Dans L’opacité financière aux commandes, je reviens, à l’intention des lecteurs du quotidien, sur le thème que j’avais évoqué ici dans L’omerta, mettant en garde contre ce que les Anglo-Saxons appellent « double-dip » : une récession suivie de rechute. Je vais plus loin en annonçant que le maquillage et les atermoiements dans la recherche de solutions condamnent le système alors qu’une prise de conscience réaliste de la gravité de la situation aurait sans doute permis de le sauver (passage de la posture C à la posture D dans la typologie de Jean Maxence Granier).
En 2007, durant les premiers mois de la crise, le message du secteur bancaire était le suivant : « La solution ne viendra pas de davantage de régulation, mais de davantage de transparence ! » Le principe sous-jacent était d’améliorer le contrôle que le fonctionnement spontané du marché permet, du moment que l’information nécessaire restait accessible.
Que constatons-nous en 2009 ? La régulation n’a pas fait sa réapparition, pour une raison excellente : elle n’avait point disparu, mais avait été délibérément mise en veilleuse. Pour ce qui est de la transparence, le peu qui existait il y a deux ans… a depuis disparu corps et biens. Comment expliquer ce paradoxe ?
Les autorités n’ont pas été passives : elles ont combattu activement… toute tentative d’établir une plus grande transparence. On se souvient du refus opposé par la Réserve fédérale américaine quand on lui a demandé de révéler l’identité des bénéficiaires de sa manne. La raison invoquée était qu’une telle information minerait la confiance en ceux-ci. On se souvient aussi de l’enthousiasme des banques centrales en faveur des mesures suspendant la cotation au « prix du marché » des produits financiers, pour retourner au « prix théorique » – le « prix mythique », selon l’expression de Warren Buffett -, dorénavant promu comme évaluation « plus raisonnable » en période de crise.
En principe, la transparence assure la confiance : si l’on connaît la situation financière de ses contreparties, on apprécie le risque qu’implique le fait de traiter avec elles. A moins, bien sûr, que l’information disponible ne révèle leur insolvabilité. Ce dernier point explique l’acharnement des autorités contre toute tentative de transparence, qui aurait révélé l’insolvabilité généralisée des établissements. Il fallait donc la combattre.
L’opacité désormais aux commandes, la confiance a disparu. Comment espérer, dans ces conditions, une reprise des affaires ? Il existe heureusement une alternative à la confiance, et son nom est « solidarité ».
Quand les conditions normales prévalent sur les marchés, des mesures de maintien de la concurrence suffisent à assurer le bon ordre. Mais en cas d’insolvabilité généralisée, une autre logique prend le dessus pour une tâche plus essentielle et plus urgente : le maintien en vie, non pas des entreprisesindividuelles, mais du système dans son entier. Les autorités demandent alors à chaque entreprise de « faire semblant » que toutes les autres sont solvables, et cela jusqu’à nouvel ordre. La solidarité a un autre avantage sur la transparence : elle rend moins pressant le retour de la régulation.
L’économie peut-elle fonctionner sur cette base ? Probablement, tant que le péril de la situation présente est visible aux yeux de tous. Mais dès que les affaires feront mine de reprendre, les tendances naturelles du système de marché reprendront le dessus, et la solidarité s’évanouira.
Toutefois, dans un contexte où le maquillage des résultats financiers aura été toléré, la confiance ne pourra pas se rétablir. Il ne restera qu’un environnement – on ne parlera même plus d’un « système » – au sein duquel la régulation n’aura pas été rétablie et dont la transparence aura disparu, prohibant tout retour de la confiance. Il apparaîtra alors en pleine lumière que tous ces atermoiements, loin d’avoir offert une occasion au système ancien de se refaire une santé, l’auront en réalité définitivement condamné.
