Un outil analytique pour la monnaie

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Je ne suis pas intervenu récemment dans les discussions des billets que j’ai consacrés à la monnaie. La raison n’en est pas un manque d’intérêt mais plutôt un intérêt accru : j’ai en effet consacré un effort soutenu à développer un outil analytique pour en parler mieux.

J’ignore encore comment vous parler systématiquement de cet outil, en feuilleton ou à l’aide d’un billet beaucoup plus long qu’à l’accoutumée. Je prendrai une décision à ce sujet dans les jours qui viennent. En attendant, je vais vous décrire rapidement le projet. Pour établir un parallèle et bien que ce parallèle ne me soit venu à l’esprit qu’une fois l’entreprise pratiquement achevée, ce que j’essaie d’accomplir pour la monnaie est du même ordre que ce que Freud réalisa pour la psychologie.

Avant Freud – et encore aujourd’hui pour cette partie de la psychologie qui ignore l’apport psychanalytique – on se penchait sans problème sur la psyché humaine en utilisant à son propos le vocabulaire de la langue de tous les jours : les mots qu’elle a spontanément inventé pour en parler. On peut ainsi parler de « croyance » ou d’« intention » et considérer qu’il s’agit de causes réelles de nos comportements. Freud considéra des mots comme ceux-là comme relevant d’une « psychologie populaire », et inutilisables en tant que tels. Qu’est-ce qu’une croyance s’interrogea-t-il ? Une disposition à agir de telle ou telle manière dans certaines circonstances. Qu’est-ce qu’une intention ? Une représentation au moment Ti d’un résultat obtenu au moment Ti+n. Et ainsi de suite. Bien sûr, il ne s’agit pas là d’un simple changement de vocabulaire parce qu’une fois l’analyse achevée, c’est un tout autre modèle de la psyché humaine qui en aura émergé.

C’est quelque chose du même ordre que je tente d’accomplir pour la monnaie. Comme je l’ai dit, je ne présenterai pas ici un résultat final mais juste un échantillon de mon nouvel outil pour vous faire comprendre le sens du projet.

Je distingue d’abord différents types de transactions, dont certaines sont des combinaisons d’autres. Une transaction est une transition au moment Ti entre deux états. Ainsi dans le don, le don lui-même est la transition entre un état où un agent X possède un objet a et un autre agent Y ne le possède pas et un nouvel état où la situation est inversée : X a été dépossédé de a que Y possède désormais. J’appelle les objets tels « a », des marchandises.

L’une des marchandises possibles est l’argent : c’est la seule marchandise n’ayant pas d’autre fonction que d’être échangée. Le troc est un double don simultané. Si l’une des marchandises impliquées dans un troc est de l’argent, on parlera d’achat-vente. Un prêt est une double transaction : au temps Ti une marchandise passe de X à Y, tandis qu’au temps Ti+n, elle repasse de Y à X.

Une reconnaissance de dette est la trace d’un prêt : elle mentionne une transaction passée (au temps Ti) et une transaction à venir (au temps Ti+n) : la restitution. Si une reconnaissance de dette implique de l’argent, elle mentionnera le plus souvent trois transactions, dont deux à venir, la seconde à venir étant celle d’un « cadeau » – les intérêts – dont le montant est proportionnel à l’intervalle de temps Ti+n – Ti. On comprend que je parcours ici à toute allure ce qui exige de beaucoup plus vastes développements.

Une fois parvenu à ce niveau, la combinatoire commence à donner le vertige, le point d’articulation d’un tout nouveau niveau de complexité découle de la titrisation , c’est-à-dire l’émission de titres : à savoir la transformation d’une reconnaissance de dette (trace de transactions à venir) en marchandise. Il suffit pour cela d’assurer la transférabilité d’une reconnaissance de dette : les deux transactions que sont la restitution et le versement d’intérêts seront toujours à la charge de Y mais le « X » sera devenu « flottant », au bénéficiaire initial X sera substituable un nouveau bénéficiaire Z.

Je ne vous en dis pas plus pour le moment. Juste quelques observations : on aura déjà compris que si l’on appelle « monnaie » tout ce que j’ai mentionné plus haut, la confusion sera totale. On aura aussi compris intuitivement ce que représentent les « masses monétaires », les agrégats M1, M2, M3 : ils représentent l’addition des montants associés aux reconnaissances de dette et aux titres, chacun représentant des traces de transactions ou de combinaisons de transactions à venir. Dire cela des masses monétaires, c’est indiquer suffisamment que le seul intérêt qu’elles présentent est de constituer un baromètre : plus le volume de M2 est grand par rapport à celui de M1 et plus celui de M3 est grand par rapport à celui de M2, plus le système financier est dégradé parce que plus sa fragilité est grande, chacune des transactions à venir qui constituent cet immense édifice courant un risque de ne jamais se réaliser.

Voilà : j’espère vous avoir mis en appétit. J’ai bon espoir personnellement que cet outil analytique pour la monnaie nous permettra rapidement d’y voir beaucoup plus clair.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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112 réponses à “Un outil analytique pour la monnaie”

  1. Avatar de antoine
    antoine

    Ca commence bien en tout cas.

    Je ne sais pas si le terme de marchandise est très bien choisi ou très mal choisi. En tout cas cette approche fait léconomie des prémisses discutabes de nombre de thèses officielles sur la nature de la monnaie. Je n’y vois que des avantages. Simple et élégant. C’est très bon.

    Un parallèle avec Hofeld/ J-J-Thomson (The Realm of rights), qui a la même démarche pour casser le concept fourre-tout de « droit ». La catégorie contient en effet des types d’intérractions très différentes sur le plan juridique:

    – des « claims » (ces « droits » à un certain état du monde sont le corrolaire de « devoirs » de réaliser cet état du monde pour le autres. J’ai le droit de vous virer de chez moi parce que vous avez le devoir de ne pas y être)
    – des « privileges » (de pures absences de « devoirs » comme « lever la main dans la rue »)
    – des « powers » (la capacité juridique à donner nasance à des « droits » (l’une des 4 catégorie pré-citées)
    – des « immunities » (le fait d’être immunisé contre l’exercice d’un « power », quelle que soit la forme que peut prendre cette immunité)
    Le « droit de propriété » n’existe pas d’après cette approche. C’est toujours un mélange de tout ça. Ca fait partie « des droits complexes ».
    De même qu’on a pas fini/commencé de tirer les conlusions de cette analyse (qui date des années 70), on n’a surement pas fini de prendre la mesure des implications de ton approche.

    Bien joué Paul!

    Si quelqu’un connait l’équivalent de ces tentative das le domaine de la comptabilité je suis preneur.

  2. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Paul

    Vaste sujet et approche très rationnelle.

    Dans l’énumération, il manque encore une dernière forme, très en vogue actuellement, la « promesse » que représentent les produits dérivés. Comment allez-vous l’inclure ? Car la « marchandise », si elle est définie, n’est qu’une référence et, parfois, devient tangible. Pourtant, c’est elle qui détermine la valeur du produit dérivé. Donc, non seulement les parties impliquées sont « flottantes », mais la « marchandise » ne l’est pas sans l’être. Comment définir son caractère aléatoire dans votre grille de définitions ?

  3. Avatar de fujisan

    « Un prêt est une double transaction »
    En principe on emprunte en vue d’un achat. Je dirais alors qu’il y a 4 transactions entre 3 parties: le prêteur ou banque B, l’emprunteur E et le vendeur V. Au temps Ti: argent B -> E -> V, marchandise ou service V -> E. Au temps Ti+n: argent+intérêts E -> B

    « plus le volume de M2 est grand par rapport à celui de M1 et plus celui de M3 est grand par rapport à celui de M2, plus le système financier est dégradé parce que plus sa fragilité est grande »
    Heu… ?! Je dirais juste le contraire!
    les masses monétaires ne sont que des montants au passif de l’ensemble du système bancaire : billets, pièces, dépôts, placements à terme…
    Voir http://www.ecb.int/stats/money/aggregates/aggr/html/hist.en.html
    Et http://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_monétaire
    M1 est « exigible » à tout moment sans préavis. Quand on dépose de l’argent sur son compte à vue, on estime pourvoir le retirer à tout moment.
    M2 et M3 sont par ex. des placements à terme ou avec frais de rachat d’assurance vie…
    M1 fragilise donc plus le système bancaire que M2 et M3.

    Pour analyser la fragilité du système bancaire, il faudrait aussi analyser l’actif de l’ensemble du système bancaire dont les échéances sont toujours plus tardives que celles au passif. Les dépôts à vue sont exigibles à tout moment sans préavis, alors que les prêts (actifs, créances) ne sont exigibles que plus tard. C’est bien là que se situe la fragilité, l’instabilité du système bancaire (ex bank run).

  4. Avatar de Paul Jorion

    @ Jean-Pierre

    Pas besoin de « promesse » : mon approche est behaviouriste. Des faits, uniquement des faits, pas de représentations mentales. On s’interroge toujours sur la sympathie apparemment contre-nature des psychanalystes pour le behaviourisme et des behaviouristes pour la psychanalyse mais c’est qu’ils ont en commun ce souci de l’analycité (je prévois d’ailleurs personnellement qu’ils se réuniront un jour dans un grand « pavlovisme généralisé »).

    En fait, je ne l’ai pas dit, mais je recycle certains des outils que j’ai créés quand j’ai écrit en 2006 une simulation du marché boursier pour une action. Une transaction, c’est un vecteur au sens mathématique : temps t, identité du vendeur iv, identité de l’acheteur ia, prix p, volume v. De même pour un marché, etc. ce sont des vecteurs. Une « promesse » n’entre pas dans un vecteur, la confiance non plus, etc.

  5. Avatar de Paul Jorion

    @ fujisan

    C’est une autre chose : mon outil analytique ignore entièrement la langue comptable qui confond tout ce que j’entends distinguer et distingue tout ce que j’entends confondre. On peut d’ailleurs voir mon approche comme un moyen de libération par rapport à la pensée comptable. Bien sûr, il faudra un jour écrire les règles transformationnelles qui permettent la traduction de l’un dans l’autre (un « mapping »).

  6. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Merci pour ce « modèle ».
    Il me semble que système se fragilise gravement à partir de ……… »titrisation ».
    Il devient soudain ingérable et s’autocomplique chaotiquement.
    Tel un virus qui se reproduit en mute constamment.

  7. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Paul

    Peut-être que l’appellation « promesse » n’est pas adéquate. Mais si vous insérez les reconnaissances de dettes dans la grille, il faudra insérer les produits dérivés aussi. Alors, je pose la question différemment : comment considérer dans la grille la valeur « notionnelle » de ces produits ? Sa présence est indéniablement un fait mais son exercice (influence, implication ?) reste aléatoire et tributaire d’autres facteurs, contrairement à la dette qui restera due à l’échéance. Et comment encore tenir compte des « contrats de différence » qui n’engendrent qu’une transaction minimale (votre « fait ») mais se rapportent toutefois à une « marchandise » d’importance substantielle, pouvant ainsi déjouer des règlementations en vigueur mais nonobstant influencer la masse monétaire des pays ?

    Si vous exprimez une transaction sous la forme d’un vecteur, je suppose que vous avez déjà défini de la sorte une reconnaissance de dettes. Il serait peut-être judicieux de nous donner quelques formulations plus précises pour que nous puissions cogiter avec vous, selon votre grille.

  8. Avatar de antoine
    antoine

    Il y a en effet 2 nouvelles catégories de prêtres au XXe: les psys et les économistes.
    Les 2 se fourvoient et se prétendent empiristes alors qu’ils n’ont d’empiristes que le nom. 2 critiques:
    – les faits, rien que les faits, mais TOUS les faits.
    – les « faits mentaux » à proprement parler, n’existent pas. Il n’y a que des flux.
    Il ne peut donc y avoir d’approche empirique que phénoménologique ou existentielle en la matière.

    Tout ceci a déjà été pris en compte par la pensée Extrême-orientale et en Occident par la critique herméneutique et phénoménologique, par la critique Deleuzo-Leibnizienne, et par le courant spiritualiste (Bergson). C’est le grand conflit théorique de demain! Mais là encore, les intérets éco sont tellement nombreux qu’on n’est pas prêt de chasser les nouveaux marchands du temple (on nous fout des psys partout, tout le temps, pour n’importe quoi!). Et évidemment, médecins comme psychologues – purs produits de la métaphysique occidentale duaiste- sont les deux courants qui résistent le plus aux remises en question radicales de leurs modèles analytiques qu’introduisent les études menées sur les ECM.

    La question de savoir si la comptabilité peut être une discipline purement technique, neutre à l’égard des conceptions normatives reste posée. J’aurais tendance à penser que non, ce qui rendrait tout essai ultérieur de traduction problématique voire impossible, les normes comptables étant taillées par et en vue d’une compréhension des phénomènes incompatible avec ton approche. Mais ça vaudra le coup de le vérifier « in vivo ».

  9. Avatar de merzak
    merzak

    c’est l’entropie .on passe d’un etat à un autre.cela devient irreversisble.

  10. Avatar de antoine
    antoine

    Autre chose: tu fais bien de nous donner tout ça « par étape », plutôt qu’un long pavé. Pédagogiquement et méthodologiquement c’est beaucoup mieux. En même temps esquisser dans un second billet les hypothèses que tu veux tester à terme, qu’on sache ou tu veux aller, ce serait pas mal pour donner le cap. Même si rien n’empêche qu’en cours de route le cap change, pour une raison ou pour une autre.

  11. Avatar de Septique
    Septique

     » ce que j’essaie d’accomplir pour la monnaie est du même ordre que ce que Freud réalisa pour la psychologie. »

    Pas prétentieux, non…

  12. Avatar de blackhole
    blackhole

    Les marchandises échangées dans les transactions ne sont pas toutes équivalentes du simple point de vue de ce que la planète et l’homme peuvent produire:

    Ressources naturelles en quantité finie non recyclables (pétrole, gaz, …)
    Ressources naturelles en quantité finie recyclable (les métaux, le bois, l’eau potable,…)
    Biens de consommation en quantité finie régénérables (aliments,…)
    Biens de consommation en quantité finie non régénérable (ce qui fini dans les ordures non recyclées)
    Services rendus (travail humain, valeur ajoutée, …) en quantité limitée mais néanmoins extensible
    L’argent lui-même (et le produit de l’argent) en quantité potentiellement infinie (création monétaire, intérêts)

    Il me semble que « l’argent » qui sert de contrepartie dans ces diverses transactions (en fonction de la marchandise échangée) ne représente pas du tout la même « chose » suivant les cas.

  13. Avatar de Allegra
    Allegra

    Je comprends que la présentation de Mr Jorion est volontairement brève, donc simplifiée. En pratique, il y a plusieurs monnaies (euro, dollar, etc…) avec des propriétés différentes (fondantes, par exemple, pour rendre honneur à Mr Finkch). Ces monnaies sont éventuellement créées par des entités différentes (banques centrales, ou autres, pour des monnaies de type SEL). Mr Jorion, votre modèle prend-il cela en compte?
    Ce point me semble important, pour les raisons suivantes:
    1/ C’est la réalité. Toute cette crise mondiale tourne autour du statut particulier du dollar.
    2/ Si la crise se poursuit, l’apparition de monnaies locales, dans l’optique de Lietaer, me semble inévitable, au moins pour un temps. C’est ça ou la guerre civile.
    3/ Je suis pour la diversité, quel que soit le domaine. En sexualité (pratiques sexuelles, métissage), en écologie, en médecine (médecines douces/alternatives), en biologie (modes de reproduction augmentant l’entropie de l’ADN au cours de l’évolution) comme en économie. La liberté économique est la liberté de créer sa propre monnaie (libre aux autres de l’accepter ou pas).
    4/ Je crois que la diversité est la manifestation de l’entropie en physique. Le second principe énonce que la diversité ne peut qu’augmenter (dans un système fermé, etc…), et s’applique en pratique dès qu’il y a un grand nombre de ‘particules’ qui interagissent. Ce point de vue sur l’entropie est aujourd’hui communément admis en physique. L’appliquer à la sphère humaine est évidemment une ‘croyance’ personnelle.

