Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Quand le système bancaire s’est effondré, l’argent qui manquait, on est allé le chercher dans la poche du contribuable. C’est très vilain mais ce n’est pas passé inaperçu : le fonctionnement implicite du système financier est apparu en surface, au vu de tous. Cela n’avait pas été prévu : l’« oligarchie », pour utiliser le terme qu’affectionne Simon Johnson, l’ancien économiste en chef du Fonds Monétaire International, aurait sans aucun doute préféré davantage de discrétion.
Quand je dis « sans aucun doute », certains sont d’un avis contraire, qui pensent que tout cela était prémédité : de l’effondrement au rétablissement sans vergogne. Je ne le pense pas, et vous allez voir pourquoi.
L’un de vous me communique un extrait d’une conversation récente :
Mr. X. responsable du top management de la Rabobank (à propos de l’obligation de brochures informatives en cas de vente de produits financiers) : « Les gens n’y comprennent rien, et de toute façon, ils ne les lisent pas, donc forcément ils ne savent pas à quels risques il s’exposent. Tout ceci est de leur faute, les vendeurs de ces produits respectent leurs obligations »
Le responsable à la Commission Européenne : « Mr X, vous avez déjà essayé de lire une de ces brochures ? Le problème n’est-il pas plutôt lié au fait que vous ne savez pas vous-même ce que vous mettez dans ces produits et que vous êtes incapables de les évaluer et donc de dire clairement au client ce qu’il encourt ? »
Le responsable à la Commission Européenne sait de quoi il parle : il semble très bien connaître le milieu financier. Sa remarque m’a rappelé une expérience personnelle, à l’époque où je travaillais pour la banque commerciale Wells Fargo à San Francisco. Le département marketing interrogeait les clients pour connaître les désidérata des clients en matière de crédit à la consommation, puis il nous communiquait à nous, au département pricing, le résultat de ses investigations comme une « décision ayant été prise » (ultérieurement, la procédure fut moins expéditive et un comité « nouveaux produits » fut créé, dont je faisais partie). J’ai ainsi hérité d’un projet à l’ambition délirante : un prêt convertible à tout moment en ligne de crédit et inversement.
Pour le mettre au point, j’ai créé un modèle à facteurs de risque à six variables, qui calculait soit la rentabilité – le taux étant fixé, soit le taux – pour une rentabilité déterminée, de SmartFit (c’était le nom du produit) pour la formule prêt et pour la formule ligne de crédit, ainsi que les taux de conversion d’une formule dans l’autre, et ceci en fonction du profil du consommateur et du type de logement envisagé. Après que SmartFit ait été lancé, j’ai un jour évoqué lors d’une réunion, le « produit que j’avais conçu ». Quelqu’un du département marketing s’est alors offusqué : « Mais c’est nous qui avons conçu ce produit ! » Un cousin de Mr. X de la Rabobank, sans doute.
Souvenons-nous toujours du vieil adage : « N’attribue pas à malice, ce que crétinerie explique aussi bien ! »
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
115 réponses à “« N’attribue pas à malice… »”
Je vous trouve bien pretencieux les gauchos! Le marketing est là pour trouver des solutions pour ameliorer la vie des consommateurs. On leur vend du reve, du bien être, rien de plus. Condamner cela est tout simplement ridicule! La publicité ne fait que mettre en contact un service et un consommateur, il y a t-il quelque chose de mal là dedant?
Le crétin c’est toujours l’autre, celui d’en face…facile! Je suis un crétin à mes heures, moi aussi, mais la dangerosité de ma crétinerie, (Oui ça peut être dangeureux d’être crétin), n’est pas de niveau systémique, loin s’en faut. Les gens du marketing font un boulot, comme ceux de l’ingéniérie, chacun à sa place contribue à la même escroquerie. L’argutie de dire qu’on reconnait plus son bébé une fois passé par le service marketing me semble être la preuve de la grande irresponsabilité qui nous habite tous. Le produit miracle, n’importe lequel, existe parce qu’il a été créé, et vendu, et acheté. Sans dire que les « consommateurs » n’ont que ce qu’ils méritent, loin de moi une telle insinuation, ils faut reconnaitre qu’ils ont pu apposer une signature sur un contrat qui a été crée, et ensuite « habillés » par les intervenants solidaires d’une même strucuture, d’une même volonté.
