Rien n’est simple

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Rien n’est simple parce qu’imaginons même que les autorités en place parviennent grâce à une série de coups de pouce diligemment appliqués à restaurer nos systèmes financier et économique dans leur gloire passée, je veux dire à les remettre dans l’état où ils étaient en 2006, qu’on se retrouverait de toute manière à nouveau face à face au gigantesque défi qui est le nôtre à échéance de, disons vingt ans pour avancer un chiffre, à savoir celui d’une humanité confrontée non seulement aux limitations propres à sa planète mais aussi aux dégâts qu’elle lui a occasionnés, dont certains sont irréversibles, peut–être pas à l’échelle géologique mais certainement à celle de l’espèce et a fortiori à celle de la vie humaine. Bien sûr, on pourrait repartir pour un tour, refaisant la même chose qu’avant mais en s’astreignant à le faire cette fois « dans une perspective verte ». Mais ceci est-il seulement envisageable ? Il faudrait au minimum pour y arriver reconfigurer entièrement la manière dont nous calculons le prix des choses, ce qui semble extrêmement difficile à concevoir à moins que l’on ne repense complètement à cette occasion la façon-même dont la monnaie fonctionne au sein de nos sociétés humaines.

Et quand je dis, « la manière dont nous calculons le prix des choses », je n’envisage encore que celle dont nous y intégrerions ce qu’on appelle les « externalités » : la gestion des déchets que nous générons immanquablement quand nous les produisons, le coût de la maintenance et de la remise en état de l’environnement, ainsi que le recyclage des matières premières que nous utilisons mais qui ne sont présentes sur la planète qu’en quantité finie, enfin le coût de l’énergie que nous consommons sous toutes ses formes, coût calculé d’une manière qui inclue sa gestion authentique, l’accent étant mis en particulier sur la nécessité d’une transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables.

Ceci ne touche encore que la composante des prix qu’il est relativement simple de maîtriser. Passons maintenant aux choses plus compliquées. Je pense aux implications de deux problèmes de physique élémentaire qui jouent un rôle ici et dont on parle ordinairement en les couvrant des termes « délocalisation » et « paradis fiscaux » qui font supposer qu’il n’existe aucun rapport entre eux, ce qui n’est pas le cas. Tous les deux sont en effet des illustrations du principe des vases communicants débouchant sur un nivellement par le bas très dommageable. Le principe est le même d’ailleurs que celui que l’on voit à l’œuvre dans la fameuse « Loi de Gresham » qui dit que si deux monnaies métalliques sont en concurrence dans le même environnement, la monnaie de mauvais aloi, celle dont la teneur en métal précieux est la plus faible, chasse l’autre.

Vu la manière dont le surplus, la richesse créée par le travail, se voit normalement partagée dans un système capitaliste, et si les travailleurs ne protestent pas contre cet état de fait, les salaires auront tendance à s’aligner à un niveau précis (chose que David Ricardo avait très bien notée en son temps) : celui de la simple subsistance du travailleur et de sa famille. Le XIXe siècle européen en particulier a expérimenté de manière très instructive sur ce que ce niveau pouvait être très précisément (relisez à ce propos David Copperfield (1850), Les Misérables (1862), etc.). Si les travailleurs se défendent collectivement, ils parviendront à faire décoller leur salaire de ce niveau-plancher. Si les frontières s’ouvrent et que les capitaux peuvent circuler librement, les salaires à l’échelle du globe entier tendront à se réajuster au niveau du salaire de subsistance le plus bas du travailleur le plus démuni au monde (niveau qui peut bien entendu être très bas). Comme ce niveau est inacceptable pour celui qui lui s’est organisé et a obtenu de gagner davantage que le minimum vital, les usines iront rechercher le champion du monde de l’exploitation et iront s’installer dans son pays. On dira alors que « tout le monde y a gagné » puisque d’une part le prix des produits sera le plus bas possible et que d’autre part, comme le salaire du travailleur atteint à la baisse un niveau incompressible – sans quoi lui et sa famille meurent de faim, les capitalistes et les entrepreneurs-patrons maximisent la part du surplus créée par les travailleurs qu’ils se partagent entre eux. Ce miracle de l’« allocation optimale des capitaux », je le classe plus volontiers dans la rubrique « nivellement par le bas ». Comment remédier à cette situation ? La réponse a été donnée en 1848 : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Ce conseil ne porte encore malheureusement que sur un des aspects du problème : il le traite comme s’il s’agissait d’un élément isolé, existant en-dehors de son contexte global.

