En quoi les choses sont différentes aujourd’hui du fait de l’internet

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Bien sûr on a toujours pu rendre visite à un voisin ou donner rendez-vous dans un café sur la place du marché à un ami habitant de l’autre côté de la ville. Pour échanger autrefois des idées avec quelqu’un qui habitait ailleurs, il fallait prendre la plume, écrire sa lettre, l’envoyer, attendre qu’elle arrive puis que notre correspondant réponde. Nous avons conservé comme cela des correspondances que nous lisons encore aujourd’hui avec fascination, celle de Hegel par exemple, révélant un personnage étonnamment « jeune », très différent du philosophe systématique et un peu laborieux qui transparaît de ses écrits. Ou celle du chevalier de Méré qui réunit tous les beaux esprits de l’époque pour mobiliser le cerveau collectif qui engendrera la théorie des probabilités.

Les choses sont bien différentes aujourd’hui du fait de l’internet. Beaucoup plus simples et la mayonnaise prend plus vite : on trouve un blog ou un forum qui parle de ce qui vous intéresse – ou on en crée un soi-même – et tournez manège, ça démarre sur les chapeaux de roue. Et sans même qu’il faille par un long et pénible processus découvrir d’abord qui d’autre s’intéresse au même sujet brûlant.

Vous avez pu voir qu’ici, ça se passe le plus souvent en temps réel, au grand désespoir de ceux d’entre vous qui pensent que tout ça est très passionnant mais va beaucoup trop vite : qu’il y a trop de monde impliqué, que ça part dans toutes les directions, etc. On crie au secours : on m’intime sans ménagement de restaurer un semblant d’ordre. Je m’exécute alors… de manière intermittente. Il est clair dans ces moments-là que certains d’entre vous regrettent le temps de la navigation à voile, je veux dire l’époque où il fallait tailler sa plume, écrire sa lettre en s’appliquant, la langue coincée dans l’encoignure des lèvres, en recommençant depuis le début dès qu’il y avait trop de ratures. Refermer l’enveloppe, chauffer la cire…

L’internet a introduit un autre rythme, celui des jeux vidéo : bang-bang-bang, qui nous convient dans l’ensemble mais qui s’accompagne chez vous d’une réelle frustration si l’ensemble du monde n’adopte pas le même temps de réaction supersonique à l’événement. Et tout particulièrement ces derniers temps : si le monde ne s’écroule pas à la rapidité à laquelle nous sommes prêts à le reconstruire.

Patience ! notre monde est le monde de demain – zap ! zap ! – le leur est celui d’hier, qui avance à la vitesse du char à bœufs et quand il s’effondre, le fait de la même manière déchirante et dans le même ralenti majestueux !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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48 réponses à “En quoi les choses sont différentes aujourd’hui du fait de l’internet”

  1. Avatar de logique
    logique

    M’enfin un blog c’est surtout un espace de discussion ou les auteurs fond leur article et ou les lecteur commentent. Donc qu’elle interet d’organiser des commentaires puisque l’espace reponse a l’article et deja defini. il suffit de le relire et d’en extraine se qui nous convient et de jeter le reste.

  2. Avatar de dissy
    dissy

    La Chine a appelé ce dimanche à Washington à une réforme du système monétaire international, en affirmant que ses carences étaient à l’origine de la crise économique.
    « Nous devons attacher une grande importance à la réforme du système monétaire international », a déclaré Li Yong, vice-ministre chinois des Finances, lors de son intervention devant le Comité de développement de la Banque mondiale à Washington.
    « Les carences du système monétaire international sont les racines de la crise et un défaut majeur de la structure actuelle de gouvernance de l’économie internationale », a-t-il ajouté.

    « En conséquence, nous devons améliorer les mécanismes de régulation pour les émissions des devises de réserve, maintenir une relative stabilité des taux de change pour les principales devises de réserve et promouvoir l’établissement d’un système financier diversifié et solide », a ajouté M. Li.

    La Banque centrale de Chine avait appelé fin mars à l’adoption d’une nouvelle monnaie de réserve internationale, pour remplacer le dollar, dans un système placé sous les auspices du Fonds monétaire international (FMI).

    La Chine dépend du système actuel dominé par le dollar qui représente une large partie de ses quelque 2.000 milliards de dollars de réserves en devises. Un responsable de la Banque centrale avait suggéré que cette monnaie de réserve s’appuie sur les Droits de tirage spéciaux (DTS), l’unité de compte utilisée par le FMI.
    La politique d’expansion monétaire des Etats-Unis a suscité des critiques en Chine, pays qui veut éviter que la valeur de ses avoirs en dollars ne chute.

  3. Avatar de johannes finckh

    je reproduis ici une réponse à mikaël Eon, pour tous à propos, encore, de la monnaie fondante ce n’est pas à sa place ici, mais je m’n fous):
    @mikaël EON
    je n’ai peut-être pas toutes les réponses techniques sur la façon de procéder aujourd’hui.
    Les expériences de Regiogled en Allemagne se font avec des billets timbrés, souvent tous les trois mois à 2% de la valeur faciale, et ça marche bien! Dans la limite de leur usage, bien sûr, car ils sont bien tolérés mais pas assez soutenus par les autorités; je crois que pour le chiemgauer, les caisses d’épargne locales participent, c’est déjà ça, mais dès que j’en saurai plus, je le ferai savoir.

    Maintenant, il serait très simple de repercuter a “fonte” sur les comptes courants, les banques ont tout ce qu’il faut pour cela.

    Il y a ausi une autre méthode, un peu plus amusante et spectaculaire:
    on pourrait organiser, à des intervalles irréguliers, à des tirages au sort via la télévision par exemple d’une sorte des billets qui seraient alors échangés moyennant une taxe modique (5% de la valeurs faciale).
    Et comme on ne sait pas quel billet (5,10,20,50,100,200 ou 500 euros), personne ne s’avisera à thésauriser aucune sorte de billets.

    pour ma part, j’ai proposé la monnaie anticrise simplifiée, où les coupures de 100, 200 et 500 n’existeront tout simplement plus, car ils sont inutiles dans le commerce et circulent peu.
    Il suffit alors de “coller de timbres” seulement sur ces quatre sortes de billets, ce serait plus simple.
    La banque centrale n’émettrait plus qu ces petites coupures, les grandes seront remplacées par l’équivalent en petites coupures au fur et à mesure de leur retour.
    Vous trouverez le texte sur la monnaie anticrise sur mon blog,

    je reste ouvert, évidemment, pour d’autres systèmes que des timbres – qui ne me semble pas à ce point infaisable pour autant, d’autant que la masse circulante en monnaie anticrise sera plus faible que la masse actuelle, car ces billets circuleroont vite et bien, alors, il en faut moins. Et ces timbres seraient vendus dans les bureaux de tabac et tous les commerces!