Paul Jorion, économiste et anthropologue
58 réponses à “Le Monde Economie, lundi-mardi 11 – 12 mai”
Etrange période de stress tests… le but de ces tests n’est il pas de mettre en lumière les failles du système bancaire pour les solutionner au mieux ? au lieu de cela c’est à un poker menteur entre deux mauvais joueurs que l’on assiste. L’Européen qui cache son jeux et l’américain qui bluffe à qui mieux mieux… Mais où est donc passé l’esprit critique de la presse financière ? Où se cache donc cette banque qui osera prévenir ses clients de la réplique qui s’annonce ?
Court terme quand tu nous tiens…
Le système a souvent montré sa souplesse, retour vers le futur?
Mais après quels nouveaux évènements?
http://www.bos.frb.org/economic/wp/wp1991/wp91_6.pdf
Bonjour Paul ,bonjour a tous ,je ne peux m’empecher de vous faire ce lien encore une fois avec Daily bourse
http://www.daily-bourse.fr/analyse-CAC-40-et-US-C-est-beau-la-vie-en-rose-vtptc-7632.php
Amities
Monsieur Telquel,
Votre lien est fort intéressant. Merci
Je me pose des questions sur la pertinence de cette typologie. Badiou et Michéa, qui se retrouvent dans la catégorie D, sont philosophes. L’un est d’obédience marxiste, l’autre est ce qu’on appelle un décroissansiste (en tout cas, il critique l’idéologie de la croissance à tout prix). Ce ne sont pas des spécialistes en économie. Ils déconstruisent, chacun à sa façon, mais ne proposent rien, faute d’expertise. Paul se retrouve dans la catégorie C avec Krugman mais Krugman ne va pas aussi loin que Paul. Il ne va pas jusqu’à proscrire la spéculation mais propose une régulation de la spéculation, notamment celle qui a trait aux derivatives. Il propose également de nationaliser provisoirement les banques en difficulté comme ce fut le cas avec les Savings & Loans. Bref, toute cette typologie est à revoir…
Une bonne idée de billet pour Paul ou François : de quelle manière s’effondrera le système ?
Sera-ce un phénomène de trappe à liquidité qui consistera, si j’ai bien compris, en une paralysie des effets d’injection de monnaie en raison de la mauvaise santé des établissements financiers ? C’est un peu le cas actuellement car la baisse du taux directeur n’agit pas pleinement : les banques reconstituent leurs marges et reconstituent leurs fonds propres. Par conséquent, il en résulte une raréfaction du crédit que la récession en cours amplifie. Cela explique certainement pourquoi la Banque Centrale Européenne a décidé, elle aussi, de recourir à des procédés dits « non conventionnels » par lesquels elle financera directement les acteurs de l’économie.
Mais est-ce que Krugman propose quelque chose de vraiment neuf ?
Je pense au contraire que ce qui fait l’intérêt de cette classification c’est qu’elle ne reflète pas seulement le point de vue des experts « patentés », mais aussi de ceux qui ont une certes plus générale des choses mais pas forcément moins pertinente. Les philosophes ne sont spécialistes de rien mais c’est ce qui leur donne un avantage pour montrer ce qui fait la cohérence ou l’incohérence d’un tout. Or dans la période, l’époque même, que nous traversons, c’est du tout dont il s’agit, et non pas de tel ou tel aspect de l’économie.
Et comme chacun de nous ils ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre. Bref, comme tout citoyen curieux et bien informé ils peuvent être capables de relier des faits et d’en tirer certains conclusions.
Ces dernières années les économistes n’ont pas été les mieux placés pour ne serait-ce que décrire l’état du monde, alors pourquoi devrions-nous leur accorder plus de crédit pour entrevoir son avenir ?
@ Michel,
Changer le système capitaliste est aussi une alternative.
Leur point commun à ceux qui sont inclus dans la catégorie D est leur inscription dans un temps historique long. Cela explique certainement une perspective différente. En apportant un nouveau regard sur la crise actuelle, ils enrichissent les autres approches qui demeurent techniciennes. L’intérêt de Michéa est qu’il montre la construction au cours de l’histoire d’un certain rapport au monde d’où est issu le capitalisme actuel.
