L’actualité de la crise : Comment le FMI verrait la crise financière aux USA, par François Leclerc

Billet invité. Cette fois-ci encore, François Leclerc et moi procéderons en deux temps : dans un premier temps, son billet, consacré à l’entretien-choc que Simon Johnson a accordé à « The Atlantic » et dans un second temps, mon propre billet, plus proche dans son style de la chronique. L’un d’entre vous travaille en ce moment à une traduction française de ce long texte, qu’il en soit remercié : il est indispensable que chacun puisse lire les propos de Johnson, François vous fera déjà comprendre pourquoi.

COMMENT LE FMI VERRAIT LA CRISE FINANCIERE AUX USA

La vénérable revue bostonienne « The Atlantic », publie dans son numéro daté de mai 2009 un article qui risque de faire du bruit, sous la signature de Simon Johnson, ancien chef économiste du FMI (mars 2007-août 2008), professeur de la Sloan School of Management du MIT. Il est titré « Le coup d’Etat feutré ».

C’est au nom de son expérience passée au FMI, ainsi qu’en s’appuyant sur ses études approfondies des crises financières passées, dont il est un des experts reconnus, qu’il adopte pour cet article un angle très percutant : si c’étaient les USA qui frappaient à la porte du FMI, comme tant de pays l’ont fait une fois qu’ils avaient épuisé tous les autres recours, que lui aurions-nous dit ?

Après avoir évoqué la situation actuelle en Russie, endettée à l’extrême pour avoir cru que son secteur énergétique pourrait soutenir une croissance continue de la consommation, il explique que le FMI dirait à Poutine, le premier ministre, qu’il ne pourrait obtenir un prêt qu’à condition de faire le ménage dans son oligarchie et avoir fait un choix afin de ne conserver en son sein que les meilleurs représentants, ne pouvant prétendre assumer les dettes de tous.

D’inévitables fortes réactions de défense de cette même oligarchie ont été à chaque fois rencontrées, dès qu’une telle politique était appliquée. Simon Johnson en donne des exemples, pour conclure que cela n’a pas empêché les mesures préconisées de produire leurs effets bénéfiques. On voit que l’intérêt de cet article n’est pas son point de vue critique sur la politique menée par le FMI, ce n’est pas son sujet.

Sous le sous-titre assez ravageur « devenir une république bananière », il en vient à la crise actuelle, pour l’analyser comme le résultat direct de l’action de « l’élite des milieux d’affaires » américains, avec le soutien implicite du gouvernement US. Une situation qu’il a en réalité rencontrée lors de chacune des autres crises économiques et financières qu’il évoque, en Corée du sud, en Malaisie, en Russie ou en Argentine. Plus alarmant encore, précise-t-il, cette élite fait obstacle aux mesures qu’il serait nécessaire de prendre, et le gouvernement semble incapable de sauter l’obstacle qu’elle représente.

Revenant sur les 25 dernières années, l’auteur examine comment les Etats-Unis en sont progressivement arrivés là, sous les différentes administrations successives, comment « l’oligarchie bancaire » est montée en puissance au fur et à mesure que la participation au PIB du secteur financier augmentait. Les raisons profondes de ce double essor ne sont pas analysées, pour s’en tenir à leurs conséquences, qui font aujourd’hui problème. A la constitution de ce qu’il appelle « l’axe Wall Street – Washington ». Avec cette formule redoutable, qui rend compte du caractère proprement corrosif de l’ensemble de son article : « Bien sur, les Etats-Unis sont uniques. A un point tel si que nous avons l’économie, la force militaire et la technologie les plus avancés du monde, nous avons aussi l’oligarchie la plus développée de celui-ci ».

Simon Johnson décrit ensuite comment l’industrie financière américaine a abandonné les méthodes expéditives et violentes utilisées dans les systèmes politiques primitifs, ainsi que les pratiques classiques de corruption, pour constituer son influence politique en s’appuyant sur une sorte de capital culturel, de système de croyance. Il donne aussi les exemples des allers-retours systématiques opérés par de nombreux grands noms de la finance américaine, entre l’administration de l’Etat et le privé. Pour estimer qu’une génération entière d’homme politique a finalement été « hypnotisée » par Wall Street. De longues et précises évocations de cette situation viennent illustrer le propos de l’auteur, qui n’a pas de mal à l’étayer en s’appuyant sur son propre vécu. Avant de décrire les points d’appui sur la base desquels l’industrie financière a pu se développer, après avoir conquis en quelque sorte le pouvoir sans esclandre. D’où le titre de son article.