Deuxième illustration du principe des vases communicants, débouchant ici aussi sur un nivellement par le bas : les paradis fiscaux. Comme le système capitaliste est organisé de telle manière que (comme je viens de le rappeler) capitalistes et entrepreneurs-patrons prélèvent d’abord leur part du surplus créé par les travailleurs avant que ceux-ci n’y aient accès, la richesse se concentre entre leurs mains à un tel point qu’il vient un moment où le système cesse de fonctionner. Pour empêcher cela, les États instaurent un correctif minimal sous la forme d’un système d’impôt progressif. Comme, plus on a d’argent, plus on l’aime, ceux qui en disposent tentent d’échapper à l’impôt et se livrent à la fraude fiscale ou mieux encore, à l’évasion fiscale.

C’est ici qu’intervient le principe des vases communicants : toute fortune est attirée vers l’endroit au monde où elle est la moins taxée. Comme il s’agit d’un principe général, de l’ordre d’une loi physique portant sur les liquides, il n’est pas susceptible d’être contenu : c’est une Hydre de Lerne, coupez l’une de ses têtes et il lui en repousse deux à la place. Il ne resterait que deux pays au monde ayant des systèmes fiscaux différents, que les fortunes du pays le plus taxé tendront toujours à couler vers l’autre.

Je sais, le problème des paradis fiscaux a été résolu l’autre jour à Londres. Il n’en restait que quatre : l’Uruguay, le Costa Rica, les Philippines et la Malaisie, et ils ont cessé de l’être. Personnellement je croyais que c’était Cuba, le Venezuela, la Bolivie, l’Iran, le Corée du Nord et le Népal – comme quoi on ne peut pas tout savoir. Puisqu’il n’en existe plus, à quoi bon se faire encore du souci ?

De toute manière, et c’est pourquoi j’en parle dans l’ensemble très peu, les paradis fiscaux sont une conséquence du fait que les politiques fiscales sont différentes dans les différents pays et, mis à part le fait que les impôts servent à subvenir aux frais des états, le fait qu’elles soient progressives ne constitue lui qu’un palliatif au fait que le fonctionnement global du système capitaliste engendre comme une conséquence de son fonctionnement ordinaire la concentration de la richesse. Il ne s’agit donc avec les paradis fiscaux, comme avec, par exemple, les cartels de la drogue, que de l’un des symptômes d’un disfonctionnement beaucoup plus général.

Ayant évoqué les aspects accessoires du problème global, passons maintenant au plat de résistance : à la principale raison pourquoi rien n’est simple. J’ai évoqué la loi tendancielle des salaires à s’aligner sur le plus bas, le salaire de subsistance. Quand les frontières se sont ouvertes, les emplois industriels et les usines où on les trouve se sont donc déplacés là où les salaires sont les plus faibles. Ceci n’a cependant pas tué les pays où ces emplois existaient : les salariés se sont déplacés vers d’autres activités : les emplois se sont développés dans ce qu’on appelle le secteur tertiaire, celui des services, entre autres des services financiers. Ce sont là des emplois où dans bien des cas l’informatique a permis des gains de productivité considérables. Nous avons assisté à la disparition des dactylos dans les administrations : avec le traitement de texte chacun est devenu capable d’écrire son propre courrier. Cette productivité sans cesse croissante fait qu’un travailleur individuel crée de plus en plus de richesse, sans pourtant l’observer puisque son salaire est essentiellement resté le même et ceci pour la raison déjà indiquée : parce que le surplus est partagé avant même qu’il ait droit au chapitre, en intérêts qui vont aux investisseurs ( = capitalistes) et profit qui va aux entrepreneurs ( = dirigeants d’entreprises) à charge pour ces derniers de partager ce profit avec les salariés ( = travailleurs), selon le rapport de force existant entre eux.

