Le Monde Economie, lundi-mardi 11 – 12 mai

Dans L’opacité financière aux commandes, je reviens, à l’intention des lecteurs du quotidien, sur le thème que j’avais évoqué ici dans L’omerta, mettant en garde contre ce que les Anglo-Saxons appellent « double-dip » : une récession suivie de rechute. Je vais plus loin en annonçant que le maquillage et les atermoiements dans la recherche de solutions condamnent le système alors qu’une prise de conscience réaliste de la gravité de la situation aurait sans doute permis de le sauver (passage de la posture C à la posture D dans la typologie de Jean Maxence Granier).

En 2007, durant les premiers mois de la crise, le message du secteur bancaire était le suivant : « La solution ne viendra pas de davantage de régulation, mais de davantage de transparence ! » Le principe sous-jacent était d’améliorer le contrôle que le fonctionnement spontané du marché permet, du moment que l’information nécessaire restait accessible.

Que constatons-nous en 2009 ? La régulation n’a pas fait sa réapparition, pour une raison excellente : elle n’avait point disparu, mais avait été délibérément mise en veilleuse. Pour ce qui est de la transparence, le peu qui existait il y a deux ans… a depuis disparu corps et biens. Comment expliquer ce paradoxe ?

Les autorités n’ont pas été passives : elles ont combattu activement… toute tentative d’établir une plus grande transparence. On se souvient du refus opposé par la Réserve fédérale américaine quand on lui a demandé de révéler l’identité des bénéficiaires de sa manne. La raison invoquée était qu’une telle information minerait la confiance en ceux-ci. On se souvient aussi de l’enthousiasme des banques centrales en faveur des mesures suspendant la cotation au « prix du marché » des produits financiers, pour retourner au « prix théorique » – le « prix mythique », selon l’expression de Warren Buffett -, dorénavant promu comme évaluation « plus raisonnable » en période de crise.

En principe, la transparence assure la confiance : si l’on connaît la situation financière de ses contreparties, on apprécie le risque qu’implique le fait de traiter avec elles. A moins, bien sûr, que l’information disponible ne révèle leur insolvabilité. Ce dernier point explique l’acharnement des autorités contre toute tentative de transparence, qui aurait révélé l’insolvabilité généralisée des établissements. Il fallait donc la combattre.

L’opacité désormais aux commandes, la confiance a disparu. Comment espérer, dans ces conditions, une reprise des affaires ? Il existe heureusement une alternative à la confiance, et son nom est « solidarité ».

Quand les conditions normales prévalent sur les marchés, des mesures de maintien de la concurrence suffisent à assurer le bon ordre. Mais en cas d’insolvabilité généralisée, une autre logique prend le dessus pour une tâche plus essentielle et plus urgente : le maintien en vie, non pas des entreprisesindividuelles, mais du système dans son entier. Les autorités demandent alors à chaque entreprise de « faire semblant » que toutes les autres sont solvables, et cela jusqu’à nouvel ordre. La solidarité a un autre avantage sur la transparence : elle rend moins pressant le retour de la régulation.

L’économie peut-elle fonctionner sur cette base ? Probablement, tant que le péril de la situation présente est visible aux yeux de tous. Mais dès que les affaires feront mine de reprendre, les tendances naturelles du système de marché reprendront le dessus, et la solidarité s’évanouira.

Toutefois, dans un contexte où le maquillage des résultats financiers aura été toléré, la confiance ne pourra pas se rétablir. Il ne restera qu’un environnement – on ne parlera même plus d’un « système » – au sein duquel la régulation n’aura pas été rétablie et dont la transparence aura disparu, prohibant tout retour de la confiance. Il apparaîtra alors en pleine lumière que tous ces atermoiements, loin d’avoir offert une occasion au système ancien de se refaire une santé, l’auront en réalité définitivement condamné.

Paul Jorion, économiste et anthropologue

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58 réponses à “Le Monde Economie, lundi-mardi 11 – 12 mai”

  1. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    Omerta, confiance/défiance des thèmes ma foi fort bien illustrés par ce billet:

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/bloc-euro-atlantique-unifie-en-55452

    Quand on a comme stratégie de plonger les populations dans l’ignorance organisée, il ne faut pas s’étonner que ces dernières, découvrant l’étendue de ce qu’on ne leur dit pas, soient pour le moins méfiantes…

    La question que je me pose, c’est de savoir si à l’horizon 2015 il y aura encore des États Unis d’Amérique avec qui se fondre économiquement.

