faux empêche son action postulée, la fission, d’avoir lieu dans le réacteur : il s’agit de monnaie supposée vraie tant qu’il n’a pas été prouvé qu’elle soit fausse et qui s’acquitte fidèlement de sa tâche jusque-là.
Alors que s’est-il passé ? On nous dit que le billet de 100 € déposé comme arrhes à l’Hôtel de la Gare à permis en quelques heures d’éteindre des dettes pour un montant de 600 € et le mécanisme nous en est connu : il existait une chaîne de dettes partant de l’hôtelier et lui revenant en fin de circuit et le billet de 100 € a permis de proche en proche l’annulation de toutes les dettes existantes. Ce que j’essaie d’extraire de l’apologue est indépendant du fait de savoir si la situation qu’il décrit a la moindre de chance de se rencontrer dans la réalité : la réponse est non, mais cela n’a aucune importance, il s’agit clairement d’une expérience mentale et de rien de plus.
Pour ce qui est de l’argent, nous avons compris le circuit qu’il accomplit : le billet de 100 € passa de créancier remboursé en créancier remboursé, jusqu’à avoir opéré le circuit complet. Il demeura intact et sa valeur fut elle stable. Il en va de même pour la masse A telle qu’elle existait avant que la dame ne franchisse le seuil de l’hôtel de la Gare. C’est ce que j’ai appelé en d’autres circonstances le « principe de conservation des quantités » : en matière de finances, rien ne se crée, rien ne se perd. Si ce principe n’était pas universellement respecté, la finance n’aurait jamais pu exister. Il existe sans doute des individus qui enfreignent ce principe mais leur comportement est pris très au sérieux par la société, elle les traite sévèrement : pris, ils risquent la prison. Le « principe de conservation des quantités » en matière de finances n’est donc pas une norme que je postule à des fins théoriques : il s’agit d’une règle ayant valeur légale.
J’ai expliqué il y a quelques jours quelle est la meilleure manière de conceptualiser une reconnaissance de dette. J’ai dit qu’il s’agit de la trace de deux transactions : l’une, passée, étant intervenue au moment Ti, impliquant le transfert de la somme Si de l’agent X à l’agent Y, l’autre, à venir, censée intervenir au moment Ti+n, impliquant le transfert en retour de la même somme Si, cette fois de Y vers X, accompagné du transfert de Y vers X d’un « cadeau » en argent, proportionnel à la durée Ti+n – Ti, appelé « intérêts ». Une reconnaissance de dette est donc essentiellement l’annonce de transactions à venir, justifiées par une transaction passée. La transaction passée est, comme son nom l’indique, passée, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un donné irréversible : elle a eu lieu, un point c’est tout. Les transactions à venir n’ont pas encore eu lieu et sont donc contingentes : il existe un risque qu’elles n’aient jamais lieu, autrement dit, la chance qu’elles se réalisent n’est pas de 100 %. Ce qui ne veut pas dire pour autant que les sommes qui ne seraient pas remboursées se soient évanouies dans la nature, contredisant le « principe de conservation des quantités », elles auront seulement trouvé leur voie vers d’autres poches que celle stipulée par la reconnaissance de dette.
Donc, lorsqu’on dit qu’il existait dans le village des reconnaissances de dette pour un montant total de 600 €, ce que l’on exprime ainsi, c’est qu’il existait des annonces de transactions à venir pour un montant total de 600 €, et celles-ci se situant dans le futur non pas nécessaire mais contingent, elles pourront avoir lieu ou pas. Le billet ayant circulé, la seconde transaction mentionnée par les reconnaissances de dette existantes, celle à venir, a eu lieu dans chacun des cas. L’annonce implicite s’est réalisée, et la reconnaissance de dette s’est éteinte. Le montant des reconnaissances est passé de 600 € à 0 €, ce qui est une autre manière de dire qu’il n’en existe plus.
Il s’est donc passé bien passé quelque chose de significatif dans le village, que les sommes d’argent disponibles à chaque instant ne révèlent pas : l’argent disponible se montait en effet à A avant que la Dame de Condé ne franchisse la porte de l’Hôtel de la Gare et il est retombé à ce niveau lorsqu’elle repassa le seuil dans l’autre direction.
Certains – dont je ne suis pas – considèrent une reconnaissance de dette comme l’une des manifestations possibles de la monnaie. Pour eux, la monnaie présente dans le village avant la venue de la Dame se montait à A + 600 € et s’est réduite à A à son départ, en raison de l’action qu’on pourrait appeler « catalytique » du billet de 100 € de la Dame sur l’économie du village.
De mon point de vue, une reconnaissance de dette n’est pas de la monnaie, le terme tendant à suggérer qu’il y aurait une identité de nature entre la marchandise privilégiée dans la fonction d’échange qu’est l’argent et une « trace de transactions » contenant l’annonce de deux transactions à venir qu’est une reconnaissance de dette. Les deux phénomènes sont à mon sens incomparables, une reconnaissance de dette étant un objet d’une toute autre nature que les pièces et billets constituant l’argent « liquide » que l’on assimile spontanément à « la monnaie ». Bien sûr une reconnaissance de dette a un prix (reflétant son « degré de liquidité » et son risque de crédit) et peut être traitée comme une marchandise, au même titre que l’argent, mais chacun s’accordera à dire que toute chose à laquelle est associée un prix n’est pas pour autant une monnaie, sans quoi presque tout dans ce bas-monde serait de la monnaie.
