Ici se trouvait notre traduction collective de l’entretien que Simon Johnson a accordé au magazine The Atlantic, publié dans son numéro du mois de mai.
J’avais demandé à The Atlantic, ainsi qu’à Johnson lui-même, le droit de publier cette traduction. Elle a été présentée ici jusqu’au 7 mai, date à laquelle j’ai reçu l’injonction de la retirer ou de payer 800 $.
Copyright The Atlantic.
49 réponses à “Le coup d’Etat feutré, par Simon Johnson (traduction française)”
Mille milliards… de mille sabords
Donc le trillion anglais (mille milliards) se dit billion en français moderne (depuis 1948), ce que les traducteurs de l’article ont probablement voulu dire en utilisant le mot français ‘billion’ pour exprimer 10 puissance 12 (mille milliards, un million de millions).
L’exposition aux dérivés de chaque grande banque US se chiffrerait en dizaines de milliers de milliards de dollars ?
Paul ?
à Etienne Chouard
et si on votait non pour des têtes (de coq, d’affiche) mais pour des actes (… les budgets?) ?
à johannes finckh
je ne pense toujours rien de la monnaie fondante, d’autant plus que là le 11, il nous reste quasi plus rien sur le compte, pas d’économie sur aucun livret,
(il n’y a que l’état qui nous doit 2000€, c’est les machins d’échelon, soit un dû de 200 € par mois depuis juin, en attendant on n’attend, n’empêche qu’ en attendant après le loyers, les factures, …. )
on ne se plaint pas, (on se démerde en famille) ça va, mais notre monnaie est déjà comme si elle était fondante, et je ne vois pas qu’on dilapide, franchement …
donc la monnaie fondante, je veux bien, mais je me demande, au juste, c’est pour qui ?
parce que si c’est pour laisser la mafia de l’immobilier, et autres marchés captifs à continuer à se piffrer les salaires (pendant que les usines déménagent) sans que personne ne râle, monnaie fondante ou pas , … ?
Mon point de vue, certes un peu radical, serait de prendre la banque, castrer la bourse…
(donc d’abord de prendre les médias… soit éducation populaire )
@Etienne
On ne pourra pas vous reprocher votre manque de persistance ou votre combativité, par contre, votre esprit tranché, si !
Le monde est en nuance, et en dégradé. On n’oppose pas l’homme politique et le peuple, l’homme politique en fait partie.
La gêne n’est pas le « politique », il est le niveau de corruption inhérent à chaque individu, et donc sa compromission possible, si ce n’est probable.
Mais c’est avec grand plaisir que je vais tordre le cou à votre idée de tirage au sort salvateur, d’une partie de la représentation nationale : il suffira d’aller corrompre les désignés après, puisqu’on n’a pas pu le faire avant, et vous n’aurez pas plus de démocratie que sous l’ancien régime.
Un jury populaire, même si des incorruptibles « très relatifs » s’y trouvent, peut être influencé si vous y mettez les moyens.
Tout le monde a son prix, et il serait très imprudent de dire « Pas moi ! Pas moi ! ». Le chien de garde a son prix : si ce n’est un os, ce sera de la barbaque, et si il est dressé à la refuser, attendez qu’il ait faim.
à Anne J [18:39]
à Etienne Chouard [20:42]
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pour Liberty Street, Wall Street et les Usa c’est Paul Jorion qui a raison,
quoi que puisse dire Le Petit Robert de façon très confuse
@barbe-toute-bleue
Si on peut tout corrompre, il n’y a plus aucun espoir, si ce n’est la dictature.
Je suis pour ma part d’accord avec Étienne: il y a moins de risque de pourvoir corrompre des élus tirés au sort que des élus dont l’élection est le fond de commerce.
Mais, comme pour la démocratie qui le fut à une période, la clérocratie serait le moins mauvais des systèmes: pourquoi penser que l’évolution politique doit s’arrêter avec la démocratie ?
Je vous suggère une lecture attentive du site http://www.clerocratie.com/
@Anne
Tout espoir n’est pas perdu.
Je crois aux contre-pouvoirs, qui doivent être nombreux, variés dans leur forme, et renouvelables à l’infini. Etienne Chouard en fait ainsi partie, par son dévouement pédagogique.
