Sur le philosophe H. une fois de plus

Personnellement, cela m’est tout à fait indifférent que le philosophe H. ait eu une carte du parti National-Socialiste, ait dit ceci ou cela d’Hitler, etc. ce qui compte, c’est qu’au cœur de la philosophie – et en la maîtrisant ô combien – il ait mené un combat contre la pensée socratique, contre la raison, contre la connaissance (il insuffle de manière constante la peur de connaître), pour la mystique (les pré-socratiques), pour le désespoir de la condition humaine (devant l’infinité de Dieu).

Bourdieu est, à ma connaissance, le seul critique de H. qui se soit désintéressé des effets de surface (H. = « philosophe nazi »), pour s’intéresser comme moi au fait que les plantes « nazisme » et « pensée H. » poussaient essentiellement sur le même terreau. C’est pour cela que je ne suis pas mécontent de la caractérisation qui m’est venue spontanément hier dans Le temps qu’il fait, le 10 avril 2009 : « Judas de la philosophie », parce qu’il s’est approché suffisamment près de Socrate (bien mieux que je n’y parviendrai jamais), non pas pour le tuer (c’était déjà fait) mais pour tenter de tuer ce que Socrate nous a apporté : la confiance dans la raison.

Hitler ne visait qu’un empire de mille ans, la pensée du philosophe H. restera dangereuse pendant bien plus longtemps encore : elle est stupéfiante d’intelligence et son pouvoir de séduction est hélas inentamable.

Partager :

47 réponses à “Sur le philosophe H. une fois de plus”

  1. Avatar de Cécile
    Cécile

    Je ne connais pas du tout H. (désolée…),
    Nietzsche, dans « naissance de la tragédie », critique, la pensée tourbillonnante de « l’homme socratique », la bombe atomique d’une main (un peu comme « la mélancolie »de Durer )

  2. Avatar de fnur
    fnur

    Également, on pourrait s’interroger sur le zen qui promet du mieux par la déconstruction de la raison. Une promesse de lâcher prise alors qu’il ne vaudrait mieux rien lâcher.
    H était sans aucun doute un rusé renard des écoles de la philosophie comme on peut en trouver dans les écoles du droit. On les dit sophistes.

    H nous aura appris des nouveaux tours de passe passe.

  3. Avatar de c
    c

    est ce Heidegger?????

  4. Avatar de Walter Bunker

    « la philosophie c’est mon église à moi »…

    Heidegger, Judas de la philo…vous en avez d’autres des comme ça ?

    Le billet à propos de H s’éclaire lorsque l’on regarde la video d’hier : il semble bel et bien vide de sens.

    Comment poser une affirmation pareille ? Sans arguments ?
    Êtes-vous bien certain de comprendre de quoi vous parlez ?
    Vous-êtes vous déjà questionné sur le sens du mot philosophie ?

    Heidegger serait un Judas parce qu’il a dénoncé une habitude de la pensée…parce qu’il a dénoncé les travers de la pensée scientifique ?

    Judas a dénoncé quelqu’un, Heidegger a mis le doigt sur des éléments qui font mal. Il a soulevé des questions : ces questions vous les assimilez à la crucifixion de JC.

    Mettre le doigt sur des choses qui clochent, c’est un crime ?
    empêcher de tourner en rond, c’est un crime ?

    Le Judas de la philosophie, ça sous-entend qu’avant Heidegger, la philosophie était un beau lieu de rassemblement…Une église ou tous les penseurs vivait en harmonie ?

    Excusez-moi, je pèse mes mots, mais il me semble que vous êtes un ignorant qui s’ignore. C’est ce qu’il y a de pire, méconnaître et poser des jugement sur ce qu’on ne maîtrise pas.

    Vous expliquez fort bien certains mécanismes financiers, mais je me demande si vous ne feriez pas mieux de vous en tenir à ce que vous maîtrisez : vous êtes beaucoup lu, votre responsabilité est donc d’autant plus grande.

    Je vous en prie, essayez de nous épargner vos sentiments et opinions infondées. Ou alors argumentez, vous parlez de la raison…vous dénoncez implicitement que Heidegger ait piétiné et retourné ce concept, mais ce billet démontre que vous même n’y croyez pas.

    PS :

    Je ne suis pas un fan de Heidegger,
    je n’aime juste pas la pensée facile, surtout quand elle porte sur des philosophes dont on n’a lu que quelques citations sur un quelconque site internet.