  14. Avatar de Le Fan
    Le Fan

    Salut,

    Je n’ai pas très bien compris le principe de la titrisation, est ce que quelqu’un pourrais m’expliquer ?

    Dans la même lignée, qu’est ce qu’un bon du trésor?

    2 points qui a vrai dire m’ handicapent beaucoup dans la compréhension du système économique actuel.

    (j’ai cherché des réponses mais aucune n’est déspécialisée)

  15. Avatar de coucou
    coucou

    Je caricature, mais c’est pour être clair : aujourd’hui, un particulier dépose 1000€.
    Sa banque peut alors en créer 10.000, dont elle va faire ce qu’elle veut.

    Est-ce-que cela fait partie de la titrisation ?

  16. Avatar de Septique
    Septique

    Coucou … non les banques ne créent pas de nouvelle monnaie, elles créent des dépôts (à vue) à leur compte ou à celui de leurs clients, en échange de titres ou de créances… ce n’est pas de la monnaie mais « leur » monnaie (que nous acceptons tous néanmoins en leur faisant une certaine confiance)!

  17. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Titriser çà peut être transformer une créance douteuse en valeur sure afin de la répartir entre divers gogos qui l’achètent comme « parts » de société.
    Légal et totalement pervers.

  18. Avatar de madar michael

    @Paul
    Une petite coquille ?
    « …le vocabulaire que la langue de tous les jours »…?
    @septique
    Un peu d’ordre et de clarté dans toute cette matière, le projet de Paul me semble indispensable, pas vous ?
    Relisez donc les billets des mois derniers, vous verrez à quel point l’analyse de la monnaie, telle que le système nous la sert ou l’enseigne ne tient pas debout, à l’instar du système financier mondial qui s’écroule en direct sous nos yeux.

  19. Avatar de Cécile
    Cécile

    Je pencherais plus pour une expression « behavioriste » formulée en des termes d’ équation physique, (que mathématique),
    comme par exemple d’inspiration électrique, (même si ….) pour introduire la puissance, le potentiel (c’est pour Jean-Pierre), l’intensité, la tension , la pression, les court-circuits (toujours pour Jean-Pierre), cela garde le vecteur, l’idée de la transaction, avec les notions de flux et de reflux, d’un circuit d’échange en courant alternatif ou en courant continu, …

    Dans la définition de l’échange déterminée comme le vecteur (iv,id), il me manque qu’il soit évacué le fait de l’usage de la transaction, (la représentation du faire qu’elle incarne derrière la valeur symbolique attribuée d’un prix estimé d’un volume échangé, dans un temps t, entre un acheteur et un vendeur), je dirais que c’est quelque part de l’usage de notre temps que devrait se déterminer le « maître étalon » de la valeur de la monnaie, comme nous ne savons pas tout il faut réfléchir une « case vide » dans l’équation des vecteurs de la perspective ( ouverte de la dimension de l’espace-temps, entre le présent de ce qui est et ce que nous pouvons essayer d’anticiper de l’avenir)

    Peut-être que le mot « don », dans son anticipation créative généreuse positive et poétique …. (en fin de compte, c’est ce que nous faisons, à quoi nous nous occupons qui compte, (le conte , le prêche, la messe néolibérale qui à beau compter et décompter, est totalement schizoïde, le conte ne suit pas dans ses comptes, si nous ne voulons pas en arriver des règlements de comptes, sans doute, il nous faudrait réapprendre à compter, trouver une nouvelle formule, songer d’autres calculs, …. donc un autre « maître-étalon »….. )

  20. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    @Paul :

    En fait vous en venez à expliquer le terme « vecteur de richesse » que vous aviez déjà introduit dans la discussion avec le facteur temps : Entre l’instant t et t+1, on pourra dessiner un vecteur entre deux états de la transaction d’une richesse, soit de l’argent, soit du troc entre les agents A et B. En mathématiques le vecteur est un ensemble de bipoints équipollents : la relation « être équipollent » est une relation d’équivalence sur l’ensemble des bipoints, du coup les « vecteurs » sont les classes d’équivalence de cette relation (ici entre deux états d’une transaction). L’image des vecteurs me plait bien, car on peut extrapoler à la notion de « titrisation » , soit les « nouvelles marchandises » que l’on trouve à l’actif des banques de manière radicale :

    La banque Tirelire a émis des titres, soit des reconnaissances de dettes entre agents du marché qui deviennent des marchandises en tant que telles. Pour évaluer la valeur en monnaie sonnante et trébuchante de cette marchandise, la banque va calculer la norme du vecteur qu’elle a associé à ce titre :

    – Entre les agents A et B je trace un segment. La direction de la droite AB est associée au vecteur AB.
    – La valeur en monnaie de la transaction entre les agents A et B est la norme du vecteur AB
    – Pour évaluer la valeur de la transaction, les agences de notations utilisent d’autres bipoints équipollents au vecteur AB par exemple le vecteur CD, qui est une transaction déjà réalisée par la banque Tirelire entre les agents C et D qui a rapporté un gain en euros.
    – Alors le bipoint AB est déclaré équipollent au bipoint CD par l’agence de notation pour faciliter le calcul de la norme du vecteur AB dans les actifs de la banque Tirelire.
    – Alors : Si dans l’économie réelle les transactions AB et CD sont dissociées d’un chouia (ce qu’elles sont puisque toutes deux différées dans le temps), que les normes des vecteurs ne se révèlent pas égales, que leurs directions ne sont pas les mêmes ( donc quand l’enveloppe de vol du modèle de calcul permettant d’affirmer que AB et CD sont équipollents explose en vol) : La banque a réussi l’exploit d’afficher un bilan dans lequel les torchons et les serviettes seront considérés comme équivalent. Un bilan dans lequel le facteur risque est omis systématiquement pour faciliter une valorisation toute temporaire de la transaction AB. De ce fait, la titrisation entraine une augmentation farfelue de la masse monétaire : On ne pouvait affirmer qu’un ensemble de bipoints (de transactions) étaient équivalentes, puisque leur décalage dans le temps entraine de fait une norme différente. Dans le monde réel, la banque a émis deux contrats DIFFERENTS pour les transactions AB et CD, soit deux normes légales. En réalité, les bipoints (A,B) et (C,D) n’étaient pas équipollents, les actifs de la banque Tirelire sont réduits à néants puisque sans relation d’équipollence entre ces bipoints la science comptable ne sait plus les calculer.

  21. Avatar de Pascal C.
    Pascal C.

    « Ainsi dans le don, le don lui-même est la transition entre un état où un agent X possède un objet a et un autre agent Y ne le possède pas et un nouvel état où la situation est inversée : X a été dépossédé de a que Y possède désormais. J’appelle les objets tels « a », des marchandises. »

    Une question sur votre vocabulaire: si elle fait l’objet d’un don, une marchandise ne cesse-t-elle pas ipso facto d’être une marchandise?

  22. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Naturellement le facteur temps est « défoncé » au XXI° siècle par la vitesse des transactions en bits/sec. sur des ordinateurs massivement parallèles….
    En 29 ce facteur était encore vaguement maitrisé par le simple fait que les transactions se faisaient par ligne téléphonique voire téléscripteur.
    Les échanges sont « obsolètes » au moment où ils naissent…

  23. Avatar de Septique
    Septique

    @Madar

    Dans le lien de l’article de Jean Peyrelevade cité par MarcR :  » Le crédit bancaire crée la monnaie « . Clair, net et précis …

  24. Avatar de antoine
    antoine

    Pitié « pas une ouvelle physique »!
    La monnaie relève des science humaines. Tout comme la question du « mind ». Et l’introduction d’une physique des flux ou des pulsions pour comprendre ce qu’on appelle la monnaie ou le « mind » est est viol caractérisé de toutes les règles logiques de base. Y en a assez de la naturalisation de tout et de n’importe quoi.

    Ce que fait Paul n’est pourtant pas compliqué. Il propose les éléments descriptifs les plus simples possibles. A partir de là, il s’agit ensuite de recaractériser les différentes pratiques/interractions/transaction possibles en les combinant.
    Le terme « vecteur » et la « présentation formelle », sont à mon avis bien malheureux, mais c’est pour ça je pense qu’il ne l’a pas intégré à la présentation de son approche. Le même type de présentation formelle a été utilisé dans l’approchejuridiue par J.J. Thomson (c ‘est à dessein que je ne l’ai pas indiquée pour ne pas brouiller le message).

    Ce qui veut dire que les questions NORMATIVES portant sur ce que nous devrions faire ne sont pas impliquées ici. La question du ype de monnaie à choisir est une question de ce type (« fondante » ou « personnelle » ou « distributive »), de même que la question de savoir ce sur quoi porte la transaction. Ceci ferait l’objet d’une analyse séparée à terme… et c’est éventuellement à ce niveau là que le considérations liées au symbole, ou à la signification sociale des biens ou de la provenance de l’argent auront tout leur place.
    Reste que pour arbitrer entre les différents types de monnaie par exemple nous avons besoin 1/ d’une base de description commune et 2/ qui soit capable de décrire toutes les transactions possibles et donc 3/ qui soit aussi neutre/impartiale/acceptable par les différentes parties sur le plan normatif.

    Il faut un langage commun pour décrire les tenants et les aboutissants d système actuel par exemple. C’est a cause de ça que « créationnistes » et « on-créationnistes » s’opposent. A bien des égards, le désacord sur la création monnétaire plus ou moins directe par les banques commerciales est lié au fait que les deux camps utilisent des « grammaires descriptives » différentes. Ces éléments descriptifs pourraient servir de base commune pour distinguer ce qui relève de l’accélération de la vitese de circulation de e qui relèv d’un accroissement de la quantité de « monnaie » en circulation. Il pourrait exister des desaccords empiriques par la suite mais au moins tout le monde parera la même « langue ».

    Il faut un langage commun pour décrire les tenants et les aboutissants de la monnaie fondante par exemple, AVANT D EN EVALUER LA DESIRABILITE, et ce langage commun éviterait que nous fassions des objections qui n’en sont pas, car reposant sur le fait qu nous plaquons abitrairement des représentations associées au modèle actuel sur la « monnai fondante » (cf. les prétendues objections qui associent inflation et monnaie fondante).
    Une fois les différentes alternatives corretement décrites (rendant compte de toutes les dimensions pertinentes) il sera possible de comparer les différents systèmes, mais ceci requièrera des arguments indépendants.

    Imaginez qu’il s’agit de l’intoduction d’un manuel d’ingénierie financière ou d’économie. Dans cette première étape, on commence par corriger les postulats infondés/orientés des manuels existants. Puis viendra la suite du livre. Pour l’instant on n’est pas dans la partie normative de l’économie politique. On est juste dans la partie descriptive. Mais pour bien décrire/dchiffrer il faut debons instruments, debonnes paire de lunettes. La clarification conceptuelle de aul, ce sont le paire de lunette. Juger ce qu’on voit, ca ninterviendra que dans une étape ultérieure et ça n’implique pa la mise en cause de la paire de lunettes (au contraire même: s je ne vois rien, je ne suis pas sur d’avoir bel et bien ét témoin d’un « crime », donc je ne peux pas émettre de verdict. Soyons sûs que tout le monde porte les mêmes lunettes).

  25. Avatar de antoine
    antoine

    Pardon pour les lettres manquantes. Mon clavier m’abandonne…

  26. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Jean Peyrelevade est connu pour son penchant à gauche.
    Ceci explique peut-être cela, maintenant que le balancier repart dans l’autre sens, le grosses boîtes sont moins belles…

    Aujourd’hui de plus en plus d’économistes semblent tentés par le « small is beautiful ».
    A vrai dire ils auraient pu/dû y songer plus tôt. C’est le tissu de TPE/PME qui fait la solidité d’une économie, même si ce sont
    les très grosses entreprises qui sont susceptibles d’en faire la richesse et surtout le prestige

    Je me souviens pourtant parfaitement bien que le même Peyrelevade fut un des premiers à plaider pour le regroupement des
    instruments financiers que sont les assureurs…

    Autre temps, autre moeurs.
    Seuls les imbéciles ne changent pas et J.P. est un homme très intelligent et de plus habile.

  27. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    Monsieur Jorion, vous voulez « Des faits, uniquement des faits, pas de représentations mentales. » ? Alors, au contraire d’Antoine, je dirais plutôt que ça commence mal ! Car enfin, qu’est-ce que la monnaie sinon quelque chose qui représente (de) la valeur ? La monnaie est une représentation mentale collective ! C’est pourquoi elle a pris, selon les époques et les lieux, des formes très disparates : or, argent, « bi-métal », billets, assignats, coquillages, tabac,… En éliminant d’emblée les représentations mentales du spectre de votre analyse, vous éliminez, (à mon très humble avis), ce qui fait l’essence de la monnaie, à savoir : non pas la chose qui sert aux échanges, mais l’idée que l’on s’en fait. Une idée qui a évolué pour devenir de plus en plus une chose sans valeur, voire sans existence concrète, mais qui n’a de cesse de représenter la valeur : pas seulement celle des marchandises, et des titres sur lesquels on peut spéculer, mais aussi celle du travail, le grand oublié de votre billet. Plutôt qu’une énième analyse de la monnaie, je voudrais plutôt savoir pourquoi les financiers spéculent comme des malades sur des « titres toxiques », alors que la nature, menacée de destruction, donc de rareté, est toujours considérée comme sans valeur en dépit de son extraordinaire richesse. Bref, je préfèrerais une analyse de la valeur reflétée par la monnaie, plutôt qu’une analyse de la monnaie reflétant la valeur. La première est mystérieuse, la seconde n’est jamais qu’une mécanique fondée sur les croyances, préjugés et conventions de son époque.

  28. Avatar de Septique
    Septique

    Quelques extraits de l’article du Monde
    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/06/crise-du-capitalisme-ou-crise-de-la-monnaie-par-jean-peyrelevade_1189614_3232.html

    « Telle Aphrodite, la monnaie porte en soi la marque contradictoire de son origine. Sa création est le fait du système bancaire qui en a le monopole, en contrepartie exacte des crédits consentis à l’économie. Le crédit bancaire crée la monnaie. Celle-ci, bien public, naît de prises de risques multiples sur des emprunteurs privés. Tout crédit non remboursé, a fortiori toute défaillance bancaire, mettent en cause la confiance dans la monnaie, instrument irremplaçable de l’échange. En ce sens, la banque est un service public, qui doit être gérée comme telle. On en est loin.

    […]

    Le système bancaire est le coeur du réacteur. C’est lui qu’il faut protéger. Souvent contre lui-même, parfois contre les demandes de l’opinion ou du pouvoir politique. La création d’une banque centrale indépendante a été un premier pas. Mais beaucoup reste à faire. Le système bancaire, dépositaire de la confiance publique, doit être en toutes circonstances invulnérable. Pour ce faire, pas d’autre solution que de le ramener dans les strictes limites de sa fonction originelle, ce qui passe par deux règles.

