Krill et baleines : éloge du protectionnisme, par Marc Peltier

Billet invité.

KRILL ET BALEINES : ELOGE DU PROTECTIONNISME

Quiconque a nagé au dessus d’un récif corallien tropical demeure ébloui par la prodigieuse diversité de formes et de relations à l’environnement que la nature y déploie. Un nombre incalculable d’espèces différentes, toutes hautement spécialisées et étroitement interdépendantes, s’y côtoient dans un écosystème d’une complexité stupéfiante.

L’énergie disponible pour l’ensemble du récif est celle du seul soleil, en moyenne 12 heures par jour, et les intrants sont parcimonieusement distribués par l’océan environnant. Pourtant, quelle richesse!

Les niveaux trophiques (qui mange qui ?) sont subdivisés à l’extrême, la plupart des prédateurs sont extrêmement spécialisés, et presque tous sont aussi des proies intermédiaires dans les chaines alimentaires. Si un potentiel énergétique, aussi minime soit-il, est disponible quelque part, il sera utilisé par l’écosystème. On trouve ainsi des espèces spécialisées dans la consommation des mues ou des fèces d’autres espèces. Il existe même des parasites de parasites…

Ce système vivant infiniment diversifié est aussi hautement cloisonné par une multitude de barrières invisibles, dans l’espace et dans le temps. Un réseau d’armes et de défenses précisément ajustés maintient un équilibre dans la diversité des formes vivantes. Au total, la productivité, exprimée en biomasse par unité de surface, n’est pas extraordinaire, mais on peut parler d’une vraie richesse.

A contrario, notre planète porte aussi un autre écosystème dont les caractéristiques sont radicalement opposées, l’océan circumpolaire antarctique.

Le milieu est ici très homogène, l’océan se répartissant, aux mêmes latitudes, tout autour de la terre. Des remontées d’eau profonde, les « upwellings », introduisent dans l’écosystème des intrants abondants. L’énergie solaire se déverse généreusement, à ces hautes latitudes, pendant l’été austral. La productivité en biomasse est alors spectaculaire. En revanche, la biodiversité est remarquablement faible. Les niveaux trophiques sont réduits au plus direct : des diatomées transforment l’énergie solaire en matière vivante. Elles sont mangées par un petit peuple d’innombrables crevettes, le krill, qui concentrent cette énergie pour les seigneurs de l’écosystème : les grands cétacés, et quelques manchots. Des prédateurs opportunistes complètent le tableau, mais de façon très anecdotique, et sans changer la chaîne trophique caractéristique : Diatomées -> krill -> baleines.

Ecologie et Economie, au delà de la simple étymologie, présentent des analogies qu’il peut être utile de souligner.

Nous vivions autrefois, en Europe notamment, dans un récif corallien. L’histoire nous avait légué un patchwork de cultures, de territoires, de pratiques, de façons d’être, d’habiter, de manger, d’aimer, de comprendre. Nous entretenions, entre Européens, des relations compliquées, parfois tragiquement conflictuelles. Nous nous épuisions dans des rivalités fratricides. Cependant, nous étions riches.

Les politiques néolibérales se sont employées, depuis 25 ans, à « passer au mixer » les innombrables cloisonnements culturels, politiques et réglementaires qui définissaient notre milieu. Il est en voie d’homogénéisation définitive.

Nous avons ainsi augmenté massivement les flux économiques dans notre espace désormais homogène. Nous avons « rationalisé » l’économie, notamment par une réduction obstinée du nombre d’intervenants entre producteurs et consommateurs. Les poissons de toute taille, imbéciles ou habilement manipulés, ont crié tous en chœur : « A bas les intermédiaires ! Directement du krill à la baleine ! »

Nous avons, plus que tous les autres, parait-il, « profité de la mondialisation ». Des indices objectifs le prouvent : l’espérance de vie, le PIB, la balance des échanges, que sais-je ?… Nous avons aussi exorcisé de vieilles malédictions, comme les guerres récurrentes en Europe. Tout cela est très bien.

Mais, en nous y prenant de cette façon, nous ne devons pas nous étonner de l’anéantissement de nos diversités, du laminage de la classe moyenne, et de l’avenir qui nous est promis dans cette direction : Du krill, et des baleines… N’est-ce pas ce que nous commençons à constater ?

Que voulons-nous ? Une économie « efficace« , maximisant les flux, dans un milieu homogène, avec peu d’intervenants économiques, ou bien une économie « riche« , maximisant les diversités et les intervenants, dans un milieu complexifié par des membranes perméables, à l’image de la vie ?

