« Eppur si muove ! »

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Christophe écrit à propos de l’un d’entre vous qui, convaincu il y a quelque temps que les banques commerciales ne créent pas d’argent ex nihilo, n’en est plus aussi sûr aujourd’hui :

C’est comme si on vous expliquait tous les jours que c’est la terre qui tourne autour du soleil avec toute la difficulté que cela suppose à vous l‘expliquer car il faut aller plus loin que les apparences et vous vous dites : « C’est compliqué mais c’est vrai : cela permet d’expliquer beaucoup de choses » mais dès que vous sortez dehors vous constatez que non : c’est bien le soleil qui tourne autour de la terre, c’est là devant vos yeux, le soleil tourne d’Est en Ouest et cela est bien la preuve que ces savants sont vraiment fous !

Je l’ai expliqué déjà : j’ai fait mon enquête pendant plusieurs mois, en votre compagnie et grâce à votre aide, pour voir si mes sens avaient pu être abusés durant la dizaine d’années où je travaillai pour des établissements de crédit parmi les plus grands de la planète. Voici la manière dont je présente les choses dans le manuscrit de mon livre « L’argent », à paraître en septembre chez Fayard :

Quelle ne fut pas ma surprise cependant de découvrir que le désaccord existe parmi les différents auteurs aussitôt que l’on aborde des questions pourtant aussi simples que de savoir si les banques commerciales, celles où nous déposons l’argent dont nous n’avons pas un usage immédiat, créent ou non de l’argent, ou bien si elles prêtent ou non l’argent que nous déposons sur un compte-courant auprès d’elles. La raison de tant de confusion est simple : nous disposons de plusieurs langages pour parler de l’argent et quand il s’agit de traduire de l’un vers l’un des autres, les problèmes de traduction peuvent rapidement devenir très sérieux. Ainsi nous parlons parfois de l’argent en termes purement économiques, et je veux dire par là en termes de flux monétaires : « Il court, il court, le furet : il est passé par ici, il repassera par là … ». Quand nous parlons de l’argent en tant que flux, rien ne se crée, rien ne se perd : quand je dépose de l’argent à la banque, que celle-ci le prête, qu’il lui revient augmenté d’intérêts qui lui ont été versés et qu’une fraction de ces intérêts me sont ristournés à moi, il ne faut pas qu’un seul centime s’en soit perdu : s’applique ici ce que j’appellerai tout au long de cet ouvrage un « principe de conservation des quantités ».

Ce langage économique aurait dû en toute bonne logique suffire à la tâche quand il s’agit de parler d’argent, à ceci près qu’on s’aperçut au fil des siècles que ce langage n’était pas suffisamment strict dans ses termes pour interdire que des sommes n’en soient aisément dérobées au passage par ceux que l’argent tente – à savoir par tout un chacun. On inventa alors ce qui s’appelle la « comptabilité en partie double », un nouveau langage qui présente la particularité que tout s’y équilibre toujours : que le passif y est par définition égal à l’actif mais qui enfreint à tout bout de champ le « principe de conservation des quantités » et qui, du coup, peut faire croire à celui qui ne maîtrise pas parfaitement ses subtilités que des sommes apparaissent, comme du chapeau du magicien, pour disparaître ensuite. Mais malgré les défauts de la langue comptable pour ce qui est de sa compréhension intuitive, elle présente l’avantage infiniment précieux qu’il y est beaucoup plus difficile de faire disparaître des sommes (de véritables « flux monétaires ») sans que rien n’y paraisse, et c’est pourquoi la comptabilité en partie double fut adoptée avec enthousiasme par ceux qui voyaient leurs bénéfices fondre comme neige au soleil au contact de certains de leurs employés industrieux sans doute mais aussi indélicats.

Répétons-le cependant : si le « principe de conservation des quantités » n’avait pas toujours été d’application stricte pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’argent, le capitalisme serait mort au berceau et les Bourses ne seraient jamais nées car leur accès aurait été rendu impossible par les cohortes de plaignants encombrant les rues, massés devant les portes du tribunal de commerce.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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164 réponses à “« Eppur si muove ! »”

  1. Avatar de leduc
    leduc

    Si la comptabilité des banques est basée sur un soit disant équilibre entre les passifs et les actifs, entre les « assets » et les « liabilities », n’est-ce pas un peu illusoires avec les nouvelles normes de comptabilités qui ont été édictées aux USA ?

