L’actualité de la crise : La rumeur de Wall Street, par François Leclerc

Billet invité.

LA RUMEUR DE WALL STREET

La fausse rumeur se propage, alimentant les déclarations et faisant les titres accrocheurs de l’actualité : « et si des signes de reprise étaient en train de se manifester ? ». On relève alors le ralentissement de la chute des exportations chinoises (vous avez bien lu, elles continuent de chuter, mais plus lentement, c’est donc bon signe). Ici, un hypothétique regain d’activité immobilière en Californie, relevé par Wells Fargo, peut-être pour faire oublier l’affichage de résultats insolents, sans trop s’étendre sur leur origine et sans rappeler l’aide publique reçue. Là, le feu d’artifice à Wall Street des valeurs bancaires. Sans s’interroger sur la raison réelle de cet enthousiasme, saluant à la fois les résultats du premier trimestre et la perspective de nouvelles juteuses affaires, dans les deux cas grâce à la crise et la poursuite de ses opportunités financières. Enfin, on attend de la publication prochaine des résultats trimestriels américains des miracles, prêts à croire en ceux-ci aveuglément et par avance, continuant d’ignorer les mauvaises nouvelles pour ne célébrer que les bonnes. Se concentrant sur les valeurs financières en oubliant celles des sociétés non financières, qui reflètent l’état de l’économie. Tant on voudrait que cela soit vrai, ou plutôt, tant on voudrait faire croire que cela est vrai.

Vous voulez un exemple ? Le site internet Firedoglake et l’association Progress Michigan viennent de lancer un mouvement de boycott de la banque JP Morgan Chase, qui refuserait d’aider le constructeur automobile Chrysler en convertissant une partie de ses prêts en actions du groupe, en dépit du fait qu’elle a reçu 25 milliards de fonds publics. Une renégociation de la dette pourrait être moins intéressante pour la banque que de mettre la main sur les actifs mis en gage par Chrysler, après faillite.

On ne sait plus finalement quel est dans cette affaire de reprise économique annoncée le but recherché : faire croire à une reprise, pour ensuite en faire supporter l’absence à la faute à pas de chance, ou bien relativiser les bonnes affaires exclusives des uns en crédibilisant la prochaine venue de celles des autres ? Il semble clair que la communication des établissements financiers américains est en de bonnes mains.

A l’appui de la reprise, le Wall Street Journal vient de publier la dernière livraison d’un sondage qu’il effectue régulièrement auprès de 54 économistes, dont il est retenu que pour la première fois depuis longtemps, les choses n’empirent pas. C’est tout du moins ce qui est ressenti, ou tout simplement déclaré, par ces experts. De l’espoir à la réalité, le pas est alors vite franchi dans les têtes. Le fait que cela n’empire pas est vite traduit en l’idée que l’activité économique va reprendre, et pour ceux qui veulent être plus prudents, faire l’objet d’un rebond. Oubliant vite la nuance entre reprise et rebond pour ne retenir que la remontée initiale. Reconnaissant toutefois que, pour le chômage, cette regrettable victime collatérale, ce sera plus long. Quant à ceux qui, se considérant moins crédules, ne veulent pas y croire, ils hésitent à le dire sous cette pression, de peur d’être demain rangés dans la catégorie des pronostiqueurs de malheur, on ne sait jamais.

En réalité, on ne sait plus à quel saint se vouer, soupçonnant que si les banques ont fait de bonnes affaires, comme en font les entrepreneurs de pompes funèbres lors des grandes épidémies, elles n’ont pas été transparentes sur les provisions et dépréciations à venir. D’autant que, avec la crise, le taux de défaut des crédits accordés par les banques s’est nettement aggravé au premier trimestre. Ces dernières vont lourdement souffrir de la dégradation continue des prix de l’immobilier et de la montée du chômage, et devoir à nouveau déprécier, selon un jeu sans fin de rattrapage.

Les fuites dans la presse sur le résultat des « stress tests » n’ont de leur côté pas rassuré, étant donné la totalité opacité qui règne sur les critères employés. Ces fuites sont considérées comme un classique ballon d’essai, permettant d’ajuster le tir quand le moment viendra d’annoncer les résultats officiels. La situation est en effet délicate à gérer. Si trop de banques devaient avoir recours, après test, à des augmentations de capital, la « confiance » pourrait s’effondrer à nouveau. Mais si trop peu d’entre elles le faisaient, les « stress tests » ne seraient pas crédibles, ce qui affecterait tout autant la « confiance ».

D’autres fuites, déjà rapportées, faisant état des nouvelles estimations du FMI à la hausse, à propos de la facture des actifs toxiques, accréditent que l’on n’en a pas fini. La Fed elle-même, selon les minutes de sa réunion de politique monétaire de mars, estime que le PIB américain devrait ralentir sa chute progressivement (toujours le même concept de décélération de la baisse) jusqu’à se stabiliser au second semestre de cette année, et progresser ensuite lentement en 2010. « Je ne pense pas que nous puissions nous raccrocher à la perspective que le chômage se stabilise au niveau actuel », vient d’affirmer Larry Summers, premier conseiller économique de Barack Obama. Mercredi dernier, un des dirigeants de la Fed, Richard Fisher, a estimé que le taux de chômage pourrait atteindre 10 % d’ici à la fin de l’année. C’est un indicateur qui vaut bien celui de la bourse. La version officielle s’en tient donc, elle, à la prudence : la reprise, oui, mais ce n’est pas pour demain.