    Honnêtement qu’avez-vous lu de Heidegger ?

  5. Avatar de Vincent présumey
    Vincent présumey

    Allons allons, Bunker (quel terrible pseudo pour un défenseur de Heidegger ! ) … Je partage pour ma part fortement le sentiment de P.Jorion sur Heidegger. Il ne s’agit pas d’ignorance, mais bien d’intuition juste et de profondeur. Au demeurant, point n’est besoin d’avoir lu ses oeuvres complètes pour osciller entre irritation devant un jargon réellement, parce que volontairement, obscur, et un fond philosophique qui est bel et bien celui des nazis … mais pas seulement.

  6. Avatar de Paul Jorion

    @ Walter Bunker

    À quels textes de Heidegger pensez-vous quand vous écrivez cela ?

  7. Avatar de logique
    logique

    Un autre, dans le même genre, qui démontage les structure de la pensé, Krishnamurti. A ne pas mettre entre toute les mains. Paul dans sa prose apocalyptyque en est arrivé a oublier que seul la transformation de nos habitude a penser pourrait nous offrir la situation économique,politique et psychologique.

    La confiance dans le raison ne suffit en aucun cas et nous prémunir de ses perversités collectives. Paul,vous me faites penser a cela même que vous critiqué. D’un coté vous voulez modifier les comportements sociaux et d’un autres vous refuser de comprendre que les comportement sociaux sont la résultat de notre raison. Donc si vous voulz changzer les uns il faut aussi changer les autres.

    La vous me faites penser a un gourrou qui tenterais plutot de mettre de la confusion dans l’esprit des gens. Masi a mon avis ce n’est pas la première fois. Mettre une vidéo du christ pour ensuite faire une demande de don en jouant les apotres accusateurs. vous devez aimer cela l’anbiguité des comportement, rien de plus normak pour un expérimentationn de la psychologie des masses.

    J’en fi ni pas me demande si toute cette crise, n’est pas en train de crée une sacré bande de profiteur. M’enfin si je me trompe je m’en excuse d’avance. Mais la confiance aveugle c’est deja la debut de la perte de la raison (ca c’est de moi, j’en est 400 pages si cela vous interresse).

  8. Avatar de jacques
    jacques

    @ Bunker attitude
    Heil de gare , le teutontologique ou teuton logique, qui cherche l’essence ou « les sens » des choses comme l’aurait dit Lacan . Walter, quel bel exemple de tolérance à l’égard de notre hote. Comme vous semblez lire Heidegger dans le texte , petite dédicace « Ach Mensch, du spinnst ».

  9. Avatar de Jean-Gabriel Mahéo

    Pour ma part, ce billet de Paul Jorion m’est d’une douceur infinie, presque un baume. Il a le parfum de la vérité.
    Je partage aussi le sentiment de Vincent Présumey.

  10. Avatar de Graindesel
    Graindesel

    Une petite lecture:
    « la pensée est votre ennemie »
    Entretiens fracassants avec U.G.
    Ed: Les Deux Océans

  11. Avatar de Paul Jorion

    @ logique

    D’un coté vous voulez modifier les comportements sociaux et d’un autres vous refuser de comprendre que les comportement sociaux sont la résultat de notre raison.

    Ecoutez ce que je dis sur la critique nécessaire de la raison dans Le temps qu’il fait, le 10 avril 2009.

  12. Avatar de Franck
    Franck

    Il ne faudrait pas tout prendre chez Martin sinon que me resterait-il encore à prendre chez Paul ?

  13. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    BINGO !!!

    Ce qui est chouette avec les questions de philosophie c’est qu’on est (non pas jamais déçu), mais

    TOUJOURS

    CERTAIN

    que de

    GROS

    DEBATS (restons cool – bande de têtes de litotes)

    en découleront.

    Faut dire que la question est loin d’être simple, puisque les filousophes ne sont même pas parvenus au cours des siècles à
    définir leur « noble art ».
    La définition varie en effet en fonction du gaillard qui donne à entendre les travaux issus de ses exercices de musculation
    cérébrale.

    Quand à l’évocation du « Judas de la philosophie » en cette période de Pâques, elle est au moins aussi drôle que le pseudo
    de Bunker à propos de H. (Merçi à Vin sans présumé qui à récupéré la lie).

