Ce texte est un « article presslib’ » (*)
L’un d’entre vous me demande : « Comment pouvez-vous être aussi sûr de vous sur toutes ces questions monétaires alors qu’il y a un an vous disiez qu’elles ne vous étaient pas familières ? »
Une partie de la réponse est déjà dans la question : un an, c’est considérable quand on s’y consacre quasiment à temps plein. Une autre partie de la réponse, c’est que je n’ai pas travaillé tout seul : ça a été pratiquement un plein-temps également pour certains d’entre vous qui se reconnaîtront. La troisième, je n’en ai pas encore parlé, c’est que je suis allé à la recherche d’économistes qui auraient réfléchi à ces questions : il me paraissait tout à fait invraisemblable qu’il n’en existe aucun. Quand je dis « économistes réfléchissant à ces questions », je ne pense pas bien évidemment à ceux qui se sont contentés de recopier consciencieusement de génération en génération certaines explications comptables capables d’opérer ce que rien d’autre au monde ne peut faire, à savoir des miracles.
Or ces économistes qui ont réfléchi à la question existent, ils représentent le courant dit « structuraliste » de la « science économique monétariste » – je mets tout ça entre guillemets à toutes fins utiles. Ils ne paraissent pas nombreux, sont essentiellement britanniques, et ne représentent en tout cas pas un courant dominant en économie. Ceci dit, si l’envie vous prenait, vous les Julien Alexandre, Shiva, Christophe, Opossum – pour mentionner une recrue récente, et les autres, de vous prévaloir d’une affiliation en économie, la voilà !
Les « structuralistes » s’opposent essentiellement aux « horizontalistes » (je suis sûr que vous pensez déjà aux gros-boutistes et aux petits-boutistes des Voyages de Gulliver), en leur reprochant de ne s’intéresser pour la création monétaire qu’à la demande de crédit et aux taux d’intérêt à court terme, alors qu’eux veulent tenir compte de tas d’autres facteurs. Vous allez voir qu’on est en terrain connu mais avant d’aller plus avant, je précise que par « création monétaire », ils veulent dire « la manière dont la structure bancaire permet d’utiliser les dépôts comme monnaie (money) » (1) Ils insistent – et je trouve ça très intéressant – sur le fait que le système bancaire n’aurait pu exister sans un double assentiment du public : celui des déposants qui déposent de l’argent sur leurs comptes-courants tout en sachant qu’il sera très probablement prêté à d’autres, et celui des emprunteurs qui acceptent cet argent, tout en sachant qu’il s’agit d’argent dû par la banque à ses déposants (je sais : en général ils n’ont pas tellement le choix !).
Parmi les facteurs qui paraissent essentiels aux structuralistes et dont nous n’avons pas ou très peu parlé : la possibilité offerte aux banques d’emprunter sur le marché interbancaire leurs réserves obligatoires ainsi que celles qu’elles constituent dans un but de « relations publiques », voire même de les emprunter à leur banque centrale dans son rôle de prêteur de dernier recours. Essentiel aussi à leurs yeux, le rôle de la titrisation dans la réduction du montant des réserves en fonds propres, ainsi que le fait que la question des réserves s’est essentiellement déplacée du domaine des réserves obligatoires « fractionnaires » à celui des réserves en fonds propres. Autre élément : la capacité des banques à transformer grâce à l’innovation financière un nombre croissant d’« avoirs » en « avoirs monétaires » (monetary assets), c’est-à-dire, à donner à des biens quelconques (« tout ce qui a un prix ») une certaine « liquidité », autrement dit, la capacité à être échangés pour de l’argent « liquide » – après manipulations plus ou moins compliquées, chacune impliquant bien entendu un certain risque.
Ah ! pour finir, principal grief des structuralistes envers les économistes appartenant à d’autres courants : l’usage fait par ces derniers de l’expression « monnaie-crédit », suggérant que les deux pourraient être confondus. Si l’on fait cela, soulignent les structuralistes, on en vient nécessairement à penser que toute injection de monnaie centrale en excès sera utilisée par les emprunteurs pour rembourser leurs emprunts. « Si l’on confond monnaie et crédit, on confond ceux qui possèdent de l’argent (money) avec ceux qui ont obtenu du crédit » (2). Autrement dit, et dans les termes que nous utilisons ici d’habitude, si l’on confond monnaie et crédit, on évacue entièrement la question de la concentration des richesses. Et on considère en particulier le fait que ce soient les banquiers en détresse ou les consommateurs en détresse qui reçoivent de l’argent du gouvernement, comme indifférent.
