Billet invité. Cette fois-ci encore, François Leclerc et moi procéderons en deux temps : dans un premier temps, son billet, consacré à l’entretien-choc que Simon Johnson a accordé à « The Atlantic » et dans un second temps, mon propre billet, plus proche dans son style de la chronique. L’un d’entre vous travaille en ce moment à une traduction française de ce long texte, qu’il en soit remercié : il est indispensable que chacun puisse lire les propos de Johnson, François vous fera déjà comprendre pourquoi.
COMMENT LE FMI VERRAIT LA CRISE FINANCIERE AUX USA
La vénérable revue bostonienne « The Atlantic », publie dans son numéro daté de mai 2009 un article qui risque de faire du bruit, sous la signature de Simon Johnson, ancien chef économiste du FMI (mars 2007-août 2008), professeur de la Sloan School of Management du MIT. Il est titré « Le coup d’Etat feutré ».
C’est au nom de son expérience passée au FMI, ainsi qu’en s’appuyant sur ses études approfondies des crises financières passées, dont il est un des experts reconnus, qu’il adopte pour cet article un angle très percutant : si c’étaient les USA qui frappaient à la porte du FMI, comme tant de pays l’ont fait une fois qu’ils avaient épuisé tous les autres recours, que lui aurions-nous dit ?
Après avoir évoqué la situation actuelle en Russie, endettée à l’extrême pour avoir cru que son secteur énergétique pourrait soutenir une croissance continue de la consommation, il explique que le FMI dirait à Poutine, le premier ministre, qu’il ne pourrait obtenir un prêt qu’à condition de faire le ménage dans son oligarchie et avoir fait un choix afin de ne conserver en son sein que les meilleurs représentants, ne pouvant prétendre assumer les dettes de tous.
D’inévitables fortes réactions de défense de cette même oligarchie ont été à chaque fois rencontrées, dès qu’une telle politique était appliquée. Simon Johnson en donne des exemples, pour conclure que cela n’a pas empêché les mesures préconisées de produire leurs effets bénéfiques. On voit que l’intérêt de cet article n’est pas son point de vue critique sur la politique menée par le FMI, ce n’est pas son sujet.
Sous le sous-titre assez ravageur « devenir une république bananière », il en vient à la crise actuelle, pour l’analyser comme le résultat direct de l’action de « l’élite des milieux d’affaires » américains, avec le soutien implicite du gouvernement US. Une situation qu’il a en réalité rencontrée lors de chacune des autres crises économiques et financières qu’il évoque, en Corée du sud, en Malaisie, en Russie ou en Argentine. Plus alarmant encore, précise-t-il, cette élite fait obstacle aux mesures qu’il serait nécessaire de prendre, et le gouvernement semble incapable de sauter l’obstacle qu’elle représente.
Revenant sur les 25 dernières années, l’auteur examine comment les Etats-Unis en sont progressivement arrivés là, sous les différentes administrations successives, comment « l’oligarchie bancaire » est montée en puissance au fur et à mesure que la participation au PIB du secteur financier augmentait. Les raisons profondes de ce double essor ne sont pas analysées, pour s’en tenir à leurs conséquences, qui font aujourd’hui problème. A la constitution de ce qu’il appelle « l’axe Wall Street – Washington ». Avec cette formule redoutable, qui rend compte du caractère proprement corrosif de l’ensemble de son article : « Bien sur, les Etats-Unis sont uniques. A un point tel si que nous avons l’économie, la force militaire et la technologie les plus avancés du monde, nous avons aussi l’oligarchie la plus développée de celui-ci ».
Simon Johnson décrit ensuite comment l’industrie financière américaine a abandonné les méthodes expéditives et violentes utilisées dans les systèmes politiques primitifs, ainsi que les pratiques classiques de corruption, pour constituer son influence politique en s’appuyant sur une sorte de capital culturel, de système de croyance. Il donne aussi les exemples des allers-retours systématiques opérés par de nombreux grands noms de la finance américaine, entre l’administration de l’Etat et le privé. Pour estimer qu’une génération entière d’homme politique a finalement été « hypnotisée » par Wall Street. De longues et précises évocations de cette situation viennent illustrer le propos de l’auteur, qui n’a pas de mal à l’étayer en s’appuyant sur son propre vécu. Avant de décrire les points d’appui sur la base desquels l’industrie financière a pu se développer, après avoir conquis en quelque sorte le pouvoir sans esclandre. D’où le titre de son article.
Sous le sous-titre « les oligarques américains et la crise financière », Simon Johnson en vient aux causes les plus immédiates de cette crise et montre en quoi les autorités comme les acteurs même de cette crise étaient aveuglés par leurs propres croyances, d’autant plus convaincus que tout allait bien que cela allait particulièrement bien pour eux. La critique qui s’en suit des mesures prises par les administrations successives Bush et Obama est sans appel, expression selon lui de la combinaison d’intérêts qu’elles cherchent à préserver, sans autre justification que ce sont les seules possibles et qu’il faut les accepter sans discussion. L’auteur montre ensuite comment le gouvernement a soigneusement évité de porter atteinte aux intérêts des institutions financières, appuyant son propos sur un décryptage des mesures qui ont été prises.
Comment sortir de cette situation ? Deux situations étroitement connectés entre elles doivent être réglées. Celle du système financier, qui fait obstacle à la réussite des plans de relance. Et celle qui donne au secteur financier un droit de veto sur la politique menée par les pouvoirs publics. Simon Johnson considère que la nationalisation des banques est la seule issue, il explique aussi le pourquoi et le comment de cette mesure radicale, selon lui indispensable. Il estime également qu’une législation antitrust est nécessaire pour le secteur financier, et qu’il faut démanteler les grands groupes financiers : « tout ce qui est trop important pour chuter est trop important pour exister ». Et quant à l’oligarchie financière, le conseil que donnerait, selon lui le FMI, à la lumière des expériences qu’il évoquait en tête de son article, ne fait pas dans le détail : « cassez-les ! »
La puissance des Etats-Unis leur permettant de survivre dans une situation de crise, en trébuchant sans arrêt sans pour autant tomber, celle-ci peut durer. Deux scénarios sont alors possibles. Le premier consisterait dans la poursuite de la confusion actuelle, un chaos dans lequel les frontières entre la légalité et l’illégalité seraient brouillées, instaurant pour « les puissants » une grande impunité, une installation dans la crise, avec d’un côté une forte inflation et de l’autre un système de crédit sous perfusion. L’auteur fait référence, à titre d’exemple, à la situation de la Russie de ces dernières vingt années.
