Billet invité.
ON N’A PAS ENCORE TOUT VU
Certaines réactions aux récents épisodes de la crise actuelle, s’appuyant sur la conviction que l’oligarchie financière est décidée à tout pour conserver son pouvoir, prennent pour acquis que celle-ci a déjà gagné, et qu’elle va pouvoir recommencer ses affaires comme avant. Que nous sommes condamnés à apurer son passif, puis à en faire à nouveau les frais. En d’autres termes, que le pire nous est garanti.
Certes, il n’est pas impossible que cela se termine ainsi, mais n’est-il pas un peu prématuré de le décréter déjà, comme si la boucle était déjà bouclée ? L’histoire n’est pas finie, on n’a pas encore tout vu.
L’embellie boursière que l’on enregistre actuellement, une sorte de feu de paille, n’est pas destinée à durer et ne durera pas. Elle prépare même des lendemains qui déchantent pour ceux qui ne se retireront du jeu pas à temps. Les discours sur les signes incontestables de la reprise à venir vont quant à eux s’user, à force d’être prononcés sans que celle-ci n’intervienne. Une inflexion est déjà perceptible dans les discours, mettant l’accent sur la longueur de la crise. Enfin, et surtout, les actifs toxiques ne vont pas comme par enchantement prendre des couleurs, libérant d’autant les banques, hôtes de ces encombrants invités.
Tout au contraire, le poids de la crise économique va peser plus encore sur les établissements financiers. Les banques vont-elles pouvoir continuer à surfer sur la crise, seules en bonne santé dans un environnement de malades, en s’alimentant uniquement sur des dépouilles ? Les actifs toxiques vont continuer de paralyser le système bancaire, les banques centrales les tenant toujours à bout de bras, mais pouvant un jour devoir se retourner vers les Etats, afin de soulager leurs bilans déséquilibrés par des contreparties qu’elles acceptent sans sourciller, de plus en plus douteuses. Les banques centrales, dont la BCE désormais, vont continuer de battre monnaie, se substituant de plus en plus largement au système bancaire afin de tenter de soutenir l’économie. Des recapitalisations bancaires seront à nouveau nécessaires, ainsi que l’adoption de nouvelles mesures de soutien et de relance, accroissant les déficits des Etats et leur dette, amenés à la financer, ou la refinancer, à des taux de plus en plus élevés. Le FMI et ses collègues institutionnels vont être de plus en plus sollicités par certains Etats au bord de la banqueroute, et il faudra leur trouver de nouveaux relais de financement pour y faire face.
Il va falloir se rendre à l’évidence : quand bien même la question des actifs toxiques serait réglée (elle est loin de l’être), l’absence d’un moteur mondial de la croissance resterait entière. Ni la consommation des classes moyennes américaines, dont il était fait si grand cas, ni celle des paysans chinois, dont on voudrait bien qu’elle prenne le relais, ne vont être demain ou après-demain au rendez-vous. Les calculs qui sont actuellement faits sur cette base n’y résisteront pas, la machine ne repartira pas ainsi.
Voilà ce qu’a déclaré, sur la chaîne publique de télévision PBS, vendredi soir dernier, Tim Geithner, secrétaire au Trésor : « Les choses se stabilisent un peu. Les marchés financiers vont légèrement mieux, les taux d’intérêt ont baissé, les marchés du crédit se rouvrent, et c’est un début important aussi ». Il est « important de se concentrer sur ce qui s’améliore ». Interrogé sur la possibilité que la reprise économique soit très tardive, il a répondu : « C’est le risque. Les économistes s’inquiètent généralement qu’une récession qui arrive après une période où les gens ont trop emprunté, où les banques ont pris trop de risques, provoque une reprise plus lente, plus longue, parce qu’il va falloir que les gens réduisent leur dette, et ils vont devoir épargner plus ». Tout en affirmant « Mais nous allons faire tout ce que nous pouvons pour nous assurer que nous revenons sur les rails ». Il n’est pas nécessaire de lire entre les lignes, il faut « se concentrer sur ce qui s’améliore », car pour le reste…
Un programme très chargé attend en effet le Trésor, le FDIC et la Fed. A partir de juin, de premiers programmes tests d’achat d’actifs toxiques, prêts immobiliers et produits dérivés notamment, devraient être comme annoncé, lancés. Une échéance qui va précéder la date butoir de la période au sein de laquelle les banques déclarées dans le besoin doivent se recapitaliser. Toute une palette d’autres mesures seraient également à l’étude, afin de soutenir en premier lieu les compagnies d’assurance et les municipalités, très éprouvées, mais également les écoles, les hôpitaux et le « small business », en leur permettant de contracter des prêts à moindre coût. Les enveloppes et les modalités ne sont pas encore connues, mais ces nouveaux programmes vont mettre à nouveau à contribution les fonds publics, directement ou indirectement. Sans qu’il soit nécessaire de rappeler le dossier de l’industrie automobile, qui est loin d’être refermé. Nul ne peut dire quand cette course poursuite va trouver sa fin, ni ce qu’elle sera.
En Europe, il commence à être admis, mais du bout des lèvres, que les banques y sont peut-être encore plus cachottières que leurs consœurs américaines. Il va bien falloir prendre à bras le corps leur situation, la relance américaine n’intervenant pas, l’espoir que de nombreux actifs plombés reprennent prochainement de la valeur s’évanouissant. A la différence des Etats-Unis, la dégringolade des banques n’a pas été brutale, en chute libre comme vient de le dire Joseph Stiglitz. Les situations qui étaient les plus alarmantes ont été déjà affrontées dans l’urgence. Il était possible de prendre son temps pour voir venir, pensait-on. Va-t-il pouvoir longtemps encore en être ainsi, alors que le système bancaire allemand ou français donne des signes prononcés de faiblesse ? Alors que la situation britannique est alarmante et que de nombreux pays de l’Est sont extrêmement fragilisés ?
Nous sommes entrés dans l’acte II de la crise, sans que cela soit encore annoncé. Il va devoir être reconnu petit à petit que la crise sera plus longue que prévu et que l’on risque même de s’y installer un peu. Ses effets vont alors se faire de plus en plus ressentir. Leur traduction sociale et politique également. Dans ces conditions, il n’est pas exclu que certains, au pouvoir, soient amenés à agir autrement et plus loin qu’ils ne l’auraient voulu, que d’autres, dans l’opposition, le soient aussi en ce qui concerne leurs intentions. Les uns et les autres un peu poussés par les circonstances, et beaucoup par les réactions auxquelles ils devront faire face. Cela s’est déjà vu.
41 réponses à “L’actualité de la crise : On n’a pas encore tout vu, par François Leclerc”
« … s’appuyant sur la conviction que l’oligarchie financière est décidée à tout pour conserver son pouvoir, prennent pour acquis que celle-ci a déjà gagné, et qu’elle va pouvoir recommencer ses affaires comme avant. Que nous sommes condamnés à apurer son passif, puis à en faire à nouveau les frais. »
Cette obstination, pour certains, à décréter la toute-puissance définitive des « méchants » d’en face, sonne en réalité comme l’aveu d’une soumission à leur autorité décriée. Les protestations, les cris d’indignations ne sont au bout du compte que pure façade pour dissimuler une acceptation assez désagréablement servile.
En réalité, je pense que François Leclerc a tout à fait raison dans son analyse : « on n’a pas encore tout vu ». Je crains que nous ne soyons effectivement arrivés à un point extrême où plus personne ne contrôle plus rien, surtout pas les méchants « puissants ». Non pas qu’ils n’essaient pas, comme le proclament un peu précipitamment nos défaitistes, de sauvegarder leur système en péril. Mais simplement que leur machine leur a aujourd’hui un peu pété dans les doigts et qu’ils sont un brin perdu devant leurs ruines de plus en plus fumantes.
Cette ruée puérile vers un optimisme contraint et TOTALEMENT dénué de fondements dans la réalité des choses, montre à tout le moins que nos « décideurs » sont carrément sortis du rationnel pour sombrer dans le pathétique.
Je me garderai bien de toute prospective sur le déroulement futur de notre aventure commune. Mais nul doute que nous allons traverser de sacrés soubresauts. Et je ne suis pas sûr que ceux-là soient réellement contrôlés par les malades qui nous gouvernent. Et qui ont désormais sans doute beaucoup plus à perdre que leurs gouvernés.
Bonsoir,
Un ami qui travaille chez BNP m’a dit aujourd’hui qu’il y avait encore des mauvaises nouvelles à annoncer et qu’il fallait laisser passer l’été. Dans ces conditions, les résultats du 2T2009 qui seront annoncés en septembre ont de bonnes chances de semer la tempête.
Une autre connaissance travaillant dans le domaine des grands projets m’a indiqué qu’il n’était toujours pas possible de trouver une banque en Europe qui accepte de syndiquer des garanties bancaires (garanties appelées par les donneurs d’ordre des grand projets en cas de défaillance de leurs prestataires : indispensables pour que les grands projets se réalisent). Syndiquer signifiant qu’une banque prends la garantie à son nom en intégralité, charge pour elle d’en répartir la portion (et donc le risque associé) qu’elle ne souhaite pas porter sur d’autres banques. Pour cela il faut un tant soit peu avoir confiance en les banques à qui vous répartissez une partie du risque que vous avez pris en tant que banque « leader » de la syndication.
Depuis l’automne, cela n’est plus possible et l’embellie des bourses n’a rien changé et ne changera rien à cela. La confiance des banques les unes dans les autres n’est toujours pas rétablie et pour cause : il y a encore de bien mauvaises nouvelles à annoncer (seulement 17 % des dépréciations sur les actifs toxiques auraient été passée en écriture en Europe, contre 50 % aux USA) et l’opacité des bilans n’a rien de rassurant: la suspicion des banques les unes entre les autres est toujours très vive.
La « liquidité » des marchés financiers pourrait donc bien encore assez longtemps devoir être assurée par les banques centrales.
L’insolvabilité de qqes établissements qui pourrait être mis à jour en septembre prochain pourrait précipiter un chaos sans comparaison avec l’automne dernier car :
1. Nos gvt perdent actuellement le peu de crédibilité qu’il leur reste en parlant de reprise et de rétablissement du système financier,
2. Les actions de financières montent d’autant plus haut qu’elles n’ont pas de contrepartie à la baisse (vente à découvert interdite => la spéculation à la hausse est d’autant plus massive). La chute n’en sera que plus brutale.
3. Les banques US raflent et rafleront dans les jours semaines qui vienne, les dernieres gouttes de capitaux qui viendront jamais se réinvestir dans le système financier : En effet les privés qui reviendraient y mettre de l’argent n’y reviendront pas de si tôt si il devait de nouveau être question de déconvennues majeures. Les fonds publics ne sont pas infinis : en France la CDC a déjà utilisé toutes ses cartouches (cela lui a même valu les premières pertes de sa longue histoire. Aux USA, le trésor à du mal à vendre ses T-bonds, le sénat ne voudra plus lui faire d’autres chèques en blanc).
Au final, l’Europe en faisant comme si tout allait bien est en fait en train de se faire couper l’herbe sous les pieds par les USA. Il est probable que les recapitalisation des banques US suite au stress test ne soient pas suffisantes (très probable même) mais ce qui est pris actuellement, et qui plus est dans des conditions d’aubaines après cette remontée chevalresque des indices et en particulier des actions banquaires, n’est plus à prendre.
Dans ce contexte, la chute n’en sera que plus dure pour la finance européene.
