Ce texte est un « article presslib’ » (*)
J’ai eu le sentiment samedi dernier sur BFM, dans USA Hebdo, qu’on m’encourageait fermement à rejoindre le chœur des optimistes. J’ai répondu que pour que la situation s’améliore aux États–Unis, il faudrait d’abord que le nombre de chômeurs supplémentaires cesse de dépasser le demi-million mensuel, comme il l’a fait ces trois derniers mois. Il faudra donc encore attendre au moins un mois avant de se réjouir puisqu’on annonce aujourd’hui que 742.000 emplois auront été perdus en mars dans le secteur privé.
Je répète aussi avec la régularité du métronome qu’il ne faut pas espérer un mieux aux US tant que la situation de l’immobilier – à l’origine de la crise et toujours son principal carburant – continue de se détériorer. Là aussi, une confirmation aujourd’hui que la dégradation est toujours en phase d’accélération : la baisse du prix des maisons anciennes d’une année sur l’autre, que mesure l’indice Case-Shiller, et qui était de 18,5 % à la fin du mois de décembre, est passée à 19 % à la fin janvier. Quant aux saisies et aux crédits immobiliers en retard de paiement, leur nombre continue de croître : la Federal Housing Administration (FHA) qui garantit les prêts accordés essentiellement à ceux qui accèdent pour la première fois à la propriété de leur logement, signale que pour les prêts sous sa juridiction, la proportion de ceux qui sont en difficulté est passée de 6,2% en mars de l’année dernière à 7,5% cette année-ci.
Comme mes tentatives d’être drôle ne sont pas toujours appréciées à leur juste valeur, certains ayant pris au sérieux mon billet de samedi dernier intitulé La situation s’améliore aux États–Unis !, soulignant que les chiffres que je citais semblaient contredire mon titre plein d’allant, j’ai tenu à donner à celui-ci un titre plus explicite.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
23 réponses à “La situation économique continue de se dégrader aux États–Unis”
Tout à fait typique:
CNN s’est empressée de diffuser dans son intégralité la conférence de presse commune Obama-Brown. Mais la conférence Sarkozy-Lula n’a pas eu cet honneur. Et il semble que la conférence Sarkozy-Merkel va subir le même sort…
Mon Cher Paul,
Je n’ai jamais douté de votre sens de l’humour.
Plus il est complexe mieux c’est.
N’hésitez pas à nous faire rire avec les chiffres.
reste leur avance technologique militaire pour briller dans les airs, mais c’est guère productif, même pour la guerre ; cette formidable démocratie est à l’agonie sur le plan économique, changement d’ère… vont-ils tirer les leçons, allons-nous en tirer les bonnes leçons, alors que bien souvent le reste de l’occident se contentait de les imiter.
@ Paul
Effectivement si vous n’acceptez pas de servir un discours positif dans les mois qui viennent, vous allez passer à côté de la « bulle d’optimisme » qui semble se préparer. Une bonne stratégie de contournement est l’ironie un titre optimiste et un contenu noir, vous piègerez les journalistes les plus superficiels. Il semble que les grands médias en aient assez de parler de la crise et qu’ils veuillent parler d’autre chose. Tout le monde à intérêt à embrayer le pas, même ceux qui n’en croient rien mais qui ont quelques produits « toxiques » dont ils voudraient se dégager.
C’est peut-être la stratégie de com que vont tenter de vendre les anglo-saxons au G20. De toutes façons s’il faut s’attaquer au problème en profondeur difficile d’être optimiste.
>Paul Jorion
Dans le genre discours positif à tout crin, ce que dit l’OCDE sur la Chine est de très bon niveau.
L’aspect le plus choquant me semble-t-il est de faire figurer dans les points positifs l’envolé des bourses chinoises, qui reposent essentiellement sur une mesure gouvernementale plus qu’hasardeuse. En effet, les autorités chinoises ont diminué les règles prudentielles du crédit, en autorisant les banques commerciale chinoises à accorder des prêts pour l’achat d’actions chinoises, et en autorisant un peu plus de capitaux flottants à s’investir en Chine…
Vos tentatives d’être drole marchent très bien sur moi, merci 🙂
Observer cette crise sans voir passer l’ironie,
c’est passer à coté de pas mal de trucs…!
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2626
tableaux, graphiques
@ JeanLuc:
Je me demandais, récemment, si cette soudaine poussée de « positivisme » dans certains médias ne venait pas, tout simplement, de leur prise de conscience que leur public, inquiet, sacrifiait le poste de dépenses « presse » dans les premiers. Mettant leur propre job en péril (il y a eu nombre de licenciements, dans certains médias).
