États-Unis : Chantage assorti de menaces

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Imaginez que vous soyez le P-DG d’une très grosse banque américaine et que le Secrétaire au Trésor, l’équivalent d’un Ministre des Finances, vous dise : « Faites ce que je vous dis : si vous ne le faites pas, il y a risque systémique et tout le système financier s’écroule… Oh ! Et j’ai oublié de vous dire : si vous ne me croyez pas, ça n’a aucune importance parce que si vous ne faites pas ce que je vous dis, vous êtes viré, vous et tout votre conseil d’administration… Ah ! Encore une chose, l’idée n’est pas de moi : elle vient du président de la banque centrale ».

Que feriez-vous ? Si c’était moi, je répondrais : « Vos menaces me concernant personnellement, je n’en ai rien à ficher, mais si vous ne vous trompez pas pour ce qui touche au risque systémique, je considère qu’il s’agit d’un cas de force majeure (en anglais : « act of God »), et je m’incline ».

Bien entendu, tout dépend de ma capacité à me mettre dans la peau du P-DG d’une très grosse banque américaine mais je ne vous rapporte pas cet incident sans raison : je vous le raconte parce que Mr. Andrew Cuomo, Procureur Général de l’État de New York, a expliqué aujourd’hui que ce scénario s’est vraiment déroulé en décembre de l’année dernière avec, dans le rôle du P-DG d’une grande banque américaine, Ken Lewis de Bank of America, dans celui du Ministre des Finances américain, Hank Paulson, et dans celui du président de la banque centrale, Ben Bernanke, le président de la Federal Reserve. L’occasion, c’est quand Lewis se rendit compte que les pertes qu’allait essuyer la banque d’investissement Merrill Lynch, qu’il s’était engagé à acquérir au nom de Bank of America dépasseraient les 10 milliards de dollars et qu’il tenta de faire machine-arrière.

Le blogueurs américains s’interrogent : « Qui des trois a le plus mal agi ? Que diront les actionnaire de Bi of É (Bank of America en américain) ? » Personnellement, je ne pense pas que ce soit là la bonne question à poser. Les choses ont commencé à aller mal en août 2007 et très très mal en septembre de l’année dernière. Depuis, c’est la panique au niveau des autorités financières américaines. Seul le rebond anémique de la Bourse amorcé le 10 mars (et en perte de vitesse depuis lundi dernier) a constitué une relative embellie. La question à poser c’est celle-ci : « Ont-ils encore la moindre idée de ce qu’ils font ? »

Bonne nouvelle en tout cas pour un corps de métier entièrement à l’abri des pertes d’emploi dans les quelques années à venir : les avocats d’affaires.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Partager :

25 réponses à “États-Unis : Chantage assorti de menaces”

  1. Avatar de JJJ
    JJJ

    Bonne nouvelle en tout cas pour un corps de métier entièrement à l’abri des pertes d’emploi dans les quelques années à venir : les avocats d’affaires. Ce serait une bonne nouvelle pour tout le monde qu’il y ait encore assez d’argent pour payer leurs honoraires prohibitifs ! Je crois au contraire qu’ils ne réchapperont pas à la tourmente et que de nombreux conflits se règleront par… les tueurs à gages (procédure rapide et beaucoup moins coûteuse)

  2. Avatar de Fab
    Fab

    Ne jamais sous-estimer les avocats d’affaires ! Surtout les français ! Cela dit il est vrai que le système financier ne peut à ce stade qu’être hiérarchisé. Et sa hiérarchie en croise d’autres. Certes la finance a pris le pas sur l’économie. Mais n’est-ce pas une posture qui finalement arrange tout le monde ? L’économie, principal outil de la politique, ou la politique donc, n’a-t-elle pas volontiers accepté cette domination ? Qu’est-ce qui aujourd’hui pourrait remplacer la motivation qu’impulsait la finance à l’économie ?… …Virez-moi, mais expliquez-moi les détails, au niveau de la gestion de la population notamment, de votre entreprise. Peut-être pourrons-nous alors en parler.
    Voilà ce que je dirais si j’étais dans la peau d’un super PDG d’une super banque US.

    Par exemple, cela va sans dire.

