Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je ne suis pas intervenu récemment dans les discussions des billets que j’ai consacrés à la monnaie. La raison n’en est pas un manque d’intérêt mais plutôt un intérêt accru : j’ai en effet consacré un effort soutenu à développer un outil analytique pour en parler mieux.
J’ignore encore comment vous parler systématiquement de cet outil, en feuilleton ou à l’aide d’un billet beaucoup plus long qu’à l’accoutumée. Je prendrai une décision à ce sujet dans les jours qui viennent. En attendant, je vais vous décrire rapidement le projet. Pour établir un parallèle et bien que ce parallèle ne me soit venu à l’esprit qu’une fois l’entreprise pratiquement achevée, ce que j’essaie d’accomplir pour la monnaie est du même ordre que ce que Freud réalisa pour la psychologie.
Avant Freud – et encore aujourd’hui pour cette partie de la psychologie qui ignore l’apport psychanalytique – on se penchait sans problème sur la psyché humaine en utilisant à son propos le vocabulaire de la langue de tous les jours : les mots qu’elle a spontanément inventé pour en parler. On peut ainsi parler de « croyance » ou d’« intention » et considérer qu’il s’agit de causes réelles de nos comportements. Freud considéra des mots comme ceux-là comme relevant d’une « psychologie populaire », et inutilisables en tant que tels. Qu’est-ce qu’une croyance s’interrogea-t-il ? Une disposition à agir de telle ou telle manière dans certaines circonstances. Qu’est-ce qu’une intention ? Une représentation au moment Ti d’un résultat obtenu au moment Ti+n. Et ainsi de suite. Bien sûr, il ne s’agit pas là d’un simple changement de vocabulaire parce qu’une fois l’analyse achevée, c’est un tout autre modèle de la psyché humaine qui en aura émergé.
C’est quelque chose du même ordre que je tente d’accomplir pour la monnaie. Comme je l’ai dit, je ne présenterai pas ici un résultat final mais juste un échantillon de mon nouvel outil pour vous faire comprendre le sens du projet.
Je distingue d’abord différents types de transactions, dont certaines sont des combinaisons d’autres. Une transaction est une transition au moment Ti entre deux états. Ainsi dans le don, le don lui-même est la transition entre un état où un agent X possède un objet a et un autre agent Y ne le possède pas et un nouvel état où la situation est inversée : X a été dépossédé de a que Y possède désormais. J’appelle les objets tels « a », des marchandises.
L’une des marchandises possibles est l’argent : c’est la seule marchandise n’ayant pas d’autre fonction que d’être échangée. Le troc est un double don simultané. Si l’une des marchandises impliquées dans un troc est de l’argent, on parlera d’achat-vente. Un prêt est une double transaction : au temps Ti une marchandise passe de X à Y, tandis qu’au temps Ti+n, elle repasse de Y à X.
Une reconnaissance de dette est la trace d’un prêt : elle mentionne une transaction passée (au temps Ti) et une transaction à venir (au temps Ti+n) : la restitution. Si une reconnaissance de dette implique de l’argent, elle mentionnera le plus souvent trois transactions, dont deux à venir, la seconde à venir étant celle d’un « cadeau » – les intérêts – dont le montant est proportionnel à l’intervalle de temps Ti+n – Ti. On comprend que je parcours ici à toute allure ce qui exige de beaucoup plus vastes développements.
Une fois parvenu à ce niveau, la combinatoire commence à donner le vertige, le point d’articulation d’un tout nouveau niveau de complexité découle de la titrisation , c’est-à-dire l’émission de titres : à savoir la transformation d’une reconnaissance de dette (trace de transactions à venir) en marchandise. Il suffit pour cela d’assurer la transférabilité d’une reconnaissance de dette : les deux transactions que sont la restitution et le versement d’intérêts seront toujours à la charge de Y mais le « X » sera devenu « flottant », au bénéficiaire initial X sera substituable un nouveau bénéficiaire Z.
Je ne vous en dis pas plus pour le moment. Juste quelques observations : on aura déjà compris que si l’on appelle « monnaie » tout ce que j’ai mentionné plus haut, la confusion sera totale. On aura aussi compris intuitivement ce que représentent les « masses monétaires », les agrégats M1, M2, M3 : ils représentent l’addition des montants associés aux reconnaissances de dette et aux titres, chacun représentant des traces de transactions ou de combinaisons de transactions à venir. Dire cela des masses monétaires, c’est indiquer suffisamment que le seul intérêt qu’elles présentent est de constituer un baromètre : plus le volume de M2 est grand par rapport à celui de M1 et plus celui de M3 est grand par rapport à celui de M2, plus le système financier est dégradé parce que plus sa fragilité est grande, chacune des transactions à venir qui constituent cet immense édifice courant un risque de ne jamais se réaliser.
Voilà : j’espère vous avoir mis en appétit. J’ai bon espoir personnellement que cet outil analytique pour la monnaie nous permettra rapidement d’y voir beaucoup plus clair.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
112 réponses à “Un outil analytique pour la monnaie”
@ Crapaud rouge
Vous êtes dans l’erreur.
Bien entendu, la monnaie a pris des formes diverses, qui ne vous interesse pas. Soit. (Encore que parfois cela permette de mieux comprendre ce qui se passe : une monnaie gagée sur elle même n’a pas les mêmes attributs qu’une monnaie papier dont la contrepartie est une créance à très long terme).
Vous voulez aller au fond des choses, c’est bien . Et donc vous voulez comprendre et partir de la valeur. Parce qu’effectivement , la monnaie mesure la valeur qu’on donne aux choses.
La valeur est une notion relative , à teneur humaine très forte : elle ne dépend que de l’idée qu’on s’en fait.
Nous sommes bien d’accord.
Mais l’idée que l’on se fait de la monnaie elle même (et de ses fonctionnements) n’a rien à voir avec l’idée qu’on se fait de la valeur d’une chose. Même si efectivement cette représentation, elle aussi est à haute teneur humaine.
Rien à voir.
Vous confondez 2 choses distinctes.
Mais auriez raison de dire alors que l’un ou l’autre , la valeur ou bien l’idée que l’on se fait de la monnaie , serait peut-être l’essence de la monnaie ?
