Ce texte est un « article presslib’ » (*)
La troisième rue à Santa Monica, dans la partie qui va de Broadway à Wilshire est une rue piétonnière : « The Promenade ». On y trouve une multitude d’artistes des rues : chanteurs, musiciens, danseurs, caricaturistes, équilibristes ou contorsionnistes. Chacun est là, faisant ce qu’il sait le mieux faire. Certains passants ont eux mieux à faire que de leur prêter attention. La plupart s’arrêtent un moment pour les regarder ou les écouter, puis repartent en ignorant le chapeau ou la boîte destinés aux oboles, se disant : « Il n’a pas de patron : il est heureux. Il trouve là sa récompense ! ». Certains versent leur écot au moment de repartir, échangeant leur monnaie contre le plaisir qu’ils ont éprouvé ou comme un témoignage d’admiration pour un talent qui n’est pas le leur. Certains encore, peu nombreux, apportent leur contribution, sans même s’attarder, pensant sans doute que toute peine mérite salaire.
Je suis moi aussi l’un de ces artistes des rues. J’ai moi aussi découvert la jouissance de ne plus avoir de patron ou de patronne qui me demande de faire ce qu’on lui avait demandé à lui ou elle et qui me dit de le faire à sa place mais, n’ayant pas la moindre idée de ce que c’est, me complimentera ou me réprimandera au hasard, une fois la tâche achevée. C’est une grande satisfaction certainement, mais celui qui passe son chemin considérant qu’elle suffit, oublie qu’il ne me retrouvera là quand il repassera un jour prochain, que parce qu’un autre avait lui ralentit pour laisser son obole.
Il y a un mois exactement, François Leclerc, lançait l’idée d’une souscription et vous y aviez réagi très positivement. J’avais rejeté cependant toute idée d’accès payant parce que je suis précisément un artiste des rues : je ne compte pas sur tous mais seulement sur quelques-uns – The few, the happy few, et si vous avez appris quelque chose en relentissant le pas ou en vous attardant, c’est là aussi ma récompense à moi, en plus de ne pas avoir de patron. Mais si vous pouvez encore vous permettre ce que vous vous étiez alors permis, cela sera apprécié par moi à sa juste valeur. Je vous signalerai le 1er, pour la fête du travail, ce que j’aurai récolté lors des appels de mars et aujourd’hui d’avril.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
12 réponses à “L’artiste des rues”
@ Paul
Avez-vous reçu mon envoi ?
Peut-être que je ne suis pas très doué, mais Paypal refuse obstinément de prendre ce que j’aimerais vous faire parvenir.
Quand je vivais à Lisbonne, sur une place où se tient deux fois par le semaine le « marché aux voleurs » (car l’on est sensé y retrouver ce qui vous a été dérobé), j’avais un copain angolais, à qui tous les jours je donnais en descendant de chez moi une cigarette et une pièce, pour qu’il aille boire un café. C’était devenu une sorte de rituel entre nous ; il ne m’a jamais rien demandé, c’est pourquoi je lui donnais toujours. Je ne me souviens plus de comment cela a commencé. Je n’ai jamais su son nom ; son Portugais et le mien ne s’accordaient pas beaucoup. Il attendait avec beaucoup de constance, hiver comme été et du matin au soir, que rien n’arrive, c’était en quelque sorte sa performance. Un artiste, lui aussi. Nous avions instauré entre nous une relation volontaire et d’intérêt mutuel. Cela a duré quatre ans et puis j’ai du partir. Je lui ai fait don de tout ce que je n’emportais pas, afin qu’il le vende sur la « feira da ladra ». Si je devais horriblement jargonner comme les experts du FMI, je dirais qu’il n’y avait aucune « conditionnalité » dans nos rapports.
@ Paul
Ma (très modeste) contribution vient de vous être envoyée.
J’aimerais faire plus. Mais, mon préavis arrivant à échéance, mes moyens de solidarité vont devenir, je le crains, assez maigres.
En ce qui me concerne le paypal ne passe pas non plus, problème de champ (région et tel ).
Pour moi le paypal semble être passé, sauf que j’ai pas trouvé comment mettre à jour mon adresse postale qui est à l’étranger, l’ancienne était en France, il n’accepte que des adresses en France. Je suppose que ça n’a pas d’importance.
J’ai aussi des soucis avec Paypal suite à quelques tensions avec Ebay.
Je n’aurais aucun problème à faire un versement IBAN, vous savez, de banque insolvable à banque insolvable.
Faites donc moi parvenir vos coordonnées bancaires.
Paul,
si vous aviez un compte aux caîmans, ça serai quand même plus simple….
Paypal marche bien ici.
Voilà un petit don, je viens de perdre mon job mais heureusement on a encore notre bon vieux système français, en espèrant qu’il ne s’écroulera pas (je viens de lire le geab 34, celà fait froid dand le dos).
Michel
La voie de l’analyse quasi linéaire et de qualité du binz bang décuple les résultats de la fréquentation des lecteurs , dix fois ceux de l’an dernier si j’ai bien lu …
Le 1er mai est la fête des travailleurs…. pas « du travail » (entité abstraite !).
à nouveau je vous tire mon chapeau
et vous savez tendre le vôtre avec élégance et raffinement
continuez à apprendre des gens de la rue
merci