Le fait que les travailleurs n’obtiennent leurs salaires que comme reste, une fois que capitalistes et patrons se sont servis, explique pourquoi leur productivité croissante ne débouche ni sur une diminution du nombre de leurs heures de travail, ni sur une diminution du nombre de ceux qui ont à travailler. La seule chose que cette productivité croissante engendre, c’est une accélération du retour des crises de surproduction. Et s’il faut toujours produire davantage, c’est parce que capitalistes et patrons en tirent bénéfice, et ceci, quel que soit l’état de délabrement dans lequel la planète finit par se retrouver à la suite de ça.

Voilà pourquoi rien n’est simple : parce qu’on est toujours ramené au même fait, que l’on parle de délocalisation, de sauvegarde de ce qui peut encore l’être sur notre planète, de paradis fiscaux ou de l’augmentation de la productivité qu’autorise le développement technologique : au fait que les travailleurs, ceux qui produisent la richesse, ne sont conviés à la table du banquet qu’une fois qu’elle a été desservie.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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86 réponses à “Rien n’est simple”

  1. Avatar de Giraudon
    Giraudon

    Parfait pour mon entendement. Le circuit du mal est limpide, brossé avec simplicité, lumineux. J’ai toujours su que « le travailler plus pour gagner plus » était une escroquerie et aussi longtemps que les escrocs gouvernent ou gouverneront… on peut en être assuré, l’esclavage moderne sera la norme. Comme me susurre mon cerveau reptilien encore en bon état, « Y’a encore du non-travail à faire! »

  2. Avatar de Laborde Stephane

    Tout ceci ne tient pas compte de l’accroissement colossal du pouvoir de connaissance et de décision acquis grâce à internet, et de l’économie de la connaissance, qui consomme quasiment aucune matière première en comparaison de l’ancien monde qui se meurt.

  3. Avatar de Al Shimistt
    Al Shimistt

    il faut de la monnaie fondante… en chocolat !
    pas que de l’or,
    pas que de l’or…
    joyeuses Pâques
    « et les cloches en béton
    traversèrent l’Atlantique
    pour souiller les bastions
    des banquiers excentriques » paroles de Al Shimistt
    signé Karlu$$ (leader du blog)

  4. Avatar de Midas
    Midas

    Je suis content de voir que pour la première fois, à ma connaissance bien sûr, vous annoncez clairement et sans détour que la crise actuelle est une crise de surproduction tout à fait classique et je dirai même une crise de type Marx. Les problèmes de la finance ne seraient-ils alors qu’un symptôme de ce phénomène plus profond. Dit autrement, s’il n’y avait pas eu la finance et l’endettement pour masquer le problème, ne seront-on pas entré dans une crise de surproduction, plus légère certes, dès le début des années 90 quand les salaires ont commencé à décrocher ?
    Enfin, y-t-il réellement un moyen pour les oligarchies de relancer la machine de façon durable sans pour autant augmenter les revenus de la majorité de la population ?

  5. Avatar de Michel GIRAUDET
    Michel GIRAUDET

    Je trouve que cette dernière analyse nous conduit en des termes limpides au coeur du problème.
    Je ne peux pas m’empêcher de penser que , sans la citer, vous rendez ici hommage à EVA JOLY , désormais candidate aux élections européennes au sein du groupe EUROPE ECOLOGIE, et qui vient d’additionner à son combat de toujours contre la corruption , le combat contre l’exploitation des peuples du tiers monde et celui pour protéger l’avenir de la planète.
    Ne pourriez vous pas nous proposer ici une analyse critique de la démarche d’EVA JOLY pour apporter votre éclairage personnel sur les objectifs qu’elle s’est donnés, en faisant la part du possible et celle de ce qui pourrait n’être qu’une utopie?
    Quel conseil devrait lui donner quelqu’un qui voudrait l’aider?
    Pourquoi reste-t-elle si peu entendue?
    Si les électeurs lui permettent de porter sa voie à la tribune du Parlement Européen, que lui proposeriez-vous de changer dans son combat et dans son discours?

  6. Avatar de Mikael EON
    Mikael EON

    « imaginons même que les autorités en place parviennent grâce à une série de coups de pouce diligemment appliqués à restaurer nos systèmes financier et économique dans leur gloire passée » P.JORION

    Interrogation qui anticipe des réformes et régulations a minima.

    « Saurons-nous trouver la volonté de poursuivre une sérieuse réforme financière? Si non, la crise actuelle ne sera pas un événement ponctuel, elle sera le modèle des choses à venir. » P.KRUGMAN N.Y.T 9-04-09

    Vous parlez l’un et l’autre comme si l’avenir était « presque »joué.