Nous sommes depuis quelques années entrés dans une ère d’une médiatisation beuglante, qui isole, et endort les individus, vous l’aurez remarqué. De plus, il n’y a que 24 heures dans une journée, pour répondre à la question d’Etienne : « pourquoi tout le monde gobe t-il les traités européens, alors qu’il suffirait de les lire, pour savoir qu’il vaut mieux les éviter … ». Il y a donc un travail d’information, pouvant prendre sa place sur un terreau où on aura fait de l’éducation d’abord.
Pour le moment, j’ai l’impression que ceci nous place encore dans la lutte des classes.
Pour finir avec la corruption ( finir ? Ce ne sera jamais fini ), il y a des gens qu’on ne remarque pas trop, donc on oublie d’essayer de les corrompre, d’autres qui sont trop en vue, donc difficile à approcher pour les acheter, et encore d’autres dont le prix est élevé ( quel est le prix d’Etienne ou le votre ???? ).
Pour votre foi entre un citoyen ordinaire plutôt qu’un politique professionnel, libre à vous d’en faire une religion, mais une fois élu, vous avez fabriqué de nouveaux professionnels. Pensez-vous qu’en ayant suscité le goût pour la politique en eux, ils vont s’en détacher ensuite ? Vous pensez que n’importe qui va aller se taper la lecture des textes de loi la nuit, en comprenant ce qu’ils font et sans saboter le travail.
Politique c’est un job. Il faudrait que ce soit un job un peu plus précaire, pour paraphraser Parisot à propos des emplois pour les travailleurs de base, ça, je vous l’accorde.
@ barbe-toute-bleue
Tant que vous ne me tordez pas le cou à moi… 😉
Contrairement à l’impression que j’ai pu vous donner, je raffole des nuances.
Mais, vous l’avez compris, je tâche aussi de discerner la cause réelle et précise de mes impuissances et, en l’occurrence, notre impuissance politique chronique me semble avoir une cause très simple et très facile à circonscrire : il existe une règle supérieure, connue et reconnue, qui sert précisément à mettre les pouvoirs en butte à d’autres pouvoirs, à nous protéger tous des abus de pouvoir, et cette règle supérieure qui n’a été conçue que pour ça, surplomber et affaiblir les hommes au pouvoir… nous la laissons écrire et modifier, naïfs et paresseux que nous sommes, par ceux-là même qui y seront soumis.
C’est le comble de la sottise.
Voilà précisément, et certainement, pourquoi notre gouvernement peut, en plein naufrage, arroser ses sponsors industriels et banquiers avec nos milliers de milliards sans que nous n’y puissions rien.
Notre impuissance quotidienne est programmée quelque part.
Le fait que toutes nos utiles analyses sur la crise financière restent parfaitement lettre morte malgré leur pertinence, ce fait désolant est voulu et on est tenté de penser que, pour les rédacteurs de la Constitution, tout se passe comme prévu.
Suggestion à Paul de billet dédié : une bonne réflexion sur la catastrophe économique actuelle ne peut pas, à mon sens, faire l’impasse sur l’analyse critique radicale de rouages JURIDIQUES qui permettraient au peuple en colère de contrôler (et punir) leurs gouvernants : pour l’instant, il n’y a AUCUN rouage de cette sorte ; tous les contre-pouvoirs sont factices.
C’est dans l’épreuve –et pas quand tout va bien– que l’on découvre que le contrat était mauvais.
Suis-je donc un paranoïaque, un populiste, un gauchiste, que dis-je, un anarchiste, quand je dis que des parlementaires, des ministres ou des juges – et plus généralement des hommes de partis qui se destinent au pouvoir – seront à la fois juges et parties s’ils se mettent en tête de rédiger eux-mêmes la Constitution qui va régler les limites de leurs propres pouvoirs ?
N’est-ce pas là le comble du conflit d’intérêts ?
Et le plus grand risque – la certitude même – de corruption intellectuelle ?
Je ne dis pas que les hommes de partis sont intrinsèquement malhonnêtes, pas du tout, je ne dis pas cela, évidemment.
Je dis que, DANS CETTE OCCURRENCE PRÉCISE, au moment d’écrire la Constitution, ils écrivent des règles pour eux-mêmes et, de notre point de vue, à nous, les autres, c’est pure folie et misère assurée.
Voilà où le tirage au sort de l’Assemblée constituante, loin d’être une solution parfaite – mais qui donc se soucie de la perfection ? Pas moi, en tout cas ! – est une solution mille fois meilleure que l’élection parce qu’elle garantit que certains membres au moins ne seront pas pollués par un intérêt personnel gravement contraire à l’intérêt général. Et ceux-là donneront l’alerte en cas de manigances.
Au lieu qu’aujourd’hui, quand les politiciens de métier écrivent eux-mêmes exclusivement la Constitution, nous sommes dans la pire solution qui soit, la plus dangereuse pour les citoyens : ces constituants parlementaires juges ou ministres, ils sont TOUS à la fois juges et parties, ils ont TOUS un intérêt personnel contraire à l’intérêt général : sans doute pétris de bonnes intentions, et convaincus –comme nous– qu’ils ont les meilleures idées pour bâtir un monde commun pacifié, ces autoproclamés « professionnels de la politique » redoutent naturellement d’être gênés par des contrôles tatillons et des procédures ralentissantes, ils redoutent de perdre cette place qui leur permet d’agir, ils redoutent de voir mise en cause leur responsabilité personnelle et JAMAIS, au grand jamais, ils ne programmeront eux-mêmes le référendum d’initiative populaire qui permettrait à n’importe qui de les contredire avec succès, jamais ils n’écriront eux-mêmes les règles électorale qui respecteraient le vote blanc capable de les chasser tous d’un coup lors d’une élection, jamais ils n’interdiront eux-mêmes le renouvellement ou le cumul de leurs propres mandats, jamais ils ne prévoiront –eux les élus, eux l’aristocratie politique du pays– une chambre tirée au sort qui garantirait au sommet de l’État une représentation fidèle de toutes les composantes de la société (riches, pauvres, hommes, femmes, blancs, noirs, urbains, ruraux, éduqués, illettrés, gentils, méchants, malins, demeurés, jeunes, vieux, intellectuels, manuels, etc.), jamais ils ne consentirons à être fréquemment évalués et jugés sur leur action, et encore moins d’être éventuellement punis quand ils ont menti ou triché…
Chacun a sa logique professionnelle. Celui qui se destine au pouvoir sait bien ce qu’il doit éviter à tout prix pour pouvoir travailler tranquille : il lui faut un peuple bien ficelé. Et pour y parvenir, il faut qu’il puisse écrire lui-même la constitution.
OK, je comprends que l’élu pense ainsi.
Mais cela est-il bon pour l’intérêt général ?
Bon, j’arrête là 😉
En complément de ma réponse, j’ai passé quelques heures à vous préparer cet extrait passionnant d’un livre important (tout entier passionnant). Il faut lire ce livre. Le voici.
Amicalement.
Étienne.
Il me semble que tout citoyen devrait lire ce livre et l’étudier attentivement.
Amicalement.
Étienne.
@ Etienne Chouard
Merci d’évoquer le problème de la démocratie. En effet, c’est une lapalissade, les personnes que nous élisons sont celles qui ont la meilleure capacité à se faire élire, ce ne sont généralement pas les plus dévouées et désintéressées, loin de là. Par exemple, comment peut-on expliquer que Georges Bush et Silvio Berlusconi aient été non seulement élus, mais réélus ?!? Il me semble qu’à peu près n’importe qui aurait eu un bilan présidentiel au moins aussi bon que celui de Bush, et même vraisemblablement nettement mieux.
Noam Chomsky a très bien décrit comment fonctionne cette « fabrique du consentement » dans le système « démocratique » tel que nous le connaissons, avec ses lobbies, des médias s’autocensurant pour plaire au pouvoir en place, des publicitaires influençant les modes et les opinions. Bref, nous sommes soumis à une propagande constante, orchestrée par des groupes ayant les moyens médiatiques et financiers de se maintenir au pouvoir.
Cette réflexion proposée par Etienne Chouard est donc salutaire.
j’ai appris cela en passant par democracy now!: des manifestations nationales ont été organisées pour « nationaliser, réorganiser et décentraliser les banques », manifestations prévues le 11 avril. on trouve parmi les soutiens aux manifestation un certain Simon Johnson: le site qui organise tout ça : a new way foward
je n’ai pas encore tout lu, et surtout je ne suis pas encore parvenu à savoir ce qu’il en a été ce 11 avril…
j’aurais peut-être dû donner le lien du script sur democracy now!: ici
@Étienne Chouard: merci de rappeller ce qu’est une démocratie (voir la définition d’Aristote). Il va de soi que ce que nous appellons « nos démocraties parlementaires » ne sont pas plus des démocraties que les défuntes « démocraties populaires » du bloc soviétique.
