Billet invité.
LA ROUTINE
L’Etat français est devenu le premier actionnaire du fleuron bancaire que représente BNP Paribas, mais il n’a aucun droit de vote au conseil d’administration de la banque, ayant probablement oublié de les demander à l’entrée.
L ‘économiste en chef de la BCE s’inquiète des conséquences de la décision prise par le G20 de permettre au FMI de créer 250 milliards de DTS, n’ayant sans doute pas compris que les Américains cherchent ainsi à créer un fait accompli par la bande, dans la logique de la « création monétaire » à grands seaux de la Fed.
La BCE passe son temps, semaine après semaine, à inonder le marché de liquidités pour les éponger ensuite, version serpillère du cœur artificiel du système financier européen. La Fed jure la main sur le portefeuille et le cœur, précisément, qu’elle saura faire de même le moment venu, il faut la croire sur parole.
L’OCDE vient de finir de totalement vider sa « short list » infamante de paradis fiscaux, pour remplir à ras bord la grise, celle de ceux qui « vont mieux faire », on en est convaincu, on le croit aussi sur parole. Morgan Stanley avertit ses clients que la petite embellie boursière actuelle de Wall Street n’est pas du genre taureau (bull) mais ours (bear), animal dont on connaît la propension à hiberner longtemps, et qu’il faut continuer à chercher refuge dans des valeurs du même nom.
L’une des branches de l’UIMM, syndicat patronal de la métallurgie en France, a dû reconnaître qu’elle avait planqué une minuscule réserve de trois millions d’euros sur un compte numéroté en Suisse, après révélation du journal Le Parisien. Elle l’avait même oublié, plaide-t-elle pour sa défense.
The Economist, l’hebdomadaire britannique de la finance, analyse le plongeon économique catastrophique du Japon (diminution de la production industrielle en valeur annuelle de 38% en février dernier), expliquant que la hausse du yen accentue encore les effets du recul drastique des exportations japonaises, et qu’elle provient elle-même du fait que d’énormes masses de capitaux viennent se réfugier sous l’ombrelle de la devise. Avec le dollar, le yen contribue à une même constatation : plus l’économie de certains pays est en crise, plus leur monnaie est forte. A part cela, le système monétaire international est en pleine forme.
Le Bafin (autorité allemande des marchés financiers (BaFin) a annoncé il y a quelques jours la prolongation de deux mois de l’interdiction des ventes à découvert de onze sociétés financières. Elle est en vigueur depuis le 19 septembre, et l’on s’attend à ce que les homologues français et britanniques du BaFin en fassent de même, pour calmer un peu le jeu. La SEC américaine s’est de son côté penchée sur la question et ne s’est pas encore relevée.
La Banque d’Espagne a estimé que le PIB espagnol allait reculer de 3% en 2009 tandis que le taux de chômage, déjà le plus élevé de l’Union européenne, continuerait d’augmenter pour atteindre 17,1% de la population active en fin d’année. Aux USA, les mois se suivent et se ressemblent : 663.000 emplois ont été supprimés en mars (on parle dans les statistiques des postes de travail, pas de ceux qui les occupaient), amenant le chômage à son plus haut taux depuis 25 ans, soit 8,5% de la population active recensée. Un chiffre très contestable, si l’on considère l’importance du travail au noir des illégaux. Consolation, la perte mensuelle ne s’accroît pas et reste stable à ce rythme d’environ 650.000 emplois mensuels. Les statistiques sur l’emploi des « food stamps » ne sont hélas pas encore disponibles.
D’après le Times de Londres, le FMI va prochainement revoir à la hausse son estimation du montant des actifs toxiques détenus par des institutions financières. Ses calculs parviennent désormais à un montant projeté pour fin 2010 d’un total de 3.100 milliards de dollars d’actifs toxiques aux, contre 2.200 milliards précédemment. Et de 900 milliards émis de leur côté par les établissements européens et asiatiques. 4.000 milliards de dollars en tout, sans que l’on connaisse la méthode d’évaluation utilisée par le FMI. Mais que font donc les pouvoirs publics ?