    L’eau coule toujours selon la plus forte pente…..

  7. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Essai superdidactique.
    Merci Paul.

    Les peuples n’attendront sans doute pas longtemps pour tenter de se venger.
    Car de solution rapide et équitable il n’y a pas.
    Relocalisations industrielles?
    Il semble que le Gov. US s’attende à des troubles puisque certains bataillons rapatriés d’Irak sont destinés au maintien de l’ordre intérieur.
    En France il semble que les policiers à la retraite aient eu à se manifester en cas de recours à la « réserve »….avant le 20 mars.

    http://www.seattlepi.com/opinion/381348_amyonline02.html

  8. Avatar de blackhole
    blackhole

    Voici comment pensent les « élites » de l’Administration Obama:

    Larry Summers (Director of the White House’s National Economic Council for President Barack Obama) déclarait vers 2006 :
    « Les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico […] Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays les moins avancés […] et se préoccuper davantage d’un facteur aggravant les risques d’un cancer de la prostate dans un pays où les gens vivent assez vieux pour avoir cette maladie, que dans un autre pays où deux cents enfants sur mille meurent avant d’avoir l’âge de cinq ans. [.] Le calcul du coût d’une pollution dangereuse pour la santé dépend des profits absorbés par l’accroissement de la morbidité et de la mortalité. De ce point de vue, une certaine dose de pollution devrait exister dans les pays où ce coût est le plus faible, autrement dit où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable. »

  9. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    C’est un descendant de Pharaon qui s’exprime….
    Rien de nouveau sous Ra ,pourtant bien obscurci…

  10. Avatar de MarcusH
    MarcusH

    @ blackhole

    éloquent en effet ! On retrouve cette citation dans « la dette, une affaire rentable » de AJ Holbecq ou dans « rendre la création monétaire à la société civile » de Derruder.
    sinon petite précision, wiki évoque 2006 également mais un article de Damien Millet et Eric Toussaint en qui on peut avoir confiance (« Mauvais signe : Barack Obama choisit pour le conseiller en économie trois promoteurs de la politique qui a conduit à la crise actuelle » du 26.12.08) précise que cette opinion a été exprimée en 1991.

    je cite le passage:

    « Deuxième personnalité en scène, Lawrence Summers hérite du poste de directeur du Conseil économique national de la Maison Blanche. Son parcours comporte pourtant un certain nombre de taches qui auraient dû être indélébiles. En décembre 1991, alors économiste en chef de la Banque mondiale, Summers a osé écrire dans une note interne : « Les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico. Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays moins avancés. Une certaine dose de pollution devrait exister dans les pays où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable. […] L’inquiétude [à propos des agents toxiques] sera de toute évidence beaucoup plus élevée dans un pays où les gens vivent assez longtemps pour attraper le cancer que dans un pays où la mortalité infantile est de 200 pour 1 000 à cinq ans (1). » Il ajoute, toujours en 1991 : « Il n’y a pas de […] limites à la capacité d’absorption de la planète susceptibles de nous bloquer dans un avenir prévisible. Le risque d’une apocalypse due au réchauffement du climat ou à toute autre cause est inexistant. L’idée que le monde court à sa perte est profondément fausse. L’idée que nous devrions imposer des limites à la croissance à cause de limites naturelles est une erreur profonde ; c’est en outre une idée dont le coût social serait stupéfiant si jamais elle était appliquée (2). » Avec Summers aux commandes, le capitalisme productiviste a un bel avenir. Devenu secrétaire au Trésor sous Clinton, en 1999, il fera pression sur le président de la Banque mondiale, pour que celui-ci se débarrasse de Joseph Stiglitz, très critique sur les orientations néolibérales que Summers et Rubin mettaient en œuvre aux quatre coins de la planète. Après l’arrivée de George W. Bush, il poursuivra sa carrière en devenant président de l’université de Harvard et se signalera particulièrement, en février 2005, en se mettant à dos toute la communauté universitaire. Interrogé sur les raisons pour lesquelles on retrouve peu de femmes à un poste élevé dans le domaine scientifique, il affirmera que celles-ci sont intrinsèquement moins douées que les hommes pour les sciences, écartant comme explications possibles l’origine sociale et familiale ou une volonté de discrimination (3). Cela provoquera une grande polémique, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’université (4). Malgré ses excuses, les protestations d’une majorité de professeurs et d’étudiants de Harvard l’obligeront à démissionner en 2006. Sa biographie, consultable sur le site de l’université de Harvard, au moment de sa présidence, affirme qu’il a « dirigé l’effort de mise en œuvre de la plus importante déréglementation financière de ces 60 dernières années ». On ne saurait être plus clair. »