Du point de vue du « principe de conservation des quantités », rien ne s’est passé sans doute, mais il faut reconnaître que, comme l’affirment ceux qui assimilent reconnaissance de dette à monnaie, il s’est bien passé quelque chose. Mais comment en rendre compte ?
La réponse que je vais apporter consiste à introduire le concept de dimensionnalité de la monnaie, une notion qui éclairera, comme on le verra, la question des agrégats monétaires et ce qu’ils représentent en réalité.
(… à suivre)
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
133 réponses à “La dimensionnalité de la monnaie (Introduction)”
@ fujisan
Ce qui n’enlève pas l’obligation de passer les écritures comptables, et d’extérioriser la TVA, bien entendu…
@ JJJ Oui, bien sûr, c’était fait dans les règles… du moins je le croyais. Il y a deux factures comptablilisées et déclarées… Et en effet, nous avons contresigné un justificatif de l’OD comme me l’avait conseillé mon comptable. C’était exceptionnel, la dernière fois c’était il y a plusieurs années. Prescription, votre honneur? 😉
Pour approfondir les chambres de compensation. Sauf erreur de ma part, c’est le principe utilisé par le système WIR en Suisse. Il a vu le jour il y a 75 ans en 1934 pendant la Grande Dépression pour faire face aux problèmes de liquidités. Le système WIR existe toujours aujourd’hui et couvrirait 1/4 des négoces en Suisse d’après Bernard Lietaer.
Voir http://www.wir.ch/
Et http://www.lietaer.com/
La référence de loin la plus complète sur Internet
en matière de dictionnaire de langue (Française),
et pas très connue, se trouve sur le site ATILF http://atilf.atilf.fr/
(APPUYER SUR « ENTREZ DANS LE TLF »)
eux, ils mettent au choix un « n » ou deux « nn » à dimensio…..alité !…
voir aussi pour se distraire l’article « monnaie »……
Il y a deux erreurs fatales dans cette histoire : 1. le PIB n’a pas augmenté, car chaque acteur a comptabilisé sa transaction selon l’écriture « Débiteur – Vente » ou « Achat – Créancier ». 2. comme il s’agissait d’une dette circulaire, une instance de clearing aurait pu réaliser ce que le (faux) billet a réalisé.
La seule chose qui a changé grâce au billet, c’est la liquidité, ici prise comme vélocité dans la résolution des dettes.
La magie de la création monétaire passe obligatoirement par l’instance bancaire qui crée des encours (après déduction des réserves obligatoires). Ces encours servent de base de crédit : A paie à B ses dettes de 100 qui les dépose à la banque L qui les prête à C, après avoir prélevé 10. C paie son créancier D qui les dépose à la banque M (on peut aussi prendre la même banque) qui les prête à E après avoir prélevé 9, etc. etc. Au bout d’un nombre infini d’opérations, nous aurons donc des encours bancaires de 100 + 90 + 81 + 72,9 + 65,61 + etc. qui font alors une véritable création monétaire de 900.
Pour moi, dimension(n)alité, c’est pas du français : ce n’est pas dans mon Petit Robert version CDROM 1.3 de 1997… Mais bon, puisque je supporte l’inflation monétaire, je peux bien tolérer celle du vocabulaire.
Est-il courant d’additionner des carottes et des pommes de terre ?
En France, depuis juillet 1998, la puissance fiscale dépend de la valeur normalisée d’émission de dioxyde de carbone (CO2) en g/km et de la puissance maximale du moteur en kW. Si on note C la quantité de CO2 rejetée et P la puissance du moteur (1 cheval DIN = 0.736 kW) exprimées dans ces unités, alors la puissance fiscale Pf vaut:
Pf =C/45 + (P/40) ^1.6
d’après http://fr.wikipedia.org/wiki/Cheval_fiscal
Je ne suis pas spécialiste, mais manifestement ça ne choque pas beaucoup le Trésor Public.
Bonsoir,
cette histoire (robinsonnade? avec 2 n) n’apporte pas grand chose, ou alors j’ai manqué quelque chose. La madame sert uniquement d’instance de clearing. Le faux billet ne sert à rien.
Avant le passage de la dame, le bilan de l’hôtel est:
(D) Client 100 (dette du représentant de commerce ou créance sur ce VRP comme vous voulez)
(C) Fournisseur 100 (dette auprès du pâtissier)
Compte banque 512 à zéro
Compte d’exploitation
(D) Charges 100 (le gâteau pour l’activité de l’hôtel je présume)
(C) Chiffre d’affaire 100 (la nuit du VRP)
Profit = rien mais bon.
A mon avis, le PIB a déjà bougé, soit bien avant la passage de la dame. Le PIB ne déduit-il pas les consommations?