    La première rappelle que le métier de la banque n’est pas de prendre des risques, mais au contraire de créer de la monnaie sans risque. Donc de se borner à anticiper de quelques semaines ou de quelques mois des règlements dont le caractère est certain, en un mot de financer le fonds de roulement de l’économie et rien d’autre. Le risque long, le risque entrepreneurial, le risque d’investissement ne relèvent pas de la banque mais de l’épargne déjà constituée, c’est-à-dire de fonds propres. Quant aux risques spéculatifs, découlant d’un pari sur le prix futur d’actifs existants, ils doivent lui être purement et simplement interdits. Le périmètre de la banque de dépôts doit correspondre à son appellation : ce qu’il faut vraiment réguler demain, mieux qu’aujourd’hui, c’est d’abord le risque bancaire.

    […]

    A cet égard, la seconde règle devrait consister, dès la sortie de crise, à accroître fortement les exigences de fonds propres des banques
    Ce n’est pas le capitalisme qu’il faut moraliser mais les conditions de la création monétaire (Etats-Unis compris, bien entendu) que l’on doit revoir de fond en comble.

    Septique, vrai sceptique, faus septique….

  29. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    Effectivement Peyrelevade dans le Monde du 6 mai intervient sur le sujet.
    En qualité de professionnel ,c’est un sacré signe.
    Pour Paul ,Leclerc et les acteurs ici ,ceux du même gabarit aux USA en particulier–il faudrait trouver des traducteurs pour la Chine et la Russie,sans omettre les Pays arabes riches–,c’est en quelque sorte un « top » de démarrage pour passer à une vitesse supérieure =
    Sur les plateaux de télévision autour de Calvi,de Moatti et d’autres (Taddei par exemple…..) avec des Junker ,des Rocard , des Todd….
    Pourquoi dis je cela : parce que le site que nous fréquentons reste malgré toute la bonne volonté des uns et des autres ,un monde assez difficilement fréquentable parce que indigeste,quand on passe du néant des connaissances « basiques » au niveau qui est atteint ici, pour le tout venant s’il n’y a pas introduction médiatique forte (la télé ! )
    C’est mon point de vue de non rentier, d’usager « basique » d’agence du coin de la rue,et de bac + 10 et des…..
    Alors,imaginez mon gendre après une dure journée de travail de production,mon oncle nonagénaire,mon petit-fils en BEP (même de comptabilité) …Les Français quoi !

  30. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    « Quant aux risques spéculatifs, découlant d’un pari sur le prix futur d’actifs existants, ils doivent lui être purement et simplement INTERDITS  »

    Peyrelevade fait du Jorion.
    Du bon sens.

  31. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Paul, Cécile et les autres

    Bon, si j’entends bien le point de départ, l’approche vectorielle concrétise la monnaie pour sa facilité à permettre une transaction. Je comprends bien qu’avec une approche pareille, on puisse plus précisément définir les pendants de la transaction, comme l’a défini Paul dans une de ses réponses. Bien entendu, les caractéristiques propres à la définition du vecteur doivent être plus ou moins tangibles (les « faits » de Paul). C’est du moins comme cela que je le cromprends jusqu’à ce stade de la réflexion.

    Par cette approche, on peut facilement circonvenir le problème des titrisations en changeant la définition de la « marchandise » incluse dans le vecteur. Mais je reste quand même perplexe face aux produits dérivés du genre option, warrant ou contrat de différence et leur amalgames, où plusieurs référents (marchandises) peuvent se côtoyer simultanément. Comment définir alors le vecteur monétaire ? La transaction finale n’est jamais connue à l’avance. Or elle a une incidence réelle et tangible dès le départ. (D’ailleurs la crise actuelle en découle).

  32. Avatar de blackhole
    blackhole

    @crapaud rouge
    assez bien d’accord.

    Vous dites:

    « Plutôt qu’une énième analyse de la monnaie, je voudrais plutôt savoir pourquoi les financiers spéculent comme des malades sur des “titres toxiques”, alors que la nature, menacée de destruction, donc de rareté, est toujours considérée comme sans valeur en dépit de son extraordinaire richesse. Bref, je préfèrerais une analyse de la valeur reflétée par la monnaie, plutôt qu’une analyse de la monnaie reflétant la valeur. La première est mystérieuse, la seconde n’est jamais qu’une mécanique fondée sur les croyances, préjugés et conventions de son époque »

    C’était un peu l’idée de mon poste 12.49

    Il faut d’abord définir les valeurs (quasi au sens moral)

  33. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Paul

    Il ne faudrait quand même pas trop s’écarter du « vocabulaire comptable ». Les créances titrisées dont vous faites état ne sont pas comptabilisées dans M3. Elles sont la contrepartie de la monnaie créée. Seules figurent dans M3 les créances directes sur les institutions financières (les certificats de dépôt, principalement), réputées liquides et peu risquées (par convention…), et les OPCVM monétaires qui les regroupent.
    L’écart entre M3 et M2 renseigne, à n’en pas douter, sur l’amplitude de l’encours de crédit (à l’économie et… aux Etats) ; mais pas sur le risque qui y est attaché. Sauf à démontrer qu’au-delà d’un certain ratio M3/M2, les critères prudentiels sont nécessairement violés. Ce qui, intuitivement, est bien possible…

  34. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Le Fan

    Bon, puisque personne ne se lance, je m’y colle.

    La titrisation est la forme financière du réemballage. Pour rester concret face à la crise, prenons l’exemple des « subprimes ». Il s’agit de contrats hypothécaires de piètre qualité (c’est-à-dire, les contractants étaient de piètre qualité). La compagnie hypothécaire s’est un jour fait aborder par une banque. Celle-ci lui a proposé de rassembler tous ces contrats hypothécaires au sein d’un conduit financier spécialement érigé à cet effet. Ce conduit émet un emprunt obligataire composé de plusieurs tranches. Chaque tranche correspond à une catégorie qualitative de contrats hypothécaires. Plus la catégorie est de qualité médiocre, plus la tranche obligataire rapportera gros.

    Une fois l’ensemble des tranches obligataires placées auprès des investisseurs, le produit de ce placement est transféré à la compagnie hypothécaire qui récupère ainsi une large partie des crédits hypothécaires octroyés. La compagnie pourra alors octroyer de nouveaux crédits hypothécaires et les faire réemballer de la sorte à nouveau pour remettre cela autant de fois qu’elle le souhaite (pourvu que les obligations trouvent preneurs, bien sûr).

    Le conduit qui a émis les tranches obligataires, lui, récupérera le flux de trésorerie des contractants. Ces derniers, sans s’en apercevoir, ne rembourse plus leur compagnie, mais le conduit. Grâce à leurs amortissements réguliers, le conduit est en mesure de payer les intérêts et d’assurer le remboursement des tranches obligataires.

    Les contrats hypothécaires originaux ont par ce biais été titrisés, sont devenus des emprunts obligataires. Ces obligations sont « adossées » à des hypothèques.

    Pour compléter : chaque tranche obligataire est adossée à davantage de contrats hypothécaires que nécessaire. Ceci pour tenir compte des remboursements anticipés de la part des contractants ou de leur défaillance. En gros, près de 130% de la valeur de l’obligation était couverte par des contrats hypothécaires.

    Il y a mieux encore : chaque tranche obligataire était liée à chaque autre. Une clause stipuilait en effet que si une des tranches venait à rencontrer des problèmes d’amortissement (soit parce qu’il y avait subitement trop de remboursements hypothécaires anticipés grevant le flux de trésorerie du conduit, soit parce qu’il y avait trop de défaillances, comme avec les subprimes), le flux de la tranche la plus faible était automatiquement transféré à la tranche défaillante supérieure. Les investisseurs des tranches les plus flaibles recevaient une rémunération sensiblement supérieure aux autres, mais avec le risque de ne jamais revoir le remboursement de leur mise. C’est précisément ce qui est arrivé à Bear Stearns, à plusiuers de ses conduits spécialisés (SIV ou Structured Investment Vehicle) et qui a enclenché la crise.

    Pour ce qui des bons du trésor, ce sont des obligations émises par l’état et garantis par lui et font partie de la dette publique. Ils servent, outre à financer les dépenses de l’état, de référence au marché pour l’établissement de l’échelle des taux d’intérêt. Ils sont utilisés dans certains pays comme nantissement auprès de la banque centrale pour obtenir de sa part du crédit. Ils font eux aussi l’objet de titrisations, parfois directement par l’état lui-même, quand ce dernier remplace un de ses bons par une série d’emprunts à coupon nul où chaque série est en fait adossée au coupon du bon initial et le dernier de la série à celui de son manteau. Cette forme de titrisation s’appelle « stripping » en anglais, un strip obligataire ;o)

    J’espère que c’est suffisamment compréhensible ainsi ?

  35. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Antoine

    Les flux d’un coté et les métaphysiciens de l’autre.
    Je ne suis pas certain qu’il faille opposer binairement la métaphysique et les philosophies du flux.
    L’une et l’autre option comporte sa limite propre.

    La logique néo-libérale a porté à l’extrême la logique des flux, tendus, dit-on même.
    La métaphysique occidentale a de son coté engendré les guerres de religion en poussant la logique du dogme.
    Le « flux » oriental n’a pas été incompatible avec le despotisme oriental.
    les philosophies du flux induisent une meilleur compréhension des transformations d’un système donné, mais seulement dans la mesure où le système ne change pas trop sur ses bases.
    L’une et l’autre philosophie ont engendré des choses d’un grand intérêt pour l’humanité ou au contraire néfastes.

    Le philosophe et sinologue François Jullien a montré que la conception d’un univers immanent en Chine impériale, tout de flux n’a pas engendré la démocratie.
    A l’inverse, la notion d’arrière monde ou de monde dualiste a été une des conditions de l’émergence de la démocratie.
    Aristote est tout à fait emblématique à cet égard. Sa politique, son éthique, son idée de la démocratie procèdent bien d’une vision analytique mais toute sa métaphysique est axée sur l’idée de mondes possibles. D’où les catégories de la puissance et de l’acte, de l’essentiel et du contingent. . Bref, c’est une pensée des débuts qui assume le caractère fondateur des propositions de départ, qui viennent buter contre des propositions concurrentes, qu’il s’agit de réfuter.

    Or la pensée chinoise ne pense qu’un seul monde et la meilleure façon de l’habiter, d’y cohabiter. IL s’agit alors plus de s’adapter, d’influencer, que de convaincre en portant et étayant une contradiction, cette contradiction qui est justement au coeur du débat démocratique.
    AInsi, de façon un peu paradoxale, le monde qui ne se définit que par des relations, comme le monde de la Chine impériale, peut induire une grande fixité en certains domaines, comme par exemple pour ce qui est du politique.
    En l’occurrence le flux est mis au service d’un système très hiérarchisé et qui ne souffre pas contestation ou alors de façon allusive de manière à ne pas remettre en cause le modèle politique sous-jaçant.

    Ceci dit, nous avons certainement besoin d’introduire de l’analyse en termes de flux dans les cadres théoriques d’un certain nombre de disciplines, ainsi elles peuvent se renouveler.

    @ Paul

    Concernant le béhaviorisme. Est-ce que l’analycité de la psychanalyse suffit à en faire une discipline béhavioriste ?
    J’entends par behaviorisme la possibilité d’objectiver totalement les choses. D’identifier des comportements observables.
    Or si la vie psychique peut être analysée elle n’est pas montrable à la vue de tous, comme un chirurgien qui opérerait une dissection serait capable d’identifier et dénombrer tous les organes. Les éléments émergent de l’inconscient dans une relation toujours singulière, la relation analytique. Et c’est bien pourquoi il s’agit d’interpréter les rêves, via le langage, ou dit plus exactement, la parole, irréductible pour les conditions de son énonciation. Une question que je me suis toujours posée : est-ce que faire une cure avec tel analyste plutôt qu’ un autre, va produire la même élucidation des faits psychiques ?

    IL a bien des faits psychiques mais ils sont toujours relatifs à une personne singulière. L’acclimatation de la psychanalyse en Amérique la fit d’ailleurs devenir tout autre que ce que Freud avait conçu. Pour le coup elle s’est behaviorisée lorsque des symptômes ont été assimilés à des comportements, interprétés en termes de déviance sociale. Elle est devenue ainsi une science de normalisation des comportements. Voilà où je veux en venir, la vie psychique renvoie à des histoires individuelles qui elles-mêmes s’inscrivent dans l’Histoire d’une société.

  36. Avatar de blackhole
    blackhole

    détente:

    A quand le DSM IV de la finance?

  37. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Au sujet des « flux ».
    Donnez un « modèle  » à un matheux il va immédiatement regarder ce qu’il devient aux « limites ».
    Si ce matheux a été embauché pour gérer des flux financiers à l’intérieur du « couloir de la légalité » il va réussir localement des exploits …localement et momentanément…car d’autres matheux feront mieux que lui.
    Quand tous les matheux ont fini de tripatouiller les modèles ils les ont pètés.
    Légalement.

  38. Avatar de Cécile
    Cécile

    à EOMENOS
    questions tangentes des TPE, PME,
    il me semble qu’il n’est plus différencié de celles qui produisent, de celles qui commercent, de celles qui ….. ,
    et aussi qu’il faudrait aussi aborder le thème de la sous-traitance (parfois limite de mal-traitance)

  39. Avatar de antoine
    antoine

    @ Pierre-Yves
    Ce n’était pas du tout mon propos… et une réponse ferait dévier le sujet du topic. Je me situais au niveau des théories de la conscience. Ce qui est un tout autre sujet que celui que vous abordez. La naturalisation des faits mentaux est une critique classique des approches de la psychologie comportementale et dela psychanalise. A mon sens les deux sont périmées, quoiqu’il faudra encore un peu de temps avant que ne s’effondre la psychologie cmportementale.

    L’ analogie portait sur la traduction en termes de flux et de masse monétaire de phénomènes économiques qui ne sont rien d’autres que le produits d’interractions humaines (souvent conflictuelles) et que toute cette façon de « penser » escamote. Le but de cette approche esquissée par Paul c’est justement de se débarasser de ces absurdités qui sont en partie la cause de la situation actuelle (des modélisations déconnectées de la réalité). Ce n’est pas pour les faire revenir par la fenêtre sos la forme d’une physique, même nouvelle.

  40. Avatar de Cécile
    Cécile

    Explications visuelles et métaphoriques concernant la crise financière
    http://moktaramablog.over-blExplications visuelles et métaphoriques concernant la crise financière og.com/article-23987747.html
    il manque la traduction, mais bon …

  41. Avatar de Le Fan
    Le Fan

    @ JEAN PIERRE

    Merci pour les précisions, c’est compréhensible en fait mais j’ai du m’y rependre pas 2 fois.
    (beaucoup de termes compliqués a la suite)

  42. Avatar de madar michael

    @Septique
    Si Peyrelevade le dit, dois-je pour autant y souscrire ?
    Sans doute n’a t il pas (jamais?) eu l’occasion de s’attarder sur ce blog, pour sur on y gagne pas des millions d’euros, mais une sacré vision du système dans lequel nous sommes tous plus ou moins empêtrés.
    Je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas non plus d’une objectivité à toute épreuve.
    Oui il y a quelque chose du changement de paradigme quand on réalise comment toutes ces choses nous sont présentées par ceux qui ont tout intérêt à garder le mystère de la création monétaire bien entier.
    « Coucouville les nuées » disait schopenhauer, en parlant de l’absolu Hégélien; nous y sommes toujours en ce qui concerne la monnaie.

