Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je ne suis pas intervenu récemment dans les discussions des billets que j’ai consacrés à la monnaie. La raison n’en est pas un manque d’intérêt mais plutôt un intérêt accru : j’ai en effet consacré un effort soutenu à développer un outil analytique pour en parler mieux.
J’ignore encore comment vous parler systématiquement de cet outil, en feuilleton ou à l’aide d’un billet beaucoup plus long qu’à l’accoutumée. Je prendrai une décision à ce sujet dans les jours qui viennent. En attendant, je vais vous décrire rapidement le projet. Pour établir un parallèle et bien que ce parallèle ne me soit venu à l’esprit qu’une fois l’entreprise pratiquement achevée, ce que j’essaie d’accomplir pour la monnaie est du même ordre que ce que Freud réalisa pour la psychologie.
Avant Freud – et encore aujourd’hui pour cette partie de la psychologie qui ignore l’apport psychanalytique – on se penchait sans problème sur la psyché humaine en utilisant à son propos le vocabulaire de la langue de tous les jours : les mots qu’elle a spontanément inventé pour en parler. On peut ainsi parler de « croyance » ou d’« intention » et considérer qu’il s’agit de causes réelles de nos comportements. Freud considéra des mots comme ceux-là comme relevant d’une « psychologie populaire », et inutilisables en tant que tels. Qu’est-ce qu’une croyance s’interrogea-t-il ? Une disposition à agir de telle ou telle manière dans certaines circonstances. Qu’est-ce qu’une intention ? Une représentation au moment Ti d’un résultat obtenu au moment Ti+n. Et ainsi de suite. Bien sûr, il ne s’agit pas là d’un simple changement de vocabulaire parce qu’une fois l’analyse achevée, c’est un tout autre modèle de la psyché humaine qui en aura émergé.
C’est quelque chose du même ordre que je tente d’accomplir pour la monnaie. Comme je l’ai dit, je ne présenterai pas ici un résultat final mais juste un échantillon de mon nouvel outil pour vous faire comprendre le sens du projet.
Je distingue d’abord différents types de transactions, dont certaines sont des combinaisons d’autres. Une transaction est une transition au moment Ti entre deux états. Ainsi dans le don, le don lui-même est la transition entre un état où un agent X possède un objet a et un autre agent Y ne le possède pas et un nouvel état où la situation est inversée : X a été dépossédé de a que Y possède désormais. J’appelle les objets tels « a », des marchandises.
L’une des marchandises possibles est l’argent : c’est la seule marchandise n’ayant pas d’autre fonction que d’être échangée. Le troc est un double don simultané. Si l’une des marchandises impliquées dans un troc est de l’argent, on parlera d’achat-vente. Un prêt est une double transaction : au temps Ti une marchandise passe de X à Y, tandis qu’au temps Ti+n, elle repasse de Y à X.
Une reconnaissance de dette est la trace d’un prêt : elle mentionne une transaction passée (au temps Ti) et une transaction à venir (au temps Ti+n) : la restitution. Si une reconnaissance de dette implique de l’argent, elle mentionnera le plus souvent trois transactions, dont deux à venir, la seconde à venir étant celle d’un « cadeau » – les intérêts – dont le montant est proportionnel à l’intervalle de temps Ti+n – Ti. On comprend que je parcours ici à toute allure ce qui exige de beaucoup plus vastes développements.
Une fois parvenu à ce niveau, la combinatoire commence à donner le vertige, le point d’articulation d’un tout nouveau niveau de complexité découle de la titrisation , c’est-à-dire l’émission de titres : à savoir la transformation d’une reconnaissance de dette (trace de transactions à venir) en marchandise. Il suffit pour cela d’assurer la transférabilité d’une reconnaissance de dette : les deux transactions que sont la restitution et le versement d’intérêts seront toujours à la charge de Y mais le « X » sera devenu « flottant », au bénéficiaire initial X sera substituable un nouveau bénéficiaire Z.