    Mais au fond, Cher Paul, savez-vous que de tous les apôtres- Judas – est celui qui, a tous points de vue, est le plus intéressant des objets d’analyse ?

    Plus que 2 jours et les cloches reviennent…?!

  14. Avatar de David
    David

    Il ne me semble pas que monsieur Jorion ait dit du mal de Judas.

  15. Avatar de Paul Jorion

    Essais de réhabilitation

    • Thomas de Quincey dans Judas Iscariote et autres essais tente une réhabilitation en faisant agir sciemment Judas pour accomplir le destin d’un Christ hésitant.
    • Jorge Luis Borges, dans sa nouvelle « Trois versions de Judas » (in Fictions, Folio), imagine un théologien danois du XIXe siècle dont la thèse était que Dieu s’était fait homme jusqu’à l’infamie, Judas étant en fait le fils de Dieu, et non pas le Christ…
    • Pierre Bourgeade dans son roman Mémoires de Judas lui fait accepter de livrer Jésus pour accomplir l’Écriture.
    • Jean Ferniot en fait un martyr dans Saint Judas (1984).
    • John Shelby Spong tente de montrer l’évolution du rôle de Judas vers un rôle de traître dans les versions successives de l’Évangile.

  16. Avatar de Walter Bunker

    @ Paul,

    je ne sais pas à quoi vous faites référence avec « cela », mais il me semble que vous pourriez jeter un œil à l’ouvrage intitulé : « Le principe de raison » par exemple.

    Il est certain que peu de gens ont lu Être et temps…ça prend du temps, de la volonté, de l’acharnement. Perso, j’ai tout au plus une idée de la structure de ce pilier. « Le principe de raison » se lit bien, surtout il peut se lire par morceaux. Les conférences sont souvent plus claires que les livres…

    Donc à ce que j’ai saisi des arguments de chacun, il y a un problème de clarté chez Heidegger…pour quelqu’un qui remet en cause le langage ça me semble normal… Ceux-là comprennent-ils mieux Wittgenstein ?

    A mon avis, les gens qui rejettent d’emblée Heidegger à cause de la manière dont il s’exprime, sont les mêmes qui vont déclarer prendre plaisir à lire du Foucault ou du Nietzsche. Pourtant dans les deux cas, ils passeront souvent à côté de ce que dit l’auteur : la seule différence, c’est qu’avec Foucault ou Nietzsche on peut avoir l’impression de comprendre alors qu’on ne pane rien. Heidegger si on ne comprend pas, on s’en aperçoit. Prudence donc lorsque vous jugez négativement un auteur par rapport à ce que vous ne comprenez pas… Ayez bien en tête que ceux pour lesquels vous avez de la sympathie, vous ne les comprenez peut être pas non plus.

    à part je n’ai vu aucune réponse à mes questions, qui me semblent légitimes.

    PS :

    oui oui, bunker c’est très drôle effectivement.

  17. Avatar de iGor milhit

    entre le temps qu’il faisait hier et les réactions qui s’en suiv(ir)ent
    et le billet sur le philosophe en H et ses conséquences, j’ai pas pu m’empêcher de penser à:

  18. Avatar de antoine
    antoine

    @ Walter
    Inutile de vous montrer si véhément ou condescendant!!

    @ Paul
    Paul… faire un billet exprès pour ça… La vidéo n’étant pas explicite, j ai tout de suite pensé que tes propos seraient interprêtés dans le sens de la collusion de H. avec le nazisme (en partie, aussi à cause de la référence au « pardon » et à Paques, évidemment). Reconnais que c’était un peu ambigu… Tu fais bien de préciser cependant.

    A mon sens Bourdieu n’a pas compris H. En fait je crois qu’il n’y a rien compris du tout… Tout simplement parce que, dans le domaine en question, il n’était pas compétent… les temps n’étaient pas encore murs alors pour la compréhension d’une œuvre de cette ampleur. C’est pourquoi ses critiques m’apparaissent à moi comme des « coups d’épée dans l’eau ».