  43. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    MarcR dit :
    6 mai 2009 à 13:36

    Septique dit :
    6 mai 2009 à 15:01

    Oui, je viens de le lire. Intéressant et « amusant » à plus d’un titre.
    Quand on se rappelle sa conférence sur  » l’état du capitalisme  » faite dans la ville où j’habite le 9 janvier 2007 (bien repérer la date) quelques semaines avant le début « perceptible » de la crise des subprimes et ce qui s’en suit à présent de mensonges dévoilés mais de conséquences funestes… Cet homme de gauche louait le fait que ceux qui avait « misé » sur les actions avaient gagnés beaucoup d’argent! Et il disait ceci avec un ton qui trahissait l’extrême sérieux avec lequel il constatait ces résultats mirifiques (en effet, le cac 40 frôla en 2006 les 100 milliards d’euros de bénéfices!…).
    Le Monde le présente pudiquement comme « économiste » il est beaucoup plus qu’un économiste. C’est tout à fait dans le « style » du Monde, car ce n’est pas faux, mais c’est une demi-vérité, car sa signature représenta en France l’une des plus grandes quantité d’actifs réunis sous une seule signature, la sienne. Voir ce qui suit.

    Jean Peyrelevade, né à Marseille en 1939, polytechnicien, diplomé de l’Institut d’Études Politique de Paris et de sciences économiques, ingénieur de l’aviation civile, a été chef de service des études économiques et du plan au secrétariat général de l’aviation civile (1971-1972), puis sous-directeur à la direction des transports aériens (1972-1973). Détaché au Crédit lyonnais en 1973 comme sous-directeur au commerce extérieur, il fit alors carrière dans la banque. À partir de là son CV prendrait des pages. Notamment au service de la gauche. Animateur depuis 1966 sous le pseudonyme de Jean Rey du Cedep, du club de Pierre Mauroy, il milita ensuite au PSU avant de rejoindre le parti socialiste. Principal économiste du courant Mauroy, il fut évidement propulsé, à l’arrivée de la gauche au pouvoir, comme directeur adjoint du cabinet du Premimier ministre Pierre Mauroy (1981-1983), puis après les nationalisations, promu président de la Financière de Suez (1983-1986) et du conseil d’admiistration de la banque Indosuez (1984-1986). PDG de la banque Stern (dont le principal actionnaire est Édouard Stern, une des plus grosse fortune française) durant la première cohabitation (au salaire à l’époque de 4 millions de francs (ou 610 000 euros) par an), ainsi que conseiller du président de l’Oréal Finances et président de la Société des grands projets européens en 1987-1988, il retrouve une grande présidence au retour de la gauche aux affairres, comme président de l’UAP (1988-1993) qui gère plus de 200 milliards de francs d’actifs . À ce poste, il sut fair preuve d’indépendance, refusant de participer, malgré les demandes réitérées de Pierre Bérégovoy, au raid (raté) contre la Société générale privatisée. Il était alors « l’homme clé de la finance française, à la fois celui qui compte le plus et celui qui influence le plus les décisions des autres » (Le Nouvel Observateur, 27 février 1992). Dès 1993, il fut conservé par Édouard Balladur, en raison de l’indépendence dont il avait su faire preuve, pour assurer l’apurement du Crédit lyonnais (où il avait été détaché en 1973), une des toutes premières banques françaises, tombée à peu près en faillite à la suite des grossières erreurs de gestion et d’investisements risqués de son prédécesseur Jean-Yves Haberer. Il a été reconduit par jacques Chirac, obtenant à plusieurs reprises de l’État qu’il comble le trou provoqué par ses prédécesseurs. Membre du club Confrontation de Philippe Herzog, il a été coopté en 1991 au sein de la commission Trilatérale et appartint à la Fondation Saint Simon (dissoute en 2000). Ancien vice président du club Le Siècle (club ultra fermé où l’on est coopté et strictement filtré et où se concocte entre politiques et financiers la politique française). J. Peyrelevade a été également administrateur au Nouvel Observateur.

    S’il se « convertit » à la vérité monétaire tant mieux et ce serait louable. C’est là un signe avant-coureur? Mais il aura 70 ans à l’automne et s’il n’est jamais trop tard pour bien faire, il faudrait que nombre de ceux des deux générations qui suivent se convertissent d’urgence à la vérité monétaire. Ainsi, les pantalonades actuelles vont directement à l’oubli vu ce qui risque de suivre…

  44. Avatar de Septique
    Septique

    @Madar

     » le mystère de la création monétaire  » … quel mystère ? Je ne vois aucun mystère là dedans, .. des abus, oui! , des utilisation du système aux limites, oui aussi! … c’est bien ce que dénonce Peyrelevade qui a sans doute largement profité de ce système et se trouve donc être un des mieux placé pour en parler.

    Septique, vrai sceptique, faus septique….

  45. Avatar de jacques
    jacques

    Raisonnement clair et sans embrouilles.L’interet se définit comme une transaction de temps contre de l’argent.Le temps devient une marchandise .CQFD

  46. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Je viens seulement de lire l’article du Monde de Jean Peyrelevade (à force de m’attarder sur la presse américaine…). Je suivais son blog, et j’avais un peu abandonné, débordé.

    Puis-je recommander sa lecture à ceux qui ne l’ont déjà fait ? Sans prendre de pincettes, car cela sert à quoi ? Il serait très souhaitable que beaucoup d’autres banquiers nous fassent profider, tels des insiders, des défroqués, comme on veut, de leur expérience; ils en savent que nous ne soupçonnons même pas !

  47. Avatar de Réno
    Réno

    Je suis allé récemment en Inde, et il y a sur les billets une formule qui me paraît résumer admirablement toute l’ambiguité du statut de la monnaie. « Je promets de payer au porteur la somme de cent roupies – Le gouverneur ».

    Peut-être avais-je déjà vu cela sur d’autres devises, mais jusqu’à la lecture de tous ces débats sur la monnaie, je n’y avais jamais prêté attention.

    Comment ce monsieur – ou cette dame – tiendra-t-il sa promesse, si je vais le voir ? Me donnera-t-il un autre billet de cent roupies ? dix billets de dix roupies, marqués de la même formule ? Cent pièces de 100 roupies, dont le poids de métal a certes plus de valeur que le papier, mais certainement pas cent roupies ? Encore qu’il me semble avoir entendu quelque part qu’au moment de l’augmentation du prix des matières premières, l’année dernière, les autorités américaines commençaient à craindre que la valeur de métal de la pièce de 1 cent n’excède … 1 cent, et qu’il ne devienne intéressant de fondre les pièces, et qu’il avait aussi existé des francs français en argent dont le poids de métal avait lui aussi dépassé la valeur faciale.

    Au fait savait-on mieux ce qu’était la monnaie à l’époque on l’on me promettait une certaine quantité d’or ou d’argent en échange de ces billets, dès lors que les banques centrales n’étaient pas en mesure de tenir cette promesse à tous les porteurs ?

  48. Avatar de mattern charles

    septique a réagit à 12h43 à l’évocation de Freud et madar michaël s’investit du devoir de correcteur à 13h26 !! En fait nous sommes sur un forum de lettrés où la modestie est la règle et où la vulgarisation n’a pas sa place !! Ou quoi ?
    En tout cas l’ approche de Monsieur Jorion est très scientifique et augure de bonnes lectures éducatives. Merci donc pour ce projet et ouvront ce blog à des lecteurs moins érudits et moins à cheval sur le blogement correct…

  49. Avatar de A.
    A.

    Bonsoir à tous,

    Il se peut que je revienne sur des points que d’autres ont déjà soulevé.

    Deux remarques :

    _ sur l’argent commet marchandise :
    Je crains qu’il y ait sur ce sujet une aporie : l’argent est irréductible à une unique dimension. Il peut être à la fois marchandise et symbole d’un pouvoir de coercition. Ce dernier caractère n’apparaît que pour le versement des intérêts. La monnaie ne peut être assimiléé qu’à un simple fait comme l’écrit Paul dans un de ses réponses à l’un des intervenants. Ne retenir que l’une de ces dimensions, n’est-ce pas adopter une approche que Paul réprouve parmi les économistes. En outre, je connais mal leur oeuvre, mais l’approche d’Aglietta et d’Orléan, ne tire-t-elle pas leur richesse de leur traitement de la monnaie sous ces deux formes ?

    _ l’intérêt n’est pas qu’un cadeau, c’est un moyen de sélection des investissements. C’est une forme de prix qui assure la pérénnité du système productif.

  50. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    @ antoine, Pierre-Yves D., et Paul Jorion, sur l’approche « behavioriste ».

    Je vois bien tout l’intérêt d’une méthode d’analyse des seuls faits constatés, pour déblayer les concepts, supposés fondamentaux, ou sous-jacents, qui font en réalité illusion. Je vois d’ailleurs là une certaine continuité dans la pensée de Paul Jorion, qui me rappelle ses textes sur la conscience, l’intentionnalité, et le principe de moindre action.

    Je suis donc sûr que Paul sait très bien où il va, et j’attends avec impatience la suite.

    Néanmoins, j’ai l’intuition confuse que cette approche pourrait laisser de côté une partie de la réalité économique.

    Dans un montage électronique complexe, seul le déplacement des électrons a une réalité physique. Cependant, personne ne cherche à comprendre un schéma électronique en ne s’intéressant qu’aux intensités. Tout le monde utilise un oscilloscope ou un multimètre, appareils qui révèlent les potentiels, en l’espèce beaucoup plus instructifs.

    Un instrument intellectuel d’analyse des flux n’instruira pas la question des potentiels économiques. Cette notion a-t-elle un sens? Ou au moins une pertinence comme outil de compréhension?

    Fnur avait dit dans un autre post « Le potentiel équivaut au désir, le flux à son assouvissement ». Jolie formule, non?

    D’ailleurs, une partie du problème ne réside-t-il pas dans le fait qu’une monnaie est comprise en même temps comme une unité de flux (valeur d’échange), et comme une unité de potentiel (réserve de valeur)?

    Ce qui serait une vraie monstruosité pour un physicien…

  51. Avatar de Paul Jorion

    Jean Peyrelevade écrit :

    Quant aux risques spéculatifs, découlant d’un pari sur le prix futur d’actifs existants, ils doivent lui être purement et simplement interdits.

    Nous sommes donc deux désormais à dire cela.

  52. Avatar de Paul Jorion

    @ Crapaud Rouge

    Vous avez raison : nos points de vue ne pourraient être plus opposés.

  53. Avatar de Septique
    Septique

    Paul Jorion, il semble que vous vous jetez des fleurs… beaucoup d’autres l’ont dit, déjà et depuis longtemps, mais personne ne les a écoutés: mon souhait néanmoins est que vous le soyez…

    Septique, vrai sceptique, faus septique….

  54. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Marc Peltier

    Ma remarque sur la psychanalyse ne visait pas le billet dans son ensemble.

    Je trouve l’approche du phénomène monétaire introduite par Paul très intéressante, car il ne s’agit pas — seulement (et c’est déjà mieux que les approches classiques), d’identifier des flux comme un plombier se contenterait du plan des canalisations et d’opérer des vérifications pour savoir si l’eau passe bien où il est dit qu’elle passe. L’approche de Paul va plus loin : les flux ne sont pas à proprement parler des flux de particules lestées d’un poids toujours identiques et parcourant toujours les mêmes parcours, au sens de la mécanique classique, où tout est réversible. On est ici plus proche de la mécanique quantique, du moins c’est intuitivement l’idée qui me vient à l’esprit, car intervient ici un facteur temps, un temps non réversible qu’indique l’idée de « transaction à venir ». C’est un univers par définition probabiliste. Des choses se passent , bien réelles, mais il y a des degrés dans leur réalité, c’est à dire dans la probabilité que les transactions futures auront bien lieu.

    Il n’est donc pas besoin de faire intervenir des notions de psychologie des foules, puisque c’est la qualité du dispositif qui permet les transactions qui est en jeu. Un dispositif dont la complexité, la qualité propre, est bien humaine, ce qui réintroduit le politique dans l’affaire. Qui a décidé d’inventer tel ou tel type de transaction , avec tel ou tel genre de titre ? Ce n’est pas le système lui-même mais bien le résultat d’actions bien humaines, la concrétisation d’un certain rapport de forces. Bref, la facticité du phénomène monétaire et sa dimension politique sont appréhendés d’un même élan.

    Paul en parlera peut-être plus tard, mais il me semble inévitable d’introduire dans le système tout ce qui touche aux ressources écologiques, physiques, sans lesquelles aucune transaction ne pourrait advenir, sauf à vendre du vent. Mais on ne se nourrit pas de l’air du temps.

    Les modèles statistiques très compliqués qui servaient à calculer les risques pris sur les marchés dérivés ont échoué car ils n’intégraient pas la dimension structurelle du système « monétaire ».

    Pour ce que j’en comprends, en l’état, dans le système que Paul se propose de modéliser, s’il y a conservation des quantités, ces quantités, voient leur qualité évoluer en fonction de l’évolution globale du système, lequel leur affecte des valeurs plus ou moins probables quant à leur concrétisation future. La confiance que l’on peut avoir dans le marché n’est donc pas un facteur explicatif pertinent.

    Un commentateur avait déjà suggéré une comparaison. Il y a bien flux dans des tuyaux mais la matière qui est véhiculée n’a pas toujours la même densité. Si le flux devient gazeux, attention risque d’incendie ! Le système actuel peut ainsi être qualifié d’usine à gaz 😉

    Ainsi ce ne sont plus seulement les transactions secondaires issus de la tritisation des titres qui sont improbables, mais l’ensemble des valeurs, puisque, structurellement, tous les types de transaction sont solidaires les uns des autres. Qu’un maillon lâche, et c’est tout l’ensemble qui vacille.

  55. Avatar de Paul Jorion

    @ Pierre-Yves D.

    La psychanalyse aux États–Unis a été « re-psychologisée ».

    Ma propre expérience, avec deux psychanalystes, à dix ans d’intervalle, me suggère que l’anamnèse couvre bien le même espace de signifiants : le sujet est « un », mais la qualité de l’interprétation, au sens lacanien plutôt que freudien, c’est-à-dire la recréation par l’analyste du réseau signifiant de l’analysand dans son espace à lui, lui permet de nommer les signifiants qui constituent des bouchons d’étranglement névrotiques chez ce dernier. La qualité de l’écoute de l’analyste définit la proportion du réseau signifiant qui pourra être « libérée ». Avec mon deuxième analyste, j’ai été sidéré de voir que pratiquement tout pouvait être libéré de cette manière – la remontée dans le temps marquait le progrès. J’ai évoqué cela dans Se souvenir de sa naissance.

    PS : je suis conscient que ceci apparaîtra comme du simple charabia à quiconque n’a pas vécu ce type d’expérience.

  56. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Merci Paul pour cet éclairage.

  57. Avatar de NuageBlanc
    NuageBlanc

    à Paul
    OK, c’est sans doute commode pour trois ou quatre formes de monnaie dont je parlais dans mon courriel.
    Mais dans notre économie actuelle 2.0 on est désormais dans le knol, la récupération de cookies pour « offrir » (gratuitement!) de l’échange !
    J’ai eu le malheur de cliquer sur quelques URL et j’ai un email d’openServiceMoney ou openMoneyService (SEL) dans ma mailbox.