Je ne critique pas la pertinence du travail de Michéa ou de Badiou mais seulement la pertinence de la typologie qui fait un peu penser à une série à la Prévert. C’est juste pour rendre à César ce qui revient à César. Pour le reste, je suis d’accord pour dire que la crise a ouvert un débat sur le modèle de société que l’on veut et qu’il serait dommage que tout finisse par revenir à « business as usual », ce qui semble être le cas. Je pense aussi que les experts ont montré les limites de leur compétence à la faveur de cette crise et il n’y a aucune raison pour exclure du débat des gens qui ont une autre vision des choses ou de simples citoyens, qui ont également leur mot à dire.
L’Histoire montre que l’élaboration d’une « vraie » philosophie (pas forcément un système clef en main, mais celle qui ne se résume pas à des querelles de clochers) est la condition sine qua non pour guider, dans un deuxième temps, des expertises dans tel ou tel domaine, y compris économique…
Côté autodidactes ou non-experts, on peut même avoir été modeste étudiant aux Beaux-Arts et avoir pourtant bordélisé à jamais les principes politique, économique, et psychologique du globe…
Est-ce-que l’élaboration du Wiki se passe bien ?
Les 4 ou 5 courageux administrateurs et futurs modérateurs volontaires ont-ils déjà quelques détails à donner sur les grandes divisions du site ?
Les philosophes ne sont pas – normalement – spécialistes de rien.
Ils ont leurs domaines de recherche spécifiques, bien que cette recherche ci se fasse toujours dans l’horizon de la connaissance du « tout ».
Vu que la philosophie politique est abandonnée depuis 30 ans en France (trop « concret », et puis à l’heure du relativisme ou la connaissance du tout est réputée impossible tout autant que l’arbitrage entre conceptions concurrentes du bien, autant abandonner ce champ de recherche), je doute sincèrement qu’une analyse brillante franchisse le seuil de l’université ou le conformisme règne en maître (à quelques rares exceptions prêts).
Badiou n’entend pas grand chose à la philosophie politique (il ne suffit certes pas d’être marxiste). Ce n’est pas son domaine, qui est « l’ontologie ». Le nombre de personnes concernées et compétentes sur les questions normatives, aujourd hui en France (je ne parle pas de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Italie…), se compte sur les doigts des deux mains. Et puis c’est un domaine particulier qui requière des connaissances dans des tas de domaines (économie, religion, anthropologie, sociologie, et philosophie « pratique », et peu de gens font « tout à la fois » à un niveau décent. Si ce n’étaient le volet « religieux » et leur « embrigadement idéologique qui devient vite une question d’identité (et c’est à ce moment là que tout espoir d’une pensée neuve disparaît), ils feraient naturellement d’excellent candidats, la théorie marxistes ayant au moins l’avantage d’intégrer (certes de manière partiale), toutes les dimensions mentionnées plus haut. Il faut en plus que ces « chercheurs » aient un côté créatif :autoriser et interdire, ou créer tel ou tel organisme de contrôle c’est une chose. Mais la création institutionnelle, comme dirait Castoriadis, ce n’est pas ça. Inventer la « coopérative ». Inventer un nouveau modèle de circulation de la monnaie, des crédits… Inventer des institutions qui dans leur structure même impliquent/expriment une conception politique (dans la façon dont elles structures « dans leur dos » les rapports entre les différents agents) c’est un truc de ouf, et ça correspond au métier de philosophe/ingénieur politique.