Après sa venue, le bilan de l’hôtel est:
(D) Client 0 (dette du représentant de commerce payée)
(C) Fournisseur 0 (dette auprès du pâtissier payée)
Compte banque 512 à zéro
Compte d’exploitation
(D) Charges 100 (rien n’a bougé)
(C) Chiffre d’affaire 100 (rien n’a bougé si en fait +100 lors de la réservation et – 100 pour l’annulation)
Voilà les dettes ont été effacées. Madame = clearstream.
Lorsque tout le monde consomme pour 100 et donc produit pour 100, ce petit village ne me semble pas créer beaucoup de richesses. L’économie est un peu plus compliquée que ces petites histoires… Le pâtissier achète ses oeufs en Chine et le VRP son pétrole en Russie…
Bye.
@ Eugène
déjà vous avez répondu à mon interrogation sur la dame: un homme fait l’affaire pour autant qu’il se fasse passer pour un baron, c’est dire… il lui faut de l’extraordinaire à ce petit village, parce que c’est extraordinaire de se débarrasser de ses dettes?
pour le reste je ne suis pas sûr de bien comprendre votre remarque. est-ce parce que j’ai parlé d’appréciation poétique de la monnaie fondante à la Gesell? ou parce que je m’attarde sur les « toxic waste »?
€,$,£ ou fèces? je ne comprends pas… est-ce la même chose? on dit que l’argent n’a pas d’odeur, mais comme fumier c’est peut-être pas terrible…
qu’est-ce que j’ai fait aujourd’hui, j’ai ce sentiment qu’on me prend pour un autre… 🙂
@Lemar
Il suffit de noter a= 45 et b= 40 puis de postuler la dimension qui convient pour redonner un sens à la formule …
C’est pas beau la physique ? 🙂
@ elmans
La fiscalité, c’est (beaucoup) moins rigoureux que la physique !
@maquis29: « La madame sert uniquement d’instance de clearing. Le faux billet ne sert à rien. »
Le clearing n’est pas rien. Et l’histoire sert à comprendre ce que font réellement les banques lorsqu’elles « créent de la monnaie » par le crédit. C’est comme mettre en circulation un faux billet qu’on brûlera lorsqu’il reviendra au point de départ.
Sauf que le banquier contrairement à la dame va se prendre une commission dans l’histoire (les intérêts) et donc, à masse de monnaie fiduciaire inchangée, il y en aura de moins en moins pour les villageois (sauf à introduire de plus en plus de « faux billets »?).
Fiducia de »confiance ». La valeur de la monnaie, et donc celle de ses effets dans le circuit, dépendent totalement de la valeur, purement conventionnelle, qui est attribuée à cette monnaie. Cette attribution est subjective par nature. C’est donc bien une question de psychologie et plus précisément de psychologie sociale, collective. Il n’y a pas de mécanique de la monnaie comme il y aurait une mécanique du moteur à explosion, mais il y a peut-être une mécanique de la psychologie de la monnaie. La monnaie c’est ce qui arrange le plus grand nombre, c’est ce qui rend service au plus grand nombre. A l’image de l’ »économie » qui est du social et non pas une mécanique rationnelle, cohérente et prévisible. En ce sens, faire de l’ »économisme » ou du « monétarisme » c’est un peu comme vouloir imposer un carcan rigide à quelque chose de sans cesse fluctuant, changeant et versatile. Impossible et vain. La monnaie c’est une forme de fétichisme de la valeur.
il faut realiser une cartographie de la monnaie, c est interessant et amusant
monsieur jorion devait vraiment s’ emmerdé 🙂 devant les trucs simplistes de financiers … ho la belle bleu …:)
quel logiciel de visualisation cartographique de donnees asse souple pour aider a ceci .
la modelisation par la cartographie c est vraiment amusant et puis les enfants jouent bien avec
thebrain est sympa si on le parametre bien, mais il y manque la possibilite de creer des interliens entre espaces et la possibilite de creer des liens entre liens, cela reste jolie tout de meme .
il doit bien y avoir le bon outil
la monnaie n’est elle pas elle-même une reconnaissance de dette ?
il me semble que « les billets et pièces » le sont (dette de la BC envers le porteur des billets et pièces).
Je ne comprends pas vos critiques à l’encontre de la comptabilité en partie double.
Des exemples concrets pourraient sans doute aider.
Et, j’essaie de comprendre votre principe de conservation des quantités.
A ce sujet, je souhaiterais vous soumettre cette brève et caricaturale analyse juridique.
La monnaie scripturale = monnaie immatérielle inscrite au crédit des comptes à vue dans les banques (ou des comptes du Trésor public).
Ces inscriptions font partie de leur comptabilité.
La comptabilité = une copie, la plus fidèle possible, des actes et faits juridiques.
Si les actes et les faits juridiques à l’origine de ces inscriptions comptables = principal => la monnaie scripturale = l’accessoire de ces liens juridiques.
Lorsqu’une banque accorde un crédit à un client, dans les livres comptables de la banque, lors de la mise à disposition des fonds, le client est :
– d’un côté débiteur : il doit la somme à la banque, et il a un compte débiteur à la banque;
– de l’autre créditeur : il a une somme à sa disposition et son compte à vue est créditeur (= monnaie scripturale).