    http://reporterre.net/spip.php?article122

  11. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    A blackhole
    Si Summers a dit çà çà a du blesser son B.Hussein moitié kenyan de patron …à l’époque, à moins qu’il ne lise pas la littérature summersienne alors qu’il se consacrait aux pauvres de l’Illinois.

  12. Avatar de blackhole
    blackhole

    @MarcusH

    Merci pour la précision sur la date.

    On pourrait faire également de CV de Geithner, Volcker, Rahm Emanuel, Gibbs, Gates, Brzezinski, …
    Mais ça serait trop démoralisant!

  13. Avatar de béber le cancre

    Méditation du jour :
     » C’est pas parce que rien n’est simple que tout est forcément compliqué ».

    Dans un monde qui tend vers un marché unique ( le marché mondial) , le nivellement par le bas des salaires semble une évidence.OK.

    Rassurons nous cependant :la visse se sert par étape , car les grands de ce monde craignent sûrement le moment où certains peuples pètent les plombs , les turbulences sociales étant rarement favorables aux pouvoir en place. Sauf ,parfois , en cas de dictature ou de prédictature …les récalcitrants ayant l’audace de lever le doigt , devenant ainsi neutralisables puisque « repérés ».

    Les délocalisations au sein même de l’europe sont la preuve d’une stratégie suicidaire des acquis sociaux :  » si toa pas vouloir travailler pas cher, moi délocaliser là où salaire ridicule mais gens acceptent quand même. Compris? ».
    Tout çà se fait dans le temps , doucement mais sûrement.

    Exemple pratique : des millions de chômeurs d’un pays donné ( et leurs pouvoirs d’achat) finissent par influer sur le niveau de prix des loyers , de la bouffe, des impôts, des salaires etc… une nouvelle « HARMONIE  » des prix s’inventent car le consommateur ne pait que ce qu’il peut payer.

    Comprendre que bien des prix sont calculés non pas par rapport à ce que le produit vaut, mais par rapport à ce que le consommateur peut payer.

    L’harmonie est trouvée quand le système fonctionne .

    Précisions pratiques:
    « Rien à foutre de gagner que 3 euros si le loyer n’est qu’à 1 centimes d’euros , le caddi à à 0,oo2 cts, le médecin à O,5 cts etc… »
    Les questions devenant , pour cet exemple pratique, du style : » est il logique de payer pour un médecin la moitié d’un loyer ? » etc..
    Qui dit harmonie dit proportions.

    Au fond, cette crise n’est elle pas rien d’autre qu’une disproportion du monde de la finance ?

    Bon, ben c’est pas tout çà , je retourne au piquet.

  14. Avatar de leduc
    leduc

    Dans toutes les longues méditations que j’ai eu au sujet de notre situation économique, j’en suis arrivé à la conclusion que c’était un cercle complètement vicieux, et effectivement je ne vois pas comment on pourrait en sortir simplement.
    Brillant article Paul, le symbole de l’hydre de Lerne est très parlant, si on veut changer les choses et tuer cet animal immonde, il faudrait couper simultanément toutes les têtes. Enfin, symboliquement, ca ne veut dire qu’on devrait en arriver à ce qu’on a fait en 1789 en France par exemple, espérons le….. car voilà où peut en arriver le peuple lorsqu’il est désespéré.

    Je compare aussi souvent les dirigeants de ce monde, politique et économique, ceux qui ont le pouvoir, a des personnes qui sont sur un arbre en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Ca en devient absurde, c’est le serpent qui se mord et avale la queue jusqu’à ce mordre le cou.

    On blame souvent le comportement des individus, des consommateurs lambdas, en disant que tel ou tel comportement qui serait incorrect d’un point de vue individuel mais supportable ne pourrait l’être s’il était adopté par l’immense majorité des gens d’un point de vue collectif. Je pense qu’il en est pareil pour les dirigeants, ceux qui ont le pouvoir et l’argent. La délocalisation, l’évasion fiscale, et beaucoup d’autres choses sans doute sont supportable, sont comme des phénomènes marginaux lorsqu’ils sont adoptés par une minorité de personnes et entités capitalistes, mais cela devient tout simplement intolérable et destructeur lorsque ces comportement deviennent la norme au niveau collectif.

  15. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Un article de Slate.fr intitulé « rééduquons les banquiers », pour se détendre un peu.

    http://www.slate.fr/story/3643/il-faut-r%C3%A9%C3%A9duquer-les-banquiers

  16. Avatar de iGor milhit

    rien n’est simple en effet, mais quelle clarté! y a au moins un grand effet thérapeutique dans ce que vous écrivez sur votre blog, merci!

    on peut difficilement attendre de l’animal étrange que nous sommes qu’il abandonne de lui-même et sincèrement tout désir de « prendre le pouvoir et le garder » au prix de toutes les catastrophes. croire cela et vouloir le mettre en place pourrait bien être encore une forme de volonté de domination.

    ce que vous décrivez avec les délocalisation et les paradis fiscaux (et au sujet de ces derniers, bravo pour votre touche d’humour!) ressemble à mon sens à ce qu’il se passe, de manière peut-être inversée, avec les migrations. et du coup, « on » met des barrières et des murs où « on » peut-veut.

    et aussi: qui voudrait se mettre à « améliorer » les choses n’aurait guère le choix que de tenter (j’imagine que c’est comme perdu d’avance) d’enfermer son « monde » dans des murs bien élevés… et que tout ça a des relents d’autoritarisme peu ragoûtant, mais peut-être faut-il passer par-là…

    ce serait chouette si un nombre toujours grandissant d’ados lisaient ce genre de blog afin de pourvoir enfin pratiquer avec quelques utilités les outils appris à l’école où malheureusement (mais c’est bien normal) on apprend aussi à ne pas souhaiter que les choses changes, pourquoi changeraient-elles? à propos, avez-vous pensé faire une version de ce texte en anglais, et trouvé des collaborateurs pouvant en produire des versions encore dans d’autres langues?

    enfin, toujours ces rêves et désirs que l’on puisse sortir de ce vieux cercle vicieux… encore merci.

  17. Avatar de Candide
    Candide

    @ Beber le cancre et Tous

    HISTOIRE DE LA GRENOUILLE

    Olivier Clerc, écrivain et philosophe, a écrit un petit conte d’une grande richesse d’enseignement. Il s’agit du principe de la grenouille chauffée :

    Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille.

    Le feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue à nager.

    La température continue à grimper. L’eau est maintenant chaude. C’est  un peu plus que n’apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant.

    L’eau est cette fois vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien.

    La température continue à monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir.

    Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50°, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite.

    Cette expérience montre que lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte.

    Si nous regardons ce qui se passe dans notre société depuis quelques décennies, nous subissons une lente dérive à laquelle nous nous habituons.

    Des tas de choses qui nous auraient horrifiés il y a 20, 30 ou 40 ans, ont été peu à peu banalisées, édulcorées, et nous dérangent mollement à ce jour, ou laissent carrément indifférents la plupart des gens.

    AU NOM DU PROGRÈS et de la science, les pires atteintes aux libertés individuelles, à la dignité du vivant, à l’intégrité de la nature, à la beauté et au bonheur de vivre, s’effectuent lentement et inexorablement avec la complicité constante des victimes, ignorantes ou démunies.

    Les noirs tableaux annoncés pour l’avenir, au lieu de susciter des réactions et des mesures préventives, ne font que préparer psychologiquement le peuple à accepter des conditions de vie décadentes, voire DRAMATIQUES.

    Le GAVAGE PERMANENT d’informations de la part des médias sature les cerveaux qui n’arrivent plus à faire la part des  choses…

    Lorsque j’ai annoncé ces choses pour la première fois, c’était pour demain. Là, C’EST POUR AUJOURD’HUI.

    Alors si vous n’êtes pas, comme la grenouille, déjà à moitié cuits, donnez le coup de patte salutaire avant qu’il ne soit trop tard.

    SOMMES-NOUS DÉJÀ À MOITIÉ « CUITS » ?