32 réponses à “L’actualité de la crise : La routine, par François Leclerc”
@François: « La BCE passe son temps, semaine après semaine, à inonder le marché de liquidités pour les éponger ensuite, version serpillère du cœur artificiel du système financier européen. La Fed jure la main sur le portefeuille et le cœur, précisément, qu’elle saura faire de même le moment venu, il faut la croire sur parole. »
Euh, vous n’avez pas inversé les termes, là ? 🙂
Les pouvoirs publics ? Ils se mettent deux doigts dans le … et en ouvrant la bouche. C’est une thérapie de choc.
le doute s’insinue dans tous les détails de l’opération de sauvetage
http://tpmmuckraker.talkingpointsmemo.com/2009/04/is_the_white_house_helping_bailed_out_banks_skirt.php
sur le très recommandable http://www.talkingpointsmemo.com
Patrick Reymond,
Non, une thérapie courant d’air!
« Avec le dollar, le yen contribue à une même constatation : plus l’économie de certains pays est en crise, plus leur monnaie est forte. »
Je crois que c’est parce que économie en crise veut dire (pour ces 2 pays en tout cas) : rapatriement des capitaux pour payer les dettes, Les entreprises ou banques soldent leur comptes à l’étranger pour parrer au plus urgent, et ce faisant renforcent leur monnaie, ce qui accentue la crise chez eux… On est dans un cercle vicieux.
@ Ken Avo
C’était rapidement dit, mais la BCE chaque semaine alloue des liquidités aux banques, pour ensuite les retirer du marché (interbancaire). La Fed crée de la monnaie pour réaliser de multiples interventions, bien plus largement qu’en direction de ce même marché interbancaire. Il n’en est pas pour l’instant ensuite soustrait.
Bah, les pouvoirs publics, je sais pas, mais l’UE…
« Neelie Kroes met en garde les banques européennes »
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=54aee9bf98a0eebd675a7bd4bfb8e291
@ Ybabel
C’est parfaitement exact, ce sont donc des raisons financières, mais c’est également parce que ces deux monnaies sont le moins susceptibles d’être dévaluées (dans l’immédiat), pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’économie, mais tout avec le système monétaire
@François,
Oui c’est moi qui vous ai lu trop rapidement.
Ce que je ne comprends pas et m’a induit en erreur, c’est le mécanisme par lequel ces liquidités sont « ensuite les retirées du marché (interbancaire). »
Pouvez-vous me l’expliquer s’il vous plait ?
Un américain sur dix reçoit une aide en bons d’alimentation.
Le record de personnes qui reçoivent des bons d’alimentation a été battu : 32 205 000 d’Américains.
WASHINGTON (Reuters) – A record 32.2 million people — one in every 10 Americans — received food stamps at the latest count, the government said on Thursday, a reflection of the recession now in its 16th month.
Food stamps, the major U.S. anti-hunger program, help poor people buy groceries. The average benefit was $112.82 per person in January.
The January figure marks the third time in five months that enrollment set a record.
« A weakened economy means that many more individuals are turning to SNAP/Food Stamps, » said the Food Research and Action Center, an anti-hunger group, using the acronym for the renamed food stamp program, the Supplemental Nutrition Assistance Program.
The U.S. unemployment rate was 8.1 percent in February, the highest in 25 years. Weekly claims for jobless benefits totaled 669,000 last week, the highest in 26 years, the government said on Thursday.
Food stamp enrollment rose in 46 of the 50 states during January as the national total rose by 580,000 people, or 1.3 percent, from December, when the previous record was set, said Agriculture Department figures.
Vermont, Alaska and South Dakota had increases of more than 5 percent. Texas had the largest enrollment, 2.984 million, down 65,000, followed by California at 2.545 million, up 43,000, and New York with 2.211 million, up 37,000.
« It is a very difficult time for low-income families and individuals and also a difficult time for the groups that serve them, » said Valentine Breitbarth of Bread for the City, a group that works with poor families in Washington.
Food stamp benefits get a temporary 13 percent increase, beginning with this month, under the economic stimulus law signed by President Barack Obama. The increase equals $80 a month for a household of four.