Nous tous faisons plus de philosophie politique sur ce blog que Badiou et consorts réunis (encore que si je me souviens bien c’est Badiou qui a écrit un texte extraordinaire et courageux sur le port du voile en montrant en quoi il constitue une agression caractérisée contre le néolibéralisme, pour qui tout « devrait être à l’étalage », et en quoi il ne peut que susciter des crispations violentes). Reste qu’il n’y a aucune proposition institutionnelle derrière ça (on en reste à du Foucault et à « les discours qu’une société porte sur elle-même sont tous faux, en premier lieu ceux des sociologues »).
De toute façon, quand bien même il y aurait des gens créatifs dans la recherche en philosophie politique (ceux qui ne se contentent pas de prendre la pose critique), ils préfèrent aller bosser dans le privé, ou ils ont au lmoins la possibilité de s’exprimer. Dans un « parti » ils ne peuvent que servir de caution à l’incompétent X ou Y qui veut des responsabilités sans avoir les compétences de bases nécessaires (ou plutôt il les a, puisqu’il s’agit juste de reseautage, de consolidation d’alliances, de trahisons, et de se faire élire sur la base d’une com appropriée). De ce point de vue, les ingénieurs financiers et leurs montages sont de vrais créatifs, au sens politique du terme.
Je me suis toujours demandé ce que ca pouvait bien vouloir dire que d’être, par exemple, « secrétaire général des jeunes socialistes » ou « secrétaire général des jeunes UMP » ou autre. Ca rime à quoi quand on n’a rien « fait » (et je ne parle pas de théorie) qui touche aux intérêts supérieurs de la nation (et donc qu’on ne comprend pas les rapports de force internationaux entre puissances), quand on n’a pas étudié les questions théoriques le temps requis (10 ans c’est un minimum), quand on n’a – le plus souvent- jamais galéré???? De quoi prétend t-on ne serait-ce que « pouvoir parler », une fois sorti de quelques généralités? Sur quoi prétend-on se baser?
Ironie du sort, après les arabes au Moyen Age et les français au XVIIIe c’est aux américains qu’on doit le revival de la philosophie politique. Il faut croire qu’effectivement l’oiseau de Minerve prend réellement son envol à la tombée de la nuit. Ceci dit je reste optimiste: les français ont la philosophie politique dans le sang. J’espère simplement que la féminisation des valeurs ne les a pas encore rendus tout à fait lâches. Ceux qui ont vu Fight Club comprendront.
@ Antoine
« la théorie marxistes ayant au moins l’avantage d’intégrer (certes de manière partiale), toutes les dimensions mentionnées plus haut »
Si je comprends bien c’est le partial dans le global !
Pourrait-on avoir quelques précisions sur la partialité de Marx ?
Cela intéresserait certainement quelques lecteurs de ce blog.
Entendu ce matin aux infos, les résultats des stress tests ne reflètent en rien la réalité des besoins en recapitalisation des banques. Puisque les chiffres fournis sont en fait le résulat… de tractations entre les banques et les autorités monétaires US !
Hallucinants petits arrangements entre amis révélés par le FT.
Ainsi par exemple pour Citigroup, les vrais chiffres sont 35 milliards de besoin de recapitalisation à elle seule (Pour mémoire, le montant total officiel est de 37 milliards) et non 5 milliards comme annoncé.
Comment appelle-t-on pareil scandale ? Corruption ? Mensonge d’état ?
Oups, mon clavier a fourché. Il s’agit du Wall Street Journal et non du FT.
@ Antoine
Je n’ai pas été assez explicite, le » spécialiste de rien » était un raccourci de langage.
Le philosophe peut avoir un domaine d’étude privilégiée, voire la maîtrise d’une discipline autre que celle de la philosophie — ce qui est plutôt même un atout pour mieux comprendre son époque –, mais il fabrique de nouveaux concepts qui ouvrent sur d’autres mondes possibles, à partir des prémisses qu’il se sera choisi. Il part de l’existant mais pour aussitôt s’en écarter, car il le reconfigure et nous offre parfois même une compréhension du monde qui contredit tout ce que les apparences semblent nous dire. Ainsi Aristote explore tous les champs de la connaissance pour mieux exploiter toutes les « bonnes » potentialités du réel, un « réel » qu’il semble creuser de l’intérieur de sa matérialité, et, à l’inverse, Platon base toute sa réflexion sur la prémisse de l’existence d’un monde d’au delà de toutes les apparences, duquel il explore en retour le monde bien visible pour le reconfigurer. Les approches sont très différentes, mais il y a toujours cet écart qui déplace tout le système des idées préconçues, en vue de la sagesse. Et bien entendu ils n’y vont pas de main morte.