    Pour le reste mon sentiment c’est que Heidegger s’est peut-être approché de Platon et d’Aristote, mais jamais de Socrate, car Heidegger contrairement à Socrate, se désintéressait du domaine des affaires humaines. Il a fait le chemin exactement inverse (sans doute est-ce là ce que tu veux dire quand tu parles de « Juda de la philosophie »). Parfois si l’on veut comprendre, il est bon de revenir sur ses pas… pour savoir où l’on sait perdu en cours de route. Le mieux étant de revenir au point de départ, afin d’être sûr de ne pas se tromper…

    Sur l’accusation d’irrationalisme… qui est typiquement celle de la philosophie analytique anglo-saxonne qui préfère balayer d’un revers de main un adversaire aussi terrible plutôt que de l’affronter pied à pied (l’ironie étant qu’un Wittgenstein, fondamentalement, ne dit rien d’autre qu’un H., à ceci près que H. entame la lutte à l’endroit même ou Wittgenstein décide de se taire à dessein): je crois que c’est une erreur. H. est d’une rigueur logique méthodologique et analytique implacable!!! Certes, la langue, qui a un vrai capital de séduction, déconcerte et semble métaphorique quand ce n’est, pourtant, jamais le cas.
    Par ailleurs rien dans ce qu’il afirme ne rend caduque le recours à la raison. Il distingue clairement disciplines ontiques et philosophie. Ce que dit la philosophie n’enlève rien à la pertinence des disciplines ontiques (c’est à dire celles qui se donnent une « positivité », un « point départ assumé circonscrivant un domaine d’objets, comme la physique, la théologie, ou la sociologie par exemple) dans le domaine qui est le leur.
    En revanche, il est certain qu’il s’oppose de manière frontale, mais rationnelle (plus rationnelle que ne l’est la manière de ses « adversaires ») à certaines prétentions des sciences humaines, et en fait à la première entre toutes (et ça Bourdieu l’a évidemment senti, mais encore une fois, qu’avait-il à opposer là ou Cassirer lui-même avait échoué lors de la célèbre conférence de Davos?): la prétention de pouvoir répondre à la question « Qu’est ce que l’homme? ».
    Il démontre que les sciences humaines, pour des raisons qui tiennent à leur mode de constitution, à leur enracinement dans une tradition métaphysique particulière, sont structurellement incapables, même ensemble, de répondre à la question socratique. Socrate aurait ajouté que si tel est le cas, alors il est également impossible de répondre à la question politique par excellence, celle du meilleur régime, car pour Socrate, l’homme étant un animal politique, ces deux questions n’en sont qu’une seule et même. Ce n’était pas là pourtant le point de vue de H. Il reste qu’ on peut, comme moi, encore être avec Socrate et H. (sur le plan de la démarche) contre Bourdieu, en posant le problème de la manière suivante:
    Si il est nécessaire de répondre à la question « qu’est ce que l’homme? », alors par quoi commencer l’enquête? Et quel meilleur moyen de le découvrir qu’en soumettant le discours de ceux qui prétendent y répondre ou tenter d’y répondre au feu de la critique philosophique/rationnelle? Que fait H. si ce n’est mener ce combat socratique, et j’y insiste avec les armes de la raison? Que la conclusion déplaise, c’est une chose qui ne doit pas nous égarer.

    Personnellement, je n ai jamais eu le sentiment que H. insufflait « la peur de connaître ». J ai toujours trouvé qu’au contraire il était tatillon et d’une exigence rare sur ce point. Délimiter le champs de ce qu’on ne sait pas, chercher à savoir ce qu’on ne sait pas, n’est-ce pas un trait socratique?

    Par retour aux présocratiques le problème est-il qu’il y aurait abandon d’une conception de la vérité – celle qui prévaudra peu à peu après Socrate? H. pense démontrer que la conception usuelle de la vérité comme correspondance, disons la conception de la vérité qui sert de support à l’édifice scientifique présuppose une autre détermination, privative, de la vérité comme sa condition de possibilité… les deux ne s’excluant pas. Les épistemologues s’occupent de la première et H. de la seconde. Les descendants de Socrate peuvent continuer à bosser… tout est bien dans le meilleur des mondes… que je sache H. n a jamais nié que les ponts tenaient debout… et que ceci était le boulot des présocratiques et non pas des ingénieurs.
    (mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que l’on veut dire par « retour aux présocratiques »)