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(1) Sheila C. Dow, Endogenous money : structuralist, in P. Arestis & M. Sawyer, A Handbook of Alternative Monetary Economics, Edward Elgar, 2006 : 37
(2) Ibid. 44
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
76 réponses à “Monnaie et crédit : le point de vue structuraliste”
@Christophe qui écrit : « Paul Jorion est en quelque sorte notre Einstein de l’économie dans la manière tout à fait originale dont il aborde le problème et le résout. » : c’est pas un chouia exagéré ? Elle est où, la solution du problème ? Dans tous les domaines qu’ils ont occupés, les structuralistes n’ont jamais pondu le moindre résultat tangible, et pour cause ! Pour eux, la structure pré-existe aux évènements et aux phénomènes, mais elle est « inconsciente ». Qu’en dit Wikipedia ? « Le structuralisme cherche à expliquer un phénomène à partir de la place qu’il occupe dans un système, suivant des lois d’association et de dissociation (supposées immuables) » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Structuralisme) Mais quelles sont-elles, ces lois ? L’existence de l’une d’entre elles a-t-elle été mise en évidence ? Que nenni ! Le structuralisme est un rêve. Que le cerveau humain n’en finisse pas d’associer/dissocier toutes choses, j’en suis le premier convaincu, mais, si au mieux on peut repérer des associations/oppositions stables dans le temps, comme le montre la linguistique, il est au exclu que leur formation obéisse à des lois. Elles apparaissent et disparaissent au gré des circonstances.
Bon, ben…la monnaie…c’est pas simple…
On a un peu l’impression que chaque emploi du mot « monnaie » se réfère à une réalité différente, parfois à l’insu de celui qui l’utilise.
La monnaie, dans son essence, ne serait-ce pas quelque chose comme la « réalité quantique », dont on dit (principe de Heisenberg) que plus on cherche à la préciser, et plus elle se dérobe ?
Quelque chose comme:
Plus on cherche à dire à quoi elle sert, plus elle dit ce qu’elle est.
Et plus on cherche à dire ce qu’elle est, plus elle se dérobe derrière ce à quoi elle sert.
La différence avec la mécanique quantique, c’est que dans cette discipline, les mathématiques vérifient et valident CHAQUE hypothèse….
L’économie, loin d’être la science exacte dont certains ont pu croire affirmer la primauté, n’entre dans aucun schéma mathématique sérieux.
Certes, il y a un Prix Nobel d’économie…Laissez-moi rire…
A ce sujet, je ne résiste pas à l’envie de citer le communiqué de presse qui a accompagné la remise du Prix Nobel de l’économie de l’année…2007:
Je cite:
« Le prix Nobel d’économie, qui clôt la série des Nobel 2007, a été décerné lundi à trois Américains: Leonid Hurwicz, Eric Maskin et Roger Myerson. Ils ont été distigués pour leurs travaux sur la théorie dite de conception des mécanismes, qui a pour but de distinguer les situations dans lesquelles les marchés fonctionnent bien de celles où les marchés fonctionnent mal.Cette théorie est un sous ensemble de la théorie des jeux. Il s’agit de concevoir les mécanismes qui assureront dans le cas d’enchères, comme pour les fréquences de téléphonie portable ou les fréquence radio, les règles qui assureront leur distribution équitable en fonction des intérêts de chacun des participants. »
Fin de citation, fermez le ban!
(« …un sous-ensemble de la théorie de jeux » !…Comme « foutage de gueule », c’était plutôt bien vu, non? …)
@ stubborn
Bonne remarque!
Mais, dans un climat déflationniste, c’est le fait de ne pas investir qi est très profitable rapidement!