Autant dire que le philosophe crée de nouveaux concepts, ce qui implique bien qu’il n’a pas de champ de réflexion pré-déterminé.
C’est en ce sens qu’il n’est spécialiste de rien, a priori, même s’il ne cesse d’interroger les concepts légués par l’histoire de la philosophie et de même le monde dont il est contemporain, dans ses aspects les plus divers.
Par contre je vous rejoins tout à fait si c’est pour dire qu’une philosophie qui ne s’intéresserait pas aux problèmes bien concrets de son temps et se contente seulement de revisiter l’histoire de la philosophie, n’est pas de la bonne philosophie. Il y manquerait sa dimension éthique, sans laquelle la philosophie n’est rien. Ceci dit, le « rôle » du philosophe, n’est pas d’abord de trouver des solutions concrètes, mais d’apporter un éclairage nouveau sur le monde et la meilleur façon pour nous d’y vivre du mieux que nous pouvons. Le philosophe peut aussi donner à penser ce qui n’existe pas encore, mais qui pourrait exister dans un futur plus ou moins lointain.
Certains concepts pris isolément peuvent ainsi sembler parfois n’avoir aucun lien avec les problèmes du moment, mais avec le temps, certains d’entre se révèlent avoir parois une portée considérable. De même certains aspects des philosophies du passé, autrefois inaperçus, peu significatifs, entrent en résonance avec des spécificités de notre monde.
Vous nous parlez souvent d’un « retour » à la philosophie classique, notamment à celle d’Aristote, n’est-ce pas justement la preuve que les philosophies, par delà les siècles, sont toujours d’actualité. Les grands philosophes sont au même titre que les philosophes d’aujourd’hui nos contemporains. Pourtant Aristote ne connaissait rien des problèmes concrets qui nous concernent aujourd’hui.
Je vous accorde qu’en lieu et place de Badiou auraient pu être retenus bien d’autres philosophes pour établir les options retenus par Granier..
Je ne vais pas ici amorcer un débat pour défendre Badiou ou Michéa contre d’autres qui seraient plus méritants. La conception de la politique qu’a Badiou n’est pas la votre, ni la mienne sur un certain nombre d’aspects, et il se peut que celui-ci n’entende rien aux domaines que vous citez, mais il a bel et bien une philosophie politique, bonne ou mauvaise. Elle existe.
La grille d’analyse de Granier avait surtout pour but, il me semble, de donner un échantillon représentatif de la doxa du moment. D’ailleurs Granier n’est pas entré dans les détails, son « travail » a surtout consisté à répertorier les quelques grandes options — je dirais plutôt positionnements — face à la crise, c’est à dire en réalité face à l’évolution du capitalisme.
Mais pourquoi les décideurs se retrouvent-ils tous en A ? Parce qu’ils sont aux commandes, pardi, comme le capitaine du Titanic. On peut lui demander d’éviter l’iceberg, pas de refaire les plans, de changer les moteurs ou le gouvernail. Et ce capitaine, soumis à la pression des passagers de 1ère classe qui avaient lourdement investi dans leur magnifique rafiot, s’efforce de colmater les brèches en espérant éviter le naufrage.