    Quant à schématiser la pensée de Gesell?
    je m’y emploie dans chacun de mes billets!

    Ce qui heurte les savants singes de la faculté, c’est sa simplicité prèsque risible!
    En fait le changement de paradigme total par rapport à tout ce qui s’enseigne en “sciences” économiques quand on connaît la pensé de Gesell, c’est ce qui surprend le plus!
    “ils ne comprennent pas la nature de la monnaie, parce qu’elle est trop simple”, disait, d’une façon lapidaire, Gesell!

    Et dès que l’on sépare la fonction circulante de la fonction “réserve de valeur”, les choses deviennent beaucoup plus claires!
    Et quand on cessera de confondre “monnaie” et “crédit”, les choses se simplifient encore!

    Quand on admettra enfin, que les banques ne sauraient créer de la monnaie via le crédit mais simplement emprunter aux déposants et prêter aux emprunteurs, le “mystère” des banques tombe comme un château de cartes!

    Car la formule quantitative s’applique très bien à la monnaie fondante, dès lors que dans
    P=M*V on maximise V à 1 (cas de la monnaie fondante), et nous aurons une correlation totalement stable en volume de monnaie circulante et les prix, autrement une économie efficace sans jamais d’inflation ni déflation!

    Pour comparer avec l’astrophysique, les formules de Kepler et le postulat de Galilée d’une terre et des planètes en orbite autour du soleil, cela a rendu obsolète, tout en simplifiant énormément, le système de Ptolémée si compliqué.

    J’exige qu’une semblable révolution de la pensée se produise en économie!

    à+, mon petit-fils est là et j’arrête un moment!

  4. Avatar de BA
    BA

    Grippe porcine : les Etats-Unis en état d’urgence sanitaire.

    France Info – 21:00.

    Toute personne, en provenance de pays touchés par le virus, sera désormais dépistée. 20 cas de grippe porcine sont désormais confirmés aux Etats-Unis. Et la Maison Blanche en attend d’autres… Voilà une pandémie qui tombe bien mal pour les Américains. En cette période de Spring break – les vacances de printemps – ils sont très nombreux à traverser la frontière, et à passer leurs quelques jours de vacances… au Mexique. Pas étonnant, dans ces conditions, que les Etats-Unis soient le second pays frappé par la grippe porcine. 20 cas sont désormais confirmés – et de nouveaux sont attendus dans les prochains jours, selon la Maison Blanche. C’est dans ce contexte de psychose galopante que le pays a déclaré l’état d’urgence sanitaire.

    Concrètement, toute personne qui se présentera à ses frontières, alors qu’elle vient d’un pays touché par le virus, sera systématiquement dépistée. Cet état d’urgence permet également de dégager du personnel supplémentaire pour se consacrer à la prévention du virus.

    http://www.france-info.com/spip.php?article284193&theme=29&sous_theme=30

  5. Avatar de Jean-Baptiste

    Personnellement je crois aussi à l’inertie et à l’avancement du char à bœufs. L’inertie n’est en effet pas la négation du mouvement et il me parait certain pour autant parfois celui ci est plus lent et peut être plus contrôlé (donc moins dangereux) que certains le souhaiteraient et qui parfois pour ces derniers tient plus de la gesticulation sur place avec le risque de tout casser. En effet les choses avancent dans les idées sur ce blog cela va peut être lentement et avec des contractions, des façons de dire différentes mais dans un esprit constructif le plus souvent et j’ai toujours cru dans l’interventionnisme certes avec pragmatisme plutôt qu’à la passivité ou à la fatalité tout en acceptant la part d’aléas réel de la vie parfois masqué par certains pour un confort intellectuel simpliste. Pour ce qui est de l’internet c’est mon gagne-pain depuis un peu plus de 10 ans et je l’utilise professionnellement depuis 1991. Pour autant je ne le crois pas capable de construire facilement de réelles relations sociales au même titre que de réelles rencontres. L’apparente facilité de parole tend aussi à fondre l’information réelle dans un espèce de nuage consensuel apparent ou chacun ne voit que la partie qui l’intéresse et l’interprète à sa façon ce qui évite souvent la contradiction désagréable intellectuellement pour beaucoup, et l’apport pourtant réel d’un point de vue qui peut partir jusqu’à l’opposé et pourtant regarder la même chose.

  6. Avatar de Alain Soler
    Alain Soler

    Cher PJ,
    En effet, l’internet est un formidable accélérateur de communication comme vous l’avez si bien démontré dans sa composante positive, celle d’échanges où thèses et antithèses sont exposées avec franchise et honnêteté.

    Cependant l’internet véhicule également du bruit, des interférences et de la rumeur ! La lettre du corbeau, son fiel et ses mensonges, est aujourd’hui distribuée en un instant. En quelques heures le monde entier peut en être souillé.
    Chaque jour nous apporte son lot de petites phrases tronquées, de vraies-fausses informations afin d’actionner ce buz médiatique générateur de clics d’audience rémunératrice!

    Comment faire la part des choses, séparer le bon grain de l’ivraie ? Par les références naturellement, la vérité du document original rendu facilement accessible par l’internet.

    C’est véritablement là que se trouve la révolution internet, l’accès aux sources originales d’informations : les textes de loi, les décrets, les auditions vidéos, les discours, les articles publiés, les budgets de l’Etat…bref, presque tous les documents comptes et statistiques du pays, français et étrangers, sont disponibles immédiatement pour se faire sa propre analyse face aux experts ou face aux journaux d’actualité politiques et économiques.

    Grâce à internet chaque citoyen peut assez librement accéder aux sources d’un sujet et ainsi se forger sa propre opinion sans nécessairement devoir compter sur le décryptage de son journal favori. Contrairement à une idée répandue, y compris dans ce fil, une fois dépassés le bruit et les interférences, internet autorise l’accès à une information précise et universelle qui n’a rien de virtuelle.

