L’ère des kolossal coups de pouce

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Ce qui est consternant dans les recommandations du G20, dans les plans Geithner, etc. c’est leur incapacité totale à penser les moyens de résoudre la crise en-dehors des sentiers battus. Il semble que pour les décideurs, on se trouve toujours dans le cadre de ce que Jean-Maxence Granier, appelle la « posture B » : « le système survit, bien que difficilement, pour retrouver au bout du compte sa forme originelle ».

Quand on dit : « Ceux qui sont responsables de la crise font partie du problème, pas de sa solution », on pense d’abord aux représentants du monde de la finance, et l’on néglige les régulateurs et les politiques qui leur avaient signé un chèque en blanc. Eux aussi semblent incapables du « thinking out of the box », comme dit l’anglais, incapables de recourir à la pensée latérale : eux aussi n’envisagent des mesures que si elles se coulent dans le cadre de cette même « posture B » où, à la simple différence de la « posture A » pour qui le système oscille de manière rassurante entre vaches grasses et vaches maigres, il convient encore de lui donner un « coup de pouce » pour lui faire retrouver sa bonne santé.

Et comme il ne s’agit pas d’innover, on ne s’interroge pas sur la façon de se débarrasser des produits dérivés qui transformèrent le risque en risque systémique : on vise plutôt à la transparence de leur marché, on n’interdit pas les hedge funds qui orchestrèrent la spéculation débridée : on leur vient en aide pour qu’ils puissent acheter des instruments de dette dépréciés, on ne réfléchit pas à la faute logique qui vicie le principe de la titrisation : on se demande comment la relancer, on ne se demande pas comment améliorer la comptabilité des entreprises, on leur dit : proposez des chiffres, on vous couvre jusqu’à ce que les choses s’arrangent. Et las ! les choses ne s’arrangent pas, elles vont au contraire de mal en pis, mais la philosophie en haut-lieu demeure imperturbable : « Ce n’est qu’un mauvais moment à passer ! », même si l’anxiété n’arrête pas de monter et si la fréquence des moments de panique augmente inexorablement.

S’accrocher à une représentation de la crise en « posture B » présente plusieurs aspects positifs : les avantages acquis sont préservés et le personnel est maintenu en place. Cela présente aussi un inconvénient majeur : ça ne marche pas. On est passé insensiblement des petits coups de pouce de 2007 d’un montant chiffré en milliards d’euros ou de dollars aux gros coups de pouce du début 2008, puis aux coups de pouce énormes de la fin de l’année se chiffrant désormais en centaines de milliards. Quant à 2009, c’est l’année des « kolossal » coups de pouce, aux montants exprimés cette fois en « trillions » d’euros ou de dollars. Et malgré l’ambition de plus en plus pharaonique, toujours pas la moindre lueur au bout du tunnel !

Ce qui a cependant changé, c’est que le sentiment général a cessé d’être la perplexité que suscitaient les budgets exprimés en milliards pour devenir celui du sens de l’absurde que produisent ceux qui se formulent en « trillions ». En 2008, les mesures prises impressionnaient encore mais en 2009, leur ridicule provoque le fou-rire. En 2008, les blogueurs écrivaient « Le Plan Paulson sera-t-il suivi d’effet ? » ou « Lehman Brothers peut-il être sauvé ? », en 2009 ils écrivent : « Quatorze manières de rouler le Plan Geithner dans la farine » ou « Mark-To-Market remplacé par ‘Croix de bois, Croix de fer…’ ».

Les dirigeants affirment que tout peut encore s’arranger alors que les peuples ont compris que plus rien ne sera comme avant. C’est une très mauvaise chose quand le courant ne passe plus entre les peuples et leurs représentants. Qui pourra leur faire comprendre que le moment n’est plus aux « kolossal » coups de pouce : qu’il faut trouver autre chose, que le moment est venu pour la réflexion de sortir des sentiers battus ?

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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61 réponses à “L’ère des kolossal coups de pouce”

  1. Avatar de Blob
    Blob

    >Jorion

    Et si une prise d’otage ou une manifestation tournait mal, est ce que cela pourrait être un moyen de leur faire oublier les kolossaux coups de pouce?

  2. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Ce qui ne laisse pas de m’étonner c’est que des sommités, par ordre alphabétique, comme Galbraith, Jorion, Krueger, Roubini, Stiglitz, sont unanimes pour pointer les graves insuffisances des mesures qui ont été prises, et, pire, dans certains cas, leur évident pouvoir de nuisance. Tous se retrouvent maintenant, peu ou prou la posture C. Mais rien à faire, comme au casino, à chaque défaite de leurs plans mirobolants, nos gouvernants doublent la mise, pensant se refaire, comme par enchantement.

    « A ce stade », comme dirait le Clown Blanc, je ne vois plus que la méthode belge, un entartrage (technique mise au point par Noël Godin — digne héritier des surréalistes — consistant à procéder à des attentats pâtissiers sur des personnalités puissantes et/ou suffisantes) en bonne et due forme visant ces messieurs dames du G20 qui ne veulent rien voir et ne rien savoir. Peut-être une forme de coup de pouce pour les inciter à regarder au bas de l’estrade 🙂

    PS. c’est pour rire !! inutile de prévoir des cordons policiers supplémentaires lors des prochains sommets.

  3. Avatar de Ramcircle
    Ramcircle

    Bonjour Paul,

    Votre texte d’aujourd’hui en commentaire à l’issue du G20 est assez pessimiste sur le fond mais j’apprécie la clarté pédagogique des postures A et B.

    Peut-on dire que l’axe temporel n’a pas été pris en compte dans l’origine de la crise et donc dans son traitement sur le fond ?
    Le phénomène physique vertigineux dans lequel baigne la société moderne est l’accélération du traitement de l’information. Vertigineux est peu-être insuffisant, on devrait aussi dire enivrant. Le monde réel nous autorise à évaluer la variation de la valeur d’une société cotée suivant ses cycles de ventes, souvent annuels, parfois trimestriels (les 4 saisons …), parfois sur des périodes plus longues liées à l’évolution des segments de marchés et de la concurrence.
    Même l’Iphone mets des trimestres à émerger.
    Alors pourquoi autoriser tout ce qui est possible, même quand cela n’a pas de sens ?
    Que des équipements informatiques toujours plus sophistiqués permettent d’acheter et vendre des parts de sociétés à quelques secondes d’intervalle ne veut pas dire que c’est un acte sain.
    Là ou un verre de vin par repas suffit on peut effectivement passer à trente, certains le font, la société essaye de contrôler ce genre de comportement néfaste.

    Pourquoi les dirigeants ne veulent pas voir cette racine fondamentale du mal qui nous touche?
    Sans doute parce qu’elle remet trop fortement en cause les quelques dizaines de milliers d’acteurs qui concentrent la puissance des sphères financières (banques, sociétés d’investissement, assurances, fonds de pension, organismes régulateurs, sociétés de bourse, ministères des finances, banques centrales, organismes internationaux, …).

    Vous demandez pourquoi l’aveuglement à ne pas proposer de solution ailleurs?
    Vous êtes bien trop pudique.
    Le problèmes est simple, facile à formuler, mais il touche quelques dizaines de milliers d’emplois de ces gens qui ont le pouvoir où qui en sont très proches.

    Alors le peuple?
    La conscience collective du peuple est très forte, elle marche depuis que la notion de peuple existe, avec la puissance théorique de ce que certains rêveraient dans le « cloud computing » (je trouvais le « data mining » moins vaporeux …).
    Le peuple aime bien s’accorder sur des idées simples. Ici, c’est quelques dizaines de milliers d’emplois à haut revenu contre un retour aux fourmis qui préparent leur retraite et aux cigales qui comptent sur les enfants des autres pour payer la leur.
    Cela n’empêchera pas bien sûr la forte consolidation des emplois créés par la surchauffe artificielle du système.
    Le retour à la normale où les fourmis auront leur maison et où les cigales se satisferont de leur liberté sans trop d’attaches matérielles sera forcément douloureux mais relativement juste.
    On peut juste craindre la révolte des cigales à qui on à fait croire qu’elles pourraient vivre leur vie de cigale tout en ayant le confort des fourmis. Mais elles ont plus attachées à leur liberté qu’à se battre pour des biens qui les rendent serviles.

    On doit être optimiste, c’est souvent comme cela que les bonnes décisions sont acceptées.
    Pourquoi ne pas promouvoir l’arrêt de la spéculation par le gel des achats revente de titres à moins d’un mois (ne faisons pas dans la demi-mesure), pourquoi ne pas en profiter pour instaurer quelque chose qui ressemble à la taxe Tobin (je ne suis pas spécialiste), un blocage des hauts revenus et la liberté de remonter les plus bas salaires, même si cela doit entrainer un peu d’inflation, qui permettra de soulager en douceur le poids de beaucoup de dettes?

    On nous rabâche que l’inflation ne peut revenir à cause de la non concurrence sur le marché de l’emploi.
    Ici, il faudrait un peu d’imagination pour trouver une autre solution, par la voie réglementaire de l’augmentation des bas salaires par exemple. Si on doit attendre une génération de population en crise profonde (25 ans) pour avoir un déficit de main d’œuvre qualifiée du fait d’un fort recul de l’éducation et de la formation, effectivement ça va finir par très mal se passer. Les fourmis peuvent avoir des comportements grégaires dangereux, surtout quand elles choisissent un cafard pour les diriger…

    Si les penseurs avancés que sont MM E. Todd, P. Krugman, P. Jorion et quelques autres pouvaient impulser une note positive et réaliste dans le sens des idées ci-dessus, cela ne ferait pas de mal.

    Bien cordialement,
    Ramcircle

  4. Avatar de Pierre Langlois

    Un nouvel élan pour le mouvement souverainiste ? :

    http://agoraquebec.canalblog.com/tag/larose

  5. Avatar de fincaparaiso
    fincaparaiso

    bonjour,
    penser que des « sommités  » ou des « penseurs » peuvent modifier le cours des évènements,c’est croire que ‘l’on peut arrêter les chutes du niagara avec un parapluie ».
    « Nous, au contraire,savions qu’il fallait s’attendre au pire comme allant de soi »….. » nous savions qu’aucun prétexte n’était trop absurde, trop mensonger, quand il s’agissait de rapine et de puissance »(Stefan Zweig dans le monde d’hier)

  6. Avatar de johannes finckh

    @Jean François Leclerc,
    Cher Monsieur, je lis attentivement vos billets régulièrement.
    Que vous dire?
    Connaissez-vous Silvio Gesell et l’ordre économique naturel:
    Si vous le souhaitez, je vous enverrai un exemplaire gratis et à mes frais, à charge pour de le lire et de faire des commentaires!
    Mon mail: johannes.finckh@wanadoo.fr
    en m’indiquant une adresse où vousl’envoyer, vous l’aurez vite!, jf

  7. Avatar de Visiteur du matin
    Visiteur du matin

    Bonjour,

    Je ne pense pas qu’il s’agisse de « philosophie en haut-lieu [qui] demeure imperturbable », sinon la « faute logique » serait au centre de la réflexion, ce qui ne peut échapper au fin connaisseur d’Aristote que vous êtes.

    Par contre, il me semble qu’il s’agit plutôt de dogme imperturbable. Autrement dit, d’une attitude religieuse au sens bureaucratique du terme, c’est à dire mélange de croyances et de pouvoir politique. Nous ne sommes pas devant un pseudo clash des civilisations mais devant l’identité de fonctionnement des régimes théocratiques qui en tant que tel se combattent. Dans ce cas la non-résolution de la « faute logique » (sa résolution mettrait en cause le dogme) se fait par la négation du principe de non contradiction (dans le christianisme c’est en jeu dans la deuxième moitié du XIe siècle « Querelle sur la présence réelle »), et/ou par la production de textes à visée eschatologique de type apocalyptique (le mouvement religieux autour de Bush en est une bonne illustration). Tout ceci n’est pas sans résonances (voire « raisonnances ») psychanalytiques.

    Sortir de ce piège, c’est ce que vous faites, ne jamais lâcher l’exigence de la pensée rationnelle, logique.

  8. Avatar de Ken Avo
    Ken Avo

    @Paul Jorion:

    « Qui pourra leur faire comprendre que le moment n’est plus aux « kolossal » coups de pouce : qu’il faut trouver autre chose, que le moment est venu pour la réflexion de sortir des sentiers battus ? »

    C’est la question centrale en effet ! 🙂

    Une idée très modeste: les convaincre qu’ils ont plus d’intérêt au changement qu’à vouloir rétablir le système ?
    Mais comment concrétiser cette idée, ça je ne sais pas. Quant au changement en question, il reste à définir.

    Une variante consisterait à supprimer l’enjeu ? Et là je vois mieux peut-être, bien que ce ne soit pas très réjouissant: les amener à la ruine totale, ils y vont tout droit d’ailleurs. Le menu souci êtant qu’ils emmènent tout le monde avec eux.

    Et/ou la force brutale ? La révolte populaire ?

    Faudra-t-il donc encore et toujours descendre tout au fond avant d’espérer remonter ?
    La pédagogie (hypothétique) du chaos…
    Cette fois, « nous » avons un allié puissant mais qui ne pardonne pas: la contrainte environnementale qu’il ne faut pas oublier.

    Le « ils » êtant les dominants et les dirigeants, en clair la finance et les politiques. Deux forces dont les intérêts semblent à ce point mêlés, pour une raison qui m’échappe encore (n’êtant pas adepte de la théorie du complot), qu’aucune alternative n’est possible. Comment arriver à briser cette alliance morbide ?

  9. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ johannes finckh

    Je vous remercie de votre proposition. J’ai découvert sur ce blog Silvio Gesell et m’efforce depuis de lire ce qui s’y rapporte. Ne dédaignant pas la fréquentation des livres, je lui préfère aujourd’hui l’observation des faits. Chaque chose en son temps. Cela explique que je ne participe pas aux intéressants débats dans lequel vous intervenez. Je crois, sans opposer l’une à l’autre de ces deux attitudes, qu’il y a en ce moment beaucoup plus à apprendre dans l’actualité que dans l’histoire.

  10. Avatar de thomas

    Le souci, avec cette histoire c’est que ce n’est pas une question de compréhension.

    A mon avis, c’est une certaine sensibilité au monde, aux autres, aux signaux qui permet de sortir des sentiers battus.

    Notre hote, Paul Jorion a tiré sur des filets de pêche dans sa jeunesse, embarqué sur un petit bateau balloté par la mer, et sans doute ceux qui se sentent proches de lui ont aussi, dans leur vie, des repères proches du terrain.

    Tous les traders et décideurs n’ont pas eu cette chance.

  11. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Le livre que nous sommes en train de parcourir ne peut pas être refermé et posé sur la table. Nous n’en connaissons pas la fin de l’histoire. Ceux qui sont en train de l’écrire non plus, mais ce n’est pas pour autant un réconfort. C’est plutôt le contraire. Ils voudraient bien la connaître, nous aussi, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons. Nous ne pouvons pas nous empêcher d’essayer de l’imaginer, mais cela nous amène rarement à décrire celle que nous préférerions. Le livre tourne plus, au fur et à mesure que nous le lisons, à la description de ces mondes terribles que nous prédit la science fiction qu’à un aimable et bucolique roman champêtre.

    Nous ne sommes que les lecteurs de ce grand livre, il faudrait que nous puissions en devenir les rédacteurs. Ou au moins que ceux qui parlent en notre nom traduisent notre pensée.

    Cette irruption des lecteurs ne serait pas un mélange des genres. Mais elle imposerait d’écrire à beaucoup de mains. D’être très créatifs dans la rédaction du scénario, déterminés dans la remise en cause de dogmes présentés comme des fins en soi, respectueux de l’écriture des autres. Produisant des ratures, faisant des pâtés, mais n’arrêtant plus une fois ayant débuté. Comprenant qu’il n’est pas nécessaire de commencer en voulant écrire le mot fin, au risque de ne jamais y parvenir (car qu’y aurait-il après ?), mais que l’essentiel c’est d’écrire, et donc de ne pas arrêter de le faire de peur de se faire prendre sa place.

    Le lecteur rectifiera les fautes de lui-même.

  12. Avatar de jay
    jay

    @Cecile

    Merci pour ce texte, j’aimerais avoir l’avis d’economistes « du prochain monde » sur cette facon d’organiser la societé.
    Un debat sur ce sujet pourrais être organisé.

  13. Avatar de Franck
    Franck

    Je pense qu’à partir d’un certain montant insolvable, le joueur de casino devrait être interdit de fréquenter un tel gendre d’endroit pas seulement lui, mais également tous ceux qui encouragent et applaudissent plus longtemps ce genre de conduite à se généraliser dans les casinos, c’est vraiment irresponsable.

  14. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Dans un de ces ajustements, qui sont sans fin, comme la crise, le Trésor américain vient de lever une importante restriction d’accès aux prêts consentis afin d’acheter des actifs toxiques, dans le cadre du plan Geithner de sauvetage des banques. Il généralise cet accès et permet à des hedge funds de moindre importance d’y participer et d’avoir droit à une part du gateau. C’est décidément la meilleure affaire de l’année.

  15. Avatar de JJJ
    JJJ

    Les « autorités » ont suffisamment promis de « ne pas renouveler les mêmes erreurs que dans les années 30 ». Durant lesquelles même les grandes fortunes avaient sombré. Puisque le pékin est de toute façon condamné à trinquer, autant essayer de sauver les autres, non ? Ils sont moins nombreux, et il n’y a pas beaucoup de place sur l’Arche. Sauf que Noé avait le soutien de la divine providence, et Geithner fricote avec les diablotins de Wall Street. Ils ne jouent pas dans la même cour…

  16. Avatar de Philippe Deltombe
    Philippe Deltombe

    le FMI annonce 4000 milliards de $ d’actifs toxiques. fin 2008 on n’en acceptait 2200…

    http://uk.reuters.com/article/businessNews/idUKTRE53607820090407

    cela nous fait combien de plans Geithner???

  17. Avatar de antoine
    antoine

    Je partage le point de vue de l’ensemble des intervenants:

    Ce n’est pas simplement une crise économique, c’est la crise de l’idée de « progrès » telle qu’elle est conçue depuis le XVIIIe siècle (supposée illimitée, anti-classique et anti-biblique, dont on doit à Spinoza la première esquisse). Autrement dit c’est une crise de civilisation radicale. La crise de l’Occident atteint dans ses fondements, dans ses valeurs. (et c’est pour ça que les idéologies politiques qui ont cette idée du progrès illimité comme prémisse sont déjà « hors-sujet », vouées à l’échec).

    Inutile d’ajouter qu’il va falloir « en rabattre » également dans notre prétention à imposer certains cadres de pensée à des cultures/civilisations étrangères… et que ces dernières ont bien retenu la leçon. La montée en puissance de l’Inde, de la Chine n’est pas seulement une question de puissance, mais également une question d’identité. Demain ce sera le tour de l’Afrique de résister pied à pied à notre prisme culturel.

  18. Avatar de JeanLuc
    JeanLuc

    Les élections européennes arrivent début juin, il me semble que le PS et L’UMP vont se prendre une veste mémorable et que les votes protestataires vont se tourner vers le NPA, le MODEM, les Verts et peut-être le mouvement de De Villiers. C’est dispersé mais si un de ces partis réussit à symboliser la contestation, son score pourrait-être impressionnant.

  19. Avatar de Philippe Deltombe
    Philippe Deltombe

    Soros (sur Reuteurs encore)

    « What we have created now is a situation where the banks who will be able to earn their way out of a hole, but by doing that, they are going to weigh on the economy.

    « Instead of stimulating the economy, they will draw the lifeblood, so to speak, of profits away from the real economy in order to keep themselves alive. »

    puisque les commentateurs les plus autorisés, et en nombre, de surcroît, sont ignorés,
    il ne restera que la misère. comment s’exprimera-t-elle?

  20. Avatar de Moi
    Moi

    @antoine: « La montée en puissance de l’Inde, de la Chine n’est pas seulement une question de puissance, mais également une question d’identité.  »

    J’ai un doute là-dessus. Cette montée en puissance est liée à l’occidentalisation de ces pays (valeurs, système économique, etc).
    Paradoxalement, je vois une montée en puissance des valeurs asiatiques en Occident (remise en cause du progrès infini, importance donnée à l’équilibre sur l’efficacité, etc) au moment où l’Asie semble les oublier.

  21. Avatar de le banquier
    le banquier

    je ne resiste à paraphraser harry Truman : « il y a récession lorsque votre voisin perd son travail ; il y a dépression lorsque vous perdez le vôtre »

    bravo pour ce site qui même à son echelle le necessaire débat d’idée

    chris

  22. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Comment voulez-vous que l’admin Obama prenne des décisions de pensée « parallèle » (à la KORZYBSKY pour sortir du territoite) , si les lobbies de WallStreet sont infiltrés à ce point ??
    La finance qui a fauté veut conserver son gâteau et elle est là, sur les épaules de BHO…comme un corbeau.
    In
    De Defensa:
    http://www.dedefensa.org/article-bho_et_wall_street_07_04_2009.html

    «  » » » »Cette thèse est effectivement celle de l’influence verrouillée, “stabilisée”, de Wall Street. Après avoir détaillé les plantureuses nouvelles sur les diverses rétributions en 2008 de Summers de la part de firmes de Wall Street, dont Summers coordonne actuellement le “sauvetage”, puis détaillé le cas également significatif de nombre d’“agents d’influence” venus directement de Wall Street dans l’administration Obama, WSWS.org remarque:

    «It is not new for leading figures from finance to be named to high posts in a US administration. However, there has traditionally been an effort to demonstrate a degree of independence from Wall Street in the selection of cabinet officials and high-ranking presidential aides, often through the appointment of figures from academia or the public sector. In previous decades, moreover, representatives of the corporate elite were more likely to come from industry than from finance. In the Obama administration such considerations have largely been abandoned.

    »his will not come as a surprise to those who critically followed Obama’s election campaign. While he postured before the electorate as a critic of the war in Iraq and a quasi-populist force for “change,” he was from the first heavily dependent on the financial and political backing of powerful financiers in Chicago. Banks, hedge funds and other financial firms lavishly backed his presidential bid, giving him considerably more than they gave to his Republican opponent, Senator John McCain.»

    «  » » » » » » » »

    Thats why.

  23. Avatar de arconus
    arconus

    Nous avons une chance extraordinaire dans quelques semaines de montrer que nous voulons « autre chose », ce sont les élections européennes.
    Mais je n’ai encore pas vu de parti ayant un accès au média (et donc pouvant récolter un nombre suffisant de voix pour compter au final) pouvant porter cette volonté de « changer tout », car je considère les partis extrémistes comme des partis voulant un « retour en arrière », et les partis écologiques comme des partis n’ayant qu’une vision partielle de la solution.
    Et vous, voyez vous un parti qui pourrait faire réellement bouger les choses s’il avait un nombre suffisant de députés ?

  24. Avatar de antoine
    antoine

    J’aimerais savoir si quelques uns… et Paul seraient intéressés par un billet sur le lobbying et l’influence (le lobbying n’en constitue qu’un aspect), et les limites à y fixer. Je n’ai pas du tout de point de vue arrêté sur la question. J’aimerais savoir ce que les uns et les autres en pensent, glaner des idées à droite à gauche, une fois le problème posé et à peu près cadré. Qu’en pensez vous?

  25. Avatar de antoine
    antoine

    @ arconus.
    même diagnostic

  26. Avatar de Moi
    Moi

    @arconus: « Et vous, voyez vous un parti qui pourrait faire réellement bouger les choses s’il avait un nombre suffisant de députés ? »

    Si vous voulez bouger les choses, il y a plusieurs partis faisant l’affaire et vous les reconnaissez aisément à ce qu’ils sont discrédités dans les média (« car je considère les partis extrémistes comme des partis voulant un “retour en arrière”, et les partis écologiques comme des partis n’ayant qu’une vision partielle de la solution ») pour justement éviter de trop faire bouger les choses s’ils avaient un nombre suffisant de députés: ecologistes, extrême-gauche, extrême-droite.

  27. Avatar de Moi
    Moi

    D’ailleurs, l’appellation « extrême-gauche » ou « extrême droite » est déjà en soi du lavage de cerveau. Nul doute que sous l’ancien régime, une personne ayant des idées de changement devait passer pour un dangereux extrêmiste (ex: http://fr.wikipedia.org/wiki/Libertin).

  28. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Les tenants de la « décroissance » verte n’ont aucune chance tant ques lobbies financiers contrôlent le politique.
    Voir la citation de De Defensa plus haut.

    Je vais tenter l’approche socio-psycho du « modèle » de gouvernance mondiale.

    Si les lobbies existent vraiment il faut bien appeler « conspiration » les fausses solutions du G20.
    Or

    Le monde est sous la coupe d’avocats d’affaires habitués aux tractations entre stés qui cherchent la croissance horizontale.
    Les échanges de parts se font à travers les comptes offshore.

    Il se trouve que les libéraux qui nous gouvernent veulent conserver leurs actifs acquis par des moyens illicites ou en s’exonérant du paiement des taxes propres à leur nationalité…

    Leur instinct libéral ( acquis ou inné) leur dicte d’écouter le grand principe de la « main invisible » qui stabilise et régule de façon darwinienne toute la finéconomie.
    ILS DOIVENT DONC CROIRE ET FAIRE CROIRE que toute crise est l’aspect d’un CYCLE.
    Que comme tout cycle celui-ci s’achèvera QUI QU ON FASSE …y compris ….RIEN!!!

    C’est ainsi qu’ils s’évertuent à proposer des solutions QUI MAINTIENNENT le statu-quo ante des « pouvoirs » économiques.
    ET
    Ne proposent que des solutions préparant l’après crise.

    Il seront bien forcés de constater trop tard que cette crise ci n’a PAS DE MODELE; que sa sortie ne se fera qu’après un changement de schema international, voire une revolution internationale mettant en jeu une metapolitique pas encore en vue.

    France:
    Sarkozy…avocat d’affaires
    Borloo avocat d’affaires
    Devedjian IDEM

    Strauss-Kahn avocat d’affaires et lapin
    et surtout

    LAGARDE

    « Carrière d’avocate en France et aux États-Unis [modifier]
    En 1981, après ses études, elle est avocate au barreau de Paris, et rejoint le bureau parisien du cabinet d’avocats Baker & McKenzie, un des premiers cabinets d’avocats mondiaux (4 400 collaborateurs dans 35 pays) dont elle gravira tous les échelons en 25 ans de carrière : associée du bureau parisien en 1987, associée gérante en 1991 membre du comité exécutif mondial à Chicago en 1995 et présidente de ce comité en 1999, la première femme à le devenir. Elle occupera ce poste jusqu’en 2004[5]. Sous sa présidence, Baker & Mckenzie a augmenté son chiffre d’affaires de 50 % pour clôturer l’exercice 2004 à 1 228 millions de dollars. En 2002, elle est classée 5e femme d’affaires européenne par le Wall Street Journal Europe[6].

    Entre 1995 et 2005 [modifier]
    De 1995 à 2002, elle est membre du think tank Center for Strategic and International Studies (CSIS), au sein duquel elle coprésidait avec Zbigniew Brzezinski la commission Action USA-UE-Pologne et suivait plus particulièrement le groupe de travail Industries de défense USA-Pologne (1995-2002) et les questions liées à la libéralisation des échanges polonais[7]. En 2003, elle est également devenue membre de la Commission pour l’élargissement de la communauté euro-atlantique[8].

    En 2004, le président Jacques Chirac l’élève au grade de chevalier de la Légion d’honneur.

    En avril 2005, elle entre au conseil de surveillance de la multinationale néerlandaise ING Group, une des principales sociétés financières au monde[9], place qu’elle a quittée avant de devenir ministre déléguée[10]. » » » »

    No comment !!!

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