Sous le sous-titre « les oligarques américains et la crise financière », Simon Johnson en vient aux causes les plus immédiates de cette crise et montre en quoi les autorités comme les acteurs même de cette crise étaient aveuglés par leurs propres croyances, d’autant plus convaincus que tout allait bien que cela allait particulièrement bien pour eux. La critique qui s’en suit des mesures prises par les administrations successives Bush et Obama est sans appel, expression selon lui de la combinaison d’intérêts qu’elles cherchent à préserver, sans autre justification que ce sont les seules possibles et qu’il faut les accepter sans discussion. L’auteur montre ensuite comment le gouvernement a soigneusement évité de porter atteinte aux intérêts des institutions financières, appuyant son propos sur un décryptage des mesures qui ont été prises.

Comment sortir de cette situation ? Deux situations étroitement connectés entre elles doivent être réglées. Celle du système financier, qui fait obstacle à la réussite des plans de relance. Et celle qui donne au secteur financier un droit de veto sur la politique menée par les pouvoirs publics. Simon Johnson considère que la nationalisation des banques est la seule issue, il explique aussi le pourquoi et le comment de cette mesure radicale, selon lui indispensable. Il estime également qu’une législation antitrust est nécessaire pour le secteur financier, et qu’il faut démanteler les grands groupes financiers : « tout ce qui est trop important pour chuter est trop important pour exister ». Et quant à l’oligarchie financière, le conseil que donnerait, selon lui le FMI, à la lumière des expériences qu’il évoquait en tête de son article, ne fait pas dans le détail : « cassez-les ! »

La puissance des Etats-Unis leur permettant de survivre dans une situation de crise, en trébuchant sans arrêt sans pour autant tomber, celle-ci peut durer. Deux scénarios sont alors possibles. Le premier consisterait dans la poursuite de la confusion actuelle, un chaos dans lequel les frontières entre la légalité et l’illégalité seraient brouillées, instaurant pour « les puissants » une grande impunité, une installation dans la crise, avec d’un côté une forte inflation et de l’autre un système de crédit sous perfusion. L’auteur fait référence, à titre d’exemple, à la situation de la Russie de ces dernières vingt années.

L’autre scénario s’appuie sur la spirale descendante que décrit la crise mondiale, touchant tous les continents, mettant les Etats-Unis à genoux, pouvant créer en retour les conditions d’un sursaut. Des actions décisives seraient enfin prises et les vieilles élites se briseraient.

Comme on le peut constater, l’analyse sans concession de Simon Johnson ne brille pas par l’optimisme, mais elle est décapante. Elle décrit un monde, qu’il a fréquenté, qui laisse peu de place à l’espoir car il est arc-bouté sur son pouvoir, ce qui n’est pas en soi une nouveauté.

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81 réponses à “L’actualité de la crise : Comment le FMI verrait la crise financière aux USA, par François Leclerc”

  1. Avatar de iGor milhit

    @ paul jorion
    je suis en train de tenter de mettre le tout ensemble (sans oublier qu’il manque encore un morceau de la partie V).

  2. Avatar de Patrick Reymond

    A mon avis, il y a aussi une variante : « le retour de Mad Max (imilien de Robespierre).  »
    L’enterrement d’une élite, soit venue d’en haut, soit venue d’en bas. D’en bas, c’est beaucoup plus « juteux ».