Donc, lors de l’exécution du contrat par les parties :
1) mise à disposition de la somme créditée par la banque au client : la monnaie est créée;
2) remboursement par le client à la banque : la monnaie est annulée.
En cas de défaut d’exécution du contrat par le client devenu insolvable, la créance de la banque contre ce client n’a plus de valeur et, dans les livres comptables de la banque, elle va être portée en perte. D’un autre côté, la dette de la banque subsiste, mais elle peut également ne plus avoir de valeur si la banque n’a comme avoir que la créance contre le client : la banque n’a plus d’avoir pour payer cette dette.
Tant que les quantités sont conservées, le système fonctionne, mais, dès que la créance de la banque perd sa quantité de valeur, la dette de la banque (= monnaie scripturale) perd également sa quantité de valeur.
Bien qu’il ne soit pas toujours observé, le principe de conservation des quantités doit être respecté pour le maintien en vie de ce système monétaire.
Au vu de divers billets sur la monnaie sur votre blog et de l’analyse caricaturale qui précède, je retiens :
1) La monnaie scripturale est créée par deux personnes, une banque et son client, à partir d’un lien d’obligations entre elles. Elle est l’ »accessoire » de ce lien.
2) Certes, elle n’est pas créée à partir de la matière (or ou autre), qui relève du droit de propriété, mais elle n’est pas créée à partir de rien. Le lien à l’origine de la monnaie relève du droit des obligations. Une obligation s’éteint par son paiement et perd sa valeur par son défaut de paiement (insolvabilité du débiteur).
3) Il y a deux obligations :
3.1) L’obligation de payer du client;
3.2) L’obligation de payer du banquier (= monnaie).
La valeur de la seconde (= monnaie) dépend de la valeur de la première et des autres avoirs de la banque.
S’agit-il d’une application du principe de conservation des quantités ?
4) Par contre la monnaie fiduciaire, non convertible en or, relève du droit de propriété. Le droit de propriété disparait par la perte du billet. Sa valeur dépend de la valeur des avoirs de la banque centrale autonome qui crée la monnaie fiduciaire.
5) La monnaie fiduciaire déposée à la banque devient monnaie scripturale. De propriétaire de ses billets, le client devient créancier de la banque.
6) Dans les livres comptable de la banque, lorsque la monnaie scripturale circule, les sommes créditrices changent de comptes, tandis que les sommes débitrices restent au compte des clients débiteurs.
Selon le moyen de transfert utilisé, il y solidarité ou non entre les clients créditeurs (par exemple : lors du transfert d’un chèque par endossement, le bénéficiaire du chèque qui l’endosse (endosseur) est garant du paiement du chèque).
7) Dans le cas d’une cession de créance par une banque (titrisation), les clients débiteurs restent identiques, mais ils ne sont plus obligés envers la même personne : ils sortent des livres comptables de la banque pour entrer dans ceux du cessionnaire (acheteur). Sauf convention contraire, la banque qui cède ne garantit pas la solvabilité de ses clients débiteurs.
Les créances de la banque contre ces clients sont remplacées par de la monnaie.
Par contre, les clients créditeurs restent créanciers de la banque (cédant) : les comptes créditeurs (= monnaie scripturale) restent dans les livres comptables de cette banque.
8) La masse monétaire scripturale augmente par les nouveaux crédits convenus et elle diminue par leurs remboursements. Si les montants des nouveaux crédits augmentent plus vite que les montants des remboursements, la masse monétaire scripturale augmente.
Variante … sans dettes
Nous sommes à Condé-sur-Gartempe. Son hôtel de la Gare est réputé pour ses chambres feutrées et sa discrétion…! Un vendredi après-midi débarque une jeune femme, d’apparence convenable, bien qu’un peu trop fardée. Elle réserve une chambre pour la nuit et, comme elle n’a pas de bagage, elle laisse en acompte un billet de 100 euros, tout neuf. Puis elle s’en va oeuvrer en vieille ville.
Le patron va illico chez le patissier acheter le superbe gateau qui accompagnera le thé qu’il compte offrir à sa nouvelle amante. Le patissier court chez le minotier afin de reconstituer son stock , pour 100 €, lequel minotier va avec, faire son plein chez le garagiste dont la femme couche avec le patron de l’hotel de la gare , garagiste qui en passant devant chez le boucher en profite pour faire son plein de viandes , dont un magnifique gigot pouvant servir d’arme à la Hitchcock , une fois congelé . Et le boucher , ayant repéré une petite dame du trottoir, se présente discrètement avec icelle à l’hotel de la gare où il prend une chambre avec douche … 100 €
C’est alors que notre Dame revient de promenade. Elle annonce, que , n’ayant fait aucune recontre , elle annule sa réservation. Ce qui arrange bien l’hôtelier qui, entre temps, a eu une demande d’un de ses vieux clients. L’hôtelier lui rend donc son billet qu’elle brûle aussitôt. « Il était faux », dit-elle en souriant.
Crapaud Rouge, vous devrez ré-analyser, tous les commentaires et les reconstituer en partant de cette nouvelle fable où MALHEUREUSEMENT il n’y a aucun concept de dette (ou presque …)
PS/ Malheureusement une erreur de manipulation ayant amené le patron à rendre un autre billet que le sien à la Dame, celle ci en brule donc un vrai.