Retenir et compliquer les écoulements des biens et services revient à une spéculation à la baisse, autrement dit, la monnaie valeur efuge s’apprécie substantiellement par rapport aux biens et services, mais plus encore par rapport aux actions et au foncier!
Ainsi, des entreprises entières seront rachetées à vil prix dès qu’il y aura reprise!
En clair, nous ne sortons pas de ce que j’ai écrit, à savoir que la monnaie qui ne se dépréci pas matériellement (qui ne fond pas, EST BEL ET BIEN LE CAPITAL ORIGINEL!
En modifiant la monnaie, nous pourrions, pour de vrai!, « civiliser » notre système économique, alors que tous les autres « correctifs ne feraient que déplacer les problèmes, et celui qui reste « liquide » sera toujours gagnant par le simple fait d’avoir largement CAUSé la crise systémique!
jf
@ pierrot:
la monnaie quantique?
Eh bien, il ne me semble pas que ce soit à ce point compliqué.
Je sais que les économistes, notamment ceux qui affirment la création monétaire via le crédit bancaire, voudraient presque admettre que l’objet monnair pourrait être simultanément en deux endroits à la fois!
Dans la poche du prêteur et celle de l’emprunteur en même temps!
A partir de là, tout est embrouillé!
Quand on peut me soutenir que le volume de crédit accordé par les banques est effectivement de la même grandeur que les dépôts bancaires épargnés mais que ces deux chose n’auraient rien à voir ensemble, on se fout de la gueule du monde, même si c’est par ignorance!
Non, les créances des uns sont les dettes des autres, c’est aussi simple que cela!
Et si les dettes augmentent tout le temps c’est bien parce que les dépôts bancaires (l’épargne) en fait autant, tout cela par le mécanisme diabolique des intérêts et des intérêts composés!
Les intérêts non plus ne sont pas de la « création monétaire » mais un prélèvement permanent, un transfert de richesses des plus pauvres vers les plus riches!
Et si en 2008, pour la première fois depuis la crise des années trente, les fortunes monétaires n’ont pa pu croître dans le monde par rapport à 2007, alors qu’elles croissaient, avant, tous les ans, cela vient bien du fait qu’un trop grand nombre de débiteurs n’a plus PU payer!
Le refinancement central en monnaie de singe (rachat des actifs « toxique », le « quantity easing) est tout simplement une tentative desespérée de sauver ce qui ne peut plus l’être!
Seule une monnaie anticrise (fondante) pourrait remettre assez rapidement à flot l’économie, sans pour autant nécessairement « renflouer » ceux qui méritent la ruine! Et ce sans autre mesure de transition!
Vous voyez, pierrot,les choses ne sont pas si compliqués techniquement, mais sans doute politiquement. Mais elles le sont encore davantage parce que l’économie politique ressasse depuis plus d’un siècle déjà des analyses radicalement fausses! Par ce biais-là, ils sont les serviteurs les plus zélés des capitalistes.
Il faut que les économistes abandonnent absolument leurs idées sur la création monétaire via le crédit et qu’ils reviennent à la réalité des faits.
D’ailleurs, avec les économistes, on ne comprend pas pourquoi les banques tentent d’attirer l’épargne, ce qu’elles font cependant en payant un intérêt aux déposants, alors qu’elles pourraient, par ailleurs, créer de la monnie via le crédit et en « monétisant » des actifs! On n’a pourtant encore jamais vu des maisons se transsubstantialiser en monnaie scripturale, ni même en billets de banque (ça serait cela, la monétisation des actifs si les mots ont un sens!)!
Silvio Gesell pouvait dire aux professeurs d’économie: « ils ne comprennent pas la nature de la monnaie, parce qu’elle est trop simple!
jf
@barbe-toute-bleue
Effectivement vous en avez déjà disctuté. Je vous présente mes excuses.
@johannes finckh: vous venez de vous décrédibiliser en déclarant, je cite : « les créances des uns sont les dettes des autres, c’est aussi simple que cela! », alors que tout le monde sait que les banques prêtent plus qu’elles ne possèdent en dépôts !