  3. Avatar de 2casa
    2casa

    Part V (suite) : L’issue

    Pour briser ce cercle vicieux, le gouvernement doit contraindre les banques à reconnaître l’échelle réelle de leurs problèmes. Pour autant que le FMI le comprenne (et le gvt US lui-même a insisté là-dessus à propos des marchés émergents par le passé) la manière la plus directe de procéder est encore la nationalisation. Au contraire, le Trésor essaie de négocier le financement banque par banque et se comporte comme si les banques détenaient tous les atouts – contournant (torturant) les termes de chaque accord pour minimiser la prise de participation (i.e. droit de regard, de vote) tout en dénonçant l’influence du gouvernement sur les orientations stratégiques des banques ou leurs opérations. Dans ces conditions, nettoyer le bilan des banques est impossible.

    La nationalisation n’impliquerait nullement une propriété définitive de l’Etat. Le conseil du FMI serait alors, principalement : calibrer le process habituel de la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation). Une intervention de la FDIC est basiquement une procédure de faillite des banques gérée par le gouvernement. Cela autoriserait le gvt à écarter sans ménagement les actionnaires des banques, de remplacer les directions défaillantes, nettoyer les bilans, et enfin de revendre les banques au secteur privé. L’avantage principal étant une saisie immédiate de la mesure du problème afin de le résoudre avant qu’il ne s’aggrave.

    Le gvt doit inspecter les bilans et déterminer quelles banques ne survivraient pas à une récession sévère. Ces banques devraient alors faire un choix : réévaluer leurs actifs à leur valeur réelle et lever des fonds privés dans les 30 jours, ou passer aux mains du gvt. Le gvt devant alors réévaluer (passer par profits et pertes ?) les actifs toxiques des banques sous administration judiciaire – juste reconnaissance de la réalité – et transférer ces actifs à une structure gouvernementale indépendante, qui tentera de récupérer (valoriser) tout ce qui pourra l’être pour le contribuable (comme le fit le RST (Resolution Trust Corporation) après la débâcle des caisses d’épargne dans les années 80). Les derniers vestiges de ces banques, nettoyés et aptes à prêter en toute sécurité, et par là à nouveau dignes de la confiance des autres investisseurs et prêteurs – pourraient être vendus.

    Nettoyer les « méga-banques » sera complexe. Et cela coûtera cher aux contribuables ; si on se réfère aux derniers chiffres du FMI, le nettoyage du système bancaire coûtera probablement près de 1.5 trillion de dollars (10% du PIB) à long terme. Mais seule une action décisive du gvt – mettant au jour la pleine mesure du pourrissement financier et restaurant de manière vérifiable la santé d’un « lot » de banques – pourra guérir le secteur financier dans son ensemble.

    Cela peut sembler être un traitement de cheval. Mais, en fait, bien que nécessaire, c’est insuffisant. Le second problème que doivent affronter les USA – le pouvoir de l’oligarchie – est au moins aussi important que la crise actuelle du crédit. Un conseil du FMI sur ce point serait une fois encore très simple : briser l’oligarchie (Yes, yes, yes, yes !)

    Des institutions surdimensionnées influence les politiques publiques de manière disproportionnée ; les principales banques que nous connaissons aujourd’hui tirent l’essentiel de leur puissance (pouvoir) du fait qu’elles sont « too big to fail ». La nationalisation et la re-privatisation ne changera pas cela ; [de même que le remplacement des dirigeants qui nous ont conduits à la crise bien que juste et sensé, ne serait au final, que la transformation d’un groupe de puissants dirigeants pour un autre et un changement des noms de l’oligarchie. Si ici qqu’un a qq chose à proposer je suis preneur]

    Idéalement, les principales banques devraient être vendues en pièces détachées de taille moyenne, divisées de manière régionale ou selon leurs activités. Ou cela s’avérerait impossible – si nous voulions vendre les banques rapidement – elles pourraient être vendues entières, mais à la condition d’être rapidement démantelées. Les banques restant aux mains du privé devant être sujettes à une limitation de leur taille.

    Ceci peut apparaître comme une étape brutale et arbitraire, mais c’est la meilleure manière de limiter le pouvoir d’institutions privées dans un secteur essentiel à l’économie toute entière. Bien sûr, certains se plaindront des coûts de fonctionnement d’un système bancaire plus fragmenté (morcelé), et ces coûts sont réels. Mais c’est également le cas des coûts quand une banque est « trop grosse pour faillir » – une arme d’auto-destruction massive – et qu’elle se désintègre. Quoi que ce soit de trop gros pour faillir est trop gros pour exister.