  3. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Avocats d’affaires:
    Sarkozy,Lagarde,Borloo,Devedjian,Strauss-Kahn,Montebourg,Copé?
    Ce sont leurs clients qui « lobbyisent » discrètement à travers eux!

  4. Avatar de vladimir
    vladimir

    Une série noire ? Ou bien des accidents du travail ?

    Voir ceci :

    BNP Paribas-Décès de Gilles Glicenstein, le patron de la gestion mercredi 22 avril 2009 20h23 Imprimer cet article [-] Texte [+] PARIS, 22 avril (Reuters) – BNP Paribas (BNPP.PA : Cotation) a confirmé mercredi le décès de Gilles Glicenstein, le responsable des activités de gestion d’actifs de la banque française dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 44 ans, sans toutefois préciser les causes du décès.

    « Nous sommes profondément attristés d’apprendre la disparition de Gilles Glicenstein », a déclaré Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas, dans un message envoyé à l’ensemble des salariés de la banque française et transmis à Reuters.

    Ancien élève de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Gilles Glicenstein était depuis 2005 le responsable des activités de gestion d’actifs de BNP Paribas, logées au sein de BNP Paribas Investment Partners.

    Après avoir été inspecteur des finances de 1990 à 1994, il a rejoint la BNP en 1994 en tant que responsable de la stratégie et du développement de la banque.

    Gilles Glicenstein avait ensuite occupé le poste de directeur général adjoint de BNP Gestions jusqu’à fin 1999 pour devenir ensuite directeur général de BNP Paribas Asset Management.

    Le décès du responsable de BNP Paribas avait été annoncé plus tôt dans la journée par l’Association française de la gestion financière (AFG) dans un courrier adressé à ses adhérents, et dont Reuters a eu une copie.

    « Notre ami Gilles Glicenstein nous a quittés la nuit dernière », lit-on dans la lettre signée par Alain Leclair et Pierre Bollon, respectivement président et délégué général de l’AFG.

    Une porte-parole de BNP Paribas avait alors confirmé le décès, refusant toutefois d’en préciser la cause.

    (Matthieu Protard, édité par Cyril Altmeyer)

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article84571

    ENQUETE DE POLICE SUR UN SUICIDE :

    Police investigating death of Freddie Mac official

    By MATT SMALL, Associated Press Writer – Wed Apr 22, 8:28 am ET

    WASHINGTON – David Kellermann, the acting chief financial officer of mortgage giant Freddie Mac, was found dead at his home Wednesday morning in what police said was an apparent suicide.

    Mary Ann Jennings, director of public information for the Fairfax County, Va., Police Department, said Kellermann was found dead in his Reston, Va., home. The 41-year-old Kellermann has been Freddie Mac’s chief financial officer since September.

    Jennings said that a crime scene crew and homicide detectives were investigating the death, but that there didn’t appear to be any sign of foul play……

    http://news.yahoo.com/s/ap/20090422/ap_on_go_ca_st_pe/us_freddie_mac_official_dead

  5. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Ce présent message pourrait aussi concerner d’autres billets.

    « Eppur si muove ! »

    Sans doute « après » (mais quel prix??) que les fauves se seront entre-dévorés dans leur cage? Si toutefois on parvient à les y mettre!

    C’est alors que l’hypothèque levée (?) des prédations des fauves que l’on pourra transformer le système financier comme le suggère ici Steve Waldmann. Il dit en substance:

    « Il existe une alternative, qui s’appelle « transfert ». Ce qu’il y a de positif avec le crédit, envisagé selon une simple perspective keynésienne, ce n’est pas tant que les prêts soient remboursés demain, mais que les dépenses soient effectuées aujourd’hui. Si l’usage que les consommateurs font des ressources est meilleur pour l’économie que celui qu’en font les banques, alors nous devrions mettre un terme à ces transferts massifs de fonds financés par la dette publique en direction des banques, et les transférer vers les consommateurs. »

    Au passage, Steve Waldmann aurait-il potassé les découvertes – expérimentales – essentielles du major Douglas?

    Sans rentrer dans certains détails qu’on peut discuter, voici un article des plus lucides qui soient, il pointe l’urgence du bon sens:

    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2666

  6. Avatar de antoine
    antoine

    Je plussoie Rumbo. J’ai trouvé l’article fascinant.