    Si un certain nombre de nos citoyens ne voit dans l’apport de ce média qu’une source supplémentaire de convivialité et de jeux en ligne, l’accès aux sources multiplie la véritable information, celle autrefois réservée aux seuls experts qui jalousement la gardait secrètement comme élément de pouvoir.
    Quel formidable levier que celui qu’autorise l’internet où experts et passionnés peuvent partager les mêmes éléments de référence pour le plus grand profit du débat réel et de la croissance de la connaissance.

    « Patience ! Notre monde est le monde de demain – zap ! zap ! – le leur est celui d’hier, qui avance à la vitesse du char à bœufs et quand il s’effondre, le fait de la même manière déchirante et dans le même ralenti majestueux ! »
    Votre conclusion en forme de pirouette est peu respectueuse des efforts des uns et des autres pour résoudre une grave crise ; ne vous méprenez pas, ceux qui affrontent la crise utilisent également l’internet et toutes les nouvelles technologies ; c’est probablement la raison pour laquelle la crise systémique fatale aura été évitée.
    Alain

  7. Avatar de Mikael EON
    Mikael EON

    Cerveau collectif. Une idée force; celle de l’intrication de l’économique, de l’écologique, du social, du financier, de la démocratie, du politique, de l’urbanisme, de l’agriculture et du commerce, de la production des biens, des valeurs et des mythes……;gagne chaque jour du terrain.

    http://jeandaix.blog.lemonde.fr/2009/04/21/prise-de-conscience-globale/

    Nicolas Hulot dans le blog de jeandaix tient un discours plus radical (au sens de à la racine) qu’à l’habitude:
    « Le crédit doit devenir une forme de service public. Je ne suis pas contre le crédit mais je suis contre le fait que le dépôt d’argent profite toujours aux mêmes et jamais au plus grand nombre. Nous sommes ici dans une crise de la démocratie : le pouvoir est entre les mains d’intérêts financiers privés. Il ne s’agit pas de faire le procès du passé mais de changer les choses. Le crédit pourrait tout à fait relever des Etats et non plus d’entreprises privées. Bien sûr, la société a son temps d’évolution. Et aucun homme politique ne dirait qu’il faut remettre en cause le système monétaire international – c’est de cela dont il s’agit – car il serait moqué. Mais nous les ONG, qui avons notre liberté de parole, avons le devoir de brûler les étapes ».

  8. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Le net est un espace de liberté intellectuelle où une protodictature peut espionner et « loger » les esprits les plus subversifs.
    Pessimiste?

  9. Avatar de thomas

    Se payer un mur en pleine course, la tête baissée
    Ou le nez en l’air, en regardant fasciné, l’obstacle arriver
    Est-ce que cela change grand chose ?

    Je veux dire :
    La conscience que peut apporter le net, est une chose
    Les actes qui peuvent en découler, une autre.

  10. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Le réseau Internet, il me semble important de le rappeler, est d’abord un dispositif technique qui renvoie à un « milieu technique » bien spécifique, en l’occurrence un milieu technique associé, terme qui fut forgé par Simondon :

    « est appelé ‘associé’ un milieu technique tel que l’objet technique dont il est le milieu associe structurellement et fonctionnellement les énergies et les éléments naturels qui composent ce milieu, en sorte que la nature y devient une fonction du système technique. C’est le cas de la turbine Guimbal qui, dans les usines marémotrices, assigne à l’eau de la mer, c’est à dire à l’élément naturel, une triple fonction technique de fourniture de l’énergie, de refroidissement de tout le corps de la turbine et d’étanchéisation des paliers par la pression de l’eau.

    Or, à l’époque des hypomnénata ( ie toute information inscrite sur un support qui constitue une mémoire matérialisée) numériques, il existe de tels milieux techniques et industriels où c’est l’élément humain de la géographie qui est associé au devenir du milieu technique : tel est le cas du réseau internet. Et telle est la raison pour laquelle internet rend possible l’économie participative typique du logiciel libre. Internet est en effet un milieu technique tel que les destinateurs sont par principe en position de destinateurs.

    L’élément nouveau est cependant ici que le réseau internet, en tant que milieu technique industriel, constitue structurellement un milieu associé, à où jusqu’à présent les dispositifs technologiques issus de l’industrialisation étaient structurellement des facteurs de dissociation. C’est cette nouveauté qui doit faire l’objet d’une politique et qui rend possible la mise ne oeuvre d’un autre modèle industriel — pour autant cependant qu’une puissance publique veille à ce que les technologies R n’instrumentalisent pas le milieu associé numérique dans le sens des possibilités inédites de dissociation qu’il offre aussi. Internet, qui est devenu la nouvelle infrastructure hypomnésique mondiale, qui va désormais se réticulariser et se capilariser en tous lieux, par l’intermédiaire des objets communiquants et des liaisons Wi-fi, et, à une échéance plus lointaine, par les nanotechnologies, qui constitueront un nouvel âge technologique et biométrique des corps et des esprits, est par excellence le milieu technique qui permet de mettre en oeuvre un modèle industriel reposant non plus sur une opposition des producteurs et des consommateurs ainsi dissociés, mais sur une association des destinataires et des destinateurs, productrice d’une nouvelle forme de socialité et d’un nouvel esprit du capitalisme (en attendant le remplacement de celui-ci par une autre forme de société.) : les milieux dissociés tendent à devenir asociaux, là où les milieux associés sont les conditions d’une vie en société, civile et policée.

    Le milieu associé technique qu’est internet peut évidemment être mis au service du contrôle : il peut devenir une nouvelle technique du contrôle, c’est à dire de la dissociation. C’est précisément ce qui arrive, par exemple, avec les techniques du user profiling (profilage), c’est à dire les technologies R ( ie relationnelles) mises en oeuvre dans les réseaux. et plus généralement, tout milieu associé, à commencer par le langage, peut devenir un facteur de dissociation. » in Bernard Stiegler & Ars industrialis, Réenchanter le monde, la valeur esprit contre le populisme industriel, Flammarion, 2006 (paru en poche depuis)

    Assigner à Internet des fonctions positives ou négatives sans se référer à ce dispositif technique c’est donc poser la question de sa valeur en faisant abstraction de ses caractéristiques techniques propres, lesquelles ne sont pas neutres elles-mêmes, même si, et c’est là que tout se complique, ou dit plus favorablement, se complexifie, se problématise, se politise, cette non neutralité n’implique pas non des effets sociaux univoques.