Selon un sondage de l’institut Rasmussen Reports, qui vient d’être rendu public, 20% des Américains interrogés citent le socialisme comme étant leur système préféré, contre 53% le capitalisme. C’est déjà un résultat extrêmement étonnant. Mais la surprise ne s’arrête pas là. Selon un précédent sondage du même institut, fin décembre dernier, 70% des personnes interrogées avaient fait part de leur préférence pour une économie fondée sur le marché libre (free market). Comment analyser le fait que le capitalisme bénéficie de si peu de vertu comparée, si ce n’est, remarque l’institut dans ses commentaires, que ce dernier n’est pas considéré comme reposant sur un marché libre ? D’ailleurs, selon encore un autre sondage de mars, toujours effectué par le même institut, deux personnes sur trois estimaient alors que la collusion des intérêts du monde politique et de celui des affaires nuisait aux consommateurs et aux investisseurs.

Ce n’est pas vraiment pour les mêmes raisons que Goldman Sachs s’apprêterait à procéder à une augmentation de capital de plusieurs milliards, afin de rembourser les dix milliards de dollars injectés par le Trésor américain en octobre dernier, selon les agences de presse et le Wall Street journal. Tout en prétendant de manière toute paradoxale qu’elle n’a pas besoin de capitaux frais, mais qu’une augmentation de capital réussie serait un signe encourageant sur sa santé financière.

Cela rappelle la déclaration de mercredi dernier de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, expliquant doctement que, contrairement aux banques anglaises, les banques françaises pouvaient parfaitement se passer du concours de l’Etat, mais que s’il s’était abstenu d’intervenir, cela aurait freiné la distribution du crédit. Il s’agissait pour lui de faire ainsi admettre que les 5,1 milliards d’euros apportés faisaient de l’Etat le premier actionnaire de BNP Paribas, sans disposer du moindre droit de vote, était une situation somme toute normale, puisque la BNP n’a pas besoin de cet argent et que l’Etat lui impose, en quelque sorte, de l’accepter. Il ne serait pas « normal » donc qu’en plus la BNP Paribas doive consentir le sacrifice de céder des droits de vote.

Dans le cas de Goldman Sachs, ainsi que dans celui d’autres banques américaines, qui toutes attendent avec impatience de pouvoir restituer au Trésor ses fonds, afin de récupérer leur totale liberté, on observe une claire illustration d’un phénomène majeur. Le système financier (l’OFCM, l’oligarchie financière capitaliste mondiale) exige son total affranchissement de l’esclavage que représente à ses yeux un contrôle de l’Etat, aussi modeste et timide soit-il. Nous y voilà, à nouveau. Comment va-t-il y parvenir ? En levant des fonds grâce à l’embellie boursière qu’il suscite. Encore plus simple que d’utiliser la création monétaire via sa banque centrale pour un Etat.

Plusieurs banques, dont JP. Morgan et Wells Fargo, devraient tenter des opérations similaires dans les semaines à venir. Afin de tirer profit de la hausse des valeurs financières pour lever des fonds en masse sur le marché et redresser leur bilan au plus vite, avant que n’arrivent de nouvelles mauvaises nouvelles pour le secteur financier. Par exemple le résultat des stress tests.

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28 réponses à “L’actualité de la crise : La rumeur de Wall Street, par François Leclerc”

  1. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Les titres actuels de la presse reflètent que les tenant du système financier actuel, qui « exercent » d’ailleurs avec les pouvoirs étatiques, ont tellement besoin que ce type de système perdure, qu’apparemment au moins, enfin pour leurs seules intérêts, ils ont la possibilité de maintenir ce sytème en « activité » quoiqu’il advienne, car ils marchent avec les États qui les soutiennent. Ce sytème à faire de l’argent par de l’argent de n’importe quelle façon (on appelle ça la chrématistique) et par n’importe quels moyens, tant que les sociétés ne « percolent » pas, par exemple, en s’ « exprimant » de manière « extra parlementaire ». Mais les tenants du système financier ne sont-ils pas eux-mêmes les tout premiers extras parlementaires en se mettant la « loi » dans la poche pour que durent leurs intérêts contre nous?
    Et tandis que nous devenons un électorat fantoche!

    Ils ont ce pouvoir étonnant de faire tenir un système faux, usurier, délétère, voire létal car ils tiennent et élaborent les lois, tout comme les absences de lois. Ils ont ce pouvoir « magique » de se soustraire à la vérité économique et sociale et d’imposer le mercantilisme quasi absolu cultivé à fond par les principaux média qu’ils possèdent d’ailleurs.

    Et puis ce sont toujours les mêmes hommes qui sont là et bien là à nous saouler d’ennui. Hommes présentés comme « géniaux » mais sans imagination, ne proposant rien de sain, de vrai, d’utile et de fécond, si ce n’est une « intelligence sublime » à trouver des « trucs » et des nouveaux bidules pour attirer notre attention pourvu, mais pourvu que le système, ce système sacro-saint, subsiste et perdure. Dernièrement, on lisait un entretien avec Dominique Strauss-Khan… le grand « ingénieur en chef » (sans lequel rien n’eut été possible…) de Jospin sous lequel on a jamais autant privatisé, rien qu’en France. Mais bien sûr, et le tremplin du FMI va l’y aider fortement, le murmure enfle qu’il se présenterait à la présidence de la république en 2012. Quel renouveau!! Cela vaut bien (si la rumeur était fondée) un refus à Sarkozy après que ce dernier lui aurait proposé de devenir son premier ministre, mais ça viendra peut-être avant d’être président de la republique à son tour, etc, etc. Non seulement ces « grands docteurs » ont confisqué la clé, mais ils empêchent d’entrer ceux qui le voudraient.