J’ai souvent refuser de « proposer » les « offres » qui me paraissaient trop « énormes ». J’ai souvent été sanctionné pour cela. J’ai vu des ingénieurs financiers pétri de malhonnêteté, et des gens du marketing d’une honnêteté irreprochable, et exactement l’inverse aussi.
Par contre, j’ai rarement vu des ingénieurs ou des marketeurs, dire : non je ne ferais pas ça, ou je ne vendrais pas ça!
Bien sûr les responsabilités ne sont pas les mêmes en fonction des niveaux de hierarchie, mais la balle qui tue ne sort pas du fusil si personne n’appuie sur le chien…
@ Le Fan et Timbo
c’est bien là le problème, que nous en soyons tous réduits à l’état de consommateurs, et seulement à cela dans le système économique actuel. Alors oui en effet, les marketeurs et autre publicitaires essayent d’améliorer la « vie des consommateurs ».
Mais ce que vous désignez comme une vie n’en est pas vraiment une. Sous l’apparente liberté de choix parmi une profusion de produits, il n’y a souvent des choix téléguidés par incitations et autres techniques de contrôle de plus en plus sophistiquées.
Au lieu que nous inventions chacun nos vies avec des outils qui seraient à notre disposition et que nous pourrions nous approprier socialement, nous sommes instrumentalisés par le marketing et la publicité (eux mêmes, avec les services recherche et développement, sous l’emprise des services financiers et des actionnaires.) qui s’emploient à fabriquer des modes de vie clé en main.
Les publicitaires vendent des produits en exploitant l’imaginaire, mais c’est un imaginaire mal placé, car il épuise notre terre et les énergies humaines.
Pour faire peur à certains, je vais parler de ce qui est peut être la plus grosse délocalisation : vous avez peur du polonais qui viendrait faire la plomberie en France, peur de l’asiatique qui travaille comme une fourmi, peur du prisonnier politique chinois qui travaille pour rien et bien je tiens à vous signaler qu’une grande partie du travail aujourd’hui est faite par des MORTS ! Oui la richesse d’aujourd’hui et depuis belle lurette est produite aussi par des gens inactifs et même morts en grande partie. Le travail il y en a partout, certains ne travailleront pas s’ils ne sont pas payés, d’autres jalousent leur voisins qui le seraient plus, certains ne veulent pas partager d’autres préfèrent faire travailler leur amis ou leur famille même s’ils ne sont pas très compétents pour ne pas disperser la richesse, et enfin beaucoup empêcheront de disposer de l’outil de travail qui aujourd’hui est le plus souvent l’argent mais dans l’ensemble quel gâchis. Evidemment l’intérêt de la reproduction de l’individu et le côté animal l’emporte en fait à tous les niveaux, la surpopulation mondiale est ignorée dans le but de faire croire à chacun qu’un peu de lui même lui survivra mais globalement c’est dangereux et affligeant. Si vous avez peur des délocalisations retourner tout de suite à l’âge des cavernes avec prédateurs qui rôdent la nuit et guêtent votre moindre faux pas, et habituer vous à ne pas manger pendant de longues périodes ! Certes ce n’est pas forcément génial aujourd’hui et il reste cette part d’animalité qui fait que l’homme simule pour l’homme le prédateur et la famine mais dans quel but ? abrutir, asservir, frustrer, stresser… ou peut être ne pas se reproduire comme des lapins ?! l’homme comme tous les animaux par ailleurs s’occupe naturellement à des tâches constructives ou tout au moins qui lui permettent de survivre, tous n’ayant pas les mêmes envies ou désirs ni même besoins ou capacités, ce n’est pas en le torturant par le travail ou le non travail que l’on obtiendra un meilleur résultat mais c’est peut être en revenant à des comportements plus naturels qu’il travaillera mieux !