    Platon dans son célèbre ouvrage Phèdre tenait l’écriture pour un pharmakon, c’est à dire un médicament, lequel est remède quand il est bien employé, mais poison quand la dose est mortelle. Platon, et c’est tout le paradoxe, car il nous est connu par ses écrits, considérait l’écriture, lorsqu’il en est fait un mauvais usage, pour lui c’est pratiquement toujours le cas, car pour lui celle-ci est d’abord un objet typiquement sophiste en tant qu’ hypomnénata, c’est à dire faisant obstacle à l’anamnèse (réminiscence par voie dialectique des idées vraies.)

    Platon avait posé la bonne question, technique, mais il n’avait pas vu en quoi l’écriture pouvait induire un nouvelle façon pour les humains de s’individuer, prisonnier qu’il était de sa conception fixiste de la vérité.

    Deux mille ans plus tard, Internet offre une nouvelle occasion pour nous interroger sur ce qu’est la vérité et la connaissance, la connaissance vraie. Tout comme l’écriture Internet est un pharmakon. Internet accroît la mémoire collective — voie par laquelle l’humain ne cesse d’évoluer en s’inscrivant aussi bien dans l’histoire que dans la communauté contemporaine des humains — de façon considérable et à ce titre le réseau Internet constitue une nouvelle voie pour l’expression de la philia — l’amitié entre les humains qui présuppose toute communauté politique.

    Le « modèle » internet présente aussi un excellent milieu technique associé qui pourrait être étendu hors de son circuit propre, via internet ou en en reprenant seulement sa logique associative sans nécessairement s’y connecter même si cette connectivité semble irrésistible étant donné la plasticité de l’outil internet. AInsi rien n’interdit qu’à l’avenir l’industrie ne puisse se structurer sur un mode associatif, et ce même en son coeur, au sein même des processus de production. AInsi publicité, marketing seraient renvoyés au rang des accessoires inutiles de l’histoire économique.

  11. Avatar de Daniel Dresse
    Daniel Dresse

    LETTRE OUVERTE A PAUL JORION ET A TOUS LES NEURONES DU CERVEAU (gentiment) MONOMANE

    Quelques précisions avant de prendre définitivement congés. Je n’y peut rien, c’est Paul Jorion lui-même qui m’y a invité par allusion (« Roulez jeunesse » Farceur, va !). Oui, je sais, mon histoire c’est un peu « The long goodbye » (l’interminable adieu) de Raymond Chandler. Je remercie donc tous ceux (celles) qui daigneront m’accorder un dernier petit moment de patience et d’agacement, sur ce coin déjà oublié du blog de Paul.

    J’ai découvert le blog de Monsieur « Jean Martin » (voir mes liens du 22/04 à partir de 2h40), à la fin de l’hiver 2006/2007, c’est-à-dire à peu près en même temps que celui de Paul Jorion. Ayant appris à me méfier des verts pour les avoir longtemps côtoyés, je l’avais accueilli aussi favorablement que le livre du très sage et très prudent journaliste scientifique Pierre Kohler en 2002 (L’imposture verte, Albin Michel). Je l’ai lu ensuite de loin en loin, mais régulièrement, me laissant petit à petit gagner par sa thèse, celle-là renforcée par la lecture du plus polémique mais excellent « Les prêcheurs de l’apocalypse » de Jean de Kervasdoué (Plon 2007) et du plus récent « A qui profite le développement durable » de la géographe Sylvie Brunel (Larousse 2008).

    N’en déplaise à Paul, je n’ai jamais douté qu’il s’agisse d’un sujet brûlant, même si, à court terme, il est plutôt question de refroidissement (en tout cas chez nous, au cours des deux années écoulées, nous nous sommes plutôt gelé l’anatomie !). Je n’ai pourtant levé le lièvre que la semaine passée, non sans avoir prévenu « Jean Martin » de la chose (vous pouvez vérifier par vous-mêmes) lequel m’a souhaité ironiquement bon courage.

    Pourquoi avoir tant tardé, même en considérant qu’il y a un début à tout ?

    Accessoirement parce que je savais bien, la Doxa étant ce qu’elle est en matière de « réchauffement planétaire » que j’allais me heurter à un mur d’incrédulité et surtout à une montagne d’indifférence. J’ai tout de même suscité les commentaires de deux écolos déclarés (Pierre Yves et Barbe Bleue), un bon résultat si l’on admet qu’à toute infection microbienne il suffit d’une minuscule porte d’entrée (je vous rappelle que j’ai aussi été aide-soignant).

    J’ai surtout attendu parce que ce sujet là ne m’apparaissait pas prioritaire dans le contexte des deux années écoulées, durant lesquelles j’avais été initié, en grande partie par les soins de Paul Jorion, aux arcanes de la crise financière mondiale.

    Ce n’est en fait que très récemment que le lien m’est apparu patent entre ce faux problème de réchauffement et certaines des idées force de Paul comme cette fameuse constitution pour l’économie, dont l’universalité et la globalité qu’il cite à plaisir répondent au « gouvernement mondial » cher à Jacques Attali, car je ne vois pas comment l’efficience de l’une pourrait se passer de l’existence de l’autre.

    Mais c’est surtout la lecture de la majorité des commentateurs ici qui m’a ouvert les yeux. Hormis les développements considérables et éminemment compétents en matière économique et financière, une autre musique résonne tout au long des pages de ce blog, et qui n’a rien à voir avec les variations de la musique populaire anglo-saxonne. Toutes ces professions de foi affichées et obligées à propos de tout et rien sur la planète martyrisée et à l’agonie finissent par lasser, comme n’importe quelle plage sonore qui passe en boucle, et surtout par mettre la puce à l’oreille. Quelles sont la raison d’être et la signification d’un tel mur des lamentations ?

    Il y a dix ans (déjà) J’avais été très marqué par l’affaire du bombardement de la Serbie par l’OTAN. J’avais en effet une amie monténégrine qui était à Belgrade au moment des évènements et qui nous en donnait par Internet ses impressions à chaud, lesquelles n’avaient pas grand-chose à voir avec les informations officielles de nos médias à nous. Déjà soupçonneux vis-à-vis des cent mille viols et des cinquante mille martyrs albanais massacrés par les fascistes serbes (comme Mme la présidente du TPI j’attends toujours les témoignages et les charniers correspondants), j’ai surtout compris, dès cet instant, que toute entreprise guerrière moderne devait cacher la multiplicité de ses buts derrière un seul grand principe qui puisse lui garantir d’être immédiatement identifié dans « LE CAMP DU BIEN ». Il s’agissait ici de « sauver la paix en Europe » menacée par l’armée de chasseurs de la Grande Serbie, comme elle l’était après Munich par les armées de chasseurs (bombardiers ceux-là) de l’Allemagne nazie.

    Ceux que j’appelle aujourd’hui les mondialistes, les clercs qui à des degrés divers théorisent la chose, et la multitude des mondiolâtres (les mystiques et les opportunistes, j’aime bien ce terme) qui marquent les premiers à la culotte, sont tout à fait dans la même démarche.

    « A problème global, solution nécessairement globale » Martèlent-ils la main sur le cœur. Le problème pour eux est que la nécessité absolue de leur action globale n’apparaît jamais comme évidente. L’objection de Paul Jorion par exemple sur ce qu’il est possible ou non d’empêcher avec les paradis fiscaux -rétorsion possible pour les particuliers mais impossible pour les entreprises- relève pour moi plus d’un choix « raisonnable » (c’est-à-dire en fait aussi idéologique que le mien) que d’une nécessité. Je crois moi encore possible d’inventer des solutions pour enrager l’hémorragie fiscale qui saigne nos sociétés à blanc. Pourquoi par exemple ne pas obliger toute société nationale à produire une déclaration fiscale établie par le pays d’accueil, avec paiement d’une franchise compensatoire en cas de déséquilibre (solution Lordon) ? Et puis pourquoi ne pas interdire, au moins sur le principe, toute installation d’une société nationale dans un paradis fiscal ? De telles mesures relèveraient bien pour les intéressés de « L’inquisition fiscale », suivant un discours rebattu depuis des lustres, mais ne seraient pas forcément perçues comme la nouvelle incarnation du Goulag par le reste de la population.

    En tout état de cause, la force exécutoire des lois appartient encore aux états et si les entreprises « font ce qu’elles veulent au dessus des lois » c’est aussi qu’il manque du volontarisme là où il devrait être. Il est clair que les formes nouvelles de domination passent et passeront encore par l’entreprise déterritorialisée. Faire le pari de ne pouvoir réguler que globalement cette domination là ne pourra que renforcer le processus en lui donnant sa légitimité sous couvert d’une autorité de contrôle. La question du bras armé pour faire respecter cette autorité reste également posée.

    « Mais l’horizon indépassable de l’humanité c’est le global » martèle toujours le chœur. Alors, face aux récalcitrants qui restent toujours droits dans leurs bottes, il faut trouver ce fameux principe général qui balaiera toutes les objections et toutes les résistances. C’est à ce moment que le ciel se met à flamboyer, le vent à hurler, et la mer à monter à l’assaut de nos plaines basses : « Le global est indépassable parce qu’IL FAUT SAUVER LA PLANETE ! » Le voilà l’alibi sanctificateur qui permet TOUT, à commencer par faire honte au mécréant. Le destin est collectif, parce que le danger est collectif et la responsabilité du danger tout autant collective (repens-toi, Maudit !).

    Cette histoire n’est pas neuve. Elle fait penser à la grande dépression collective qui a frappé le monde occidental au milieu du XIV siècle, par le bouleversement climatique (et oui !), le choc épidémique et les longues guerres civiles. En ces temps lugubres, le principe général qui légitimait tous les malheurs, tous les renoncements et tous les sacrifices, était d’ordre religieux. Dieu châtiait les hommes par où ils avaient péché et l’apocalypse était proche. Pourtant, l’apocalypse ne se produisit pas, et toutes ces terribles catastrophes, qui avaient jeté à bas le bel édifice du « monde plein » de la fin du moyen âge (expression chère à Braudel), firent repartir le balancier de l’aventure humaine dans un sens inattendu. A peine plus d’un siècle plus tard, le monde civilisé s’était à nouveau RETRACTE dans l’entendement des hommes, ouvrant ainsi à ceux qui voulaient voir au-delà, d’immenses espaces vierges propices à l’aventure individuelles, aux grandes découvertes et aux expériences locales les plus diverses (c’est aussi l’époque ou apparaît la perspective c’est-à-dire l’ESPACE sur les représentations picturales). Cette rétractation, qui ne manquera pas non plus de survenir à la nouvelle époque d’apocalypse qui est la nôtre, obnubilés que nous sommes par le châtiment climatique qui frappe notre monde souffreteux et fini.

    Il est vrai que le thème de la globalité « a pris » possession de nos mentalités collectives au moins dans le champ culturel visible, celui qui est accaparé par les grands moyens de diffusion de l’information et du savoir. Cela peut paraître contradictoire en regard de l’individualisme exacerbé de notre modernité, mais la contradiction n’est qu’apparente. Notre individualisme est celui d’un coureur de marathon de masse, tout tendu à dépasser son concurrent et à se dépasser lui-même, pourvu que le troupeau continue à courir dans le même sens. Et aujourd’hui, il est patent que beaucoup de monde est prêt à galoper « pour la planète » (l’image d’un peloton de marathonien colle d’ailleurs bien mieux à mon avis à la réalité d’un blog que celle d’un « cerveau collectif », vu l’application mis par certains à marcher sur les pieds de leur prédécesseur immédiat. Pour l’avoir pratiquer moi-même, je parle en tant que neurone terriblement vicieux, je dois avouer que c’est jouissif !).

    Je considère bien sûr comme très présomptueux de ma part d’avancer que tout le monde se sent réellement concerné par cette course haletante vers le nouveau Graal. Il est évident que des pans entiers de la société, empêtrée dans la glue du quotidien, échappe complètement à la fascination du mirage, et qu’une énorme réaction de rejet ne tardera pas à se faire sentir à ce niveau. (Curieux, toutes ces épaves de bicyclettes massacrées qui jonchent désormais les trottoirs de nos villes, comme si la rage nocturne des exclus s’excitait sur ce qui est devenu le symbole de la bourgeoisie verte des centres villes).

    Les croyances collectives prospèrent toujours sur les tendances lourdes qui affectent les structures des sociétés et les tensions qui résultent de leur évolution. J’avais été très impressionné, au milieu des années quatre vingt dix, par le livre du journaliste Edward Behr « Une Amérique qui fait peur », vilipendé comme « réac » par une grande partie de la presse d’alors, surtout de gauche.

    Behr s’était attaché à décrire tout un ensemble de croyances et de comportements qui caractérisaient l’Amérique de l’époque, et paraissaient quelque peu exotiques aux observateurs extérieurs que nous étions (Tous ces phénomènes ont depuis largement déferlé sur l’Europe, France incluse). A côté d’une charge contre toute la palette de la « political correctness » (multiculturalisme et féminisme poussés jusqu’à l’absurde, juridisme obsessionnel au service d’un puritanisme inquiétant), le doigt était mis sur le nouvel essor du fondamentalisme religieux, l’explosion des sectes, et surtout d’étranges lubies et hallucinations collectives touchant aux extraterrestres et leurs vaisseaux de déplacement.
    L’aspect troublant et dérangeant de ce livre résidait dans le volet sociologique de sa démonstration. Il apparaissait en effet que les classes les plus perméables à ces dernières croyances n’étaient pas les couches inférieures de la société, c’est-à-dire les moins instruites, mais bien ce que nous appelons les classes moyennes, et bénéficiant à ce titre déjà d’un haut niveau d’éducation. Ce fait trahissait à vrai dire l’entrée en crise de ces classes, largement confirmée depuis et pas seulement en Amérique (les américains ont toujours un train d’avance sur le reste du monde). Elles se sont vues en effet depuis irrésistiblement tiraillées entre deux pôles antagonistes : « l’upper middle class » proche des classes supérieures parce qu’oeuvrant dans la même sphère de pouvoir, et la masse de la lower middle class, qui a finit par rejoindre les franges des classes inférieures, évolution achevée par le coup de grâce donné par la crise de l’immobilier et du crédit.

    Avec quelques variantes, les sociétés européennes ont-elles aussi enregistré les mêmes tendances. En France par exemple, la social-démocratie triomphante des trente glorieuses avait largement permis la promotion d’une énorme et dynamique classe moyenne qui avait fait croire un moment à la « moyennisation » définitive des sociétés modernes. Par un processus classique de verrouillage propre aux couches sociales ayant franchi un cap dans l’amélioration de leur statut, les classes moyennes ont eu tendance à « fermer la porte » derrière elles à partir des années quatre vingt, d’abord en manipulant à leur profit les rouages de l’ascenseur social, et surtout en se conformant aux mêmes choix idéologiques (politique et économique) que les classes supérieures. L’heure de l’adaptation sans retenue « de tous » (en fait des classes les plus faibles) à la mondialisation financière et libre échangiste avait sonné.

    La troisième génération des classes moyennes de l’après seconde guerre mondiale est en train de faire son apparition, avec la même bonne fortune promise que celle d’une vague d’assaut à l’offensive du Chemin des Dames. Apparemment la mieux lotie sur le plan de l’éducation (E. Todd souligne que pour la première fois de notre histoire, une classe d’âge porte en son sein 28 % de diplômés de l’enseignement supérieur) cette génération ne pourra que faire l’amer constat de ce que ses parents ont contribué à lui léguer, une société qui n’a plus besoin d’elle au même rang et aux mêmes statuts. Cette prise de conscience sera violente et douloureuse, et à fortiori plus laborieuse encore la conclusion que leur sort sera désormais lié à celui des innommables et intouchables qui s’accumulent dans les ponts inférieurs de la société dite « postindustrielle ».

    C’est à ce point précis qu’intervient ce que j’appelle la « tentation de l’irréel ». Inévitable en effet sera la croyance qu’après avoir enterré la vieille social-démocratie et ses valeurs jetées avec l’eau du bain (nation universaliste, sens de l’état, protectionnisme), une nouvelle social-démocratie pourra être construite à un échelon supérieur, même plus seulement supra national, mais supra européen, c’est à dire MONDIAL. Le projet des classes dominantes étant lui aussi un projet puissamment « mondialiste », l’apparente contradiction se trouve magiquement surmontée par un saut dans l’ALTERITE, laquelle, comme toute altérité se démarque par la pureté de ses intentions. Cette future « alter social-démocratie », manne bureaucratique de bienveillance pour tous les diplômés de l’occident à reconstruire, aura pour mission de contribuer au SAUVETAGE DE LA PLANETE, promise à une mort subite s’il n’en est pas ainsi.

    La ceinture est bouclée mais fait l’impasse sur d’autres dérives possibles et qui viendrait se loger dans le vide sidéral qui caractérise notre vie politique. La dérive sectaire en est une. Les dérives crypto fascistes de l’avenir pourraient bien prendre la forme de sectes puissantes dont on a vu des prémices dans nombre de pays, USA inclus. Le dictateur fou revêtirait lui le masque benoîtement bonhomme du gourou. Je ne ferais pas l’affront à Paul Jorion de lui trouver le profil intellectuel de l’emploi (en plus avec la tête de Capitaine Haddock qu’il s’est fait ces derniers temps…). Je n’en trouve pas moins désagréable (non, insupportable en fait) cette lubie grotesque et inquiétante de « cerveau collectif ». Avec mon sens pratique d’employé aux basses œuvres de carrière, je ne peux m’empêcher de songer qu’un cerveau s’inscrit dans l’harmonie générale d’un organisme complexe (où alors c’est l’ordinateur maboul de « 2001 l’odyssée de l’espace »). Pour être utile à quelque chose, il lui faudra prolonger son action par d’autres organes et c’est là où le bât blesse. Qui va faire les pieds, et qui va faire les mains ? Ou plutôt qui vont être les valets de pieds et qui vont être les aides manucures ? Sans parler des préposés à l’aisance… Un sacré « nouveau gisement d’emploi » en perspective !

    Le Maître nous dit que le vieux monde s’écroule, dûment remplacé par LE NOTRE, avec « le cerveau » aux manettes, fine alchimie des globaux et des zappeurs. Moi, je lui trouve souvent –sur la monnaie et bien d’autres sujets- les symptômes de la tournante du mouton, au « cerveau » ! Non les gars ! Non les filles ! Vous, moi, Paul Jorion et les autres, nous ne sommes pas l’avant-garde d’un monde nouveau, lequel n’a plus grand-chose à faire du grand cortex de nos lubies. Nous sommes bien par contre les témoins plus ou moins conscients d’un monde que est en train de disparaître avec nos (vos) illusions : le nôtre et rien que LE NOTRE. Avec ou sans nous, la relève n’en est pas moins prête. La Grande Rétractation est en marche, imprévisible, violente (zap zap fait le manieur de coupe coupe) et pourtant génératrice de nouveaux paradigmes et de nouveaux rêves portés par les peuples (nous n’auront même plus la chance de nous référer à cette identité là) parce qu’ils seront plus ivres de protection que jamais. Par exemple le grand rêve de l’Afrique ne serait-il pas une belle perspective, et une sacrée revanche de l’histoire ? Oui, je sais ! Vilaine ruse de la sorcière Clio, qui passe toutes les belles idées au filtre de ses fioles, et obligerait tous nos répugnants bienfaiteurs à ne plus penser l’homme africain qu’en victime pantelante échouée sur nos plages. Mais zappez les gars ! Zappez les filles ! Vous ne savez pas encore qui vous zappera.

    Ce texte est donc le dernier que j’aurai écrit en ces lieux, il n’y en aura pas d’autre car je ne me sens plus concerné par les débats qui ont lieu ici. Je n’ai plus de temps à perdre à discutailler avec Machin ou Truc, lequel déplore la fuite des nouvelles technologies dans les pays à bas salaire pour mieux pointer comme principal danger pour l’avenir d’Internet… le protectionnisme. Qu’il aille donc dans le mur avec sa carte de libre échange sous son bonnet porté bas (estampillée NPA Verts PS Modem UMP peut importe, c’est la même daube !). Je ne pardonne pas non plus à Paul Jorion sa diatribe sur les « intermittents » de son blog, il n’avait qu’à inscrire un avis d’interdiction au fronton de ses pages dès le départ. Nous aurions été ainsi nombreux à ne pas oser l’importuner. Je le remercie néanmoins de tout cœur de m’avoir laissé m’exprimer ici, chaque fois que j’en ai eu le loisir. Je lui souhaite bonne chance, ainsi qu’à vous tous et toutes. Nous avons des opinions très différentes, que le meilleur gagne ! …Je veux dire le plus perspicace…

    D.D.

    PS : J’allais oublier l’ami Hervé (Karluss) le seul à avoir à peu près tout compris !

  12. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    Holàlà le Daniel,

    Vous nous faites une vraie dépression de paranoïaque.

    Paul n’est pas un mec parfait, surtout lorsqu’il fait des remarques alors qu’il est sur la défensive, et d’ailleurs on sent parfois son manque de sommeil, faut pas le prendre de manière aussi viscérale.

    Mais je reconnais que l’opinion divergente, ici, argumentée s’il vous plait, manque souvent sur les sujets … autre que monétaire.
    Il y a renforcement de l’illusion ( qui n’en est pas forcement une ) dans un groupe qui n’est pas des plus hétérogènes… mais quand même, ce mélange permet de ne pas figer tous les fils sur une ligne d’affrontement ne pouvant plus bouger d’un statu-quo arrangeant pour tous.

    Regardez la jolie chanson que Paul vous offre, et qui veut dire, « arrête de me prendre la tête pour rien, veux-tu, j’ai d’autres soucis moi-aussi, Tonnerre de Brest ! » Je sais, il est grossier parfois, je trouve ça affligeant aussi.

    Pour se fabriquer de l’argumentation, il faut aller en voir le plus possible partout, et parvenir à en faire la synthèse. Considérer toutes sources d’information avec scepticisme, et parvenir à tout croiser, recouper, et en prenant tout le recul nécessaire on finit toujours par se mouvoir sur sa ligne de perception progressive de l’univers.

    Mais votre tendance à verser dans l’émotionnelle, ça sent fort le manque de sommeil aussi.

    Vos arguments recherchant l’originalité pour interpeller sur ce blog, sont ce dont on a besoin en permanence, pour être réveillés, et regarder dans les directions d’où on n’aurait pas reçu d’autres stimulus. L’intérêt du net, est qu’on y a un accès rapide, et qu’on peut se montrer ingrat à ne pas se sentir obligé de remercier les gens lointains ayant contribué à allumer ces lumières

  13. Avatar de André R.
    André R.

    @ Paul

    « La mayonnaise prend plus vite (…) tournez manège (…) ça démarre sur les chapeaux de roue (…) ça part dans toutes les directions »

    En résumé : prenez un disque colorié de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, mettez-le sur une platine, faites-la tourner … et le disque devient blanc. C’est à cela que me font souvent penser les blogs, celui-ci y compris. Qu’en reste-t-il en définitive pour ceux qui les lisent et y participent, si ce n’est la désagréable impression d’avoir, au final, l’esprit encombré d’une bouillie confuse et insipide ?!

    Paul, la question n’est pas seulement, je vous cite, « de restaurer un semblant d’ordre » mais de s’adonner à la tâche ingrate et fastidieuse de faire un résumé impartial et objectif de tous les commentaires d’un billet, après les avoir nettoyés, impitoyablement, de toutes les considérations hors sujet. Je sais bien que ce n’est pas forcément à vous à le faire : peut-être à l’un d’entre nous, les intervenants ??

    Mais le présent commentaire, venant en quarantième position, deux jours seulement après la date de publication de votre billet, sera-t-il seulement lu dans la bourasque du « toune la roue » ??

  14. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Daniel Dresse

    j’espère que votre départ n’est pas définitif, réservez-vous tout de même un droit de « rétractation », au cas l’envie d’y revenir se ferait sentir ! 😉
    Il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais pas d’avis !! Vos billets et commentaires étaient souvent très intéressants qui plus est lisibles, bref bien écrits, ce qui est important si l’on veut se faire comprendre et ne gâche pas le plaisir de la lecture. Ce n’est jamais bon de partir sur un dépit, qu’il soit motivé ou pas, peu importe, car l’important n’est-il pas de pouvoir dire ce que l’on a à dire ?
    Vous pouvez pensez que vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde que beaucoup ici ou bien encore qu’il y aurait un certain conformisme de la pensée. Soit, mais alors raison de plus pour réfuter encore et encore et ainsi susciter quelques interrogations. Ce d’autant plus que vous êtes lu par d’autres lecteurs que ceux qui écrivent sur le blog. Pensez à tous ces lecteurs qui n’écrivent pas mais se sentent concernés par les débats qui ont lieu ici. Cela serait dommage de vous priver d’une occasion d’exprimer votre point de vue publiquement, ce qui participe de la vie démocratique, mais si la la démocratie, je vous l’accorde, ne se résume pas à des échanges sur un blog. Ne sous-estimez pas néanmoins le pouvoir des idées. Et puis si certains sur le moment, peuvent s’opposer frontalement à vos propos, ceux-ci n’en sont peut-être pas moins touchés par certains points de votre propos, lesquels amorceront de nouvelles pistes de réflexion auxquelles ils n’avaient pas pensé.