    Des intervenants sur ce blog on dénoncé et décrypté, souvent avec brio, ce processus dissolvant et délétère qui nous barre littéralement le chemin.

    Bien sûr qu’il y aura un retour de flamme, mais malgré cela, on peut prévoir une stagnation économique, sans doute prolongée, sans percée ni plongeon, pour une vie économique et sociale végétative avec suffisamment de précrarité et de chantages savants et indirects pour dissuader toute réformes sauf les « leurs », ou l’ « extra parlementarisme »…

    Pourtant, mais avec des hommes différents (enfin!!) si les autres doivent être chassés, des solutions vraies existent et ne demandent qu’à s’exercer. Elles ont pour nom le Crédit Social, l’Écosociétalisme, et toutes les formules qui leur correspondent. En Suisse existe le WIR, concrètement et opérationnellement (depuis 1934!), mais depuis 10 ans son usage a bondi, le WIR est utilisé auprès de 75 000 PME, PMI suisses. C’est une monnaie est anti usuraire très bon marché, le WIR est capable de fonctionner à lui seul en dehors des monnaies existantes s’il le fallait et à plus forte raison en cas de clash économique.

    De plus en plus nous voyons clairement que nous avons à faire à un problème d’hommes.

  2. Avatar de logique
    logique

    bonjour Paul et fronçois,

    Vous faites de bon articles, et c’est vrai que cela fait un peut peur tout se merdier politique-financier-économique. Je pense que chacun préfererait que tout rédemarre et que l’ont puisse continuer tranquillement notre petite vie. Mais de toute façon je pense que les dés ont été jeté mais que personne ne vaut ouvrir la boite pour découvrir le résultat. D’ailleurs est ce que les armuriers ont licencier ?

  3. Avatar de A-J Holbecq

    Les milliards d’euros apportés aux banques vont leur permettre d’augmenter leurs trésoreries (en actifs), donc de compenser certains actifs pourris, donc de relancer la machine à crédit.
    Mais d’où viennent donc ces milliards avancés par l’Etat? Eh bien, d’emprunts sur le marché monétaire , monnaie payante issue de la création monétaire bancaire … drôle, non ?

  4. Avatar de Dzakye

    Je connais votre visage à partir de « seesmic.com » et je découvre ce blog.
    Je ne suis pas économiste du tout, mais une petite question m’est venue à l’esprit en lisant votre article.
    Qu’on essaie de manipuler l’information pour donner de la confiance illusoire aux marchés financier, je peux le comprendre – Paradoxalement, la désinformation c’était autrefois l’apanage des systèmes communistes!.

    Mais vous qui êtes un spécialiste, dites-moi,
    1) les indices concrets, objectifs, pour dire qu’une reprise a lieu existent-ils? Le facteur humain, la confiance n’est-il pas souvent tellement puissant qu’on ne peut pas se fier à d’autres facteurs (soit-disant concrets et objectifs).

    2) Je crois vous avoir entendu dire sur seesmic une fois que la crise actuelle avait clairement été prévue, que c’était une conséquence « logique » de tout ce qu’indiquaient des facteurs économiques concret. De même, peut-on dire que la fin de la crise, qui est une sorte de processus d’ « équilibrage », de réajustement, si je comprends bien, est-elle prévisible?

    3) Les Etats font-ils tout ce qu’il faut pour que les conséquences de la crise soient restreints ou se rendent-ils au contraire les ôtages de la crise en voulant la contrer? Autrement dit: Les actions politiques de « relance » au niveau mondial vont-elles à coup sûr avoir un effet positif, ou risquent-elles au contraire d’avoir des conséquences encore pires que celles que ces mesures essaient de contrer?

    Désolé de vous poser toutes sortes de questions qui sont sûrement basiques. Je serais reconnaissant pour toute ébauche de réponse. En tous les cas, merci pour votre blogue et pour toutes vos communications.

  5. Avatar de iGor milhit

    Pour commencer: comment ça? quelle crise? y a eu une crise?

    On ne sait plus finalement quel est dans cette affaire de reprise économique annoncée le but recherché…

    Si la crise n’est plus, alors les millions de chômeurs et de homeless vont bien être forcés d’admettre que leur situation est de leur seule responsabilité.

    D’autant que, avec la crise, le taux de défaut des crédits accordés par les banques s’est nettement aggravé au premier trimestre.

    Ah! mais c’est bien sûr: il s’agit de la reprise… de la crise! [de fou rire, nerveux le fou rire].

    20% des Américains interrogés citent le socialisme comme étant leur système préféré, contre 53% le capitalisme

    Mais l’écrasante majorité attend que jésus reviennent piquer une crise (ben oui) de nerfs dans le temple des marchants.

    @ Rumbo
    ça fait un moment que je vois sur ce blog ces étranges infos sur le WIR et je n’en avais jamais entendu parlé, et comme je suis helvète, ça m’intrigue… je vais aller me renseigner un peu.
    reste que question oligarchie en suisse, c’est une tradition très vieille, aussi vieille que la démocratie directe, le commerce en tout genre et le secret bancaire. les citoyens suisses en général soutiennent leur oligarchie même sans savoir. le seul qui a mis à mal nos oligarques, c’est Napoléon Ier, un empereur… mais depuis ils se portent mieux.
    aussi je serais vraiment étonné qu’une bonne idée pour un monde meilleur sorte de ce WIR-là et de l’oligartie helvéchique. mais j’aime bien être étonné.
    en parlant de tradition, il y a aussi une relation spéciale entre la CH et les USA, exemple Gallatin.

  6. Avatar de schizosophie
    schizosophie

    Le G20 a rempli la baignoire trouée en prenant l’eau des fleuves, c’est-à-dire en aspirant, pour des années à l’avance, l’argent des consommateurs et contribuables. Et les bourses ne regardent que l’eau de la baignoire sans rien colmater ni s’inquiéter de la source de la liquidité. C’est le destin de Narcisse dans sa maison (oikos).

    Moins l’argent des banques a de valeur (autrement dit, plus il est apparent que l’argent qu’elles attendent de l’économie réelle, de la production, ne viendra pas dans les proportions attendues), plus les Etats les aident en s’endettant auprès d’elles. En un mot, plus elles perdent, plus celles d’entre elles qui survivent gagnent. Les multinationales ont achevé de s’inféoder les Etats. Le système, toujours plus déconnecté du mode de production qui est son support réel, est comateux pour toujours. Mais l’euthanasie est interdite. Le système est maintenu artificiellement, par en haut, par le miracle des perfusions étatiques et par en bas, par le rôle policier des Etats qui contiennent le retour de bâton social.

  7. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Rumbo

    La Suisse, est une démocratie, bien avant D’autres qui se prétende les premiers… Guillaume Tell, le serment du Rutly, l’Escalade et la soupe de la mère Machin contre les savoyards…
    Du village de mon enfance, la Suisse et la Savoie ne sont pas sans me remémorer surtout Mandrin…
    pas le WIR, mais le crédit social oui, c’est vieux, un peu comme des banques coopératives, et ça marche, même vers 1900 quand les autres banques tombent comme des mouches …

    Où en est la Suisse ?

  8. Avatar de iGor milhit

    @Cécile
    Grutli le sermet et la mère royaume, c’est dire… (à propos, genève aime bien la date du 31 décembre…1815 pour bien dire le soulagement qu’elle a éprouvé à la restauration)
    la suisse est une démocratie depuis 1848 au mieux.
    mais surtout à ses débuts, la suisse n’eut la possibilité d’exister que parce que les empires l’on bien voulu… depuis elle garde ce réflexe, cette habitude de traîner à la recherche de bonnes affaires dans l’ombre et les angles morts des empires…
    où en est la suisse? demandez à ambroise pritchard

  9. Avatar de Champignac
    Champignac

    Le coté amusant, c’est que, d’une part on a un G20 qui vient de clamer la nécessité de réguler davantage le système financier, et bancaire en particulier. Inutile de rappeler, je suppose, que, dans les objectifs du G20, figurait en bonne place le « contrôle » des salaires démesurés, bonus, parachutes dorés, etc… Parmi les signataires, il y avait, les Etats-Unis.

    Et, de l’autre coté, nous avons un système bancaire… aux Etats-Unis, qui concentre toute son énergie à rembourser le plus vite possible les prêts dont il avait bénéficié. Avec pour objectif déclaré de se débarrasser au plus vite… des quelques (maigres) contraintes régulatoires qui lui avaient été imposées à cette occasion. Tout particulièrement de celles qui concernaient les salaires, bonus, rémunération & Cie.

    Ca me fait penser à une réplique, devenue célèbre en Belgique, lors de la Commission d’enquête sur l’affaire Dutroux, « il y a, dans cette salle, une personne qui ne dit pas la vérité ».

    Plus sérieusement, je pense qu’il faut cesser de s’illusionner sur la participation éventuelle des Etats-Unis à ce qu’on pourrait appeler un « capitalisme moins financier ».

    Manifestement, il y a, là bas, des forces très puissantes qui sont à l’œuvre. Elles le sont à l’intérieur même des structures gouvernementales (pas vraiment une surprise). Et ces gens-là ont décidé de faire redémarrer le système à n’importe quel prix, inchangé, ou presque. C’est cela, dont nous voyons les signes avant-coureurs.

    J’ajouterais: et alors?

    Que les Etats-Unis fassent donc ce qu’ils veulent. Nous ne sommes pas en mesure de les en empêcher, de toute façon. S’ils veulent s’enfoncer la tête dans le sable jusqu’en Chine, à sortir du coma leur système pourri jusqu’à l’os, grand bien leur fasse. Nous avons assez analysé les choses, sur ce blog, et dans bien d’autres endroits, pour savoir que ce « miracle » n’aura qu’un temps. A paramètres inchangés, la reprise ne sera qu’illusion. Et la chute qui lui succédera sera plus dure encore.

    Ce sur quoi il faudrait se concentrer, maintenant, c’est sur ce qui va se passer ici, en Europe. Il s’agit d’éviter d’être recontaminés par l’attitude suicidaire des malades qui gouvernent l’outre-Atlantique. Il ya suffisamment de gens, de ce coté, qui ont compris quelle était l’origine de leurs problèmes. Et qui n’ont pas envie de recommencer ça dans cinq ou dix ans.

    Nous devons exiger, de nos propres dirigeants, un « découplage ». Nous devons exiger d’eux de ne pas tout abandonner au motif de la « reprise ». Comme on va les inviter à le faire. Nous devons expliquer, faire savoir, que, même si les Etats-Unis ne jouent pas le jeu, ça ne doit nullement empêcher les réformes prévues d’être mises en œuvre. Quitte à le faire sans eux.

    Nous devons faire comprendre que, ici, en Europe (et peut-être ailleurs, car je ne pense pas que seuls les Européens en aient marre), la « reprise » ne doit pas, ne peut pas, se faire à n’importe quel prix, juste pour sortir du trou le plus vite possible. Qu’elle doit redémarrer sur des bases plus saines. Faute de quoi nous replongerions, nous aussi, à la prochaine implosion de dettes.

    Est-ce une illusion? Est-ce impossible? Car, nous avons, ici aussi, notre propre oligarchie mondialisée. qui va s’empresser de relayer le message du « tout va très bien, Mme la Marquise ».

    En tout cas, le coup me semble bien plus jouable en Europe, où l’envie de sortir de se sortir de ce système de bulles perpétuelles est présente depuis longtemps. Mais, pour ça, il va d’abord falloir sortir, d’abord, les gens du « rêve Obama ». Exiger de lui des actes. Non des paroles contredites au quotidien par son administration.

    Un « autre monde » est toujours possible. Mais il nous faut avoir le courage de dire, maintenant, que, si on ne peut pas tenter de le bâtir avec les Etats-Unis, eh bien, on le fera sans eux.

  10. Avatar de johannes finckh

    @Champignac;
    Ok pour ce «  »découplage »; j’ai des idées pour cela que j’ai soumis à la BCE!
    Puis-je entendre les vôtres plus précisément?

  11. Avatar de Cécile
    Cécile

    à johannes finckh
    mon message pour la BCE (et co)
    « il faut gagner de l’argent pour vivre et non pas vivre pour gagner de l’argent »

    à Champignac
    vu la fuite en avant
    je le pressentirais plutôt sous ce vent là
    (sur l’air de blanc-bonnet, bonnet blanc)
    http://avanti-populo.com/images/dessins/sortieexitjpg.jpg

  12. Avatar de Noviant

    Des rumeurs ? Plutôt un vacarme de propagande !
    Il faudrait encore au moins 2 mille milliards de $ pour sauver le banques sous annonçait Geithner secrétaire au trésor, et on nous prépare maintenant à se voir présenter les bons résultats des banques. Ou elles sont en faillites, ou elles n’ont pas besoin d’aide, c’est aussi simple que cela. Manifestement c’est une véritable fraude que les banques nous ont organisé avec le soutient des gouvernements Bush, puis Obama… Si la confiance est la clef de la reprise on s’éloigne d’une solution. La passivité des citoyens États-Uniens est sidérante. Combien de temps cette fuite en avant va-t-elle durer ?…

  13. Avatar de Moi
    Moi

    @Dzakye : je ne suis pas spécialiste mais il se raconte que:

    1) la confiance c’est le pont aux ânes des experts des grands médias. L’économie a tout de même ses réalités et actuellement rien n’indique encore une reprise. Par contre, le déficit budgétaire US devient colossal. Et le chômage continue de grimper. Si la bourse est actuellement euphorique c’est parce qu’il y a un gros rebond technique dans lequel sans doute beaucoup de boursicoteur vont se faire piéger et que l’Etat US a décidé de prendre à sa charge les pertes des banques. Si tout ça ne finit pas en catastrophe, c’est à n’y plus rien comprendre.
    2) voir ci-dessus.
    3) l’Etat US est en train de renflouer Wall Street, au risque de s’enfoncer lui-même. Le moins que le puisse dire c’est qu’une issue favorable à tout ça est incertaine.

  14. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    Même Francis Lalanne sort un bouquin pour dénoncer la tyrannie actuelle. Même Lalanne ………
    Y se présente même aux européennes!!!! Bref tout le monde sait que le système est mort.
    Les perfusions actuelles servent à préparer en coulisse la prochaine tyrannie. Dont on
    aura les preuves dans 50, 100 ans. Qui peut faire de la prospective pour anticiper quelle
    sera la prochaine oligarchie????

  15. Avatar de A-J Holbecq

    As t’on déjà parlé de cet article de William Engdahl « Le terrible secret de Tim Geithner : le système financier mondial est en péril » ?

    http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=13066

  16. Avatar de thibord
    thibord

    « Road To Recovery  » en bandeau sur CNN il y trois semaines environ, a disparu….

  17. Avatar de vladimir
    vladimir

    bonjour,

    de multiples initiatives aussi aux USA a de multiples niveaux,certes peu visibles comme presque partout,mais la cristallisation est en route :

    MALGRE LA PLUIE TORRENTIELLE,la MANIFESTATION A NEW YORK devant WALL STREET le 3 avril,a bien eu lieu, dans l’indifference mediatique ? :

    April 3 & 4: People Need Jobs! Protesters March on Wall Street Demanding: Bail Out People, Not Banks!

    Bail Out the People Movement

    http://www.iacenter.org/actions/wallst060409/

    LES MONNAIES LOCALES se creent :

    Communities print their own currency to keep cash flowing

    By David Coates, The Detroit News, via AP

    In Detroit, three downtown businesses have created a local currency, or scrip, to keep dollars earned locally in the community.

    By Marisol Bello, USA TODAY

    A small but growing number of cash-strapped communities are printing their own money…

    http://www.usatoday.com/money/economy/2009-04-05-scrip_N.htm?csp=34

    la contestation institutionnelle :

    Des partisans de Chrysler appellent à boycotter JPMorgan Chase

    NEW YORK, 9 avr 2009

    Deux organisations ont lancé cette semaine un appel à boycotter la banque américaine JPMorgan Chase, l’un des principaux créanciers de Chrysler, accusé de menacer la survie du constructeur automobile en refusant de renégocier sa dette.

    Le site internet Firedoglake et l’association Progress Michigan, tous deux classés à gauche, ont lancé un mouvement de boycott en arguant que, puisque la banque new-yorkaise avait déjà reçu 25 milliards de dollars de fonds publics, dans le cadre du plan de sauvetage du système financier, il était de son devoir d’aider en retour Chrysler à éviter la faillite.

    Un ancien cadre de Chrysler, Philip Reid, a lancé sur Facebook un groupe de soutien à ce boycott qui jeudi revendiquait 195 membres.

    « JPMorgan Chase refuse de négocier un accord équitable sur la dette de Chrysler qui sauverait des emplois Chrysler dans toute l’Amérique, et pourtant (cette banque) a reçu des dizaines de milliards de dollars d’aide soutenue par les contribuables », lit-on sur le forum de ce groupe.

    Ce mouvement se réfère à un article du Wall Street Journal le week-end dernier, révélant que les banques ayant accordé 6,8 milliards de dollars de prêts à Chrysler, parmi lesquelles JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Citigroup et Morgan Stanley, renâclent à convertir 5 milliards de cette dette en actions.

    Selon les sources citées par le journal, ces banques détiennent des gages importants pour ces crédits: des usines et des actifs de Chrysler, qu’elles pourraient récupérer si le constructeur ne parvenait pas à se restructurer et devait se placer en faillite. Dans ces conditions, une renégociation de la dette pourrait être moins intéressante pour ces banques que de mettre la main sur les actifs d’un Chrysler en faillite.

    A elle seule JPMorgan détiendrait 2,5 milliards de dette de Chrysler, ce qui en fait son plus gros créancier.

    La banque a publié jeudi un communiqué commun avec d’autres détenteurs de la dette de Chrysler, indiquant que ceux-ci étaient « engagés dans des discussions avec le Trésor et Chrysler » et « continu(aient) à travailler de manière diligente pour parvenir à une solution sensée » aux problèmes du groupe.

    Un blocage des banques sur la dette de Chrysler pourrait ralentir le projet de rapprochement avec le constructeur italien Fiat, notait le Wall Street Journal, et avoir un effet dissuasif sur les négociations avec le syndicat américain de l’automobile (UAW), poursuit le quotidien.

    Or ces trois dossiers doivent impérativement être menés à bien pour que l’administration du président Barack Obama consente à continuer d’aider le constructeur, qui a déjà reçu 4 milliards de dollars de fonds publics.

    http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=217308&PHPSESSID=1be1bbeb3d280dde23c17ce5c6b75f55

  18. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    @dzaky

    Je vois souvent évoquer le système communiste. Mais de quoi parlons nous?
    Du communisme de Marx? Je ne pense pas me tromper beaucoup en affirmant qu’a part les amish et quelques petites communautés les théories de marx n’ont jamais été appliquées (partage du travail redistribution).Certaine dictatures se sont réclamée du communisme
    mais ca s’arrète la. Meme Marx avait précisé que son système ne pouvait s’appliquer que dans une société capitaliste prospère et surtout pas en russie. je ne suis pas communiste mais le procès qui est fait au communisme a cause des dérives totalitaires de l’ex union soviétique c’est un peu comme si on reprochais a l’enseignement de Jésus :les dérives de l’inquisition,les croisades et le massacre de la saint barthélemy .

    dérives de l’inquisition, les

  19. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Sur ce site, les manifestations d’aujourd’hui aux USA /

    http://anewwayforward.org/demonstrations/

    Avec cet appel à signer une pétition :

    Pledge to Break Up the Banks
    Tell Obama and Congress: « If it’s too big to fail, it’s too big to exist. Dismantle the power of the financial elite and make policies that keep a new crop from springing up. We want our economy and politics restored for the public. »

  20. Avatar de Jeanbinus
    Jeanbinus

    Ce qui m’a frappé dans l’article de François Leclerc est l’apparition d’acteurs sociaux qui tentent d’influer sur le cours des événements ([…] Le site internet Firedoglake et l’association Progress Michigan viennent de lancer un mouvement de boycott de la banque JP Morgan Chase, qui refuserait d’aider le constructeur automobile Chrysler […]).

    Générer des changements aussi profonds que ceux qui sont appelés de nos voeux, relèveront de la rencontre de précurseurs avec des personnes déjà sensibilisées qui motiveront d’autres… etc. Elle ne proviendra pas du haut de la pyramide, mais de la pression sociétale. Ou plutôt, le changement naîtra de la rencontre de précurseurs – on pourrait penser à des personnalités telles que Joseph Stiglitz, James Robertson, … (je suppose qu’il y en a d’autres dans toutes les cultures) – avec la communauté des citoyens.

    Encore faut-il identifier ces leaders charismatiques et permettre que leurs propositions soient exposées au public au moins à parts égales que les tenants de « l’orthodoxie du capitalisme », lequel a achevé son cycle historique. Ce qui n’est pas le cas et de loin (il n’y a qu’à entendre les journaux télévisés et les informations radiophoniques, lire les journaux à grand tirage…). Il ne s’agit pas de convaincre les convaincus. Il importe d’amener le plus grand nombre à percevoir la nécessité de procéder à une nouvelle évolution historique de l’économie et de la finance et d’être les acteurs de ces changements.

    L’investissement à consentir ne peut pas être compté en terme de semaines ou de mois. Mon expérience pour amener des changements d’attitude et de technique professionnelles sur une petite région a nécessité plus de 10 ans. Durant cette période, des sessions d’information et de formation ont été mis sur pied et suivi par un nombre critique de participants régionaux. Des supervisions de réseaux pluridisciplinaires sur plus de deux ans à raison de 10 séances mensuelles de 3 heures ont joué un rôle significatif. Ce que je veux dire par ce témoignage, c’est qu’il n’y aura pas de changement – autant nécessaire que suffisant – sans un investissement d’un nombre suffisamment critique des populations couvrant les 5 continents et sur une période qui se compte en années, peut-être même en génération(s).

    En ce moment de l’Histoire, l’humanité se trouve confrontée à la nécessité de faire des choix douloureux, sans savoir si les changements pouvant être imaginés lui apporteront un mieux-être. On peut, on doit comprendre qu’elle ait peur et soit à priori réticente. Une des difficultés à surmonter est d’aider le plus grand nombre à faire le deuil de ce qu’il connaît bien et peut maîtriser, pour aller vers l’inconnu, avec la perte de maîtrise qui va avec. C’est valable pour tout le monde, y compris les financiers et les économistes. C’est d’abord une affaire d’êtres humains, d’individus. À mes yeux, il me semble donc normal à ce stade que le plus grand nombre de financiers et d’économistes soient encore dans le déni, premier stade du processus de changement ( 1. déni – 2. colère – 3. négociation – 4. dépression (tristesse) – 5. acceptation et pour finir, 6. mise en sens).

    L’humanité ses choix faits, devra conduire deux immenses chantiers de front, lesquels sont de surcroît intriqués, à savoir les échanges de biens et de services (économie et finance) et les échanges avec son environnement (écologie). Si l’humanité choisit de ne pas choisir – ce sera malgré tout son choix – la sanction de sa logique sera peut-être (certains pensent probablement) sa disparition. L’histoire de l’Évolution dit que notre petite planète a déjà vécu ce genre de crises majeures et les a dépassées.

    Il me semble de plus en plus en lisant ce blog que la capacité d’analyse – indispensable pour fonder le diagnostic – prend trop de poids par rapport l’élaboration d’un processus – c’est-à-dire établir l’ordonnance – lequel doit définir les passages obligés pour arriver à l’objectif d’un nouvel état d’équilibre et de mieux-être pour tous. Il me paraît que les processus et les procédures sont de plus en plus disséminés dans une foison d’articles. Ne serait-il pas le moment d’élaborer une synthèse au moins provisoire ?

    N’y aurait-il pas lieu de profiter de cette synthèse pour attirer l’attention des lecteurs sur les personnes ou les institutions qui ont les capacités de gérer tout ou partie du processus, quitte à énoncer qu’on ne connaît pas encore de telles personnes ou qu’il conviendrait de créer de nouvelles structures et abandonner certaines institutions qui demandent trop d’énergie pour être réformées.

    Où sont les leaders charismatiques (personnalités ou institutions) qui accompagneront l’humanité dans ce processus ? Qui sont-ils ? Quelles qualités doivent-elles posséder ? Comment vont-ils émerger de la « soupe » actuelle ? Que peut-on faire pour faciliter leur émergence ?

    Un travailleur social naïf qui a peut-être trop lu Saul Alinski, Paulo Freire ou sur la théologie de la libération !!!

  21. Avatar de Jef
    Jef

    Et si cette tentative de recapitalisation de GS, ces pseudos stress test…étaient, au contraire, de bonnes nouvelles. Encore un dernier avant la route, après j’arrête…

    La situation de main mise des banquiers sur le pouvoir US, connue, il y a quelques années, des seuls « initiés », devient, aujourd’hui, évidente, aux yeux du plus nombre.
    Peut être, faudra-t-il encore quelques scandales de ce type, pour voir les choses bouger, ou, plutôt, se calmer.
    Pour l’instant, peu de réaction, à peine une prise de conscience molle. Au moins, mainstreet ne pourra plus dire, « heu, je ne savais pas ».
    Et puis, on ne peut pas parler de hold-up, puisque tout le monde baisse les yeux…

    La population, bien que majoritairement hostile à cette idée, accepte, malgré tout, que des centaines, des milliers de milliards d’argent public soient dépensés pour maintenir à flot des institutions qui doivent disparaitre.
    Ensuite, si le marché prend dans sa toile des investisseurs qui, ou, verront dans ce rebond technique, une reprise durable, ou, voudront essayer de profiter de la recapitalisation de groupes moribonds, et bien, tant pis pour eux.

    Les fondamentaux qui ont mené à cette crise demeurent plus que jamais d’actualité, les chiffres montrent même que la situation empire progressivement.
    La monétisation de la dette, le Q E, les bilans des principales Banq Cent, les dettes publiques et globales qui gonflent, la future bulle des BT qui se met en place…

    Plutôt que de laisser le désendettement s’opérer, l’état US veut sauver l’argenterie, sacrifiant à MT le $ et donc, l’équilibre monétaire mondial. Ca, par contre, ce sera le plus gros hold-up du siècle.
    Personne ne croit à la pseudo maitrise de la masse monétaire ainsi créée en sortie de crise, mais tout le monde laisse le maitre artificier de la FED opérer, applaudi des deux mains des plans de relance qui ne feront illusion que quelques mois etc. etc…

    La fuite en avant constitue certainement une alternative plus confortable que l’acceptation du fait que la croissance de ces dernières années était pipée, que l’appareil de production est obsolète, que nombre d’emplois doivent être détruits pour reconstruire un nouveau modèle et surtout, qu’il faudra de nombreuses années.
    Quelques membres de la zone euro commencent à mettre doucement les freins mais les US, le Japon…eux, ont mis le booster sur position max.

    Pour l’instant ca va, pour l’instant ca va, pour l’instant c…

  22. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Jeanbinus
    d’accord pour l’idée d’un réverbère, (la synthèse …), peut-être que vous ?
    après pour le reste (ordonnance…), sans-doute, je ne sais pas..
    « on ne change pas le monde comme ça et de toute façon le monde change »

  23. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Jeanbinus

    Ayant acquis au Brésil une petite idée sur la manière selon laquelle des processus sociaux, économiques et culurels s’y cristallisent dans la marginalité (la société « informelle »), je crois intéressant de ne pas uniquement s’intéresser aux manifestations protestataires de rejet, dans nos propres sociétés « développées », mais également à celles que l’on pourrait appeller d’auto-organisation. Cela laisse entier, c’est vrai, la question de savoir comment faire sauter le bouchon… Cette dernière interrogation n’est pas la plus évidente, si l’on évacue le mythique grand soir.

  24. Avatar de Philippe Deltombe
    Philippe Deltombe

    http://zerohedge.blogspot.com/2009/04/incredibly-shrinking-market-liquidity.html
    info relayée sur nakedcapitalism.com, entre autres

    encore Goldman Sachs… avec des données de source en principe fiable : NYSE
    un (autre) début de commencement de preuve tangible de la manipulation des marchés?

     » Key to note here is that Goldman’s program trading principal to agency+customer facilitation ratio is a staggering 5x, which is multiples higher than both the second most active program trader and the average ratio of the NYSE, both at or below 1x. The implication is that Goldman Sachs, due to its preeminent position not only as one of the world’s largest broker/dealers (pardon, Bank Holding Companies), but also as being on the top of the high-frequency trading/liquidity provision « food chain », trades much more often for its own (principal) benefit, likely in tandem with the other top dogs on the list: RenTec, Highbridge (JP Morgan), and GETCO.
    In this light, the program trading spike over the past week could be perceived as much more sinister. For conspiracy lovers, long searching for any circumstantial evidence to catch the mysterious « plunge protection team » in action, you should look no further than this. « 

  25. Avatar de Jef
    Jef

    @ Champignac.

    Une croissance Euro saine, basée sur la production de biens réels et concrets correspondant à une demande et non pas, initiée par de la dette, beaucoup, en Europe, l’appelle de leur vœux, quitte à perdre, à court terme, de la croissance. Ca c’est jouable. D’ailleurs, Merkel et Sarko ne cachent plus leur réticence à « relancer » sans fin.

    Par contre l’idée du découplage je ne vois pas trop.

    La première question qui me vient à l’esprit est l’export. La zone euro exporte 20% de son PIB hors zone. Comment « découpler » dans ces conditions ?

    La deuxième, l’euro. Si le $, le yen, le Yuan …se déprécient par rapport à l’euro, un, les délocalisations vont exploser, deux, les importations vont monter en flèche, détériorant notre balance commerciale et nos comptes publics.
    L’exemple de l’Irlande est un cas d’école. La plupart des gros achats en ce moment (voitures, meubles, électro ménagé…) se font…en Angleterre, la livre ayant perdu 20% vs Euro.
    La zone euro ne peut être un îlot de déflation avec des voisins qui dévaluent.

    Ne sommes nous pas rendu à un niveau de mondialisation ou l’idée du découplage est une simple utopie, voir un sombre retour en arrière ?

  26. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    @ François Leclerc

    Je suis d’accord sur le fait que les difficultés émergent quand on abandonne le rêve du grand soir et des lendemains qui chantent !

    Beaucoup on tenté de faire le raccourci de « la suppression de la religion par ordre du Grand Mufti » (Marx) alors que la difficulté majeure est de construire « la libre association des producteurs » (Marx) pour tout à la fois « dépasser le capitalisme et promouvoir l’émancipation humaine » (Marx).

    Cf. « Les producteurs associés règlent rationnellement l’échange matériel avec la nature, le soumettent à leur contrôle collectif, au lieu d’être dominés par lui comme par un aveugle pouvoir ; ils l’accomplissent avec les efforts les plus réduits possibles, dans les conditions les plus dignes de leur nature humaine et les plus adéquates à cette nature.  » (Capital III)

    Pour lui en effet c’était le mouvement social réel, dans cet effort de dépassement de la société de classes, qui constitue le processus communiste : « Pour nous, le communisme n’est ni un état de choses qu’il convient d’établir, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent présentement. » (Marx)

    Il est clair que cela n’a pas grand chose à voir avec les aphorismes « marxistes » que l’on entend habituellement et qui auraient été prononcés par Marx… La grande réussite idéologique du capitalisme a été de couvrir d’une chape de plomb toute cette pensée, bien aidé malheureusement par des marxistes qui n’ont pas fait l’effort de lire les textes de Marx tels qu’ils sont.

    La pensée de Marx est extrêmement difficile car il utilise une logique dialectique qui a été bannie des universités et qu’on est obligé d’apprendre en autodidacte… Ainsi le concept de « dépassement » est-il un concept de la logique dialectique hégélienne qui signifie à la fois « l’émergence du nouveau et la disparition de l’ancien ».

    De la même manière le dépassement du capitalisme s’entend tout à la fois comme abolition de la classe capitaliste et comme disparition du salariat : il n’y a pas de capitaliste sans salarié ni de salarié sans capitaliste.

    Le champ des possibles ouvert par cette pensée est donc infiniment plus vaste et riche que les lamentables « petites phrases » réductrices qui en sont soi-disant extraites !

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