@ tous
vous voyant en questionnement devant tant de conjectures , je me permet de placer mon grain de sel avec ce lien
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2710
Bon, d’accord, si vous insistez…allons-y pour une D. Mais n’oublions pas qu’ils peuvent encore avoir au moins un coup d’avance. En théorie c’est leur rôle. Mais ils se retrouvent face à une prise de conscience croissante. Cette prise de conscience qui tend à se généraliser, tout au moins pouvons-nous l’espérer pour le fun que ça apporterait, est la réponse humaine à ce que beaucoup nomment la crise. C’est donc la solution à la crise, celle qui devrait s’imposer. Qui devrait. Sauf si un choc intervient, un évènement suffisamment effrayant pour nous amener de nouveau à nous satisfaire de la sécurité de notre quotidien. Ce serait leur réponse à la crise. Ou plus exactement leur réponse à leur incapacité à trouver une solution valable à ce qu’ils nomment la crise. Et en réalité, leur réponse à leur incapacité à anticiper et gérer les crispations humaines, le besoin de changer de posture dans ce long (?) voyage qu’est l’humanité, dans une dimension qui nous englobe.
Et donc, la réponse humaine, le changement de posture que demande l’humanité, relève bien évidemment des individus qui la composent. Les freins, nous les connaissons. Mais avons-nous seulement une idée d’une nouvelle posture possible ?
Le débat est ouvert.
Christine Lagarde, ministre française de l’économie vient de donner une interview au Monde, parue ce jour, dont deux phrases donnent, selon moi, la substance principale : « Je crois à une reprise graduelle » et, plus loin, « Pour 2010, je me méfie des prévisions au-delà d’un an compte tenu de ce qu’est la crise… »
Prudence est devenue mère de la sûreté.
@ Crapaud rouge
Je pense qu’on est déjà à la phase 2 du Titanic.
Les « passagers de 1ère classe » et leur équipage se sont préparés, en endettant le contribuable, se sont préparés de somptueuses chaloupes de sauvetages (une sorte de parachute doré collectif).
Les passagers de seconde ne se sont pas complètement rendus compte de la manip, magie de l’endettement de l’état, qui, cas particuliers mis à part, n’est pas passé encore à la case impôt pour se rembourser. Ils semblent croire que le capitaine assisté des passagers de 1ère classe organisent le sauvetage du navire.
Les passagers de troisième, les plus nombreux, sont déjà largement sous l’eau, qui, malchance, est en plus très polluée.
Sauf que le Titanic c’est l’économie mondiale. Si l’économie « titanic » coule, les passagers de 1ère classe n’ont pas de position de repli.
Que feront-ils de leurs dollars et autres euros si leur machine à faire de l’argent s’est cassée ?
@ tous
arrêtez de réduire le sort du Monde à des aspects strictement économètrique
C.Lagarde est un responsable politique et intervient en tant que tel…l’échéance de 2012 approche et elle ménage l’avenir politique de l’équipe actuellement en place.
cela n’a rien à voir avec un diagnostic sur l’économie….
l’article complet
http://marsidees.blogspot.com/2009/03/la-crise-que-cache-la-crise.html
On entend souvent parler de la décennie perdue du Japon : est-cela qui nous attend ? :
http://krugman.blogs.nytimes.com/2009/05/04/a-history-lesson-for-alan-meltzer/
@ Jean Nimes
J’ai eu l’occasion de le faire de nombreuses fois sur ce blog. Je ne peux pas tjs tout recommencer.
Mais ne serait ce que sur la théorie de la formation des prix, l’analyse de la monnaie (cf Gesell), le diamat (partialité métaphysique; réductionnisme scientiste), les critiques d’inspiration durkheimienne (paradoxalement utiles sur le plan normatif) , il y aurait beaucoup à dire… Et puis le marxisme, comme le capitalisme, sont historiquement le pur produit de la philosophie de Hobbes. Et par conséquent celui qui rejette les prémisses du grand penseur anglais ne peut que rejeter ces deux faux-jumeaux.
@ Pierre-Yves
J’avais bien compris que c’était un raccourci. J’ai juste choppé la balle au bond :-).