    Ailleurs vous serez peut-être mieux « reçu », mais à quoi vous servira de « prêcher » à des convertis ? Je pense aussi que personne sur ce blog n’a de démarche militante au sens où il s’agirait de faire passer des idées coûte que coûte au mépris de la considération que l’on se doit avoir pour autrui. Paul lui-même évolue sur certains sujets et il ne s’en cache pas, cette affirmation a même fait l’objet d’un de ses billets récurrent où il fait le point sur son rôle et les réactions que suscitent la marche du blog.
    Concernant la globalisation il s’en expliquera sans doute tôt ou tard, sa remarque sur Attali était à mon sens tout à fait incidente et concernait d’abord l’Etat de droit. Or qui serait contre l’Etat de droit ? Mais vous avez raison de revenir sur cette question du mondialisme car elle est importante. Pour ma part je ne suis pas mondialiste. Je fais une différence entre aborder les problèmes dans leur dimension globale et instaurer un gouvernement mondial. Entre l’anarchisme et le mondialisme il me semble qu’il y a de la place pour beaucoup d’autres options.

    Si j’ai pu exprimer un désaccord dans un dernier commentaire à votre égard, croyez-moi, ce n’était pas pour récuser en bloc toutes vos idées. Nonobstant, vous me classez « écolo déclaré ». L’écologie est certes importante à mes yeux, mais si vous avez bien lu mes commentaires au fil des mois, j’ai abordé les thèmes abordés dans ce blog sous bien d’autres angles que ceux de l’écologie. L’écologie n’est pas une fin en soi, je l’ai déjà dit et expliqué. Concernant même la question du réchauffement climatique j’ai eu l’occasion d’affirmer qu’elle ne constituait qu’un élément parmi d’autres de ce que devrait être une bonne compréhension de l’écologie. Focaliser l’attention du public sur le réchauffement c’est faire de l’environnementalisme et non pas de l’écologie politique. D’ailleurs l’écologie politique n’est pas l’apanage d’un parti. Dès lors que nous nous préoccupons de l’interaction de l’humain avec son milieu, de ce qui constitue même son milieu humain, nous faisons de l’écologie.

    L’écologie n’a pour moi aucun sens si elle n’est pas reliée à l’individuel et au collectif. J’ai d’ailleurs souvent rappelé l’importance des processus d’individuation, même si ce thème n’est pas toujours très évocateur car il va à l’encontre de la vision la plus commune qui oppose l’homme et la société. Autant dire que le global n’est pas le pôle unique duquel je comprends et agis dans notre monde. L’individu ne peut s’individuer que s’il s’inscrit dans une société et sa mémoire collective et réciproquement toute société s’individue elle aussi car elle acquière une singularité grâce aux apports individuels qui en retour reconfigure la mémoire collective, via les inventions humaines de toutes natures. Dans le précédent commentaire, sur Internet, j’ai abordé la question en montrant qu’une technique peut contribuer, selon les cas, à susciter renforcer ces processus d’individuation ou, au contraire, les détruire. Votre billet où vous faisiez l’analyse des ressorts identitaires d’une migrante faisait précisément écho à cette idée : les référents sont ceux d’un temps globalisé, celui de la marchandise, il n’y a donc plus de place pour l’appropriation sociale du temps et de l’espace dans lesquels nous vivons, si bien que les processus d’individuation sont court-circuités.

    Une réelle et « bonne mutation » ne pourra donc venir des seules décisions prises globalement, j’entends celles résultant d’accords internationaux. Car en attendant l’émergence du local, il y a des rapports de force dont il faut bien tenir compte et il faut toujours mieux des avancées positives, que pas d’avancées du tout, ce qui ne signifie pas bien entendu qu’il faille se satisfaire des effets de manches médiatiques auxquels se réduisent les G X. Tout attendre d’une régulation mondiale serait faire l’impasse sur les aliénations inhérentes au système capitaliste, lequel ne manquerait pas alors de trouver d’autres terrains pour se développer.

    J’espère que vous m’avez bien compris, lorsque j’évoque l’association ou l’individuation ce n’est pas pour prôner un unanimisme béat, une sorte de new age, en effet de la très mauvaise écologie, c’est même tout le contraire, puisque j’insiste sur les conditions de possiblités de l’expression des singularités (mais toujours dans leur rapport à un collectif, que ne peut se concevoir du seul point de vue du pôle global). Il faut donc bien une constitution pour l’économie mais cela ne doit pas de nous dispenser de repenser le système y compris pour le relocaliser en partie. Telle est aujourd’hui ma position.

  15. Avatar de Crystal
    Crystal

    @ Daniel Dresse

    Sachez que vous avez éclairé ma loupiote un certain nombre de fois au travers de vos commentaires.
    Justement parce que souvent l’approche et l’éclairage étaient différents de Paul.

    Merci…

    Sur ce que vous dites sur la mondialisation et l’écologie, je pense que vous faîtes un passage aux limites.
    Je rejoins Pierre-Yves sur nombre de ces propos faisant notamment la distinction entre « aborder les problèmes dans leur dimension globale et instaurer un gouvernement mondial ». A ce titre, je vois plus d’argument contre l’instauration d’un gouvernement mondial que pour (tout ce qui est lié à la concentration des pouvoirs, richesses, etc…).

    Au revoir !

  16. Avatar de Cécile
    Cécile

    @ Daniel Dresse
    Je venais de rentrer en 6 ème, c’était Toussaint, la fêtes des morts, dans mon village St Laurent du Pont, un dancing le 5/7 à flamber, plus de 140 jeunes brulés vifs, devant ma fenêtre, toutes la matinée , des ambulances et des ambulances, les unes derrière les autres, à feu éteint dans le brouillard, sur le trottoir des gens qui pleuraient ….
    et pendant ce temps la radio qui déblatérait ces infos, la cigarette dans un canapé, à quatre km on a entendu les fibros du toit claqués, c’était plus une explosion… soit disant les portes fermées, derrière l’orchestre, la porte était ouverte l’orchestre n’est pas sorti, la chaleur a été si forte que les cadavres ont rétréci ….
    Depuis ce jour je ne bois plus les informations, je ne crois plus la radio, ni la télévision …

  17. […] (miroir, miroir, mon beau miroir), même ceux dont ce n’est absolument pas le sujet. Le blog de paul Jorion, La vie des idées ou encore Bernard Stiegler. Si leurs réflexions sont intéressantes et […]

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  1. Dans ce cas, effectivement, c’est plus délicat.

  2. nb : j’ai écrit imaginer et non croire.

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