Une membrane n’est pas une cloison. Elle est au contraire le lieu du contact, de la mise en relation, de la reconnaissance, elle permet l’apparition entre ses deux faces d’une différence de potentiel ou de concentration, d’une pression, d’une force motrice, d’un flux contrôlé.

La membrane est dans la définition même de la vie. Imagineriez-vous que la suppression des membranes dans votre corps puisse constituer, en quelque façon, une « optimisation économique » ?

L’activité économique est décrite aujourd’hui principalement en termes de flux. Nos méthodes comptables ne savent enregistrer, avec rigueur, que cela. Nos outils sont aveugles, ou très inadaptés, lorsqu’il s’agit d’évaluer un potentiel, c’est à dire à ce qui apparait quand on limite un flux.

La physique nous fournit une analogie : une même puissance électrique peut résulter d’une forte différence de potentiel provoquant une faible intensité dans une forte résistance, ou au contraire d’une forte intensité résultant d’une tension faible dans une résistance faible.

Pour donner un exemple d’économie basée sur le potentiel plutôt que sur les flux, la route de la soie et celle des épices, au moyen-âge, étaient très difficiles pour toutes sortes de raisons, et les flux marchands y étaient très faibles. Le potentiel, en revanche, était très élevé, et il a fait l’incroyable richesse de Venise, et la fortune d’innombrables intermédiaires, en amont et en aval, pendant des siècles… Tout ce circuit économique a été ruiné lorsque le développement du transport maritime, en supprimant l’obstacle, a supprimé le potentiel.

Nous étions engagés, avec le néolibéralisme, vers une optimisation des flux économiques, dans un milieu homogène et ouvert. Ce modèle, l’expérience l’a montré, favorise la concentration de la richesse et l’aggravation des inégalités sociales. Krill et baleines…

Le modèle écologique du récif corallien nous suggère une alternative mieux adaptée à la diversité humaine, et aux limites que l’environnement nous imposera très bientôt : une économie basée aussi sur les potentiels, et limitant les flux, dans un milieu dont les hétérogénéités sont contrôlées par des membranes semi-perméables. Un tel modèle favorise la diversité des agents économiques.

La question du protectionnisme va prochainement devenir très à la mode. Pas une réunion politique internationale ne se conclura sans un vibrant appel à rejeter toute forme de protectionnisme, facteur aggravant de la crise et germe de toutes les guerres et de tous les désastres. Pas d’allocution nationale, le lendemain, où ne s’exprimera, en filigrane, et surtout sans prononcer le mot maudit de protectionnisme, la légitimité absolue de la solidarité envers les siens, d’abord et avant tout.

Le rééquilibrage de l’économie entre flux et potentiel, grâce à des membranes économiques judicieuses, pourrait aider à dépasser cette schizophrénie prévisible.

Il ne s’agit pas de reconstruire des frontières et des douanes, ni de justifier des « immigrations choisies » et autres idées de même connotation, il s’agit d’imaginer en économie des membranes fécondes, des filtres, des écluses, qui puissent permettre, par exemple, à un agriculteur canadien et à un paysan malien de cohabiter sur cette planète, sans que l’existence de l’un ne signifie la mort de l’autre.

En somme, l’exact contraire de ce qui a été fait depuis 25 ans…

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62 réponses à “Krill et baleines : éloge du protectionnisme, par Marc Peltier”

  1. Avatar de Allegra
    Allegra

    Superbe analyse.
    Effectivement, choisira-t-on la diversité ou l’inégalité? Il existe une quantité physique qui mesure cette notion de diversité. Il s’agit de l’entropie. A condition d’en avoir une compréhension correcte (comme mesure de la diversité, et non du désordre). De http://www.entropysite.com/students_approach.html , ‘Entropy measures the spontaneous dispersal of energy: how much energy is spread out in a process, or how widely spread out it becomes – at a specific temperature.’. La température correspond à l’agitation. La célèbre équation dS=dQ/T énonce que la diversité augmente plus dans un milieu calme (à basse température).
    Mais peut-être est-ce le calme qui manque le plus de nos jours…

  2. Avatar de TELQUEL
    TELQUEL

    Bonjour, « sans que l’existence de l’un ne signifie la mort de l’autre » votre article fait immediatement raisonner en moi le fait que vivre est la confrontation directe a tous moment avec la mort, la vie n’est pas equilibre elle est perpetuelle desequilibre. Nier les processus de vie qui incluent l’entropie (c’est a dire la deterioration des systemes), nier l’ombre, n’est pas la vie. Cette mondialisation est un processus naturel et naturellement le systeme se deteriore nous sommes maintenant a l’automne de cette mondialisation. Wallerstein decrit par exemple l’economie comme un fluide.