    à Auguste
    Les trente formes de monnaies électroniques. Eh oui ! autant d’enjeux 2010-2022.
    Tu as bien fait d’envoyer ton courriel à Paul Jorion à ce sujet
    ( Peut-être le publiera t-il )
    En survolant les « Archipels aux FaçadesNord les plus profondes« ,
    il m’arrive de songer à l’Ange-au-Sourire de Reims,
    souvent charmé par les bâtisseurs de son époque.
    Le 25 avril dernier je fis un saut dans la baie de San Francisco.
    Il y avait un barcampbank sur Treasure Island.
    Le Bay Bridge qui relie San Francisso à Oakland s’appuie dessus.
    … Anticiper « TopFinance & Banking » sur l’Ile-au-Trésor qui aurait trouvé mieux ?
    Tel Jonathan-le-Goeland, toujours audacieux, … souriant,
    j’ai fait … ze~e~eeeeeeeeeee sous le tablier du Bay Bridge
    pour me tenir informé. L’index sur twitter : bcbsf2 (2e édition).

    Un compte-rendu en français :

    http://www.jeanchristophecapelli.com/capelli/2009/04/barcampbanksf2-le-compterendu.html
    Parmi les thèmes « Google & eBay+Paypal & Amazon in the banking business »,
    « Open source credit ratings » … « Security as a product !! » … « Finance and social media, P2P lending »
    Et mieux !
    ce que LeClownBlanc avait deviné tout seul dans sa petite tête,
    sans le savoir ! Jean-Michel Billaut

    1/ Google a déposé il y a déjà quelques mois des brevets
    concernant, on le suppose, des business process dans le domaine de la banque et de la finance.
    Certes Google dépose beaucoup de brevets… mais sait-on jamais ?

    L'open money est « de l'information ». Qui aujourd'hui gère le stock d'information ? Google …
    la crise économique va-t-elle accélérer la mise en place ici et là de l'open money ?
    (plusieurs monnaies locales viennet d’émerger aux USA…)
    Jamais de "taux de change" bien sûr ! … Ah ?!? à moins de pratiquer des échanges de congés !
    il y aurait un bizmodel pour celui qui aurait le temps.

    L'open money est-il de nature à réduire le chômage … la pauvreté ?
    Quelle est la part du « local » dans nos investissements, services, consommations ?
    Augmente t-on les « richesses » par l'échange ? sans doute un peu … mais aussi par quoi ?
    … surement pas par les systèmes de distribution (bancaires, alimentaires transnationaux,…) et par les systèmes de redistribution pharaono-monarchiques (co-gardiens des NordFaçades avec 33LibStreet, des fraudes, des « biaiseuses monnaies des Façades Opaques »
    nullement "fausses" monnaies
    Les puissants de ce monde laisseront-ils faire ?
    Ah ?!? … pt’etre ben koui, peut-être, si c’est Google. Ce n’est pas Pascal Lamy et Baroso-Sarko qui trouveront à redire.
    Que dire des microbes de l’'open economie (2.0), perdus entre les combats de titans ?
    Le manifeste de l'Open Money (en anglais, rédigé par Michael Litton l'un des chantres ici un texte clair en Français.

  58. Avatar de Charles
    Charles

    « PS : je suis conscient que ceci apparaîtra comme du simple charabia à quiconque n’a pas vécu ce type d’expérience. »

    Et bien non, ça n’apparaît pas comme du charabia à quiconque n’a pas vécu ce type d’expérience, j’ai compris! il suffit de suivre et on y arrive parce que les liens de pensée sont formulés et qu’il n’y a pas de vérité péremptoires assénées.

    La qualité d’une discussion n’est pas proportionnelle au nombre de béotiens qu’elle laisse sur le côté de la route à contempler passer les formules toutes faîtes des spécialiste. Je souhaite que les participants à ce blog y réfléchissent. Merci de toujours penser à expliquer votre pensée avec des parce que, des donc, des sinon etc.

    Ce commentaire aujourd’hui parce qu’il semble que ce soit le début de quelque chose – une remise à plat nécessaire du vocabulaire de la monnaie en vue de développer un outil d’analyse – et que ce début n’est pas si mal sur le plan de la clarté des interventions.

  59. Avatar de Oppossùm
    Oppossùm

    @ Crapaud rouge
    Vous êtes dans l’erreur.

    Bien entendu, la monnaie a pris des formes diverses, qui ne vous interesse pas. Soit. (Encore que parfois cela permette de mieux comprendre ce qui se passe : une monnaie gagée sur elle même n’a pas les mêmes attributs qu’une monnaie papier dont la contrepartie est une créance à très long terme).

    Vous voulez aller au fond des choses, c’est bien . Et donc vous voulez comprendre et partir de la valeur. Parce qu’effectivement , la monnaie mesure la valeur qu’on donne aux choses.
    La valeur est une notion relative , à teneur humaine très forte : elle ne dépend que de l’idée qu’on s’en fait.
    Nous sommes bien d’accord.
    Mais l’idée que l’on se fait de la monnaie elle même (et de ses fonctionnements) n’a rien à voir avec l’idée qu’on se fait de la valeur d’une chose. Même si efectivement cette représentation, elle aussi est à haute teneur humaine.

    Rien à voir.

    Vous confondez 2 choses distinctes.

    Mais auriez raison de dire alors que l’un ou l’autre , la valeur ou bien l’idée que l’on se fait de la monnaie , serait peut-être l’essence de la monnaie ?

    Prenons la valeur : toute obscure que soit cette notion, il est bien évident que la valeur n’existe que dans un objet ou un service , dans son rapport avec moi (être social) : c’est lui qui sera déteminant : la monnaie n’est qu’une traduction.
    Bien sûr la valeur des choses varie, bien sûr la monnaie à également une ‘valeur’ plus abstraite intrinsèque, de par le pouvoir d’acquisition qu’elle permet.
    Bien sûr. Mais la valeur , expression finale et fugitive de la monnaie ne permet absolument pas d’en comprendre les mécanismes. La valeur est attachée à la chose.

    Passons aux représentations que l’on se fait de la monnaie . Aurions nous là l’essence de la monnaie ?
    Avez vous noté le nombre de représentation diverses , protéiformes , opposées que chacun peut avoir de la monnaie ? et avez vous relevé que, pourtant, elle fonctionne ?
    C’est à dire que la monnaie fonctionnerait malgré nous … selon des règles dont nous ne serions pas conscients … étrange ! Disons plutôt que n’en n’en connaîtrions que des segments ou que nous ne verrions peut-être un même segments , une même règle, selon des angles différents , ou même des angles assez incompatibles … (parce que la vie est courte)
    Bref l’idée que l’on peut se faire de son fonctionnement n’aurait pas de lien avec sa réalité profonde. Et donc, si interéssantes (et même indispensables à connaître) soient les ‘représentations’ ou ‘explications’ qu’on peut s’en faire, le chemin pour acceder à l’essence monétaire, ne passe pas par là.

    Voici ma traduction poétique et libre, d’un aspect du billet de Paul.

    PS/ Le coeur d’une monnaie est l’échange.
    Un billet perdu, là, sur un trottoir avant d’être trouvé c’ est un échange dont les objets ne sont pas fixés , dont les agents ne sont pas déterminés, dont la réalisation n’est pas précisée ni dans le temps, ni dans l’espace.

    Vous allez ramasser ce billet et ce faisant ce billet va vous assigner une place, un comportement, un rôle social au travers de votre projet individuel. Un signifiant / Un signifié ? A vrai dire ça me dépasse.
    Mais il y a bien une structure inconsciente qui vous englobe et vous dépasse , et vous n’êtes qu’un terme d’un jeu de go dont la règle encapsule un principe jurique caché déchaînant des dysfonctionnements … sévères ,burnés ,violents et aveugles , lorsqu’on cherche à trop le mettre sous tension.

    Notez que d’autres faits sociaux nous dépassent et fonctionnent à l’insu de notre plein gré.

  60. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Pierre-Yves D
    je comprends le système actuel comme une usine à gaz, en latence -sinon déjà en cours- d’implosion
    (si autrefois Montesquieu fut franc-maçon, et non maçon de l’ancien régime mais essayiste « constructeur » d’une nouvelle architecture politique, je plaiderais pour la « franc-plomberie », et non pas de la « plomberie » -la titrisation étant un exemple de l’ordre de la « plomberie », dans notre régime capitaliste actuel … )

  61. Avatar de Vincent
    Vincent

    Bonsoir,

    Il est particulièrement désagréable de passer pour l’emmerdeur de service mais je dois avouer que ramener Freud ou Lacan dans cette soupe aux choux pourrait contribuer à rendre le plat franchement gazeux.

    Je vous lis depuis plus d’un an M. Jorion, et je vous souhaite véritablement d’apporter autre chose que du Freudisme à tout ce cauchemar, ce sont de bonnes et valides molécules qu’il nous faut, pas d’un placebo mythologique. Des faits, rien que des faits, un diagnostic et un traitement immanent. Enfin ce que j’en dis moi, c’est pour en dire, sur un canapé on est si bien.

    J’ai quotidiennement sur moi, c’est à dire dans ma poche, entre 40 et 100 euros, je suis certainement privilégié, cela me sert à payer mes cigarettes, mon pain, un bon steak, mes bières, quelques fois des revues, ou un resto, voir mon coiffeur. Pour le reste j’utilise ma carte de paiement à puce (dit « carte de crédit » qui n’en est pas une me concernant). Pour ce qui est plus que le reste, je rencontre mon banquier qui me fait signer des papiers, qu’on dit être un prêt. J’ai la chance d’avoir un travail. Ce travail , j’y vais tout les matins, même si en fait je préférerai rester au lit, j’aime être allongé moi aussi, et sans trop savoir pourquoi, en le faisant, plein de gens y trouvent leur compte et en retour me rémunèrent pour m’être levé ce matin, et je pense qu’eux aussi se sont levés ce matin. Cela rassure énormément mon banquier, je l’ai remarqué.

    Sincèrement, je pense que le fait de ne pas rester allongé sur mon lit ou mon divan y est pour beaucoup dans mes relations avec mon banquier. Ce qui me surprend en fait, une fois ceci étant posé, c’est que beaucoup de personnes se lèvent aussi le matin, comme moi, mais le banquier s’en moque, il ne leur accorde aucune forme d’attention. En fait personne ne leur prête attention même parmi ceux qui se lèvent aussi le matin et qui pourtant trouvent intérêt à ce que moi je me lève le matin.

    Vous aurez donc compris que la solution ne consiste pas à se lever le matin. Mais quoi donc alors ?

  62. Avatar de johannes finckh

    @ Paul:
    Votre démarche m’intéresse beaucoup, et je la suivrai attentivement en la ponctuant de réflexions « geselliennes »!
    Silvio Gesell écrit bien dans l’ordre économique naturel (que je connais par coeur!) que la monnaie est bien la « marchandise pure » au sens où elle reste indéfiniement marchandise et sur le marché, alors que la machandise (biens et services) apparaît sur le marché pour en disparaître aussitôt.
    le mouvement de la monnaie est circulaire, celui de la marchandise est linéaire, et l’échange s’effectue au point tangentiel entre la ligne d’écoulement de la marchandise et la monaie circulante.
    L’interprétation en ces termes est de moi, mais le départ est chez Gesell.
    Je suis par ailleurs sensible à votre référence à Freud et à Lacan, étant psychanlyste lacanien moi-même.
    Cela fait des années qu je tente de faire la « synthèse » entre l’approche lacanienne et ses registres du symbolique, de l’imaginaire et du réel et ce que Gesell peut nous apprendre de si radicalement simple et nouveau sur la monnaie.

    Il me semble que votre approche m’aidera certainement pour avancer!
    Le problème de la psychanalyse est de maintenir le signifiant ouvert à l’interprétation et la ré-interprétation, de laisser ouverte la question de la conclusion,
    celle de l’économie est, pour moi, celle du maintien de la monnaie, en tant que signifinant à tout faire, indéfiniement en mouvement pour qu’elle ré-interprête toujours à nouveau la demande de celui qui s’en sert.

    La monnaie traditionnelle a un côté « fétiche », un côté « valeur en soi » qui fait que cette monnaie refuse de plus en plus l’usage d’échange que nous pouvons en faire, ou alors, il faut « dédommager » celui qui prète son bien précieux, moyennant intérêt – ce qui revient à pervertir l’usage de la monnaie vers une jouissance privée, alors que l’institution monétaire est clairement et nécessairement une istitution publique!
    La solution: la monnaie anticrise, vivante (et fondante)!
    à+, si cela trouve un écho,jf

  63. Avatar de Captainsky (in Treatment)
    Captainsky (in Treatment)

    Je n’ai pas pu résister, je sais ce n’est pas bien, mais quand même….

    http://www.hbo.com/events/intreatment/index.html

  64. Avatar de Alotar
    Alotar

    Les incantations à Sa Liquidité que braient immanquablement les thuriféraires de la Bourse et de la finance ne visent qu’à enfumer les esprits des pékins. Les ministres du culte financier pressent le capital comme un citron bientôt séché dont ils auront eu à coeur de recueillir l’ultime goutte de jus bien liquide en leurs bourses.

    La liquidité, son excès, ou plutôt l’excessive liquidité du système financier actuel est, à mon avis, la cause principale de ce que ce système a tendance à se noyer dans son liquide justement.
    Il est surprenant de constater que, d’après le dictionnaire, le mot liquide vient de l’italien liquido qui signifie libre de dettes. Pourtant tout ce système de liquidité, qui devrait donc en principe être libre de dettes, ne fonctionne que par et pour l’endettement.
    Il y a donc une différence de base entre le liquide, qui n’est pas de la dette, et le non-liquide, qui est de la dette, une différence de base entre monnaie liquide et dette. Ce que la Bourse permet c’est leur indifférenciation.
    Il faudrait donc des limites à la liquidité, à la transformation de titres en monnaie, retransformée à son tour en titres, et ainsi de suite, chaque transformation n’ayant en elle-même strictement aucune justification fondamentale si ce n’est d’apporter un bénéfice à son opérateur. Comme toute entreprise en régime capitaliste, le monde financier ne vit que pour lui-même, son intérêt propre étant soi-disant censé promouvoir l’intérêt général. (En fait le capitalisme met l’intérêt général aux ordres de l’intérêt particulier.)
    Le principe du gain financier est l’anticipation, c’est-à-dire saisir l’occasion avant les autres. Ce n’est même plus l’intérêt, qui requiert la durée temporelle, qui importe. Non, c’est la négociation, c’est-à-dire l’acte d’achat et/ou de vente de titres. Que le temps ou la temporalité soient rapides ou lents, et donc que la circulation soit rapide ou lente, ne change rien, ce qui importe c’est l’ordre dans lequel se font les opérations de négociation : y être avant; le premier à saisir l’occasion gagne la plus-value, les suivants perdent.
    Le gain financier n’a plus aucun rapport avec autre chose que lui-même, c’est-à-dire qu’il ne reflète que la sphère financière dans ses rapports à l’intérieur d’elle seule, autrement dit dans la séquence de ses opérations ou dans l’ordre dans lequel se font les négociations, sans que cela ait un rapport avec un extérieur (par exemple les firmes productrices), extérieur qui lui est concerné par la durée de l’intérêt.
    De plus la densité du temps boursier est fonction de l’infrastructure matérielle de la Bourse et influe sur la liquidité. Avec l’informatique, la ronde s’accélère, le temps dure moins, ajoutant encore par cela au côté liquide de la Bourse.
    Historiquement les Bourses de valeurs mobilières (Grèce, Rome, etc.) ne traitaient que des marchandises. Mais maintenant on voit mal comment les actions, qui sont des parts de co-propriété d’une firme, peuvent être considérées comme des marchandises ou des valeurs mobilières, alors qu’il s’agit manifestement de titres immobiliers (dont la contrepartie, sauf erreur, se retrouve au haut de bilan comme « immobilisé »), même si la doxologie considère le contraire. Il y a donc un défaut de base à rendre liquide ainsi à outrance ce qui selon moi ressortit plutôt à de l’immobilier, donc à du non-liquide.
    Cette liquidité généralisée du capital, qu’est la Bourse, n’est pas un indicateur de la confiance dans l’économie. Le marché d’occasion des titres (i.e. la Bourse) n’est qu’un indicateur de l’exigence, non de la confiance, il est un indicateur de l’exigence du gain financier liquide. Et donc un indicateur de la méfiance dans l’économie ou le capital placé et non-liquide. Et si cette exigence n’a au départ aucune limite, en principe les acteurs financiers devraient se limiter les uns les autres. Mais cette ronde du gain financier liquide cherche sans relâche quelque brèche par où pomper de quoi bien profiter, arrivant à rendre liquide même le droit (options, warrants, futures; en gros des garanties contre les fluctuations aléatoires de prix).
    Il s’agit alors de séparer la monnaie de circulation de la monnaie de thésaurisation, le liquide du non-liquide. On pourrait titriser la monnaie de thésaurisation comme investissement ou créance, comme une sorte de stock bloqué à la circulation en prévision du futur et sur lequel ce même futur fait fond, raison d’être des fonds. Il faudrait alors supprimer la convertibilité automatique des titres en monnaie, solidifiant ainsi un système qui sinon se noierait dans son propre liquide. Et on cantonnerait la spéculation dans les ordres d’arbitrage liant vente et achat de titres, en n’autorisant qu’exceptionnellement les ordres séparés d’achat et de vente (en cas d’entrée sur le marché ou de sortie définitive). Mais comment comparer des titres, comment mesurer la valeur de titres, afin de les échanger sans passer par la case liquidité? Pour cela il faudrait un titre étalon, qui pourrait faire la médiation entre deux titres différents. Ce serait le titre de base de l’État ou de l’Union; et ce serait les transactions effectives avec ce titre de référence (et éventuellement entre les titres de référence des États ou Unions) qui permettrait la comparaison entre deux titres hétérogènes.

  65. Avatar de johannes finckh

    @ Les remarques d’alotar me semblent assez sensées!
    Mais, hélàs, je ne vois pas trop comment on peut agir en pratique dès lors que la détention liquide ne subit pas le « risque » qu’il génère pourtant.
    Imputer le risque à celui qui le cause, à savoir, celui qui se maintient « liquide » opère de fait un retrait de monnaie circulante, et ceci retentit sur toutes les autres valeurs qui supportent dès lors une baisse générale. Ce n’est pas pour rien que l’on parle de « prise de bénéfices » après quelques jours de hausse des bourses!
    Il ne s’agit pas d’empêcher la négociation boursière des achats -ventes permanents, mais il s’agirait de mieux imputer le risque à ceux qui le causent!
    C’est un des effets recherché et obtenu par l’émission de la monnaie anticrise (fondante), le moyen le plus efficace et le plus généralisé qui soit pour limiter les effets les plus « scandaleux » d’une spéculation effrénée!
    jf

  66. Avatar de blackhole
    blackhole

    Marc Peltier 20.39 dit
    « D’ailleurs, une partie du problème ne réside-t-il pas dans le fait qu’une monnaie est comprise en même temps comme une unité de flux (valeur d’échange), et comme une unité de potentiel (réserve de valeur)?
    Ce qui serait une vraie monstruosité pour un physicien… »

    D’après moi, la seule « solution » (entourloupe) qui a été trouvée pour concilier les deux (et donc résoudre le problème du facteur temps), c’est l’utilisation des taux d’intérêts.

    N’est-ce pas cela qui constitue le problème fondamental?

  67. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    Considérons les secteurs ecofinanciers c’est-à-dire les EAN 65, 66, 67, 70, 71
    65 – Intermédiation financiere, dont banque centrale (651A), banques_C (651C), etc. jusqu’à 652F en ajoutant « venture-capital »
    66 – Assurance : Vie et capitalisation (660A), Caisses de retraite (660C), etc. jusqu’à 660G
    67 – Auxiliaires financiers et d’assurance (A, C, E, Z)
    70 – Activités immobilières : financières (promo avec preinvestissement, crédit, gestionFi de parcs, location-en-gros, leasing,..)
    71 – Location sans opérateur (promo avec preinvestissement, crédit, gestionFi de parcs, location-en-gros, leasing,..)

    Le Passif de ces établissements investissements est double C et D
    C pour Capital et D pour Dépôt-Dette
    En C vous trouvez tous les acteurs : Fiducies – trusts anglo-saxons – Noyaux-durs-cooptés – Minoritaires de titans – Minoritaires de pucerons – Etats-investisseurs (« Argent réputé ‘public’ ») – Retraité(e)s – Transnationales – PME – Fonds de pension – Gangsters – Mafias – Trafiquants – Fonds souverains dont familles royales – Rentier(e)s avisé(e)s ou bien à la dérive – FaceNordAssurances (dites offshore) – FaceNordBanques (dites offshore) – FaceSudAssurances (dites onshore, cies cotéss ou non), FaceSudBanques (dites onshore, cotées ou non) – Etablissements d’achat-vente de titre dont banques d’investissement – Maisons de Bourse – Entrepreneurs financiers – Business Angels – ChevaliersBlancs (en sommeil ou actifs) soutenus par X ou Y.
    En D vous trouvez les mêmes acteurs.

    Tout le monde joue t-il dans la même cour ?

    Commençons par C, le Capital
    — C1: Titres privilégiés (Classe A, Classe B, etc.)
    — C2: Titres subordonnés (Stock-options, etc.)
    — C3: Titres ordinaires avec droit de vote
    — C4: Titres ordinaires sans droit de vote (droit aux dividendes)

    Commençons par D, les Dépôts-Dettes
    — D1: Formes de créances privilégiées à profit sans risque
    — D2: Titres de créances subordonnées (Obligations convertibles de type A, B, etc.)
    — D3: Dépôts ordinaires avec rémunération honnête
    — D4: Dépôts ordinaires avec rémunération honnête
    — D5: Dépôts ordinaires sans rémunération ou au minimum-minimum

    Ecartons le sujet qui fâche, l’origine des Dépôts-Dettes
    … tout et son contraire : Petite épargne gagnée avec labeur-sueur-et-années-pénibles – Gigantesques gains légalement licites mais indéfendables devant une Assemblée d’honnêtes gens (non parlementaire) – Gigantesques gains illicites – Brigandages – « Tranches d’intérêts Cumulés B » pour compenser l’inflation créée par les majorités parlementaires et les Banques Centrales – « Tranches d’intérêts Cumulées D » pour compenser de réelles prises de risques – « Tranches d’intérêts Cumulées E, infondées » résultant de la liberté donnée à telle ou telle forme d’orga finnacière de se servir sans prendre de risque (dans tel ou tel type d’intermédiation ou de transaction : décalages de dates-de-valeur, etc.).

    Ici, l’objectif n’est pas de chipoter sur la qualité éthique des Sources-de-Fonds au Passif
    L’objectif est de caractériser leur nature pour, ensuite, caractériser les « formes de monnaie« , les « formes d’échange »
    ou plus exactement les « formes de risques » ou de « non-risque_pour_X_ou_Y »
    dans le jeu d’intermédiation
    ENTRE les formes d’Emplois-de-Fonds à l’Actif, d’une part,
    ET les formes de Sources-de-Fonds au Passif (cf. supra D1, D2, etc.), d’autre part.

    Avant de parler de la prochaine GoogleServiceMoney, du xxx de Second Life ou
    des prochaines formes de monnaie électronique,
    il est préférable de déjà bien comprendre les items qui se trouvent déjà à l’Actif et au Passif
    des établissements connus. Par ex. en « consolidation onshore France » : AXA, BNP, SocGen, etc.
    N’est-ce pas assez simple ?
    Ne suffit t-il pas de commencer par lire les pages PASSIF et ACTIF de leurs Rapports Annuels ?

    L’exercice devient moins évident quand on cherche à donner un sens à certains chiffres cumulés
    du tableau suivant « Mouvements des Sources-et-Emplois-de-Fonds »
    En effet, l’évaluateur entre alors dans des jeux d’hypothèses sur la nature des intermédiations entre Passif et Actif,
    d’hypothèses sur la nature des transactions et des risques afférents.
    Saisir les « valeurs d’échange » (ou d’intermédiation entre ces « richesses », passées ou potentielles)
    c’est saisir la nature de ces risques … inexistants … ou bien réels mais refilés à d’autres …
    ou encore réels et planqués dans un hors bilan … ou encore réels et pendants en direct …
    ou encore réels mais compensés par des garanties qui sont comme çi ou comme ça … etc.

    Des ouvrages décrivent assez simplement toutes les formes d’intermédiation à toutes échéances :
    très très courtes (jour-le-jour, semaine), courtes et + (3M, 6M, 1an, …), moyennes (3-5), longues (10-15 ans), très longues :
    « Money Markets » (swaps divers et variés, TB, commercial paper, …), crédits documentaires, lignes à un an, crédits moyen terme, etc.
    Ensuite, quel est le restafaire ?
    (1) Clarifier celles qui sont impliquées, de près ou de loin,      
    dans les passages entre FaçadeNord et FaçadeSud,
    (2) Différencier les flux SudNord ou NordSud ponctuels et les flux qui, au contraire, se fondent sur la constance et la récurrence
    (3) …

  68. Avatar de Auguste
    Auguste

    à : LeClownBlanc
    Je t’interromps un instant …
    tu es long … long !
    J’ai une petite question qui me trotte …

    Je reviens sur ton découpage pédago en C et D pour le Passif.
    Chacun a lu dans la presse qu’il n’était actuellement pas rare d’observer un « leverage » de 1-à-20 voire de 1-à-30
    dans la structure de Passif de certaines banques, c’est-à-dire 20 ou 30 fois plus de Dépôts-Dettes que de Capital
    en contrepartie de tous les emplois-de-fonds, plus ou moins pourris ou inquiétants qui sont à l’Actif.
    Du coup je m’interroge.
    Pourquoi ne parle t-on pas de DepoDettisme plutôt que de Capitalisme ?

    Eh oui ! … s’il y a 20 ou 30 fois plus de DepotDettes que de capital !
    … ne serait-ce pas plus représentatif du réel ?

  69. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    @Paul Jorion : Je vais faire des comparaisons « farfelues », mais votre témoignage sur les souvenirs proches de la naissance me suggèrent que vous les lirez avec bienveillance. Il y a un point commun entre Freud et Einstein : le premier a mis en évidence la psychologie cachée, que l’on conserve par-devers soi et qui ne s’échange pas explicitement, tandis que le second a révélé l’énergie cachée de la matière, qui ne s’échange pas avec des phénomènes électroniques, réactions chimiques et électricité, mais par des réactions nucléaires. De manière analogue, l’Amazonie est actuellement exploitée pour ce que l’on sait échanger, bois, minerais et cultures sur brûlis, mais pas pour sa biodiversité dont la valeur, inestimable pour les scientifiques, restent « cachée » aux yeux des économistes du fait qu’elle ne participe à aucun échange. Partant de là, une nouvelle théorie de la monnaie ne pourrait m’intéresser que si elle conduit à repenser la notion d’échange pour y intégrer ce qu’on ne peut pas échanger, à savoir : ce que l’on veut conserver pour l’avenir. Dès lors que la volonté s’en mêle, c’est aussi une transaction, malheureusement celle que l’on néglige le plus, car préserver représente toujours un coût (ou un manque à gagner). Mais ne serait-il pas plus intelligent de préserver notre capital en nature plutôt que le capital monétaire des capitalistes ?

  70. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    @ j.finchk
    Pouvez-vous confirmer que la monnaie fondante à laquelle vous faites allusion sans vous lasser, ne concerne que les « billets » , la monnaie que le Larousse appelle fiduciaire, agrémentés de vignettes périssables?
    Les « économies » placées sur des assurances vies ne fondraient donc que du simple fait d’une éventuelle inflation supérieure aux taux d’intérêts?
    Rassurez les riches retraités qui ne consomment plus que le strict nécessaire à leur survie …et envisagent de laisser leur patrimoine chèrement accumulé à leurs descendants.

  71. Avatar de blackhole
    blackhole

    De nouveau d’accord avec vous crapaud rouge
    Et je renvois de nouveau vers mon poste 12:49, 6 mai

    Mais il faut s’étonner de rien on brevette même le vivant et des séquences de protéines.
    On paie déjà l’eau, bientôt le CO2 et dans quelques années ce sera au tour de l’air que l’on respire.

  72. Avatar de Auguste
    Auguste

    à Blackhole
    Votre propos de ce jour à 10:00 pose une question,
    celle d’un analyste qui espère trouver un soutien auprès d’une science dure, la physique.
    Mais, en « richesses monétaires » (ou pseudo richesses) ne sommes nous pas déjà trompés
    par les deux expressions qui seraient des repères pour le physicien ?
    « réserve de valeur« , d’une part : l’image du tonneau ou du solde au bilan (à l’actif ou au passif, en fin de période)
    « flux, valeur d’échange« , d’autre part : l’image du tuyau ou du « pack d’écritures consolidées » qui se trouve sur chacune des lignes du Tableau « Sources & Emplois de Fonds » publié par n’importe toute banque cotée en Bourse.

    Je vous invite à remonter à NuageBlanc
    Hier soir 22:35
    Un des organes les plus décisionnels de JP Morgan
    son SUC justement : Sources & Uses Committee
    les arbitrages ultimes, quotidiens et stratégiques, à adopter … entre Sources, d’une part, et Emplois, d’autre part
    pour toute la pyramide bancaire.

    Le problème de ces deux expressions ?
    La « réserve-de-valeur » n’en est souvent pas une.
    Dans ce monde sans étalon sérieux [Nota: ça pourrait changer un jour] le dépôt qui ne cherche pas l’intérêt perd, en ce système, irrémédiablement de sa valeur.
    Ce serait déjà un peu différent
    (1) si les Greenspan, Ben Bernanke et Trichet n’existaient pas
    (2) si les taux-de-base bancaires étaient régulés — à zéro ou epsilon — par les peuples,
    non par les majorités parlementaire qui laissent faire n’importe quoi aux « Associations Professionnelles de Banques » (British Bankers Association, etc.)
    Quant au flux, il ne s’agit pas d’un gaz, d’un liquide ou d’un granulat
    Il s’agit de tas trucs charmants, humains, n’ayant rien à voir les uns avec les autres
    … transactions rodees depuis des siècles (ex. credit documentaire),
    … combines consistant à faire prendre plus de risques à plus faible que soi
    (ne pas confondre les metaBanques, grossistes-en-Argent, et les banques-naines-ou-moyennes
    dont l’action est conditionnée (subordonnée) par les « lending limits » des metaBanques)

    … transactions jouant sur des devises, chacune de ces « devises » n’ayant aucun référentiel
    … transactions jouant sur des écarts de taux entre échéances, écarts qui sont soient couverts soient non couverts
    … subtilités de passage entre FaçadeSud et FaçadeNord (offshore) ou le contraire
    (peu de fantaisies ou d’improvisations dans tout ça)
    … montages juridico-financiers tordus, presque incompréhensibles, même en relisant 3 fois la définition
    … montages juridico-financiers bien-fondés, évalués, avec risques raisonnés et partagés entre co-banquiers

    Qu’en dites-vous ?