Notez que si je parle souvent de la philosophie classique (surtout de sa manière de poser les problème plus que des solutions qu’elle met en avant…), je ne connais vraiment bien que la philosophie politique contemporaine (courant libertarien de Spooner et Tucker jusqu’à Nozick…; Rawls, Dworkin, Sen, Walzer). Je saute « par-dessus » les prétendues « Lumières ».
Ce n’est pas que je ne partage pas le point de vue d’ A. Badiou. Heureusement que je n’en suis pas là… nan c’est juste qu’il a 30 ans de retard sur ces questions théoriques fondamentales. Et que sur le plan pratique il n’a pas l’expérience de Paul, de F. Leclerc , de Finkh ou du Clown blanc par exemple, ni d’un diplomate, de quelqu’un chargé des affaires spéciales, d’un spécialiste IE sur des secteurs sensibles (comme la finance, l’énergie, l’aérospatiale), ou d’un « gate keeper ». Or si je m’abuse tous les penseurs politiques importants du passé avaient une vraie pratique de ces questions, en plus de leurs connaissances théoriques.
Si on veut des références sur ces thèmes, il vaut mieux taper dans du Brague, du Guillarme, du Lazzeri, du Van Parijs, et si on veut rester dans le marxisme (analytique), dans du Roemer (US). Aucune des personnes sus-citées ne partage le même « point de vue » (on n’a pas tout le spectre mais pas loin). Pourtant je leur reconnais une compétence, et j’en ai oublié beaucoup-, que je ne reconnais pas à Badiou.
antoine: « Et puis le marxisme, comme le capitalisme, sont historiquement le pur produit de la philosophie de Hobbes. »
Si par « capitalisme » vous voulez dire « libéralisme », je suis d’accord. Sinon je pense qu’on mélange un peu tout car le capitalisme (en tous cas, les capitalistes) existaient déjà bien avant Hobbes, tout comme la féodalité n’a pas attendu qu’on la conceptualise pour exister. Le capitalisme n’est pas une pensée, c’est une certaine organisation de la société où domine les capitalistes. Combattre le capitalisme c’est s’attaquer au pouvoir des capitalistes (et c’est là que la conceptualisation marxiste ou autre peut aider).
@ antoine,
je repose ma question: qu’est-ce qui fonde le droit?
Faute de réponse, nous resterons dans un pur rapport de force avec les tenants de la puissance financières, certes déglinguée, mais qui par inertie et incompréhension du plus grand nombre peuvent continuer longtemps de tirer les ficelles. Merci de répondre à ma question ci-dessus
Devoir de mémoire :
Aujourd’hui, une petite new sans importance sur bourso, titre « Blackstone reste dans le rouge ».
Des souvenirs surgissent, flash back, juin 2007 :
« 22/06/2007
L’introduction en Bourse de Blackstone Group, la plus importante lancée aux Etats-Unis depuis cinq ans, a suscité une forte demande, déclarent des gérants de fonds. »
« Blackstone, l’un des plus importants groupes de capital-investissement au monde, a mis en vente 10% environ de son capital, soit 133,3 millions d’actions qui devraient être vendus à un prix unitaire situé entre 29 et 31 dollars. L’opération devrait lui permettre de lever quatre milliards de dollars (trois milliards d’euros environ) et le valoriserait autour de 40 milliards de dollars.
Le prix d’introduction définitif devait être fixé jeudi 21 juin, après la clôture de Wall Street. Le groupe doit retirer 3,75 milliards supplémentaires de la vente d’une partie de son capital à l’Etat chinois. Les deux co-fondateurs de Blackstone, Stephen Schwarzmann et Peter Peterson, devrait quant à eux se partager un total de 2,33 milliards de dollars.