    Allegra l’entropie n’est absolument pas une mesure de la diversite mais la loi du desordre croissant et qui prevaut pour tous systemes,
    Amities a tous

  3. Avatar de Marc Tirel

    Merci pour cette belle métaphore qui souligne le besoin « d’effilience » :
    Cf dictionnaire du futur ici http://www.dictionnairedufutur.fr/spip.php?article84

  4. Avatar de Monique
    Monique

    Merci pour votre article.

    Voici un lien concernant le festival Science Frontières à Marseille du 2 au 5 avril pour ceux qui peuvent s’y rendre.
    http://www.sciencefrontieres.com/2009/

  5. Avatar de PauloG
    PauloG

    Merci pour ce très beau texte !!

  6. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Marc Peltier

    Votre titre est provocateur, votre analyse ne l’est pas. Après tout, on parle bien de la « protection de la nature », pour signifier que des actes volontaires doivent s’opposer à des destructions désinvoltes. L’analogie de la membrane, ce filtre semi-perméable qui sépare deux états, deux mondes, renvoie en réalité à l’éloge de la diversité et à la manière de la faire coexister.

    Cependant, dans la situation actuelle marquée par des rappels incessants à propos des dangers du retour du protectionnisme, il vaut mieux laisser l’exclusivité du terme à ceux qui les effectuent, exprimant l’urgence d’un retour à la situation précédente, à une forme de mondialisation qui, elle aussi, est en crise, et donc ne se poursuivra probablement pas telle quelle. C’est une illusion, sa découverte va frapper de plein fouet, tôt ou tard, ceux qui l’ont propagée et imposée.

    C’est ce que vient de formuler le ministre brésilien des Affaires stratégiques (un intitulé significatif des préoccupations qu’il exprime), Roberto Mangabeira Unger, en expliquant le programme qu’il propose à la communauté internationale : remédier au déséquilibre entre économies excédentaires et déficitaires, réorganiser le système financier et relancer des économies par le biais d’une meilleure distribution des richesses. (cela veut dire, dans le contexte brésilien, développement du marché intérieur et réaffectation des ressources à l’amélioration de la situation des déshérités).

    La discussion sur le mondialisme de demain commence, ou plutôt se poursuit, mais avec désormais des implications pratiques. Elle va se traduire dans les faits, avec la réorientation progressive, lente et laborieuse, de l’économie des pays émergents vers le développement de leur marché intérieur, qui s’est engagée. Cela ne va pas être, pour autant, un chemin bordé de roses.

    Il y a des flux sur lesquels il ne faut plus compter. Celui des dollars, entrant, dont on ne sait plus quoi faire, comme celui, sortant, d’une production intensive et débridée de biens destinés à des marchés occidentaux à bout de souffle, pour avoir été trop exploités, qui ruine les ressources. Il apparaît, telles des alternatives, des gammes de produits adaptés aux marchés émergeants, des voitures à bas prix, des ordinateurs qui le sont également, qui sont l’avenir parce que, tout étant fonctionnels, ils sont bien moins chers et vont nécessiter la mobilisation de moins de ressources pour leur production. C’est à mon sens cela l’enjeu. Ce qui devrait d’ailleurs nous mettre la puce à l’oreille, c’est le succès de certains de ces biens, conçus pour les pays émergents, et qui rencontrent un réel succès dans les pays développés, en dépit des barrières qui sont dressées.

  7. Avatar de scaringella
    scaringella

    Merci pour cette analyse qui confirme, et de quelle maniere, ce que je disais pour un autre billet, qu’ il fallait multiplier le nombre d’ ‘echanges pour apporter de la richesse a tous, et non pas le reduire. Le Probleme est que l’humain dans son travail vise au loisir, donc a reduire le travail pour une meme production. D’ou l’ avenement des machines outils, des industries et des robots et de l’internet. Il faudra donc lever la contracdiction entre moins de travail et plus d’echanges. L’ industrie du loisir vient de la.

  8. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    @ Marc Peltier
    Entre les lignes il y a une sorte d’idée qui ne serait pas fausse
    Mais sur les lignes je ne vois pas ce qui pourrait être partagé
    … diversion ? … incompréhension ? …

    @ Tel Quel
    Ai-je l’air d’un fluide ?
    L’économie a fort peu en commun avec un fluide !

    @ Marc Tirel
    La métaphore a ses limites elle aussi;
    elle fait ce qu’elle peut pour décoincer les neurones, pas davantage.

    @ Paulo G
    Oui c’est très beau … mais faux
    Comme quoi le métier d’artiste réclame vraiment beaucoup

    @ François Leclerc

    La discussion sur le mondialisme commence, ou plutôt se poursuit … (…) C’est à mon sens cela l’enjeu (…)

    Il se poursuivra avec des concepts et des mots nouveaux qui ne sont pas actuellement ni dans les manuels d’économie ni dans les livres d’Histoire.
    Les enjeux sont autrement plus dérangeants et complexes que vous l’évoquez (voitures à bas prix, ordinateurs plus légers et encore moins chers,…).   Comment faites-
    … pour que chacun(e) ( 2 milliards ?) ait un boulot ?
    … pour maintenir une saine émulation entre les inventeurs-innovateurs ?
    … une saine émulation-coop entre les groupements de peuples à surface au sol et/ou population comparable ?

  9. Avatar de phyrezo

    @Allegra :
    Et si on considère que l’information est néguentropie, on penserait qu’avec une optimisation des flux d’information, on diminue la diversité (augmente la Température)

    Est-ce qu’Internet, n’est pas en train de bousculer tout cela et de remettre au gout du jour la longue traine…

  10. Avatar de thomas

    Merci d’exprimer tout cela aussi bien.

    Une question en découle, pour moi :

    Des règles artificielles ou humaines, vont-elles pouvoir remplacer celles , fécondes, qui nous étaient imposées par un environnement non maitrisé ?

  11. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    Il me semble que les notions de protectionnisme ou de mondialisation portent en eux leur date de péremption. Outre l’orientation idéologique qu’on pourrait lui attribuer, Jancovici met en évidence dans ses conférences un fait incontournable: Nous entrons dans la période de l’énergie chère. C’est sous ce prisme qu’on peut estimer le délitement des conceptions protectionnistes ou mondialistes.

    Quelle sera par exemple (totalement arbitraire) la pertinence pour un Andalou de commercer avec la Pologne, pourtant dans le même espace économique, plutôt qu’avec le Maghreb, dans un monde ou le coût de l’énergie surpassera de loin celui de la main d’œuvre (indépendamment du droit du travail différent d’un pays à l’autre)? Plus généralement, quelle sera la pertinence pour un Européen de commercer avec la Chine? Ou plus subtil et très en lien avec l’actualité récente, quel sera la pertinence pour un Guadeloupéen de « consommer français » au lieu de se ravitailler dans le Golfe du Mexique?

    Plutôt que de parler de mondialisme ou de protectionnisme, qui sont des concepts terriblement figés, il serait préférable de songer à un système d’échanges de proche en proche, sans considération pour le concept de Nation.

  12. Avatar de Allegra
    Allegra

    @TELQUEL: A propos de l’entropie. voici une analogie classique vue sur le net: chaque personne d’une population a le choix entre porter une chemise jaune ou une chemise bleue; s’il y a à peu près autant de personnes qui choisissent le jaune que de personnes qui choisissent le bleu, l’entropie est maximale; si tous choisissent disons le bleu, l’entropie est minimale. Dans ce second cas, on peut voir de l’ordre, mais également une absence totale de diversité, de choix personnel; chacun est obligé de choisir le bleu. Dans le 1er cas, on peut voir du désordre, mais aussi la manifestation de la liberté de choix de chacun quant à sa couleur de chemise. Alors l’entropie: liberté ou désordre? Attention, car la confusion entre ces deux concepts peut être lourde de conséquences…Remarquez que dans le 1er cas, la population ‘vue de loin’ apparaît verte (jaune+bleu): l’uniformité macroscopique est alors le reflet de la diversité des individus.

    C’est la concentration de l’argent en quelques mains qui fait diminuer l’entropie, la diversité, la liberté individuelle.
    J’avoue ne pas comprendre le manque d’enthousiasme pour l’argent fondant (Gesell) sur ce blog. Si avoir de l’argent procure de l’argent (à cause des intérêts), comment éviter la concentration des richesses?

  13. Avatar de Fab
    Fab

    Fabuleux !

    Une membrane : le respect. De l’autre et de sa culture, de sa vie. Je ne mangerai du riz que si celui qui l’a produit en a suffisamment pour nourrir sa famille. Je le respecte et je respecte son pays en ne lui imposant pas ma demande, mes désirs. J’ai eu le désir de remplir mon ventre le plus possible et ai tout mis en oeuvre pour y parvenir. Je me rends compte que je n’ai pas agi avec respect. J’ai violé la membrane du respect et je m’en veux.