  7. Avatar de lacrise
    lacrise

    Petit détail, le pdg de la dite grosse banque et le secrétaire au trésor se connaissent très bien : ce dernier a lui aussi fait partie de la très grosse banque et les gros yeux qu’il roule, c’est surtout pour amuser le public. Il ne faudrait pas céder à la naiveté. Goldman Sachs est aux manettes, Obama est une marionette et vogue la galère. Jusqu’où ? Encore une guerre salvatrice ? Ca se pourrait. On entend pas mal de bruit de bottes en ce moment, Moldavie, Pakistan, Iran, l’embarras du choix pour les marchands de canons, seule industrie viable aux Etats Unis. Cessons en tous cas d’être naifs.

  8. Avatar de david
    david

    Pour commenter l’article de Steve Waldmann:

    Il voudrais récupérer l’argent qui n’est pas dépensé par des américains car trop riches. Cela remètrais sur le marché de l’argent qui n’y étais plus et crérais une inflation non?
    Et si les prix ne sont pas bloqués pendant une période « d’adaptation », cela ne changerais pas grand chose car les prix flamberaient aussitot car les consomateurs pouraient faire face à cette hausse.
    De plus, il faut que les biens et services qui correspondent à l’argent existent au momment ou on veut les dépenser car un billet qui ne peut etre échangé ne vaut rien.

  9. Avatar de Vincent
    Vincent

    Un peu hors-sujet, mais dans la thématique générale de la crise systémique et paroxystique chère à Philippe Grasset de Dedefensa, et de l’effet domino des crises qui s’entrechoquent, en arrivant toutes plus ou moins en même temps à maturation. On avait les subprimes, l’immobilier, la guerre de projection, le Pentagone, le JSF, les bases US externes, les banques, la dette, le dollar, la drogue mexicaine, le Pakistan, le bouclier anti-missiles, Israël/Iran. (Je reprend ma respiration)

    Voici maintenant le cauchemar de Darwin, version végétal : Merci Monsanto!

    OGM : la menace des « super mauvaises herbes » s’amplifie
    Par Jean Etienne, Futura-Sciences

    Cinq mille hectares de culture de soja transgénique ont été abandonnés par les agriculteurs en Géorgie, et 50.000 autres sont gravement menacés par une mauvaise herbe impossible à éliminer, tandis que le phénomène s’étend à d’autres états. La cause : un gène de résistance aux herbicides ayant apparemment fait le grand bond entre la graine qu’il est censé protéger et l’amarante, une plante à la fois indésirable et envahissante…
    En 2004, un agriculteur de Macon, au centre de la Géorgie (à l’est des Etats-Unis), applique à ses cultures de soja un traitement herbicide au Roundup ®, comme il en a l’habitude. Curieusement, il remarque que certaines pousses d’amarantes (amarante réfléchie, ou Amarantus retroflexus L.), une plante parasite, n’en semblent pas incommodées… Pourtant, ce produit est élaboré à partir de glyphosphate, qui est à la fois l’herbicide le plus puissant et le plus utilisé aux Etats-Unis.
    Depuis, la situation a empiré. Actuellement, et rien qu’en Géorgie, 50.000 hectares sont atteints et nombre d’agriculteurs ont été contraints d’arracher leurs mauvaises herbes à la main… quand c’est possible, considérant l’étendue des cultures. A l’épicentre du phénomène, 5.000 hectares ont été tout simplement abandonnés.(…)

    Texte entier sur le site Futura-Sciences:
    http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/botanique-1/d/ogm-la-menace-des-super-mauvaises-herbes-samplifie_19036/

  10. Avatar de jacques
    jacques

    En résumé, il vaut mieux parler de GSA (Goldman Sachs of America) au lieu de USA.

  11. Avatar de BA
    BA

    A lire absolument : l’article de Philippe Mabille, l’éditorialiste du journal économique LA TRIBUNE, samedi 11 avril 2009, page 7.

    Cet éditorial explosif, intitulé « Banques : le grand mensonge », est le seul à n’avoir pas été mis en ligne sur le site internet de LA TRIBUNE.

    Je recopie donc la fin de cet éditorial censuré :

    « Banques : le grand mensonge.

    Par un curieux retournement du destin, le climat boursier est, dans le même temps, redevenu favorable pour les banques. Un exemple frappera les esprits : le cours de la Société Générale s’est apprécié de 45 % par rapport au cours de 24,5 euros qui avait été proposé pour le plan de stock-options qui a tant scandalisé l’opinion. En déduire que la crise financière est derrière nous serait toutefois une grave erreur. Bien au contraire, le pire est encore à venir.

    Le calcul est assez simple à faire : en janvier 2009, le Fonds Monétaire International prévoyait 2 200 milliards de dollars de pertes mondiales pour les bilans bancaires. Ce chiffre a été réévalué à 4 000 milliards de dollars, dont un tiers seulement a été comptabilisé. La conclusion coule de source : les banques ne disent pas la vérité sur la réalité de leur situation. Et les autorités financières sont complices de ce grand mensonge, pour éviter de créer la panique.

    On le voit avec la forte tension qui règne aux Etats-Unis à propos des « stress tests » réalisés sur la solidité des banques américaines. Mentir pour la bonne cause, on retrouve là un peu le même scénario que celui du Crédit Lyonnais, où la Commission Bancaire et le Trésor avaient été accusés d’avoir fermé les yeux sur les comptes truqués de la banque publique.

    Mais, cette fois, ce n’est pas une seule banque qui est en cause, mais toutes les banques mondiales en même temps. De sorte que celle qui saura masquer ses pertes le plus longtemps sortira grande gagnante du jeu de poker menteur qui va maintenant succéder au théâtre du G20. »

  12. Avatar de A.
    A.

    Concernant, la conclusion, Paul et Attali disent la même chose. Le sous-bassement idéologique du capitalisme, le droit de propriété, est en train de s’effondrer. On n’assiste pas seulement à un effondrement de la finance, prothèse de l’expansion capitaliste, mais de sa charpente.

  13. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Je ne parviens pas à comprendre pourquoi les autorités américaines estiment que les grandes banques américaines sont suffisamment capitalisées comme on vent de l’apprendre suite aux stress tests alors qu’elles détiennent encore près de 2 trillions USD d’actifs toxiques. Ça m’échappe.

  14. Avatar de BA
    BA

    Peut-être que les autorités américaines ont préféré dire que les banques US étaient suffisamment capitalisées pour éviter de créer la panique.

    Relisez cet éditorial de LA TRIBUNE que je recopie un peu plus haut.

    Je trouve cet éditorial imparable.

  15. Avatar de johannes finckh

    Tous les suicides et meurtres ne suffiront pas pour faire repartir le système financier.
    Car ceux qui se sont goinfrés seront remplacés par les adjoints qui se goinfreront!
    C’est le système, tant que les banques centrales n’émettent pas une maonnaie anticrise!
    Moi-même, à la place du pdg d’une banque, je « devrais » me goinfrer, et même besancenot se « goinfrerait » s’il était mis à cette place!
    et si vous y mettiez un ours en peluche, il se « goinfrerait » encore!

  16. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ A.

    Ne serait-il pas plus exact de dire qu’un certain nombre — immense ! — de titres de propriété, tels les emprunts russes de naguère, ne valent plus rien ?
    Pour l’heure, le droit de propriété n’est en rien menacé : les titres ne valent plus rien mais ils existent toujours, nominalement.
    Il est inscrit dans le fonctionnement de tout marché que les valeurs puissent fluctuer, et, quand on touche au limites du système, ne plus valoir rien du tout. A vrai dire, cette idée que les titres puissent ne plus avoir de valeur est insupportable à ceux qui en possèdent un grand nombre, quand bien même c’est dans la logique du système qu’un tel phénomène puisse se produire.

    Bref ce n’est pas le droit de propriété en tant que tel qui est remis en cause. Au contraire toutes les autorités s’emploient à le garantir, à réaffirmer sa prééminence. Ne serait-ce qu’en France, les officiers de réserve de la Police nationale ont été mis en alerte, tout est prêt pour maintenir l’ordre existant. Il y a plutôt des transferts de propriété qui s’opèrent. Et nous pouvons sans peine imaginer que le cas échéant les grosses pointures de la finance vont convertir dare dare leurs produits financiers en achats de biens durables, négociables, et donc sources d’une nouvelle puissance. Si le système devait apparaître condamné pour ceux qui en tirent les plus grands profits, Oligarchies étatiques comme banques et firmes nationales et multinationales énergie, matières premières, denrées et terres agricoles vont redevenir des richesses les plus convoitées. Une économie de la rareté va se substituer à l’économie du crédit facile.

    Un certain néo-colonialisme est déjà en marche. La Chine, la Corée du sud, et d’autres puissances achètent des millions d’hectares de terres agricoles. Des paysans, en Afrique notamment, qui vivaient jusqu’ici sur leurs terres, selon un droit coutumier se retrouvent du jour au lendemain expropriés de leurs terres parce que celles-ci sont devenues la propriété des grosses firmes.

    Ici je vous rejoins pour dire que cette stratégie des riches et des puissances économiques ne va pas forcément réussir car une telle concentration de richesses aux mains de quelques uns ne manquera pas de susciter des réactions. La mutation en cours peut déboucher sur un nouvel ordre économique tout aussi aliénant que l’ancien, mais aussi une réelle mutation des fondements de l’économie.

    Bref, le droit de propriété qu’exercent certains pourra être contesté au nom d’une nouvelle idée de ce que doit signifier le droit à la propriété. Je pense notamment aux droit sociaux qui ne pourraient plus être dissociés des droits de propriété, et plus généralement à toutes les externalités positives que ceux-ci pourraient impliquer. Il va sans dire qu’une Constitution pour l’économie pourrait jouer un rôle dans cette mutation heureuse, mais il est très difficile de dire si les mutations en cours seront les effets induits de l’effondrement du système actuel, le résultat d’actions concertées des dirigeants au niveau mondial, ou bien encore le résultat de la percolation des idées des citoyens du monde. Sans doute les trois, dans diverses proportions. Et puis ces trois facteurs interagissent les uns avec les autres. Ce qui fait beaucoup d’incertitudes. Alors continuons de percoler ! Nous n’avons rien à y perdre.

  17. Avatar de Philippe V.
    Philippe V.

    Petite leçon.

    Le moment ne serait-il pas venu de donner une petite leçon aux banques et aux banquiers? De leur dire qu’ils ont dépassés les bornes?
    Voyons, qu’est-ce qui pourrait bien les ennuyer? Que l’on déménage nos comptes dans la seule banque encore pas tout à fait privée?
    La Banque Postale n’est surement pas l’idéal, mais il me semble qu’elle ne sélectionne pas ces clients, qu’elle ne verse pas de dividendes à des actionnaires, qu’elle ne construit pas des sièges sociaux arrogants, et j’en passe.
    Je vais prendre rendez-vous chez eux demain.

  18. Avatar de Paul Jorion

    @ lacrise

    L’aspect le plus intéressant de l’article auquel vous renvoyez : Jack Bauer can’t stop ‘The Goldman Conspiracy’ 10 reasons why Wall Street has absolute power over America’s democracy n’est pas que son auteur Paul B. Farrell appelle au renversement de l’« oligarchie », dénonce la prise de pouvoir par Wall Street aux États–Unis – les blogs américains débordent de tels appels aux armes – mais que ce monsieur était jusqu’ici un paisible conseiller financier écrivant des ouvrages aux titres lénifiants comme The Lazy Person’s Guide to Investing: A Book for Procrastinators, the Financially Challenged, and Everyone Who Worries About Dealing with Their Money ou The Millionaire Code: 16 Paths to Wealth Building.

    Si ce type d’auteur appelle à ce que l’on affûte les piques, quelque chose a en effet changé.