    Je ne vois pas en quoi H. serait pour le désespoir de la condition humaine (devant l’infinité de Dieu). Cette position est celle de Kierkegaard. H. rompt brutalement avec le catholicisme et la théologie (parce que c’est une discipline ontique qui se donne un donné, à savoir ce qu’elle tient pour « Revelé », et donc sans intérêt du point de vue de la démarche qui est la sienne… sans intérêt parce que déjà « dérivée »). Si les theologiens thomistes se sont opposé à H., c’est parce qu’ils ont bien vu que la position de ce dernier était pour ainsi dire au delà du théisme et de l’atheisme, une forme d’athéisme absolument pure, radicale, indifférente à la question de Dieu. Derrida l a bien vu quand il montre que celui que les croyants ont au départ pris pour un allié (« Vous voyez ce qu’il dit c’est ce que nous essayons de dire depuis toujours sans arriver à le formuler ») leur avait surtout coupé l’herbe sous le pied et était en fait leur adversaire le plus dur (en tant que que pensée « plus originelle », compatible avec l’athéisme contemporain comme avec le christianisme ou vaudou ou l hindouisme, et qui se présenterait comme la condition de possibilité d’existence même de ces différents courants, qui donc présupposeraient au fond toujours la validité des thèses de H.. En cela la pensée de H. constitue également un défi très très dur pour les relativistes). Je ne connais pas de penseur qui ont poussé dans leurs derniers retranchements les dogmatiques comme les sceptiques!

    Toutefois, sur la fin, H. se met à dérailler… parait-il. Il est trop tôt, me semble t-il, pour qu’on puisse avoir un avis tranché sur le sujet (pour ma part, tout cela, à première vue, ne me parait pas si obscur…).

    NB qui répond à des trucs que j ai pu lire ici ou là en rapport quand même avec le sujet… et qui ont peut etre déjà été écrits au moment ou je remplis mon commentaire…:

    J ai pris un peu de temps parce que ca valait la peine de le faire, je crois. Discuter de H. est difficile sur un forum, puis qu’entrer dans le détail réclame un niveau technique qui ne sied pas forcément à la forme blog… et puis les commentaires ne peuvent être alors que des pavés.
    Discuter de questions de ce type, c’est un coup à se voir attaquer sur le thème « ça ne veut rien dire », parce que forcément si on ne comprend pas c’est nécessairement que ça ne veut rien dire (ben voyons…), et surtout parce-que de nos jours s’il est normal de ne pas comprendre une thèse de physique sur la théorie quantique, il n’est pas normal de ne pas comprendre en première lecture une œuvre qui a nécessité une vie de recherches, qui réclame une connaissance relativement poussée de l histoire de la pensée occidentale dans son ensemble, et qui en plus se permet de remettre en question de façon toutefois tout à fait cohérente nos repères usuels en terme de cohérence et de logique (en plus parait qu’il y en a ils inventent des mots… et même que c’est pas bien ou inutile de forger de nouveux concepts parce-que y en a déjà suffisamment dans le dictionnaire des mots pour qu’on ait besoin d’en rajouter… c’est comme la thèse créationniste: ils sont tous déjà là bien en rang des le départ. Rien à ajouter. Rien à retirer. La caisse à outils est pleine). Si on ne comprend pas c’est que c’est n’importe quoi.
    De toute façon ça n est pas très important… la philosophie étant la partie qui a échoué et la science celle qui reussi, on peut très bien se passer du « résidu »… (sauf que chassez le par la porte, le résidu/grain de sable revient « par la fenêtre »).

  19. Avatar de Walter Bunker

    PS ,

    je relis votre message :

    « mais pour tenter de tuer ce que Socrate nous a apporté : la confiance dans la raison.  »

    Socrate nous aurait apporté la confiance en la raison ?

    Parle t-on bien du même ? Celui que je connais vivait en Grèce au V ème siècle avant JC, il maniait méchamment l’ironie et embrouillait tout le monde…

    Pour moi Socrate c’est plutôt la confiance en rien…mais là, je le reconnais c’est une question d’interprétation, puisque le lascar n’a rien écrit.

    1. Avatar de orengo
      orengo

      La première et la plus grande ambiguïté de corpus philosophique de Platon réside en ce qu’il existe. Il s’agit d’un ensemble d’écrits théoriques sans précédents pour la dimension et la qualité , dans l’expérience culturelle des Grecs.

      Mais ces écrits mêmes se donnent comme un projet de : mimésis; transcrivant la parole d’un philosophe Socrate, qui a toujours refusé d’écrire . Davantage : ce corpus porte également en en lui des éléments d’une théorie systématique du refus de l’écriture dans ses valeurs communicatives ( Phèdre ), législatives ( Politique ), et cognitives ( Lettre VII ) .