Les deux hommes ont créé la société en 1985 avec 400.000 dollars, après avoir quitté la banque Lehman Brothers. Leur société devrait afficher dès ses premiers pas en Bourse une capitalisation à peine inférieure à celle de leur ex-employeur. La première cotation de l’action Blackstone à la Bourse de New York est prévue vendredi, sous le symbole « BX ».
(http://www.usinenouvelle.com/article/introduction-de-blackstone-succes-garanti.108222)
Mais derrière la belle histoire de succès à l’américaine, la polémique (rappel nous parlons (article ) de juin 2007) :
(http://www.capital.fr/bourse/actualites/l-introduction-en-bourse-de-blackstone-vire-a-la-polemique-234737)
« L’opération, d’un montant de quatre milliards de dollars, suscite des froncements de sourcils du côté du Congrès où deux sénateurs, l’un démocrate et l’autre républicain, ont présenté jeudi un projet de loi visant à renforcer la fiscalité sur les sociétés de capital-investissement cotées en Bourse. »
….
« Or la structure des fonds de private equity fait qu’ils ne sont pas soumis à l’impôt sur les sociétés,étant simplement taxés sur les plus-values qu’ils réalisent. »
» Mais c’est son traitement fiscal favorable qui a le plus suscité de colère dans la classe politique et parmi les syndicats.
…
« Un petit peu de bon sens suffit pour comprendre qu’il est choquant qu’un financier de haut vol paie moins d’impôts qu’une femme de ménage », renchérit Nicholas Ferguson, président de SVG Capital qui est le principal actionnaire de la firme européenne de capital-investissement Permira . »
…
« Interrogé cette semaine par le Wall Street Journal, le roi de Wall Street n’a pas fait dans la dentelle. « Je veux la guerre, pas des escarmouches », a-t-il expliqué au quotidien au sujet des opérations financières de Blackstone. « Je pense toujours à ce que je dois faire pour que l’autre soit mort. »
Retour à aujourd’hui, mai 2009, après le G20 sur les paradis fiscaux, hedges funds , LBO et autres, où en sommes-nous ?
Des nouvelles de cette loi ? Quelqu’un a vu des changements ?
Suite :
Juin 2007 – Le figaro –
Polémique autour du régime fiscal
La date d’introduction initialement prévue la semaine prochaine, a dû être avancée à la hâte, car la polémique enfle autour du régime fiscal de ces fonds d’investissement. Non contents de profiter de la politique accommodante des banques centrales en matière de taux d’intérêts, qui leur permet d’emprunter à moindre coût pour financer leurs acquisitions, ces fonds d’investissement profitent d’un régime fiscal très avantageux régi par une loi de 1987. Elle autorise les actionnaires d’un partenariat côté en bourse et qui réalise plus de 90% de ses revenus en investissant « passivement », (ce qui signifie que l’on perçoit surtout des intérêts et des dividendes), à n’être taxés qu’à hauteur de 15%. Or les bénéfices des sociétés ordinaires sont généralement imposés à 35 %. Les gérants, pour bénéficier de ce régime fiscal, renoncent à l’essentiel de leur commission de gestion taxée comme un revenu, au profit d’une commission générale de 20% de leur plus value, taxé à 15%.
Mais le Sénat américain entend changer la donne, sous l’impulsion de deux membres de la commission des finances, l’un démocrate, l’autre républicain. Pour le Sénateur, Max Baucus, co-auteur de la proposition de loi : « Si un partenariat coté en bourse gagne son argent en fournissant des services financiers, son modèle d’affaires est actif et devrait être taxé comme le sont les entreprises». Cette loi, si elle est adoptée, même avec une dispense prévue de cinq ans, réduira significativement la marge de manœuvre de Blackstone.
Au Royaume Uni, les membres de la Chambre des Communes ont également planché sur le sujet. Les plus values ne sont taxées qu’à hauteur de 10% alors que les revenus le sont à 40%. La réforme tend à harmoniser l’impôt. »
Ma question reste avec en plus , quid des UK ?