Je ne vous en dis pas plus pour le moment. Juste quelques observations : on aura déjà compris que si l’on appelle « monnaie » tout ce que j’ai mentionné plus haut, la confusion sera totale. On aura aussi compris intuitivement ce que représentent les « masses monétaires », les agrégats M1, M2, M3 : ils représentent l’addition des montants associés aux reconnaissances de dette et aux titres, chacun représentant des traces de transactions ou de combinaisons de transactions à venir. Dire cela des masses monétaires, c’est indiquer suffisamment que le seul intérêt qu’elles présentent est de constituer un baromètre : plus le volume de M2 est grand par rapport à celui de M1 et plus celui de M3 est grand par rapport à celui de M2, plus le système financier est dégradé parce que plus sa fragilité est grande, chacune des transactions à venir qui constituent cet immense édifice courant un risque de ne jamais se réaliser.
Voilà : j’espère vous avoir mis en appétit. J’ai bon espoir personnellement que cet outil analytique pour la monnaie nous permettra rapidement d’y voir beaucoup plus clair.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
112 réponses à “Un outil analytique pour la monnaie”
Ca commence bien en tout cas.
Je ne sais pas si le terme de marchandise est très bien choisi ou très mal choisi. En tout cas cette approche fait léconomie des prémisses discutabes de nombre de thèses officielles sur la nature de la monnaie. Je n’y vois que des avantages. Simple et élégant. C’est très bon.
Un parallèle avec Hofeld/ J-J-Thomson (The Realm of rights), qui a la même démarche pour casser le concept fourre-tout de « droit ». La catégorie contient en effet des types d’intérractions très différentes sur le plan juridique:
– des « claims » (ces « droits » à un certain état du monde sont le corrolaire de « devoirs » de réaliser cet état du monde pour le autres. J’ai le droit de vous virer de chez moi parce que vous avez le devoir de ne pas y être)
– des « privileges » (de pures absences de « devoirs » comme « lever la main dans la rue »)
– des « powers » (la capacité juridique à donner nasance à des « droits » (l’une des 4 catégorie pré-citées)
– des « immunities » (le fait d’être immunisé contre l’exercice d’un « power », quelle que soit la forme que peut prendre cette immunité)
Le « droit de propriété » n’existe pas d’après cette approche. C’est toujours un mélange de tout ça. Ca fait partie « des droits complexes ».
De même qu’on a pas fini/commencé de tirer les conlusions de cette analyse (qui date des années 70), on n’a surement pas fini de prendre la mesure des implications de ton approche.
Bien joué Paul!
Si quelqu’un connait l’équivalent de ces tentative das le domaine de la comptabilité je suis preneur.
–
@ Paul
Vaste sujet et approche très rationnelle.
Dans l’énumération, il manque encore une dernière forme, très en vogue actuellement, la « promesse » que représentent les produits dérivés. Comment allez-vous l’inclure ? Car la « marchandise », si elle est définie, n’est qu’une référence et, parfois, devient tangible. Pourtant, c’est elle qui détermine la valeur du produit dérivé. Donc, non seulement les parties impliquées sont « flottantes », mais la « marchandise » ne l’est pas sans l’être. Comment définir son caractère aléatoire dans votre grille de définitions ?
« Un prêt est une double transaction »
En principe on emprunte en vue d’un achat. Je dirais alors qu’il y a 4 transactions entre 3 parties: le prêteur ou banque B, l’emprunteur E et le vendeur V. Au temps Ti: argent B -> E -> V, marchandise ou service V -> E. Au temps Ti+n: argent+intérêts E -> B
« plus le volume de M2 est grand par rapport à celui de M1 et plus celui de M3 est grand par rapport à celui de M2, plus le système financier est dégradé parce que plus sa fragilité est grande »
Heu… ?! Je dirais juste le contraire!
les masses monétaires ne sont que des montants au passif de l’ensemble du système bancaire : billets, pièces, dépôts, placements à terme…
Voir http://www.ecb.int/stats/money/aggregates/aggr/html/hist.en.html
Et http://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_monétaire
M1 est « exigible » à tout moment sans préavis. Quand on dépose de l’argent sur son compte à vue, on estime pourvoir le retirer à tout moment.
M2 et M3 sont par ex. des placements à terme ou avec frais de rachat d’assurance vie…
M1 fragilise donc plus le système bancaire que M2 et M3.
Pour analyser la fragilité du système bancaire, il faudrait aussi analyser l’actif de l’ensemble du système bancaire dont les échéances sont toujours plus tardives que celles au passif. Les dépôts à vue sont exigibles à tout moment sans préavis, alors que les prêts (actifs, créances) ne sont exigibles que plus tard. C’est bien là que se situe la fragilité, l’instabilité du système bancaire (ex bank run).
@ Jean-Pierre
Pas besoin de « promesse » : mon approche est behaviouriste. Des faits, uniquement des faits, pas de représentations mentales. On s’interroge toujours sur la sympathie apparemment contre-nature des psychanalystes pour le behaviourisme et des behaviouristes pour la psychanalyse mais c’est qu’ils ont en commun ce souci de l’analycité (je prévois d’ailleurs personnellement qu’ils se réuniront un jour dans un grand « pavlovisme généralisé »).
En fait, je ne l’ai pas dit, mais je recycle certains des outils que j’ai créés quand j’ai écrit en 2006 une simulation du marché boursier pour une action. Une transaction, c’est un vecteur au sens mathématique : temps t, identité du vendeur iv, identité de l’acheteur ia, prix p, volume v. De même pour un marché, etc. ce sont des vecteurs. Une « promesse » n’entre pas dans un vecteur, la confiance non plus, etc.
@ fujisan
C’est une autre chose : mon outil analytique ignore entièrement la langue comptable qui confond tout ce que j’entends distinguer et distingue tout ce que j’entends confondre. On peut d’ailleurs voir mon approche comme un moyen de libération par rapport à la pensée comptable. Bien sûr, il faudra un jour écrire les règles transformationnelles qui permettent la traduction de l’un dans l’autre (un « mapping »).
Merci pour ce « modèle ».
Il me semble que système se fragilise gravement à partir de ……… »titrisation ».
Il devient soudain ingérable et s’autocomplique chaotiquement.
Tel un virus qui se reproduit en mute constamment.
@ Paul
Peut-être que l’appellation « promesse » n’est pas adéquate. Mais si vous insérez les reconnaissances de dettes dans la grille, il faudra insérer les produits dérivés aussi. Alors, je pose la question différemment : comment considérer dans la grille la valeur « notionnelle » de ces produits ? Sa présence est indéniablement un fait mais son exercice (influence, implication ?) reste aléatoire et tributaire d’autres facteurs, contrairement à la dette qui restera due à l’échéance. Et comment encore tenir compte des « contrats de différence » qui n’engendrent qu’une transaction minimale (votre « fait ») mais se rapportent toutefois à une « marchandise » d’importance substantielle, pouvant ainsi déjouer des règlementations en vigueur mais nonobstant influencer la masse monétaire des pays ?
Si vous exprimez une transaction sous la forme d’un vecteur, je suppose que vous avez déjà défini de la sorte une reconnaissance de dettes. Il serait peut-être judicieux de nous donner quelques formulations plus précises pour que nous puissions cogiter avec vous, selon votre grille.
Il y a en effet 2 nouvelles catégories de prêtres au XXe: les psys et les économistes.
Les 2 se fourvoient et se prétendent empiristes alors qu’ils n’ont d’empiristes que le nom. 2 critiques:
– les faits, rien que les faits, mais TOUS les faits.
– les « faits mentaux » à proprement parler, n’existent pas. Il n’y a que des flux.
Il ne peut donc y avoir d’approche empirique que phénoménologique ou existentielle en la matière.
Tout ceci a déjà été pris en compte par la pensée Extrême-orientale et en Occident par la critique herméneutique et phénoménologique, par la critique Deleuzo-Leibnizienne, et par le courant spiritualiste (Bergson). C’est le grand conflit théorique de demain! Mais là encore, les intérets éco sont tellement nombreux qu’on n’est pas prêt de chasser les nouveaux marchands du temple (on nous fout des psys partout, tout le temps, pour n’importe quoi!). Et évidemment, médecins comme psychologues – purs produits de la métaphysique occidentale duaiste- sont les deux courants qui résistent le plus aux remises en question radicales de leurs modèles analytiques qu’introduisent les études menées sur les ECM.