@pierrot123: j’aurais tendance à penser comme vous, mais pour ce que vous dites du « prix nobel » 2007, vous êtes un peu à côté de la plaque. Pas étonnant, vous avez pompé un bref résumé qu’on retrouve dans Libé et l’Express et ailleurs. Une rapide recherche par Google m’a montré que ce prix était beaucoup plus intéressant : les recherches concernées consistent à partir de situations réelles, non idéales, et de chercher le « ‘jeu » (système de règles) « intéressant », c’est-à-dire qui vaille la peine d’être… mis en jeu! But incitatif pour que les « acteurs » potentiels se mettent effectivement à « jouer », cad à agir sur le plan économique. Ça s’applique en priorité aux « ressources rares », telles l’allocation des fréquences hertziennes, mais ça n’exclue pas a priori une extension à des ressources moins rares. Le bref résumé est très loin de tout ça.
Voire http://www.onversity.com/cgi-bin/progactu/actu_aff.cgi?Eudo=WTpgjZWVn&P=00001043#10
&crapaud rouge:
Certes, mais j’observe que le prix Nobel d’économie pour 2008, c’est Paul Krugman, et là, la musique n’est plus du tout la même…
« O tempora, O mores… »
Les principes théoriques et les faits.
@ Christophe,
J’ai beaucoup de mal à répondre en ce moment : chacun des mes messages, aussi petits et simples soient-ils, prennent entre 7 et 10 heures, en ce moment, pour arriver à bon port, c’est pénalisant.
J’ai effectivement questionné avant-hier le « principe de conservation des quantités » qui me paraît (pour l’instant) assez largement imaginaire en matière monétaire.
En effet, si l’expérience répétée du réel montre qu’un principe (ou plutôt une hypothèse de principe, non ?) n’est pas respecté dans les faits, on peut s’interroger sur la pertinence de l’hypothèse de ce principe.
Par ailleurs, je ne vois pas du tout le lien de causalité qui vous permet de dire que la possibilité pour les banques centrales de ne pas respecter le « principe de conservation » montre qu’on prend le risque de l’écroulement… J’imagine facilement, au contraire, qu’en augmentant progressivement et raisonnablement la masse monétaire (et c’est peut-être seulement ce « détail » qui est en jeu ; là aussi, la démonstration reste à construire), en même temps que la masse des richesses (et même un peu en avance comme le permet l’actuel mécanisme du crédit), on n’aille pas du tout à l’écroulement mais à la prospérité… Ne renoncez pas trop vite et trop radicalement à la « non conservation des quantités » qui consiste à faire des paris raisonnables sur l’avenir (et à rendre ainsi possible ce qui ne l’était pas ; le crédit moderne a sans doute libéré les hommes de contraintes inutiles) : je crois que cette non conservation est justement un progrès, à condition de ne pas exagérer.
Pardonnez-moi, mais je trouve que votre corrélation n’est pas bien étayée.
Quant à la démonstration que vous tenez pour acquise (les banques n’auraient pas le droit de créer l’argent), elle reste à produire – sauf, bien sûr, si vous appelez ‘argent’ la seule monnaie centrale, définition qui ne correspond pas, il me semble, à la réalité actuelle des moyens de paiement.
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Pour ce qui concerne la théorie d’Einstein, pas d’idole à adorer, svp : même elle, elle ne résisterait pas à une expérience contraire, c’est Einstein lui-même qui le rappelait avec force :
Je vous signale aussi cette pensée-là, que souligne souvent Maurice Allais, toujours pour nous rappeler que les faits prédominent sur toutes les théories :
Amicalement.
Étienne.
@ Etienne
Sur l’idolâtrie, je vous retourne votre conseil avec Maurice Allais farouche adversaire de la théorie de la relativité restreinte d’Einstein (comme quoi tout se tient!)
Pour ma part je n’idolâtre personne, j’ai horreur de cela.
Sur la conservation des quantités, c’est un principe fondamentale au niveau de l’économie et de la finance mondiale.
Un pays qui ne respecterait pas la conservation des quantités, fabriquerait de la monnaie de singe vis à vis des autres pays qui commercent avec lui et la philanthropie n’étant pas la qualité essentielle du capitalisme, le jeu s’arrêterait très vite, c‘est aussi simple que cela.