Allez, une petite remarque pas chère, pour manifester un peu de magnanimité pour l’humain :
Comme le plus intelligent des chiens n’est pas plus intelligent qu’un chien, il en est de même pour l’homme … par rapport aux hommes voulais-je dire, pas aux chiens !
Mais, il y a un mais, s’il ne faut pas compter sur un miracle de mutation génétique pour rendre un cerveau plus performant, ni vraiment son dopage du silicium, ou du carbone, ( mettez ce que vous voulez dans vos circuits électroniques ) l’avenir de l’homme, c’est les hommes ensemble et pour améliorer le bien commun.
Pourquoi être si optimiste ?
Parce qu’on n’a pas le choix ! Pour améliorer la technologie au delà de l’ampoule électrique, on est obligé de penser à plusieurs, parce que tout seul, on est trop con.
Vous avez vu les challenges ? : dans la courbe des mauvaises habitudes de demandes énergétiques, le pétrole qui n’y suffirait pas de toute manière, va, de plus, devenir de plus en plus difficilement exploitable.
Avez-vous vu les engins qu’il faut concevoir pour passer sur le tout électrique, je vous conseille de brancher les Edison en série pour le tour de force. C’est d’ailleurs ce qu’on fait. Restera plus qu’à virer les financiers … ou comme disait Paul une fois, voir si on peut pas les recycler utile.
Je n’entendais pas m’en prendre spécialement au marketing. Le rapprochement que je faisais entre la conversation rapportée et mon expérience personnelle, entendait simplement mettre en évidence que le monde de la finance est peuplé – à tous ses niveaux – de gens qui n’ont pas la moindre idée de la manière dont elle fonctionne et qui seraient donc incapables de la manipuler si l’idée les en effleurait. Je ne parle pas de la fraude bien entendu, qui est elle à la portée du premier venu.
@ Paul
Dans le domaine de la finance, il y a bien longtemps que le langage publicitaire ne décrit plus la réalité objective de produits ou services qu’elle vante. Où se situe la limite avec une présentation frauduleuse? L’occultation du risque, ce dernier n’étant pas très vendeur, convenons-en. C’est la même chose qu’avec la martingale de Ponzi, qu’elle soit légale (comme dans le système bancaire) ou prohibée (comme chez Madoff) : le nirvana dure jusqu’à l’inévitable rappel de la réalité.
C’est pourquoi je ne comprends pas que vous soyez hermétique à la théorie des cycles dans l’économie, qui illustre pourtant très bien une constante immémoriale de la nature humaine : le déploiement d’un optimisme immodéré, jusqu’à la déraison, suivi d’un désespoir tout aussi déraisonnable quand le rêve s’effondre.
Nous ne sommes pas encore parvenus à la phase de désespoir, celle qui n’épargnera pas non plus les « petits et gros actionnaires » honnis par ghostdog 🙂 , quel que soit leur niveau de naïveté ou de roublardise. Un désespoir dont l’intensité promet d’être largement pire que tout ce qui est imaginé. Toute la question est donc bien de concevoir le cadre général (la constitution ?) de la renaissance qui s’ensuivra inévitablement, pour tirer l’humanité vers de nouveaux rêves (éphémères, eux aussi, probablement…)
@ tout le monde
Vous ne dormez jamais? ou alors vous n’êtes pas en France?
JJJ à 06h22
Paul Jorion à 05h21
Barbe tout bleu à 02h38
Jean-Baptiste à 01h35
@ blackhole: (9ème intervenant)
Très juste.
Trouver un taux d’incompétence croissant dans une hiérarchie humaine: il s’agit du principe dit « de Peter » …
… plus haut que son (la 17ème lettre de l’alphabet), sans doute, dans le cas de ces tristes sires !
Au musée Groesbeek de Croye, à Namur, il y a le buste en pierre d’un chevalier décapité qui porte sa tête sur le bras, avec, en légende lugubre « UN JOUR VIENDRA, QUI TOUT PAYERA » …
Le Maelström actuel m’évoque une vieille chanson de STING sur les missiles nucléaires:
« I Hope the Russians love their children’s too… »
Perso, I hope that all humans love their child’s & préparent le futur dans ce sens…
On est tous dans le même bocal, comme le chante si bien CABREL !
Pourquoi n’entend-t-on pas davantage de commentaires sur les nombreux suicides de certains grands patrons de la finance ?
Le dernier suicidé n’avait que 41 ans , une gentille famille, un train de vie très enviable, et un capital disponible pour lui assurer des vieux jours confortables même s’il devait vivre plusieurs siècles. Pourtant il n’a pas pu faire autrement que de se tirer aucune balle dans la tête. Et ça ne semble étonner personne? Je n’ai pas trouvé à lire la moindre ligne concernant les possibles motivations de son geste? Quel terrible secret est à l’origine de ce geste? De quel drame s’agit-il? De quoi est bâti le piège qui l’a poussé à se suicider? Le commun des contribuables qui puiseront dans leurs poches pour financer les financiers , a-t-il le droit de connaître le terrible secret de ceux qui, installés tout au sommet, comblés d’argent et de pouvoir, ont été conduits à constater qu’il ne leur restait que la solution de se donner la mort?
Même les gens qui sont à l’origine des produits financiers hautement sophistiqués n’ont manifestement pas compris toutes les implications de leur création. Comme les alchimistes de jadis, ils croyaient avoir trouvé la pierre philosophale mais ils ont oublié ce que Keynes ou Nicholas Taleb n’ont cessé de répéter, à savoir que l’incertitude véritable (conséquence des interactions imprévisibles d’un organisme complexe comme celui d’un marché) ne peut pas être évaluée par des techniques statistiques et probabilistes. L’homo economicus est pris dans un dilemme : il cherche désespérément à maîtriser le cours des événements et à évaluer le risque et ce faisant, il oublie que cette maîtrise est illusoire. Bien sûr, l’appât du gain espéré le rend encore un peu plus aveugle à cette vérité.
Pour ce cher captainsky : temps de travail moyen en europe
Où l’on voit que le temps de travail effectif (temps plein + temps partiel) en France est loin d’être le plus bas. Où l’on voit que la Hollande, championne du taux de chômage le plus bas, est le pays où l’on travaille le moins.
Si vous creusez dans la base de données d’eurostat (stats de la commission européenne), vous verrez également que la France à un taux horaire moyen pour un temps plein parmi les plus bas (39,5h tout de même), mais le taux horaire moyen du temps partiel parmi les plus haut.
Qu’est-il préférable : organiser la baisse du temps de travail (inévitable) pour que tout le monde ait sa part, ou laisser faire le marché, avec certains qui bossent trop pour bien vivre et les autres pas assez pour survivre ?
Désolé pour le hors-sujet.
@ Christophe
Pour améliorer notre productivité, on travaille dans un hémisphère et on dort dans l’autre !
En reference à tous les commentaires sur les marketteurs et les publicistes et bien que beaucoup d’entre vous lisent deja contrinfo je met le petit liens suivant:le mirroir chinois
Quant à la Malice et la Crétinerie… Prenons un evenement (Madoff, l’ambition d’un salarier lambda, la politique energetique… vraiment n’importe quel evenement qui suit une decision)
La malice précède l’évenement elle y est dès l’origine de la prise de décision (Madoff voulait faire des profits, le salarier voulait sa promotion, …)
La cretinerie viens après, Madoff n’a probablement jamais voulu envisager ni même croire qu’il puisse faire tant de dégat et finir en prison. Le salarier n’avait pas pris ou voulu prendre conscience des responsabilités de son nouveau poste, lui il ne voulait que le salaire et le prestige…
Cordialement
à JJJ
Non,le sommeil de l’hypervigilance,de l’hyperactivisme(?) ne laisse aucune place au sommeil dit réparateur dans les bras de Morphée. Trois fois hélas/ La relecture préalable de « La Princesse de Clèves n’y change rien.