TRAHISON DES CLERCS ?
La déception accompagnera celui qui cherche à savoir et comprendre. Le diagnostic et l’esquisse de solutions sont dans les limbes.
Tentons une revue.
Diagnostic:
– Crise sociale, monétaire, politique, écologique, sociétale, financière ; C’est LA crise. Point.
– Bataille sur la théorie la plus adaptée avec avantage aux plus obscurs.
( Je propose Calvin. Weber l’avait à la bonne ).
– Accumulation d’informations parcellaires. Des confettis en vrac et le nez sur le guidon.
Esquisse de solutions :
– Faire appel à des détails issus de l’économie politique, de la comptabilité, du droit des sociétés,
de la ‘science’ des relations internationales, de la bourse, des marchés, des techniques financière
ou monétaire.
– Construire une théorie tirée de la sociologie.
– En profiter pour tenter de résoudre une autre question (écologie-CO2-nucléaire-épuisement
planétaire).
– Vanter les mérites d’un spécialiste mort ( Keynes, Gesell, Hayek, Marx, Lui) et bricoler une adaptation respectant les enseignements du maître.
C’est peu de dire que ces efforts sont trop anarchiques pour être opérationnels.
La dégradation est galopante. Nous allons être tous frappés, individu et collectivité.
Les plus démunis seront les plus durement touchés. Et ils souffriront longtemps.
Celui qui n’a pas connu le chômage peut ignorer l’amputation morale et intellectuelle qu’il impose.
Le chômage ne s’oublie jamais, c’est bien plus qu’un manque d’argent.
Des historiens, un peu datés il est vrai, mais aussi Galbraith Pére, notent que la France se relève rapidement après un désastre grâce à la vitalité de sa classe moyenne.
Mais cette crise s’attaque, comme par prédilection, aux classes moyennes préalablement affaiblies.
Nos sociétés seront profondément endommagées…
La compassion proactive et la volonté d’auto-défense ne sont donc pas hors de propos.
Je propose une démarche :
– Il s’agit d’une lutte qui nous est imposée. Nous devons nommer l’ennemi.
Son pouvoir de destruction est identifié. Ce qu’il pense est indifférent.
– Approfondir la réflexion risque, par sa durée, d’apporter une solution parfaite à des décombres désertés.
L’exhaustivité est une faute de méthode. Imposer à la société une réforme radicale, c’est de la planification sociale totalitaire. Le mandat pour cette monstruosité n’existe pas.
– La base est une volonté démocratique. Susciter un consensus est un devoir pédagogique.
– L’instrument est un Etat et des pouvoirs publiques ré-investis de l’intérêt collectif.
Ils reportent à des jours meilleurs le respect d’engagements internationaux contraires aux buts immédiats.
Imaginons ces prérequis satisfaits :
– L’action emploie alors les techniques offertes par la recherche universitaire ou issues de l’expérience.
Convenablement actionnées, elles donnent les outils nécessaires.
La Constitution pour l’économie, ici sur ce blog, ou les propositions de Frédéric Lordon sont de bons exemples d’outils techniques publiés par des chercheurs soucieux de l’intérêt collectif.
Pour exécution, ils prennent la forme de Règlements d’administration aussi évolutifs que nécessaires.
Ce sera un travail de longue durée pour des hommes d’Etat résolus et conseillés par les meilleurs dans toutes les disciplines, y compris les sciences humaines.
Les sciences offrent en somme des outils subordonnés à une mobilisation sans mystère.
Ces outils sont à la portée de compréhension de tout citoyen.
La France a su créer de telles mobilisations -Jeanne d’Arc ou 1914 – La 1ère guerre mondiale est exemplaire pour notre propos: la volonté populaire a accompagné une révolution technologique a priori inaccessible ; les Polytechniciens et les instituteurs y ont joué un grand rôle.
Identiquement, les mesures proposées par Mrs. Jorion et Lordon peuvent être évaluées et jaugées, puis acceptées ou amendées par un citoyen raisonnablement informé.