Prenons la valeur : toute obscure que soit cette notion, il est bien évident que la valeur n’existe que dans un objet ou un service , dans son rapport avec moi (être social) : c’est lui qui sera déteminant : la monnaie n’est qu’une traduction.
Bien sûr la valeur des choses varie, bien sûr la monnaie à également une ‘valeur’ plus abstraite intrinsèque, de par le pouvoir d’acquisition qu’elle permet.
Bien sûr. Mais la valeur , expression finale et fugitive de la monnaie ne permet absolument pas d’en comprendre les mécanismes. La valeur est attachée à la chose.
Passons aux représentations que l’on se fait de la monnaie . Aurions nous là l’essence de la monnaie ?
Avez vous noté le nombre de représentation diverses , protéiformes , opposées que chacun peut avoir de la monnaie ? et avez vous relevé que, pourtant, elle fonctionne ?
C’est à dire que la monnaie fonctionnerait malgré nous … selon des règles dont nous ne serions pas conscients … étrange ! Disons plutôt que n’en n’en connaîtrions que des segments ou que nous ne verrions peut-être un même segments , une même règle, selon des angles différents , ou même des angles assez incompatibles … (parce que la vie est courte)
Bref l’idée que l’on peut se faire de son fonctionnement n’aurait pas de lien avec sa réalité profonde. Et donc, si interéssantes (et même indispensables à connaître) soient les ‘représentations’ ou ‘explications’ qu’on peut s’en faire, le chemin pour acceder à l’essence monétaire, ne passe pas par là.
Voici ma traduction poétique et libre, d’un aspect du billet de Paul.
PS/ Le coeur d’une monnaie est l’échange.
Un billet perdu, là, sur un trottoir avant d’être trouvé c’ est un échange dont les objets ne sont pas fixés , dont les agents ne sont pas déterminés, dont la réalisation n’est pas précisée ni dans le temps, ni dans l’espace.
Vous allez ramasser ce billet et ce faisant ce billet va vous assigner une place, un comportement, un rôle social au travers de votre projet individuel. Un signifiant / Un signifié ? A vrai dire ça me dépasse.
Mais il y a bien une structure inconsciente qui vous englobe et vous dépasse , et vous n’êtes qu’un terme d’un jeu de go dont la règle encapsule un principe jurique caché déchaînant des dysfonctionnements … sévères ,burnés ,violents et aveugles , lorsqu’on cherche à trop le mettre sous tension.
Notez que d’autres faits sociaux nous dépassent et fonctionnent à l’insu de notre plein gré.
à Pierre-Yves D
je comprends le système actuel comme une usine à gaz, en latence -sinon déjà en cours- d’implosion
(si autrefois Montesquieu fut franc-maçon, et non maçon de l’ancien régime mais essayiste « constructeur » d’une nouvelle architecture politique, je plaiderais pour la « franc-plomberie », et non pas de la « plomberie » -la titrisation étant un exemple de l’ordre de la « plomberie », dans notre régime capitaliste actuel … )
Bonsoir,
Il est particulièrement désagréable de passer pour l’emmerdeur de service mais je dois avouer que ramener Freud ou Lacan dans cette soupe aux choux pourrait contribuer à rendre le plat franchement gazeux.
Je vous lis depuis plus d’un an M. Jorion, et je vous souhaite véritablement d’apporter autre chose que du Freudisme à tout ce cauchemar, ce sont de bonnes et valides molécules qu’il nous faut, pas d’un placebo mythologique. Des faits, rien que des faits, un diagnostic et un traitement immanent. Enfin ce que j’en dis moi, c’est pour en dire, sur un canapé on est si bien.
J’ai quotidiennement sur moi, c’est à dire dans ma poche, entre 40 et 100 euros, je suis certainement privilégié, cela me sert à payer mes cigarettes, mon pain, un bon steak, mes bières, quelques fois des revues, ou un resto, voir mon coiffeur. Pour le reste j’utilise ma carte de paiement à puce (dit « carte de crédit » qui n’en est pas une me concernant). Pour ce qui est plus que le reste, je rencontre mon banquier qui me fait signer des papiers, qu’on dit être un prêt. J’ai la chance d’avoir un travail. Ce travail , j’y vais tout les matins, même si en fait je préférerai rester au lit, j’aime être allongé moi aussi, et sans trop savoir pourquoi, en le faisant, plein de gens y trouvent leur compte et en retour me rémunèrent pour m’être levé ce matin, et je pense qu’eux aussi se sont levés ce matin. Cela rassure énormément mon banquier, je l’ai remarqué.
Sincèrement, je pense que le fait de ne pas rester allongé sur mon lit ou mon divan y est pour beaucoup dans mes relations avec mon banquier. Ce qui me surprend en fait, une fois ceci étant posé, c’est que beaucoup de personnes se lèvent aussi le matin, comme moi, mais le banquier s’en moque, il ne leur accorde aucune forme d’attention. En fait personne ne leur prête attention même parmi ceux qui se lèvent aussi le matin et qui pourtant trouvent intérêt à ce que moi je me lève le matin.
Vous aurez donc compris que la solution ne consiste pas à se lever le matin. Mais quoi donc alors ?
@ Paul:
Votre démarche m’intéresse beaucoup, et je la suivrai attentivement en la ponctuant de réflexions « geselliennes »!
Silvio Gesell écrit bien dans l’ordre économique naturel (que je connais par coeur!) que la monnaie est bien la « marchandise pure » au sens où elle reste indéfiniement marchandise et sur le marché, alors que la machandise (biens et services) apparaît sur le marché pour en disparaître aussitôt.
le mouvement de la monnaie est circulaire, celui de la marchandise est linéaire, et l’échange s’effectue au point tangentiel entre la ligne d’écoulement de la marchandise et la monaie circulante.
L’interprétation en ces termes est de moi, mais le départ est chez Gesell.
Je suis par ailleurs sensible à votre référence à Freud et à Lacan, étant psychanlyste lacanien moi-même.
Cela fait des années qu je tente de faire la « synthèse » entre l’approche lacanienne et ses registres du symbolique, de l’imaginaire et du réel et ce que Gesell peut nous apprendre de si radicalement simple et nouveau sur la monnaie.
Il me semble que votre approche m’aidera certainement pour avancer!