    Quelque part je me dis que d’un côté on a des passifs, des responsabilités, des dettes pour ainsi dire qui doivent être honorées, en monnaie sonnante et trébuchante il me semble si j’ai bien compris, enfin avec de l’argent. Mais le problème c’est qu’on ne sait plus qui est vraiment solvable, qui a des problèmes de liquidités, bref, qui pourra honorer ses dettes, avec quelle contrepartie.

    D’un autre côté on a des actifs, des titres financiers en tout genre qui sont en général purement et simplement « évalués », on leur donne une certaine valeur, côte sur différents marchés financiers. Mais en même temps ces titres sont susceptibles de très forte variation, volatilité, la confiance qu’on a en leur valeur réelle est même de plus en plus souvent remise en cause, c’est tout le problème de la crise financière où différents acteurs financiers se retrouvent avec des titres illiquides, invendables en l’état et on ne sait même pas si on pourra en tirer quelques choses à l’avenir.

    Alors entres des dettes non recouvrables, peut-être perdues à tout jamais, entre des titres et actifs divers qui sont illiquides et difficilement cotables, est-ce qu’on peut encore à notre époque parler de conservation des quantités ?

  2. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ leduc

    En comptabilité, le doute sur la valeur se traduit par une « provision ». Laquelle minore évidemment le résultat. Si l’on n’a pas suffisamment de résultat, on doit mettre un voile pudique sur les doutes éventuels. Et quand les doutes deviennent réalité, on dépose le bilan !

  3. Avatar de Dani
    Dani

    @Paul :

    Et si on remplace « les banques créent de la monnaie ex nihilo » par « le système bancaire crée des moyens de paiement supplémentaires par multiplication », est-ce que cela va mieux ?

    Parce que sinon, il faut admettre que tout ce qui fait partie de M3 sans être numéraire n’est pas de la monnaie. Et alors, inquiet, je me rue pour vider mon compte et planquer les billets quelque part…

  4. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Ajoutons à cela que l’argent est de plus en plus virtuel.
    Au bout du bout il ne s’agit plus que de bits sur des disques durs…même plus de « papiers ».
    Sans électricité nous sommes ruinés.
    Grèves EDF?

  5. Avatar de Giraudon
    Giraudon

    Donc… les banques sont devenus les nouveaux camps d’extermination de la Monnaie.

  6. Avatar de JYB
    JYB

    Je crois bien avoir déjà lu ça dans ce bizarre « Manifeste 2008 »:

    FAIRE CIRCULER

    [nous reproduisons ci-dessous un texte curieux qui circule sous le manteau, sous forme de flyer pour des raves clandestines, de lien dissimulé sur des blogs underground, de spam sur des emails piratés, etc. Il est parfois revêtu de signatures fantaisistes (« comités marxistes invisibles », « mouvance alcoolo-anarcho-autonome anonyme ») et agrémenté de références numérologiques hermétiques, comme « 0001-1789-1917-1968-2008 ». On y devine des influences littéraires et théoriques souterraines hétéroclites (Spinoza, Marx, Tucholsky, Weber, Keynes, Debord). Quoi qu’il en soit, nous obéissons à l’injonction qui l’accompagne, « FAIRE CIRCULER », et nous vous invitons à faire de même. Jean-Yves Bourdin, 24/04/09]

    ——————————-

    Manifeste 2008: les vrais gens vs les poupées gonflables, ou les arnaqueurs arnaqués.

    Thèse.
    La forme que revêt la lutte des classes mondiale, au troisième millénaire de l’histoire de la barbarie, est celle de la guerre civile universelle entre les gens, d’un côté, et les baudruches, de l’autre.

    Démonstration.
    Les capitalistes ne sont pas des baudruches. Ce sont des vrais gens, qui ont trouvé la bonne réponse à l’éternelle question de l’humanité: « comment faire pour que les autres gens travaillent pour moi? ». Ils ont prouvé que la réponse habituelle (l’esclavage) ne marchait pas, parce que les autres gens, quand ils sont esclaves, en fichent le minimum.