C’est le signe indubitable de la profondeur de leurs travaux. C’est en cela qu’ils sont exemplaires.
Sans surprise, aucun des préalables politiques évoqués plus haut n’est assuré.
Une certaine volonté politique surnage mais elle contraire jusqu’à l’absurde.
Dans ce dénuement, nous possédons un outil peu commun: le texte de Simon Johnson publié en français dans ce blog.
Son texte est semblable au livre de H. Rauschning, homme politique à Dantzig
jusqu’en 1935 et familier d’Hitler, livre publié en France en 1939 (*).
S. Johnson mérite d’être à la première place.
Il fait mieux que désigner et décrire l’ennemi.
Il montre que le retour à un système viable passe par la mise hors d’état de nuire de cet ennemi.
Comme l’a relevé immédiatement Mr. Jorion, les deux fins possibles avancées par S. Johnson relèvent du suicide à grande échelle. MAD et Wagner.
Il dépend de nous d’en promouvoir une autre.
Ignorer cet écrit est une faute contre l’esprit.
Proposer maintenant de savantes considérations arides et déconnectées du réel, ou pire, s’interroger sur les moyens propres à assurer la survie des méchants sont des dévoiements inacceptables.
Pour l’observateur des idées dominantes, les années 1965-1980 apparaissent comme calamiteuses; des penseurs britanniques ont pu dire qu’une France, qu’ ils ne reconnaissaient plus, faisait une tentative de suicide à grand renfort de « isme ».
Depuis, nous nous sommes sauvés en acceptant sans examen une idéologie primaire.
De brillantes individualités ont existé et continueront. Elles n’éclipsent pas des manquements majeurs.
L’intellectuel a un devoir impératif: être au service d’une communauté culturelle qui souffre d’abandon. Il FAUT effacer 25 ans d’un matraquage idéologique pervers.
La revendication courageuse du concret et du réel, d’une complexité stimulante, précédera la maîtrise d’un avenir plus enthousiasmant.
De vastes champs d’action s’ouvrent à toutes les bonnes volontés ; la tâche est immense.
Simon Johnson emploie à quatre reprises le mot corruption. L’acception de ce mot est multiple.
La corruption peut être vulgaire: les tentateurs sont puissants. Elle peut être morale et intellectuelle : la victime est faible.
La vulgarité étant impensable, un intellectuel défaillant reconnaitra que sa faiblesse porte un nom : trahison.
–––––––––––––––––––
(*) = » Hitler m’a dit » édition de 1939, avant-propos de Marcel Ray et édition de 1979, avant propos de Raoul Girardet.
L’édition de 1939, la guerre étant déclarée, était naturellement intéressée : misère de la propagande de guerre …
Ce livre était-il prophétique ? Par comparaison, le texte de Simon Johnson est une base descriptive et prédictive autrement vigoureuse.
Et le contre-coup d’Etat, sera-t-il feutré aussi ?
Je lis au détour du « Coup d’État feutré »:
« (…) Pour paraphraser Joseph Schumpeter, l’économiste du début du 20e siècle, tout le monde a des élites; la chose important est d’en changer de temps à autres. (..) »
On a l’habitude de définir les régimes anti-démocratiques comme ceux qui prennent le pouvoir par la force. Rien de plus faux.
Moi j’ai lu dans Théologie politique, pour paraphraser Carl Schmitt, qu’un régime est d’autant plus démocratique qu’on peut en changer sans violence.
Or, les princes de ce monde ont mis en place, sous le nom de gouvernance, de lobbies et autres principes de non-faussement des marchés, des structures de gouvernement totalement informelles, officieuses, frauduleuses, sans modes d’investiture public ni légitimité démocratique, imposant des situations de fait, et donc complètement hors de porté des modes institutionnels d’action politique. Ce sont des élites cooptées, dans des assemblées qui se sont constituées d’elles-mêmes, au cours de réunions et de délibérations secrètes.