Le problème de la psychanalyse est de maintenir le signifiant ouvert à l’interprétation et la ré-interprétation, de laisser ouverte la question de la conclusion,
celle de l’économie est, pour moi, celle du maintien de la monnaie, en tant que signifinant à tout faire, indéfiniement en mouvement pour qu’elle ré-interprête toujours à nouveau la demande de celui qui s’en sert.
La monnaie traditionnelle a un côté « fétiche », un côté « valeur en soi » qui fait que cette monnaie refuse de plus en plus l’usage d’échange que nous pouvons en faire, ou alors, il faut « dédommager » celui qui prète son bien précieux, moyennant intérêt – ce qui revient à pervertir l’usage de la monnaie vers une jouissance privée, alors que l’institution monétaire est clairement et nécessairement une istitution publique!
La solution: la monnaie anticrise, vivante (et fondante)!
à+, si cela trouve un écho,jf
Je n’ai pas pu résister, je sais ce n’est pas bien, mais quand même….
http://www.hbo.com/events/intreatment/index.html
Les incantations à Sa Liquidité que braient immanquablement les thuriféraires de la Bourse et de la finance ne visent qu’à enfumer les esprits des pékins. Les ministres du culte financier pressent le capital comme un citron bientôt séché dont ils auront eu à coeur de recueillir l’ultime goutte de jus bien liquide en leurs bourses.
La liquidité, son excès, ou plutôt l’excessive liquidité du système financier actuel est, à mon avis, la cause principale de ce que ce système a tendance à se noyer dans son liquide justement.
Il est surprenant de constater que, d’après le dictionnaire, le mot liquide vient de l’italien liquido qui signifie libre de dettes. Pourtant tout ce système de liquidité, qui devrait donc en principe être libre de dettes, ne fonctionne que par et pour l’endettement.
Il y a donc une différence de base entre le liquide, qui n’est pas de la dette, et le non-liquide, qui est de la dette, une différence de base entre monnaie liquide et dette. Ce que la Bourse permet c’est leur indifférenciation.
Il faudrait donc des limites à la liquidité, à la transformation de titres en monnaie, retransformée à son tour en titres, et ainsi de suite, chaque transformation n’ayant en elle-même strictement aucune justification fondamentale si ce n’est d’apporter un bénéfice à son opérateur. Comme toute entreprise en régime capitaliste, le monde financier ne vit que pour lui-même, son intérêt propre étant soi-disant censé promouvoir l’intérêt général. (En fait le capitalisme met l’intérêt général aux ordres de l’intérêt particulier.)
Le principe du gain financier est l’anticipation, c’est-à-dire saisir l’occasion avant les autres. Ce n’est même plus l’intérêt, qui requiert la durée temporelle, qui importe. Non, c’est la négociation, c’est-à-dire l’acte d’achat et/ou de vente de titres. Que le temps ou la temporalité soient rapides ou lents, et donc que la circulation soit rapide ou lente, ne change rien, ce qui importe c’est l’ordre dans lequel se font les opérations de négociation : y être avant; le premier à saisir l’occasion gagne la plus-value, les suivants perdent.
Le gain financier n’a plus aucun rapport avec autre chose que lui-même, c’est-à-dire qu’il ne reflète que la sphère financière dans ses rapports à l’intérieur d’elle seule, autrement dit dans la séquence de ses opérations ou dans l’ordre dans lequel se font les négociations, sans que cela ait un rapport avec un extérieur (par exemple les firmes productrices), extérieur qui lui est concerné par la durée de l’intérêt.
De plus la densité du temps boursier est fonction de l’infrastructure matérielle de la Bourse et influe sur la liquidité. Avec l’informatique, la ronde s’accélère, le temps dure moins, ajoutant encore par cela au côté liquide de la Bourse.
Historiquement les Bourses de valeurs mobilières (Grèce, Rome, etc.) ne traitaient que des marchandises. Mais maintenant on voit mal comment les actions, qui sont des parts de co-propriété d’une firme, peuvent être considérées comme des marchandises ou des valeurs mobilières, alors qu’il s’agit manifestement de titres immobiliers (dont la contrepartie, sauf erreur, se retrouve au haut de bilan comme « immobilisé »), même si la doxologie considère le contraire. Il y a donc un défaut de base à rendre liquide ainsi à outrance ce qui selon moi ressortit plutôt à de l’immobilier, donc à du non-liquide.
Cette liquidité généralisée du capital, qu’est la Bourse, n’est pas un indicateur de la confiance dans l’économie. Le marché d’occasion des titres (i.e. la Bourse) n’est qu’un indicateur de l’exigence, non de la confiance, il est un indicateur de l’exigence du gain financier liquide. Et donc un indicateur de la méfiance dans l’économie ou le capital placé et non-liquide. Et si cette exigence n’a au départ aucune limite, en principe les acteurs financiers devraient se limiter les uns les autres. Mais cette ronde du gain financier liquide cherche sans relâche quelque brèche par où pomper de quoi bien profiter, arrivant à rendre liquide même le droit (options, warrants, futures; en gros des garanties contre les fluctuations aléatoires de prix).
Il s’agit alors de séparer la monnaie de circulation de la monnaie de thésaurisation, le liquide du non-liquide. On pourrait titriser la monnaie de thésaurisation comme investissement ou créance, comme une sorte de stock bloqué à la circulation en prévision du futur et sur lequel ce même futur fait fond, raison d’être des fonds. Il faudrait alors supprimer la convertibilité automatique des titres en monnaie, solidifiant ainsi un système qui sinon se noierait dans son propre liquide. Et on cantonnerait la spéculation dans les ordres d’arbitrage liant vente et achat de titres, en n’autorisant qu’exceptionnellement les ordres séparés d’achat et de vente (en cas d’entrée sur le marché ou de sortie définitive). Mais comment comparer des titres, comment mesurer la valeur de titres, afin de les échanger sans passer par la case liquidité? Pour cela il faudrait un titre étalon, qui pourrait faire la médiation entre deux titres différents. Ce serait le titre de base de l’État ou de l’Union; et ce serait les transactions effectives avec ce titre de référence (et éventuellement entre les titres de référence des États ou Unions) qui permettrait la comparaison entre deux titres hétérogènes.
@ Les remarques d’alotar me semblent assez sensées!
Mais, hélàs, je ne vois pas trop comment on peut agir en pratique dès lors que la détention liquide ne subit pas le « risque » qu’il génère pourtant.
