Rions un peu – Les banquiers (III)

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Quand on prit la mesure de l’ampleur de la crise, la première réaction du public fut que si certains avaient triché il convenait de les punir de manière exemplaire. Il s’agissait là de ce qu’on appelle pudiquement, une « réaction épidermique ».

Il y avait mieux à faire. Les experts se mirent au travail et découvrirent en un rien de temps que pour relancer les affaires, il fallait recourir à une autre méthode, « non-conventionnelle » selon l’expression consacrée, mais plus efficace, consistant à récompenser au contraire les coupables. Alors que les banquiers avaient dû puiser dans leur propre caisse jusque-là pour se récompenser de leurs exploits et que celles-ci étaient dorénavant vides, ce serait le contribuable qui prendrait le relai et les récompenserait à ses propres frais. On appela ces mesures en Amérique, les Plans Paulson et Geithner.

La finance reprit quelques couleurs et du coup, l’économie, qui lui est – comme chacun s’en est maintenant convaincu – tant redevable. Mais il fallait encore parfaire la stratégie.

Les tricheries des financiers avaient donc engendré la crise et il fallait réparer cet aspect-là aussi. Cette fois encore ce serait une approche « non-conventionnelle » qui primerait : on examinerait les comportements qui étaient apparus comme autant de tricheries et on les légaliserait.

C’est le House Financial Services Committee américain, que Willem Buiter, Professeur à la London School of Economics et éditorialiste au Financial Times, qualifie de « filiale à part entière de l’American Bankers Association », qui s’occuperait de la chose. Le HFSC intimida le Financial Accounting Standards Board (FASB) lors de sa séance du 12 mars, le menaçant de représailles de la part du Congrès américain s’il ne s’exécutait pas. Le résultat ne se fit pas attendre : le FASB réécrivit les règles comptables de manière à ce que les banques puissent désormais assigner aux produits financiers des valeurs plus « raisonnables » ou plus « réalistes » que les prix ridicules que leur attribuent les marchés (1).

La bourse ne s’y trompa pas : le 2 avril, les nouvelles mesures à peine adoptées, la « confiance des marchés » se voyait rétablie de manière spectaculaire et les cours bondissaient de 5 % au moins. Les affaires allaient enfin reprendre !

Quand on pense que certains disaient qu’il n’y avait pas de solution à la crise ! Alors qu’elle était si simple qu’un enfant de cinq ans aurait pu y penser !

–––––––––––––––––––
(1) Les nouvelles mesures soulignent d’une manière très intéressante certaines contradictions constitutives des marchés financiers. J’y reviendrai dans un prochain billet – sur le mode sérieux cette fois !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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48 réponses à “Rions un peu – Les banquiers (III)”

  1. Avatar de leduc
    leduc

    C’est pas compliqué finalement pour résoudre une crise, on a un problème concernant les valeurs des actifs financiers, qu’à cela ne tienne, on change les règles comptables 🙂
    On a un problème de solvabilité et de remboursement, on imprime des billets tout simplement, enfin quoi que maintenant on n’a même plus à se casser la tête à imprimer, il suffit juste de rajouter des zéros sur des comptes informatiques, très facile à faire 🙂
    Franchement, je me demande même pourquoi on se casse encore la tête avec cette crise aussi virtuelle et virtualiste que la pensée américaniste elle même 🙂
    La théorie ne colle pas avec la pratique, et bien réécrivez les règles théoriques afin que dans la pratique tout cela colle à merveille 🙂

  2. Avatar de Michel GIRAUDET
    Michel GIRAUDET

    http://www.dailymotion.com/video/x8stzv_paradis-fiscal-enfer-social-eva-jol_news

    http://www.radiocotedazur.com/cgi-bin/player.cgi?7345086

    Je pense qu’il est plus important que jamais de soutenir et relayer l’action d’EVA JOLY

  3. Avatar de MisterTee
    MisterTee

    Allez, pour décompresser un peu avant le week-end et en attendant le tant attendu « Le temps qu’il fait… », la véritable histoire de la crise selon la World Company:

    http://www.canalplus.fr/c-humour/pid1784-c-les-guignols.html?vid=228864

  4. Avatar de Auguste & LeClownBlanc
    Auguste & LeClownBlanc

    @ Michel Giraudet
    Je viens de visionner 1/3 de la 1ere video (tres trop lente à charger pour moi)
    et entièrement la seconde.
    Les cortex gauche et droit du biclown sont très déçus par cette déclaration.
    La diversion est identique à celle du patron du PsUmp …
    les « pays non coopératifs », les « petits paradis fiscaux » sous les cocotiers ou à la marge (Monaco, Liechstentein,..)

    Pas un mot sur la City, les Usa (Etat du Delaware, …), les Antilles, la Suisse, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche, l’Italie … maintenant la France (sur les Champs Elysées).
    Je comprendrais très bien un discours honnête :
    (1) les commanditaires du G20 (Fed-of-NY, droit-de-veto au FMI, topTopCréanciers en $…) ne veulent pas en entendre parler
    (2) c’est prématuré vu que le 33 LibertyStreet et Brown pensent pouvoir revenir à l’état antérieur

    Eh oui ! … ne pas prendre ses désirs pour la Réalité Prochaine;
    Beaucoup croient même aux miracles.
    Tout de même ! …
    Chinois, Anglo-saxons, Arabes (pétrole, gaz) et plus (si affinité) avancent de concert
    Ne forment-ils pas un front plus puissant que M. Cohn-Bendit et Mme Eva Joly
    De surcroit l’écologie n’est pas une exclusivité des Verts

    La base de la crédibilité ? … parler franc ou se taire, rester dans le factible,
    ne pas faire prendre des vessies pour des lanternes.
    Que ce soit volontaire ou non, une simple maladresse, c’est contreperformant
    Les 99,99% de pigeons ne comprennent déjà pas grand chose. Cela n’aide pas.

  5. Avatar de logique
    logique

    en tout cas, le titre conrespond bien a se que vivent les banquiers en se momment,ils doivent rires de bon coeur, et je n’ais pas l’intention de les en privé. Pourtant il faudra bien qu’il se rendent a l’évidence. Leur permettre de cacher les actifs toxique ou de les revaloriser ne change absolument rien aux problème réelle. Faire de l’hyper inflation n’arangera rien non plus et faire comme si rien ne s’était passé encore moins. Du aux resultat des couses, aucun changement n’est en vue, sinon de faire encore monter les enchère d’une reprise qui a mon avis ne viendras pas. Car personnellement je ferais encore moins confiance a un système qui me dit clairement que leur comptes sont truqué. Comme un responsable de banque pourra faire confiance a une banque en sachant que les comptes sont truqué. Qu’elle jouer de poker s’assierait a une table ou ils est clairement indiqué que les cartes sont truqués.

    Il n’y a que les gogos et les analphabéte qui pourrait s’y oser. Hors c’est bien se qu’il ont fait aux G20, ils ont clairement dis que la triche et devenu une necessité pour le biens de l’économie. Je pense que la triche est une necessité pour que certains ne perdent pas leur économie.

  6. Avatar de Jean
    Jean

    L’euribor 12 mois remonte aujoud’hui aprés 7 mois de baisse ininterompue. Pourquoi ?

  7. Avatar de Crystal
    Crystal

    Bonjour,

    Cela prend vraiment une tournure étrange cette histoire.
    J’espère que l’on finira par en toucher les limites (sans trop d’éclaboussures).

  8. Avatar de Noviant

    @ Jean
    Probablement parce que la BCE vient de baisser son taux directeur moins bas que le consensus attendait. L’Euribor 1 an avait surement anticipé une baisse plus forte. Et aussi parce qu’il y a de faibles probabilités pour une prochaine nouvelle baisse. Amha…

  9. Avatar de dissy
    dissy

    C’était prévisible tout cela qu’ils allaient s’en sortir quitte à tuer père et mère …quitte à refaire un 11 septembre rien ne peut stopper la corruption de la city et de wall street ….une pyramyde de ponzi voila le monde en 2009..mais une surprise à leur si beau scénario n’est pas à exclure par trop de cupidité ..cela les perdra un jour vraiment ..par accident..un plus corrompu que les autres vendra la mèche

  10. Avatar de thomas

    @dissy

    Quelle mèche ? Ils sont dans une réalité qui n’est pas la notre, mais c’est du hard-ware, ce n’est pas du domaine de la compréhension, mais de ce qu’ils SONT.

    @ crystal

    « Tournure étrange » visible pour nous, qui avons un point de vue sur les coulisses, (par ce blog…) mais pour ceux qui ne voient que la scène, le spectacle n’a rien d’étrange.

  11. Avatar de Titus
    Titus

    Je crois que je perds mon humour, ça ne me fait pas rire…
    A présent je ne crois plus rien de rien de ce que racontent les politiques, et encore moins les soi-disant experts, qui n’ont rien vu venir (est-ce vraiment vrai ?) et qui aujourd’hui sont aux commandes pour trouver des solutions à la crise…
    Je me demande même si on est encore en démocratie. (Existe-t-il vraiment une démocratie ?)
    Bref…
    Après ce G20, si je comprends bien, nous nous dirigeons vers un scénario à priori A, au pire B ?
    Si c’est ça, je me demande bien qu’est-ce qu’ils feront lorsque la crise écologique sera incontrôlable ? Leur planches à billet ou leur capacité à bricoler les lois à leur avantage ne leur servira plus à rien. Evidemment, on n’a pas parlé de tout ça hier…

  12. Avatar de Blob
    Blob

    >Titus

    Ne vous inquiétez pas: il n’y a pas de raison que les choses s’améliorent vraiment: les scénarios C ou D sont toujours d’actualité…
    Allez voir un peu ici:
    http://jessescrossroadscafe.blogspot.com/

  13. Avatar de Blob
    Blob

    Et allez voir aussi Naked Capitalism: il y a pas mal de choses intéressantes là dessus aussi.
    http://www.nakedcapitalism.com/

    Et sur la situation économique en Chine, on peut aussi consulter http://mpettis.com/ . Le site original a eu des problèmes de censures, c’est bon signe…

  14. Avatar de logique
    logique

    Pas mal Titus,

    C’est exactement, le genre de réflexion qui as de l’importance « qu’est-ce qu’ils feront lorsque la crise écologique sera incontrôlable ? Leur planches à billet ou leur capacité à bricoler les lois à leur avantage ne leur servira plus à rien ». Est vue les habitudes qu’il ont, je pense qu’il tenteront de survivre comme dans soleil vert (en tout cas l’histoire n’est fait que de choix).

    Mais franchement, en fait toute cette manoeuvre comptable, ne sert qu’a geler aux frais des contribuables des titres toxiques. Mais cela devrait imposer une réduction des flux en circulation si les flux gelé ne sont pas conpensé. Mais je pense qu’il est de toute façon inutile de penser que tout ve repartir sans une révolution technologique.

    Voila, il faut admette que le système n’est pas inffaïble et que comme tous système il devient obsoléte avec le temps.

    Si ont regarder le bon coté des choses, la soustraction des titres toxique porté au passif du bilan dette et autres investissement. Cela stop l’émoragie, jusque là ca marche. Mais comment relancer le système, en y injectant un peut de monnaie. Et ont va recommencer a faire du crédit a fond la caisse pour soutenir les marchées et les échanges ?

    C’est un peut comme au cinéma « elle n’est pas bonne celle la (la prise) ! ont coupe et ont en fait une autre ».

    J’espére que cela sera la bonne et que ce n’est pas un film d’horreur.

  15. Avatar de Blob
    Blob

    >A tous

    Que faire avec une Espagne ayant plus de 30% de chômage?
    http://tinyurl.com/cgw5vh

  16. Avatar de johannes finckh

    Quelles que soient les ruses comptables, il semble bien que les « fortunés » n’aient plus faim de risque, avec ou sans banques! Alors, les circuits financiers resteront gelés dans un premier temps!
    A moins d’y mettre de l’antigel sous forme de monnaie « antigel » ou fondante ou, mieux, anticrise, selon l’idée de Silvio Gesell.
    A ce moment-là, seulemen, les circuits vont dégeler!

  17. Avatar de Gigi
    Gigi

    Bonjour,

    je crois qu’il est temps de faire péter ce système pourri et de le mettre à mort. J’ai toujours voté à droite, car je crois à la libre entreprise, au droit d’entreprendre. Mais tout ce que je vois aujourd’hui me dégoute.

    Nous assistons à un spectacle répugnant. Notre société se comporte de manière répugnante.

    Pendant que la planète crève de nos abus, pendant que des millions d’être humains meurent de faim et de maladie, pendant que des enfants se retrouvent sans parents dans les pays touchés par le sida, pendant que l’on précarise les jeunes, les vieux, les salariés, toute cette clique de gens qui pètent dans la soie (banquiers, grands patrons, show biz, sportifs, politiques) et qui se vautrent dans l’argent en veulent plus toujours plus. Avidité, cupidité. Mondalisation au moins cher et basée sur l’exploitation permanent de l’autre.

    Qu’on leur enfonce de l’argent jusqu’au gosier et qu’ils en crèvent.

    Mettons fin aux solutions molles.

    Envoyons l’armée à Monaco, boycottons les paradis fiscaux, nationalisons les banques, bridons l’échelle des salaires, supprimons les parachutes dorés, plafonnons les retraites dorées (800000 euros de retraite, est ce bien raisonnable ?) N’achetons plus aux entreprises qui délocalisent. Et nos enfants, quel travail pour eux. Quel hypocrisie : on veut bien de notre pognon pour consommer, mais plus nous donner du travail car trop cher.

    Les patrons français ont du talent ? Ils méritent de gros salaires ? De nombreux français ont du talent et pourront prendre leur place en se contentant de bien moins. Alors s’ils ne sont pas contents, qu’ils se cassent.

    Par ailleurs, il serait temps que le peuple américain se réveille afin de coller une volée de bois vert aux salauds qui leur ont volés leur épargne (les banques), volés leur travail (les grandes multinationales avec la complicité des cabinets d’audit et de consulting).

    Remettons l’humain au centre du système, la construction d’un système plus juste qui donne ses chances à tous, le droit à l’éducation, à une alimentation saine, l’accès à l’énergie, à l’eau, aux médicaments, à la sécurité physique, à la santé, un système qui protège notre terre et qui réoriente notre mode de consommation. Disons non à la compétition à outrance, à la recherche du profit en enlevant le pain de la bouche aux uns pour donner du caviar aux autres.

    Je crois que rien ne changera sans une nouvelle révolution. Car le changement ne peut se faire à la marge.

    A vous lire,

    Gigi

  18. Avatar de logique
    logique

    A mon avis ca ne va pas leur faire du mal de rester gelé un certain temps. Parce que là cà a commencé a chauffer.donc je pense qu’une ptite période de convalecence ne fera pas de mal aux secteur banquaires.

  19. Avatar de Champignac
    Champignac

    Deux questions:

    – On peut se plaindre, avec raison, de la manipulation des normes comptables. S’en indigner, ironiser, ou y voir la énième confirmation du « complot financier ». Mais, est-ce que cela justifie, pour autant, de ne se livrer à aucune analyse sérieuse, argumentée sur des faits, non des présomptions, en séparant l’argument du commentaire, des avancées en matière de régulation émanant du récent G20?

    Je m’étonne de voir ce sujet passer complètement à la trappe. Que les deux dates coïncident, d’accord. Que la manipulation des normes comptables soit, médiatiquement, passée sous silence, d’accord aussi. Mais, est-ce que nous ne faisons pas la même chose, ici, en ne débattant même pas de ces mesures?

    Je pense que les, probablement nombreuses, personnes, disons, « non-expertes » (dans lesquelles je m’inclus), suivant ce blog, auraient apprécié un traitement un petit peu plus précis et circonstancié de ces questions. Notamment parce qu’il y a, dans ce communiqué, mais surtout dans ses annexes, des précisions assez techniques, des dates-butoir, l’intervention d’institutions secondaires, etc… Il me semble un peu court de jeter tout cela à la poubelle sans autre forme de procès.

    Accessoirement, on peut penser ce que l’on veut des politiques, de leur complicité, etc… (je le fais moi-même). Mais, quand même, il semble y avoir eu, au moins, une volonté de la part de certains de réellement agir et d’en sortir avec du concret. Que celui-ci ne soit pas, évidemment, à la hauteur de certaines espérances, ok. C’est l’objet du débat. Mais il me semble que, si la seule réaction des personnes dites « informées », c’est de traiter ces tentatives par des commentaires fatalistes, la énième invocation de l’écroulement « inévitable » du système, ou l’ignorance volontaire de ces, modestes, efforts, eh bien, si j’étais à leur place, je me dirais que ca ne valait vraiment pas la peine de même essayer. D’autant que, en matière d’actions effectives sur le réel, nous ne sommes peut-être pas en mesure de donner tant de leçons.

    – Autre sujet. Je m’interroge, aussi, sur l’usage de plus en plus fréquent, sur ce blog, d’un langage volontairement hermétique, relevant quasiment du langage initiatique ou ésotérique, à laquelle, excusez ma franchise, le commun des mortels n’entrave que dalle. Les prédictions de pythies dans lesquelles il s’agit, semble-t-il, d’extraire des fragments d’informations « révélées » au détour de devinettes à quinze tiroirs, ou dans les entrailles du poisson-référence, façon « topréseaux » & autres néologismes, c’est vite lassant.

    C’est tout à fait le droit de leurs auteurs de s’exprimer comme bon leur semble, évidemment. Mais, franchement, j’aimerais poser la question, à quoi joue-t-on? C’est une version actualisée de la titrisation multi-couche de l’information financière? Est-il réellement impossible de faire l’effort de s’exprimer en langage plus clair et plus compréhensible? Ou est-ce que nous devons nous sentir transis de stupéfaction admirative devant la distillation de ces maigres éléments d’informations en provenance, semble-t-il, de mystérieux émissaires des « topnets »?

    Enfin, bon. Moi, ce que j’en dis, hein… Mais, en tout cas, pour ce qui est de la pédagogie, c’est pas gagné. Je doute fort que cela contribue beaucoup à une meilleure compréhension du sujet « financier » par nombre de gens qui ont déjà du mal à s’accrocher, vu la complexité existante.

    Voilà. Libre à vous de vous gausser de mon ignorance ou de mon éventuelle incapacité à saisir ce qui semble, à certains (mais combien?), être des « évidences ». Mais, là, j’avoue que ça me démangeait quelque peu.

    A vous le micro…

  20. Avatar de Allegra
    Allegra

    @Gigi: quelle éloquence! Oui, c’est vrai que parfois on peut avoir envie de « faire péter ce système pourri et de le mettre à mort ». Mais je crains que ce ne soit exactement ce qu’ils souhaitent (eux: les détenteurs de monnaie et d’actifs). Afin d’instaurer une « démocratie dictatoriale ».
    La monnaie fondante, c’est calme, et ça embête(je suis polie) vraiment les riches.
    Nous sommes quelques-uns sur ce blog à défendre cette idée, même s’il y a divergence sur certains points.
    Au risque de me répéter: le paiement d’intérêts positifs concentre les richesses, car plus on est riche, plus on est riche. Mais pourquoi prêter sans intérêt? Autant garder son argent. Sauf si la valeur de l’argent diminue avec le temps. Il est alors plus intéressant de le prêter sans intérêt que de le garder.
    Les questions qui se posent sont alors:
    1/ quel est le taux de fonte?
    2/ cette monnaie coexiste-t-elle avec la monnaie actuelle?
    3/ Qui crée la nouvelle monnaie nécessaire à une masse monétaire stable?
    4/ A quoi sert cette nouvelle monnaie créée (crédit social, état, …)?
    5/ Que deviennent les banques dans tout ça?

  21. Avatar de Noviant

    @ Champignac
    Les avancées du G20, cachées derrières le communiqué émis hier après la fête, sont en effet peu connue et pas encore discutées. A tel point que j’avais pris le raccourci intellectuel m’amenant à penser que derrière les éloquents discours il n’y avait probablement rien… Peut être une intuition ou une habitude… A suivre donc.
    Pour ce qui est des nouveaux styles de langage du blog, je vous suis complètement. Je ne le trouve ni poétique ni même compréhensible et pour moi souvent totalement énigmatique. Si vous n’y aviez pas fait référence je n’aurais peut être pas osé en parler. Ce n’est déjà pas évident de lire du texte en ligne, mais alors s’il n’est plus structuré mais composé de logogriphes, de métaphores ou autre figures de style, cela ne va pas nous aider à progresser. Je suis d’accord avec vous.
    Bon Weekend

  22. Avatar de youenn
    youenn

    Je réagis au message de Champignac

    Comme beaucoup, comme la très grande majorité des lecteurs de ce blog en fait, je suis habituellement un simple lecteur.
    Un lecteur assidu et très reconnaissant, mais un lecteur seulement.
    Et de temps en temps, il me semble utile que l’un de ces simples lecteurs sorte ponctuellement de l’ombre confortable pour exprimer son humble avis sur les débats qui ont lieu ici.

    Sans prétendre être représentatif de quoi que ce soit, je voudrais donc essayer d’expliquer un peu ma relation à ce blog et aux commentaires des billets.

    Tout d’abord, je remercie bien entendu Paul Jorion et Francois Leclerc pour leurs analyses et synthèses. C’est un travail d’utilité publique indiscutable, et je trouve particulièrement important, vu la triste rareté des sites de cette qualité, que ces informations restent accessible à tous, sans tri par l’argent. (Il me semble d’ailleurs que les propos perdraient en cohérence si ce n’était plus le cas.) Je suis parfaitement conscient que cela ne résout pas la question de la juste rémunération des auteurs, mais je vais essayer de ne pas tout mélanger 😉

    La richesse du site tient également aux commentaires. Ma culture économique étant très limité, je m’accroche comme je peux, suis les liens, vais fouiller à droite et à gauche pour essayer de rendre cela plus clair. C’est d’ailleurs souvent la diversité des commentaires, des approches ou des prismes utilisés qui me permet de suivre les discussions. ( A plusieurs reprises, ce sont les références à la science-fiction qui m’ont tiré d’affaire et permis de ne pas perdre le fil 😛 )

    Ceci étant posé, bien souvent je me reconnais dans les interventions d’un « naïf », et reste déçu du peu de réponses ou réactions qui sont faite à ces questions ou remarques. J’apprécie beaucoup la hauteur de vue de certains, et il m’arrive d’avoir l’impression de les suivre parfois dans leurs réflexions, mais j’ai un peu l’impression qu’il y a deux (ou davantage) niveaux de lecture, sinon de lecteurs. Et que la cohabitation de ces différents niveaux n’est pas aisée. Peut être est ce le format du blog et des commentaires qui rend cela difficile. Et pourtant, c’est bien la cohabitation de ces multiples niveaux, combiné avec les différents angles d’approche, qui rend si féconde ma lecture de ce blog.

    J’encourage donc modestement les « naifs » à continuer à se faire entendre, à ne pas lâcher le morceau. Et demande humblement à ceux qui ont une plus grande maîtrise de ces sujets de ne pas délaisser, dans leurs commentaires, le minimum de pédagogie sans laquelle ils ne pourront pas être suivi par une (bonne) partie des lecteurs.

  23. Avatar de Paul Jorion

    @ Champignac, youenn

    A propos des « interventions d’un « naïf » », je crois que l’absence de réponse à des « questions simples » vient du fait qu’elles portent en général sur des sujets qui ont déjà longuement été débattus et que ceux qui ont participé au débat depuis son commencement ont envie qu’on aille de l’avant et estiment qu’ils n’ont pas de temps à perdre avec ceux qui prennent le train en marche. Trouver ce qui a déjà été dit peut se faire aisément grâce à la fonction « Rechercher » pour autant que le sujet ait été évoqué au cœur d’un billet. La fonction « Rechercher » ne s’applique malheureusement pas aux commentaires.

    Personnellement, je réponds souvent à des questions relatives à des choses que j’ai déjà évoquées : j’offre des rappels, je renvoie à des billets ou à mes livres. Ceci dit quand je vois un message du genre : « Jules Pongron de la Ferté-Hallet pense que la crise des subprimes est due en réalité à l’abandon de l’étalon-or », j’ai la faiblesse de l’ignorer purement et simplement en me disant : « Je ne peux pas reprendre à zéro ! »

    Ceci dit, c’est vrai : des sous-débats très pointus émergent ici ou là mais il me semble qu’il est aisé de les ignorer si ce n’est pas votre tasse de thé. Mais toutes les bonnes volontés sont bienvenues pour mettre ou remettre un peu d’ordre : Etienne Chouard a créé un fichier relatif à notre débat relatif à la monnaie et Daniel Dresse, un fichier relatif à notre débat relatif à la Chine.

  24. Avatar de lacrise
    lacrise

    Excellente, la video des guignols : on peut aussi se demander encore et toujours pourquoi on a laissé tomber Lehmann Brothers…:) Et aussi comment à l’issue de ce G 20 les chinois ont accepté de payer, les américains sont satisfaits etc….Bref, je vais retourner jouer aux billes dans le jardin de ma maison, dans la banlieue d’une capitale de l’est de l’Europe.

  25. Avatar de Ramon Mercader
    Ramon Mercader

    Je profite de ce moment de « décontraction » pour vous signaler un petit clip sympathique : la Crise, par L’Homme parle.
    http://www.myspace.com/lhommeparle
    le futur tube de l’été ?

  26. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Champignac

    Souvent, je me demande, une fois les dés jetés et un billet publié, si j’ai bien eu raison d’écrire ceci, de voir les choses comme cela. Ne me reposant que sur des informations partielles et toutes fraîches sur des sujets qui me sont parfois lointains, et pas seulement géographiquement. Ayant moi-même des difficultés à déchiffrer les évènements, devant la diversité et l’opacité de ce que je rassemble et essaye de rendre intelligible (d’abord pour moi). Le résultat n’est, bien entendu, que ma propre compréhension des choses et, inévitablement, je pêche parfois par approximation, quand je ne fais pas des contresens. J’écris de manière affirmée des choses, sans que le je doute soit en réalité absent (mais le conditionnel a ses limites). Ceci expliquant des phrases et des tournures parfois un peu longues et torturées.

    Ce long détour pour vous répondre, à propos de l’énoncé par le G20 de principes de mesures de régulation, que j’ai analysé comme étant de second rang. N’ayant pas, je crois, été emporté par mon élan. Me disant d’abord qu’il était normal que, dans un document de ce type, le communiqué final, dont chaque terme est pesé, mais qui n’est fait que de mots dans l’attente de mesures précises et de résultats, sur des sujets aussi techniques, fasse l’objet de déclarations vagues et floues. Laissant béant des trous gigantesques s dans les dispositions envisagées. En sens inverse, je suis fatigué et exaspéré devant les déclarations démagogiques et en trompe l’œil que je lis, parfois relayées dans la presse parce que je préfère croire est de la crédulité. En la circonstance, j’ai tranché en m’appuyant sur les épisodes précédents, sur ma compréhension générale de la situation, en me référant aussi aux palinodies que sont les sujets des paradis fiscaux et des rémunérations des banquiers (et autres), que je n’ai pas voulu écarter du reste.

    Ma toute nouvelle science sur certains sujets, notamment concernant la régulation financière, me permet toutefois de vous confirmer ce que j’ai écrit au fil de cette chronique. Pour la partie la plus démagogique des mesures annoncées par ce G20, du type rémunération des acteurs de la finance, il s’agit tout simplement de faire la part du feu, ou de donner des os à ronger, comme l’on dit. La manoeuvre est banale et, je dirais, franchement vulgaire. Pour le reste, il s’agit d’essayer d’introduire des correctifs, pour faire suite à ce qui est appréhendé comme étant un gigantesque et dangereux dérapage, afin qu’il ne se renouvelle pas. Les problématiques du type « reconstruction du capitalisme» étant un habillage. En réalité, les seuls qui ont une approche construite sont les responsables Américains (pris globalement), ce qui peut sembler paradoxal à dire. Ils mettent en avant le risque systémique (pour l’affronter de très près), ne souhaitant aboutir qu’à que des mesures de contrôle, de prévention, des plus grands acteurs financiers, cherchant pour l’essentiel à mettre en place un système de vigies. Sans toucher aux mécanismes fondamentaux du capitalisme financier, qu’ils cherchent à protéger et entourent de leurs attentions, en dépit des frictions, ainsi qu’à leurs croyances idéologiques, auxquelles ils se raccrochent. Les Européens ne forment pas, d’évidence, un bloc homogène et sont animés, derrière cette pitoyable histoire des paradis fiscaux, par une seule idée, ne plus laisser les américains décider seuls, disposer de leurs propres moyens. En fait, cela laisse par avance le champ libre à toutes les turpitudes possibles, dans un système totalement mondialisé et rend leurs efforts assez dérisoires. Les Britanniques ont une approche très américaine, pas par tradition comme il est sommairement dit, mais parce qu’ils sont le siège du deuxième grand centre financier de la planète. La logique qui domine, ce n’est pas celle des pays, des Etats ou des régions du monde, c’est celle des grands centre financiers, qui sont totalement affranchis de ces contingences et qui impriment leur marque décisive au cours des choses.

    Tout ce que je lis et vois, qui est publié car je ne suis pas un « insider « et ne dispose pas de sources cachées, me laisse à penser que ces dossiers de régulation sont encore peu avancés et font l’objet de batailles intenses, de lobbying démesuré (comme cela vient d’être rendu public aux USA à propos de l’adoption de la réglementation FASB 157-e). Et les mesures sont dont on parle sont contradictoires : on parle d’inspecter le « hors bilan » des banques dans les comptes, mais on ne regarde pas sous les jupes des paradis fiscaux. On voudrait instaurer un nouveau mécanisme concernant les fonds propres des banques (afin de les inciter à ne pas évacuer leurs risques à 100% grâce à la titrisation), mais on va leur permettre d’utiliser de nouvelles règles comptables afin de dissimuler les pertes dans leurs bilans. Tout est comme cela, quand on gratte un peu. Vous allez voir la rapidité avec laquelle l’IASB, l’organisme européen homologue du FASB, va réagir. Le compte à rebours a été déjà lancé. Bref, on en sort pas, on est loin d’en être sorti. Ce qui ne signifie pas que rien ne sera fait, mais que tout ce qui sera adopté ne sera pas décisif, sauf à tenter de conforter dans ses errements un système naufragé. Les loups gardent la bergerie.

    Pour revenir au G20, un grand sujet a été escamoté :celui de la réforme du système international, qui va néanmoins être désormais omniprésent. Celui des moyens à adopter pour sortir de la crise a été tranché dans les faits : à chacun de se débrouiller comme il peut, avec ses banques et leurs actifs toxiques, avec sa relance. Relance, c’est le mot qui est employé pour parler de toutes ces mesures destinées à maintenir les économies à flot dans la dépression, sans toujours savoir si la crise sera en U, en L, ou suivant une configuration nouvelle que je suggère, en w (minuscule).

  27. Avatar de iGor milhit

    @ François Leclerc
    Marrant ce « w »… à force d’entendre parler de U et de L, récemment un M s’est forcément présenté à mon esprit (un ULM vole-t-il au-dessus des abysses creusées par les bulles?)… Donc une longue liste de « w »… Est-ce si nouveau que ça? Je me souviens vers la fin des années 90, Genève, petits boulots dans la grande distribution. Sur les manchettes des journaux: la reprise! La crise qu’en CH on avait connu au début des années 90 (on est lent, tjs un peu en retard) finissait, c’était la reprise. Et sur les lieux de travail, on ne la voyait pas trop la reprise: signature de nouvelles conventions collectives un peu moins favorables, encore… Au début des années 90, lorsque la crise s’était installée, un prof d’éconopol nous avait déjà parlé de cette idée de « crise permanente »… Et en fait ne dure-t-elle pas depuis, je ne sais pas moi, quelque chose comme 1975-1980? Du moins les conditions de l’écroulement… Et « on » a tenté comme « on » le fait encore de maquiller tout ça, un petit shoot d’adrénaline et le moribond fait des bonds… Pendant ce temps, l’élite internationale (patriofurtive) a décollé… hors d’atteinte?

  28. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @IGor milhit

    Le prof d’econopol que vous mentionnez devait être un bien piètre linguiste 🙂

    Il me semble que la chose a déjà été dite sur ce blog, le sens du mot crise implique un état transitoire. La « crise permanente » est un oxymoron. On doit en conclure qu’il n’est pas question de crise mais de changement de référentiel. Plutôt que de l’hypothèse d’une crise, il est question de l’évolution continue et croissante de la paupérisation du plus grand nombre et des mécanismes qui génèrent cette évolution.

    Il y a ici un parallèle à faire avec la notion de risque. Ce terme implique une notion d’incertitude. Ainsi, il n’y a pas à proprement parlé de risque lorsqu’on évoque un système structuré de telle façon qu’il conduise avec certitude à une catastrophe. Tout comme on ne risque pas d’être mouillé quand on se promène sous la pluie, on sera mouillé, c’est une conséquence sans alternative, donc sans risque. Le vrai risque dans ce dernier exemple, serait d’attraper un rhume… 🙂

  29. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ oxymoron, pardon : dissonance

    La crise est permanente, vive l’oxymoron, elle est en w, vive l’alphabet ! Le risque est permanent, il n’en est pas moins risque, au sens de l’incertitude sur ce qu’il produira.

  30. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @François Leclerc

    Vous faites fausse route. Mon but n’était pas de dire qu’il n’y ait pas de risque dans la « crise permanente ». Tout au plus de faire remarquer qu’il y ait là un mécanisme linguistique comparable dans l’usage abusif des deux termes, et ainsi qu’on ne puisse pas qualifier de risque un phénomène au seul motif qu’il ne soit pas bénéfique. Comme on ne peut pas qualifier de crise un phénomène si sa condition transitoire n’est pas vérifiée.

    En dernier ressort, cette réflexion me permet de (re)mettre en évidence la chose suivante, à savoir qu’on ne puisse pas formuler de solution pertinente à un problème mal posé. Ce qui est, en définitive, l’essentiel de vos propos à vous ainsi qu’à Paul dans chacun de vos billets depuis de longues semaines, si je ne m’abuse.

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