La question de savoir si la comptabilité peut être une discipline purement technique, neutre à l’égard des conceptions normatives reste posée. J’aurais tendance à penser que non, ce qui rendrait tout essai ultérieur de traduction problématique voire impossible, les normes comptables étant taillées par et en vue d’une compréhension des phénomènes incompatible avec ton approche. Mais ça vaudra le coup de le vérifier « in vivo ».
c’est l’entropie .on passe d’un etat à un autre.cela devient irreversisble.
Autre chose: tu fais bien de nous donner tout ça « par étape », plutôt qu’un long pavé. Pédagogiquement et méthodologiquement c’est beaucoup mieux. En même temps esquisser dans un second billet les hypothèses que tu veux tester à terme, qu’on sache ou tu veux aller, ce serait pas mal pour donner le cap. Même si rien n’empêche qu’en cours de route le cap change, pour une raison ou pour une autre.
» ce que j’essaie d’accomplir pour la monnaie est du même ordre que ce que Freud réalisa pour la psychologie. »
Pas prétentieux, non…
Les marchandises échangées dans les transactions ne sont pas toutes équivalentes du simple point de vue de ce que la planète et l’homme peuvent produire:
Ressources naturelles en quantité finie non recyclables (pétrole, gaz, …)
Ressources naturelles en quantité finie recyclable (les métaux, le bois, l’eau potable,…)
Biens de consommation en quantité finie régénérables (aliments,…)
Biens de consommation en quantité finie non régénérable (ce qui fini dans les ordures non recyclées)
Services rendus (travail humain, valeur ajoutée, …) en quantité limitée mais néanmoins extensible
L’argent lui-même (et le produit de l’argent) en quantité potentiellement infinie (création monétaire, intérêts)
Il me semble que « l’argent » qui sert de contrepartie dans ces diverses transactions (en fonction de la marchandise échangée) ne représente pas du tout la même « chose » suivant les cas.
Je comprends que la présentation de Mr Jorion est volontairement brève, donc simplifiée. En pratique, il y a plusieurs monnaies (euro, dollar, etc…) avec des propriétés différentes (fondantes, par exemple, pour rendre honneur à Mr Finkch). Ces monnaies sont éventuellement créées par des entités différentes (banques centrales, ou autres, pour des monnaies de type SEL). Mr Jorion, votre modèle prend-il cela en compte?
Ce point me semble important, pour les raisons suivantes:
1/ C’est la réalité. Toute cette crise mondiale tourne autour du statut particulier du dollar.
2/ Si la crise se poursuit, l’apparition de monnaies locales, dans l’optique de Lietaer, me semble inévitable, au moins pour un temps. C’est ça ou la guerre civile.
3/ Je suis pour la diversité, quel que soit le domaine. En sexualité (pratiques sexuelles, métissage), en écologie, en médecine (médecines douces/alternatives), en biologie (modes de reproduction augmentant l’entropie de l’ADN au cours de l’évolution) comme en économie. La liberté économique est la liberté de créer sa propre monnaie (libre aux autres de l’accepter ou pas).
4/ Je crois que la diversité est la manifestation de l’entropie en physique. Le second principe énonce que la diversité ne peut qu’augmenter (dans un système fermé, etc…), et s’applique en pratique dès qu’il y a un grand nombre de ‘particules’ qui interagissent. Ce point de vue sur l’entropie est aujourd’hui communément admis en physique. L’appliquer à la sphère humaine est évidemment une ‘croyance’ personnelle.
Salut,
Je n’ai pas très bien compris le principe de la titrisation, est ce que quelqu’un pourrais m’expliquer ?
Dans la même lignée, qu’est ce qu’un bon du trésor?
2 points qui a vrai dire m’ handicapent beaucoup dans la compréhension du système économique actuel.
(j’ai cherché des réponses mais aucune n’est déspécialisée)
Je caricature, mais c’est pour être clair : aujourd’hui, un particulier dépose 1000€.
Sa banque peut alors en créer 10.000, dont elle va faire ce qu’elle veut.
Est-ce-que cela fait partie de la titrisation ?