Le jeu « ni Oui-ni Non » ,inédit,vu à la télé puis sur les vidéos du net avec un candidat hors norme ,non plus.
Alors, »mais qu’est-ce qui se passe ici.. » ? commu vu et entendu à la télé (publicité dite par un footballeur )
Tout bonnement une des périodes cycliques de cette curieuse pathologie du DSM IV (classification US, puis internationale donc, des désordres mentaux) qu’est la maladie appelée bi-polaire ,ainsi nommée aprés avoir connu d’autres heures sous d’autres apppellations européennes :
psychose maniaco dépressive,
cyclothymie….
Notre noosphére « quantifiée » saurait-elle à son tour engendrer cette phase mélancolique de l’Economie …..
Pis,pourquoi ne pas lui attribuer encore un côté pervers tel qu’elle serait en mesure de faire tousser la gent porcine après un tour de passe-passe avec des virus placides ?
Hypothéses farfelues sans doute.
Mais ,de la phase cyclique et actuellement dépressive ++++ économique,nous n’en sortirons décidément cette fois qu’en échafaudant ,ici peut-être,une Constitution,laquelle jouerait dans cette affaire le rôle préventif du lithium
@Timbo
Votre discours pourrait se retrouver dans la bouche d’un dealer… « Le rêve et le bien être ».
« La publicité ne fait que mettre en contact un service et un consommateur, il y a t-il quelque chose de mal là dedant? »
Oui, il y a quelque chose de mal là dedans. C’est le principe que j’ai un jour entendu dans la bouche d’Attali: « L’offre génère la demande ». On crée des produits sans besoin préalable, qu’on ne peut bien entendu vendre que dans la mesure où ils sont très fortement soutenus par la publicité. Un produit dont les gens ont réellement besoin ne nécessite pas ou peu de pub pour se vendre. Le marketing ne propose que les solutions à des problèmes qui ne se posent pas.
@captainsky
Quelle conclusion tirez-vous du rapport entre productivité et exportation? Quel calcul mettez vous en œuvre pour connaître ce taux de productivité dont vous parlez?
Comment comparez-vous le taux de prélèvements de deux pays n’étant pas socialement structurés de la même manière?
Je suis un verbeux, il me faut des précisions. 🙂
@ M. Giraudet
Effectivement on ne saura sans doute jamais pourquoi ces patrons se flinguent. Mais je crois qu’on entendra pas du tout parler de ceux qui ne sont pas patrons et qui se mettront en l’air pour un pavillon de banlieue merdique et deux bagnoles, juste pour aller bosser… Comme on me le faisait récemment remarquer.
@ Captainsky
Si votre « monde de demain » ressemble à l’Allemagne sans salaire minimum où l’on bosse parfois 270h par mois pour 900 euros (3.4 euros de l’heure) vous pouvez le garder votre modèle économique ! L’Allemagne a fait le choix de sacrifier une partie de sa population à sa balance commerciale : magnifique…
Quant au traitement de ses populations les plus faibles vous pouvez lire ceci :
http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=PagEd&file=index&topic_id=5&page_id=236
Peut-être vaut-il mieux faire des phrases et tendre vers plus de justice sociale. Encore faut-il commencer par avoir des idées et ne pas ressasser la vulgate libérale.
« N’attribue pas à malice, ce que crétinerie explique aussi bien ! »
Par contre, attribue bien à malice l’exploitation de la crétinerie.
Dans l’ancien monde (cf HENRI FORD) le consommateur salarié se faisait vivre lui-même…
Je veus dire/
Dans les USA prospères sans délocalisation des usines à Ford T…
Puis il a « fallu » faire toujours plus et on a pensé que le marketing pubo-créatEUX « forcerait » en quelque sorte la consommation de trucs inutiles mais profitables à l’actionnaire GENRE 4X4 ou écrans plats.
C’est alors que le salarié consommateur futur retraité est lui-même devenu actionnaire…via son fond de retraite..
Il s’est alors gravement mordu la queue….
Grâce à la crise les ouvriers paysans chinois ne connaitront pas cette douleur!
@Paul Jorion
Si je vous suis dans cette appréciation de l’ignorance caractérisée du fonctionnement de la finance par ceux là même qui se disent compétents en la matière; Ce qui invalide le soupçon d’une quelconque manipulation selon vous, (exception faite des escrocs!). Comment expliquez vous que ce soit toujours les mêmes qui profitent de cette « ignorance »?
@JJJ
Nous sommes nombreux avec Paul a dénoncer cette pseudo théorie des cycles parce qu’elle occulte une dimension fondamentale : les rapports de force entre les différents agents économiques ( salariés, patrons, investisseurs). Ainsi, la bulle immo aux USA ne serait, selon cette théorie, que le fait d’un optimisme exagéré.
Paul propose une analyse bien différente : la priorité accordée aux revenus du capital (dividendes) opérée lors de la « libéralisation », « déréglementation » des 80’s a conduit les salariés à compenser leurs pertes de pouvoir d’achat en ayant recours aux crédits. Donc, plutôt que de faire face à une crise de « cycle », nous serions plutôt en train d’assister à l’effondrement du capitalisme dans sa version néo-libérale.
De la part de Paul, sociologue se réclamant ouvertement de Bourdieu cela me semble tout à fait logique.
Pour terminer une petite référence pour ceux qui souhaitent approfondir la question du marketing développé par Pierre-Yves, se procurer de toute urgence un n° de Manière de voir consacré à ce sujet : La fabrique du conformisme.
On accordera une attention particulière à l’excellent article « Le désir asphyxié, ou comment l’industrie culturelle détruit l’individu » par Bernard Stiegler.
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/96/
@Alain. A
Je travaille 20 heures/semaine ce qui me laisse largement le temps de lire la décroissance et de profiter de temps libre et de joie de vivre !
Quant à mon attitude, relisez Kraus, Broch et Musil, le mordant loin d’exprimer un mal-être pathologique me semble plutôt témoigner d’une indéfectible sérénité ! (ah, l’apocalypse joyeuse !). Il en faut de la patience pour combattre jour après jour la médiocrité et la bêtise…La réflexion sur le langage de Kraus et de ce point de vue fort pertinent.
A la lecture de la réponse de captainsky, on constate le mépris pour la langue ou la culture qui n’est en rien étonnant puisque qu’on le retrouve au plus haut sommet de l’état chez le petit, tout petit Nicolas.
Comprenez-moi bien, Kraus s’attaquait à des intellectuels reconnus avec un talent et un esprit que je suis loin, très loin de posséder…L’escarmouche avec captainsky relève de l’anecdote…Je joue aux billes dans la cour de récré pendant que le monde s’effondre !
Si vous vous sentez d’humeur malicieuse et que vous avez envie de vous détendre les zygomatiques allez faire un tour sur ce blog, effet anxiolytique garanti !
http://onsefechier-anatic6.blogspot.com/2009/04/rixe-dans-un-bistrot-la-femme-de.html
Bonne journée à tous !
@ Pierre-Yves D. & Julien Alexandre
C’est toujours aussi intéressant de vous lire. Et profitable. Merci !
@ Captainsky, Timbo & Le Fan
Si le ridicule tuait, il y a longtemps que vous ne seriez plus de ce monde…
@ Jean-Louis Bars
Vous êtes sûr que vous n’avez pas un peu forcé sur le lithium ? 🙂
@Dissonance: « Comment sélectionne-t-on les “élites” dans d’autres pays (aux Etats Unis par exemple)? »
Comme en France. Ceux qui sont au sommet s’arrangent pour que leurs gamins soient au sommet. Et rien de tel que le système éducatif pour servir de tamis. Il suffit d’avoir de l’argent, de connaître les bonnes filières et d’avoir un gamin pas trop con ou trop désobéissant (même Bush Jr y est arrivé). Si le système éducatif du pays est très égalitaire alors dans les entreprises on filtre sur les formations à l’étranger (genre MBA à Harvard). Le but est toujours de sélectionner sur base du parcours le plus improbable pour quelqu’un venant des classes inférieures.