Imputer le risque à celui qui le cause, à savoir, celui qui se maintient « liquide » opère de fait un retrait de monnaie circulante, et ceci retentit sur toutes les autres valeurs qui supportent dès lors une baisse générale. Ce n’est pas pour rien que l’on parle de « prise de bénéfices » après quelques jours de hausse des bourses!
Il ne s’agit pas d’empêcher la négociation boursière des achats -ventes permanents, mais il s’agirait de mieux imputer le risque à ceux qui le causent!
C’est un des effets recherché et obtenu par l’émission de la monnaie anticrise (fondante), le moyen le plus efficace et le plus généralisé qui soit pour limiter les effets les plus « scandaleux » d’une spéculation effrénée!
jf
Marc Peltier 20.39 dit
« D’ailleurs, une partie du problème ne réside-t-il pas dans le fait qu’une monnaie est comprise en même temps comme une unité de flux (valeur d’échange), et comme une unité de potentiel (réserve de valeur)?
Ce qui serait une vraie monstruosité pour un physicien… »
D’après moi, la seule « solution » (entourloupe) qui a été trouvée pour concilier les deux (et donc résoudre le problème du facteur temps), c’est l’utilisation des taux d’intérêts.
N’est-ce pas cela qui constitue le problème fondamental?
Considérons les secteurs ecofinanciers c’est-à-dire les EAN 65, 66, 67, 70, 71
65 – Intermédiation financiere, dont banque centrale (651A), banques_C (651C), etc. jusqu’à 652F en ajoutant « venture-capital »
66 – Assurance : Vie et capitalisation (660A), Caisses de retraite (660C), etc. jusqu’à 660G
67 – Auxiliaires financiers et d’assurance (A, C, E, Z)
70 – Activités immobilières : financières (promo avec preinvestissement, crédit, gestionFi de parcs, location-en-gros, leasing,..)
71 – Location sans opérateur (promo avec preinvestissement, crédit, gestionFi de parcs, location-en-gros, leasing,..)
Le Passif de ces établissements investissements est double C et D
C pour Capital et D pour Dépôt-Dette
En C vous trouvez tous les acteurs : Fiducies – trusts anglo-saxons – Noyaux-durs-cooptés – Minoritaires de titans – Minoritaires de pucerons – Etats-investisseurs (« Argent réputé ‘public’ ») – Retraité(e)s – Transnationales – PME – Fonds de pension – Gangsters – Mafias – Trafiquants – Fonds souverains dont familles royales – Rentier(e)s avisé(e)s ou bien à la dérive – FaceNordAssurances (dites offshore) – FaceNordBanques (dites offshore) – FaceSudAssurances (dites onshore, cies cotéss ou non), FaceSudBanques (dites onshore, cotées ou non) – Etablissements d’achat-vente de titre dont banques d’investissement – Maisons de Bourse – Entrepreneurs financiers – Business Angels – ChevaliersBlancs (en sommeil ou actifs) soutenus par X ou Y.
En D vous trouvez les mêmes acteurs.
Tout le monde joue t-il dans la même cour ?
Commençons par C, le Capital
— C1: Titres privilégiés (Classe A, Classe B, etc.)
— C2: Titres subordonnés (Stock-options, etc.)
— C3: Titres ordinaires avec droit de vote
— C4: Titres ordinaires sans droit de vote (droit aux dividendes)
Commençons par D, les Dépôts-Dettes
— D1: Formes de créances privilégiées à profit sans risque
— D2: Titres de créances subordonnées (Obligations convertibles de type A, B, etc.)
— D3: Dépôts ordinaires avec rémunération honnête
— D4: Dépôts ordinaires avec rémunération honnête
— D5: Dépôts ordinaires sans rémunération ou au minimum-minimum
Ecartons le sujet qui fâche, l’origine des Dépôts-Dettes
… tout et son contraire : Petite épargne gagnée avec labeur-sueur-et-années-pénibles – Gigantesques gains légalement licites mais indéfendables devant une Assemblée d’honnêtes gens (non parlementaire) – Gigantesques gains illicites – Brigandages – « Tranches d’intérêts Cumulés B » pour compenser l’inflation créée par les majorités parlementaires et les Banques Centrales – « Tranches d’intérêts Cumulées D » pour compenser de réelles prises de risques – « Tranches d’intérêts Cumulées E, infondées » résultant de la liberté donnée à telle ou telle forme d’orga finnacière de se servir sans prendre de risque (dans tel ou tel type d’intermédiation ou de transaction : décalages de dates-de-valeur, etc.).
Ici, l’objectif n’est pas de chipoter sur la qualité éthique des Sources-de-Fonds au Passif
L’objectif est de caractériser leur nature pour, ensuite, caractériser les « formes de monnaie« , les « formes d’échange »
ou plus exactement les « formes de risques » ou de « non-risque_pour_X_ou_Y »
dans le jeu d’intermédiation
ENTRE les formes d’Emplois-de-Fonds à l’Actif, d’une part,
ET les formes de Sources-de-Fonds au Passif (cf. supra D1, D2, etc.), d’autre part.
Avant de parler de la prochaine GoogleServiceMoney, du xxx de Second Life ou
des prochaines formes de monnaie électronique,
il est préférable de déjà bien comprendre les items qui se trouvent déjà à l’Actif et au Passif
des établissements connus. Par ex. en « consolidation onshore France » : AXA, BNP, SocGen, etc.
N’est-ce pas assez simple ?
Ne suffit t-il pas de commencer par lire les pages PASSIF et ACTIF de leurs Rapports Annuels ?
L’exercice devient moins évident quand on cherche à donner un sens à certains chiffres cumulés
du tableau suivant « Mouvements des Sources-et-Emplois-de-Fonds »
En effet, l’évaluateur entre alors dans des jeux d’hypothèses sur la nature des intermédiations entre Passif et Actif,
d’hypothèses sur la nature des transactions et des risques afférents.
Saisir les « valeurs d’échange » (ou d’intermédiation entre ces « richesses », passées ou potentielles)
c’est saisir la nature de ces risques … inexistants … ou bien réels mais refilés à d’autres …
ou encore réels et planqués dans un hors bilan … ou encore réels et pendants en direct …
ou encore réels mais compensés par des garanties qui sont comme çi ou comme ça … etc.