  18. Avatar de Cécile
    Cécile

    à leduc
    Les morts de la terreur sont 24 fois moins nombreux que ceux provoqués de la guerre lancée par les monarchies contre la République, bizarement ces morts-là contre drapeau de la tyranie, pour un peu on croirait qu’ils n’ont jamais existe…

  19. Avatar de iGor milhit

    @ Cécile
    ben oui, c’est tjs comme ça non? les victimes de l’élite, c’est normal, et quand c’est normal, on en parle pas. par contre, les victimes de soumis qui se rebellent, là, c’est tout à fait hors norme, et quand c’est hors norme, ah ben skon en parle, et de manière horrifiée!
    c’est comme ces histoires de patrons séquestrés… comme il a dit le président sharko, c’est quoi ça d’enfermer les gens? hein? c’est pas bien ça, pas gentil du tout… c’est les salariés qu’on séquestre d’habitude et là tout est normal… d’ailleurs l’Etat de droit va en rajouter encore en matière de législation pour mettre au trou plus de gens, non mais! les mineurs et les autres…
    lorsque qqun en a marre de subir une forme d’oppression et le dit, s’en défend, en général c’est lui qui passe pour le méchant violent…

  20. Avatar de JAMES
    JAMES

    La démonstration de Paul Jorion est limpide et me suggère quelques remarques.
    Tout repose en fait sur la propriété privée des moyens de production, mais aussi de distribution et de ce qui s’appelle encore aujourd’hui « information » ou « communication » (ce dont des ordres qui sont communiqués).
    Par propriété privée il faut entendre propriété des actionnaires (auquels se sont joints les mercenaires qui dirigent les grandes entreprises) des états ou d ‘un parti unique dit « communiste ».
    Le fait que les salariés (=prolétaires) n’aient aucun pouvoir de décision sur le fonctionnement de l’économie, c’est-à-dire sur la manière dont les marchandises sont produites mais aussi sur le choix des marchandises qui sont produites non en fonction de leur usage mais en fonction du bénéfice qu’elles peuvent apporter à ceux qui les font fabriquer et/ou les distribuent doit être la base de la critique non seulement de la crise actuelle mais surtout du terrain mortifère sur lequel cette « crise » a pu apparaître.
    Le monde va se diviser en deux camps : ceux qui veulent encore de ce système, quitte à essayer de le réformer ou de le « moraliser » et ceux qui n’en veulent plus mais qui sont aujourd’hui désarmés, inorganisés et impuissant à proposer un système meilleurs qui ne pourrait apparaître que sur les ruines du système actuel.
    Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !

  21. Avatar de béber le cancre

    @ candide

    Légumes et animaux sont en train de devenir des chimères génétiques , alors rien d’étonnant à ce que
     » petit à petit , la grenouille fasse « cuit cuit « … »
    😉

    ps / « sommes nous cuits? »
    Economiquement ? Ecologiquement? Spirituellement ?Politiquement ?

    Si nous renouons avec l’humain: non, nous ne sommes pas cuits. Dans le cas contraire , oui, à feu doux .

    Quoiqu’il en soit , la prise de conscience écoloqique va , tôt ou tard, remettre les pendules à l’heure .

  22. Avatar de Ken Avo
    Ken Avo

    @ TARTAR (10 avril 2009 à 09:24)

    En fait, les troubles ont déjà commencé. A en croire la presse américaine et anglaise qui s’alarment d’une nette augmenation sur la période des crimes de sang, fusillades diverses dans les lieux publics, agressions à main armée, etc.
    Ce qui ne manque pas de rappeler (même si je reste sceptique) un des derniers bulletins du LEAP qui « anticipait » de graves troubles sociaux à venir dans les pays anglo-saxons (et une vague d’immigration en provenance de ces pays, c’est là où je suis vraiment sceptique)

  23. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    Il n’y a aucune solution globale a la crise.
    J’ai souvent l’impression que les communistes sont des salariés qui rêvent
    de devenir rentiers ou uniquement motivés par l’espoir de gagner plus
    en réquisitionnant l’outil de production.
    Le capitaliste est en quelque sorte un communiste qui a réussit. Leur motivation est la meme
    La conscience du bien commun ne peut s’imposer de l’extérieur sans dérive totalitaire.
    La solution a la crise est en chacun de nous, croire qu’elle doit venir d’un gouvernement
    ou d’un plan de relance c’est mettre en péril l’avenir de tous.