Une grande folie consiste à croire que l’homme est un « agent rationnel ». C’est une des conséquences imprévues du discours scientifique. Une autre folie consiste à reconnaître que l’homme est irrationnel mais que l’on peut comprendre et par conséquent anticiper son comportement à l’aide de méthodes rationnelles. L’histoire de la débâcle du hedge-fund LTCM est édifiante à cet égard. Il avait à son bord deux prix Nobel d’économie, à l’origine d’une formule permettant de calculer la valeur théorique d’une option (dite Black-Scholes). A l’époque, on n’hésitait pas à dire que Black, Scholes et Merton avaient découvert le Saint Graal de la science économique. La dimension quasi mystique de cette formule était telle qu’ils croyaient avoir enfin maîtrisé cette variable qui s’appelle la volatilité. Quatre ans après le lancement de leur fonds, ils se cassèrent la gueule dans les grandes largeurs car subitement, les marchés ne se comportèrent plus comme le prédisaient leurs modèles. Il est ironique de constater que le destin de LTCM commença à tourner au vinaigre le mois où Scholes et Merton reçurent leur prix Nobel.
@ Sarcome de Kaposi dit Kapome de etc…zy.
Que voulez vous camarade syndiqué,ici au milieu de cet aréopage de sachants,je n’ai aucune,mais alors aucune,chance d’être ouï.
Formaté dans les méandres à peine éclairés ( 1962-1968) des mandarinades d’un chu,je suis nullâtre en affaires dites de « sous » ,lesquels ne sont pas apparus dans ma vie de fonctionnaire hissé par l’ascenseur « social ».
Pauvre donc,à tous égards,je viens ici,modestement,m’enquérir des nouvelles de ces assassins qui prétendent encore et encore régenter la plèbe.
Grâce à Paul Jorion,à ses accolytes dont vous êtes,point ne m’est besoin de métalloïdes, rares de surcroît, pour tenter de conserver quelque peu ce nécessaire viatique qu’est mon taedium vitae.
@Jean Louis Bars : vous répondez parfaitement à la définition du troll. Vous le savez, n’est-ce pas?
La remarque que Paul a ajoutée m’invite à préciser tout de même que le problème de l’ignorance est une caractéristique à valeur spécifique dans le monde financier : la représentation de ce que l’on fait diffère beaucoup de la réalité et ce pour y compris de nombreux décideurs. Ces financiers et ces travailleurs de la banque sont pétris de l’idéologie du marché, leurs activités leur apparaissent alors comme de petites actions à rayon d’action limité. La conception de produits financiers sophistiqués auxquels ils ne comprennent eux-même pas grand chose leur apparaît donc anodine, puisqu’au bout du compte le marché se chargera de tout remettre en place.
C’est un des rares secteurs où la mécompréhension ou non compréhension de sa propre action qu’il s’agisse des réels tenants et aboutissants des produits mis sur le marché, y compris donc leurs significations et effets macros -économiques soit si lourde de conséquences. L’ingénieur qui construit un pont s’appuie sur une science bien établie et si le pont s’effondre dans l’immense majorité des cas il s’agit d’un vice de forme dû à la négligence par souci d’économiser les matériaux par exemple, ou à cause de chantiers bâclés. Quand la NASA envoie des hommes dans l’espace les risques sont calculés. Un médecin peut abuser un client à cause de son incompétence mais pas des dizaines de personnes. Dans le secteur financier il semblerait que le niveau de non compréhension soit d’un niveau très élevé et surtout plus généralisé.
Chacun ici a sans doute entendu parler du nouveau scandale à la Société générale qui tourne autour de pertes de 10 milliards, plus retentissant encore que le précédent car cette fois c’est tout un département de la banque qui est en cause et non plus un homme isolé comme on a voulu nous le faire croire à propos de Jérôme Kerviel.
Ce département proposait donc à ses clients des « produits financiers dynamiques » au nombre desquels figuraient un certain nombre de CDS et autres produits hautement toxiques. Et tenez-vous bien ce secteur de la Société générale ne s’était pas lui-même couvert pour le cas où ces actifs ne vaudraient plus rien. Précisons aussi que le chef du département en question était un ami personnel de Bouton.
Le journal Libération précise :
« la conclusion tirée par les gérants de Sgam AI était que la crise serait de forte ampleur mais de durée courte, et au vu de la qualité des actifs contenus dans les fonds, les gérants ont décidé de les conserver, estimant un retour rapide des prix à leur juste valeur.»
Il y a donc l’ignorance et la cupidité, l’un n’empêchant pas l’autre. L’ignorance est le voile — souvent idéologique, car c’est la foi dans le marché qui le crée — qui permet à ceux qui agissent de tirer des gains substantiels sans trop se poser de questions. Ceci dit, il y a des degrés dans l’ignorance. Le banquier qui lance ces produits sur le marché, en retire certains profits, parfois très juteux, sur ce point il n’y a pas ignorance, l’ignorance porte donc bien sur la façon dont s’imbriquent ces produits dans le système financier dans son ensemble et leurs effets possibles. Bref ils ignorent ce que sont ces produits, qu’ils maîtrisent mal, mais ils n’ignorent pas que ces produits sont comme d’autres produits de la société de marché, des marchandises à fourguer à tous prix à leurs clients, et plus on en vendra plus les affaires seront bonnes. D’où la marketing et la publicité qui est clairement l’exploitation de la crétinerie humaine.
Ceci dit, il peut exister d’authentiques cyniques et le cynisme n’est pas non plus d’ailleurs tout d’une pièce, il y a des degrés divers de cynisme.
Pierre-Yves D., non seulement, le cynisme n’est pas tout d’une pièce mais il peut parfaitement cohabiter avec l’altruisme au sein d’un même individu. Voici quelques mois, on pouvait lire dans le New York Times l’histoire de ce promoteur immobiler californien qui vendait des appartements à des gens qui n’avaient pas les garanties suffisantes pour payer leur emprunt. Ce promoteur était par ailleurs actionnaire d’un organisme hypothécaire qui fourgait des subprimes. Eh bien au départ, ce promoteur voulait apparemment tout simplement rendre la propriété accessible à ceux qui en étaient privés jusque là, faute de ressources. Il faut signaler que l’accès à la propriété via des crédits hypothécaires lacxstes a été grandement facilité sous l’ère Carter, un démocrate.
Qui ici (moi y compris naturellement) peut se targuer de n’être pas sensible à la proposotion de « faire » de l’argent facile.??..
Reste à être assez » cynique » pour exiger que ce soit sans risque…
Le degré de cynisme se mesurant sans doute à la conformité avec le courbe de « hazard ».
Je plaisante!
Euh?
Je crois qu’il faut se garder de considérations morales, voire moralisantes. La violence existe en tout un chacun mais certains disposent en plus, des moyens d’exercer une violence considérable (en fabriquant des bombes atomiques, par exemple). De même, l’appât du gain, la recherche de l’intérêt, existe en chacun. Qui peut se vanter de résister à une bonne affaire? Si vous cherchez à acquérir un bien, une appartement, par exemple, vous allez tenter de trouver le meilleur prix, n’est-ce pas? Le problème n’est pas dans le désir de gagner, mais comme dans l’exemple de la bombe atomique, dans le fait que certains disposent de moyens considérables et déreglementés pour assouvir leur intérêt et que ce faisant, ils mettent en danger le système tout entier, entraînant dans leur sillage des dégâts considérables pour l’humanité toute entière.