      Platon réalise une synthèse unique entre archaïsme et prophétie d’un monde nouveau. Du point de vue historique cependant, il n’échappe pas à une place précise, car son interrogation sur l’écriture, sa pratique de mise par écrit de la parole de morts( mais de morts récents, comme presque tous les personnages des dialogues ) , se situent sur l’étroit créneau qui sépare deux époques ; celle de Socrate et celle d’Aristote, liées respectivement au privilège de la parole et à la primauté du texte . Un bref intervalle , une condensation de possibilités ouvertes : ce moment à apparaître comme un mirage qui revient pour la philosophie , un tournant irréversible dans l’histoire culturelle de l’écriture en Occident.

      Mais il sera destiné aussi à consolider un caractère propre à l’Antiquité : celui d’être un civilisation ni du Livre ni non plus des livres.
      extrait du texte de Mario Vegetti,- Dans l’ombre de Thoth-

  20. Avatar de Cécile
    Cécile

    peut-être il y a -t-il la Raison (avec un grand R majuscule… Kant « critique de la raison pure », telle que, telle que par ex: « la forme de la finalité » réfléchie par « la finalité de la forme »)
    et les raisons (la raison d’état, la raison du plus fort, la raison du profit … plus utilitaires, plus arbitraires, plus intéressées, plus barbares, …. mais pas toujours, ….)

    Il y a dans cette conférence de Geneviève Azam, (c’est pas exactement au début, mais assez vite qu’en même) une allusion au rationnalisme (sens négatif) du marché, la raison de la recherche est de faire des profits, (principe d’adaptation contre concept d’émancipation)
    http://www.dailymotion.com/video/x8rxrj_du-processus-de-bologne-a-la-lru-un_news

  21. Avatar de antoine
    antoine

    @Walter
    Socrate est à la source du rationalisme classique.

    @Cecile
    Sur l’articulation des deux, voyez Habermas « Connaissance et Intérêt »

    Pour ma part, c’est clos pour ce billet.

  22. Avatar de Blob
    Blob

    >Paul Jorion

    Vous oubliez un autre critique de Heiddeger, qui va lui aussi à l’essentiel: Thomas Behrnard dans son roman Maîtres Anciens

  23. Avatar de Cécile
    Cécile

    PS sur « la forme de la finalité réflechie par la finalité de la forme », (je suis un peu bête)
    mais c’est un cadre, un peu comme une double réflexion, ( je dirais par ex: les camps d’extermination réfléchissent l’idéal du nazisme, le fait de la crise réfléchit la prétention du néolibéralisme )

  24. Avatar de Walter Bunker

    @antoine

    Je ne crois pas avoir été condescendant,
    je n’ai pas été plus véhément que Paul.

    « Socrate, source du rationalisme classique » Parlez-vous du Socrate de Platon ? De celui d’Aristote ? De celui de Lacan ? ou de Hegel ? etc. Il y a autant de Socrate(s) que de Jésus il me semble…

    « Discuter de H. est difficile sur un forum, puis qu’entrer dans le détail réclame un niveau technique qui ne sied pas forcément à la forme blog… et puis les commentaires ne peuvent être alors que des pavés. »

    vous me rejoignez donc, votre manière de le dire est simplement plus sirupeuse, voire évasive, voilà tout.
    Quoique, vous êtes plus radical en fait :

    « Pour ma part, c’est clos pour ce billet. »

    Veuillez donc m’excuser pour la forme abrupte de mes posts, mais c’est pourtant ce que j’appellerai du don, contre-don 😉

  25. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Paul,

    Pour vos carnets d’anthropologie vous noterez le final, semblable à celui d’un poker.

    Joyeuses Pâques !

  26. Avatar de Philosophe
    Philosophe

    « Bourdieu est, à ma connaissance, le seul critique de H. qui se soit désintéressé des effets de surface (H. = « philosophe nazi »), pour s’intéresser comme moi au fait que les plantes « nazisme » et « pensée H. » poussaient essentiellement sur le même terreau. »

    Eh, il y en a au moins deux autres:
    1/ Un philosophe, Domenico Losurdo, H. et l’idéologie de la guerre, PUF
    2/ Un linguiste, Henri Meschonnic, Le langage H., PUF
    Le Losurdo est bon, le Meschonnic est excellent, et très peu connu