  2. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Paul

    Le Monde a zappé votre billet, non ? Je ne le trouve nulle part (y’en a que pour les Chinois et Martin, Le Loup édenté)

  3. Avatar de fujisan

    C’est aussi abordé sur
    http://www.financialarmageddon.com/2009/05/denying-reality.html

    En résumé:

    Les risques de nier la réalité

    Le gouvernement fait de son mieux pour essayer de « restaurer la confiance » dans l’économie. En effet, les conseillers top économiste d’Obama pensent qu’ils peuvent tromper les gens en leur faisant croire que tout va bien, et alors l’économie va se rétablir.

    Et pour cette raison, les défenseurs du statu quo pensent qu’il est important pour tous de garder le silence sur la gravité réelle de la crise.

    En effet, en essayant d’inculquer faussement la confiance va effectivement se retourner contre Geithner, Summers et les garçons et la crise s’aggrave.

    Pourquoi?

    Parce que les psychologues disent que – jusqu’à ce que le gouvernement et les chefs d’entreprise prouvent qu’ils peuvent se comporter de façon responsable, et jusqu’à ce que les auteurs de la fraude financière soient tenus de rendre compte – une confiance réelle ne sera pas rétablie et l’économie ne va pas se rétablir.

    Essayer de présenter en rose une triste situation, continuer de faire des choses qui tentent d’inculquer une fausse confiance, et de laisser au pouvoir ceux qui ont causé la crise renforce les convictions du marché que (1) le gouvernement et les dirigeants d’entreprises se comportent de manière irresponsable, au lieu de s’attaquer aux problèmes fondamentaux et (2) il ne prennent aucune responsabilité.

    Ainsi, la confiance diminue encore, retardant ainsi considérablement les chances d’un redressement économique durable. En d’autres termes, en essayant trop de mal d’instaurer la confiance, il est possible que le pouvoir va effectivement saper et exacerber la crise financière.

  4. Avatar de Alexbrux
    Alexbrux

    pour ceux qui avaient peur qu’il n’y ait plus d’eau au moulin dans cette période d’ « euphorie boursiere » et d’ « inflechissement de la chute du pib » :

    http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/05/11/le-systeme-bancaire-espagnol-commence-a-se-fissurer_1191483_1101386.html

    ça craque au sud, le corset du tripatouillage des comptes et bilans semble déjà trop petit pour les espagnols…

  5. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Paul

    Enfin, j’ai trouvé ! C’est que j’avais été aveuglé par le génie dialectique de Martin Wolf, lequel vient de découvrir de solides motifs aux désordres de ces temps, que des personnalités mois éclairantes que lui avaient déjà identifiés voilà presque dix ans. Passons. Je ne peux m’empêcher de livrer à ceux qui n’ont pas lu son papier ce passage délicieux qui démontre la puissance d’analyse du susdit : La seule solution réside donc dans la croissance. Il est essentiuel de soutenir la demande, sans alimenter une nouvelle bulle de crédit. Ce sera difficile. C’est la raison pour laquelle nous n’aurions jamais dû nous mettre dans un tel pétrin. Tu l’as dit, Martin ! En Français, cela s’appelle vouloir faire une omelette sans casser les oeufs. Même Bocuse n’y est jamais arrivé. Avec un tel « éclairage », les lecteurs du FT et du Monde ne deviendront pas des lumières…

  6. Avatar de Florence
    Florence

    Antoine a dit : « J’espère simplement que la féminisation des valeurs ne les a pas encore rendus tout à fait lâches. »
    Alors là … Je ne peux pas laisser passer ça, car cher Antoine, j’ai souvent constaté beaucoup de lâcheté chez les hommes, justement. Gardez donc ce genre d’affirmations pour vous.

  7. Avatar de Paul Jorion

    Mouais, j’ai noté cela aussi. Ce n’est pas ce qu’on ait lu de plus pertinent sur ce blog. Je dirais même que c’est limite du point de vue de ce qui est tolérable.

  8. Avatar de antoine
    antoine

    # Moi dit :
    11 mai 2009 à 15:02

    antoine: “Et puis le marxisme, comme le capitalisme, sont historiquement le pur produit de la philosophie de Hobbes.”

    Si par “capitalisme” vous voulez dire “libéralisme”, je suis d’accord. Sinon je pense qu’on mélange un peu tout car le capitalisme (en tous cas, les capitalistes) existaient déjà bien avant Hobbes, tout comme la féodalité n’a pas attendu qu’on la conceptualise pour exister. Le capitalisme n’est pas une pensée, c’est une certaine organisation de la société où domine les capitalistes. Combattre le capitalisme c’est s’attaquer au pouvoir des capitalistes (et c’est là que la conceptualisation marxiste ou autre peut aider).

    Ca va être compliqué… Mais disons que oui, puisque c’est le volet normatif qui m’intéresse 🙂

    Toutefois, j’ai vraiment un doute sur cette proposition: j’imagine mal le « capitalisme » se développer en Chine sans l’influence (la necessité?) occidentale, ou encore en Inde ou au Moyen-Orient musulman. Par ailleurs jusqu’au Moyen-Age les penseurs rejetaient de toute leur force la possibilité d’un processus de formation des prix comparable à celui que permet le capitalisme (ou alors à l’extérieur de la communauté politique). Bref… dans quelle mesure n’est ce pas une projection/illusion a posteriori de notre part?
    Et puis l’idée de « société » n’a aucun sens au « M-A » (seule compte celle de « communitas » ou de « civitas »: le religieux vient à peine d être divisé en « politique » et « morale », et c’est seulement aux temps modernes, avec Hobbes, que les deux seront de nouveau réunis pour donner naissance à notre nouveau tyran: le « social »). Bref je me demande dans quelle mesure on ne se facilite pas la tâche quand on dit qu’un phénomène historique existait avant qu’on le décrive (surtout quand il s’agit d’un « système »!). C ‘est vrai des phénomènes naturels. Je ne suis pas sûr que ca vaille ici. Ne fait-on pas un paralogisme? Ne prétendons nous pas alors connaître ces civilisations mieux qu’elles ne se connaissaient elles-mêmes, parce-que ca « arrange » le théoricien de le penser (parce que si l’histoire n’a aucun sens et n’est pas celle de la lutte des classes/avènement-effondrement du capitalisme, le marxiste « bon teint » perd singulièrement de sa superbe?)
    En toute sincérité, je ne sais pas. C’est juste un doute méthodologique que j’émets ici. Et l’idée de pouvoir isoler/abstraire comme ça les formes de production du reste me parait également bizarre. Sans compter que tout ça implique que les rapports de production puissent être décrits ou trouver un sens indépendamment de la manière dont les agents les éprouvent/ leur donnent sens eux-mêmes, et qu’une telle description indépendante serait plus adéquate. Mouais… Mais quelqu’un d’autre pourra surement nous éclairer là-dessus.

    Deleuze, dans le texte que j ai sous les yeux en ce moment, dit du capitalisme qu’en tant que matrice de décodage/surcodage des flux qu’il est au fond le spectre/épouvantail de toute « société segmentaire », manière de dire qu’au fond il n’y est jamais présent que comme virtualité. Il y a tellement de définitions du « capitalisme »…

  9. Avatar de antoine
    antoine

    @ Florence et Paul
    C’est pour ça que j’ai fait référence au film. D’ailleurs je souscris pleinement à ce que dit Florence.

  10. Avatar de antoine
    antoine

    Paul, tu peux le retirer bien sûr si tu trouves que ca fait tâche sur le blog. Après relecture c’est vrai que c’est ambigu.

  11. Avatar de Nobby Nic
    Nobby Nic

    Antoine a dit : “J’espère simplement que la féminisation des valeurs ne les a pas encore rendus tout à fait lâches.”

    Pourtant, même si Antoine se rétracte (il faut assumer ses plus hautes intuitions même si elles déplaisent), la question du lien entre le capitalisme en phase terminale et passage au matriarcat est à considérer. Marx dans le Manifeste remarquait que ledit capitalisme pour s’étendre avait besoin de mettre à bas toutes les structures patriarcales. N’est-ce pas déjà le cas ?

  12. Avatar de Un chômeur
    Un chômeur

    En ce qui me concerne je suis déjà dans le scénario D.

    Mondialisation => paupérisation de la classe moyenne occidentale => endettement => crise financière.

    Comment assurer la pérennité de l’économie occidentale face à ça ?