    Pour s’assurer un démantèlement systématique des banques et prévenir une éventuelle résurgence de ces dangereux béhémoths, nous avons également besoin d’actualiser notre législation anti-trust. Des lois mises en place il y a plus de cent ans pour combattre des monopoles industriels ne sont plus adaptées aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Le problème du secteur financier aujourd’hui n’est plus qu’une entreprise donnée détiennent suffisamment de part de marché pour influencer les prix ; c’est qu’une seule entreprise ou un petit réseau d’entreprises interconnectées, puissent, en cas de faillite, ébranler toute l’économie. Les stimuli fiscaux de l’administration Obama rappellent FDR, mais ce que nous avons à imiter ici c’est le démantèlement massif des trusts de Teddy Roosevelt.

    @ Igor encore 15 mn et c’est bon…

  4. Avatar de logique
    logique

    Je tiens a faire une petite remarque sur le contenu du texte de Simon Johnson,

    Aux debut, il explique que les financiers controle l’amérique économique et politique. Ont savait deja que l’argent et le pouvoir était trés lié.

    Par contre a la fin, son scénario 2 consiste encore une fois a faire reporter le risque d’éffondrement sur l’europe,via l’europe de l’est. Je ne comprends pas pourquoi les américains voudrait il que se soit chez nous que les prolèmes soient les plus importants.

    Donc malgrés, la brillante descritption que nous fait Mrs Johnson sur l’état politique des USA (état banquaire il semberait plus que politique, voire un beau panier de crabe financier et politique). Le fait de finir sont sujet par la possible déroute des européen me laisse un peut réticent quant a ces inttentions. A vrai dire se type a aussi fait partie du panier de crabe qu’il nous a si brillement décrit.

    Je ne suis pas adepte des complots, mais il faut encore une fois relire machiavel, mais je pense que se qu’as fait se monsieur reste dans la statégie US.

    Scénario 1 : C’est le G20, donc l’acceptation des méthodes US
    Scénario 2 : C’est la faillite en europe.

    Je pense que réduire une crise de cette ampleur a 2 scénario c’est un peut limite quand même, voir plutot propagandiste (désolé pour le « iste »).

    se qui m’inquiète dans tout cela c’est ce constant rappel a la faiblesse des banques européenne, certes certaines doivent être dans un état critiques, mais surement pas plus qu’aux état unis. Et si nous somme mal en piont nos cher américains n’y sont surement pas pour rien.

    Scénario 3: La BCE liquide toutes ces réserves de dollar entrainant d’autres pays a la suivre. Ensuite une fois que cela a bien chuté ont les rachetent 30% moins cher. Ont fait 2 ou 3 fois de se petit manége. Et ensuite ont discute pour savoir si ont arrète ou si ont continue.

    en tout cas si l’inttention de promulger cette article est possible. Je propose aux moins d’enlever l’histoire des scénarios. Gardont un peut d’objectivité et évitons la propagande.

  5. Avatar de iGor milhit

    @ 2casa
    merci bcp!

  6. Avatar de 2casa
    2casa

    Limiter les rémunérations des dirigeants, malgré des relents de populisme, pourrait aider à restaurer l’équilibre des pouvoirs politiques et éviter l’émergence d’une nouvelle oligarchie. L’attrait principal de Wall Street – pour les gens qui y travaillent et pour les officiels du gvt trop heureux de se « bask » (???) in its reflected glory (se glorifier de sa réussite ???) – ayant bien entendu été les montants faramineux qui pouvaient y être gagnés. Limiter ces montants permettrait évidemment de réduire la voilure du secteur financier et de la rendre plus semblable aux autres secteurs de l’industrie.

    Quoi qu’il en soit, plafonner forfaitairement les rémunérations est maladroit, particulièrement sur le long terme. Et la plupart de l’argent est gagné (made) dans des hedge-funds et des fonds de gestion (private-equity) où la diminution des rétributions peut être complexe à mettre en oeuvre. La régulation et l’impôt pourraient être une partie de la solution. Dans le temps, malgré tout, ce qui importe vraiment serait d’accroître transparence et compétition, ce qui devrait tirer vers le bas les rémunérations de l’industrie financière. A ceux qui diraient que cela conduira à la fuite des activités financières vers d’autres pays nous répondrions alors : parfait.

    Bon désolé pour les imprécisions, et particulièrement dans ces deniers paragraphes. toutes les corrections sont les bienvenues… Of course !

  7. Avatar de cfeard
    cfeard

    @2casa et iGor milhit

    propositions pour :
    dans un “le dollar s’est arrêté ailleurs” ou quelque chose d’approchant (”buck stops somewhere else” sort of way)
    1)un peu comme à la poire
    2)histoire de refiler la patate chaude à quelqu’un

  8. Avatar de cfeard
    cfeard

    @2casa

    “bask” (???) in its reflected glory (se glorifier de sa réussite ???) : exactement

  9. Avatar de Jef
    Jef

    Je ne suis pas toujours en phase, mais là…

    L’esprit d’équipe de ce blog éclipse l’individualisme, un résultat admirable, bravo au chef d’orchestre.

  10. Avatar de iGor milhit

    @2casa et cfeard
    merci je suis en train de terminer la mise en commun et rapide correction.

    pour le « bask… » : tout simplement trop heureux de se mirer dans les reflets de sa gloire ?

  11. Avatar de iGor milhit

    bon j’ai envoyé la version fondue en un à la maison mère 🙂
    quelqu’un aurait la gentillesse de me prévenir lorsque les oligarchies de tous les pays seront brisées? 😀

    sinon dernièrement en discutant avec une amie on a bien rit en parlant de monnaie fondante au chocolat, avec du piment, comme en amérique latine 😀
    ok j’arrête, j’avais juste envie de souffler un peu…

  12. Avatar de cfeard
    cfeard

    @iGor milhit

    bask … il s’agit d’une expression usuelle, donc pas d’ambigüité :
    to bask in sb’s reflected glory : tirer fierté du succès de qn. (Oxford English Dictionary)
    L’intuition de 2casa était tout-à-fait exacte

  13. Avatar de Paul Jorion

    A propos de cette expression qui vous a fait vous gratter la tête.

  14. Avatar de madar michael

    Bravo à tous le traducteurs, et merci à la « maison mère » de nous fournir de tels éclairages sur le cours de cette crise financière aux multiples effets.
    Merci à F Leclerc également.
    Je pense qu’il fautdra diffuser ce texte le plus largement possible.
    Cadeau sonore

  15. Avatar de dissy
    dissy

    What Really Happened in London

    Last week’s gathering in London of the leaders of the 20 foremost economic countries in the world had been billed as the most important global financial meeting in more than 60 years. The stage had been set for hotly contested economic policies to be hashed out with the intensity of a Cold War arms negotiation. However, for most observers, the results of the G-20 failed to live up to the billing. Other than a masterful display of haute couture by the new American first lady, there are few results that anyone can really call significant.

    But for those with a keen eye for the subtleties of diplomacy-speak and an understanding of the true dangers that face the global economy, the G-20 communiqué had much to say; none of it promising. For those hoping that the participants would move to restore sound money, allow the global financial system to undergo a badly needed deleveraging, and seek to restructure the American economy in a way that is sustainable, the communiqué was a complete disappointment.

    From the outset, the public pronouncements of some important participants led observers to believe that the G-20 meetings would prove acrimonious and strained, with rare public splits emerging over macro-economic policy. But as the meeting got down to brass tacks, the participants seemed to emphasize photo ops with big smiles and confidence-building comments. It looked like a great success for host Prime Minister Gordon Brown, who claimed the emergence of a “new world order”.

    But was the reality behind all the smiles, thumbs up and hugs? Today, the world stands at a crucial crossroads in deciding how to deal with a severe debt-based recession that threatens a world depression. It therefore appears somewhat strange that the G-20 packed so much goodwill and agreement into such a short space of time.

    In the build up to the G-20 meetings, much publicity was given to a major split between the German-led European Union (EU) and the United States and United Kingdom, or “Anglo Saxons” as French President Nicholas Sarkozy calls them. The leaders of the EU disagree fundamentally with the logic of seeking to solve a chronic debt problem with the application of yet more debt. Indeed, the current President of the EU publicly described the U.S. Administration’s stimulus-and-bailout policy as “the road to hell”! Though the leaders surely discussed these issues at length, the final communiqué actively sought to conceal any sign of discord.

    Another key issue that was papered over was the call led by China for the introduction of a new world ‘reserve’ currency to replace the depreciated U.S. dollar. However, clause 19 of the G-20 communiqué did authorize the IMF to create $250 billion of new ‘magic’ money by way of Special Drawing Rights (SDR’s). This opens the way to a new world currency and more international inflation. Meanwhile, the door was left open for the “Anglo Saxons” to continue to force their taxpayers and all holders of their currencies to finance the profligate spending of their governments.

    On the subject of maintaining free trade, many ‘non-committal commitments’ were given, leaving the field open for continued protective trade barriers and competitive currency devaluations, which will likely both deepen and lengthen any depression. Economists have long credited the Smoot-Hawley Tariff of 1930 with initiating a global wave of protectionism which doomed any hope for a quick recovery from the Great Depression. Given the far greater interdependence of today’s world economy, the consequences of a modern trade war would be even more devastating. Scaling back the advantages of global specialization would drastically lower living standards around the world, particularly in the Unites States.

    With that threat looming, the Obama Administration appears still to be persuaded to keep the walking dead (Citi, GM and AIG etc) on citizen-financed life support. Yet, there was no rebuke from G-20 leaders, many of whom lead countries that had formerly been pilloried by the U.S. for economic nationalism. Why not hold the U.S. to its own standard? What should make the Obama Administration’s bailouts so offensive to foreign leaders is that their own citizens will be asked to pay for it! It’s one thing for France to subsidize Airbus to put Boeing at a disadvantage; it’s quite another thing for America to subsidize Boeing with France’s money. In this respect, the meeting’s lack of open conflict was surprising.

    With no rancor anywhere on display, the U.S. stock market rallied in the mistaken belief that a more healthy “new world order” had been established. Smiles are nice, and hugs are grand, but fundamentals pay the bills for investors. The G-20 meeting showed no evidence of reform. If anything, it showed that the trends which we have been following are only going to intensify.

  16. Avatar de 2casa
    2casa

    @ Dissy

    Vous voulez qu’on traduise ?! 😉

  17. Avatar de Titus
    Titus

    Bonjour,

    Ce que vous faites ici est remarquable.
    C’est une source d’espoir, et d’optimisme pour l’avenir.
    Merci beaucoup pour votre générosité.

  18. Avatar de cfeard
    cfeard

    @Dissy

    Take it or leave it !
    Mais la portée de cet article (de qui? de quel journal?) est loin d’atteindre celle de l’article proposé par Paul, sans parler de son orientation.

    Ce qui s’est réellement passé à Londres

    La rencontre des dirigeants des 20 plus grandes puissances économiques à Londres, la semaine dernière, était annoncée comme la réunion internationale la plus importante de ces 60 dernières année en matière de finance. C’était l’étape cruciale pour aboutir à des décisions économiques hautement contestées à l’issue de négociations dignes de la guerre froide. Cependant, pour la plupart des observateurs, les résultats du G20 ont été bien en-deçà des espérances: rares sont ceux que l’on pourrait qualifier de significatifs – mis à part une démonstration magistrale de haute couture de la part de la first lady américaine.

    Mais pour ceux qui sont rompus aux subtilités de la langue diplomatique et comprennent les dangers auxquels fait face l’économie internationale, le communiqué du G20 était éloquent, mais pessimiste. Pour ceux qui s’attendaient à ce que les participants prennent les décisions qui s’imposent pour le rétablissement de la monnaie, le nécessaire assainissement du système financier international, et la restructuration de l’économie américaine sur une base plus durable, le communiqué fut une cuisante désillusion.

    Dès le début, les annonces publiques de certains des participants les plus importants ont porté les observateurs à croire que l’ambiance autour de la table des négociations allait être plus que tendue, des dissensions sévères étant apparues sur la politique macro-économique. Mais au moment de passer aux choses sérieuses, les participants ont préféré se tourner vers les photographes, rivalisant de sourires et de déclarations rassurantes. On aurait vraiment dit que c’était un énorme succès pour l’hôte, le premier ministre Gordon Brown, qui s’empressa de déclarer l’avènement d’un ‘nouvel ordre mondial’.

    Mais tous ces sourires, ces embrassades et ces doigts levé en signe de victoire reflétaient-ils vraiment la réalité? Le monde est aujourd’hui à la croisée des chemins, son avenir dépend de décisions qui doivent être prises pour maîtriser cette grave récession qui menace de se transformer en dépression mondiale. C’est pourquoi il est permis de douter que le G20 ait réussi à aboutir à un accord aussi complet en aussi peu de temps.

    Lors des préparatifs du G20, une différence de points de vues importante a été mise en évidence à maintes reprises entre d’une part l’Union Européenne, menée par l’Allemangne et d’autre part les Etats-unis et le Royaume Uni, aussi nommés ‘Anglo Saxons’ par le président français Nicolas Sarkozy. Les dirigeants de l’Union Européenne sont en complet désaccord avec une logique qui voudrait résoudre un problème chronique de dette en créant encore plus de dette. Le président actuel de l’UE a même qualifié la politique d’impulsions-subventions du gouvernement des Etats-unis de ‘route vers l’enfer’! Les dirigeants ont certainement discuté de tous ces sujets en long et en large, mais le communiqué final se garde bien de révéler le moindre désaccord.

    Un autre point important qui a été escamoté, c’est la demande de la Chine d’introduire une nouvelle monnaie de réserve mondiale pour remplacer le dollar US déprécié. Mais par contre, la clause 19 du communiqué du G20 autorise bien le FMI à créer 250 milliards de dollars d’une nouvelle monnaie ‘magique’ par le biais de Droits de Tirage Spéciaux (DTS), ce qui aboutira à une nouvelle devise mondiale et donc plus d’inflation. En contrepartie, les ‘Anglo Saxons’ ont le champ libre pour poursuivre leur politique de dépenses publiques inconsidérées, financées par leurs contribuables et tous les détenteurs de leurs devises.

    Concernant le maintien du libre-échange, une série d »engagements non contraignants’ ont été pris, laissant la porte ouverte à la poursuite de mesures restrictives, telles que des barrières commerciales de protection et des dévaluations compétitives, capables d’approfondir et d’allonger n’importe quelle dépression. Pendant longtemps, les économistes ont accusé le Smoot-Hawley Tariff de 1930 (établissant des barrières douanières) d’être à l’origine d’une vague de protectionnisme qui condamna toute chance de sortie rapide de la Grande Dépression. L’interdépendance de l’économie mondiale étant aujourd’hui bien plus accentuée qu’alors, les conséquences d’une guerre commerciale moderne seraient bien plus dévastatrices. Réduire les avantages dûs à la spécialisation mondiale mènerait immanquablement à une baisse du niveau de vie dans tous les pays du monde – et particulièrement aux Etats-unis.

    Devant cette menace, le gouvernement d’Obama semble toujours prêt à garder ses morts vivants (Citi, GM, AIG etc.) sous assistance respiratoire – à la charge des citoyens. Mais aucun des dirigeants du G20 n’a émis le moindre blâme, alors que beaucoup d’entre eux sont à la tête de pays qui furent jadis cloués au pilori par les US pour cause de nationalisme économique. Pourquoi ne pas appliquer les mêmes règles aux Etats-unis? Ce qui devrait choquer les dirigeants étrangers dans les subventions accordées par le gouvernement Obama, c’est que ce sont leurs propres citoyens qui devront les financer! C’est une chose, pour la France, de donner des subventions à Airbus pour prendre avantage sur Boeing, c’en est une autre, pour l’Amérique, de donner des subventions à Boeing avec l’argent de la France. C’est en ce sens que l’absence de conflit lors de la réunion est plutôt – surprenante.

    N’affichant aucune rancœur, la bourse de New-York se ressaisit, pensant – à tort – qu’un ‘nouvel ordre mondial’ avait été établi. C’est beau les sourires, et les embrassades sont majestueuses, mais ce sont les fondamentaux qui intéressent les investisseurs. La réunion du G20 n’a rien montré qui ressemble à une réforme. Si elle a mis en évidence quelque chose, c’est que les tendances qui se sont concrétisées ces derniers temps ont toutes les chances de s’intensifier.

  19. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Cfeard

    Je partage votre synthèse, la question restant posée de savoir comment les choses vont évoluer ? Lentement, cela me paraît acquis. Essayant de contourner l »obstacle pour ne pas avoir à l’affronter l’est également. D’où peut survenir une évolution ? La voie des régulations n’étant empruntée que dans le respect des contingences, celle de la révolte populaire balayant tout sur son passage n’étant pas la plus probable, sommes-nous des condamnés, nous aussi sous assistance respiratoire ?

    Je me suis un peu jeté sur l’ouverture chinoise de la nécessité d’une autre monaie de réserve que le dollar, non pas par amour fou du régime chinois et de ce qu’il représente, ni par ce que je crois que les pays dits émergents vont par leur essor solutionner les problèmes que nous ne savons pas résoudre.

    C’est qu’il m’a semblé que cette voie est celle qui allait être empruntée, par étapes et non sans de farouches affrontements et contradictions, afin de résoudre certaines des contradictions les plus criantes du monde actuel. Et qu’elle correspondait à un phénomène montant et irresistible, le changement d’axe du monde.

    Cela se fera pour le meilleur et pour le pire. Je crains fort que le nouvel « ordre mondial » dont ce changement est la promesse ne soit pas nécessairement celui de nos aspirations. Si les sociétés émergentes devaient en quelque sorte exporter leur modèle, comme elles le font de leurs produits…

  20. Avatar de cfeard
    cfeard

    @François Leclerc

    Je suis de nature optimiste, malgré l’évolution de ces trente dernières années. Je crois en un sens de l’histoire, malgré tous les retours en arrière. Un salarié n’est pas un esclave.

    Et même si l’on prend la période récente, ces trente ans qui nous ont amenés à cette crise, n’est-elle pas également synonyme d’une évolution considérable dans les pays émergents. Je ne nie pas les méfaits de cette marche forcée vers le ‘progrès’, mais pour moi une chose est sûre, c’est qu’elle aboutit à un amenuisement des différences entre les pays riches et cette frange toujours croissante des pays émergents. C’est d’ailleurs ce que mettent en avant les libéraux pour justifier leur politique. L’argument n’est pas sans fondement.

    Mais vous avez raison, le futur immédiat est problématique. Je ne crois pas, comme vous, qu’une solution radicale – laquelle d’ailleurs? Elle devrait être pensée avant d’être proposée, or nous n’en sommes qu’aux balbutiements – puisse être mise en œuvre par qui que ce soit.
    Comme vous je pense qu’une monnaie de réserve plus équilibrée doit voir le jour, et comme c’est l’intérêt de tout le monde, sauf des Etats-unis, je crois qu’il y a de bonnes chances que la proposition chinoise aboutisse en effet. Les Etats-unis ont accumulé trop de dettes pour pour continuer impunément à imposer leurs volontés.

    Cela renforcera inévitablement les pays émergents, en premier lieu la Chine, précipitant sa marche vers la première marche du podium des grandes puissances.
    Qu’en résultera-t-il pour le monde? Je ne crois pas que la Chine soit une ‘modèle’ exportable. Elle continuera bien sûr à connaître une évolution interne considérable. Gageons que les idées qui naissent ici, comme un peu partout sur la toile, apporteront leur contribution à ce changement. ‘L’imagination au pouvoir’ en somme 😉

    Mais j’ai abandonné là le stade du futur immédiat. Et c’est lui qui conditionne le futur plus lointain.
    Espérons que nous arriverons à le dépasser.

  21. Avatar de Jean jacques K
    Jean jacques K

    Bonjour,

    J’aimerais bien que vous donniez votre point de vue sur cette question:
    Responsabilité du Private Equity dans l’avenement de la crise des Subprime.

    Merci

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