  27. Avatar de Jean-Baptiste

    On peut laisser à chacun le choix de se réferer à la raison comme étant un but. Cela peut n’être un but que pour certains sans que les autres y tendent. La recherche d’une sérénité par le fait de faire le vide en soi, n’est pas la même chose que de remplacer la raison par une « non raison », ne pas penser et chercher à se libérer l’esprit peut tout aussi bien être une recherche saine pour certain et n’implique pas le remplacement de la raison par une philosophie la niant ou la remplaçant par une philosophie ou la fin justifie les moyens et qui ne fait qu’enorgueuillir certains et qui préfére justifier un comportement humain présent qu’une réalité plus scientifique même si celle ci n’est pas non plus une fin mais plutôt une direction que l’on sait inatteignable.

  28. Avatar de kerema29
    kerema29

    Quelle idée d’avoir lancé une discussion sur Heiddeger, nous sommes partis pour un certain temps…..Je suis peu familier avec le langage philosophique, mais je transfert ce blog à quelques amis philosophes universitaires s’ils souhaitent enrichir le débat….

  29. Avatar de antoine
    antoine

    @ Philosophe
    Ces deux auteurs n’ont rien compris.

    Je m excuse pour l argument d’autorité.
    Dans une vie antérieure, j eus l’honneur d’avoir comme maître M Mongis, thomiste, que H. a remercié de son vivant même pour la compréhension qu’il avait de son oeuvre (le seul dans ce cas, je crois…), et qui n a malheureusement pas laissé d’écrit accessible dans le commerce: son enseignement oral, qu’on aurait dit tissé par l’humilité, etait d une limpidité et d’une clarté à toute épreuve, sans doute grâce à sa connaissance quasiment parfaite d’Aristote et de la scolastique. Rien à voir avec le verbiage quasi mystique de spécialistes pourtant reconnus, mais qui m’ont fait honte chaque fois que je les ai entendus (également aussi parce qu ils abordaient H. à partir de philosophies « a la mode », style déconstruction ou phénoménologie, étrangères aux préoccupations fondamentales de H.). J’eus aussi comme professeur l’ancien directeur des études heidegeriennes, lui aussi très rigoureux et très clair, mais trop jeune pour pouvoir rivaliser avec le vieux thomiste.

    @Walter
    J ai pris la peine d’argumenter un peu, ce qui est la moindre des choses. C est là la différence essentielle.
    Par ailleurs qu’il s’agisse du Socrate de X ou de Y (certains vous diraient que c’est le même), je ne vois pas trop ce que ca change à la référence en question…

    @ Autres
    Les trucs les plus « accessibles », et au fond les plus intéressants, sont « l’Epoque des visions du Monde », « Le principe de raison », « Qu’est ce qu’une chose », Qu’est ce qu’une oeuvre d’art » « Qu ‘est ce que penser »… on y voit bien le cheminement de pensée de H.

    Si l’un d’entre vous à la curiosité ou le courage de se pencher sur « Etre et Temps », il ne faut absolument pas acheter la version existant dans le commerce, complètement incompréhensible. On peut parler, à juste titre je crois, de charabia sans queue ni tête. La seule traduction valable (très bonne), c’est celle de Martineau, hors commerce (pour de sombres motifs pécuniers), qui a longtemps circulé « sous le manteau », qu’il avait faite je crois pour ses étudiants.

    Grâce à internet, voici le lien pdf:
    http://metataphysica.free.fr/Heidegger/Etre%20et%20Temps.pdf
    Chacun pourra ainsi se faire une idée.

    Egalement en pdf, le texte consacré à l’oeuvre d’art (je n’ai pas vérifié la qualité de la traduction, mais en général plus c’est récent meilleur c’est).
    http://nicolas.rialland.free.fr/heidegger/

    Pour une analyse serrée des liens entre la pensée de H. et la religion/théologie:
    Capelle: « philosophie et theologie dans la pensée de M. Heidegger »

    Bon cette fois c est vraiment mon dernier post.

  30. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    En matière de métaphysique, je m’en suis arrêté aux méditations de Descartes. Je n’ai donc sans doute rien de très neuf à apporter à cette discussion de spécialistes. Tout au plus je m’étonne que cet auteur ne soit même jamais évoqué sur ces questions. Une raison particulière à cela?

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

  2. @Hervey « Le principe est un concept philosophique polysémique qui désigne ou bien une source, un fondement, une vérité première d’idées…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta