Ce texte est un « article presslib’ » (*)
J’écrivais le 1er avril dans La situation économique continue de se dégrader aux États–Unis,
J’ai eu le sentiment samedi dernier sur BFM, dans USA Hebdo, qu’on m’encourageait fermement à rejoindre le chœur des optimistes. J’ai répondu que pour que la situation s’améliore aux États–Unis, il faudrait d’abord que le nombre de chômeurs supplémentaires cesse de dépasser le demi-million mensuel, comme il l’a fait ces trois derniers mois. Il faudra donc encore attendre au moins un mois avant de se réjouir puisqu’on annonce aujourd’hui que 742.000 emplois auront été perdus en mars dans le secteur privé.
On ne se réjouira pas encore ce mois-ci puisque 539.000 emplois furent perdus en avril, chiffre qui se serait monté à 605.000 si le gouvernement américain n’avait pas enrôlé durant le mois 66.000 contractuels en prévision du recensement de 2010. Le scénario catastrophe était que le taux de chômage atteigne les 9 % vers la fin de l’été, or les 9 % auront donc été atteints en avril.
Pendant ce temps-là le nombre des Américains toujours employés bien qu’ayant atteint l’âge de la retraite continue de croître, pour atteindre pour la première fois les 16,9 %. La raison en est simple : la retraite par répartition se monte à peu de choses aux États–Unis et les fonds de pension des entreprises ont progressivement été remplacés au cours des années 1990 par la retraite par capitalisation du type 401(k) ou IRA, formules largement laissées à l’initiative du cotisant. Constituées essentiellement d’actions des firmes qui emploient les futurs retraités, ces plans ont fondu comme neige au soleil avec la dégringolade de la bourse au cours des années récentes. Les petits malins qui avaient choisi de plutôt placer leurs économies dans la pierre, confiants dans la loi coulée dans l’airain que « le prix de l’immobilier ne baisse jamais », ne sont bien entendu pas mieux lotis aujourd’hui.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
38 réponses à “Aussi grave que prévu”
@Jean-Louis,
Ce n’est pas moi qu’il faut remercier mais Ignacio Ramonet et ses compères, sans qui cet accord aurait certainement été signé ! Quand les journalistes font leur boulot de contre-pouvoir, cela peut vraiment faire changer les choses. Cet épisode me l’a appris.
Ravie en tout cas d’avoir pu vous être utile.
Bonne soirée à vous et à tous !
@Michael et Igor,
Je vais creuser cette histoire d’AGCS, certainement une version édulcorée…ce qu’ils ne peuvent avoir en un coup, il tenteront de le prendre en trois…
Mais pourquoi cet accent sur le ù d’Opposùm ? Enfin, là n’est pas l’essentiel…
Ce qui est bien est qu’ici, au milieu de tous ceux qui espèrent un système meilleur, Opposùm craint lui, un système pire (attitude commune à beaucoup de conservateurs). Cette attitude, saine en elle-même, conduit à l’immobilisme, à l’inaction, à la passivité. Il me semble certain que cette peur est aujourd’hui dominante et a pour effet de laisser le système capitaliste dominant poursuivre tranquillement sa prédation et ses destructions. Le système suivant risque donc fort de ne pas être imaginé par des idéalistes mais réalisé par des opportunistes qui profiteront du chaos inéluctable qui se prépare (pas seulement la crise financière mais son addition à la crise écologique qui enfle peu à peu…).
Donc, ce que je veux dire à Opposùm est que le principe de précaution ne veut pas dire « dans doute abstiens-toi de toute action » mais bien « dans le doute prend les mesures pour éviter le pire ». Et dans ce cas, je crois vraiment que la capitalisme doit être d’urgence dépassé. Mais d’accord, avançons pas à pas et sans plan définitif préconçu (et dans la joie de l’action collective : lire à ce propos les ouvrages essentiels de Miguel Benasayag).
@Alain A
Votre histoire d’accent m’a bien fait rigolé et rien que pour ça (et parce que je sais que vous êtes bruxellois) je vous file un lien vers le programme de l’excellent Cinéma Nova (rougis pas Phil, j’insiste).
La programmation réunit de nombreuses oeuvres dans le cadre d’une réflexion sur » les droits de propriété intellectuelle ».
(je signale qu’il y’a aussi un bar sous les salles, à l’ambiance très sympa) :°)
http://www.nova-cinema.org/prog/112/nova112.pdf
@ghostdog
… là ce soir je capte rien
un autre indice?
N.B.:la dernière phrase; « Les petits malins qui avaient choisi de plutôt placer leurs économies dans la pierre, confiants dans… »
Quel est le ratio des maisons bois/ pierre aus U.States. Quel taux de dégradation si l’habitat est inoccupé ?
Dans ma région, le Condroz, réputé pour ses solides bâtisses de pierre (ou de briques), sur la décennie écoulée, la demi-douzaine de maisons intégralement sinistrées par le feu qu’il m’a été donné de voir sont à nouveau habitées …
Il ya baraques & Barrak’s, au bas mot …
@Phil,
Pardon, je parlais à un autre Phil, qui programme les films au Nova et qui passe parfois sur ce blog. Sorry…
Et, bonne journée !
Merci Ghost
J’irais bien voir « The Corporation ». J’aurais un exemplaire de « La Crise » sous le bras et je saurais peut-être enfin pourquoi ce surnom qui me fait penser à Baskerville…
@ Charles
Je vous remercie d’avoir attiré l’attention sur un article de mon site; comme nous le savons tous, ce n’est plus tant la pensée que sa diffusion qui est le grand défi.
@ tous
Comme plusieurs l’ont souligné, il y a des raccourcis dans les textes que je propose. Il y a deux (2) explications. 1) je vise une vulgarisation et, surtout sur Agoravox ou autres journaux-citoyens, l’intention est de lancer un débat, parfois une polémique. 2) Les textes repris ici font partie d’un corpus d’environ 1 2 00 écrits parfois assez longs qui constituent une vision cohérente. Ce qui semble ne reposer sur rien repose – du moins je l’espère – sur les textes précédents. Vous êtes cordialement invités à
venir vous en assurer sur le site : http://nouvellesociete.org ou le blogue: http://nouvekesociete.wordpress.com