    Un reclassement à 69 euros par mois en Inde pour des salariés… du Tarn

    http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/05/11/69-euros-par-mois-telle-est-l-offre-de-reclassement-en-inde-de-9-salaries-du-tarn_1191484_1101386.html#xtor=RSS-3208

    Un chômeur depuis le 01/01/09

  13. Avatar de iGor milhit

    le sujet c’était l’omerta, pas l’o-mère-ta… 🙂 le patri/matri-arcat maintenant, oh mon oncle…

    blague à part, si les valeurs se féminis(erai)ent un peu (plus), elles n’en seront qu’un peu plus complètes…
    y a pas une pièce de théâtre de l’antiquité grecque (mais alors là je me rappelle plus, ni le titre, ni l’auteur) dans laquelle les femmes finissent par en avoir ras-le-bol des ces mecs pour qui l’argent=nerf de la guerre, alors que tout le monde crève de faim? et elles s’emparent du pouvoir pour remettre l’économie au service de la paix, donc de la vie, je veux dire celle de tout les jours.
    et du coup une constitution pour l’économie, ça peut remettre le train sur les rails, mais pas ceux de geithner bien entendu…

  14. Avatar de Alain Soler
    Alain Soler

    Cher PJ,

    Article cette fois peu convaincant tant il s’appuie sur des fondements aussi épidermiques : des ressentis et des affirmations en forme de rumeurs celles d’une psychologie de la confiance ou de la défiance auto-immunes, organisées, manipulées pour ce qui n’apparait que trop manifeste comme le seul et unique objectif, celui de votre conclusion.

    Alors à quoi bon TARP, à quoi bon le traitement des actifs toxiques, à quoi bon les bilans, à quoi bon les actions du G20, à quoi bon les frémissements économiques, à quoi bon le sursaut des valeurs, à quoi bon les conclusions SCAP du 7 mai et ses 9.1% de simulations de pertes globales sur les dépôts (supérieures à celles de 1929), à quoi bon les publier ? Balivernes tout cela ! Les plus grands médecins sont au chevet du malade qui est en réanimation sous surveillance rapprochée, d’autres crises sont probables avant la guérison.

    Le pire n’est pas certain, mais quand on veut tuer son chien… !
    Article de PJ Le Monde pour ceux qui éprouvent des difficultés à le
    trouver (jjj):
    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/11/l-opacite-financiere-aux-commandes-par-paul-jorion_1191364_3232.html

  15. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ JJJ

    Ce que j’apprécie chez Martin Wolf, malgré tout, c’est quand il reconnaît qu’il s’est trompé. Je ne lis jamais cela chez nos chroniqueurs et économistes français. Soit ils se taisent, soit ils prennent comme ils peuvent le virage.

  16. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ A

    Comment il s’effondrera, si c’est le cas, je ne sais pas. Quels gros problèmes il va rencontrer, je vais essayer de les énumérer l’un de ces prochains jours, d’accord.

  17. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Alain Soler

    je le trouve très convainquant au contraire 😉

    Dans l’article Paul pointe les contradictions entre les discours des protagonistes de la crise de premier plan (banquiers et Etats ) et la réalité des faits. Ils disent tous une chose et en font une autre. La confiance n’est donc pas une prémisse du raisonnement tenu par Paul. L’article montre au contraire toute l’absurdité des raisonnement qui font reposer la bonne marche de l’économie sur la seule confiance. Jusqu’ici les dirigeants ont été incapables de se départir des cadres d’analyse antérieurs. La seule innovation a consisté dans les politiques d’assouplissement quantitatif, ce qui ne touche pas les structures, les dispositifs qui ont permis au « système » de fonctionner comme il a fonctionné pendant des décennies. Relisez les billets « Aussi grave que prévu » et surtout  » L’omerta ». L’article du Monde est dans le droit fil des précédents. Tout se tient.

    Les « grands médecins » font plutôt figure d’apprentis sorciers : ils traitent les symptômes mais pas les causes du mal.
    Ils pensent qu’en faisant disparaître les symptômes — la visibilité des actifs pourris — la sacro sainte confiance va revenir.
    Ainsi de là la croissance.

  18. Avatar de Dave

    Et même le WSJ se met à table pour montrer que les stress tests US ont été trafiqués afin de ne pas trop vite faire éclater ce que nous appellerons La Bulle de Mars : http://online.wsj.com/article/SB124182311010302297.html

  19. Avatar de Alain Soler
    Alain Soler

    @ Pierre-Yves D.

    « Relisez les billets “Aussi grave que prévu” et surtout ” L’omerta”. L’article du Monde est dans le droit fil des précédents. Tout se tient. »

    Oui en effet ces deux billets sont nécessaires à l’équilibre et à la compréhension (crédibilité) de l’article du Monde. J’en ai ressenti, « comme vous », l’absence ; celle, dont les lecteurs du Monde auront été privés.

    Il est une constatation (une vérité) qui ne trompe pas, plus de huit heures après sa mise en ligne l’article n’aura suscité aucun commentaire !

    Ces superviseurs de la Fed qui publient les résultats des tests de robustesse des 19 banques « SCAP overview and results » ne sont ni des apprentis ni des sorciers, leurs chiffres avant synthèses n’ont rien de magiques, les marionnettistes ne sont pas toujours ceux que l’on veut montrer du bout de sa baguette magique.

    Un article raté n’est pas un drame pour les dix siglés d’un bon programme!

  20. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ antoine,

    Ma question 11/05 15:51 et / « antoine 11/05 10:13 », 3ème §: il n’y a donc besoin ni de deux mains ni même d’une seule!

  21. Avatar de coucou
    coucou

    iGor milhit dit :
    11 mai 2009 à 20:11

    C’est Lysistrata, alias… « La grève du sexe ». Faut-il vraiment en arriver là ? ;p

  22. Avatar de iGor milhit

    @ coucou
    merci pour la référence.
    sans emploi, ni conjointe, j’ai de la peine à faire de la politique… 🙂

  23. Avatar de antoine
    antoine

    @ Eugène.
    Pardon je n’avais pas vu la question. Je ne vois pas la rapport aux deux mains…
    « Qu’est ce qui fonde le droit?
    Pourriez vous préciser la question? Elle a une douzaine de sens possibles, selon ce qu’on entend par « droit »?

    Sommairement, je ferais deux remarques (sans être sur qu’elles ont autre chose qu un vague rapport avec la question posée):

    S’il s’agit du droit politique/moral en tant qu’idéal normatif (les deux sphères politiques/morales sont séparées pour Rawls, coextensives pour Habermas), alors ce droit là se tient quelque part/est pris en ciseaux entre la « sociologie » et la théologie/philosophie.

    Dans le droit ce qui vous importe ce sont les règles ou les institutions? Le droit de la meilleure cité « en discours » ou le droit de la meilleure cité « en acte »?
    Quelle réponse vous conviendrait quand il s’agit d’idéal normatif: la « raison » (avec toutes les variantes possibles, et médiatisée par quoi?) La « revelation » X ou Y? Autre chose (un consensus par recoupement, un modus vivendi dans des conditions strictes?).

    S’agit-il d’une question plus globale sur « ce qui est bien » en général, ou plus précise sur « ce que l’on devrait avoir comme mode de circulation des flux de liquidités dans une société démocratique telle que la nôtre, reconnaissant le « pluralisme des conceptions de la vie bonne »? La moindre des choses est que ces institutions 1/ soient normativement cohérente (c’est la moindre des choses que les majorités doivent aux minorités) 2/ reposent sur des éléments factuels/théoriques dûment vérifiés (ce qui n’est pas le cas actuellement, et c’est là que l’entreprise de clarification menée ici est essentielle).

    (Ensuite il y a des conditions supplémentaires qui peuvent varier selon les définitions de ce que se doivent ou pas des citoyens qui se considèrent vraiment comme se devant un respect mutuel égal (donc en fonction des définitions de la démocratie). Et d’autres encore qui pourraient dépendre des circonstances singulières, et qui prises ensemble justifient le pluralisme des partis etc etc pour arbitrer entre ces points de vue différenciés appartenant toutefois à la même « famille » (disons celle des démocraties, par opposition à d’autres types de régime).

    Je ne donnerais pas la même réponse si la question était posée à Madagascar ou en Arabie saoudite.

  24. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ antoine,

    Ma question est d’abord sur le mode du tout un chacun se posant la question: « ai-je bien le droit de ….? » sans d’ailleurs que l’expression ne soit nécessairement verbalisée comme c’est le cas dans les sentiments de honte ou de culpabilité où ces sentiments, ces ressentis apparaissent souvent effectivement bien avant toute forme de verbalisation…. chez ceux qui les éprouvent normalement, donc indépendamment d’une ou de théorie de la normativité. (PJ avait d’ailleurs fait un billet sur la honte…)

    Qu’ensuite les sociétés, pour pacifier les comportements grégaires querelleurs de leurs membres aient cru bon institutionnaliser les bonnes moeurs des codes et tuti quanti rien de plus normal; mais ma question renvoie cette fois effectivement au droit sur le mode politico-moral, chacun de ces termes d’ailleurs toujours en relation avec la sphère religieuse-théologique qui aurait elle une réponse à ma question de ce qui fonde le droit à savoir dieu.

    Or, cette réponse transcendante ne me convient pas plus qu’elle n’est acceptable rationnellement. De même que la toute puissance des individus dans nos civilisations occidentales montre bien les dégâts auxquels on parvient quand l’individu devient l’arbitre ultime de ses passions sans limite au point d’être capable de manipuler les politiques (gouvernements, parlementaires etc) donc aussi les codes qu’ils peuvent produire!

    Je réitère donc ma question: qu’est-ce qui fonde le droit?

    car pour moi, votre réponse, pas celle de Rawls ni d’Habermas, sera à mettre en parallèle de la constitution de PJ pour l’économie. N’imaginez surtout pas que ceux qui profitent actuellement du système, financier par exemple, cèderont sur leurs avantages acquis sans vous harceler d’une foule d’avocats vous renvoyant à cette question générale, et/ou à la façon de la contourner.

    J’en rajoute une autre au passage, pourrait-il, le droit ainsi défini, nous permettre de détecter prédictivement ceux qui sont effectivement sans pouvoir sur eux-mêmes au point de n’être guidés que par l’appât du gain?

    Voilà, comme vous l’écriviez je ne sais plus où, nous sommes effectivement en plein monde de oufs au carrefour du psychologique, du sociologique, du politique et du religieux, de l’éthique et de la morale, mais c’est précisément en plus au moment où çà va mal et demain peut être pire qu’il faut impérativement y voir clair au risque de tous les ab.us.

    Merci de votre réponse.

  25. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ antoine,

    Quelques précisions:

    Le pb du « relativisme moral » (voir cette entrée ds le ‘dictionnaire d’éthique et de philosophie morale’, sous la direction de M Canto-Sperber) ne facilitera pas votre réponse.

    Exemple: l’anthropophagie n’est ni un crime ni un délit qd, ds certaines circonstances culturelles et/ou religieuses, l’individu doit s’y soumettre; alors que ce serait pour nous l’horreur absolue indépendamment de la maladie de Creutzfeldt-Jakob qui vient scientifiquement (biologiquement) étayer notre position éthique et/ou morale d’occidentaux!

    D’où à mon sens le coeur des difficultés où nous sommes: si les question morales sont subjectives et/ou sociologiquement variables donc doublement relatives, alors la brèche que dis-je un boulvard s’ouvre devant les ambitieux qui peuvent donc sans obstacle se permettre tout et n’importe quoi quel qu’en soit le domaine! D’où en fait ma question de la (re) fondation du droit avec des perspectives opératoires sans recours au transcendant dans la réponse qui ne résoudrait rien sauf à rentrer dans un régime type charia càd indistinction politico-religieuse…

  26. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Eugène
    Pouvoir et soumission volontaire
    (à écouter vers le début : « la servitude ou le néant »)
    http://www.bibliotheque-sonore.net/
    NB « analyse » ( // psychanalyse)

  27. Avatar de Eugène
    Eugène

    intéressant mais la question de la souveraineté passe d’abord par la souveraineté sur soi même, libre de toutes les formes d’attachement posssible donc, ni névrosé parce qu’un peu paralysé qd même, ni psychopathe type addict par exemple… sans qu’un autre ne soit concerné puisqu’il ne s’agit là que d’un strict rapport (inconscient) à soi-même!

    Qd est-ce que les philosophes vont enfin se décider à prendre en compte ce fichu inconscient (au sens où il exerce un contrôle caché sur le pulsionnel) sans automatiquement déraper dans la conscience verbalisée (donc autre sens possible d’inconscient ici) dont Freud a montré justement que la névrose y résistait, et par symétrie inverse du défaut-excès de contrôle, les psychopathies aussi?

  28. […] Paul Krugman et moi-même [Paul Jorion vient d'ailleurs de se déplacer dans la "posture" D, dans cette brève du 10 mai 2009] . Et pour le type D, Alain Badiou, Jean-Claude Michéa et Immanuel […]

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