  73. Avatar de blackhole
    blackhole

    Je renvoie…pardon

  74. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Alotar
    L’open-monaie dont ClownBlanc nous présente deux liens en documentation ( et qui si vous avez regardé Arte-Info, hier au soir, permet semble-t-il déjà à un ancien milliardaire russe ruiné de se refaire une bonne santé financière ) ne correspondrait-elle pas justement à une monnaie purement liquide ?

    à Johanes Fink
    j’ai pensé à vous en parcourant cet article, (il y a un lien mais … en anglais))

    http://www.contreinfo.info/prnart.php3?id_article=2677
    Crise financière : le problème de la trappe à liquidité résolu (par le Zimbabwe)

    Comment sortir de la « trappe à liquidité », faire circuler l’argent dans l’économie pour relancer l’activité, en restaurant ce que les économistes appellent la vélocité monétaire ? Le Zimbabwe a mis en oeuvre une mesure radicalement iconoclaste qui pourrait somme toute fournir la solution désespérément recherchée par Bernanke et Geithner.

    Contre Info, 24 avril 2009

    Dans la théorie monétaire standard, la quantité de monnaie en circulation joue un rôle fondamental. L’inflation est définie par la fameuse formule « trop de monnaie à la recherche de trop peu de biens. »

    De fait, une deuxième variable joue un rôle clé, c’est la vitesse de circulation. Le même billet servira à de multiples transactions. La même quantité monétaire pourrait donc théoriquement donner lieu à un nombre infini d’échanges… ou à un nombre nul, si la vitesse se ralentit jusqu’à zéro, c’est à dire si tout le monde thésaurise.

    Ce ralentissement est celui constaté lors des situations dites de « trappes à liquidité » qui s’installent lorsque l’épargne de précaution s’accumule sous forme liquide, au détriment de la dépense, donc de l’activité, donc de l’emploi, donc des revenus, donc de la dépense…etc dans une spirale baissière sans fin.

    Concrètement, les centaines de milliards mis à disposition du système financier n’en sortent guère. Les banques se constituent un confortable matelas, et de plus n’ont pas confiance dans la solvabilité future des emprunteurs.

    Si la variable quantité devient inopérante, pourquoi ne pas alors tenter d’influer sur la vitesse ? Comment ? En réinventant la monnaie fondante, qu’avait préconisé au début du 20ème siècle Silvio Gesell, pour l’Argentine alors confrontée à une situation semblable.

    C’est en tout cas la solution radicale que met en oeuvre la Banque Centrale du Zimbabwe [1]. Le billet reproduit ci-dessus porte une date de péremption (flèche), incitation très certaine à s’en débarasser au plus vite, et donc à le faire circuler….

    [1] Le Zimbabwe, affligé d’une inflation qui se chiffre en milliers de pourcent n’est sans doute pas victime d’une trappe à liquidité. Mais c’est une autre histoire…

    Référence : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2677

  75. Avatar de karluss
    karluss

    la titrisation fait penser néanmoins à l’escompte d’un billet à ordre.
    cordialement

  76. Avatar de Oppossùm
    Oppossùm

    @ Blackhole et Crapaud rouge.

    La monnaie est probablement au coeur de la crise actuelle.
    Elle est un acteur majeur de chacun des nombreux système économique , mais ce n’est pas elle qui explique tout et détermine tout.

    La question de la valeur de certains bien comparée avec la valeurs d’autres est capitale, vous avez raison !
    Mais là, la monnaie ne peut rien. La monnaie , et c’est une de ses fonctions traditionnelles est aussi, en plus de l’échange de du refuge, un instrument permettant de mesurer et comparer des choses entre elles.

    La monnaie procède donc à des équivalences entre les biens. Et certaines équivalence sont scandaleuses : mais là, la monnaie ne fait que traduire la cécité d’un système qui accorde plus de valeur à de la merde qu’à d’autres ressources essentielles.

    Bref, la question est très bonne, mais la monnaie ne peut fournir aucune réponse (pour cette question là)

  77. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Tatar
    la monnaie fondante et l’open-monnaie, m’interpellent toutes les deux, sur les questions de la solidarité collective, de la répartition, …..
    mais pas de la même manière
    j’en suis donc de nouveau à me poser cette question là :
    quelque part : Et si la seule chose que nous ne sachions pas faire, c’était de partager ?

  78. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    @ Cecile

    La question du partage est règlée dans les pays d’économie « sociale » par l’importance des prélèvements directs et indirects et par les protectionss sociale qui en découlent………théoriquement.
    Cà permet de se donner bonne conscience …sans donner plus aux « autres ».
    Le surplus étant destiné à l’aide à la famille.

  79. Avatar de Cécile
    Cécile

    en aperçu de l’open-monnaie

    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/04/01/open-money-monnaie-libre

    Les « Quelques liens connexes
    De l’open-source à l’open-money
    Web2Rules – 2 mars 2009
    A l’heure de la crise, le mouvement open-money propose une approche au moins aussi stimulante de l’économie que l’open-source l’est pour le monde du logiciel. L’open money, c’est la libération des moyens de paiement. Nos monnaies actuelles sont en effet en un sens des systèmes propriétaires : l’euro et le dollar sont gérés par des banques centrales qui décident de leur mode d’émission tout en se faisant rémunérer pour leur mise à disposition aux banques commerciales. Ces dernières redistribuent ces liquidités (avec effet de levier grâce aux mécanismes de l’argent scriptural et des taux de réserves obligatoires) aux agents économiques. Deux agents économiques voulant commercer avec de l’euro ou du dollar doivent donc nécessairement faire appel à un système commercial extérieur sur lequel ils n’ont aucun contrôle.

    (…) Le système monétaire classique est donc bel et bien verrouillé comme l’est, dans un autre genre, un logiciel propriétaire. Partant de ce constat, l’open money reprend l’héritage des LETS (Local Exchange Trading Systems, en français SEL pour Systèmes d’échanges locaux) pour proposer des circuits monétaires alternatifs libres : il s’agit d’implanter au sein d’une communauté donnée une ou plusieurs monnaies que les membres gèrent directement. Les échanges entre membres ne sont dès lors plus soumis à des conditions extérieures à la communauté telle que la quantité et la qualité de la monnaie en circulation.

    Open Money : bientôt chacun créera sa propre monnaie
    Entretien avec Jean-François Noubel (cf ces vidéos) – Nouvelles Clés – juillet 2008
    Vous avez déjà joué au Monopoly, n’est-ce pas, avec des joueurs et une banque ? Si la banque ne donne pas d’argent, le jeu s’arrête, même si vous possédez des maisons. On peut entrer en pauvreté, non par manque de richesse, mais par manque d’outil de transaction, de monnaie. Dans le monde d’aujourd’hui, 90% des personnes, des entreprises et même des États sont en manque de moyens d’échange, non qu’ils soient pauvres dans l’absolu (ils ont du temps, des compétences, souvent des matières premières), mais par absence de monnaie. Pourquoi ? Parce que, comme dans le Monopoly, leur seule monnaie dépend d’une source extérieure, qui va en injecter ou pas. Il n’y a pas autonomie monétaire des écosystèmes.

    Le cinquième pouvoir monétaire
    Jean-François Noubel – Le peuple des connecteurs – 22 novembre 2008
    Souvent réduit à son aspect médiatique, le cinquième pouvoir est en fait une force de décentralisation : médiatique, énergétique, alimentaire… et aussi monétaire comme l’explique Jean-François dans cette vidéo enregistrée en annonce de la conférence qui se déroule sur le sujet à Mexico.

    Le passage des monnaies uniques, c’est-à-dire de l’économie propriétaire et centralisée, à l’économie diverse et ouverte pourrait valoir un prix Nobel. Mais comme les autres transitions en cours, elle n’est pas l’œuvre d’une personne mais d’une multitude d’acteurs. Comme les nouveaux médias, les nouvelles monnaies existent déjà. Dans les jeux vidéo, partout sur les services d’échange en ligne, dans nos vies lorsque nous rendons services à un ami qui nous rend plus tard service…

    La réappropriation de nos existences passe aussi par la réappropriation des monnaies d’échange. C’est possible à l’âge numérique. Avec ces nouvelles monnaies, la notion de croissance vole en éclat. Nous passons de l’autre côté.

    KashKlash, ce qu’il y a après le cash !
    Hubert Guillaud – InternetActu – 3 mars 2009
    Tous nos échanges ne se fondent pas sur l’argent ni sur la valeur monétaire de ce que nous échangeons, expliquent les auteurs du forum. En échange d’une photo qu’on offre à la communauté Flickr, nous n’attendons pas nécessairement de l’argent en retour, mais plutôt un sentiment d’appartenance à une communauté, une visibilité, le plaisir de faire plaisir à ceux avec qui on l’a partage… Ce type d’échanges non monétaires n’a rien de nouveau, mais la question est de savoir si nos outils numériques peuvent favoriser leur renouveau ?

    (…) A une époque où nous allons vers une monnaie virtuelle, le coût marginal d’introduire de nouvelles monnaies se rapproche de zéro, explique le consultant et éditorialiste David Birch, organisateur du Digital Money Forum britannique, d’où la probabilité qu’elles se démultiplient. Dans un scénario post-monétaire, quels autres types de biens et de services pourrions-nous échanger ? Comment persuader les gens de rejoindre votre économie alternative ? Comment expliquer ses bénéfices aux autres ?

    Si l’Etat ne peut pas nous sauver, alors il nous faut une licence pour imprimer notre propre monnaie
    Phyrezo – 25 février 2009
    Dans son livre « The Future of Money », Lietaer fait remarquer – comme l’a fait hier le gouvernement britannique – que dans des situations comme celle que nous connaissons actuellement tout s’arrête brusquement à cause de la pénurie de liquidités. Mais il explique également qu’il n’y a aucune raison pour que cet argent doive prendre la forme de la livre sterling ou qu’il soit émis par les banques. L’argent ne consiste qu’à « un accord au sein de la communauté d’utiliser quelque chose comme moyen d’échange ». Ce moyen d’échange pourrait être n’importe quoi, du moment que tous ceux qui l’utilisent ont la certitude que tous les autres en reconnaîtront la valeur. Durant la Grande Dépression, des entreprises aux Etats-Unis ont émis des queues de lapins, des coquillages et des disques de bois comme monnaie, de même que toutes sortes de bons de papier et de jetons de bois.

    Monnaies Libres
    Définition – The Transitioner
    Une monnaie libre consiste en un ensemble de règles et processus qui définissent l’émission, l’évolution, la circulation et la consommation d’une monnaie ouverte, suffisante, décentralisée, peer-to-peer et démocratique. Elle appartient au domaine public tout comme les logiciels ou les productions intellectuelles du logiciel libre. Elle est conçue, développée, testée, documentée et mise en circulation de manière collaborative, chacune de ses parties pouvant être transformée et améliorée par quiconque. Les monnaies libres sont désignées sous le terme d’Open Money en anglais, suivant les travaux de Michael Linton et Ernie Yacub à l’origine de cette vision.

  80. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Tartar
    avant, avant la protection sociale, l’éducation ….. il y a eu la suppression des péages, (Bourg de Péage, Peage de Rousillon) , ….

  81. Avatar de blackhole
    blackhole

    @oppossum

    Parfaitement d’accord. Et c’est bien là tout le problème.
    Nous ne faisons pas face à une simple crise financière mais à une crise le civilisation (mondiale) tout court: crise écologique, énergétique, géopolitique, alimentaire, surpopulation, systèmes de valeurs. La crise financière n’est que le symptôme de tout cela.
    Soigner les symptômes, cela soulage mais cela ne guérit pas.
    Tant qu’on raisonne en se disant que c’est la manière de traiter l’argent-la monnaie qui va résoudre le problème, on reste dans le paradigme qui veut que c’est l’argent qui dirige le monde. Alors que c’est justement ça le problème.

  82. Avatar de svenmarq
    svenmarq

    @ « Oncle Paul » (respect émerveillé dû au hérault de mes Spiroux d’antan qui expliquait tout si bien !!!) : pour améliorer le CERVEAU COLLECTIF QUI PéTILLE comme avait dit qqn il y a trois semaines environ lorsqu’on a ressenti une véritable accélération du processus du blog serait-il possible de NUMEROTER LES INTERVENANTS S.V.P.???

    @ Cécile (18ème intervenante): behaviorisme = o.k.
    @ analyses Freudo/lacaniennes: psychologie=o.k.
    @ D. S. M. tentative de normalisation=o.k.
    @ Johannes Finck (+/-70ème): observation pertinente : des cycles d’échange tangentiels à des vecteurs d’entropie etc. mènent à l’analyse de l’émergence, de l’écoulement des flux… Il y a un siècle Gesell ne disposait pas de ces outils cybernétiques,… il les pressentait à son niveau (N.b.:étant originaire de Malmédy où il a passé sa jeunesse ça me touche d’autant).

    En fait, la meilleure cybernétique appliquée nous est offerte par la BIOLOGIE: des cycles d’échange tangentiels à des vecteurs d’entropie, des potentiels énergétiques accumulés, des interfaces semi-perméables, etc…
    Tout ça doit évidemment nous faire penser: A.R.N. messager, cycle de KREBS, mitochondries, mitoses, double hélice…
    C »est une des pistes possibles…

  83. Avatar de clemence daerdenne
    clemence daerdenne

    Paul JORION me fait penser à Antony Garrett Lisi.
    Ce physicien « troublion », chercheur amateur comme il se definit, s’est attaqué, seul, pendant plus de 10 ans, loin des laboratoires de recherche patentés, avec une simple bourse comme aide financiére sur une theorie – « la theorie du tout » – qui a tenu en echec des generations de physiciens.

    Fin 2007, il a publié son article de plus 30 pages sur « SA » Theorie du Tout qui a stupefait le mirocosme de la physique qui depuis, ne s’en est pas encore remis.

    Bon, certes Paul n’est pas completement seul. On est avec vous , Paul. Surtout continuez !

    Je reflechis au moyen de vous apporter « ma » contribution financiére =:)

  84. Avatar de Septique
    Septique

    @Cécile

    Vous pourriez apporter votre contribution à Monsieur Jorion en « open money » , il va être ravi…

    Septique, vrai sceptique, faus septique….

  85. Avatar de antoine
    antoine

    « la meilleure cybernétique appliquée nous est offerte par la BIOLOGIE ».
    1/ C’est faux (anthropomorphisme, réductionnisme… )
    2/ C’est une bonne source « d’inspiration » sur le plan machinique (cf Leonard de Vinci)
    3/ C’est de toute façon sans intérêt pour les machines dont les éléments constitutifs sont des êtres humains, et dont les courroies sont des liens juridiques (c’est ça le sens de la définition de l’Etat par Hobbes comme « un homme en grand »).

    Qu’on remplace la physique par la biologie, ça ne change rien. Hobbes vous a déjà tous réfuté sur ce point au XVIIe. Toutefois, étant donné qu’on a toujours tendance à aborder l’inconnu par le connu, et à « plaquer » des schèmes d’intelligibilité qui nous sont plus familiers sur des domaines qui nous sont étrangers, je comprends que le physicien, le biologiste, ou le spécialiste de l’intelligence artificielle ne puissent pas s’en empêcher. Mais on ne bâtit pas une cité/ des institutions avec des méthodes et sur des postulats empruntés au monde des « ingénieurs ». Un robot est une chose, la séparation des pouvoirs en est une autre.

    Le mérite de l’approche exposée ci-dessus c’est justement d’être économe, de ne pas être surchargée de surinterprétations toutes plus discutables les unes que les autres. Franchement RIEN ne prouve que la psychanalise ne soit pas un compte pour enfant, un arrière-monde de plus (ce qui n’empêche pas de produire des effets de réalité). Il en va des thèses de Freud, Lacan et consort comme de n’importe quelle religion. C’est une question de foi. Donc si on pouvait ne se baser que sur des prémisses acceptables rationnellement par tous, ce serait pas mal. (Je le mentionne juste « en passant » pour ne pas polluer le débat. Je ne veux pas me lancer dans un débat sur le sujet, juste signaler que le statut épistémique de ces théories n’est pas le même que celui des hypothèses de Paul, et qu’on affaiblit la force persuasive/démonstrative de son approche en les mêlant au problème discuté plus haut).
    Pour ceux que ca intéresse: « capitalisme et schizophrénie » de Deleuze et Guattari. Pour moi ce n’est d’aucune utilité réelle au stade de lecture ou j’en suis, mais comme ça mêle la question du « corps sans organe », des « flux », du « transcodage » et de l’économie capitaliste, je me dis que certains ici pourraient être intéressés.

  86. Avatar de zoupic

    bonjour à tous,
    question : quelqu’un a lu future of money de bernard lietaer ? Qu’est-ce qu’il y raconte de beau?

  87. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    @ Paul Jorion

    Bien que ce soit hors sujet ici, comme vous avez fait vous même plusieurs remarques concernant la psychanalyse, et que je vous vois impliqué, je serais très intéressé si vous ouvriez un billet spécifique un de ces jours. Votre anamnèse jusqu’à la naissance me stupéfie. J’aimerais connaître votre position par rapport à Karl Popper, la falsifiabilité, etc…

    Naturellement, vous avez sans doute beaucoup d’autres choses à faire et à écrire. C’est juste « pour le plaisir », éventuellement…

  88. Avatar de Oppossùm
    Oppossùm

    @ Blackhole

    Non la crise financière a une spécificité. L’histoire en est jalonné , de ces crises, et ce, dans des systèmes de productions différents, et dans des sociétes connaissant d’autres crises … ou pas.

    Bien entendu je ne dis pas que les choses n’interagissent pas et que des causes d’une crises ne sont pas également les effets d’autres crises … et donc des symptomes de quelque chose d’autres.
    D’un certain point de vue fumeusement général tout est symptome d’une causalité antérieure et les faits sociaux se combinant, tout est cause de tout.

    La monnaie a des lois et une dynamique propre qui justifie d’en faire une étude spécifique : non pas la monnaie abstraite désincarnée mais celle bien ancrée dans chacun des systèmes économiques, celle qui concrètement est utilisé -grace à l’ingénuosité des hommes- comme instrument de concentration des richesses et donc de domination des uns par les autres.

    Si vous voulez y mélanger le problème de l’écologie , celui des ressources naturelle, celui de l’énergie, celui de la démographie, celui de la destructuration du système alimentaire etc etc, il faut alors choisir un autre angle explicatif que celui de la monnaie parce que la monnaie , même si elle a son champ propre d’efficacité, n’explique pas tout.

    C’est une mauvaise méthode que de vouloir tout mélanger. Il faut d’abord isoler pour comprendre : mais isoler , bien sûr, en gardant le contexte economico-social sans lequel tout n’est qu’abstraction sans vie.

    AUtre exemple : la monnaie possède un versant psycho-psychanalytique extraordinairement riche qui m’interesse également , mais il ne permet absolument pas de comprendre les formes de la crise actuelle … sinon par la généralité que oui … les hommes sont fascinés par l’argent …

    Tout mélanger c’est aller vers des généralités … très générales qui souvent d’ailleurs ne cherchent qu’à valider des idées préconcues.

    Bon allez, j’ai ma répèt Ciao

  89. Avatar de Cécile
    Cécile

    peut-être que les images de la monnaie (pourquoi « la » monnaie ?),
    il y a la coquille saint jacques avec sa Vénus (et non pas Mars) dedans, les quatre vents autour, dans la naissance de Vénus de Botticelli
    il y a les ambassadeurs -sur la table ( la banque des marchands, la table de la foi, de la loi,….) ils jouent aux cartes, ( mais c’est pareil, on dira que c’est pour de l’argent, la puissance, la richesse, le pouvoir, dont la reconnaissance de leur monnaie), -sous la table une anamorphe (cachée) lorsque l’on se déplace, que l’on s’éloigne sur le côté du tableau et que pendant ce temps le temps passe, elle se réalise, émerge à la mesure de l’éloignement dans un deuxième plan de persceptive, elle dessine une symbolique, (insensible, froide) , tête de mort

  90. Avatar de BA
    BA

    Etats-Unis : 17 % des enfants en bas âge menacés par la faim, selon une étude.

    Quelque 3,5 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans sont menacés par la faim aux Etats-Unis, soit plus de 17 % d’enfants qui pourraient souffrir de problèmes intellectuels ou de développement, selon un rapport basé sur des données gouvernementales et publié jeudi 7 mai par Feeding America, une association luttant contre la malnutrition.

    http://fr.news.yahoo.com/3/20090507/twl-usa-enfants-faim-etude-224d7fb.html

  91. Avatar de blackhole
    blackhole

    @opposum
    In fine la responsabilité des problèmes d’écologie, de gestion des ressources naturelles, de l’énergie, de la crise des valeurs de la société (matérialisme exacerbé), l’alimentaire (OGM)… n’incomberait-elle pas pas la recherche démesurée du profit (et donc la concentration d’argent) par un groupe restreint d’individus ou de corporations.

  92. Avatar de Cécile
    Cécile

    peut-être aussi la chanson
    (le dernier couplet est bien un tantinet pessimiste pour nous autres, ou pour ce blog, mais déjà nous comprenons grâce en autre à François, Paul, Clown-blancs, nos traducteurs, et …. )

    Y a que les riches
    Malgré tout ce qu’on fait pour le socialisme
    Il n’y a pas de progrès ni d’égalité
    Nous vivons toujours dans le même égoïsme
    Et le peuple se trouve toujours exploité
    Ainsi moi je gagne plus de trente francs par quinzaine
    Mais pour me rafraîchir ça ne me suffit pas
    A peine si je peux prendre six cuites par semaine
    Y a que les riches qui peuvent s’offrir ça

    Ainsi tenez nous autres les pauvres prolétaires
    Quand on est cocu c’est par un maçon
    Par un rétameur un tailleur de pierre
    On ne peut pas choisir quand on n’a pas le rond
    Tandis que les rupins la chose n’est pas mince
    Comme dans les romans d’Alexandre Dumas
    Ils se font cocufier par des fils de prince
    Y a que les riches qui peuvent s’offrir ça

    Ainsi tenez nous autres les pauvres prolétaires
    Qui avons des maîtresses noires comme des crapauds
    Des marchandes de moules et des charbonnières
    Qui ne se lavent qu’à Pâques ou le jour des Rameaux
    Tandis que les richards se baladent des chipies
    Toutes badigeonnées de rouge et de blanc gras
    On dirait des cartes de géographie
    Y a que les riches qui peuvent s’offrir ça

    Ainsi tenez nous autres les pauvres prolétaires
    On ne mange pas toujours on ne dort pas souvent
    On prend des bronchites à se coucher par terre
    Des crampes d’estomac à ne bouffer que du vent
    Tandis qu’eux ils n’ont que des maladies chouettes
    A force de se fourrer des trucs jusque là
    Ils ont l’albumine la diarrhe la diabète
    Y a que les riches qui peuvent s’offrir ça

    Ainsi tenez nous autres les pauvres prolétaires
    On n’a pas le moyen de prendre des bains de mer
    Avec son moutard et sa ménagère
    C’est sur les fortifs qu’on va prendre l’air
    Tandis que les repus qu’on pris leur pâture
    Au chemin de fer du sud ou dans le Panama
    Ils sont à Maza ? en villégiature
    Y a que les riches qui peuvent s’offrir ça

    Ainsi tenez nous autres les pauvres prolétaires
    Quand on n’a pas le sou pour vous me devinez
    Loin des indiscrets on cherche un coin de terre
    C’est une poignée d’herbe qui sert de papier
    Tandis que les rupins qui nous administrent
    Lorsque par hasard ils se trouvent dans ce cas là
    Ils prennent les décrets des anciens ministres
    Y a que les riches qui peuvent s’offrir ça

  93. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Peut-être qu’il y a quelque chose de psychanalytique après tout dans la création de « Neuro Dark » (Vador???), une plateforme de trading destinée aux transactions importantes dont les donneurs d’ordre veulent rester anonymes, une sorte de backroom pour traders si vous voulez. Neuro Dark! Quel sacré signifiant, pour reprendre la terminologie psy!

    http://www.ft.com/cms/s/0/7f84eb7c-3b2d-11de-ba91-00144feabdc0.html?ftcamp=rss&nclick_check=1

  94. Avatar de iGor milhit

    @ Cécile (et puis tout le monde 🙂 )
    Jolie chanson! et puisque que le dernier couplet vous semble pessimiste, je me permets de citer une lecture qui me faisait furieusement penser à ce blog. D’abord le texte:

    Et maintenant Bobbio [Noberto]:
    Je suis un philosophe des Lumières pessimiste. Je suis, si l’on veut, un philosophe des Lumières qui a retenu la leçon de Hobbes, de Joseph de Maistre, de Machiavel et de Marx. Il me semble d’ailleurs que l’attitude pessimiste convient plus à l’homme de raison que l’attitude optimiste. L’optimisme comporte toujours une certaine dose d’infatuation et l’homme de raison ne devrait pas être infatué de lui-même. Et que soient optimistes ceux qui croient que l’histoire est un drame, certes, mais un drame qui finit bien. Moi je ne sais qu’une chose, c’est que l’histoire est un drame, mais je ne sais pas, parce que je ne peux pas le savoir, si c’est un drame qui finit bien. […]
    Cette profession de pessimisme, je ne voudrais pas qu’elle soit comprise comme un geste de renoncement. C’est un acte de salutaire abstinence après tant d’orgies d’optimisme, un refus pondéré de participer au banquet des rhéteurs toujours en fête. C’est un acte de satiété plus que de dégoût. Et puis le pessimisme ne réfrène pas l’activité, mais la rend plus tendue et dirigée vers le but. Entre l’optimiste qui a pour maxime : « Ne bouge pas, tu verras que tout s’arrange » [on a reconnu Summers et Geithner] et le pessimiste qui lui réplique : « Fais de toute façon ce que tu dois, même si les choses vont de mal en pis », je préfère le second. […]

    Umberto Eco, A reculons comme une écrevisse, Grasset Livre de Poche (30981), 2006, pp. 101-102. C’est la fin d’un article nommé : « Noberto Bobbio, La destination du savant revisitée ».
    Eco compare Fichte et Bobbio pour ce qui est de leur définition du rôle du savant ou homme de culture. Pour Fichte, c’est le guide qui sait, éduque, apporte les certitudes. Bobbio propose que celui-ci inquiète et doit surtout être le critique de son propre camp. Et le texte se termine sur cette citation de Bobbio.

  95. Avatar de Pascal C.
    Pascal C.

    @johannes finckh

    Votre référence à la monnaie comme « signifiant à tout à faire » versus la monnaie comme « fétiche », c’est exactement l’argument opposé par Lévi-Strauss à Mauss et son interprétation du don. Le hau maori, cette force magique qui pousse la chose donnée à revenir vers sa source, où Mauss voyait l’hypostase de la force liante du don et de la totalité sociale, n’était pour Lévi-Strauss que « signifiant flottant », phonème zéro d’un langue symbolique universelle, renvoyant à un universel de l’échange déjà donné dans l’inconscient humain avant toute actualisation concrète dans les obligations donner-recevoir-rendre identifiées par Mauss. C’est bien Mauss qui a perçu la nature profondément sociale, institutionnelle, de la monnaie (la « primitive » en tout cas), alors que Lévi-Strauss, grand théoricien de la réciprocité sous toutes ses formes, évoque les économistes de la monnaie dont parle André Orléan (dans la Monnaie souveraine, 1998, Odile Jacob), qui y voient un outil d’échange totalement neutre, pendant d’un ordre marchand purement contractuel qui dans l’idéal pourrait s’en passer.

  96. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    Réflexion faite, je pense que l’approche béhavioriste est la meilleure, et qu’elle devrait déboucher sur quelque chose de passionnant. J’imagine que ça pourrait ressembler à une grammaire, puisque la monnaie a quelques points communs avec une langue naturelle : usage individuel mais règles collectives, échanges, problèmes d’interprétation, combinatoire, « traduction » d’une monnaie à l’autre,… En tout cas, un anthropologue doublé d’un économiste est sûrement la personne la mieux placée pour faire émerger une nouvelle conception de la monnaie, indépendante du carcan des « représentations mentales ». S’en tenir aux faits, rien qu’aux faits, est le seul moyen de produire un modèle assez abstrait et général pour ouvrir l’horizon sur de nouvelles pratiques, et donc de nouvelles valeurs.

  97. Avatar de Septique
    Septique

    @Pascal C.

    Très clair votre commentaire en réponse à J. Finckh …

    Septique, vrai sceptique, faus septique….

  98. Avatar de Pascal C.
    Pascal C.

    @Septique

    Je perçois une pointe d’ironie dans votre commentaire… J’avais écrit un texte plus long que j’ai perdu suite à une mauvaise manipulation (sans doute un acte manqué!) et j’ai dû abréger.

    @Crapaud Rouge

    Les représentations mentales, comme faits (collectifs), étant l’objet d’étude par excellence de l’anthropologie sociale, vous risquez d’être déçu. Au demeurant, l’effort que vous appelez de vos vœux pour faire émerger une nouvelle conception de la monnaie, a déjà été tenté, par des économistes qui se doublent d’anthropologues sinon l’inverse, dans le livre que j’ai mentionné dans mon précédent message. Ce livre collectif résulte d’une interdisciplinaire à laquelle ont participé des économistes, des anthropologues, des historiens, des psychologues. En voici le sommaire:

    Charles Malamoud: Le paiement des actes rituels dans l’Inde védique
    Mark Anspach: Les fondements rituels de la transaction monétaire, ou comment remercier un bourreau
    Jean-Marie Thiveaud: Fait financier et instrument monétaire entre souveraineté et légitimité. L’institution financière des sociétés archaïques
    Michel Aglietta et Jean Cartelier: Ordre monétaire des économies de marché
    Daniel de Coppet: Une monnaie pour une communauté mélanésienne comparée à la nôtre pour l’individu des sociétés européennes
    Jean Andreau: Cens, évaluation et monnaie dans l’Antiquité romaine
    Bruno Théret: De la dualité des monnaies dans les sociétés salariales
    jean-Michel Servet: Démonétarisation et remonétarisation en Afrique-occidentale et Equatoriale (XIXe-XXe siècles)
    Jacques Birouste: Confiance et monnaie. Psychologies des liens réparateur, protecteur et intégrateur
    André Orléan: La monnaie autoréférentielle: réflexions sur les évolutions monétaires contemporaines.

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