Précision à Paul, que pour Marx, il n’y a pas seulement UNE classe dominée et UNE classe dominantes, que la classe dominante n’est pas forcément une classe capitaliste, mais plusieurs classes dominées et dominantes, ces dernières pouvant être industrielles, financières, bureaucratiques, selon leur mode de domination. Tu oublies comme classe dominante, la composante bureaucratique qui est essentielle dans le totalitarisme contemporain. Toutes les révolutions qui ont été faites, même les révolutions de velours et de feutre, l’ont été par une classe dominante pour renverser une autre classe dominante, sauf dans la révolution à venir que Marx appelait de ses voeux, et qui n’a jamais eu lieu. La Révolution française était clairement pour lui une révolution faite par la haute bourgeoisie pour renverser la noblesse, afin d’instaurer le régime d’oppression manufacturière et le prêt à intérêt. L’histoire qui est enseignée officiellement selon laquelle la révolution de 1789 aurait été faite par le peuple, qui serait au pouvoir en France depuis lors, est évidemment une fable permettant aux classes dominantes qui se sont succédées depuis, de légitimer leur pouvoir et de faire croire qu’il n’y a plus de classe dominante à renverser.
Quelle est cette classe dominante actuellement? Ce n’est plus du tout une bourgeoisie d’affaire (Michelin, Delmas-Vieljeux, etc..), ni la fonction publique républicaine (dont la tradition politique était, aussi bien à droite qu’à gauche, de tradition royaliste, on dit aujourd’hui régalienne, type Philippe le Bel ou Louis XI) mais la haute bureaucratie financière d’État, c’est-à-dire en France l’Inspection des finances, parvenue à la tête des banques, des compagnies d’assurances et des grands groupes industriels multinationaux français avec les nationalisations de 1981, et maintenus à la têtes des grands groupes financiers et des holdings dans les noyaux durs lors des privatisations par Balladur lors de la cohabitation. Avec ces privatisations, les hauts fonctionnaires français se sont mués en capitaines d’industrie partant à la conquête du monde, à la tête du Crédit agricole ou de la Compagnie générale des eaux. Ce sont eux qui ont mis hors la loi toutes les banques et compagnies d’assurance mutuelles, les obligeant à changer de statut pour devenir des sociétés anonymes généralistes et commerciales. Comme exemples typiques on a Messier, Haberer, ou Bouton, et tous les membres du Cercle. Même la Caisse des dépôts et consignation a dû se lancer dans les investissements finaciers internationaux: en même temps qu’on apprend qu’elle a fait des pertes pour la première fois depuis plus de 2 siècles, 15 milliards en 2008, et que de nombreuses collectivités territoriales ont été priées d’aller se fournir auprès de banques privées internationales avec des taux indexés sur le cours du manganèse, on lit dans l’Auvergnat de Paris que la Caisse des Dépôts avait acheté la totalité de la société belge Quick Burger à l’époque ou Thierry Breton était ministre des finances. Pourquoi la caisse des dépôt achète-t-elle une entreprise belge? Ce sont aussi eux qui sont à la tête des grands organismes internationaux, comme l’OMC ou le FMI, et tout particulièrement des instances décisionnelles sans statuts de droit international public, comme le groupe Ceci, et le comité Cela (le G20) qui n’ont aucune légitimité politique, mais décident et font des injonctions aux États. La moitié est à gauche (socialiste, altermondialiste ou n’importe quoi d’autre sauf souverainistes), l’autre est à droite, mais ils forment à eux tous un parti politique extrêmement typé et déterminé, qui n’a pas d’existence institutionnelle ni de nom. Ils se disent pour la démocratie, etc.. En général, une fois au pouvoir, ils se manifestent par leur parfaite indifférence pour les lois qui régissent leur fonction: pas plus de constitution qui tienne pour un hyper-président, que de règles de comptabilité pour un hyper-banquier, ou de droit social pour un hyper-manager.
Il faudrait d’ailleurs leur donner un nom, à cette bande de salopards, avant d’ouvrir une Grenelle de la finance, qui se termine en Nuremberg de la Haute fonction publique où une chambre ardente aurait à étudier le cas de tous les énarques qui ont fait HEC et qui veulent tout changer.
Le dernier méfait de ce parti innommable date d’aujourd’hui, il est d’une importance historique nonpareille dans l’histoire millénaire des institutions marchandes.
Entendu aux infos sur la 2 qu’à partir d’aujourd’hui (Lundi de Pâques !), l’annonce d’une nouvelle déréglementation des marché, et pas un détail.