L’autre scénario s’appuie sur la spirale descendante que décrit la crise mondiale, touchant tous les continents, mettant les Etats-Unis à genoux, pouvant créer en retour les conditions d’un sursaut. Des actions décisives seraient enfin prises et les vieilles élites se briseraient.
Comme on le peut constater, l’analyse sans concession de Simon Johnson ne brille pas par l’optimisme, mais elle est décapante. Elle décrit un monde, qu’il a fréquenté, qui laisse peu de place à l’espoir car il est arc-bouté sur son pouvoir, ce qui n’est pas en soi une nouveauté.
81 réponses à “L’actualité de la crise : Comment le FMI verrait la crise financière aux USA, par François Leclerc”
Bonjour,
Changement de régime.
Des décennies durant, nous en avons été gavés…berk.
Bravo à M. Simon Johnson !
Bonne journée et continuation.
bonjour,
merci aux personnes qui prennnent la peine de traduire ce texte.
Bonjour,
Si je comprends bien, le conseil du FMI à une économie nationale en crise est d’exporter plus et d’importer moins.
Que faire lorsque toutes les économies de la planète sont en crise et que certaines – et non des moindres – sont au bord de la cessation de paiement ? Comment vendre à celui qui ne pourra pas payer ? En lui prétant encore plus ?
J’ai lu les derniers livres de Paul Jorion, et d’autres, et tout cela m’apprend beaucoup sur le fonctionnement, ou plutôt le non fonctionnement de l’économie capitaliste industrielle et sur la direction que prend notre civilisation mais je me pose une question : comment corriger ce système sans corriger la production industrielle dans son essence : la production de marchandises dans lesquelles la valeur d’échange a fait disparaître la valeur d’usage ?
Bonne journée à tous.
Cela commence a devenir trés interressant, on va bien finir par comprendre a force de chercher a le faire. Merci au traducteur.
[je livre à l’état brut la partie III, sans les liens hypertexte pour les oeuvres et la citation de Bernanke… merci d’excuser le style…]
III Le corridor « Wall Street – Washington »
Bien sûr, les Etats-Unis sont uniques. Et tout comme nous avons l’économie, l’armée et la technologie les plus évoluées du monde, nous avons aussi la meilleure oligarchie.
Dans un système politique primitif, le pouvoir est transmis par la violence, ou par la menace de la violence: coups d’Etat militaires, milices privées et ainsi de suite. Dans un système moins primitif, plus représentatif des marchés émergents, le pouvoir est transmis par l’argent: corruption, pot de vin et comptes dans des banques offshore. Bien que le lobbying et le financement des campagnes électorales jouent un rôle déterminant dans le système politique américain, la bonne vieille corruption – des enveloppes bourrées de billets de 100 $ – est probablement reléguée au second plan, à l’exception de Jack Abramoff.
Au lieu de cela, l’industrie financière américaine a renforcé son pouvoir politique en accumulant une sorte de capital culturel – un système de croyance. Il fut un temps, peut-être, où ce qui était bon pour General Motors était bon pour le pays. Ces dernières décennies, l’attitude générale s’en tint à l’idée que ce qui était bon pour Wall Street était bon pour le pays. L’industrie des banques et des titres est devenue l’un des contributeurs principaux des campagnes politiques, mais au plus fort de son influence, elle n’avait pas besoin de s’acheter les faveurs des politiques de la même manière que l’industrie du tabac ou les constructeurs militaires. Plutôt, elle profitait du fait que les initiés de Washington croyaient déjà que d’importantes institutions financières et la libre circulation des capitaux étaient cruciales pour la position américaine dans le monde.
Un canal d’influence était, bien sûr, le mouvement d’individus entre Wall Street et Washington. Robert Rubin, anciennement président-adjoint de Goldman Sachs, a servi à Washington comme Secrétaire du Trésor sous Clinton, et devint plus tard président du comité exécutif de Citigroup. Henry Paulson, PDG de Goldman Sachs pendant le long boom, devint Secrétaire du Trésor sous George W. Bush. John Snow, le prédécesseur de Paulson, quitta le Trésor pour devenir président de Cerberus Capital Management, un grand private-equity qui compte également Dan Quayle parmi ses dirigeants. Alan Greenspan, en quittant la Réserve fédérale, devint consultant à Pimco, peut-être l’acteur principal sur les marchés d’obligations.
Ces connections personnelles furent souvent multipliées à des niveaux inférieurs au cours des trois administrations présidentielles passées, renforçant les liens entre Washington et Wall Street. C’est devenu une sorte de tradition pour les employés de Goldman Sachs d’être engagés par le service public lorsqu’ils quittent l’entreprise. Le flot des anciens de Goldman – comprenant Jon Corzine, actuellement gouverneur du New Jersey, ainsi que Rubin et Paulson – n’a pas seulement installé des gens équipés de la vision du monde de Wall Street dans les corridors du pouvoir; il a aussi contribué à établir une image de Goldman (à l’intérieur du périphérique au moins [inside the Beltway]) comme une institution quasiment de l’ordre du service public.
Wall Street est un lieu très attirant, parfumé par l’odeur du pouvoir. Ses dirigeants croient effectivement qu’ils manœuvrent les leviers qui font tourner le monde. Il est compréhensible qu’un fonctionnaire invité dans leurs salles de conférence, même simplement pour une rencontre, tombe sous leur emprise. Tout au long de mon travail au FMI, j’ai été frappé par l’aisance d’accès des principaux financiers aux dirigeants les plus élevés du gouvernement U.S. et par l’entremêlement des carrières politiques et financières. Je garde un souvenir vivace d’une rencontre au début 2008 – entre des dirigeants politiques d’un certain nombre de pays riches – lors de laquelle l’orateur affirma, à l’approbation générale de l’assistance, que la meilleure préparation pour devenir un président de banque centrale était de travailler dans une banque d’investissement.
Une génération entière de dirigeants politiques ont été hypnotisés par Wall Street, sont toujours et complètement convaincus que tout ce que disaient les banques était vrai. Les déclarations de Greenspsan en faveur des marchés financiers dérégulés sont bien connus. Mais Greenspan n’était de loin pas le seul. Voici ce que disait en 2006 Ben Bernanke, l’homme qui lui a succédé: « La gestion du risque de marché et du risque de crédit est devenu de plus en plus sophistiqué… Des organisations bancaires de toutes tailles ont fait des avancées significatives ces deux dernières décennies dans leur capacité à mesurer et à gérer les risques. »
Bien sûr, tout ceci était en majeur partie une illusion. Les régulateurs, les législateurs et les universitaires partaient du principe que les dirigeants de ces banques savaient ce qu’ils faisaient. Avec le recul, on sait que ce n’était pas le cas. La division des produits financiers d’AIG, par exemple, fit 2,5 milliards de profits avant impôt, principalement en vendant des assurances sous-évaluées sur des titres complexes et mal-compris. Souvent décrites comme « ramasser des pièces de monnaie devant un rouleau-compresseur », cette stratégie n’est profitable que lorsque tout va bien, et est catastrophique lorsque ça va mal. Ainsi à l’automne dernier, AIG était engagée à assurer plus de 400 milliards de dollars de ces titres. A cette date, le gouvernement U.S., dans une tentative de sauver l’entreprise, s’est engagée à hauteur de 180 milliards de dollars en investissements et prêts pour couvrir les pertes que le modèle sophistiqué de mesure et de gestion des risques d’AIG avait déclaré virtuellement impossibles.
Le pouvoir de séduction de Wall Street s’est même (ou spécialement) étendu jusqu’aux professeurs d’économie et de finance habituellement confinés dans les bureaux étroits des universités et dans la quête des prix Nobels. Comme les mathématiques financières devinrent de plus en plus essentielles à la pratique de la finance, les professeurs prirent de plus en plus position comme consultants ou partenaires des institutions financières. Myron Scholes et Robert Merton, deux prix Nobels, en furent peut-être les exemples les plus fameux; ils occupèrent des postes de direction dans le hedge fund Long-Term Capital Management en 1994, avant que le fond s’évanouisse dans un célèbre échec à la fin de la décennie. Mais bien d’autres suivirent le même chemin. Cette migration donna le brevet de la légitimité académique (et l’aura intimidante de la rigueur intellectuelle) au monde bourgeonnant de la haute finance.
A mesure que de plus en plus de riches faisaient leur argent avec la finance, le culte de celle-ci se répandit dans la culture au sens large. Des œuvres comme « Barbarians at the Gate », « Wall Street », et « Bonfire of the Vanities » – toutes présentées comme des contes initiatiques – ne servirent qu’à augmenter la mystique de Wall Street. Michael Lewis indiqua dans « Portfolio » l’année dernière que lorsqu’il écrivait « Liar’s Poker », un compte-rendu d’initié de l’industrie financière, en 1989, il espérait que le livre pouvait provoquer une indignation envers les horreurs et les excès de Wall Street. A l’inverse il se retrouva « submergé de lettres d’étudiants de l’Etat de l’Ohio qui me demandaient si j’avais d’autres secret à partager… Ils avaient lu mon livre comme un manuel instructif. » Même des criminels de Wall Street, comme Michael Milken et Ivan Boesky, devinrent des idoles. Pour une société qui célèbre l’idée de s’enrichir, il était facile de conclure que l’intérêt du secteur financier était équivalent aux intérêts de la nation – et que les gagnants dans le secteur financier devaient mieux savoir que d’autres ce qui était bon pour l’Amérique et devaient travailler dans le secteur public à Washington. La foi dans la liberté des marchés financiers devint la sagesse partagée – célébrée dans les pages éditoriales du « Wall Street Journal » et au Congrès.
De cette rencontre entre les campagnes de publicité de la finance, les connections entre personnes et l’idéologie qui se répandit, simplement lors de la dernière décennie, coula une rivière de politiques de dérégulations qui sont, avec le recul, pour le moins surprenantes:
– l’insistance sur l’ouverture des frontières à la libre circulation des capitaux;
– le retour en arrière des régulations datant de l’époque de la Grande Dépression, régulations séparant la banque commerciale et la banque d’investissement;
– une interdiction de la part du Congrès de réguler les credits-default swaps;
– une augmentation important de l’effet de levier autorisé pour les banques d’investissement;
– une main légère (devais-je dire invisible?) à la Securities and Exchange Commission dans l’application des régulations;
– des accords internationaux qui autorisent les banques à mesurer elles-mêmes leur propre risque;
– et un échec international d’adapter les régulations aux fantastiques développements de l’innovation financière.
L’état d’esprit qui accompagnait ces mesures à Washington semblait balancer entre la nonchalance et la célébration affichée: la finance libérée de tout lien, pensait-on, allait continuer à propulser l’économie de plus en plus haut.
Il ne faut pas être Grand Clerc pour deviner les liens ancestraux (et à force incestueux) entre l’argent et le pouvoir.
Les grandes banques ont toujours fait le trottoir sur les riches avenues portant le nom des turpitudes humaines.
Aujourd’hui les vrais riches ont cassé certains de leurs jouets et laissent au reste du monde, le « plaisir » de les réparer.
Pour ce faire, les braves gens doivent évidemment d’abord comprendre comment ces jouets fonctionnaient.
L’article de Simon Johnson y contribue.
Ce qui en revanche serait beaucoup plus instructif c’est de savoir avec quoi les enfants gâtés du monde jouent aujourd’hui.
M. Obama, lui doit commencer à avoir une idée. Il devrait en faire part au monde.
ok un petit café et j’attaque la partie IV: les oligarques américains et la crise financière.
Quel bel article, je tiens à remercier Monsieur Johnson, Monsieur Jorion et Leclerc et ses traducteurs d’avoir pu relayer cet article. Il a du prendre des risques considérables pour oser sa parution.
J’espère que son courage sera reconnu par la suite et que ses propos seront utilisés pour comprendre et expliquer cette crise. J’espère également que le nouveau président du FMI possède la même intégrité que son prédécéssseur…
Le second volet de cette cise risque de débutter un peu plus tôt que prévu après les déclarations d’une iconoclasse pareille…
Le retour à l’étalon or, c’est un peu cliché mais n’est-ce pas là le seul moyen de faire retrouver l ‘humanité sa prospérité et son équilibre ?
Pour ceux qui ne le connaissent pas, je vous invite à lire le brillant exposé de Ferdinand Lips.
http://www.alterinfo.net/Les-guerres-de-l-or_a25311.html
En attendant vos commentaires
Merci Mille fois iGor, sincèrement…
Merci pour la traduction.
Merci à 2Casa ,iGor et tous.
Ce qui me surprend c’est la surprise de certains.
Je pensais que le mariage contre nature entre les maitres du monde financier et les sousfifres politiques était connu de tous…
Quoi que la nature a toujours prévu l’association (euh…commensalité ou parasitisme?) entre le sorcier et le chef, le clergé et la noblesse, les hobereaux et les rois, les industriels et les empereurs.
Nous avons aimé la collusion entre les financiers et les présidents.
Maintenant que c’est de notoriété publique nous aimerons la révolte.
Monsieur Johnson c’est St Paul.
Nous vivons beatement sur la planète des Shadoks et nous croyions à l’abri des protections sociales du plateau de Ponzi.
C’est le plateau de Gizeh entouré de plus grosses pyramides.
Trop de touristes maintenant.
@jimmy,
Je pense que cela serait la pire des solutions de revenir a l’étalon OR. Tu n’imagine pas a quelle point cette relique barbare pourrait nous faire régresser. Et pour ceux qui espérent un énorme désordre,se serait bien sur la chose révé. Mais je pense qu’il y a des solutions beaucoup plus simple et moins dangereuse. Le passage a l’OR ne ferait qu’écrouler tout le système et je pense que les pays qui en sont démuni retournerait aux moyen age en moins d’une décenie. Les pays producteur voudrait tous se faire payer en OR et l’inflation serait telle que la guerre pointerait sont nez dans toutes les directions. Vue la masse monaitaire mondial, le kilo d’Or atteindrait des prix astronomique. Et les détenteur de se précieux métal deviendrait des poules entouré de millard de loup. N’oublier pas que chaque détenteurs d’or et inscrit sur le registre des vendeurs et qu’as mon avis, je ne doneerais pas chère de leur peaux si ont devait rétrograder a se point. L’OR serait pire encore que la peste et le choléra pointant leur nez enssemble. En tout cas, si cela devait arriver, je conseillerais a tout le monde de s’armer et d’apprendre a s’en servir. Car se serait surement le meilleur moyen de survivre.
En tout cas l’articje de Mrs Johnson va dans le sens du post de Chanpignac « la routine a 20:23 hier soir ».
[la partie IV, toujours à l’état brut… et pour la suite, il va falloir soit attendre un peu soit que quelqu’un prenne le relai, parce que je fatigue là, et ça doit déja se ressentir…. d’autant qu’il y a des passages où je ne suis pas certain de bien comprendre, notamment ces histoires de preferred shares…]
Les oligarques américains et la crise financière
L’oligarchie et les politiques gouvernementales qui y contribuèrent ne furent pas les uniques causes de la crise financière qui éclata l’année dernière. Plusieurs autres facteurs y participèrent, comme des emprunts excessifs par les ménages et des conditions de prêts trop laxistes à l’extérieur du domaine habituel de la finance [subprime]. Mais les plus importantes des banques commerciales et d’investissement – ainsi que les hedge funds qui sont à leurs côtés – étaient les plus gros bénéficiaires des bulles jumelles de l’immobilier et des actions de cette décennie, leurs profits se nourrissant d’un volume toujours grandissant de transactions supportés par une base relativement étroite d’actifs physiques réels. A chaque fois qu’un prêt était vendu, empaqueté [avec d’autres comme pour un CDO si je comprends bien], titrisé et revendu, les banques prélevaient leurs frais, et les hedge funds qui achetaient ces titres récoltaient des honoraires toujours plus gros à mesure que leurs fonds augmentaient.
Parce que tout le monde s’enrichissait et parce que la santé de l’économie nationale dépendait autant de la croissance de l’immobilier et de la finance, personne à Washington n’eu l’intention de s’interroger sur ce qui se passait. Au lieu de cela, Greenspan, le directeur de la Fed et le président Bush affirmaient régulièrement que l’économie était fondamentalement saine et que la croissance fantastique des titres complexes et des credit-defaults swaps étaient des preuves de la bonne santé d’une économie dans laquelle le risque était distribué de la manière la plus sûre.
En été 2007, des signes de tension commencèrent à apparaître. La bulle avait produit tellement de dette que même un trébuchement économique mineur pouvait causer des problèmes majeurs, et l’augmentation de défaut de paiement du secteur des hypothèques subprimes fut ce hoquet fatal. Depuis lors, le secteur financier et le gouvernement fédéral se sont comportés exactement comme on pouvait s’y attendre à la lumière des crises passées des marchés émergents.
Depuis, les princes du monde financier ont été bien sûr décrédibilisés en tant que leaders et stratèges – du moins aux yeux de la plupart des Américains. Mais alors que les mois passèrent, les élites financières ont continué à considérer que leur position de chouchous de l’économie est acquise, malgré le désastre qu’ils ont causé.
Stanley O’Neal, le PDG de Merrill Lynch, a fortement engagé son entreprise dans le marché des MBS lors de son point haut en 2005 et 2006; en octobre 2007, il reconnu: « la vérité est que nous – enfin je – nous nous sommes trompés en nous surexposant aux subprimes, et que nous avons souffert de l’absence de liquidité de ce marché. Personne n’est plus déçu que moi de ce résultat. » O’Neal emporta avec lui un bonus de 14 millions de $ en 2006; en 2007 il quitta Merrill Lynch avec un parachute doré de 162 millions de $, même si celui-ci a bien fondu depuis.
En octobre, John Tain, le dernier PDG de Merrill Lynch, a poussé son équipe de directeurs à lui accorder un bonus de 30 millions de $ ou plus, puis a réduit sa demande à 10 millions de $ en décembre; il retira sa requête face à un incendie de protestations, seulement après que l’affaire fut dévoilée dans le Wall Street Journal. Merrill Lynch dans son ensemble ne faisait pas mieux: le paiement des bonus, 4 milliards de dollars au total, fut avancé en décembre, vraisemblablement afin d’éviter la possibilité que ces bonus soient réduits par Bank of America qui devint propriétaire de Merrill dès le premier janvier. Wall Street versa 18 milliards de bonus de fin d’année l’année dernière à ses employés new-yorkais, après que le gouvernement déboursa 243 milliards de $ au titre d’aide d’urgence au secteur financier.
Lors d’une panique financière, le gouvernement doit répondre à la fois rapidement et la dernière vigueur. La racine du problème est l’incertitude – dans notre cas l’incertitude sur le fait que les banques disposent de suffisamment d’actifs pour couvrir leur passif. Des demi-mesures combinées avec le recours à la pensée magique et une attitude passive ne peut pas surmonter cette incertitude. Et plus la réaction tarde, plus cette incertitude bloque le crédit, sape la confiance des consommateurs et fige l’économie – rendant le problème de plus en plus difficile à résoudre. Et bien, les caractéristiques principales de la réaction du gouvernement à la crise financière ont été le retard, le manque de transparence, et l’absence de volonté de déranger le secteur financier.
Jusqu’ici la réponse du gouvernement peut le mieux être décrite comme « la politique du maché » [deal]: lorsqu’une institution financière majeur se trouve en difficulté, le Département du Trésor et la Réserve fédérale concoctent un sauvetage pendant le week-end et annonce le lundi que tout est en ordre. En mars 2008, Bear Stearns a été vendu à JP Morgan Chase d’une manière qui ressemblait pour beaucoup être un cadeau pour JP Morgan. (Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan, fait partie de l’équipe de directeurs de la Réserve fédérale de New-York qui, avec le Département du Trésor, a arrangé la transaction.) En septembre, nous avons vu Merrill Lynch être vendue à Bank of America, le premier sauvetage d’AIG, ainsi que la saisie et vente immédiate de Washington Mutual à JP Morgan – le tout arrangé par le gouvernement. En octobre, neuf grandes banques furent recapitalisées le même jour en huis-clos à Washington. Et suivit les sauvetages supplémentaires de Citigroup, AIG, Bank of Amercia, encore Citigroup et encore AIG.
Certains de ces arrangements ont peut-être été des réponses raisonnables à la situation immédiate. Mais il n’a jamais été clair (et ne l’est toujours pas) quelle combinaison d’intérêts furent servis, et comment. Le Trésor et la Fed n’agirent en accord avec aucun principe énoncé publiquement, mais élaborèrent simplement la transaction et déclarèrent que c’était ce que l’on pouvait faire de mieux étant donné les circonstances. Il s’agissait de marchés fait en fin de nuit, dans l’arrière salle, tout simplement.
Tout au long de la crise, le gouvernement a fait particulièrement attention à ne pas déranger les intérêts des institutions financières, ou de ne pas mettre en question les bases du système qui nous a amené là. En septembre 2008, Henry Paulson demanda au Congrès 700 milliards de $ afin d’acheter des actifs toxiques aux banques, sans conditions et sans regard judiciaire sur ses décisions d’achat. Plusieurs observateurs suspectèrent que l’objectif était d’acheter à un prix surévalué ces actifs et de cette manière débarrasser les banques du problème – et en effet, c’est le seul effet positif que l’achat d’actifs toxiques eurent provoqué. Peut-être parce qu’il n’était pas possible de faire politiquement admettre un subventionnement si évident, ce plan a été suspendu.
En lieu et place, l’argent a été utilisé pour recapitalisé les banques, pour acheté des parts dans des conditions qui furent grossièrement favorables aux banques elles-mêmes. A mesure que la crise s’approfondissait et que les institutions financières eurent besoin de plus d’aide, le gouvernement s’est montré de plus en plus créatif pour trouver des moyens complexes d’apporter des subventions aux banques afin que le public ne parviennent pas à comprendre. Le premier sauvetage d’AIG, dont les termes étaient relativement bons pour le contribuable, a été complété par trois autres sauvetages dont les conditions étaient bien plus favorables pour AIG. Le deuxième sauvetage de Citigroup et celui de Bank of America comprirent des garanties d’actifs complexes qui offraient des assurances aux banques à des taux bien inférieurs à ceux du marché. Le troisième sauvetage de Citigroup, fin février, convertit des actions privilégiées du gouvernement en actions normales à un prix bien plus élevé que le prix du marché – un subventionnement que même la plupart des lecteurs du Wall Street Journal n’auraient pas remarqué à la première lecture. Et les actions privilégiées convertibles que le Trésor achètera dans le cadre du nouveau Plan de Stabilité Financière donne l’option de conversion (et donc l’avantage [and thus the upside] aux banques, et non pas au gouvernement.
Le dernier plan – qui a probablement pour objectif d’apporter des prêts bon marchés aux hedge funds et autres afin qu’ils puissent acheter des actifs toxiques à des prix relativement élevés – a été énormément influencé par le secteur financier, et le Trésor ne l’a pas caché. Comme Neel Kashkari, un dirigeant important du Trésor à la fois sous Henry Paulson et Tim Geithner (et un ancien de Goldman), déclara au Congrès en mars, « Nous avons reçus des propositions non sollicitées de la part de personnes du secteur privé disant: « Nous avons des réserves de capital; nous désirons acquérir des actifs des banques en difficultés. » » Et le plan permet de faire exactement cela: « En mariant le capital du gouvernement – le capital du contribuable – au capital du secteur privé et en apportant le financement, vous pouvez rendre ces investisseurs capables d’acheter ses actifs à un prix intéressant pour les investisseurs et intéressant pour les banques. » Kashkari n’a pas préciser si ce prix était intéressant pour le troisième groupe concerné: les contribuables.
Même en laissant de côté la justice envers les contribuables, l’approche du gant de velours du gouvernement envers les banques est profondément inquiétant, pour une simple raison: ça ne va pas forcer le secteur financier à changer de comportement, habitué qu’il est à faire des affaires selon ses propres exigences, à une période où ce comportement doit changer. Comme un important dirigeant de banque anonyme l’a dit au New York Times l’automne dernier, « Peu importe combien Hank Paulson nous donne, personne ne va prêter un centime avant que l’économie se rétablisse. » Et voilà le nœud: l’économie ne peut se redresser sans que les banques soient à nouveau saines et désireuses de prêter.
un grand merci aux traducteurs
à TARTAR, soit, mais …. il importe de décrire, ( en vue de prescrire…) » le grand polypourri »
J’avais commencé moi aussi de mon côté, avant de m’apercevoir que 2casa m’avait ‘coiffé sur le poteau’, j’ai donc abandonné alors que j’hésitais sur la traduction de ‘assumption of private debt obligations’.
Chapeau à 2casa.
Après réflexion (la nuit porte conseil), je décide de livrer mon méfait. Deux seuls points dans l’œuvre de 2casa ont attiré mon attention : la traduction de ‘rollover’ (je penche pour ré-échelonnement) et celle de ‘get carried away’ (s’emballèrent – et non ‘furent poussés dehors’).
Le krach a mis a nu bien des vérités déplaisantes sur les US. L’une des plus alarmantes, dit un ancien économiste en chef du Fonds Monétaire International, est que l’industrie financière a pris sous sa coupe notre gouvernement – une situation qui s’apparente davantage à ce qui arrive avec des pays émergents, et est au cœur de bien des crises dans ces pays. Si les équipes du FMI pouvaient parler librement sur les États-Unis, elles nous diraient ce qu’elles disent à tous les pays dans cette situation: la reprise échouera à moins de briser l’oligarchie financière qui bloque des réformes essentielles. Et si nous voulons empêcher une vrai dépression, le temps va bientôt nous manquer.
Le coup de force tranquille
S’il y a une chose que vous apprenez rapidement quand vous travaillez au Fonds Monétaire International, c’est que personne n’est vraiment content de vous voir. Typiquement, les ‘clients’ ne viennent à vous qu’après que les capitaux privés les ont abandonnés, après que leurs partenaires des groupements régionaux de commerce ont failli dans leurs efforts pour les sauver, après que les tentatives en dernier ressort d’emprunter auprès d’amis puissants tels que la Chine ou l’Union Européenne ont échoué. Vous n’êtes jamais en tête de liste sur le carnet de bal des demoiselles.
La raison, c’est que le FMI s’est fait une spécialité de dire à ses clients ce qu’ils ne veulent pas entendre. J’aurais dû le savoir; j’ai exigé des changements pénibles de beaucoup d’autorités étrangères lorsque j’y étais en tant qu’économiste en chef, en 2007 et 2008. Et j’ai ressenti les effets des pressions du FMI, au moins indirectement, quand que je travaillais avec des gouvernements de l’Europe de l’est alors qu’il luttaient avec les difficultés après 1989, et avec le secteur privé d’Asie et d’Amérique Latine pendant les crises de la fin des années 1990 et du début des années 2000. A cette époque, j’ai vu de moi-même et de près le flux incessant des personnages officiels – d’Ukraine, de Russie, de Thaïlande, d’Indonésie, de Corée du Sud et d’ailleurs – aller d’un pas lourd vers le Fonds alors que les temps étaient durs et que toute alternative avait échoué.
Aucune crise ne ressemble à une autre, bien sûr. L’Ukraine faisait face à l’hyperinflation en 1994, la Russie avait un besoin d’aide désespéré quand son plan de refinancement(ré-échelonnement) de la dette à court terme a explosé à l’été 1998; la roupie indonésienne a plongé en 1997, mettant pratiquement à plat l’économie des entreprises; cette même année, le miracle économique de la Corée du Sud s’arrêta brusquement après 30 ans lorsque les banques étrangères refusèrent d’accorder de nouveaux crédits.
Mais je dois vous dire que, pour les représentants du FMI, toutes ces crises avaient quelque chose en commun: elles étaient toutes aussi déprimantes. Il est clair que chacun des pays avait besoin d’un prêt, mais au-delà de cela, chacun devait également procéder à des réformes importantes pour que le prêt servît à quelque chose. Dans presque tous les cas, les pays concernés doivent apprendre à vivre avec leurs moyens après une période d’excès – il faut augmenter les exportations et réduire les importations – et le but est d’obtenir ces résultats sans aboutir à la plus horrible des récessions. C’est le rôle des économistes du Fonds de consacrer du temps à élaborer des stratégies et des politiques de redressement – budget, financement, etc. – qui sont à même de venir à bout de cette crise. Mais la solution économique est rarement difficile à mettre au point.
Non, la difficulté majeure pour les cadres du Fonds, et l’obstacle principal pour le redressement, c’est presque toujours les décisions politiques qui doivent être prises dans les pays en crise.
Typiquement, ces pays sont dans cette situation économique désespérée pour une simple et unique raison – leurs élites au pouvoir ont été trop ambitieuses et ont pris trop de risques alors que les choses allaient bien. Les gouvernements des pays émergents et leurs alliés dans le secteur privé forment en général une oligarchie très soudée – la plupart du temps bien intentionnée – dirigeant le pays un peu comme une entreprise cherchant à maximiser le profit et dont ils seraient les actionnaires. Quand un pays comme l’Indonésie ou la Corée du Sud ou la Russie est en pleine croissance, les ambitions de ses capitaines d’industrie suivent la même pente. En tant que maîtres de leur mini-univers, ces personnes font des investissements qui profitent clairement à l’économie en général, mais leurs paris deviennent de plus en plus gros et risqués. Ils pensent – la plupart du temps à bon escient – que leurs relations politiques vont leur permettre de reporter sur le gouvernement les problèmes importants qui pourraient survenir.
En Russie, par exemple, le secteur privé connaît actuellement de sérieuses difficultés parce qu’il a emprunté au cours des cinq dernières années au moins 490 milliards de dollars auprès des banques et des investisseurs étrangers, pensant que le secteur énergétique du pays pourrait supporter une croissance continue de la consommation dans l’économie toute entière. Lorsque les oligarques russes ont déboursé ces capitaux, acquérant d’autres entreprises et s’engageant dans des plans d’investissement ambitieux créateurs d’emplois, leur importance vis-à-vis de l’élite politique s’est accrue. Des appuis politiques plus importants signifiaient l’accès à des contrats plus lucratifs, des réductions d’impôts et des subventions plus élevées. Et les investisseurs étrangers n’auraient pu être plus satisfaits. Toutes choses égales par ailleurs, ils préfèrent prêter leur argent à des gens qui ont l’appui implicite de leur gouvernement, même si cet appui a un léger relent de corruption.
Mais les oligarques des pays émergents s’emballent toujours. Ils gaspillent leur argent et construisent des empires économiques monstrueux sur des montagnes de dettes. Les banques nationales, quelques fois sous la pression du gouvernement, sont trop heureuses d’accroître leurs lignes de crédit pour les élites et ceux qui en dépendent. Mais le surendettement connaît toujours une fin tragique, que ce soit pour un individu, une entreprise ou un pays. Tôt ou tard les conditions du crédit se durcissent et personne ne veut plus vous prêter à des conditions qui seraient acceptables.
La spirale qui suit est particulièrement vertigineuse. D’énormes entreprises vacillent au bord du défaut de paiement et les banques nationales qui leur ont prêté de l’argent s’effondrent. Ce qui hier encore s’appelait ‘partenariat public-privé’ est rebaptisé ‘capitalisme de copinage’. Le crédit venant à manquer, la paralysie économique s’ensuit, et les conditions ne font qu’empirer de jour en jour. Le gouvernement est forcé de réduire ses réserves en devises étrangères pour payer les importations, servir la dette et couvrir les pertes privées. Un jour ou l’autre, ces réserves s’épuiseront. Si le pays n’arrive pas à se redresser avant que cela n’arrive, il sera en situation de faillite et sera considéré comme un paria économique. Dans sa course pour arrêter l’hémorragie, le gouvernement devra liquider certains des champions nationaux – maintenant pissant du cash – et généralement restructurer un secteur bancaire totalement déséquilibré. En d’autres mots, il devra faire suivre une cure d’amaigrissement au moins à certains de ses oligarques.
Mais affamer les oligarques n’est pas exactement la stratégie poursuivie par les gouvernements des pays émergents. Bien au contraire: au début de la crise, les oligarques sont les premiers à recevoir des aides particulières du gouvernement, tels que l’accès préférentiel aux devises étrangères, ou peut-être une gentille suspension d’impôts, ou – et ça c’est une technique de subvention qu’affectionne particulièrement le Kremlin –
je constate qu’on est bientôt au bout… si 2casa est là il en fera qu’une bouchée et avec brillo! 🙂
de toute manière je m’y remets bientôt et on va pouvoir mettre tout ça ensemble
si quelqu’un veut améliorer les parties que j’ai traduit, j’en serai très heureux!
@ logique
Je pense que tu as raison, et que ce n’est pas une bonne solution pour le court terme. Par contre, tant que les banques auront le pouvoir de créer de l’argent ex-nihilo en amont du système économique, il aura des personnes pour arroser leur jardin avec…
Sur le long terme, le système d’étalon-or semble peu approprié à notre société étant donné les besoins vitaux en crédit (en investissement pour surmonter les défis ultérieurs, notamment écologiques et démographiques). Cependant, le système change-or me semble réutilisable, et constitue un frein naturel à la création monétaire de part la rareté de l’or…
Je pense que ce n’est pas pour rien que les banques centrales basent encore d’1/3 de leur réserve en or, et que la vente d’or est limitée : c’est parcequ’elles ont toujours su qu’au fond d’elles, le système de réserve fractionnaire était beaucoup trop dangereux pour être mis au main des hommes.
Quand aux Pays dont l’arrogance leur a fait croire que du papier (dollar, titres de créances) pouvait servir de contrepartie à leur monnaie, avec laquelle ils achètent le travail réel de millions de peronnes, indéfiniment, ils ne peuvent que mériter de longues années de purge.
@ Igor
Joli boulot !
Part V : L’issue
Si on observe seulement la crise financière (en laissant de côté certains des problèmes de l’économie en général) nous affrontons deux difficultés majeures et intrinsèquement liées. La première est un secteur bancaire désespérément malade qui menace d’étouffer toute reprise naissante qui pourrait être générée par le stimulus fiscal. La seconde est un équilibre des pouvoirs politiques qui donne un droit de véto au secteur financier sur les politiques publiques, même lorsque ce secteur perd le soutien populaire.
Les grandes banques, semble-t-il, n’ont cessé de gagner en pouvoir politique depuis le début de la crise. Et ce n’est guère surprenant. Avec un système financier si fragile, les dégâts que pourrait causer la faillite d’une des principales banques – Lehman était de taille modeste comparée à Citygroup ou BoA – sont bien plus importants qu’en temps normal. Les banques ont ainsi exploité cette peur alors qu’elles tiraient de Washington des accords favorables pour elles. BoA a ainsi obtenu son deuxième « plan de sauvetage » (« bailout ») en janvier après avoir averti le gouvernement qu’elle ne pourrait peut-être pas soutenir l’acquisition de Merrill Lynch, une perspective que le Trésor ne veut même pas envisager.
Les défis que les USA affrontent sont des territoires familiers pour les membres du FMI. Si vous cachiez le nom du pays et ne montriez que les chiffres, il ne fait aucun doute que n’importe quel membre (« old hand » ?) du FMI vous dirait : nationalisez les banques et démantelez-les autant que nécessaire.
D’une certaine manière, en fait, le gouvernement a déjà pris le contrôle du système bancaire. Il a garanti les engagements (« liabilities ») des plus grosses banques et il reste leur seule source plausible de capitaux aujourd’hui. Pendant ce temps, la réserve fédérale a repris le rôle majeur de fournisseur de crédit à l’économie – la fonction que le secteur bancaire privé est supposée tenir, et qu’il ne fait pas. Mais il y a des limites à ce que la Fed peut faire toute seule ; consommateurs et entreprises restent dépendants des banques « that lack the balance sheets and the incentives » (?) pour octroyer les prêts dont l’économie a besoin et le gouvernement n’a guère de prises sur qui dirige les banques ni sur ce qu’ils font.
A la racine du problème des banques on trouve les pertes énormes qu’elles ont indubitablement subies sur leurs portefeuilles d’assurances et de prêts. Mais elles ne veulent pas reconnaître l’étendue complète de leurs pertes parce qu’elles devraient alors s’afficher insolvables. Alors, elles minimisent le problème (« talk down ») et demandent des aides insuffisantes pour les assainir (et une fois encore elles ne peuvent révéler l’étendue de l’aide dont elles auraient besoin pour cela), mais qui leur permettent de tenir encore un peu. Ce comportement est délétère : les banques « malades » ne prêtent pas (accumulant l’argent pour reconstituer des réserves) ou elles font des paris désespérés sur des prêts à haut risque ou des investissements qui pourraient rapporter gros, mais qui, probablement ne paieront pas du tout. Dans l’un ou l’autre cas, l’économie continue à souffrir, et par là même, les actifs des banques continuent à se détériorer – générant ainsi un cercle vicieux destructeur.
(Désolé le devoir m’appelle. Igor si tu le souhaites je peux terminer cette partie dans l’après-midi et tu te charges de la dernière partie ? Courage !)
Merci @ cfeard pour la correction des contresens. Je traduis un peu à la volée et sans dico autant dire que pour les idiomatismes et le vocabulaire technique c’est pas top. Mais, en groupe, on devrait pouvoir obtenir qq chose de bien. Désolé pour le manque d’organisation : j’attends vos commentaires avant de poursuivre cet aprèm sur cette avant dernière partie.
@ 2casa
ok je commence la dernière partie tout bientôt de suite 🙂 et si je suis en avance ben je terminerai ce que tu as commencé… et après il faudra mettre tout cela ensemble et épuré un peu.
dire que les cerisiers sont en fleurs! bientôt le temps des cerises quoi 😀
un grand merci aux traducteurs pour leur travail rapide et leur bonne volonté!
Qu’ils dorment en paix ce soir!
Bonjour,
Petits veinards…
merci et bon ouvrage.
Un grand merci à tous les traducteurs pour ces informations capitales; effectivement , il faut largement diffuser ce texte à tout public et en particulier vers nos représentants politiques qui sont si peu innovants.
Si je comprends bien, nous ne sommes pas sorti de l’auberge et DSK non plus….
[la partie finale, la VI donc… en attendant que la V soit terminée]
VI : Deux chemins
Pour paraphraser Joseph Schumpeter, l’économiste du début du 20e siècle, tout le monde a des élites; la chose important est d’en changer de temps à autres. Si les États-Unis étaient simplement un autre pays qui viendrait au FMI le chapeau à la main, je serais passablement optimiste quant à son futur. La plupart des crises des marchés émergents que j’ai mentionné se sont terminées relativement rapidement et débouchèrent, pour la partie principale, sur des rétablissements relativement solides. Mais, hélas, c’est là où nous devons quitter notre analogie entre les États-Unis et les marchés émergents. Les pays des marchés émergents n’ont qu’une prise précaire sur la richesse, et sont globalement faibles. Lorsqu’ils sont en difficulté, ils ne disposent littéralement plus d’argent – ou au moins ne disposent plus de devises étrangères sans lesquelles ils ne peuvent survivre. Ils n’ont pas le choix et doivent prendre des décisions difficiles; dans la dernière extrémité, une action déterminante fera partie du cadeau, sera comprise dans le prix [baked into the cake]. Mais, évidemment, les États-Unis sont la nation la plus puissante du monde, démesurément riche, et jouissant de ce privilège exorbitant de pouvoir payer ses dettes envers l’étranger dans sa propre monnaie, qu’elle [cette nation] peut imprimer. En conséquence, elle pourrait bien continuer encore longtemps – comme le Japon l’a fait durant la décennie perdue – de ne pas avoir le courage de faire ce qu’elle a besoin de faire, et de ne jamais vraiment se rétablir. Une franche rupture avec le passé – qui signifie la prise de contrôle et l’assainissement des grandes banques – ne semble pas être au programme actuellement. Et personne au FMI peut forcer les États-Unis à le faire.
A mon sens, les Etats-Unis ont devant eux deux scénarios probables. Le premier est constitué d’arrangements banque après banque et d’un continuel roulement de sauvetages (répétés), comme ceux qu’on a pu voir en février pour Citigroup et AIG. L’administration tentera d’y parvenir tant bien que mal, et la confusion règnera.
Boris Fyodorov, ancien ministre des finances de la Russie, a lutté pendant la majeur partie de ces 2 dernières décennies contre les oligarques, contre la corruption et l’abus d’autorité dans toutes ses formes. Il disait volontiers que la confusion et le chaos allaient dans le sens des intérêts des puissants – leur permettant d’agir légalement ou illégalement, en tout impunité. Lorsque l’inflation est élevée, qui peut encore dire ce qu’un morceau de propriété vaut réellement? Lorsque que le système de crédit repose sur des arrangements gouvernementaux byzantins et des transactions d’arrière-salle, comment savoir si vous n’êtes pas escroqué?
Notre futur peut être celui où un tumulte permanent rend possible le pillage du système financier, et nous parlons de plus en plus de la manière dont nos oligarques devinrent des bandits et du fait que l’économie ne peut simplement pas revenir à la normale.
Le deuxième scénario commence de manière plus lugubre et pourrait finir de même. Mais au moins il apporte un peu d’espoir et nous serions secoués jusqu’à sortir de notre torpeur. Voilà comment il se déroule: l’économie mondiale continue de se détériorer, le système bancaire d’Europe centrale et de l’est s’écroule, et – parce que les banques d’Europe de l’est sont pour la plupart propriétés de banques d’Europe de l’ouest – des craintes légitimes d’insolvabilité de gouvernement se diffuse dans tout le Continent. Les créanciers sont encore un peu plus mis à mal et la confiance s’éloigne encore plus. Les économies asiatiques qui exportent des biens manufacturés sont dévastées, et les producteurs de matières premières d’Amérique latine et d’Afrique ne s’en sortent pas mieux. Une aggravation de l’environnement global met l’économie américaine, déjà chancelante, sur ses deux genoux. Les taux de croissance utilisés par l’administration pour le budget en cours sont de plus en plus considérés comme irréalistes, et les « scénarios de stress » souriants que le Trésor américain utilise actuellement pour évaluer les bilans des banques deviennent la source de grand embarras.
Sous une pression de cette nature, et devant la perspective d’un écroulement national et mondial, les esprits pourraient se montrer plus attentifs.
La représentation communément partagée parmi l’élite est toujours que la crise actuelle « ne peut pas être aussi mauvaise que lors de la Grande Dépression ». Cette vision est fausse. Ce à quoi nous sommes confrontés pourrait, en réalité, être pire que la Grande Dépression – parce que le monde est aujourd’hui bien plus interconnecté et parce que le secteur bancaire est tellement énorme. Nous faisons face à une récession synchronisée dans presque tous les pays, une confiance affaiblie parmi les individus et les entreprises, et des problèmes majeurs pour les finances gouvernementales. Si notre leadership se réveille et intègre toutes les conséquences potentielles de cette situation, alors nous verrons peut-être des actions importantes qui seront prise sur le système bancaire et la vieille élite brisée. Espérons alors qu’il ne soit pas trop tard.
L’un d’entre vous veut-il s’occuper de mettre tout ça ensemble, en tirant parti des éclairs de génie des uns et des autres ? Répondez-moi ici plutôt que par e-mail. Une fois que nous aurons affiché un texte définitif, j’éliminerai des commentaires toute la dimension « correspondance ».
@ paul jorion
je suis en mode « pause » pour un petit moment là… 🙂
@2casa
autre petite remarque subsidiaire:
eventually -> un jour ou l’autre – ou quelque chose d’équivalent.
(not a weak probability of occurrence – éventuellement)
Mais cela ne retire rien à votre mérite et à mon respect auquel j’associe évidemment Pierre-Yves D. et iGor milhit.
Magnifique ce que vous faites!
@kerema29 & autres
Diffuser largement? Hum, je vous rappelle, quand même, l’existence de ceci:
« The Atlantic Monthly and the Atlantic web site, and all other text and images contained on the Atlantic web site and in The Atlantic Monthly’s products are protected by United States trademark and copyright law and other applicable law and are the property of The Atlantic Monthly, except as otherwise identified. »
« Acceptable Use Policy
You are solely responsible for any and all acts and omissions that occur during or relating to your use of the Atlantic web site, and you agree not to engage in unacceptable use of the Atlantic web site, which includes, without limitation, use of the Atlantic web site to:
xxx xxx xxx
# Modify, adapt, sub-license, translate, sell, reverse engineer, decompile or disassemble any portion of the Atlantic web site; (NDLR: notez le « translate »)
# Remove any copyright, trademark or other proprietary rights notices contained in the Atlantic web site; »
Un détail? 🙂
Je vais leur écrire.