Petites causes, grands effets…
Ce n’était pas un sentiment à mon avis, les deux autres intervenants voulaient visiblement terminer la 1ere partie sur une note positive, rassurante. Ce qui m’a un petit peu étonné, c’est qu’ils vous aient laissé développer votre propos (réaliste) et quand même attendu avant de vous interrompre et d’envoyer un message plus sucré (projections)…
il se peut que la situation s’améliore, un jour, aux états unis.
ça ne semble pas être le cas actuellement, ou pas à un niveau justifiant des cris de joie.
on pourrait essayer de lister les effets de la crise pour rationnaliser un peu le débat, non ?
Les membres du g 20 se disputent non pour savoir comment sortir de la crise, mais pour savoir qui aura les paradis fiscaux…Ca en dit long, non ?
IBS pour Ironic Based Securities…
Tant d’humour pour souligner que votre humour n’est pas toujours côté à sa valeur, bravo… On en redemande! 😀 C’est vrai qu’il faut faire attention, c’est de plus en plus difficile de se fier à quoique ce soit, sacrée confiance, tiens! Mais rire fait du bien, même à ses dépens, foi de bivalve 🙂 [j’ai enfin compris pourquoi je n’arrive pas à avaler les huîtres!]
Alors l’immobilier ne se porte pas bien, et des insolvables il y en a toujours plus. Sûr que les actifs toxiques vont trouver un bon prix, mais loin de ces rives, loin, loin, dans un océan de liquidités…
Bon, ben, de tout çà, j’en déduis que l’on déplore un tout petit rien….
http://www.youtube.com/watch?v=rdLUV0hhYZY&hl=fr
Le rapport de l’OCDE dont je parlais plus haut:
>Le rapport des Perspectives économiques intermédiaires de l’OCDE traite de la récession la plus profonde et la plus généralisée depuis >plus de 50 ans pour les économies de l’OCDE et du monde entier.
http://www.oecd.org/document/48/0,3343,fr_2649_34109_42401584_1_1_1_37443,00.html
Il est en français et très synthétique: la partie sur la Chine me laisse sceptique, car elle me semble reposer sur peu d’éléments concrets.
« La situation s’améliore aux USA »
en fait juste un problème de calendrier
vous aviez juste quelques jours d’avance pour un poisson d’avril
@ iGor milhit
Bien un genevois ! … mais ça ne s’avale pas les huitres !
… Que faites-vous avec une demi-peche juteuse au sperme de maquereau ?
… Vous mâchez … et — si vous êtes seul — vous ne manquez pas d’animaux équatoriaux à imiter !
… Bon ! OK ! ClownBlanc je te laisse le clavier
@ Blob
Les champion(ne)s de l’OCDE diffusent des « résultats de calculs »,
mais,
(a) décrivent-ils de façon romancée leurs scénarios ?
(b) spécifient-ils leurs hypothèses avec les valeurs (mini-maxi) associées ?
Personnellement les hypothèses me suffiraient … sans les calculs.
Pas vous ?
Une idée très simpliste, mais bon, le ridicule ne tue pas : je me lance !
Plutôt que de refiler des liquidités aux banques, sans contreparties concrêtes; l’état US ne pourrait-il pas, en échange,
récupérer ces maisons que les gens ne peuvent plus rembourser ?
A quoi pourrait bien servir les maisons ainsi récupérées par l’état, me direz-vous …
Et bien, avoir des logements ‘sociaux’ permettrait de reloger ceux qui se retrouvent à la rue (perte d’emploi, expulsions …)
Il reste une question sans réponse: quel serait l’intérêt des banques dans cette histoire ???
J’avoue que je ne suis pas prêt à me creuser les méninges pour y répondre 🙂
Dans la foulée des graphiques mis en lien par Cécile plus haut, d’autres graphiques diffusés toujours par Contre info : http://www.ft.com/cms/s/0/ea450788-1573-11de-b9a9-0000779fd2ac.html?nclick_check=1 et concernant cette fois le classement des 20 premières banques mondiales entre 1999 et 2009 … édifiant encore une fois !
Il est extrêmement difficile de savoir si la situation s’améliore et s’il faut s’attendre à une reprise prochainement, parce qu’il est difficile de distinguer le plan de la « réalité » de celui des attentes. Le propre d’un marché financier, c’est d’incorporer les attentes dans la réalité. La réalité finit par être transformée par les attentes. Les attentes sont-elle trop optimistes? Sont-elle artificiellement gonflées? La réalité va-t-elle se venger?