Coucou … non les banques ne créent pas de nouvelle monnaie, elles créent des dépôts (à vue) à leur compte ou à celui de leurs clients, en échange de titres ou de créances… ce n’est pas de la monnaie mais « leur » monnaie (que nous acceptons tous néanmoins en leur faisant une certaine confiance)!
Titriser çà peut être transformer une créance douteuse en valeur sure afin de la répartir entre divers gogos qui l’achètent comme « parts » de société.
Légal et totalement pervers.
@Paul
Une petite coquille ?
« …le vocabulaire que la langue de tous les jours »…?
@septique
Un peu d’ordre et de clarté dans toute cette matière, le projet de Paul me semble indispensable, pas vous ?
Relisez donc les billets des mois derniers, vous verrez à quel point l’analyse de la monnaie, telle que le système nous la sert ou l’enseigne ne tient pas debout, à l’instar du système financier mondial qui s’écroule en direct sous nos yeux.
Je pencherais plus pour une expression « behavioriste » formulée en des termes d’ équation physique, (que mathématique),
comme par exemple d’inspiration électrique, (même si ….) pour introduire la puissance, le potentiel (c’est pour Jean-Pierre), l’intensité, la tension , la pression, les court-circuits (toujours pour Jean-Pierre), cela garde le vecteur, l’idée de la transaction, avec les notions de flux et de reflux, d’un circuit d’échange en courant alternatif ou en courant continu, …
Dans la définition de l’échange déterminée comme le vecteur (iv,id), il me manque qu’il soit évacué le fait de l’usage de la transaction, (la représentation du faire qu’elle incarne derrière la valeur symbolique attribuée d’un prix estimé d’un volume échangé, dans un temps t, entre un acheteur et un vendeur), je dirais que c’est quelque part de l’usage de notre temps que devrait se déterminer le « maître étalon » de la valeur de la monnaie, comme nous ne savons pas tout il faut réfléchir une « case vide » dans l’équation des vecteurs de la perspective ( ouverte de la dimension de l’espace-temps, entre le présent de ce qui est et ce que nous pouvons essayer d’anticiper de l’avenir)
Peut-être que le mot « don », dans son anticipation créative généreuse positive et poétique …. (en fin de compte, c’est ce que nous faisons, à quoi nous nous occupons qui compte, (le conte , le prêche, la messe néolibérale qui à beau compter et décompter, est totalement schizoïde, le conte ne suit pas dans ses comptes, si nous ne voulons pas en arriver des règlements de comptes, sans doute, il nous faudrait réapprendre à compter, trouver une nouvelle formule, songer d’autres calculs, …. donc un autre « maître-étalon »….. )
Le débat sur la monnaie atteint les pages opinions du Monde:
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/06/crise-du-capitalisme-ou-crise-de-la-monnaie-par-jean-peyrelevade_1189614_3232.html
@Paul :
En fait vous en venez à expliquer le terme « vecteur de richesse » que vous aviez déjà introduit dans la discussion avec le facteur temps : Entre l’instant t et t+1, on pourra dessiner un vecteur entre deux états de la transaction d’une richesse, soit de l’argent, soit du troc entre les agents A et B. En mathématiques le vecteur est un ensemble de bipoints équipollents : la relation « être équipollent » est une relation d’équivalence sur l’ensemble des bipoints, du coup les « vecteurs » sont les classes d’équivalence de cette relation (ici entre deux états d’une transaction). L’image des vecteurs me plait bien, car on peut extrapoler à la notion de « titrisation » , soit les « nouvelles marchandises » que l’on trouve à l’actif des banques de manière radicale :
La banque Tirelire a émis des titres, soit des reconnaissances de dettes entre agents du marché qui deviennent des marchandises en tant que telles. Pour évaluer la valeur en monnaie sonnante et trébuchante de cette marchandise, la banque va calculer la norme du vecteur qu’elle a associé à ce titre :
– Entre les agents A et B je trace un segment. La direction de la droite AB est associée au vecteur AB.
– La valeur en monnaie de la transaction entre les agents A et B est la norme du vecteur AB
– Pour évaluer la valeur de la transaction, les agences de notations utilisent d’autres bipoints équipollents au vecteur AB par exemple le vecteur CD, qui est une transaction déjà réalisée par la banque Tirelire entre les agents C et D qui a rapporté un gain en euros.