  19. Avatar de johannes finckh

    @ tous:

    l me semble, hélàs, que « les banquiers » et la « haute finance » ne soient pas « coupables » véritablement de ce qui se passe!
    Leur goinfrerie est celle de Monsieur ou Madame tout lemonde, et tout autre individu à leur place serait arrivé au même résultat de la crise systémique!
    Précisément, la crise est systémique, ce qui veut dire que la construction interne de la monnaie, à la fois objet de circulation pour réaliser les transactions et RESERVE DE VALEUR! conduit nécessairement à ce qui est arrivé!
    Comme je l’ai déjà dit avant, si on n’avait pas eu toute cette « inventivité » des « technologies financières » depuis vingt ans ou plus, la crise systémique aurait sans doute débuté avec la crise japonaise de 1991 par exemple ou la crise russe en 1998!
    Autrement dit, on a « joué après le match » pendant vingt ans!
    Et ceci était possible parce que le « goinfrés » l’étaient déjà tellement depuis vingt ans qu’ils pouvaient soutenir et refinancer jusqu’au « taquet », c’est-à-dire jusqu’à ce que les emprunts hypothécaires, comme le rappelle Paul et d’autres, aient révélé que le citron était pressé jusqu’à la garde.
    Et comme toujours, de tels moments de vérité dclenchent le réflexe du refuge vers LA RESERVE DE VALEUR en dernier ressort, à savoir la monnaie liquide!
    Que l’on m’explique: où sont les centaines de milliards en NUMERAIRE que la FED a bel et bien injectés dans le système depuis quelques mois?
    Les autres grandes banques centrales, la BCE, la banque d’Angleterre et la Banque centrale du Japon ont fait autant avec le même résultat du coup d’épée dans l’eau!
    Comme le dit DSK, ct argent est gelé et ne descend pas dans l’économie réelle!

    Réponse: émettre une monnaie anticrise (fondante) tout de suite, car cette monnaie-là descendra dans l’économie réelle tout de suite, car elle ne saurait être refuge!

    Ce dont on peut sans accuser la haute finance, c’est qu’elle n’a pas envie de changer de système qui profite aux happy few!

    Mais, à mon goût, il faut le reprocher bien davantage aux universitaires et aux politiques qui ne sont que les « boys »du grand capital et qui ne pensent guère par eux-mêmes et ne répètent que des fadaises éculées sur un système qui ne marché pas!
    Alors que Silvio Gesell a proposé depuis plus de cent ans déjà une vraie issue du capitalisme sans atteindre aux libertés d’entreprendre (comme l’avait proposé l’aberration marxiste)!

    jf

  20. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    @ jf

    Je relève « l’aberration marxiste » parce qu’elle mérite discussion !

    En effet on peut entendre :
    1/ les aberrations qui ont été proférées par ceux qui se disaient les disciples de Marx, et là, il faut bien le dire, certaines sont gratinées. La liste en serait très longue et je pourrais en citer si cela intéresse certains ;

    2/ l’aberration de la pensée-Marx, et là je demande des preuves, pour faire avancer le débat !

    Ainsi Marx n’a jamais prôné l’interdiction d’entreprendre, il appelle au contraire à une libération des forces productives par « le dépassement du capitalisme et l’émancipation humaine ». Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette pensée-Marx, dépassement signifie à la fois abolition de l’ordre des choses existant et création d’un nouvel ordre.
    Sans que des dates soient fixées ni de grand soir décrit : c’est un processus qui traverse de multiplies phases dont les acteurs ont le pouvoir de les ralentir ou de les accélérer.
    Je ferais remarquer pour que les choses soient plus claires : dépassement du capitalisme implique dépassement du salariat, l’un n’allant pas sans l’autre !
    Quant à la liberté d’entreprendre, Marx imaginait « la libre coopération des producteurs associés », ce qui comme point de départ n’a rien à voir, on en conviendra, avec « une atteinte aux libertés d’entreprendre ».
    Mais il est vrai que nous devrions nous engager un peu plus dans l’analyse de cette liberté d’entreprendre conçue soit comme le moyen de s’approprier le résultat du travail des autres soit comme contribution au développement au sein d’une organisation démocratique de la production…

  21. Avatar de johannes finckh

    @jeannîmes:

    Je ne m’explique pas plus là-dessus, car je n’en ai pas la capacité dialectique!
    Une chose seulement: il faut rigoureusement distinguer entre « libéralisme » et « capitalisme », deux terme souvent rejetés ensembles sans la moindre nuance!
    A mon sens, le capitalisme monétaire est lus fort que le libéralisme au sens où le capitalisme finit toujours par confisquer davantage les éléments libéraux de l’économie pour instaurer des monopoles et des oligopoles.
    Gesell, philosophiquement plutôt libéral, veut supprimer, avec la monnaie anticrise (fondante), la possibilité d’instaurer une logique capitaliste, et « son » libéralisme pourra alors déployer toute son efficacité sans recours aux planifications si néfastes qui ont détruit les régimes communistes de l’intérieur.
    jf

  22. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Le débat était sur l’analyse marxienne du capitalisme et de son dépassement…

    Je continue donc en utilisant le pensée-Marx à propos de libéralisme et capitalisme où il y a deux oppositions à discuter :
    1/ celle concernant le mode de production (capitalisme) et la forme sociale que prend la société sous l’impulsion de la logique capitaliste (démocratie libérale, dictature et tous les intermédiaires possibles entre les deux… ils ont existé ou existent encore) ;
    2/ celle concernant la théorie économique classique, libérale, qui imagine que la valeur est inhérente à la nature de la marchandise et donc que le marché doit être libre pour que cette valeur soit juste…
    Théorie dont Marx a fait définitivement la critique : la valeur est liée à l’échange et non intrinsèque à la marchandise…
    Le néolibéralisme qui a repris les thèses classiques en les rationalisant à l’extrême avec un appareil mathématique qui en impose mais qui ne les rend pas plus correctes, a été depuis les années 1940 défendu théoriquement surtout par Hayek et Friedman.
    Il a commencé à être mis en place par Nixon, Reagan, Thatcher, Mitterrand (Delors, Fabius, Lamy, Straus-Kahn…), Sarkozy : les USA et la GB ont piloté le projet, l’UE a emboité le pas et est allée même plus loin (indépendance de la BCE, non création de monnaie par les banques centrales, ouverture totale des marchés intérieur et extérieur, etc.).
    Au point qu’il est possible de parler d’un ultralibéralisme, si on considère que les USA sont le modèle néolibéral (le moins d’Etat possible, privatisation de toutes les fonctions publiques, dérèglementation systématique, etc.).

    La logique capitaliste s’accommode de toutes les formes sociales et se sert d’elles pour aller toujours plus loin dans l’appropriation privée des richesses, l’exploitation des salariés et le saccage de la planète : je ne crois pas qu’on puisse manger avec la diable, même avec une longue cuillère !

    A propos de la planification : il est nécessaire de distinguer les planifications en relation avec la forme sociale dans laquelle elles s’inscrivent. On peut avoir des planification administratives, centralisées, impératives, incitatives, décentralisées, activées par des démocraties représentatives, directes, des régimes autoritaires centralisés ou non…
    En France nous avons connu, dans la période 1945-1990, une planification incitative centralisée qui a permis de coordonner les politiques publiques et le développement privé en synergies efficaces dans de nombreux domaines.
    Elle a contribué au redressement d’un pays ruiné et ravagé en deux ou trois décennies et avec moins de 50 millions d’habitants à le propulser dans les trois ou quatre premières puissances mondiales (comparaison qu’on peut discuter car les références au PIB sont douteuses -items pris en compte ou oubliés- et encore plus dans les comparaisons internationales…).
    Son abandon sans débat, sans qu’on essaie de l’améliorer, de la démocratiser en la décentralisant est à mon avis une perte considérable pour l’aménagement du territoire, les décisions d’infrastructures économiques et environnementales, etc. dont on voit les conséquences aujourd’hui : concentration des moyens sur quelques villes, écarts de richesses d’une région à l’autre, concentration de l’emploi et des nuisances, etc.

  23. Avatar de Denis Faidherbe
    Denis Faidherbe

    Quelqu’un parmi vous pourrait-il m’éclairer sur la coïncidence suivante : Crésus sort son livre « Confessions d’un banquier pourri » courant avril 2009, et quelques jours plus tard Monsieur Gilles Glicenstein de BNP Paribas décède de manière bien étrange, à votre connaissance y aurait-il une cause et un effet en corollaire ?

  24. Avatar de Moi
    Moi

    @Denis Faidherbe : tiens, comme Kellerman, le vice-président de Freddy Mac?

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta