La reprise aux États–Unis (non, je plaisante)

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

En 2007, j’attendais toujours avec impatience le vendredi soir parce que c’était le moment où je recevais la newsletter de John Mauldin, qui faisait le point de la semaine sur la situation économique et financière aux États–Unis. Si vous lisez mes billets de cette époque publiés le samedi, ils étaient souvent influencés par ma lecture de Mauldin, à qui j’ai emprunté quelques-uns des graphiques que je vous montrais ici. Se trouvant au centre d’un immense réseau d’économistes, il avait une capacité à concentrer l’information que je n’avais pas à cette époque. Il avait aussi un art consommé d’agrémenter ces considérations arides de propos assez excentriques sur le sens de la vie. Il a ainsi fait partager à ses lecteurs des photos de mariage de sa fille prises… au fond d’une piscine ! C’était l’époque où l’on riait encore.

En 2008, Mauldin a adopté un profil très bas, au point que certaines de ses newsletters étaient des reprises d’anciens prospectus de son cabinet de conseil. Il n’avait pas la forme. C’est qu’en 2007, son message était resté le même : il y aura un ralentissement mais il sera de courte durée et de faible ampleur. L’année 2008 fut pour lui un calvaire. Il y a quelques semaines, il a viré sa cuti et a reconnu avec une certaine solennité qu’il s’était trompé. Depuis, il va beaucoup mieux, il prend même un malin plaisir à jouer les rabat-joie. Je vous présente deux graphiques empruntés à sa lettre d’hier (cliquez sur le diagramme pour l’agrandir) .

Le premier, c’est le calendrier des réajustements des taux sur les crédits immobiliers résidentiels américains, réajustements à la hausse cela va sans dire. Les colonnes représentent les montants cumulés des prêts en milliards de dollars. Les crédits subprime sont en vert clair, on voit qu’ils étaient l’actualité du jour en 2007 et 2008. On voit aussi que 2009 est une année assez calme à ce point de vue, mais les problèmes repartent sur les chapeaux de roue en 2010 pour culminer en 2011. En jaune vif, les crédits Alt-A, encore appelés « liars’ loans », prêts pour menteurs, accordés sur la base de déclarations de revenus non-vérifiées : dans le climat de la bulle, les emprunteurs gonflaient leurs revenus déclarés pour acheter des logements les plus vastes possibles et multiplier ainsi l’effet de levier quand ils les revendraient quelques années plus tard, comptant sur les 5 % à 10 % d’appréciation annuelle qui étaient devenus la norme. On sait ce qu’il en est advenu. Versant des mensualités en accord avec le train de vie correspondant aux revenus gonflés qu’ils déclarèrent en 2005 ou 2006, exposés à un taux de chômage dont on dit qu’il atteindra bientôt les 10 %, ces ménages seront bien évidemment incapables de s’acquitter de traites encore plus élevées.

En jaune clair, les crédits Pay-Option ARM, ceux qui offraient différentes options de paiement, dont une qui fut choisie par 85 % des emprunteurs consistant à faire des versements mensuels inférieurs même aux intérêts accrus, ce qui signifie bien entendu que le principal, la somme totale due, augmente inexorablement de mois en mois. Quand elle atteint 115 % du montant orignal du prêt, celui-ci est automatiquement converti en prêt avec amortissement, ce qui débouche sur un quasi-doublement du montant des mensualités. Je vous laisse imaginer ce qui se passera.

Deuxième graphique : l’évolution des bénéfices des entreprises au cours de diverses récessions aux États–Unis. On voit qu’il faut compter de deux à vingt ans pour que l’économie émerge d’une récession. Le trait noir à gauche, le plus épais, représente la récession en cours. La chute est brutale, plus raide encore que celle de la courbe voisine représentant la Grande Crise débutant en 1929 et qui ne s’achèvera en fait qu’en 1947, dix-huit ans plus tard. Pire qu’en 29, comme je vous le répète inlassablement depuis deux ans.