    La bonne réponse, c’est de placer du vrai argent dans de vraies entreprises (le « capital »), et d’embaucher les autres vrais gens, chaque matin, pour les faire travailler dans ces entreprises. Les autres vrais gens ne sont plus des esclaves, ils sont libres, ce sont des salariés. Etant libres, les salariés se forcent eux-mêmes à bosser un maximum chaque jour, parce que sans ça le capitaliste ne les embauche pas le lendemain. Les capitalistes arrivent ainsi, non seulement à garder leur vrai argent, mais à l’augmenter régulièrement: c’est le « profit capitaliste ».

    La force des capitalistes, c’est que ce profit, au lieu de le boire au bistrot comme tout le monde, ils le remettent au pot, en le plaçant dans de nouvelles entreprises, et ça fait boule de neige.

    La faiblesse des capitalistes est dans leur soif de profit, qui leur fait désirer des profits impossibles (« super-profits »). Les capitalistes se font donc forcément arnaquer par des bonimenteurs qui leur promettent que, s’ils leur remettent leur vrai argent au lieu de le placer dans les entreprises, ils leur donneront ces super-profits. Cette arnaque s’appelle « la confiance », et les bonimenteurs s’appellent « gestionnaires de fortune » (Bernard Madoff), « banquiers » (Jérôme Kerviel), etc.

    L’arnaque marche parce que les arnaqueurs disposent d’une armée de produits-baudruches, affublés de noms impossibles (LBO, SICAV, etc), qu’ils font passer pour du vrai argent aux yeux des capitalistes, lesquels croient ainsi que les « super-profits » promis valent mieux que le profit capitaliste ordinaire. Les bonimenteurs ont aussi un stock colossal de baudruches pour neutraliser les autres vrais gens, les salariés: ces baudruches-là s’appellent les « mass media ».

    Les arnaqueurs, au départ, sont des vrais gens, qui réussissent à siphonner le vrai argent des capitalistes en le remplaçant par leurs baudruches. Mais du coup, quand leur arnaque marche assez longtemps, ils deviennent eux-mêmes des capitalistes. Comme capitalistes, ils se font forcément arnaquer à leur tour, ils s’arnaquent même eux-mêmes: eux aussi, au lieu de placer leur vrai argent dans les entreprises, se mettent à acheter des baudruches.

    Forcément, peu à peu, tout le capital est remplacé par de la baudruche, et arrive le moment où, comme il n’y a plus de vrai argent à mettre dans les entreprises, il n’y a plus non plus de profit capitaliste: on n’embauche plus de nouveaux salariés et on débauche ceux qui sont là. A ce moment, les baudruches se dégonflent toutes seules. Les capitalistes constatent qu’ils ont perdu leur vrai argent, et perdent confiance dans les bonimenteurs et leurs produits toxiques. Les salariés constatent qu’ils sont devenus des « chômeurs », et perdent confiance dans les mass media toxiques.

    Cette période s’appelle « la crise ».

    Corollaire.
    La sortie de la crise devrait logiquement passer par l’alliance entre les capitalistes et les autres vrais gens pour crever les baudruches. Ce n’est pas difficile (il suffit d’un coup d’épingle), mais les arnaqueurs s’y opposent de toutes leurs forces, et surtout cela demande aux capitalistes de se contenter d’un profit raisonnable, ce qui est extrêmement difficile pour eux, à cause de leur addiction aux super-profits imaginaires.

    Si suffisamment de capitalistes parviennent à se désintoxiquer, le capitalisme pourra continuer jusqu’à la prochaine crise. Dans le cas contraire, les autres gens devront trouver un système de rechange.

  7. Avatar de Moi
    Moi

    @Paul Jorion: tout cet article me semble vague et je ne comprends pas cette notion de « véritable flux monétaire ».

    A et B ont un compte dans la banque X
    C et D ont un compte dans la banque Y

    A achète un bien à C et le paie par carte de crédit.
    D achète un bien à B et le paie par carte de crédit.
    Les deux biens ont une valeur équivalente.

    Où est le « véritable flux monétaire » puisque la banque X et Y vont se dire entre elles « on est quittes » lors de la compensation? La seule chose qui a eu lieu c’est un flux de créance de A(X) à C(Y) et de D(Y) à B(X).

    En toute logique, les économistes disent qu’ici la monnaie scripturale a servi de monnaie pour les transactions A-C et D-B.

  8. Avatar de A-J Holbecq

    La comptabilité en partie double apparait au XV° siècle … , les banques (les orfèvres) l’ont utilisé à partir de 1640 et c’est à partir de 1665 qu’ils vont commencer à émettre des certificats (les premiers « billets de banque ») en échange d’un titre de dette et non plus d’un dépôt de matière précieuse ( pure « création monétaire » puisque le volume des moyens de paiement disponible, par rapport à l’or ou aux matières précieuses détenu, s’est accru)

  9. Avatar de logique
    logique

    Exact Holbecq, d’ailleur pour allez plus loin ont parle d’une réserve de 8%, c’est a dire que pour chaque nouvelle épargne ont peut emettre 92%. Il suffit de faire monter l’épargne des riches grasse a des bulles pour pouvoir faire monté la quantité de crédit. Donc pour chaque millard nouveau épargné ont peut emmettre 11.5 Millard de crédits nouveaux. Et la comptabilité a triple parti, c’est a dire celle ou l’argent et a 2 endroit a la fois. Car que savons nous vraiment des paradis fiscaux ?

  10. Avatar de Yves de Bressy
    Yves de Bressy

    Bonjour Paul, bonjour à tous qui avez réagi avant moi.
    Ce qui m’obsède en permanence est la recherche d’une vision simple des chose, disons plutôt de LA vision la plus simple qui permet d’en retrouver le concept, donc de le comprendre.
    Pour moi il n’y a pas création d’argent tant qu’il n’y a pas création de valeur brute. Le système du crédit, pour revenir à sa définition simplissime, est celui de la confiance accordée par un acteur à un autre acteur (de la vie économique) sur sa faculté à créer de la valeur.
    Exemple : je suis propriétaire de mes logements successifs. Lors d’un déménagement je me porte acquéreur d’un bien immobilier, généralement à crédit. J’achète ce bien à l’occupant précédent, qui lui-même l’a acheté à crédit au précédent, qui lui-même etc…l’a acheté à celui qui l’a construit. J’ai donc justifié, par mon emprunt, la création de valeur que représente la construction d’un logement nouveau.
    La question que je peux me poser est : s’il y a une source à ce circuit, ou flux, y-a-t-il création d’argent, ou simplement confiance du prêteur initial dans la capacité du système (et non plus des individus) à générer de la valeur (plus value) à partir d’une richesse initiale ? Je pencherai plutôt vers cette seconde approche.
    En revanche j’estime qu’il y a création d’argent (et non plus de valeur) quand le crédit est destiné à la consommation de biens dont la seule vente apporte la plus-value au système. Le prêteur qui a déjà participé à l’investissement en vue de la production de ce bien va faire un second bénéfice en prêtant pour qu’un consommateur l’achète. Quelle est la valeur de l’argent créé puisque la valeur absolue des biens ne change pas ?
    Vous voyez où je veux en venir ? Que seuls les crédits destinés à l’investissement, c’est à dire destinés à la création de valeur, peuvent justifier la contribution de l’emprunteur. Pas ceux destinés à la consommation, qui devraient être cantonnés aux situations exceptionnelles des consommateurs. Alors peut-être comprendra-t-on mieux ce système…
    Cordialement à tous.

  11. Avatar de david
    david

    Yves de Bressy :

    Je suis daccors avec vous.
    Mais j’ai même tendance à penser que la création (ou la perte) de valeure n’existe que mommentanement, le temps de changer nos perceptions des choses pour rendre cette création (ou cette perte) nule au momment ou nous l’avont intégrés à nos modes de vie.

    Pour moi, nous devrions utiliser plusieurs types de monnaies.
    Une pour les consomables et services, monnaie consommable (ou fondante…)
    Une pour l’imobilier
    Une pour l’investissement et les biens non consomables.

    Avec des taux de changes variables entre ces monnaies (pour pouvoir effectuer des « réglages » dans la machine). Et la possibilité de lier plusieurs types de monnaies à un bien.

    Par exemple, une voiture est composée d’une partie non consomable, le métal et le plastique qui la compose peuvent etre recyclés; et une partie consomable comme les pièces d’usure qui peuvent rendre la voiture inutilisable comme moyen de transport au bout d’un certain temps, ce qui fait que la voiture n’a plus de valeur que celle du métal…

    Ce système pousserais meme a éviter les biens consomables non recyclable. Et il faudrais pour y parvenir je pense, lier les objets à leur prix d’achat. Au moin pour information pour l’acheteur.

  12. Avatar de A-J Holbecq

    @Yves de Bressy
    Puisque le système bancaire (pris dans son ensemble) est le seul émetteur légal de monnaie (fiduciaire et scripturale), quelle que soit l’origine du crédit (nouvelle émission monétaire ou épargne préalable), la monnaie quelle que soit sa forme, est toujours originaire du système bancaire, et toujours originaire d’une « monétisation d’actifs » ou « monétisation d’une créance » . On ne trouve pas de monnaie qui pousse à l’état naturel et même le travail n’a jamais créé de monnaie , ni la spéculation d’ailleurs.
    Que la création d’argent (de monnaie) précède ou suit la création de valeur n’a en fait que peu d’importance, et la valeur d’un euro est toujours d’un euro: ce qui change c’est le pouvoir d’achat que permet cet euro, et là, les paramètres qui influent sur ce pouvoir d’achat sont multiples.

  13. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    Et le marché de grés à grès alors ?
    d’après ce que j’ai compris, c’est comme une économie parallèle, avec sa propre monnaie…
    De toute manière, que les banques commerciales créent de la monnaie ou ne sont qu’un intermédiaire, ca ne change pas grande chose.
    Ce qui gène, personnellement, c’est qu’on est censé être dans un système plus ou moins libéraliste, et les autres monnaies sont interdites, donnant un monopole de fait, et une rente de situation aux banques centrales.
    Je n’ai pas le droit de créer ma propre monnaie pour gérer les échanges…
    Encore que … Paypal l’a fait, non ?

  14. Avatar de david
    david

    Le temps écoulé entre la création de valeure et la création du bien corespondant est lui trés important.
    En fonction du temps écoulé, il y aura plus ou moin d’inflation (si monnaie avant le bien) ou de déflation(si monnaie aprés le bien)

    Non?

    IMHO toujours 🙂

  15. Avatar de A-J Holbecq

    @David
    Les causes de l’inflation sont multiples
    Par exemple:
    – inflation par la demande,
    – inflation par les coûts,
    – indexation,
    – panique monétaire,
    – hausse des salaires,
    – augmentation du taux d’intérêt

    En plus de cela, il faut évidemment voir de quelle inflation on parle : de celle des besoins basiques, de celle des yachts et des œuvres d’arts, de celle des actifs immobilier ?

    L’inflation n’est pas lié systématiquement à la quantité de monnaie disponible dans l’économie : au Japon M1 a augmenté à un rythme de 10%/an à partir du milieu des années 90 et à plus de 30% par an à partir de 2002 sans qu’il n’y ait d’inflation ou de dévaluation du yen, en eurozone, la masse monétaire M3 a augmenté en moyenne de 10% par an depuis l’introduction de l’euro.

  16. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    Petit exemple didactique :
    j’ai deux banques : BA, et BB, et 4 acteurs économiques, A1, A2, A3, A4
    A1 et A2 veulent échanger des biens entre eux (c’est à dire que A1 à besoin des produits et A2, et vice-versa), de même que A3 et A4.
    Je reste volontairement simple, et je ne parle pas des intérêts.

    Pour démarrer leurs échanges A1 va emprunter 1000€ a BA, pour une période de 5 ans.
    Il paye A2, obtient des biens. A2 « possède » maintenant 1000€, et a donné ses biens en trop.
    Avec ses 1000€ A2 achète chez A1 les biens qui lui manquent.
    A1 récupère ses 1000€ et peut rembourser sa banque. L’échange a bien eu lieu.
    Tout le monde est content.

    Mais l’échange a pris seulement 1 an, et il reste 4 ans avant de rembourser son prêt.
    A1 décide de placer son argent en sécurité chez BB.

    BB décide de prêter cet argent à A3 qui en a besoin pour ses échanges avec A4.
    Mais cette fois l’échéance n’est que de 4 ans pour le prêt. De plus BB garde une réserve « prudentielle » de 100€ et en prête donc que 900€ pour 4 ans.
    On rejoue le même circuit. Une fois le prêt remboursé au bout d’un an, il reste 3 ans de marge.

    On peut encore refaire ce circuit 3X de plus, si tant es que les échanges mettent 1 an a se faire, et que a chaque fois, la valeur échangée est légèrement diminuée.

    Le prochain acteur pourrait très bien placer son argent chez BA, qui retrouverai, temporairement son argent du départ.

    Est-ce qu’il y a « création monétaire » ?
    De la part de AA au départ, on peut dire que oui, il faut bien qu’une banque démarré la « pompe ». C’est le rôle de la banque centrale en réalité.
    Mais est-ce BB et les suivantes crée de la monnaie ?
    Non. Ils la font circuler. C’est tout. Ca augmente leur comptabilité, leur chiffre d’affaire. Mais pas la monnaie.
    Le bénéfice est lié a la quantité d’argent qu’ils parviennent à faire circuler (et non pas amasser ou créer).

    Et c’est bien la le propos de Paul je pense : les banques commerciales ne créent pas de monnaie.
    Il ne parle pas du système bancaire dans son ensemble. Il est très clair. Il parle des banques commerciales.

    La réponse est : NON, elles ne créent pas de monnaie.

    Mais dans son ensemble, le système bancaire crée de la monnaie, en fait, via les banques centrales. Avec un effet multiplicateur de la part des banques, mais c’est juste un effet de loupe, pas de la vraie création monétaire.
    Il faut bien comprendre cet aspect « temporel » dans les échanges.
    Donc Maurice Allais lui stipule bien « le système bancaire DANS SON ENSEMBLE », donc, de toute manière vu que l’argent est bien créé par quelqu’un ex-nihilo, ou ex-fiducio … Maurice Allais et les tenants de la création monétaire n’ont pas tort non plus.

    En fait, le rôle des banques commerciales est d’accélérer la vitesse de circulation de l’argent, et donc des échanges.

    Le problème pourrait venir de la manière de se rémunérer des banques… via les marges sur taux d’intérêts, mais nous savons que actuellement, elles ne gagne presque plus rien via ce biais la, et cherchent au contraire a en gagner via des commissions sur service (payer la carte bleu, le chèque,, etc…)

    La banque centrale quand à elle pourrait être accusée de percevoir les fruits des intérêts. C’est possible, mais je sais qu’elle en reverse beaucoup aux états eux-même qui garantissent sa propre « création monétaire ». Mais il est clair son rôle central lui donne un pouvoir immense, de DIRIGER ces flux (et non pas de les créer) ou bon lui semble, et aussi de les amplifier ou non. En partie du moins car ensuite, ce sont les états, les banques, les fonds de pensions qui canalisent ces flux.

    Pourquoi est-ce que ces flux arrivent chez le marchant d’arme plutôt que sur le constructeur de moteur écologique … c’est ça le vrai problème !

  17. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    En réalité, et à ma connaissance, il n’y a pas des statistiques officielles la dessus, il faudrai compter la monnaie en fonction de son temps d’existence et de sa vitesse de circulation.
    Un monnaie qui stagne vaut moins qu’une qui circule.
    Une monnaie crée pour peu de temps, vaut moins qu’une pour longtemps.

    Nous n’avons pas ou peu d’information la dessus. Il faut reconstruire à partir d’indices compliqués.

    On peut dire que M3/M1 ou M0 (a déterminer par une réflexion plus profonde) est une forme de mesure de l’entropie du système économique … pas plus… (et pas moins)

  18. Avatar de david
    david

    La monnaie PayPal n’est qu’un « sas » car sa convertion est à taux fixe (je crois) et qu’il ne peut donc y avoir de création de valeur lors de cette convertion.

    Mais il est légal de créer de la monnaie non convertible si les transactions sont « anecdoiques »
    Voir les SEL (que le gouvernement essaie de concurancer par les services à la personne car les SEL ne sont pas taxable).

    Il y a aussi les jetons de fetes foraines etc. qui font office de monnaie d’achange. La aussi il sagit d’un « sas » permettant l’échange au sein de ces mêmes fétes. Mais ce sas est à sens unique car non convertible dans les 2 sens (officielement biensur).

  19. Avatar de A-J Holbecq

    @Ybabel

    Vous ne pouvez pas dire  » Une monnaie qui stagne vaut moins qu’une qui circule. Une monnaie créée pour peu de temps, vaut moins qu’une pour longtemps. » .. un euro vaut toujours un euro: c’est son pouvoir d’achat qui va varier c-à-d la quantité de biens que cette même quantité de monnaie va pouvoir acheter: mais si la monnaie semble moins valoir c’est que le prix des biens a augmenté.
    Une monnaie créée pour peu de temps (un crédit à la consommation de 1 euro, par exemple), vaut « unitairement » la même chose qu’une monnaie créée pour le long terme (un crédit immobilier de 1 euro) … c’est toujours 1 euro.

    Augmenter la vitesse de circulation d’un « stock » donné de monnaie (M1, M2 ou M3) permet plus d’échanges (plus de PIB) avec le même « stock » de monnaie, c’est tout ce qu’on peut dire.

    M0 n’est pas un « agrégat monétaire » qui entrerait dans M1 , c’est une erreur de le considérer ainsi. (M0, contrairement à ce qu’on voit beaucoup sur ce blog, n’est pas « les pièces et billets inclus dans M1 »)

  20. Avatar de david
    david

    Vous pouriez me définir M0, M1 etc svp? 🙂

  21. Avatar de A-J Holbecq

    M0 est la base monétaire constituée par la monnaie centrale possédée par les banques sur les livres de la banque centrale. M0 ne circule pas dans la sphère économique.

    Les masses monétaires qui circulent dans cette sphère économique sont:

    – M1 : billets, pièces et dépôts à vue.
    – M2 = M1 plus les dépôts à termes < deux ans et les dépôts assortis d’un préavis de remboursement < trois mois
    – M3 = M2 plus les instruments négociables sur le marché monétaire émis par les institutions financières monétaires (IFM), + OPCVM + certificat de dépôt).

    M4 est très rarement utilisé (ce n’est « quasiment plus » de la monnaie car plus long à « liquidifier ») = M3 plus les Bons du Trésor + les billets de trésorerie + les bons à moyen terme émis par les sociétés non financières.

  22. Avatar de John Smith
    John Smith

    M16 est aussi un moyen de paiement.
    Il permet de payer l’addition ou de la faire payer.
    Son usage pose cependant un problème, il ne peut faire office de relation binaire en cas d’utilisation, relation auquel répondent sauf escroquerie les autres agrégats monétaires.

  23. Avatar de Christophe
    Christophe

    @Moi
    Je voudrais essayer de répondre à votre question que vous posez à Paul Jorion:

    « Où est le “véritable flux monétaire” puisque la banque X et Y vont se dire entre elles “on est quittes” lors de la compensation? La seule chose qui a eu lieu c’est un flux de créance de A(X) à C(Y) et de D(Y) à B(X). »

    Non, « le flux de créance » a entraîné un flux interbancaire qui a emmené les banques à se dirent « on est quitte »
    Une transaction en monnaie scripturale dans un système à plusieurs banques a toujours comme conséquence un flux en monnaie centrale même si des flux opposés peuvent masquer ce phénomène en s’annulant, c’est la raison pour laquelle pour comprendre le système il vaut mieux raisonner en flux direct.

    Est que cette réponse vous convient?

  24. Avatar de Christophe
    Christophe

    @A-J Holbecq

    Monsieur Holbecq merci pour vos commentaires instructifs.

    Néanmoins une question ?

    Si les banques créent la monnaie et que leur seul problème pour la créer c’est la demande de crédit de personnes solvables pourquoi les banques en difficultés demandent-elles que l’Etat leur prête de l’argent pour continuer à accorder des crédits ?

  25. Avatar de A-J Holbecq

    @Christophe

    Les règles de Bâle 2 imposent aux banques de détenir un certain pourcentage de fonds propres par rapport au total de leurs prêts (ratio de solvabilité): le pourcentage va entre 4% et 8% selon la « qualité » du prêt (ce qui fait que les crédits représentent sensiblement 12 à 15 fois les fonds propres en europe… beaucoup plus aux USA où les banques n’avaient pas cette règle ou du moins n’en ont pas tenu compte).
    Si les agences de notation dégradent la qualité des prêts, et c’est ce qui s’est passé, la banque va donc devoir augmenter ce pourcentage (passer par exemple de 4% à 8%). Arrive un moment où elle n’a plus assez de fonds propres et doit donc faire appel à une augmentation de capital.
    Mais elle peut aussi utiliser une augmentation de trésorerie (je crois que c’est la technique qui a été utilisée en France, sans absolue garantie de ma part), laquelle vient dans ce cas compenser la dépréciation des actifs ayant entrainé sa mauvaise notation mais surtout offrir des actifs « liquides » (immédiatement utilisables) aux banques.

    A ceci vient maintenant s’ajouter une demande de crédit s’affaiblissant (décroissance de la croissance 😉 )

  26. Avatar de Stubborn
    Stubborn

    « Répétons-le cependant : si le « principe de conservation des quantités » n’avait pas toujours été d’application stricte pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’argent, le capitalisme serait mort au berceau et les Bourses ne seraient jamais nées car leur accès aurait été rendu impossible par les cohortes de plaignants encombrant les rues, massés devant les portes du tribunal de commerce. »

    VOI-LA !

    A part ça, personne n’a répondu à ma question : monnaie fondante & psychanalyse ?
    C’est dommage, parce que justement le chapitre manque dans l’excellent bouquin de Dostaler et Maris, Capitalisme et pulsion de mort.
    Bref.

  27. Avatar de A-J Holbecq

    J’ai enfin compris que le « principe de conservation des quantités » cher à Paul Jorion était simplement l’équilibre entre l’actif et le passif … ouf.
    Heureusement qu’il y a les bénéfices (ou les pertes) pour équilibrer actifs et passifs dans les bilans comptables en partie double (c’est le fait d’ajouter le résultat à l’actif (en cas de perte) ou au passif (en cas de bénéfice) qui permet aux totaux d’être égaux et donc que les quantités soient conservées)

  28. Avatar de Christophe
    Christophe

    @A-J Holbecq

    Merci pour votre réponse, décidément monsieur Holbecq vous êtes « le diable »!

  29. Avatar de antoine
    antoine

    « J’ai enfin compris que le « principe de conservation des quantités » cher à Paul Jorion était simplement l’équilibre entre l’actif et le passif … ouf. »
    C’est presque ça ;-)… à ceci près que ce que actif et passif renvoie à une représentation conventionnelle de la réalité, alors que le principe de consevation des quantités renvoie directement à cette réalité elle-même.
    Enfin si j’ai bien compris…

    Si on pouvait éviter de mélanger la psychanalyse (ou autre système de croyance religieuse) avec la recherche fondamentale ce serait bien 😉
    Cela dit, Deleuze et Guattari (ceux pour qui le sujet n’existe pas – comme pour Lacan- mais en plus radical, non plus que les « pulsions », ou « l’inconscient » qui n’est qu’une illusion de la conscience, pour qui les rêves n’ont aucun sens, et qui nient qu’Oedipe joue eternellement sa scene dans la psyche), ont eux aussi leur propre approche. Je crois qu’elle est développée dans Capitalisme et Schizophrénie ou un truc du genre… Une histoire de flux…
    Je taquine

  30. Avatar de A.
    A.

    @ tous : bon soir,

    QUid des SEL (systèmes d’échanges locaux) qui sont, si je ne m’abuse, des tentatives pour réorganiser une économie à petite échelle et qui aboutissent à une création de monnaie.

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