Il n’est plus obligatoire en France de commercialiser les produits alimentaires ou autres en quantités multiples ou sous multiples des mesures légales (du kg ou du litre). Autrement dit, il est dorénavant possible pour la Grande distribution de conditionner le beurre ou le café en pains ou en paquets de 240 grammes au lieu de 250, les boissons, huiles, etc.. en bouteilles de 0,90 litres, les fruits et légumes en filets de 947 grammes, etc… Les consommateurs devront retenir le prix de paquets de 173 grammes et les comparer à des paquets de 431 grammes, ou à des packs de 3 slots de 132 grammes… Les fabricants d’emballages vont pouvoir se défoncer pour donner du volume et du poids aux pains de beurre et aux paquets de café rétrécis. Plus de probité commerciale, la concurrence porte maintenant aussi sur la fraude à la quantité. L’inflation qui a comméncé, va prendre une nouvelle forme que les Français n’ont connu que pendant les périodes d’occupation et dans les camps de prisonniers: la réduction insensible des portions pour un prix constant.
Cette obligation, qui était très précise, très ancienne (la normalisation des quantités dites marchandes, attestée avant le IXe siècle par des ordonnances royales, était l’institution centrales des fondations de villes nouvelles: la mesure légale de grain et le poids public étaient installés au milieu du marché) et punie comme une fraude par le Ministère des finances, a été supprimée en application d’une directive européenne, laquelle serait justifiée par la volonté de supprimer un obstacle à la libre concurrence. Pourquoi une règle pluriséculaire, et même plurimillénaire (elle existe chez les Babyloniens), unanimemment considérée comme utile et sage, devient tout d’un coup une intolérable entrave à la concurrence ? Quelqu’un a-t-il entendu parler d’un débat parlementaire sur une réforme aussi grave et lourde de conséquence, non seulement sur le pouvoir d’achat dont nous avons un président, mais sur les fondements mêmes de la convention marchande.
Il est évident que les fonctionnaires des finances de notre pays ne défendent plus du tout les consommateurs de base, ni l’honnêteté des relations commerciales, mais uniquement les bénéfices des actionnaires des groupe internationaux du secteur de la Grande distribution et du négoce international. Il est évident que les 600 députés non plus.
Il est évident qu’il faut se débarrasser de ces gens là. Comme ils ne sont pas élus, ou élus après sélection de l’Oligarchie, comment faire ?
Peut-on se débarrasser des tyrans qui ont pris le pouvoir de façon feutrée, autrement que comme des autres tyrans, c’est-à-dire par le tyrannicide ? Comment se débarrasse-t-on des pouvoirs qui derrière l’apparence d’être régulièrement élus, s’avèrent secrètement nommés par les représentants des intérêts d’une oligarchie qui travaille précisément à détruire les institutions politiques légitimes ? C’est une grave question de science politique, qui se pose partout où les recrutements par concours et élections ont été dégradés en cooptations d’agents acquis à une cause étrangère ou opposée au service public. Est-il possible de revenir à un régime républicain autrement que par la violence ? Si on s’en tient à la définition de Carl Schmitt, et n’en déplaise à Marcel Gauchet, il est donc évident que nous ne sommes plus du tout en démocratie.
[…] http://www.pauljorion.com/blog/?p=2731 […]
Un bon film qui dit à peu près la même chose est Lets make money de Erwin Wagenhofer. Il y parle de cette oligarchie, de cette intensification de l’inégalité, de la création idéologique pour tout justifier.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=139479.html
Simon Johnson a témoigné le 21 avril 2009 devant le Sénat et il a bien tenu son discours: voir la traduction française sur Contreinfo.info
le coup d’Etat est en effet de plus en plus bruyant.
Glen Greenwald sur Salon.com fait un article (le 30 avril) au sujet du Sen Dick Durbin (Dem.) qui a affirmé à la radio (le 27 avril) que le Sénat appartient aux banques. Avec humour sur la fin de l’article il dit que ce genre de vérité bien connue ne sont d’habitude proférée que par des ultra-gauchistes genre, mais non pas julien coupat, mais Simon Johnson 🙂
l’article sur salon.com
il y a des petites choses amusantes dans cet article. peut-être que bientôt je pourrais mettre à disposition un petit résumé en langue française.
je suis tombé sur ce Greenwald depuis democracynow sur le sujet de la torture. je trouve ce sujet très intéressant et bien expliqué par ce Greenwald. Voilà.