Pourquoi croyez-vous qu’il est interdit aux Etats de la communauté européenne d’emprunter directement à la BCE?
Que les agents économiques d’un même pays se contentent de la monnaie scripturale des banques du pays comme moyen de paiement c’est ce qui se passe mais dans une économie mondialisée cela ne marche plus.
La banque de l’entreprise chinoise exportatrice se fait payer en monnaie centrale car voyez-vous les compensations interbancaires avec des banques étrangères sont toujours en faveur des pays exportateurs et ce n’est pas la création de votre monnaie scripturale bancaire privée locale, que vous croyez être de l’argent, qui réglera la facture des créanciers étrangers.
Et ce qui est valable dans la sphère économique internationale l’est aussi dans la sphère financière et boursière.
@Crapaud Rouge: »c’est pas un chouia exagéré ? » oui un peu, je m’attendais à plus de réaction…
@Christophe : « Maurice Allais farouche adversaire de la théorie de la relativité » ??? Peut-être, je n’en sais rien. S’il s’y connaissait un tant soit peu, il aurait au moins compris une chose, à savoir qu’il ne rime à rien de se poser en « adversaire » d’une théorie scientifique. Une théorie n’est jamais qu’une manière de modéliser la réalité, de sorte qu’elle peut devenir caduque, (les scientifiques la désinvestissent), tout en restant conforme aux faits qu’elle prétend modéliser. Etre « pour » ou « contre », « adversaire ou partisan de quelque chose, présuppose qu’un choix doit être fait. Maurice Allais était-il convaincu que les scientifiques auraient dû « choisir » une autre théorie ???
Autre point de vue. De quoi alimenter le débat
http://www.horizons-et-debats.ch/31/31_21.htm
@ crapaud rouge:
il ne me semble pas que les banques, prise toutes dans leur ensemble, prêtent plus que les dépôts!
Il me semble qu’une banque, qui peut prêter au cas par cas, plus qu’elle n’a en dépôt, fera nécessairement appel elle-même a d’autres ressources, sur le marché interbancaire notamment, ou même auprès de la banque centrale, en négociant des actifs ou en les mettant en gage!
L’affaire des actifs « toxiques » l’illustre complètement! le refinancement central a eu lieu, car, sinon, big problème pour la banque concernée!
jf
Il reste: les créances des uns sont les dettes des autres, e ne vois pas pourquoi cela fait tant débat que cela!
Annulons (fictivement) toutes les dettes, plus personne ne remboursera alors plus personne, et les créances seraient nulles! N’est-ce pas évident?
@étienne chouard et christophe:
Je tiens pour « démontré » que les banques ne créent pas de monnaie via le crédit!
Mais je sais aussi que les convaincus du contraire (très majoritaires!) sont coriaces et ne veulent pas (encore) abdiquer!
C’est vrai que les quantités ne sont pas conservées quand, par FORçAGE, LES BANQUES CENTRALES doivent refinancer!
En prenant en compte par exemple les actifs « toxiques »!
Alors, par ce biais-là, et en pratiquant le chantage du risque systémique, les banques FONT créer de la monnaie.
Car en « monétisant », comme on dit, ces actifs pourris, la banque centrale remet au pot, largement pour masquer le fait que les emprunteurs sont devenus insolvables.
Si je prête une forte somme à mon voisin et que ce voisin fait défaut, je ferai désormais appel à la banque centrale pour me refaire?
Je rêve!
Eh bien, du fait du risque systémique, c’est cela qui est fait au niveau des grandes banques! pour moi, la banque centrale ne ferait évidemment rien, mais quand il s’agit de centaines de milliards, c’est différent!
C’est comme assasiner: tuer un homme me vaut la prison à vie, faire la guerre et tuer beaucoup me vaut la gloire!
Si cette monnaie centrale (monnaie scripturale bancaire centrale ET billets!) a bien été consentie en grande quantité – des centaines de milliards un peu partout, ce qui fait des milliers de milliards!,
il me semble cependant évident que ceux qui ont reçu ces « dédommagements » ne l’utilisent que peu pour faire des placements, sinon, les bourses et l’immobilier monteraient bien davantage!