Par exemple: en lisant le post suivant, on apprend que de nouvelles catégories d’actifs toxiques ont été mises sous surveillance négative ce qui permet d’envisager bientôt une dégradation de leur notation et par conséquent une dépréciation. Parmi ces actifs, il y a certains crédits dits Alt-A. http://www.blogg.org/blog-71123-date-2009-03-10-billet-depreciation_d_actifs___le_pire_est_a_venir-990311.html#comments
« En revanche, à contrepied de l’information précédente, on observe que de nombreuses catégories d’actifs et notamment des obligations adossées sur des prêts immobiliers (dont certains Alt-A) ont vu leur valeur grimper depuis deux semaines. Est-ce un « effet Geithner » ou le marché anticipe-t-il vraiment une reprise du marché immobilier et une stabilisation des banques?
C’est vraiment difficile de se faire une idée, surtout quand on n’est pas un spécialiste.
Geithner’s plan may already be working. Top-rated commercial-mortgage bonds rose 5.6 percent since March 20 to about 79 cents on the dollar on average, according to Merrill Lynch & Co. indexes. The most-senior class of benchmark 2005 securities backed by fixed-rate Alt-A home loans, or those ranked between prime and subprime, increased about 12 percent to 54 cents as of March 31, according to Deutsche Bank AG. »
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aKm0M7RHXDoQ&refer=home
21 octobre 2008
le trou noir
Bienvenus sur ce blog que mon ami Hubert Nadin a gentiment créé pour que je réponde à toutes les questions qui se posent autour de la cris financière que la théorie de la monnaie fondante de Silvio Gesell est seule à même de résoudre!
Il s’agit d’une révolution de la pensée économique!
Il faut savoir que les promesses faites par les gouvernements et les grandes banques centrales pour sauver le système d’une crise systémique sont à la fois nécessaires et insuffisantes!
Ce qui cause le trou: c’est le fait que les liquidités promises ou déjà injectées ne restent pas dans le circuit du refinancement! Ces sommes ne font que passer – pour disparaître ensuite dans une position d’attente sur des comptes liquides ou (pire!) dans des coffres-forts sous forme de liquidités accumulées et inactives! En attendant des jours meilleurs!
La perte de confiance des investisseurs a atteint un tel degré que la monnaie actuelle, thésaurisable, n’arrivera pas à relancer le système: résultat, toutes les injections nouvelles, même à taux de refinancement zéro (comme au Japon et aux USA!) n’arriveront plus à dégripper le système probablement.
La réponse à ce souci serait l’émission d’un numéraire nouveau, dès maintenant, en euros et en dollars et en toute autre monnaie qui serait constitué autrement:
Il faut qu’il soit frappé d’une perte de substance mensuelle de l’ordre de 0,5%; concrètement, les nouveaux billets doivent être retirés de la circulation en imputant à leurs porteurs d’un coût de 0,5% mensuels et à une date fixe!
Ceci aura pour effet que les détenteurs ne pourront plus thésauriser la monnaie liquide sous peine de subir des pertes substantielles à mesure que le temps passe; le résultat sera que les liquidités se remettront à affluer dans les banques, car les particuliers voudront bien sûr échapper à ces pertes! Les banques à leur tour vont ramener les excès liquides – ceux qu’il n’utiliseront pas à rembourser leurs autres créanciers, aux banques centrales qui devront dès lors les retirer de la circulation; il est évident que les instituts d’émission auront le pouvoir de ce faire pour juguler d’éventuels effets inflationnistes liés à cette accélération efficace de la circulation monétaire! les effets sur les taux d’intérêts seront rapides, et nous nous orienterons dès lors résolument vers une conjoncture stable sans inflation et sans chômage, même si la croissance économique est nulle.
J’en dirai plus e, répondant à ceux qui m’écriront! Johannes Finckh, Bordeaux
Cela ne résoud que le problème de la dépréssion mais en aucun cas le problème de la dette et de l’éccart entre riches et pauvres. Avec un tel système, les riches s’empresseraient d’acheter des biens réels faisant monter les prix de manière insoutenable, et inaccessible pour la classe moyenne.
La misère se répandrait à une vitesse impensable.
Non la seule manière viable pour sortir de l’impasse est de réduire l’échelle entre riches et pauvres, « l’éccart type de la richesse ».
Pour y parvenir il n’y a que 2 solutions :
* Donner massivement de l’argent à TOUT le monde de telle sorte que les fortunes des plus riches ne valent plus rien comparé à largent donné. (Les créanciers ne s’en sortiraient pas si mal avec leurs biens réels).
* Annuler une partie de la Dette
Pour l’instant le chemin suivi est complètement l’inverse car il a pour but de sauver les banques, leur otroyant même le pouvoir de ne PLUS répondre à des règles comptables. Ces banques ont leurs bonnes habitudes et ne risquent pas de les perdrent en ponctionnant l’argent à la racine, via les taux d’interêts…
Le problème est loin d’être réglé