Question subsidiaire : analyser les effets sur la masse monétaire suivant qu’un jour quelqu’un repère le faux billet … ou pas .
Pas une seule fois le mot inflation dans l’espace temps de cette interessante lecture.
Du temps, du temps fondant dans la monnaie fondante. Autres temps, autres moeurs? L’harmonie passe par la conscience des temps. Temps des jeunes, temps des vieux, temps des labours, temps des vendanges, temps des amours, temps des vidanges… La fracture sociale est avant tout une fracture spacio-temporelle, … et la monnaie l’arme sensée la réduire.
Hyper-inflation, problème, ou solution?
Un petit papier d’une autre ronde pour dire que cette petite histoire de la Dame de Condé fait supposer qu’elle s’y connaît donc aussi en chiffons
« Les chiffons font le papier
Le papier fait la monnaie
La monnaie fait les banques
Les banques font les emprunts
Les emprunts font les mendiants
Les mendiants font les chiffons
Les chiffons font le papier »
D’un anonyme anglais du XVIII°
Triste est la chute de la dette , elle lui fait perdre beaucoup de son intérêt ( la pièce montée , les illusions etc…)
@ Gérard P.
Je vous cite, je commente en caractères gras.
Je ne comprends pas vos critiques à l’encontre de la comptabilité en partie double.
Des exemples concrets pourraient sans doute aider.
Et, j’essaie de comprendre votre principe de conservation des quantités.
Votre temps est compté, mais, à ce sujet, je souhaiterais vous soumettre cette brève et caricaturale analyse juridique.
La monnaie scripturale = monnaie immatérielle inscrite au crédit des comptes à vue dans les banques (ou des comptes du Trésor public).
Ces inscriptions font partie de leur comptabilité.
L’expression « font partie » est ambiguë : la monnaie immatérielle est inscrite au crédit des comptes à vue de DEUX manières : dans la langue comptable à l’intention des régulateurs et des investisseurs et dans la langue économique à usage interne et vis-à-vis des déposants. La langue économique est soumise au « principe de conservation des quantités ». Comment pourrait-il en être autrement ? si ce n’était pas le cas, le compte des clients des banques contiendrait des sommes arbitraires.
La comptabilité = une copie, la plus fidèle possible, des actes et faits juridiques.
Etes-vous sûr que la comptabilité vise à être la plus fidèle possible aux actes et faits juridiques ? Je dirais qu’elle vise à faire ressortir le plus clairement possible l’émergence de pertes et de profits.
Si les actes et les faits juridiques à l’origine de ces inscriptions comptables = principal => la monnaie scripturale = l’accessoire de ces liens juridiques.
Lorsqu’une banque accorde un crédit à un client, dans les livres comptables de la banque, lors de la mise à disposition des fonds, le client est :
– d’un côté débiteur : il doit la somme à la banque, et il a un compte débiteur à la banque;
– de l’autre créditeur : il a une somme à sa disposition et son compte à vue est créditeur (= monnaie scripturale).
C’est effectivement la traduction en langue comptable du fait que la banque a versé la somme au client X. C’est l’inscription de la transaction au bilan de la banque. Cette inscription n’a cependant pas CREE (activement) la transaction, c’est son simple ENREGISTREMENT (passif).
Donc, lors de l’exécution du contrat par les parties :
1) mise à disposition de la somme créditée par la banque au client : la monnaie est créée;
2) remboursement par le client à la banque : la monnaie est annulée.
C’est effectivement la traduction en langue comptable du fait que 1) le principal (l’argent du prêt) est TRANSFERE au client ; 2) le client rembourse le principal : transfère cette fois l’argent dans la direction opposée.
La langue comptable semble suggérer deux opérations : création de monnaie ex nihilo ; destruction de monnaie réelle (elle a permis de faire des tas de choses…). Cette « traduction en langue comptable » travestit la réalité économique : de véritables transferts de monnaie. Comme je l’ai déjà fait remarquer, la langue comptable est incapable en particulier d’expliquer ce qui se passe au remboursement : la disparition de la somme remboursée est encore plus mystérieuse que son apparition ex nihilo.
Voyez mon commentaire :
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Et celui-ci :
En cas de défaut d’exécution du contrat par le client devenu insolvable, la créance de la banque contre ce client n’a plus de valeur et, dans les livres comptables de la banque, elle va être portée en perte. D’un autre côté, la dette de la banque subsiste, mais elle peut également ne plus avoir de valeur si la banque n’a comme avoir que la créance contre le client : la banque n’a plus d’avoir pour payer cette dette.
Tant que les quantités sont conservées, le système fonctionne, mais, dès que la créance de la banque perd sa quantité de valeur, la dette de la banque (= monnaie scripturale) perd également sa quantité de valeur.
Les quantités sont toujours conservées : l’argent que l’emprunteur n’a pas remboursé, il l’a conservé pour lui ou donné à quelqu’un d’autre. Comme le dit l’expression consacrée : « Il n’est pas perdu pour tout le monde ! »
Bien qu’il ne soit pas toujours observé, le principe de conservation des quantités doit être respecté pour le maintien en vie de ce système monétaire.
Au vu de divers billets sur la monnaie sur votre blog et de l’analyse caricaturale qui précède, je retiens :
1) La monnaie scripturale est créée par deux personnes, une banque et son client, à partir d’un lien d’obligations entre elles. Elle est l’ »accessoire » de ce lien.
2) Certes, elle n’est pas créée à partir de la matière (or ou autre), qui relève du droit de propriété, mais elle n’est pas créée à partir de rien. Le lien à l’origine de la monnaie relève du droit des obligations. Une obligation s’éteint par son paiement et perd sa valeur par son défaut de paiement (insolvabilité du débiteur).
3) Il y a deux obligations :
3.1) L’obligation de payer du client;
3.2) L’obligation de payer du banquier (= monnaie).
« Payer » a manifestement deux sens différents ici. L’obligation de payer du client, est-ce l’obligation de rembourser ? L’obligation de payer du banquier, est-ce l’obligation d’accorder un crédit ? Mais il n’y a jamais obligation d’accorder un crédit. Je ne comprends pas.
La valeur de la seconde (= monnaie) dépend de la valeur de la première et des autres avoirs de la banque.
S’agit-il d’une application du principe de conservation des quantités ?
4) Par contre la monnaie fiduciaire, non convertible en or, relève du droit de propriété. Le droit de propriété disparait par la perte du billet. Sa valeur dépend de la valeur des avoirs de la banque centrale autonome qui crée la monnaie fiduciaire.
Pourquoi sa valeur dépend-elle des avoirs de la banque centrale ? Il n’y a pas de rapport. La valeur du billet dépend seulement de son calibrage : le nombre d’unités monétaires inscrit dessus. Si la confiance dans la monnaie disparaît le troc réapparaît.
5) La monnaie fiduciaire déposée à la banque devient monnaie scripturale. De propriétaire de ses billets, le client devient créancier de la banque.
Oui mais il n’y a pas de rapport entre les deux. Le changement de support est une question de convenances. La perte de propriété par le déposant est une provision d’ordre juridique.
6) Dans les livres comptables de la banque, lorsque la monnaie scripturale circule, les sommes créditrices changent de comptes, tandis que les sommes débitrices restent au compte des clients débiteurs.
Selon le moyen de transfert utilisé, il y solidarité ou non entre les clients créditeurs (par exemple : lors du transfert d’un chèque par endossement, le bénéficiaire du chèque qui l’endosse (endosseur) est garant du paiement du chèque).
7) Dans le cas d’une cession de créance par une banque (titrisation), les clients débiteurs restent identiques, mais ils ne sont plus obligés envers la même personne : ils sortent des livres comptables de la banque pour entrer dans ceux du cessionnaire (acheteur). Sauf convention contraire, la banque qui cède ne garantit pas la solvabilité de ses clients débiteurs.
Les créances de la banque contre ces clients sont remplacées par de la monnaie.
Par contre, les clients créditeurs restent créanciers de la banque (cédant) : les comptes créditeurs (= monnaie scripturale) restent dans les livres comptables de cette banque.
Il n’y a pas de lien privilégié entre enregistrement comptable et monnaie scripturale : la comptabilité s’applique de la même manière à la monnaie fiduciaire. Le fait que l’un et l’autre soient écrits est fortuit.
8) La masse monétaire scripturale augmente par les nouveaux crédits convenus et elle diminue par leurs remboursements. Si les montants des nouveaux crédits augmentent plus vite que les montants des remboursements, la masse monétaire scripturale augmente.
Très jolie histoire …
En fait la dame de Condé se prénommait certainement Trésorerie!
Dans ce cas l’avance de Trésorerie de Condé a permis à chaque intervenant de payer ses dettes.
Cette création / Destruction de monnaie due à la Dame de Condé à permis d’assainir le système économique de ce village .
Mais le village aurait pu arriver au même résultat en se rassemblant dans la salle des fêtes et en discutant suffisamment pour s’apercevoir que l’annulation de la dette ne lésait personne.
Tout ceci m’amène à plusieurs observations :
Un village organisé , structuré et communiquant (une société de fourmis) peut se passer de monnaie.
La monnaie pour être efficace ne doit pas pouvoir être détournée de son utilisation (Si le billet de 100 euros est remplacé par une bouteille de vin de 100 euros , il y a beaucoup de chance que la monnaie soit bue avant de revenir à la dame de Condé.
La Dame de Condé a joué le rôle d’une banque centrale . La monnaie créée , a permis à l’économie du village de continuer à tourner.
C’est La circulation de cette monnaie qui a permis l’échange des heures de travail entre les artisans et finalement la création de richesses.
Une fois le cycle de création de richesse terminé la monnaie a pu être détruite , les richesses créées sont restées.
La richesse est donc une réalité , alors que la monnaie n’est qu’un moyen rapide d’échanger des richesses ou des heures de travail.
(Les richesses sont toujours finalement des heures de travail condensées ).
@ Paul Jorion
Réponse partielle :
La comptabilité est d’abord une copie des actes et faits juridiques avant d’être un outil de gestion.
Elle fait d’ailleurs preuve contre celui qui la tient.
Les juristes classe le prêt dans les « contrats réels » : Le prêt se réalise par la remise de la chose prêtée.
A l’occasion d’un prêt, lors de la remise des billets, la banque doit déjà les posséder.
En comptabilité, il n’y a donc que des opérations de transfert au sein de l’actif de la banque :
Client débiteur (débit)
@ Caisse (crédit)
C’est pourquoi dans un précédent billet j’invitais à ne considérer qu’une situation où il n’y a que de la monnaie scripturale.
Dans cette hypothèque avec une banque et deux clients X et Y.
X s’est approprié un bien et Y achète ce bien à X pour le prix de 100. Pour payer X, Y obtient un crédit de 100 de la banque et paie X.
Dans les livres comptables de la banque :
1) Octroi du crédit
Client débiteur Y (débit) 100 [Actif de la Banque]
@ Client créditeur Y (crédit) 100 [Passif de la Banque]
2) Paiement par Y de X
Client créditeur Y (débit) 100 [Passif de la Banque]
@ Client créditeur X (crédit 100 [Passif de la Banque]
3) Défaut de paiement de Y
Perte (débit) 100 [Actif de la Banque]
@ Client débiteur Y (crédit) 100 [Actif de la Banque]
La banque n’a plus d’actif et ne peut plus payer X (Client créditeur) [Passif de la banque].
Le système s’arrête car « l’argent n’a plus de valeur » et ne peut plus servir : la banque doit se déclarer en faillite.
Aujourd’hui, l’actif de certaines banques n’est-il pas « faussement enjoliver » pour conserver à la monnaie scripturale sa valeur ?
Dans une ouverture de crédit, la première personne qui s’oblige est la banque : elle s’engage à mettre une somme à disposition du client.
Le client s’oblige ensuite à rembourser la somme mise à sa disposition par la banque.
àtous:
échange passionnnant! Il me semble que Paul recentre très efficacement le débat!
Il reste que la monnaie n’est monnaie que quand elle circule!
Dit plus radicalement, elle l’est l’instant seulement où elle change de mais!
Pour devenir inactive jusqu’à l’échange suivant!
Pour créer une monnaie pleinement efficace, il faut séparer la fonction échangeante de la fonction réserve de valeur et ne conserver que la dimnsion échangeante, l’autre n’ayant pas lieu d’être attachée à lamonnaie mais seulement aux biens et services!
jf
@ tous, bravo! Cette fois le béotien de service peut comprendre ce qu’il ne comprend pas !
1/ La richesse créée (le PIB…) est de 6 x 100, pour un seul billet de 100 : on sent déjà là un problème.
2/ L’endettement du village est-il de 6 x 100 aussi ? Auquel cas sa richesse est nulle comme le fait remarquer marquis29 !
Peut-être qu’il faudrait calculer un endettement moyen 600 / 6 = 100, dont le billet de 100 circulant va effacer les diverses dettes. C’est sûr qu’on ne peut manipuler cela sans précautions de « dimensions » (scalaires / vectorielles).
3/ La monnaie circulante de 100 permet 600 de richesse, l’argent c’est quoi ici ? 600 (somme des valeurs des dettes ou de la richesse) ou zéro (différence dettes-richesse) ?
4/ La conception de la comptabilité comme enregistrement des transactions de droits entre les parties prenantes me paraît juste : il reste à savoir quels droits, qui les définit, certains étant léonins, d’autres équitables, c’est le rapport de force entre les parties qui est déterminant en dernier ressort (le tribunal de commerce étant là pour limiter les excès).
5/ On pourrait imaginer que le village, au lieu de se réunir en chambre de compensation, après consommation de la production, se réunisse avant la production pour organiser la chaîne de création des richesses : un business angel donnant 100 et le village accroît sa richesse de 600, qui rembourse alors les 100 au business angel ?
6/ Pour que l’exemple soit véritablement paradigmatique d’une société capitaliste (je connais mal celles qui fonctionnent par le troc ou les échanges marchands directs…), il faudrait introduire l’avance de capital à l’entrepreneur et son utilisation et la vente après la production et l’extraction de la survaleur…
Nous verrions alors certainement une monnaie qui devient marchandise à son tour et une industrie financière (sans guillemets) qui produit de l’argent sans production de richesse réelle.
Toutes choses très jolies qui nous tuent aujourd’hui.
@ Paul
……. »Le PIB du village a augmenté puisque les commerçants, ayant été payés, ont pu inclure leurs ventes dans leur comptabilité… »
J’avoue ne pas comprendre :
Les ventes sont enregistrées au moment de la réalisation de la prestation et non au moment de leur règlement, et c’est donc à ce moment là que le PIB augmente.
Si le paiement intervient avant la fin de l’année cela n’a aucune influence sur le compte de résultat (sauf cas particuliers de type escompte). Si par contre le paiement n’intervient pas avant la fin de l’année, la constatation d’une provision pourra peut-être intervenir, et toucher de fait le compte de résultat.
Si la dame n’était pas passée, chacun aurait envisagé de passer une provision sur la créance qu’il détenait. Cela aurait commencé à se savoir, les résultats annuels de chacun auraient été affectés, la confiance entre commerçants aurait commencé à disparaître, les crédits entre eux auraient été bloqués, …. tiens cela me rappelle quelque chose !!!!
C’est curieux on en arriverait à se dire que la dame a sauvé le village avec une sorte de quantitative easing …. en n’oubliant pas qu’une fois la confiance revenue, la monnaie injectée a été sortie du circuit.
@ johannes finckh
La fonction de réserve et celle d’échange ne sont antinomique que dans un système ou la monnaie est dans un système à création monétaire incontrôlable (Soit que la monnaie soit gagée sur une marchandise précieuse -or-, soit qu’on soit dans un système à ‘coquillage’)
Dans un système « libéré » où l’introduction du ‘jeton-monnaie se fait à volonté par le système du crédit libre, ce n’est plus un problème fondamental.
Et ceci même en admettant le principe sacro-‘sain’ de la conservation des quantités : le crédit « libre » étant un système où l’on crée d’abord de la monnaie sans s’occuper -d’abord- de savoir si l’on a la somme en caisse (on se débrouille ensuite … )
Je ne comprends pas votre obsession sur la fonction de « réserve » qui n’est un vrai problème qu’en temps de crise où effectivement la monnaie devient une « marchandise réserve de valeur »
@ iGor milhit,
Sur ton blog et sur l’affiche « let’s make money », dis moi un peu ce qu’on pousse du balai dans les caniveaux?
@Gérard P. :
« La masse monétaire scripturale augmente par les nouveaux crédits convenus et elle diminue par leurs remboursements. Si les montants des nouveaux crédits augmentent plus vite que les montants des remboursements, la masse monétaire scripturale augmente. »
C’est un peu plus compliqué que cela.
Les banques émettant des crédits demandent plus de monnaie qu’elles en créent (du fait des intérêts). Dès lors, la sphère économique réelle a quelques possibilités :
– repasser au guichet du crédit afin de réemprunter (aux moins les intérêts dus) avant de pouvoir rembourser. Le marché du crédit se réalimente automatiquement, et est donc inflationniste.
– pratiquer la faillite, la monnaie temporaire bancaire devenant dès lors permanente (puisque la monnaie n’est pas détruite en cas de non-solvabilité d’une dette), rééquilibrant ainsi un peu le ratio dettes/masse monétaire.
La monnaie d’endettement issue du crédit représente 85% de la monnaie scripturale émises par les banques secondaires en zone euro, le reste provient de la nécessité de monétiser en euros sur le marché des changes et également de la monétisation de titres d’états.
On le voit, comme le décrit le site http://www.chomageetmonnaie.org, la monnaie d’endettement est facteur de cycles et de crises, du fait de l’insolvabilité systémique provoquée par notre système monétaire. On le constate, le rare facteur permettant de réduire l’exponentialité de l’endettement est la faillite, des taux d’intérêts peu élevés ne faisant que retarder l’échéance.
Il aurait été souhaitable que les décideurs de notre système monétaire soient plus attentifs à cette notion de ratio dettes/masse monétaire (dettes que l’on trouve dans les contreparties de la BCE, soit 15000 milliards pour 9000 milliards de M3), et fassent en sorte que celui ci reste constant, au lieu de se corriger par la mise en cessation de paiements de nos entreprises et ménages les plus fragiles.
@ Eugène
ok. de l’argent sale? 🙂
mais on met plein de choses différentes dans les caniveaux… jusqu’à une certaine presse, ou certains médias. ça ne veut pas dire que toutes ces choses sont équivalentes, elles se ressemblent par leur destination.
au fond, hum, tout dépend de ce qu’on en fait, comme d’hab. en me référant à la pensée qui vous tient tant à cœur, je pense que vous serez d’accord que l’on peut en trouver des utilisations plus légitimes que d’autres…
@ Igor,
Tu me rappelles un excellent passage des Guignols de l’info :
Dans un premier clip on voit Bernard Tapie, ministre, qui fait une conférence de Presse, très relayée.
Dans le second on voit le même Tapie, ruiné, se couvrir d’une gazette avant de s’endormir sous un pont.
La moralité était la suivante : Bernard Tapie se sert TOUJOURS de la presse.
« Je recommande à Paul d’aller voir du côté du livre d’Alain Testart, Critique du don : études sur la circulation non marchande. »
J’ai lu l’introduction qui est en ligne.
J’aime beaucoup l’approche.
Mais il y a quelque chose de fondamental que j’ai retenu : il semble (c’est l’objet de la « critique » a proprement parler) que les ethnologues se sont complètement trompés en étudiant les sociétés « primitives ». Elles auraient/pourraient avoir un système économique aussi complexe que le notre ou même plus par bien des aspects.
J’aimerai en savoir plus sur ce sujet. Est-ce que quelqu’un connait et peu nous faire un rapide résumé des autres systèmes économiques mis en place ailleurs ?
Il y a peut-être des pistes pour un réforme pertinente de la notre… des idées à piocher, des choses qu’on n’a pas vu…