Des ouvrages décrivent assez simplement toutes les formes d’intermédiation à toutes échéances :
très très courtes (jour-le-jour, semaine), courtes et + (3M, 6M, 1an, …), moyennes (3-5), longues (10-15 ans), très longues :
« Money Markets » (swaps divers et variés, TB, commercial paper, …), crédits documentaires, lignes à un an, crédits moyen terme, etc.
Ensuite, quel est le restafaire ?
(1) Clarifier celles qui sont impliquées, de près ou de loin,
dans les passages entre FaçadeNord et FaçadeSud,
(2) Différencier les flux SudNord ou NordSud ponctuels et les flux qui, au contraire, se fondent sur la constance et la récurrence
(3) …
à : LeClownBlanc
Je t’interromps un instant …
tu es long … long !
J’ai une petite question qui me trotte …
Je reviens sur ton découpage pédago en C et D pour le Passif.
Chacun a lu dans la presse qu’il n’était actuellement pas rare d’observer un « leverage » de 1-à-20 voire de 1-à-30
dans la structure de Passif de certaines banques, c’est-à-dire 20 ou 30 fois plus de Dépôts-Dettes que de Capital
en contrepartie de tous les emplois-de-fonds, plus ou moins pourris ou inquiétants qui sont à l’Actif.
Du coup je m’interroge.
Pourquoi ne parle t-on pas de DepoDettisme plutôt que de Capitalisme ?
Eh oui ! … s’il y a 20 ou 30 fois plus de DepotDettes que de capital !
… ne serait-ce pas plus représentatif du réel ?
@Paul Jorion : Je vais faire des comparaisons « farfelues », mais votre témoignage sur les souvenirs proches de la naissance me suggèrent que vous les lirez avec bienveillance. Il y a un point commun entre Freud et Einstein : le premier a mis en évidence la psychologie cachée, que l’on conserve par-devers soi et qui ne s’échange pas explicitement, tandis que le second a révélé l’énergie cachée de la matière, qui ne s’échange pas avec des phénomènes électroniques, réactions chimiques et électricité, mais par des réactions nucléaires. De manière analogue, l’Amazonie est actuellement exploitée pour ce que l’on sait échanger, bois, minerais et cultures sur brûlis, mais pas pour sa biodiversité dont la valeur, inestimable pour les scientifiques, restent « cachée » aux yeux des économistes du fait qu’elle ne participe à aucun échange. Partant de là, une nouvelle théorie de la monnaie ne pourrait m’intéresser que si elle conduit à repenser la notion d’échange pour y intégrer ce qu’on ne peut pas échanger, à savoir : ce que l’on veut conserver pour l’avenir. Dès lors que la volonté s’en mêle, c’est aussi une transaction, malheureusement celle que l’on néglige le plus, car préserver représente toujours un coût (ou un manque à gagner). Mais ne serait-il pas plus intelligent de préserver notre capital en nature plutôt que le capital monétaire des capitalistes ?
@ j.finchk
Pouvez-vous confirmer que la monnaie fondante à laquelle vous faites allusion sans vous lasser, ne concerne que les « billets » , la monnaie que le Larousse appelle fiduciaire, agrémentés de vignettes périssables?
Les « économies » placées sur des assurances vies ne fondraient donc que du simple fait d’une éventuelle inflation supérieure aux taux d’intérêts?
Rassurez les riches retraités qui ne consomment plus que le strict nécessaire à leur survie …et envisagent de laisser leur patrimoine chèrement accumulé à leurs descendants.
De nouveau d’accord avec vous crapaud rouge
Et je renvois de nouveau vers mon poste 12:49, 6 mai
Mais il faut s’étonner de rien on brevette même le vivant et des séquences de protéines.
On paie déjà l’eau, bientôt le CO2 et dans quelques années ce sera au tour de l’air que l’on respire.
à Blackhole
Votre propos de ce jour à 10:00 pose une question,
celle d’un analyste qui espère trouver un soutien auprès d’une science dure, la physique.
Mais, en « richesses monétaires » (ou pseudo richesses) ne sommes nous pas déjà trompés
par les deux expressions qui seraient des repères pour le physicien ?
« réserve de valeur« , d’une part : l’image du tonneau ou du solde au bilan (à l’actif ou au passif, en fin de période)
« flux, valeur d’échange« , d’autre part : l’image du tuyau ou du « pack d’écritures consolidées » qui se trouve sur chacune des lignes du Tableau « Sources & Emplois de Fonds » publié par n’importe toute banque cotée en Bourse.
Je vous invite à remonter à NuageBlanc
Hier soir 22:35
Un des organes les plus décisionnels de JP Morgan
son SUC justement : Sources & Uses Committee
les arbitrages ultimes, quotidiens et stratégiques, à adopter … entre Sources, d’une part, et Emplois, d’autre part
pour toute la pyramide bancaire.
Le problème de ces deux expressions ?
La « réserve-de-valeur » n’en est souvent pas une.
Dans ce monde sans étalon sérieux [Nota: ça pourrait changer un jour] le dépôt qui ne cherche pas l’intérêt perd, en ce système, irrémédiablement de sa valeur.
Ce serait déjà un peu différent
(1) si les Greenspan, Ben Bernanke et Trichet n’existaient pas
(2) si les taux-de-base bancaires étaient régulés — à zéro ou epsilon — par les peuples,
non par les majorités parlementaire qui laissent faire n’importe quoi aux « Associations Professionnelles de Banques » (British Bankers Association, etc.)
Quant au flux, il ne s’agit pas d’un gaz, d’un liquide ou d’un granulat
Il s’agit de tas trucs charmants, humains, n’ayant rien à voir les uns avec les autres
… transactions rodees depuis des siècles (ex. credit documentaire),
… combines consistant à faire prendre plus de risques à plus faible que soi
(ne pas confondre les metaBanques, grossistes-en-Argent, et les banques-naines-ou-moyennes
dont l’action est conditionnée (subordonnée) par les « lending limits » des metaBanques)
… transactions jouant sur des devises, chacune de ces « devises » n’ayant aucun référentiel
… transactions jouant sur des écarts de taux entre échéances, écarts qui sont soient couverts soient non couverts
… subtilités de passage entre FaçadeSud et FaçadeNord (offshore) ou le contraire
(peu de fantaisies ou d’improvisations dans tout ça)
… montages juridico-financiers tordus, presque incompréhensibles, même en relisant 3 fois la définition
… montages juridico-financiers bien-fondés, évalués, avec risques raisonnés et partagés entre co-banquiers
Qu’en dites-vous ?
Je renvoie…pardon
à Alotar
L’open-monaie dont ClownBlanc nous présente deux liens en documentation ( et qui si vous avez regardé Arte-Info, hier au soir, permet semble-t-il déjà à un ancien milliardaire russe ruiné de se refaire une bonne santé financière ) ne correspondrait-elle pas justement à une monnaie purement liquide ?
à Johanes Fink
j’ai pensé à vous en parcourant cet article, (il y a un lien mais … en anglais))
http://www.contreinfo.info/prnart.php3?id_article=2677
Crise financière : le problème de la trappe à liquidité résolu (par le Zimbabwe)
Comment sortir de la « trappe à liquidité », faire circuler l’argent dans l’économie pour relancer l’activité, en restaurant ce que les économistes appellent la vélocité monétaire ? Le Zimbabwe a mis en oeuvre une mesure radicalement iconoclaste qui pourrait somme toute fournir la solution désespérément recherchée par Bernanke et Geithner.
Contre Info, 24 avril 2009
Dans la théorie monétaire standard, la quantité de monnaie en circulation joue un rôle fondamental. L’inflation est définie par la fameuse formule « trop de monnaie à la recherche de trop peu de biens. »
De fait, une deuxième variable joue un rôle clé, c’est la vitesse de circulation. Le même billet servira à de multiples transactions. La même quantité monétaire pourrait donc théoriquement donner lieu à un nombre infini d’échanges… ou à un nombre nul, si la vitesse se ralentit jusqu’à zéro, c’est à dire si tout le monde thésaurise.
Ce ralentissement est celui constaté lors des situations dites de « trappes à liquidité » qui s’installent lorsque l’épargne de précaution s’accumule sous forme liquide, au détriment de la dépense, donc de l’activité, donc de l’emploi, donc des revenus, donc de la dépense…etc dans une spirale baissière sans fin.
Concrètement, les centaines de milliards mis à disposition du système financier n’en sortent guère. Les banques se constituent un confortable matelas, et de plus n’ont pas confiance dans la solvabilité future des emprunteurs.
Si la variable quantité devient inopérante, pourquoi ne pas alors tenter d’influer sur la vitesse ? Comment ? En réinventant la monnaie fondante, qu’avait préconisé au début du 20ème siècle Silvio Gesell, pour l’Argentine alors confrontée à une situation semblable.
C’est en tout cas la solution radicale que met en oeuvre la Banque Centrale du Zimbabwe [1]. Le billet reproduit ci-dessus porte une date de péremption (flèche), incitation très certaine à s’en débarasser au plus vite, et donc à le faire circuler….
[1] Le Zimbabwe, affligé d’une inflation qui se chiffre en milliers de pourcent n’est sans doute pas victime d’une trappe à liquidité. Mais c’est une autre histoire…
Référence : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2677
la titrisation fait penser néanmoins à l’escompte d’un billet à ordre.
cordialement
@ Blackhole et Crapaud rouge.
La monnaie est probablement au coeur de la crise actuelle.
Elle est un acteur majeur de chacun des nombreux système économique , mais ce n’est pas elle qui explique tout et détermine tout.
La question de la valeur de certains bien comparée avec la valeurs d’autres est capitale, vous avez raison !
Mais là, la monnaie ne peut rien. La monnaie , et c’est une de ses fonctions traditionnelles est aussi, en plus de l’échange de du refuge, un instrument permettant de mesurer et comparer des choses entre elles.
La monnaie procède donc à des équivalences entre les biens. Et certaines équivalence sont scandaleuses : mais là, la monnaie ne fait que traduire la cécité d’un système qui accorde plus de valeur à de la merde qu’à d’autres ressources essentielles.
Bref, la question est très bonne, mais la monnaie ne peut fournir aucune réponse (pour cette question là)
à Tatar
la monnaie fondante et l’open-monnaie, m’interpellent toutes les deux, sur les questions de la solidarité collective, de la répartition, …..
mais pas de la même manière
j’en suis donc de nouveau à me poser cette question là :
quelque part : Et si la seule chose que nous ne sachions pas faire, c’était de partager ?
@ Cecile
La question du partage est règlée dans les pays d’économie « sociale » par l’importance des prélèvements directs et indirects et par les protectionss sociale qui en découlent………théoriquement.
Cà permet de se donner bonne conscience …sans donner plus aux « autres ».
Le surplus étant destiné à l’aide à la famille.
en aperçu de l’open-monnaie
http://www.framablog.org/index.php/post/2009/04/01/open-money-monnaie-libre
Les « Quelques liens connexes
De l’open-source à l’open-money
Web2Rules – 2 mars 2009
A l’heure de la crise, le mouvement open-money propose une approche au moins aussi stimulante de l’économie que l’open-source l’est pour le monde du logiciel. L’open money, c’est la libération des moyens de paiement. Nos monnaies actuelles sont en effet en un sens des systèmes propriétaires : l’euro et le dollar sont gérés par des banques centrales qui décident de leur mode d’émission tout en se faisant rémunérer pour leur mise à disposition aux banques commerciales. Ces dernières redistribuent ces liquidités (avec effet de levier grâce aux mécanismes de l’argent scriptural et des taux de réserves obligatoires) aux agents économiques. Deux agents économiques voulant commercer avec de l’euro ou du dollar doivent donc nécessairement faire appel à un système commercial extérieur sur lequel ils n’ont aucun contrôle.
(…) Le système monétaire classique est donc bel et bien verrouillé comme l’est, dans un autre genre, un logiciel propriétaire. Partant de ce constat, l’open money reprend l’héritage des LETS (Local Exchange Trading Systems, en français SEL pour Systèmes d’échanges locaux) pour proposer des circuits monétaires alternatifs libres : il s’agit d’implanter au sein d’une communauté donnée une ou plusieurs monnaies que les membres gèrent directement. Les échanges entre membres ne sont dès lors plus soumis à des conditions extérieures à la communauté telle que la quantité et la qualité de la monnaie en circulation.
Open Money : bientôt chacun créera sa propre monnaie
Entretien avec Jean-François Noubel (cf ces vidéos) – Nouvelles Clés – juillet 2008
Vous avez déjà joué au Monopoly, n’est-ce pas, avec des joueurs et une banque ? Si la banque ne donne pas d’argent, le jeu s’arrête, même si vous possédez des maisons. On peut entrer en pauvreté, non par manque de richesse, mais par manque d’outil de transaction, de monnaie. Dans le monde d’aujourd’hui, 90% des personnes, des entreprises et même des États sont en manque de moyens d’échange, non qu’ils soient pauvres dans l’absolu (ils ont du temps, des compétences, souvent des matières premières), mais par absence de monnaie. Pourquoi ? Parce que, comme dans le Monopoly, leur seule monnaie dépend d’une source extérieure, qui va en injecter ou pas. Il n’y a pas autonomie monétaire des écosystèmes.
Le cinquième pouvoir monétaire
Jean-François Noubel – Le peuple des connecteurs – 22 novembre 2008
Souvent réduit à son aspect médiatique, le cinquième pouvoir est en fait une force de décentralisation : médiatique, énergétique, alimentaire… et aussi monétaire comme l’explique Jean-François dans cette vidéo enregistrée en annonce de la conférence qui se déroule sur le sujet à Mexico.
Le passage des monnaies uniques, c’est-à-dire de l’économie propriétaire et centralisée, à l’économie diverse et ouverte pourrait valoir un prix Nobel. Mais comme les autres transitions en cours, elle n’est pas l’œuvre d’une personne mais d’une multitude d’acteurs. Comme les nouveaux médias, les nouvelles monnaies existent déjà. Dans les jeux vidéo, partout sur les services d’échange en ligne, dans nos vies lorsque nous rendons services à un ami qui nous rend plus tard service…
La réappropriation de nos existences passe aussi par la réappropriation des monnaies d’échange. C’est possible à l’âge numérique. Avec ces nouvelles monnaies, la notion de croissance vole en éclat. Nous passons de l’autre côté.
KashKlash, ce qu’il y a après le cash !
Hubert Guillaud – InternetActu – 3 mars 2009
Tous nos échanges ne se fondent pas sur l’argent ni sur la valeur monétaire de ce que nous échangeons, expliquent les auteurs du forum. En échange d’une photo qu’on offre à la communauté Flickr, nous n’attendons pas nécessairement de l’argent en retour, mais plutôt un sentiment d’appartenance à une communauté, une visibilité, le plaisir de faire plaisir à ceux avec qui on l’a partage… Ce type d’échanges non monétaires n’a rien de nouveau, mais la question est de savoir si nos outils numériques peuvent favoriser leur renouveau ?
(…) A une époque où nous allons vers une monnaie virtuelle, le coût marginal d’introduire de nouvelles monnaies se rapproche de zéro, explique le consultant et éditorialiste David Birch, organisateur du Digital Money Forum britannique, d’où la probabilité qu’elles se démultiplient. Dans un scénario post-monétaire, quels autres types de biens et de services pourrions-nous échanger ? Comment persuader les gens de rejoindre votre économie alternative ? Comment expliquer ses bénéfices aux autres ?
Si l’Etat ne peut pas nous sauver, alors il nous faut une licence pour imprimer notre propre monnaie
Phyrezo – 25 février 2009
Dans son livre « The Future of Money », Lietaer fait remarquer – comme l’a fait hier le gouvernement britannique – que dans des situations comme celle que nous connaissons actuellement tout s’arrête brusquement à cause de la pénurie de liquidités. Mais il explique également qu’il n’y a aucune raison pour que cet argent doive prendre la forme de la livre sterling ou qu’il soit émis par les banques. L’argent ne consiste qu’à « un accord au sein de la communauté d’utiliser quelque chose comme moyen d’échange ». Ce moyen d’échange pourrait être n’importe quoi, du moment que tous ceux qui l’utilisent ont la certitude que tous les autres en reconnaîtront la valeur. Durant la Grande Dépression, des entreprises aux Etats-Unis ont émis des queues de lapins, des coquillages et des disques de bois comme monnaie, de même que toutes sortes de bons de papier et de jetons de bois.
Monnaies Libres
Définition – The Transitioner
Une monnaie libre consiste en un ensemble de règles et processus qui définissent l’émission, l’évolution, la circulation et la consommation d’une monnaie ouverte, suffisante, décentralisée, peer-to-peer et démocratique. Elle appartient au domaine public tout comme les logiciels ou les productions intellectuelles du logiciel libre. Elle est conçue, développée, testée, documentée et mise en circulation de manière collaborative, chacune de ses parties pouvant être transformée et améliorée par quiconque. Les monnaies libres sont désignées sous le terme d’Open Money en anglais, suivant les travaux de Michael Linton et Ernie Yacub à l’origine de cette vision.
à Tartar
avant, avant la protection sociale, l’éducation ….. il y a eu la suppression des péages, (Bourg de Péage, Peage de Rousillon) , ….
@oppossum
Parfaitement d’accord. Et c’est bien là tout le problème.
Nous ne faisons pas face à une simple crise financière mais à une crise le civilisation (mondiale) tout court: crise écologique, énergétique, géopolitique, alimentaire, surpopulation, systèmes de valeurs. La crise financière n’est que le symptôme de tout cela.
Soigner les symptômes, cela soulage mais cela ne guérit pas.
Tant qu’on raisonne en se disant que c’est la manière de traiter l’argent-la monnaie qui va résoudre le problème, on reste dans le paradigme qui veut que c’est l’argent qui dirige le monde. Alors que c’est justement ça le problème.
@ « Oncle Paul » (respect émerveillé dû au hérault de mes Spiroux d’antan qui expliquait tout si bien !!!) : pour améliorer le CERVEAU COLLECTIF QUI PéTILLE comme avait dit qqn il y a trois semaines environ lorsqu’on a ressenti une véritable accélération du processus du blog serait-il possible de NUMEROTER LES INTERVENANTS S.V.P.???
@ Cécile (18ème intervenante): behaviorisme = o.k.
@ analyses Freudo/lacaniennes: psychologie=o.k.
@ D. S. M. tentative de normalisation=o.k.
@ Johannes Finck (+/-70ème): observation pertinente : des cycles d’échange tangentiels à des vecteurs d’entropie etc. mènent à l’analyse de l’émergence, de l’écoulement des flux… Il y a un siècle Gesell ne disposait pas de ces outils cybernétiques,… il les pressentait à son niveau (N.b.:étant originaire de Malmédy où il a passé sa jeunesse ça me touche d’autant).