Recent food stamp data :
Month Enrollment
September 2008 31.587 million
October 2008 31.050 million
November 2008 31.097 million
December 2008 31.784 million
January 2009 32.205 million
http://www.reuters.com/article/topNews/idUSTRE5314B320090402
@ybabel,
tu peut y ajouter que leur monnaie est trés apprécier du fait de leur taux extremement bas et de leur quantité illimité (cà c’est la blague). Du coup le cercle devient doublement vicieux puisqu’ il rapartrie pour pourvoir continuer a preter. Est que plus il rapatrie plus leur exportations sont ralenti. Et quand j’entends parler d’une résolution de crise risque d’engendrer une hyper inflation. Je pense que le commerce exterieur risque d’en souffrir.
Et oui la routine de la crise, c’est surtout la routine de la désinformation auxquel un grand nombres de personnes sont soumisent (là c’est pas un jeux de mot).
@ Ken Avo
Certains sur ce blog maitrisent certainement mieux que moi le fonctionnement des banques centrales. Ce que j’ai remarqué à ce propos, c’est que les banques déposent en ce moment auprès de la BCE leurs excédents de liquidité (qui y sont rémunérés), au-delà de leurs obligations légales, plutôt que de les laisser dans le circuit bancaire, en les prêtant à leurs collegues.
@ François Leclerc
Si je comprends bien, la confiance interbancaire n’est donc toujours pas revenue, comme aux pires heures de septembre 2008 ?…
@ Candide
Oui, c’est ce que tout le monde reconnait, et c’est pour cela que la crise financière perdure. Ce n’est pas prêt de se régler, au rythme où les décisions ne sont pas prises.
Bonjour !
Merci Mr LECLERC , pour toutes ces informations .
En voici une autre – plus exactement un témoignage- anecdotique, certes, mais qui m’a étonné…. à moitié !
Je vous relate donc cet évènement daté du 07 avril 2009:
14h 02 : comme chaque semaine, je me présente en ville, pour effectuer quelques achats, quelques démarches administratives …. et réappovisionner mon porte-monnaie, de quelques billets….histoire d’acheter le pain, lait et autres.
Je suis satisfait, car j’ai pu dénicher une place de stationnement « gratuite », à moins de 100 m de mon agence bancaire: il est 14 h 02 à ma montre . Je suis » dans les temps » et sort de mon véhicule!
Je descends la rue , et gravit les quelques marches qui me mène à l’entrée de mon établissement bancaire…
qui dispose de 2 portes coulissantes que je dois franchir….
Soudain, je suis arrêté dans ma marche, et alors que je n’ai franchi que la première porte ….
1 couple et 1 dame me précède…. je me retrouve dans une file d’attente …
Les rayons du soleil ne me permettent pas de distinguer ou est la source de cette file….
Je patiente … regardant mes pieds … mais prétant l’oreille….
Différentes voies viennent jusqu’à moi : murmures, confidences muscatines entre personnes connues mais peu discrètes… et puis… et puis, 2 voies qui se font plus audibles , et viennent rapidement à couvrir les autres… Le con tenu de la première est hautain, aigu et ferme … L’autre, plus consensuelle, conformiste, …moins sûre, « désolée », arrangeante …
(Ce spectacle m’étonne … cet attroupement , beaucoup encore ! Un Mardi… à cette heure…. être bloqué à l’entrée…)
Je comprends qu’il s’agit de la prise d’un RDV effectué par concertation, mais qui ne convient pas à la cliente-déposant.
S’en suit une sommation de cette- dernière, pour que la conseillère-guichetière lui fournisse et confirme un RDV cet après midi ou demain … « AU PLUS TARD » !!!!
La voie « désolée » devient moins sûre… Je percois dans cette voie, un embarras…. dont les silences ne trompent pas!
Malgré tout le temps poursuit son office…. et seul le distributeur automatique m’intéresse!
Pensant que tout cet attroupement de personnes attend son tour, pour se reccueillir auprès de ses distributeurs attribués, je souhaite estimer mon temps d’attente, en effectuant un rapide comptage de mes semblables homonoïdes patientant devant le distributeur qui m’intéresse ( sur les 3 que compte cette agence …) …
Je m’excuse…. me faufile jusquà la 2ème porte, la franchit, effectue une douzaine de pas…. et tourne à gauche , pour me présenter……
Et là !!!! OOOOHHHH SURPRISE ! Aucun des 3 distributeurs n’est utilisé !
Je reste scotché un certain temps … qui représente un temps certain … tout de même..
Je me retourne …. et revenant sur mes pas… effectue un comptage de toutes les personnes qui compose cette file d’attente …. RESULTAT : 16 PERSONNES !
Alors que je converse avec mon distributeur dévoué, et qu’il s’apprête à me remettre mes « précieux », mes oreilles sont à l’affut …
LE CONTENU des discussions est limpide … Toutes concernent des demandes de RDV ! Que ce soit pour de réechelonnement de crédit, tranferts de livrets A…. et un autre sujet « privé » …
Les réflexions des déposants-clients fusent !!!!! En voici 3 que j’ai retenu, en cet instant :
» vous n’avez pas honte ! » , mais aussi : « pas dans 10 jours, madame… c’est urgent ! » et le 3 ème » NON ! pas l’autre guignolette ! je veux voir Mr ——- ! Ras le bol ! Vous me faites C—- !!! »
Je precise que le 3 ème commentaire a précédé l’irruption immédiate d’un concerto verbal d’approbation ferme … et sans doute libérateur … et un silence prolongé de la conseillère-guichetière, bien nerveuse ( de ce que ‘jai pu constater)!!!
Sur ce, j’ai promis à mon distributeur, de revenir le voir … très bientôt …. mais avant la fin de la semaine …. ce qui ne sera pas arrivé depuis très longtemps….
Voilà !
A chacun de se faire sa propre idée.
Je tiens à préciser : je n’oblige personne à me croire .Mais » c’est arrivé près de moi ! » et aujourd’hui même….
Bonne soirée
@Candide et françaois Leclerc,
Sur l’impossible rétablissement du marché interbancaire, Frédéric Lordon a une explication qui me parait assez imparable:
http://www.dailymotion.com/relevance/search/lordon/video/x8mt1c_frederic-lordon-partie-3_news (début de la vidéo)
Qu’en pensez-vous ?
D’après Jean Quatremer (correspondant de Libération à Bruxelles), la BCE envisagerait de prêter directement aux entreprises en court-circuitant les banques.
Une fausse bonne idée ? S’il est seulement possible de la mettre en pratique sans trop désavouer le principe de la concurrence non-faussée.
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/04/la-bce-soup%C3%A7onne-les-banques-commerciales-d%C3%A9trangler-le-cr%C3%A9dit.html
@ François Leclerc
Si l’on cherchait encore une preuve du fait que les banques mentent à propos des actifs toxiques contenus dans leurs bilans, cette absence persistante de confiance interbancaire me semble faire parfaitement l’affaire.
Mais c’est là un aspect de la crise dont les médias ne parlent plus, car il préférable de le taire pour ne pas effrayer la population, sans oublier qu’il est « trop technique » et qu’il s’est passé récemment des choses (G20, etc.) bien plus « sensationnelles » et « dignes » de la couverture médiatique édulcorée habituelle (aucune analyse critique, rien que des faits croustillants)…
Allô, allô James !Quelles nouvelles ?Absente depuis quinze jours,Au bout du filJe vous appelle ;Que trouverai-je à mon retour ?Tout va très bien, Madame la Marquise,Tout va très bien, tout va .
@ Ken Avo
Je regarderais plus tard la vidéo de F.Lordon.
En ce qui concerne la BCE, elle ne ferait que suivre la Bank of Japan, qui s’est déjà engagée sur cette voie. L’idée est de contribuer au financement des grandes entreprises (celles qui peuvent aller sur le marché obligataire), en leur proposant des taux moins élevés que ceux du marché, afin de contribuer à faire baisser ceux-ci. Il ne s’agit pas de court-circuiter les banques, en l’occurence, mais de se substituer aux investisseurs privés, en faisant du saute-mouton avec les banques.
@ tous
Je ne sais pas si vous lisez le blog de Pierre Jovanovic mais en dehors de la tête de gondole sur les anges ça donne
aussi depuis quelques temps une bonne vision sur la « routine ».
En tout cas, c’est juste un raisonement logique, les banques renchignent peut être a mettre au grand jour leurs activités et leurS comptabilitéS. De toute façon il ne nous disent pas tout non plus. D’ailleurs les blog deviennent des endroits de discussion ou les personnes cherche des réponses a leur interrogations et tente de comprendre quelque chose au déroulement du scénario.
Dans la série « les amis de mes amis sont mes amis »:
Mr Mario Draghi, l’actuel président du FSF (Forum de Stabilité Financière), devenu, depuis le G20, CSF (Conseil de Stabilité Financière) accorde une interview au quotidien Français « La Tribune ».
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20090405trib000363772/la-gestion-prudente-du-risque-doit-etre-le-critere-des-remunerations.html
Et, que découvrons-nous, au détour de l’interview? Que Mr Draghi est, lui aussi, un « ancien » de… Goldman Sachs! Entre 2002 & 2006, pour être précis.
La Bio:
http://en.wikipedia.org/wiki/Mario_Draghi
Décidément, ils sont partout, ceux-là! Après Geithner, Paulson, et bien d’autres « ex » de GS que l’on retrouve à tous les niveau de gestion « publique » de la crise financière (Edward Liddy, actuel CEO d’AIG, par exemple, était, lui aussi, juste avant, au CA de GS, ce qui n’est peut-être pas étranger au fait que GS ait si facilement récupéré plus de 12 milliards de $ de garanties auprès d’AIG), voilà, maintenant, que l’on découvre que Goldman Sachs a l’un de ses pions… en plein milieu du dispositif supposé imposer une nouvelle « régulation » à la finance internationale! Lui, qui, par son passé au sein de GS aura largement contribué à faire le contraire.
Nul doute, dans ces conditions, que Goldman Sachs, dont on connait la culture du « culte à l’entreprise », et l’imposant réseau d’influence composé de ses « ex », sera tout particulièrement bien informé des projets en matière de « régulation » du CSF. Et qu’il seront en mesure d’exercer les pressions utiles, au cas où quelque chose leur déplairait.
C’est donc, aussi, un grand habitué de la culture des bonus, des stock-options, des parachutes dorés (Mr Draghi fut un habitué des conseils d’administrations, p.e Eni, IRI, Banca Nazionale del Lavoro-BNL et IMI) qui va être chargé de centraliser la définition de nouvelles règles en la matière. Gageons, déjà, de ce que Mr Draghi saura se montrer particulièrement bienveillant à l’égard de personnes qui, après tout, sont ses anciens collègues…
Au fait, Mr Draghi pourrait-il nous donner quelques lumières sur ce que furent ses propres rémunérations chez Goldman Sachs?
Actuellement, Mr Draghi reste le banquier central le mieux payé d’Europe. Son salaire, pour cette seule fonction, s’élevait à un modeste 500.000 euros annuels. Bien avant son patron, Mr Trichet.
Il faut dire que Mr Draghi peut arguer d’une expérience solide en matière de… dérégulation. En effet, avant d’entrer chez Goldman Sachs, Mr Draghi fut, de 1993 à 1999, Président du Comité Italien pour les Privatisations. Comité qui, sous son auguste Présidence, privatisa pour plus de 108 milliards de $ d’entreprise publiques italiennes.
Ajoutons au palmarès de Mr Super Régulateur que, de 1984 à 1990, il fut l’un des directeurs exécutifs de la Banque Mondiale. Une institution particulièrement renommée pour son amour de la (dé)régulation… sociale. Appliquée au fer rouge aux pays qui sollicitaient ses prêts.
Enfin, et plus fascinant encore, la bio de Mr Draghi nous apprend qu’il est l’un des 30 membres actifs d’une institution appelée le « Groupe des 30 » (Group Of Thirty). Institution qui se présente comme « privée », à « but non lucratif ». Et qui se fixe comme mission d’offrir des « analyses » et des « conseils » sur à peu près tout ce qui concerne la finance publique & privée. Tout particulièrement ce qui concerne… les réformes et régulations financières.
Le site officiel : http://www.group30.org/index.htm
L’article Wikipédia. Avec, notamment, la liste des membres et leurs fonctions:
http://en.wikipedia.org/wiki/Group_of_Thirty
Parlons-en, justement, des collègues de Mr Draghi dans ce « Groupe des 30 ». Car, croyez-moi, il n’y a là que du très beau monde. Ca vous sent le costard Saville, le caviar, et la petite cuillère en argent à dix kilomètres à la ronde.
Par exemple, il pourra tailler une bavette avec… E. Gerald Corrigan (Managing Director, Goldman Sachs, former President of the Federal Reserve Bank of New York), et Lawrence Summers, ainsi qu’avec Tim Geithner (Current United States Secretary of the Treasury). Bref, tous trois ex-collègues de chez Goldman Sachs.
Coté « banquiers centraux », c’est joliment étoffé, puisqu’ils pourront refaire le monde en compagnie de:
Jean-Claude Trichet (Président de la BCE), Zhou Xiaochuan (Gouverneur de la Banque Centrale Chinoise), Mervyn Allister King (Gouverneur de la BoA). Ainsi qu’avec lui-même (Gouverneur de la Banque Centrale Italienne) Je vous passe les plus petits formats. Et tous les « ex », dont Paul Volcker et Alan Greenspan.
Mais, que serait un tel aéropage, sans nos héros principaux, les banquiers? Pas de problème. Il y a tout ce qu’il faut. Et pas du petit.
Citons, parmis d’autres: Andrew Crockett (Président de JP Morgan Chase), Sir David Walker (Senior Advisor Morgan Stanley), Guillermo de la Dehesa (Director and Member of the Executive Committee, Grupo Santander), Gerd Häusler (Vice-Chairman Lazard International), William R. Rhodes (Senior Vice Chairman, Citigroup). Et, enfin, devinez qui? Jacob A. Frenkel (Chairman; Vice Chairman, American International Group). Il n’a pas du informer correctement ses collègues, celui-là.
Enfin, notons, tout en bas de la liste, mais pas des priorités, Jacques de Larosière (Conseiller, BNP Paribas). Eh oui, l’homme chargé, tout récemment, de pondre un rapport sur les formes que devraient prendre les futures règlementations financières Européennes. Que le monde est petit, quand même!
Il n’y a pas à dire, ce Mr Draghi a de bien belles fréquentations. Nul doute qu’il saura être conseillé comme il faut.
Pour compléter le tableau, mentionnons le fait que Mr Draghi semble, aussi, participer assidument aux réunions annuelles du « Groupe Bildeberg ». Il y assistait déjà en… 1994 (En tant que Ministre du Trésor Italien), puis 2003 & 2004 (il était Vice-Président Europe de GS). Et il y était toujours en 2008 (en tant que Gouverneur de la Banque d’Italie). Un fidèle, quoi.
Ouille! Faut que je cesse de me demander de quoi d’autre ce Monsieur est encore membre. Je sens une brusque poussée de « conspirationnite » qui démange.
Irait-on même jusqu’à imaginer, il y a tant de mauvaises langues, que les règles futures de la régulation financière internationale (voire de la finance tout court), ont beaucoup plus de chances d’être élaborées dans les sympathiques lieux de franche et amicales camaraderie entre gens du même monde, tels que celui-ci? Plutôt que dans les sinistres Ministères, fussent-ils des finances? N’évoquons même pas une participation, autre que folklorique et symbolique, d’institutions dépassées, genre parlements, gouvernements, élections. Tous disqualifiés d’avance face à l’efficacité éprouvée des « leaders ».
Enfin. Résumons le tableau d’ensemble. Le futur « Boss » de la « régulation du capitalisme financier », Mr Draghi. Celui qui va faire plier le genoux à terre aux cruels Financiers et à leurs sbires. Leur imposer des règles dont ils ne veulent absolument pas.
Eh bien, ce futur « Super Régulateur » est lui-même un éminent représentant de ceux qu’il est supposé combattre. Il a pleinement participé au Système. Mieux, il l’a fait avec ses représentants les plus acharnés: Goldman Sachs. Lesquels l’ont nourri, qu’il a longuement fréquentés, et qu’il fréquente encore. En sus d’à peu près tout ce qui compte dans la finance mondialisée.
L’homme est, de plus, un libéral convaincu. Comme en témoigne son passé de « privatiseur ». Mais aussi ses nombreuses fonctions exercées dans les institutions internationales les plus acharnées à déréguler tout ce qui bouge (Banque Mondiale, OCDE, Banque Centrale, banque tout court). L’on doute fort que ses collègues du « Groupe des 30 » aillent lui conseiller autre chose que de sauvegarder, en priorité, d’autres intérêts que les leurs.
Du coup, on ouvre de grands yeux ronds. Et on pose la question qui fâche: « c’est une blague? On confie la garde du poulailler à un renard émérite, avec toute la meute qui patrouille autour, et il va sauver les poules, plutôt que de les dévorer? Ou c’est un joli conte de fées à destinations des enfants les plus naïfs de la classe? Bref, vous nous prenez pour des débiles, quoi? »
Mwouaip. Pour paraphraser un bouquin, célèbre en son temps, « La Régulation Financière est mal partie ».
pas de régulation possible sans monnaie fondante!,jf
Les patrons des banques privées se goinfrent de plus en plus. Ce scandale est insupportable.
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/les-retraites-des-patrons-de-banques-ne-cadrent-pas-avec-l-ethique-du-medef_178581.html
Maintenant, ça suffit.
Tous les clients des banques privées devraient fermer leurs comptes, puis ils devraient aller déposer leurs économies dans les banques publiques (La Banque Postale, ou autre).
Si nous voulons VRAIMENT changer ce système insupportable, nous devons quitter les banques privées.
Nous devons frapper les banques privées au seul endroit vulnérable : leur portefeuille.
Un article démontant en règle le sois disant retours de la croissance en Chine…
http://www.allroadsleadtochina.com/index.php/2009/04/05/march-pmi-data-for-china-out/
PS: au fait, j’espère que je ne lasse pas trop avec mes liens sur l’économie chinoise. Je me permet de poster sur ce sujet, parce qu’il me tient à coeur, et que j’espère apporter une orientation un peu différente sur le sujet.
Les banques sont toutes, confrontées, à d’énormes problèmes de solvabilité.
Ceci est une litote pour signifier (qu’à l’exception de quelques banquiers marginaux (style Triodos en C° (et encore c’est à vérifier en profondeur) ) que l’intégralité du système bancaire aurait du depuis plusieurs mois être mis en faillite.
En Belgique (je et n’ait pas analysé les mécanismes de garantie dans d’autres pays) le fonds de garantie est largement insuffisant pour garantir la faillite d’une seule banque importante. (total du fonds au 31/12/2007 : +/- 765 millions d’euros).
Il convient de répéter comme l’ont fait les gouvernements de l’Europe entière que les avoirs des comptes en banque sont garantis par les états à concurrence de 100.000 € par compte.
Donc si vous êtes riche ou à l’aise plusieurs fois 100.000 € , en théeorie.
En Belgique, outre que le total de la cagnotte du fonds de garantie est ridicule, il convient de savoir que :
1°) la garantie de 100.000 € se décompose en 2 tranches de 50.000 €
2°) que si la première tranche est exigible relativement rapidement (mais par répartition tout de même)
c’est à dire que tous les plus riches que vous sur cette première tranche passent avant vous
3) la seconde tranche est payable quand ce sera possible. C’est à dire longtemps après et surtout après une prévisible grosse inflation histoire de vous rembourser des cacahuètes puisque nos gouvernants nous prennent pour des singes.
Pour ceux qui savent lire entre les lignes voir le site web du fonds de garantie qui explique tout en détail.
Nous sommes en démocratie, bordel.
Bonne nuit à tous les futurs ruinés.
cela ne m’étonne pas, c’est pourquoi il faut la monnaie anticrise (fondante) toute suite!
Cette introduction d’une monnaie fondante est la seule façon de rendr solvables rapidement les banques à nouveau, car lesmilliards injectés d’en « haut » n’arrivent pas en « bas », ceci avait été constaté par DSK et par obama!
jf
La gouvernance n’est pas démocratique, (peut être un jour…)
@ Blob
Certainement pas, la situation intérieure Chinoise est d’autant plus intéressante qu’elle est mal connue et difficile à appréhender.