  24. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    @ Ken Avo
    Rien n’est simple, mais la logique DETERMINISTE des analystes leur disait à coup sûr que l’entonnoir se rétrécissait en 2008.
    Alors les financiers qui possèdent les politiques savaient à quoi s’en tenir.

  25. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Ho Paulo, tu pousses le bouchon.

    Rien n’est simple c’est vrai. Rien n’est compliqué non plus lorsqu’on à envie de se simplifier la vie.

    Tout peut être beau lorsqu’il fait soleil, aux côtés de ceux qu’on aime et qu’on à la panse bien remplie.

    C’est toujours lorsque la situation est la plus dramatique qu’on est le plus près de la solution; encore faut-il la saisir.
    C’est de même manière qu’au plus haut on est déjà en bas.

    Une seule chose est certaine en ce monde, c’est le changement. Il est loin de toujours se diriger vers le pire.

    Joyeuses Pâques à tous.

    Pour trois jours pas de cloches (sauf à Rome). Profitons-en !

  26. Avatar de Cécile
    Cécile

    le coup de la grenouille, ça marche aussi avec les homards ? et les crocodiles ? et les caïmans ?
    (vengeance posthume de la grenouille ?)

  27. Avatar de CM
    CM

    En cas de reprise économique les problèmes énergetiques seront rapidement au rendez-vous. Et la conversion à l’économie verte ne se fait pas en un claquement de doigts. L’AIE prévoit déjà qu’en cas de reprise vers 2013, une nouvelle, et plus sévère flambée pétrolière se produira, plutôt 200$ que 140$ le baril. Ensuite on repartira pour un tour de crise économique. Sans parler des problèmes climatiques.

  28. Avatar de Candide
    Candide

    @ Ken Avo

    Ce qui ne manque pas de rappeler (même si je reste sceptique) un des derniers bulletins du LEAP qui “anticipait” de graves troubles sociaux à venir dans les pays anglo-saxons (et une vague d’immigration en provenance de ces pays, c’est là où je suis vraiment sceptique)

    Mettons-nous à leur place : en cas de chaos (dans un pays anglo-saxon), où irions-nous ? Quel pays serait à même de nous accueillir et serait le plus proche de nous culturellement ?

    Maintenant, n’oublions pas que LEAP prévoyait la chute du $ pour fin 2008, alors… Soit ils exagèrent purement et simplement, soit ils sont pessimistes dans leurs prévisions en ce qui concerne le timing.

    N’oublions pas non plus que les bouleversements liés à la crise seront certainement progressifs, et ne se produiront que rarement du jour au lendemain.

  29. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    @Paul :

    «Quand les frontières se sont ouvertes, les emplois industriels et les usines où on les trouve se sont donc déplacés là où les salaires sont les plus faibles. »

    Je me suis toujours demandé si Adam Smith revenait sur terre ce qu’il penserait d’un monde où la production industrielle s’est concentrée en suivant la loi du salaire minimum pour arriver à une géographie des productions industrielles pour le moins curieuse.

    Pour délocaliser toutes les usines il fallait une énergie bon marché, le pétrole, et une monnaie associée à cette énergie, le dollar. Dès lors l’entente sur les prix entre l’investisseur et l’entrepreneur pour la production des biens à la consommation délocalisés tenait compte d’une économie d’échelle substantielle : Les capitalistes américains ne payaient plus le coût véritable du pétrole pour importer leurs marchandises, mais produisaient d’une main la monnaie-crédit qui servait à payer le pétrole qu’ils achetaient de l’autre main. Le pétrole ne titrant qu’en dollar, jamais plus les consommateurs américains en bout de chaine ne payèrent le coût réel de leur industrie textile ou sidérurgique délocalisée, tant le hold-up sur cette matière première était de taille. Une fois le pétrole payé en dollar et consommé, il restait des milliards de pétro-dollars, et autant de bulles spéculatives amusantes à inventer avec cette monnaie que n’auraient certainement pas reniée les célèbres « schadocks », eux aussi sur leur planète pompent jour et nuit : Et finalement, après vidage de toutes les nappes pétrolifères de la planète, les chaussettes de l’humanité sont produites dans une seule région de Chine, voilà la logique shadock à l’oeuvre…

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