@tous:
le seul moyen de rendre le système à nouveau et rapidement « solvable » serait l’introduction d’une monnaie anticrise (fondante)!
jf
Tant que les investisseurs et/ou les riches ne voudront investir qu’avec l’assurance d’avoir 10 à 15% de rendement ce qui est encore le cas et qu’il y aura des banques et des sociétés financières pour leur proposer de tels produits cela n’aura que pour effet que de détourner l’argent de l’économie réelle et de prolonger la survie de ces banques. Madoff avec sa cavalerie n’arrivait qu’à 11% mais une banque demande toujours à une PME ou un artisan en France de faire mieux ! Dans ce cas elles devraient peut être directement émettre des faux billets pour obtenir de tel rendement si l’on continue dans ce délire. Les banques voyant les états boucher les trous continueront faisant toujours le chantage de se mettre en faillite et de ne plus assurer les dépôts si les états viennent mettre le nez dans leurs affaires et pendant ce temps les « employés » que sont leur dirigeants peuvent encore engraisser.
@brehat : jolie analyse.
Oui, Rien n’est joué. Il reste encore des cartes à jouer dans le jeu actuel, avant que ce soient les règles du jeu qui soient elles-mêmes changées et qu’apparaissent ainsi de nouvelle cartes.
Pour l’instant la crise n’est pas prise à la mesure de sa gravité, non seulement par une grande partie de la population sous-informée, chloroformée ou simplement préférant ne pas voir la réalité en face se satisfaisant d’un sort qu’elle juge encore enviable par rapport à ceux qui ont déjà perdu leur emploi, mais aussi par les politiques, lesquels, s’ils ne sont pas ignorants des tenants et aboutissants de cette crise, n’en font pas cas publiquement, préférant prendre le train en marche d’un mécontentement populaire qui irrésistiblement montra en puissance devant l’impuissance des pouvoirs publics.
Le risque c’est le raidissement, mais les dictatures ne résisteront pas, fort probablement, à de puissants mouvements populaires,
ce d’autant plus qu’une oligarchie financière repliée sur son pré-carré, hyper concentrée, n’aurait plus de position de repli, elle aurait le monde à ses pieds, mais un monde plus inégalitaire que jamais. Devant choisir entre une imminente banqueroute des Etats concomitante d’exigences toujours plus anti-sociales de l’oligarchie (voir la baisse des salaires actuellement aux USA) et le démantèlement pur et simple de ces oligarchies, l’apathie actuelle des politiques cessera. Les nerfs à vif, les intelligences affutées, ce ne sera plus le temps des atermoiements. Les divergences portant sur des points précis qui touchent aux fondements de la crise apparaîtront au grand jour, il ne sera plus temps alors de faire de grands discours sur la nécessaire « refondation » du capitalisme, car on y sera, au pied du mur.
Certains politiques auront alors, peut-être, sûrement même, leur « Kairos », mot grec qui signifie « l’occasion », non pas au sens où ceux-ci auraient à examiner une occasion qui se présenterait à eux et à la faveur de laquelle ils pourraient appliquer une certaine technique qu’ils possèdent, mais dans la mesure où l’occasion, en tant qu’elle concerne personnellement tel ou tel, éclairerait d’un jour nouveau les choses, ici une situation nouvelle.
« Ces choses ne sont pas seulement les circonstances dans lesquelles appliquer la technique que l’on possède, puisque celles-ci sont justement ce que le kairos regroupe en une configuration imprévue…le Kairos n’est n’est pas défini par la rapidité du temps — un kairos ainsi mesurable n’étant pas nécessairement celui auquel il ressortit, mais par rien d’autre que par ce que Aristote en dit dans notre passage : envisager ce qui est à la mesure du Kairos, c’est ce que ceux qui agissent peuvent faire par eux-mêmes. Aristote dit ; « celui qui agit est à chaque fois livré à lui-même. »Ethique à Nicomaque ». ( Rémi Brague, Aristote et la question du monde.)
En des termes plus imagés, certains politiques sortiraient de leurs gonds et iraient s’encastrer dans de nouveaux gonds pour ouvrir de nouvelles portes ! Bien entendu nous les y aurions aidés.
Tout comme il est faux de dire que les politiques n’ont de cesse d’oeuvrer pour le bien commun, il est non moins faux de dire que les politiques sont voués corps et âmes et ad vital eternam au service de l’oligarchie. Au moment crucial certains d’entre eux choisiront plus nettement leur camps, voire définiront un nouveau terrain, et alors l’oligarchie financière aura du soucis à se faire.
LHistoire connaîtra aussi un de ces coups d’accélérateur dont elle est coutumière.
Les démocraties « libérales », avec tous leurs défauts que nous leur connaissons, tiennent jusqu’ici le choc. Quand il apparaîtra que la finance et l’économie ne sont plus tenables en l’état, il se peut que beaucoup des contre-propositions, solutions à la crise, marginalisées jusqu’ici, viendront sur le devant de la scène. Une vraie crise est toujours un mouvement chaotique où du vraiment nouveau s’engouffre dans les brèches d’un monde qui s’effondre.
Tant qu’à changer de gonds, on prendra sans doute le temps de changer la porte…..
Bonne nouvelle pour les jeunes physiciens qui s’inquiètent pour leur avenir professionnel. Dans Le Temps d’aujourd’hui, un « expert en gestion des risques » de Deloitte Zurich plaide pour le recours à la physique quantique dans la modélisation financière. « En fin de compte, il y a des parallèles entre les lois de la nature et celles de la finance, mais il y a aussi quelques leçons que les gestionnaires du risque pourraient apprendre des physiciens et autres scientifiques. Au fil de l’histoire, les sciences de la nature n’ont cessé de se poser de nouvelles questions sur les grandes lois de la nature, et de produire ainsi des idées révolutionnaires. C’est ce qui devrait se passer dans le monde de la finance, et c’est ainsi qu’il devra fonctionner à l’avenir. Les gestionnaires du risque doivent s’ouvrir aux idées nouvelles.
Au rencart, les matheux ! Place aux physiciens et aux « lois de la nature ». Mais surtout pas aux électrons libres…
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Texte
Prochaine étape de la crise des établissements financiers américaines, l’impact des pertes qu’ils vont devoir enregistrer sur les cartes de crédit. Un article du New York Times fait aujourd’hui le point sur cette question.
Il en ressort d’abord que le taux de défaut sur les cartes pourrait atteindre plus de 20% d’ici à fin 2010. Lié au développement du chômage, il pourrait dépasser le taux atteint par celui-ci, en raison du cumul des difficultés rencontrées par les particuliers, déjà atteints par la crise immobilière des « subprimes ». Le solde négatif moyen des cartes de crédit est actuellement de 8.700 dollars, ce qui donne une première idée de l’ampleur de la question.
D’après les stress tests, dont les résultats viennent d’être rendus publics, les pertes que pourraient encourir les établissements qui en ont fait l’objet, seraient actuellement chiffrés à 82,4 milliards de dollars. Un montant considéré comme sous-estimé par certains analystes, qui remarquent que les paramètres de crise utilisés par les tests sont déjà dépassés. D’autres expertises font monter ce total à 141,5 milliards (à périmètre d’étude constant), atteignant 186 milliards de dollar de pertes potentielles, si l’on considère toute « l’industrie » des cartes de crédit.
JJJ, la présence de physiciens à Wall Street ne date pas d’aujourd’hui mais des années ’80. Un certain Emmanuel Derman raconte ça très bien dans « My life as a quant ».
Eh, bien, c’est dommage qu’ils n’aient pu prévenir le big crunch !
Non seulement, ils n’ont pas prévenu le big crunch mais ils sont une des causes du big crunch. Aujourd’hui, certains s’en défendent. Par exemple, dans son livre, Derman laisse entendre que les quants proposent des modèles en soulignant bien leurs limites mais que par rapacité, les traders et autres financiers ne les écoutent jamais et finissent par croire à l’omnipotence des modèles.
Comme beaucoup de physiciens passés à Wall Street, la carrière de Derman a fait une boucle: il enseigne à nouveau. Aujourd’hui, c’est la finance quantitative. C’est ironique, car dans les années ’70, faute de places disponibles, il ne parvenait pas à trouver un poste de professeur ordinaire dans son domaine de l’époque: les particules élémentaires.
@johannes finckh
Monnaie fondante: C’est une idée finckh ou une idée fixe ?
Septique : vrai sceptique … faus septique
@ François Leclerc
Paul Jorion annonçait cette seconde vague de « subprimes » concernant les cartes de crédit lors d’un précédent billet.
Vous parlez du refinancement des Etats, connaissez-vous le taux des émissions OAT en France ? Ne trouvez-vous pas que les taux directeurs sont historiquement bas actuellement, et ceci à l’échelle mondiale ? Le fameux écart (spread) sur les taux interbancaires ne s’est-il pas amenuisé ?
merci
Il semble que la crise immobilière US va continuer à bien se porter, et pour encore quelques années :
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/crise-immobiliere-americaine-ou-en-55822
Un bel exemple de « hype » ce matin sur le site financier Marketwatch, un site spécialisé dans la méthode Coué et qui pousse à l’achat en exagérant les bonnes nouvelles et en minimisant les mauvaises. Un média comme Marketwatch est bien sûr, un rouage essentiel dans la formation des bulles.
Ce matin, après avoir dans un premier temps, annoncé que la banque HSBC allait devoir inscrire 5 milliards de dépréciations dues à son exposition au subprimes, ce site a effacé cette nouvelle de sa page d’accueil et titre maintenant en énormes caractères:
« HSBC says profit climbs »
Et en caractères plus petits, il mentionne que les profits en question sont dus à un changement de règles comptables
« But Europe’s largest bank attributes that to accounting gains as the value of its own debt declines »
http://www.marketwatch.com/
Il y a quelque chose de similaire entre cette certitude que l’oligarchie a déjà gagné et la croyance que les risques étaient maîtrisés : l’oubli ou le refus de l’incertitude qui caractérise l’avenir.
La science et particulièrement la physique peut parfois donner l’illusion que l’on peut prévoir, prédire. Ah ce qu’on en rêve de savoir à l’avance, ça résoudrait bien des angoisses!
D’ailleurs, l’excès de confiance (ou d’espoir) et l’excès inverse, l’euphorie et le désespoir fonctionnent souvent de la même manière : on croit savoir, avoir déjà la réponse. Il n’est pas nécessaire de maintenir ses sens ouverts, d’être vigilant, puisque tout va, ira au mieux. Il n’est pas nécessaire de se mettre à changer, puisque tout va, ira au plus mal.
Et au fond, n’était-ce pas une des Lumières que de se souvenir que rien n’est tout à fait joué, sûr…?
Ah, c’est agaçant la vie, ce truc toujours un peu indécis entre des pôles inexistants. Que faire de cette soif d’absolu? 🙂 Vive la vie! Et encore merci à celles et ceux qui nous aident à garder notre esprit en mouvement.
Je m’étonne de plus en plus que l’emploie du mot « crise » perdure, celui-ci faisant essentiellement référence dans les esprits au cycle de KONDRATIEV. L’utilisation de ce mot n’est pas sans conséquence sur la vision des changements qui s’opèrent sous nos yeux. En effet, il laisse supposer que le délabrement économique n’est que transitoire et que l’on retrouvera dans quelques temps une situation équivalente a ce qu’elle était avant la « crise », certains allant même jusqu’à penser qu’on en ressortira plus fort.
Alors effectivement, le mot crise s’applique bien au cycle endettement/désendettement. Mais réduire la « crise » a ce sujet purement financier est réducteur. Il y a au moins trois axes supplémentaires tout aussi importants:
– l’axe géopolitique ou la finance sert de champs de bataille entre les USA et la chine. Ici, le mot crise doit de plus en plus être remplacé par le mot basculement. Le leader cheap américain et la souveraineté du dollar sont de plus en plus mis a mal par une chine fort habille.
– une prise de conscience forte de l’écologie et du consommer autrement, tout du moins en occident. Et la encore il ne s’agit pas d’une crise, mais bien d’un changement de paradigme.
– Un axe beaucoup plus philosophique… mais si… Il ne s’agit pas ici de citer Platon ou Socrate, mais plutôt Marx… qui fait un retour en force en ce moment avec Kayne. Même si il est communément admis que le communisme est un échec, il semble de plus en plus évident que le capitalisme n’est pas une réussite. Je ne reviens pas ici sur le fait qu’il soit générateur de disparités choquantes, il n’en a pas le monopole. Il me semble plutôt que le capitalisme est en bout de course. En effet, celui ci ne peut survivre qu’à sa bordure, car il est d’abord et avant tout orienté vers la conquête. Et il suffit de regarder son histoire pour s’en convaincre. Après l’industrie, la technologie, il a conquis la finance, puis le monde, les pauvres, les insolvables. Quel espace lui reste-t-il désormais pour survivre. L’écologie? C’est ca seule change de survie. Mais Il me semble qu’il ne lui reste plus tant de territoires à défriché.
Je suis convaincu qu’il s’agit ici d’autre chose qu’une crise. On est surement à l’aube d’un basculement que les générations futures qualifieront d’historique. Pour le meilleur j’espère.
Ce texte parraitra surement décalé par rapport a l’article. Mais Je tenais ici a souligner que la seule vision économique ne permet pas de comprendre ce que l’on est en train de vivre en ce moment.
Je suis d’accord avec iGor milhit. Le problème, c’est qu’on ne peut pas s’empêcher d’essayer de prévoir l’avenir et que les méthodes probabilistes donnent à ceux qui les utilisent le sentiment qu’ils maîtrisent les risques au point d’en oublier que l’avenir reste inconnu (au sens de l’incertitude radicale). Si on y ajoute le fait que la rapacité rend aveugle, on a là un très mauvais cocktail.
On n’assiste pas à un retour de Marx (sauf en France, puisqu’il semble que ce soit l’horizon indépassable de la critique… sic). On assiste à un retour et à une reformulation du néo-républicanisme dans sa forme la plus dure, qui s’étend désormais aux questions économiques. Aux US, Roosevelt, Jefferson, Lincoln. C’est un retour à Aristote, Machiavel, et Rousseau, et non pas à un retour à Marx, auquel nous assistons au niveau de la recherche universitaire.
@ karluss
Je me perds souvent dans le maquis de la finance !
Les taux directeurs de la BCE, depuis sa création, n’ont effectivement jamais été aussi bas, et ce n’est sans doute pas fini. Jean-Claude TRICHET l’a clairement laissé entendre.
Le dernier taux OAT que je connaisse (TEC 10) est de 3,66 % le 7/5/2009, et cela grimpe. Il était de 3,60% au 4/5/2009.
A propos du marché du crédit interbancaire, il y a un problème d’interprétation très largement soulevé par les commentateurs: la baisse des taux qui y est constatée est-elle le résultat d’une amélioration de son fonctionnement, ou provient-elle, tout au contraire, du fait qu’il est déserté (la demande étant très faible, le taux baisse) ? C’est la seconde interprétation qui prévaut dornévant, après qu’un flottement ait pu être dans un premier temps enregistré à ce propos.
Hier je me suis fait reprendre ,merci gghostdog, sur feue l’A.M.I.
Aujourd’hui Qui pourrait nous éclairer sur les éventuelles incidences de « la crise » (rassurons nous,les savants-oligarques affirment quasiment qu’elle est passée !) sur LE GRAND MARCHE TRANSATLANTIQUE.
A la veille d’élections auxquelles « Ils » tiennent tant,pourquoi cette dissimulation sur ce traité ???
Qu’en est-il du 20/80 de Bredszinky (tant pis pour l’orthographe) ?
Nous sommes trop nombreux ? Oui, c’est ça même ?
À ce sujet, on lira avec intérêt cet article de dedefensa.org :
http://www.dedefensa.org/article-en_attendant_le_pere_murdoch_11_05_2009.html
La vigilance est plus que jamais de mise.
Il semble que les investisseurs se fassent de plus en plus rares même pour les bons du trésor américain. http://www.ft.com/cms/s/0/1f492c74-3b68-11de-ba91-00144feabdc0.html
@Franck,
merci de rappeler l’importance des mots…
Je crois que nous paratgeons en majorité ici votre analyse et vous remarquerez en lisant d’autres billets de Paul ou d’autres commentaires, que nous sommes tous convaincus et certainement Paul le premier, non pas d’avoir à faire à une énième crise économique (bien que ce soit le cas, mais que celle-ci dépasse en ampleur de loin toutes celles déjà connues), mais bien d’être face à la fin d’une certaine forme de civilisation.
Les boulversements économiques auxquels nous seront face s’inscrivent en effet dans un contexte bien plus large :
faillites de banques
faillites des états (?)
chômage
ok mais aussi,
raréfication des matières premières,
dégradations de la biosphère
sans oublier,
Les conséquences politiques (?) :
insurrections populaires (?)
états en faillites (?) -> fascisme ?
Ma « diatribe » peut sembler quelque peu extrêmiste, alors que partout on ne parle que de « reprise » pourtant ce que je trouve réellement fascinant dans notre « époque » c’est la perte total de « sens ». J’irais même plus loin, nous vivons dans un total contre-sens, permanent, alimenté par les Etats, les médias, les principaux acteurs financiers.
Que signifie un monde où le mensonge est érigé en vérité (sur le plan économique, politique, philosophique) ?
Paul parlait de veaux …
Il semble qu’au moins ici, certains aient choisi de fuir l’abattoir, constituant de fait d’autres chemins vers la citoyenneté et une nouvelle forme de » vivre ensemble ».
Je reste convaincue que cette « crise » constitue une formidable opportunité, ne l’oublions pas, et continuons notre travail de « cerveau collectif », tout cela ne sera pas vain !
Une longue récession, ça risque donc de ressembler de plus en plus à une dépression. Non ?
Mondialisation.
Comment assurer la pérennité de l’économie occidentale face à ça ?
Un reclassement à 69 euros par mois en Inde pour des salariés… du Tarn
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/05/11/69-euros-par-mois-telle-est-l-offre-de-reclassement-en-inde-de-9-salaries-du-tarn_1191484_1101386.html#xtor=RSS-3208
Un chômeur depuis le 01/01/09
Reprise graduelle selon C. Lagarde… introuvable selon l’INSEE… pendant ce temps, Caterpillar tente un passage en force.
lundi 11 mai 2009 (Le Monde)
La production industrielle française poursuit son recul
En mars, la production industrielle française a enregistré un nouveau recul, le septième consécutif, hypothéquant les espoirs d’une reprise imminente de l’activité. Selon les chiffres publiés par l’Insee, lundi, la production industrielle s’est repliée de 1,4 % par rapport à février, où elle avait reculé de 0,9 % (contre 0,5 % précédemment estimé). Ce recul est bien plus sévère que celui annoncé par le consensus des économistes interrogés par Bloomberg (-0,5 %). La seule production manufacturière (hors énergie) s’est contractée de 1,1 % en mars, après avoir reculé de 0,8 % en février. La production des industries agricoles et alimentaires, elle, a diminué de 0,6 %.
On n’a pas encore tout vu.
Le premier Airbus A320 assemblé en Chine volera en mai 2009.
http://www.technochina.fr/news/fevrier2009/art1-airbus-A320-chine.htm
Toute la haute technologie est en train d’y passer : Airbus A320, TGV, ….
Le déficit commercial de la France s’est creusé en mars à 4,884 milliards d’euros, après 4,124 milliards en février, selon les Douanes.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20090507trib000374293/le-deficit-commercial-francais-se-creuse-encore-en-mars.html
Un chômeur pas prêt de s’en sortir.
@ septique:
on peut dire cela, en tout cas l’idée de la monaie fondante n’est pas, pour moi, une idée « fondante »!
jf