En fait, la meilleure cybernétique appliquée nous est offerte par la BIOLOGIE: des cycles d’échange tangentiels à des vecteurs d’entropie, des potentiels énergétiques accumulés, des interfaces semi-perméables, etc…
Tout ça doit évidemment nous faire penser: A.R.N. messager, cycle de KREBS, mitochondries, mitoses, double hélice…
C »est une des pistes possibles…
Paul JORION me fait penser à Antony Garrett Lisi.
Ce physicien « troublion », chercheur amateur comme il se definit, s’est attaqué, seul, pendant plus de 10 ans, loin des laboratoires de recherche patentés, avec une simple bourse comme aide financiére sur une theorie – « la theorie du tout » – qui a tenu en echec des generations de physiciens.
Fin 2007, il a publié son article de plus 30 pages sur « SA » Theorie du Tout qui a stupefait le mirocosme de la physique qui depuis, ne s’en est pas encore remis.
Bon, certes Paul n’est pas completement seul. On est avec vous , Paul. Surtout continuez !
Je reflechis au moyen de vous apporter « ma » contribution financiére =:)
@Cécile
Vous pourriez apporter votre contribution à Monsieur Jorion en « open money » , il va être ravi…
Septique, vrai sceptique, faus septique….
« la meilleure cybernétique appliquée nous est offerte par la BIOLOGIE ».
1/ C’est faux (anthropomorphisme, réductionnisme… )
2/ C’est une bonne source « d’inspiration » sur le plan machinique (cf Leonard de Vinci)
3/ C’est de toute façon sans intérêt pour les machines dont les éléments constitutifs sont des êtres humains, et dont les courroies sont des liens juridiques (c’est ça le sens de la définition de l’Etat par Hobbes comme « un homme en grand »).
Qu’on remplace la physique par la biologie, ça ne change rien. Hobbes vous a déjà tous réfuté sur ce point au XVIIe. Toutefois, étant donné qu’on a toujours tendance à aborder l’inconnu par le connu, et à « plaquer » des schèmes d’intelligibilité qui nous sont plus familiers sur des domaines qui nous sont étrangers, je comprends que le physicien, le biologiste, ou le spécialiste de l’intelligence artificielle ne puissent pas s’en empêcher. Mais on ne bâtit pas une cité/ des institutions avec des méthodes et sur des postulats empruntés au monde des « ingénieurs ». Un robot est une chose, la séparation des pouvoirs en est une autre.
Le mérite de l’approche exposée ci-dessus c’est justement d’être économe, de ne pas être surchargée de surinterprétations toutes plus discutables les unes que les autres. Franchement RIEN ne prouve que la psychanalise ne soit pas un compte pour enfant, un arrière-monde de plus (ce qui n’empêche pas de produire des effets de réalité). Il en va des thèses de Freud, Lacan et consort comme de n’importe quelle religion. C’est une question de foi. Donc si on pouvait ne se baser que sur des prémisses acceptables rationnellement par tous, ce serait pas mal. (Je le mentionne juste « en passant » pour ne pas polluer le débat. Je ne veux pas me lancer dans un débat sur le sujet, juste signaler que le statut épistémique de ces théories n’est pas le même que celui des hypothèses de Paul, et qu’on affaiblit la force persuasive/démonstrative de son approche en les mêlant au problème discuté plus haut).
Pour ceux que ca intéresse: « capitalisme et schizophrénie » de Deleuze et Guattari. Pour moi ce n’est d’aucune utilité réelle au stade de lecture ou j’en suis, mais comme ça mêle la question du « corps sans organe », des « flux », du « transcodage » et de l’économie capitaliste, je me dis que certains ici pourraient être intéressés.
bonjour à tous,
question : quelqu’un a lu future of money de bernard lietaer ? Qu’est-ce qu’il y raconte de beau?
@ Paul Jorion
Bien que ce soit hors sujet ici, comme vous avez fait vous même plusieurs remarques concernant la psychanalyse, et que je vous vois impliqué, je serais très intéressé si vous ouvriez un billet spécifique un de ces jours. Votre anamnèse jusqu’à la naissance me stupéfie. J’aimerais connaître votre position par rapport à Karl Popper, la falsifiabilité, etc…
Naturellement, vous avez sans doute beaucoup d’autres choses à faire et à écrire. C’est juste « pour le plaisir », éventuellement…
@ Blackhole
Non la crise financière a une spécificité. L’histoire en est jalonné , de ces crises, et ce, dans des systèmes de productions différents, et dans des sociétes connaissant d’autres crises … ou pas.
Bien entendu je ne dis pas que les choses n’interagissent pas et que des causes d’une crises ne sont pas également les effets d’autres crises … et donc des symptomes de quelque chose d’autres.
D’un certain point de vue fumeusement général tout est symptome d’une causalité antérieure et les faits sociaux se combinant, tout est cause de tout.
La monnaie a des lois et une dynamique propre qui justifie d’en faire une étude spécifique : non pas la monnaie abstraite désincarnée mais celle bien ancrée dans chacun des systèmes économiques, celle qui concrètement est utilisé -grace à l’ingénuosité des hommes- comme instrument de concentration des richesses et donc de domination des uns par les autres.
Si vous voulez y mélanger le problème de l’écologie , celui des ressources naturelle, celui de l’énergie, celui de la démographie, celui de la destructuration du système alimentaire etc etc, il faut alors choisir un autre angle explicatif que celui de la monnaie parce que la monnaie , même si elle a son champ propre d’efficacité, n’explique pas tout.
C’est une mauvaise méthode que de vouloir tout mélanger. Il faut d’abord isoler pour comprendre : mais isoler , bien sûr, en gardant le contexte economico-social sans lequel tout n’est qu’abstraction sans vie.
AUtre exemple : la monnaie possède un versant psycho-psychanalytique extraordinairement riche qui m’interesse également , mais il ne permet absolument pas de comprendre les formes de la crise actuelle … sinon par la généralité que oui … les hommes sont fascinés par l’argent …
Tout mélanger c’est aller vers des généralités … très générales qui souvent d’ailleurs ne cherchent qu’à valider des idées préconcues.
Bon allez, j’ai ma répèt Ciao