Autrement dit, ces masses sont « gelées » comme disait DSK par exemple, et elles n’irriguent guère l’économie via des crédits nouveaux ou via une amélioration du pouvoir d’achat du plus grand nombre.
Cela vient du fait que ces sommes sont largement devenues VALEUR REFUGE ULTIME en restant liquides, et que la meilleure stratégie pour les fortunés est actuellement celle d’attendre des jours meilleurs – une nouvelle bulle peut-être?
L’introduction d’une monnaie anticrise changerait radicalement la donne et ferait que la nouvelle monnaie émise, elle, descendrait immédiatement dans l’arène de l’éonomie de production et de l’échange, l’économie repartirait et se stabiliserait quasi instantanément!
jf
@johannes finckh: euh… dès que ça devient un peu technique, je suis largué, excusez-moi. De toute façon, les explications techniques m’ennuient car, si je pose la même question à 10 économistes, ils vont me donner 10 explications différentes. Contrairement aux sciences dures, il n’y a pas de théorie « arrêtée ». Ce qui fait consensus, ce sont des pratiques, des règles de comptabilité, mais pas les explications qui motivent leur existence. Monnaie et crédit sont ainsi faits de pratiques et conventions sociales d’une époque, mais ne sont pas plus justifiables que les pratiques et croyances religieuses. La preuve en est que ces pratiques et conventions peuvent changer du jour au lendemain, comme le montre, par exemple, l’abandon de la convertibilité du dollar en or. En conséquence, j’admets qu’on peut, théoriquement, créer de toutes pièces une nouvelle monnaie, par exemple la « monnaie fondante », mais l’histoire enseigne que les innovations monétaires se sont toujours basées sur l’existant. La prochaine à voir le jour est probablement celle qu’on envisage déjà : une monnaie internationale fondée sur un panier de devises. L’étape ultérieure, (permettez-moi un brin de science-finction), sera l’abandon de la référence au panier.
@ Johannes,
vous dites :
En forme de réponse :
Extrait d’un bulletin de l’ADED (Denis Gauci) :
http://assoc.pagespro-orange.fr/aded/
______________
J’ai trouvé chez Maurice Allais (dont la pensée est elle-même si indépendante qu’elle est fréquemment dissidente) une citation intéressante qui pourrait aider Paul à résister à nos (amicales) insistances faisant souvent référence à la pensée dominante :
J’ai fini par trouver ce livre extraordinaire ; il est savoureux et intéressant, je vous le recommande.
Amicalement.
Étienne.
Très confuses ces histoires de monnaie. La preuve par Wikipedia. Au chapitre « création monétaire », (http://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9ation_mon%C3%A9taire), on vous dit, vers la fin du § « Du dépôt au crédit », que « La banque doit encore et toujours fournir la liquidité sous la forme exigée par la banque centrale. Il n’y a pas de création monétaire. » D’une façon ou d’une autre, un banque doit avoir dans sa trésorerie tout ce qu’elle prête. Au début du § suivant, « Comment le système bancaire peut-il créer de la monnaie ? », on vous explique que « Il est vrai qu’il est un peu difficile de comprendre que la collectivité des banques puisse faire ce qui est impossible à chacune d’entre elles individuellement. Le mécanisme fondamental est l’effet multiplicateur du crédit. Imaginons qu’une somme arrive de l’extérieur dans le système bancaire. Ce n’est pas le système bancaire qui l’a créée. Elle peut venir d’une création monétaire de la banque centrale ou d’un excédent de balance des paiements, ou de toute autre source possible. La banque qui reçoit ce dépôt le met en trésorerie comme nous l’avons vu et le prête. Ce prêt va se retrouver sur un dépôt qui va se retrouver en trésorerie et qui va être prêté. Un même euro va servir de base à une multitude de prêts qui va multiplier la masse d’euros en circulation. On appelle cela le « multiplicateur des crédits ». Les crédits créent des dépôts qui créent des crédits etc. D’où l’expression : « loans make deposits ». »
Donc, tantôt on dit « création y’a pas », et 10 lignes plus loin on explique le contraire.