À part ça, comme vous le savez, les analystes nous annoncent que les affaires reprennent. Il faut peut-être prendre leurs pronostics avec un grain de sel nous prévient cependant John Mauldin : leurs prévisions du bénéfice moyen par action des entreprises américaines en 2008 était de 92 $, il fut en réalité de 14,88 $. Eh oui : ce sont d’indécrottables optimistes !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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64 réponses à “La reprise aux États–Unis (non, je plaisante)”

  1. Avatar de louis delgres
    louis delgres

    … L’éventuelle amélioration de la situation économique qui est déjà annoncée, y compris par le biais de campagnes quasi automatiques du système, comme à l’habitude, de virtualisation de la situation, par “mésinformation”, désinformation, etc., n’améliorera pas nécessairement cette situation. Il peut se créer un phénomène parallèle et antagoniste de contraction de la crise et d’élargissement du malaise, créant un sentiment encore plus fort de rupture de solidarité de la population avec le système…
    dedefensa.org

  2. Avatar de Franck
    Franck

    @ Paul

    « Eh oui : ce sont d’indécrottables optimistes !  »

    C’est exact, c’est aussi un grand nombre d’hommes et de femmes, de décideurs, le plus grave c’est qu’ils se trouvent toujours aux commandes de l’avion, disposant de parachutes dorés donc aucun problème pour eux ! Malheureusement une autre vague approche et nous ne préparons toujours pas mieux les gens à y faire face, l’histoire se répète hélas.

  3. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    @ Franck,

    S’ils sont aux commandes de l’avion, ce n’est pas par hasard : tant d autres n’ont pas osé décoller!

    Il n’est point besoin d’espérer pour entreprendre.

    Les périodes de crise sont à considérer comme autant de chances d’évoluer (de progresser) que ce soit à titre individuel ou global.

    Tous n’y réussiront pas, et en ce qui concerne ceux qui frileusement ne bougeront pas il est certain que leur sort sera pire.
    Idem pour l’entrepreneur qui aura échoué. Cela ne me choque pas, c’est une forme de sélection.

    L’intelligence de situation porte un nom que trop souvent l’on méprise, à tort. Cela s’appelle l’opportunisme.

  4. Avatar de johannes finckh

    @Paul
    merci pour ces précisions!
    jf

  5. Avatar de Dominique B
    Dominique B

    Bonjour EOMENOS,
    L’opportuniste peut être quelqu’un de malin, rusé, faisant ses petits ou gros calculs dans son petit coin,
    ou bien au profit d’un groupe restreint.
    C’est peut-être une forme d’intelligence, mais limitée, froide, et soumise à la situation, justement.
    Cette forme d’intelligence me paraît manquer furieusement de la générosité spontanée souvent rencontrée chez
    des êtres véritablement éclairés.
    Bonne journée.

  6. Avatar de Alexis
    Alexis

    Excellente remarque Eomenos. Reste à trouver les opportunistes (tels que vous les définissez bien sûr).

    A ce jour nous n’avons tout au plus que des analyste éclairés (très éclairants même comme ce blog en témoigne), mais pas vraiment de « leader » politique de quelque bord que ce soit susceptibles de comprendre globalement le problème et de s’entourer des personnes capables de proposer et de construire autre chose.
    Votre remarque me fait penser au dernier livre de Jancovici « C’est Maintenant » dans lequel l’auteur en appelle à l’émergence d’un nouveau De Gaulle ou Churchill pour s’opposer au courant tirer la barque vers d’autres rivages… Pourquoi pas en effet.

    Peut-être faisons nous l’erreur de croire en l’existence d’un Homme providentiel (ou d’une femme, ou d’un triumvir)… venant sauver le peuple et la planète. Comme le dit encore Jancovici, la différence aujourd’hui est un problème d’échelle ; il ne s’agit plus de sauver Rome, la France ou le Royaume-Uni, mais de faire face à un bouleversement planétaire dont ses bientôt sept milliards d’habitants sont l’enjeu.
    Une autre vague approche comme le dit Franck, une troisième même qui, elle, durera bien mille ans, voire d’avantage. Économie, énergie et environnement sont nos trois défis présent ou proches… un seul individu peut-il en être à la hauteur ?

    Une chose est certaine, les idées aujourd’hui sont mondialisées et instantanées. Internet permet à l’échelle planétaire ce que l’agora d’Athènes offrait à 40000 personnes, je ne sais pas si la solution est de ce côté ci, mais les idées n’ont jamais aussi vite progressé que par ce biais.

  7. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Alexis
    en attendant l’avènement du très grand, si merveilleux « leader », ce sublime sauveur…
    information, s’informer, se former, informer, former, formation ….

  8. Avatar de iGor milhit

    je ne suis pas certain que l’on parvienne à s’entendre sur le « salut »… du point de vue du toxicodépendant, le salut c’est quoi? trouver une nouvelle dose (et son financement) ou s’attaquer au pénible sevrage?
    la reprise, allez reprends en donc un peu!

  9. Avatar de clive
    clive

    Question de Jon Stewart à William Cohan
    « is our economy like Tinkerbell, if we stop clapping, it dies?… »

    j’ajouterais « …and if we don’t shout: I believe in you… »

    http://www.thedailyshow.com/video/index.jhtml?videoId=223899&title=william-cohan

  10. Avatar de rukin

    Bonjour Paul,

    Votre billet effleure la question de ces experts qui n’ont pas vu la crise arriver. Après avoir suivi votre blog durant deux ans, j’ai compris que vous ne faisiez pas partie de cette catégorie d’experts 🙂 Et je vois que c’est avec une pointe de jubilation, à peine cruelle, que vous nous narrez la passagère déconfiture de John Mauldin.

    Mais l’histoire ne dit pas si Mauldin a survécu en traversant une révolution copernicienne ou bien s’il a juste adapté quelques paramètres de sa vision du monde.

  11. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    Dans quel mesure un rebond important des bourses mondiales pourrait entraver un rebond de l’économie?
    Un afflux massif de liquidité sur les marchés boursiers n’est ce pas autant d’argent en moins pour la consommation?
    Je me demande si ca ne serait pas un coup fatal a l’économie?

  12. Avatar de jeanbinus
    jeanbinus

    @ Eomenos

    Celui qui est à la commande d’un avion est responsable de ses passagers et de la machine qu’il pilote. Le courageux commandant de l’avion qui s’est posé sur l’Hudson en est le témoignage. Il y en a tant d’autres.

    D’une part, tout le monde ne peut pas commander un avion. D’autre part, un avion ne fonctionne que grâce à une multitude de corps de métiers. À ce sujet, une compagnie aérienne trouvait que l’entretien était trop coûteux. Un de leurs avions a bien décollé, mais un des moteurs s’est détaché et a suivi son chemin seul. L’avion s’est crashé avec tous ses passagers, pilote compris. Il n’a rien pu faire. Peut-être que cet homme avait d’autres ambitions dans sa vie que d’échouer en perdant la vie ? N’en allait-il pas de même pour tous les passagers et membres d’équipage ?

    Quant à la question de la sélection, il me semble qu’il y a quelques dizaines d’années, des hommes, des femmes et quelques enfants en pyjama rayé en ont été les victimes. Les autres ont été éliminés. Certains leur ont reproché de ne pas s’être défendus, de ne pas avoir bougé. On sait aujourd’hui qu’ils ne le pouvaient pas et que beaucoup de ceux qui ont demandé de l’aide ont été abandonnés à leur sort.

    Hannah Arendt a démontré que l’horreur du système résidait, entre autres, dans son aptitude à détruire la volonté des individus. Pour ma part, je pense qu’une grande partie de la population des pays industrialisés a conscience des risques inhérents à la crise actuelle. Elle sait que leur laine a été tondue par nombre d’opportunistes qui pilotent et/ou qui portent des responsabilités stratégiques pour leur vie.

    Beaucoup des habitants de cette petite planète sont démunis, ceux-ci ne connaissant pas l’abécédaire des financiers et des économistes. Sur les quelques 7’000’000’000 de terriens, combien n’accèdent ni à l’éducation, ni à l’information, ni à la formation ? Et même dans les régions où l’instruction pour tous existe, quelle part des instruits maîtrise suffisamment le sujet ?

    En réalité, il est donc difficile sinon impossible pour eux d’être critiques, d’influer, voire de s’opposer. Cela veut-il dire que ces analphabètes sont sans valeur et qu’il est acceptable qu’ils subissent une sélection naturelle ? Les instruits, les forts n’ont-ils pas le devoir d’honorer les responsabilités qui ressortent de leur savoir et de la confiance qui est mise en eux ? Suis-je naïf, cette époque est dépassée !

    Aujourd’hui c’est le dimanche de Pâques. C’est peut-être le moment de se rappeler l’importance que revêt les notions de responsabilité et de solidarité : Être responsable de son Frère. Et de manière plus prosaïque, si tu vois ou si tu sais quelqu’un être broyé par le système, le destin ou l’échec « Ne demande pas pour qui sonne le glas, il sonne pour toi ».

    C’est peut-être aussi le moment de se dire que l’entreprise et les échanges doivent être au service de l’Homme et non l’inverse.

    Eomenos, vous l’aurez compris, je suis non seulement choqué, mais horrifié par un pareil gâchis.

  13. Avatar de Blob
    Blob

    >alexis

    Je suis un gros lecteur de science fiction et j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs écrivains de science fiction anglo-saxon, notamment Kim Stanley Robinson, Grégrory Benford et Stephan Baxter. Les trois sont membres d’un lobby, la Mars Society qui promeut l’exploration humaine de Mars. Mais plus encore, ses trois auteurs ont écrit des romans visant a influencer le grand public en diffusant l’idée que cette exploration était possible et désirable. C’est d’ailleurs une démarche tout à fait volontaire de leur part, qui s’inspire d’une démarche similaire faite par Tsiokovsky, Goddard et Obert au tout début de la conquête de l’espace. Ces trois pères de l’astronautique ont en effet chacun écrit un ou plusieurs romans de SF.
    Or, en discutant avec ces trois auteurs, j’ai appris qu’ils étaient tout à la fois convaincu de l’existence du changement climatique et partisan de l’usage de techniques de géo-ingénierie, afin de nous laisser le temps de réorganiser nos sociétés.
    Et donc ces trois auteurs ont écrit chacun une série de romans mettant en scene ses technologies…

    Le plus achevé (mais pas forcement le meilleurs du point de vue du lecteur de SF) est la trilogie de Kim Stanley Robinson, qui est le fruit d’un long travail payé par une fondation démocrate au sein des agences de recherches américaines étudiant le changement climatique. Elle met en scène un président des États Unis jeune et charismatique, ancien travailleur social, aidé d’un Parti de la Science, qui conclut une alliance avec la faction la plus avancé du gouvernement chinois pour mettre en ouvre une multitude de technologie de contrôle de l’albédo terrestre.
    L’ouvrage a été écrit plusieurs années avant l’élection d’Obama.

  14. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Le seul moyen d’être sûr d’aller dans le mur et d’y rester c’est d’attendre un sauveur… quel qu’il soit.

    En revanche, il nous (nous tous les humains) faut dégager les principes d’action pour sortir du piège qui se referme sur l’humanité.

    Pour le moment je n’en vois que trois ou quatre…

    1/ Déclarer toutes les ressources fossiles, bien commun de l’humanité : gestion mondiale avec des droits d’utilisation sur justificatifs.

    2/ Monnaie commune de référence, gérée par l’ensemble des pays avec des droits d’émission sur justificatifs.

    3/ Créer une taxe universelle sur l’utilisation du carbone (TUC) sur le principe de la TVA et en remplacement de celle-ci : une absorption permanente de carbone vient en déduction d’un dégagement atmosphérique ou aquatique de GES.

    4/ Délai de mise en place de ces principes : maintenant, délai zéro.

  15. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ JeanNimes

    Alternative, sauter par la fenêtre, puisque les financiers ne le font plus ?

  16. Avatar de Franck
    Franck

    @ EOMENOS
    « S’ils sont aux commandes de l’avion, ce n’est pas par hasard : tant d autres n’ont pas osé décoller! »

    Tant de décideurs n’aimant pas entendre autre chose, surtout en matière de lâcher prise au sujet des commandes.

    Malheureusement à partir d’une certaine obstination ou prétention de conduite au sujet des commandes, vous vous rendez beaucoup moins apte à entendre les conseils surtout en matière d’atterrissage, histoire de moins faire de dégâts !

    « Les périodes de crise sont à considérer comme autant de chances d’évoluer (de progresser) que ce soit à titre individuel ou global. »

    Si seulement c’était bien le cas pour tous dans notre manière de s’adresser à l’autre, surtout pour les décideurs se trouvent le plus à l’abri.

    « Tous n’y réussiront pas, et en ce qui concerne ceux qui frileusement ne bougeront pas il est certain que leur sort sera pire. »

    Réussir quoi contre l’homme ? A penser et fonctionner plus longtemps ainsi en société, oui il est certain que tout le monde n’aura pas les moyens de se payer un meilleur abri en dur.

    « L’intelligence de situation porte un nom que trop souvent l’on méprise, à tort. Cela s’appelle l’opportunisme. »

    Si seulement l’intelligence de situation pouvait toujours nous le faire croire nous en rassurer, mais non on préfère d’abord se sauver les premiers par opportunisme de conduite ou de fonctionnement que l’on méprise souvent à tort
    ou à raison, nous sommes des gens tellement si importants nous avons une si haute opinion de nous mêmes.

  17. Avatar de Monique
    Monique

    Je me demande quel pourrait être le niveau de vie moyen sur la planète si les biens étaient équitablement répartis. Est-ce que quelqu’un aurait des indications à ce sujet ou des liens à consulter ?

  18. Avatar de fnur
    fnur

    Je ne suis pas érudit en SF, mais j’ai un peu lu et fréquenté des fans de SF.

    Je reconnais que j’y ai trouvé un peu d’air, la possibilité de respirer et d’imaginer un peu plus autre chose que ce qui est là. Les auteurs de SF sont un peu des enfants avec leurs défauts mais ont aussi des qualités incontestables. Ca n’est pas de la religion, c’est du dream au sens pas si inutile. Rêver n’est pas contradictoire d’une approche du réel. C’est une possible liberté et issue des carcans. Les aborigènes auraient à nous en apprendre.

    Face au mur dans lequel on continue d’aller, peut être qu’un peu d’imagination nous aiderait pour faire autrement. C’est le seul intérêt que je trouve à la science, pas une volonté de puissance comme disait Nietzsche, mais celle d’un gai savoir comme disait le même Nietzsche, composer des symphonies impromptues.

  19. Avatar de johannes finckh

    Cher Paul,
    je trouve assez désespérant que la grande majorité continue de confondre « monnaie » et « crédit ». Heureusement que vous tenez bon, je me sens un peu « isolé »!
    D’autre part, j’ai lu avec beaucoup d’attention votre exposé dans « ‘l’implosion… » de ce qu’il en est de l’approche mathématique soi-disant « scientifique » des placements financiers.
    Là aussi, les dits spécialistes font compliqué et se trompent, en face d’une réalité tout autre!
    En fait, on ne le sait que trop, par ailleurs, que le comportement (la « psychologie » de Keynes) des agents doit suivre le mouvement la plupart du temps-pour faire le contraire un moment donné, difficile à jauger.
    Cela vient du fait que les bulles sont des événements obéissant à une logique imaginaire, comme le casino, et, finalement, le système est irrationnel pour la simple raison que la monnaie est une créature irrationnelle en étant « réserve de valeur » (un objet que l’on garde) et objet d’échange en même temps!
    Et cela produit l’instabilité nécessairement! Lisez Gesell!
    jf

  20. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Monique

    Question insidieuse: comment évaluez-vous le niveau de vie ?

  21. Avatar de Mike

    Par la consommation d’énergie et de matières premières de chaque individu.
    Si on prend la moyenne européenne, à la grosse louche, je pense qu’il faut considérer qu’il faura consommer 10 fois moins pour que notre mode de vie devienne réellement durable.
    Je pense que c’est possible, mais il faut tout changer.

    Je vous pose la question. A-t-on le choix?

  22. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Monique
    Est-ce vraiment une question ou une boutade ?

    @ Jean Nîmes
    Je suis aussi convaincu que la taxe carbone proposée par Jancovici (encore lui !) dans son livre Le Plein SVP en 2006, mais aussi par James Hansen dans sa lettre aux époux Obama en décembre 2008, mais sûrement par d’autres encore dont je n’ai pas entendu parlé est une excellente idée, tant elle brille par sa simplicité et par son efficacité. Les ressources naturelles minérales et fossiles sont effectivement le bien de l’humanité et non seulement de ceux qui les exploitent pour leur propre intérêt. Une taxe serait effectivement bien venue pour réduire notre dépendance à une énergie en voie d’épuisement en incitant les uns à modérer leur consommation, les autres à mettre en place des « renouvelables » de substitution et tout le monde à remettre en cause notre « Toujours plus » réglementaire… Le bénéfice de la taxe permettant de trouver les ressources financières pour organiser la mutation.

    On en revient toujours au problème des limites physiques de notre condition humaine : finitudes des ressources non renouvelables (lapalissade), limites ou plutôt frontières naturelles de notre monde à quelques petits milliers de mètres au dessus du niveau de la mer. Envoyer des hommes sur Mars est totalement hérétique ou plus exactement vain… a fortiori au delà de notre système solaire. Du moins dans l’état de nos connaissances actuelles et objectivement pour quelques siècles encore (en revanche expédier des sondes automatiques comme la mission européenne Rosetta est scientifiquement passionnant, mais c’est une autre histoire…).

    L’aspect positif de La Crise actuelle demeure peut-être dans la prise de conscience à grande échelle des limites humaines. Jusqu’à récemment la planète elle même semblait infinie, tant il s’y trouvait de lieux « où la main de l’homme n’avait posé le pied » (!), tant ses ressources semblaient inépuisables (minerais, pétrole, poissons, forêts…) ; la notion même de croissance infinie semblait acquise pour beaucoup et pour l’éternité…
    Mais la réalité est têtue, les lois de la thermodynamique le sont aussi, sans états d’âme ! Tôt ou tard, la croissance infinie viendra heurter les bornes du monde fini, que cela nous plaise ou non.
    Il semblerait même que nous soyons arrivé à ce point.

  23. Avatar de Franck
    Franck

    Si nous ne vivions pas autant dans le même empressement de vie infernal que celui des mégapoles, les écarts de production, de fonctionnement, de niveau de vie, de rapport à la vie, à l’autre ne seraient peut-être pas aussi distants
    et déchirants entre les êtres et les cultures. Hélas le lavage de cerveau ambiant uniformise toute pensée et société dissidente possible c’est l’enfermement total des êtres dans les idéologies, les mêmes cadre de penser, de parler.

  24. Avatar de Blob
    Blob

    >Alexis

    Kim Stanley Robinson parle aussi de la taxe carbone dans sa trilogie consacré au changement climatique.

    Vous seriez surpris de sa méticulosité dans la constitution de sa documentation. Il n’est pas le seul d’ailleurs; Stephen Baxter était par exemple très surpris de constater que ses sources d’inspiration était loin d’être connu de tous les physiciens…

  25. Avatar de Monique
    Monique

    @ François Leclerc

    Dans un premier jet, je parlerais de salaire, d’accès à la culture, à l’éducation, aux transports, à la santé et au logement.

    Votre question me fait prendre conscience que la richesse des individus est en étroite corrélation avec les infrastructures et le système social du pays qu’ils habitent.

    En fait je cherche à évaluer où je me trouve dans l’échelle planétaire. Beaucoup de gens ont bien moins que mon salaire de bas de classe moyenne pour vivre et faire vivre leurs enfants et pourtant je n’ai pas l’impression d’être riche. Mais peut-être faudrait-il que je fasse un effort supplémentaire pour plus d’égalité.

  26. Avatar de Philippe Deltombe
    Philippe Deltombe

    @ Paul Jorion, merci pour ces données… encourageantes

    conformes à vos « plaisanteries », ces liens (et sous-liens) vers quelques blogs très en effervescence et très déterminés à contrer le camp de ces incorrigibles optimistes de wall street

    bref, un incomparable concours de plongeons…

    http://www.nakedcapitalism.com/2009/04/guest-post-imminent-disinformation.html
    http://krugman.blogs.nytimes.com/2009/04/11/green-shoots-and-tea-leaves/
    http://www.dedefensa.org/article-si_la_revolte_venait_la_verrions-nous_venir_11_04_2009.html

    cela étant, si les graphiques abondent aux USA, on est moins gâtés en Europe…

    où peut-on trouver le même type d’info en Europe (sur les crédits notamment)?

  27. Avatar de Walter Bunker

    à ce sujet, pour les anglophones, ce reportage est bien fait…

    http://www.cbsnews.com/video/watch/?id=4668112n

  28. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Monique

    Il y a une vieille idée, celle des besoins socialement nécessaires, permettant de définir l’indispensable du reste. Elle pose bien entendu la question de savoir qui en décide !

  29. […] Les francophones peuvent jeter un oeil à ce billet de Jorion. […]

  30. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    @ Dominique B

    L’opportunisme (dans mon entendement) n’implique pas – nécessairement – des calculs grands ou petits mais néanmoins sordides. L’opportuniste est celui qui « sent » où, pourquoi et comment il doit agir.
    Pensez-vous sincèrement qu’une population animale exogène qui en supplante une autre endogène agisse différement que par
    opportunisme ?
    Pour le surplus je ne crois pas que l’homo sapiens soit véritablement éclairé.

    @ Alexis et Cécile

    L’émergence d’un individu particulièrement doué, désintéressé et charismatique n’est pas impossible mais très improbable.
    Le plus souvent l’émergence d’un tel profil est la résultante de la mise en oeuvre profonde, par un groupe qui n’est pas nécessairement conscient de son identité de groupe, de principes et de valeurs qui traversent la société en tous sens et en un moment donné (temporellement très réduit).
    Après le groupe s’habitue au succès et au pouvoir et inéluctablement confisque ce dernier.
    Tout cela est très « animal ».

    @Jeanbinus

    Nous ne parlons pas, d’évidence, des mêmes choses.

    L’organisation du droit de vivre par la sélection opérée par l’Homme sur un autre Homme est profondément haïssable et ne fera jamais partie de mes valeurs.

    En revanche je revendique haut et fort la sélection des individus par leurs faits, talents, aptitudes et attitudes.
    J’adhère largement à l’oeuvre de Monod « le hasard et la nécessité »

    Je revendique également le droit au cartésianisme à « éclipses ». Le Mr. Teste de P. Valéry est insupportable d’intelligence et de cohérence.

    Re @ Frank,

    Vous aurez beau vous entourer de tous les conseils que vous voudrez, à un moment donné – le moment crucial- par définition le pilote est seul a décider et à agir.

    Avez-vous personnellement déjà vécu ce que l’on appelle la solitude du chef ?

    Il est des situations (plus fréquentes qu’on ne le croit) où quoi que vous fassiez vous serez considéré par l’un ou l’autre (et à raison) comme un salaud.
    Le seul choix c’est ce qui vous semblera (avec tous vos préjugés, toutes vos petitesses mais aussi votre courage et votre humanité) -équitable et judicieux parce que vous êtes ce que vous êtes et pas un autre.

    Peu de gens sont capables de vivre longtemps ce stress.
    Même dans l’erreur, je les respecterai, toujours.

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