– Alors le bipoint AB est déclaré équipollent au bipoint CD par l’agence de notation pour faciliter le calcul de la norme du vecteur AB dans les actifs de la banque Tirelire.
– Alors : Si dans l’économie réelle les transactions AB et CD sont dissociées d’un chouia (ce qu’elles sont puisque toutes deux différées dans le temps), que les normes des vecteurs ne se révèlent pas égales, que leurs directions ne sont pas les mêmes ( donc quand l’enveloppe de vol du modèle de calcul permettant d’affirmer que AB et CD sont équipollents explose en vol) : La banque a réussi l’exploit d’afficher un bilan dans lequel les torchons et les serviettes seront considérés comme équivalent. Un bilan dans lequel le facteur risque est omis systématiquement pour faciliter une valorisation toute temporaire de la transaction AB. De ce fait, la titrisation entraine une augmentation farfelue de la masse monétaire : On ne pouvait affirmer qu’un ensemble de bipoints (de transactions) étaient équivalentes, puisque leur décalage dans le temps entraine de fait une norme différente. Dans le monde réel, la banque a émis deux contrats DIFFERENTS pour les transactions AB et CD, soit deux normes légales. En réalité, les bipoints (A,B) et (C,D) n’étaient pas équipollents, les actifs de la banque Tirelire sont réduits à néants puisque sans relation d’équipollence entre ces bipoints la science comptable ne sait plus les calculer.
« Ainsi dans le don, le don lui-même est la transition entre un état où un agent X possède un objet a et un autre agent Y ne le possède pas et un nouvel état où la situation est inversée : X a été dépossédé de a que Y possède désormais. J’appelle les objets tels « a », des marchandises. »
Une question sur votre vocabulaire: si elle fait l’objet d’un don, une marchandise ne cesse-t-elle pas ipso facto d’être une marchandise?
Naturellement le facteur temps est « défoncé » au XXI° siècle par la vitesse des transactions en bits/sec. sur des ordinateurs massivement parallèles….
En 29 ce facteur était encore vaguement maitrisé par le simple fait que les transactions se faisaient par ligne téléphonique voire téléscripteur.
Les échanges sont « obsolètes » au moment où ils naissent…
@Madar
Dans le lien de l’article de Jean Peyrelevade cité par MarcR : » Le crédit bancaire crée la monnaie « . Clair, net et précis …
Pitié « pas une ouvelle physique »!
La monnaie relève des science humaines. Tout comme la question du « mind ». Et l’introduction d’une physique des flux ou des pulsions pour comprendre ce qu’on appelle la monnaie ou le « mind » est est viol caractérisé de toutes les règles logiques de base. Y en a assez de la naturalisation de tout et de n’importe quoi.
Ce que fait Paul n’est pourtant pas compliqué. Il propose les éléments descriptifs les plus simples possibles. A partir de là, il s’agit ensuite de recaractériser les différentes pratiques/interractions/transaction possibles en les combinant.
Le terme « vecteur » et la « présentation formelle », sont à mon avis bien malheureux, mais c’est pour ça je pense qu’il ne l’a pas intégré à la présentation de son approche. Le même type de présentation formelle a été utilisé dans l’approchejuridiue par J.J. Thomson (c ‘est à dessein que je ne l’ai pas indiquée pour ne pas brouiller le message).
Ce qui veut dire que les questions NORMATIVES portant sur ce que nous devrions faire ne sont pas impliquées ici. La question du ype de monnaie à choisir est une question de ce type (« fondante » ou « personnelle » ou « distributive »), de même que la question de savoir ce sur quoi porte la transaction. Ceci ferait l’objet d’une analyse séparée à terme… et c’est éventuellement à ce niveau là que le considérations liées au symbole, ou à la signification sociale des biens ou de la provenance de l’argent auront tout leur place.
Reste que pour arbitrer entre les différents types de monnaie par exemple nous avons besoin 1/ d’une base de description commune et 2/ qui soit capable de décrire toutes les transactions possibles et donc 3/ qui soit aussi neutre/impartiale/acceptable par les différentes parties sur le plan normatif.
Il faut un langage commun pour décrire les tenants et les aboutissants d système actuel par exemple. C’est a cause de ça que « créationnistes » et « on-créationnistes » s’opposent. A bien des égards, le désacord sur la création monnétaire plus ou moins directe par les banques commerciales est lié au fait que les deux camps utilisent des « grammaires descriptives » différentes. Ces éléments descriptifs pourraient servir de base commune pour distinguer ce qui relève de l’accélération de la vitese de circulation de e qui relèv d’un accroissement de la quantité de « monnaie » en circulation. Il pourrait exister des desaccords empiriques par la suite mais au moins tout le monde parera la même « langue ».
Il faut un langage commun pour décrire les tenants et les aboutissants de la monnaie fondante par exemple, AVANT D EN EVALUER LA DESIRABILITE, et ce langage commun éviterait que nous fassions des objections qui n’en sont pas, car reposant sur le fait qu nous plaquons abitrairement des représentations associées au modèle actuel sur la « monnai fondante » (cf. les prétendues objections qui associent inflation et monnaie fondante).
Une fois les différentes alternatives corretement décrites (rendant compte de toutes les dimensions pertinentes) il sera possible de comparer les différents systèmes, mais ceci requièrera des arguments indépendants.
Imaginez qu’il s’agit de l’intoduction d’un manuel d’ingénierie financière ou d’économie. Dans cette première étape, on commence par corriger les postulats infondés/orientés des manuels existants. Puis viendra la suite du livre. Pour l’instant on n’est pas dans la partie normative de l’économie politique. On est juste dans la partie descriptive. Mais pour bien décrire/dchiffrer il faut debons instruments, debonnes paire de lunettes. La clarification conceptuelle de aul, ce sont le paire de lunette. Juger ce qu’on voit, ca ninterviendra que dans une étape ultérieure et ça n’implique pa la mise en cause de la paire de lunettes (au contraire même: s je ne vois rien, je ne suis pas sur d’avoir bel et bien ét témoin d’un « crime », donc je ne peux pas émettre de verdict. Soyons sûs que tout le monde porte les mêmes lunettes).
Pardon pour les lettres manquantes. Mon clavier m’abandonne…
Jean Peyrelevade est connu pour son penchant à gauche.
Ceci explique peut-être cela, maintenant que le balancier repart dans l’autre sens, le grosses boîtes sont moins belles…
Aujourd’hui de plus en plus d’économistes semblent tentés par le « small is beautiful ».
A vrai dire ils auraient pu/dû y songer plus tôt. C’est le tissu de TPE/PME qui fait la solidité d’une économie, même si ce sont
les très grosses entreprises qui sont susceptibles d’en faire la richesse et surtout le prestige
Je me souviens pourtant parfaitement bien que le même Peyrelevade fut un des premiers à plaider pour le regroupement des
instruments financiers que sont les assureurs…
Autre temps, autre moeurs.
Seuls les imbéciles ne changent pas et J.P. est un homme très intelligent et de plus habile.
Monsieur Jorion, vous voulez « Des faits, uniquement des faits, pas de représentations mentales. » ? Alors, au contraire d’Antoine, je dirais plutôt que ça commence mal ! Car enfin, qu’est-ce que la monnaie sinon quelque chose qui représente (de) la valeur ? La monnaie est une représentation mentale collective ! C’est pourquoi elle a pris, selon les époques et les lieux, des formes très disparates : or, argent, « bi-métal », billets, assignats, coquillages, tabac,… En éliminant d’emblée les représentations mentales du spectre de votre analyse, vous éliminez, (à mon très humble avis), ce qui fait l’essence de la monnaie, à savoir : non pas la chose qui sert aux échanges, mais l’idée que l’on s’en fait. Une idée qui a évolué pour devenir de plus en plus une chose sans valeur, voire sans existence concrète, mais qui n’a de cesse de représenter la valeur : pas seulement celle des marchandises, et des titres sur lesquels on peut spéculer, mais aussi celle du travail, le grand oublié de votre billet. Plutôt qu’une énième analyse de la monnaie, je voudrais plutôt savoir pourquoi les financiers spéculent comme des malades sur des « titres toxiques », alors que la nature, menacée de destruction, donc de rareté, est toujours considérée comme sans valeur en dépit de son extraordinaire richesse. Bref, je préfèrerais une analyse de la valeur reflétée par la monnaie, plutôt qu’une analyse de la monnaie reflétant la valeur. La première est mystérieuse, la seconde n’est jamais qu’une mécanique fondée sur les croyances, préjugés et conventions de son époque.
Quelques extraits de l’article du Monde
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/06/crise-du-capitalisme-ou-crise-de-la-monnaie-par-jean-peyrelevade_1189614_3232.html
« Telle Aphrodite, la monnaie porte en soi la marque contradictoire de son origine. Sa création est le fait du système bancaire qui en a le monopole, en contrepartie exacte des crédits consentis à l’économie. Le crédit bancaire crée la monnaie. Celle-ci, bien public, naît de prises de risques multiples sur des emprunteurs privés. Tout crédit non remboursé, a fortiori toute défaillance bancaire, mettent en cause la confiance dans la monnaie, instrument irremplaçable de l’échange. En ce sens, la banque est un service public, qui doit être gérée comme telle. On en est loin.
[…]
Le système bancaire est le coeur du réacteur. C’est lui qu’il faut protéger. Souvent contre lui-même, parfois contre les demandes de l’opinion ou du pouvoir politique. La création d’une banque centrale indépendante a été un premier pas. Mais beaucoup reste à faire. Le système bancaire, dépositaire de la confiance publique, doit être en toutes circonstances invulnérable. Pour ce faire, pas d’autre solution que de le ramener dans les strictes limites de sa fonction originelle, ce qui passe par deux règles.
La première rappelle que le métier de la banque n’est pas de prendre des risques, mais au contraire de créer de la monnaie sans risque. Donc de se borner à anticiper de quelques semaines ou de quelques mois des règlements dont le caractère est certain, en un mot de financer le fonds de roulement de l’économie et rien d’autre. Le risque long, le risque entrepreneurial, le risque d’investissement ne relèvent pas de la banque mais de l’épargne déjà constituée, c’est-à-dire de fonds propres. Quant aux risques spéculatifs, découlant d’un pari sur le prix futur d’actifs existants, ils doivent lui être purement et simplement interdits. Le périmètre de la banque de dépôts doit correspondre à son appellation : ce qu’il faut vraiment réguler demain, mieux qu’aujourd’hui, c’est d’abord le risque bancaire.
[…]
A cet égard, la seconde règle devrait consister, dès la sortie de crise, à accroître fortement les exigences de fonds propres des banques
Ce n’est pas le capitalisme qu’il faut moraliser mais les conditions de la création monétaire (Etats-Unis compris, bien entendu) que l’on doit revoir de fond en comble.
Septique, vrai sceptique, faus septique….
Effectivement Peyrelevade dans le Monde du 6 mai intervient sur le sujet.
En qualité de professionnel ,c’est un sacré signe.
Pour Paul ,Leclerc et les acteurs ici ,ceux du même gabarit aux USA en particulier–il faudrait trouver des traducteurs pour la Chine et la Russie,sans omettre les Pays arabes riches–,c’est en quelque sorte un « top » de démarrage pour passer à une vitesse supérieure =
Sur les plateaux de télévision autour de Calvi,de Moatti et d’autres (Taddei par exemple…..) avec des Junker ,des Rocard , des Todd….
Pourquoi dis je cela : parce que le site que nous fréquentons reste malgré toute la bonne volonté des uns et des autres ,un monde assez difficilement fréquentable parce que indigeste,quand on passe du néant des connaissances « basiques » au niveau qui est atteint ici, pour le tout venant s’il n’y a pas introduction médiatique forte (la télé ! )
C’est mon point de vue de non rentier, d’usager « basique » d’agence du coin de la rue,et de bac + 10 et des…..
Alors,imaginez mon gendre après une dure journée de travail de production,mon oncle nonagénaire,mon petit-fils en BEP (même de comptabilité) …Les Français quoi !