    Merci.

  14. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Bravo Marc Peltier!!

    Vraiment cela fait plaisir de constater, je l’espère, un courant de force, qui va se dessiner et s’imposer « naturellement ». Ici très explicite et paraitement exprimé par Marc Peltier. En effet, le modèle du vivant – est – notre modèle, c’est nous-mêmes.

    Les courants « culturels » libéralo-marxistes issus du siècle des « Lumières », et toutes les « nuances », qui comprennent le racisme meurtrier, se trouvant dans cette « polarité », ou « dialectique », libéralo-marxiste n’ont fait que semer la confusion qui produisit cette rupture historique: nature-culture, et nous égarer dans des culs-de-sacs politiques et économiques sur lesquels nous buttons, cette fois, sans porte de sortie, comme des papillons de nuit aveuglés en train de se brûler les ailes une fois prisonniers d’un globe lumineux.

    Nous avions oublié que nous sommes mariés avec l’environnement et l’écosystème. Nous sommes obligés de respecter ce « contrat » de mariage.

    Voici ce que disait votre serviteur dans Contreinfo en février:

    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2556

  15. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ LeClownBlanc

    Oh là là, ne me bousculez pas comme cela ! Du boulot pour tout le monde, vous posez la question à l’envers, il faut simplement le partager différemment (nouvelle approche de la division du travail).

    Chaque chose en son temps pour les autres questions

  16. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Rumbo

    C’est quoi le « libéro-marxisme » ?

  17. Avatar de Alexis
    Alexis

    Merci pour ce texte fort instructif et merci à Dissonance de rappeler les fondamentaux énergétiques décrits par Jancovici. Comme je l’avais exprimé dans mon billet invité (Candide au pays de l’or noir), la mondialisation et son corolaire la délocalisation comme ligne bleue des Vosges, ne peuvent exister QUE par la grâce d’une énergie gratuite et abondante dont les transports ont bénéficié comme on le sait. Autre corolaire à ces transports quasi gratuits, la spécialisation des pays suivant le principe des avantages comparatifs.
    Quid du « commerce international » quand le coût du transport deviendra prohibitif ?

    Comme le propose encore Dissonance c’est un système d’échange de proche en proche qui se mettra en place. Le renchérissement du coût des énergies fossiles qui malgré les apparences nous pend au nez (aujourd’hui le cour du Brent est redescendu à 48$, mais à la lumière des schémas de l’AIE on peut douter du maintient de la « production » actuelle et par voie de conséquence de son coût avec le risque de voir la consommation baisser à cause de la recession, mais le prix du baril monter, monter…), mettra tout le monde d’accord…

  18. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Il y a beaucoup de raréfaction dans l’air: du travail, de l’énergie, et j’en passe. Et aussi un trop plein d’argent très mal distribué. On secoue et on voit ce que cela donne ? Attention, tout de même, à des propos qui pourraient paraître « passéistes ». Difficile de faire tenir le monde dans une bouteille que l’on jetterait à la mer.

  19. Avatar de david
    david

    Je comprend pas trop cette histoire d’argent fondant.
    Aujourd’hui nous avons ce que l’on appelle l’inflation. Notre monaie fond donc constament non?
    Mais pour empécher cette fonte, on monte les loyers, on fait varier les intérets.
    Je vois donc pas comment faire une monaie fondante (dans le sens ou plus on stocke d’argent et moin celle ci à de valeure) sans règlementer le loyer de l’argent.

  20. Avatar de Candide
    Candide

    @ Marc Peltier

    Si je comprends bien et pour faire simple, vous préconisez de remettre des intermédiaires dans la chaîne afin que plus de gens aient du boulot. OK, très bien pour le principe, mais quid du coût ? Chaque intermédiaire va augmenter le coût pour l’acheteur final, sans apporter nécessairement de valeur ajoutée au produit… Dans le contexte d’énergie de plus en plus chère qui sera le nôtre à court terme, ne serait-il pas préférable, plutôt que de rajouter des intermédiaires, de diversifier le travail en créant d’autres emplois présentant une utilité pour la société ?…

  21. Avatar de fnur
    fnur

    L’entropie est un principe de physique, donc quantitatif plutôt, les transpositions analogiques à d’autres domaines me paraissent exagérées. Comme de confondre le langage avec son organe, le cerveau.

    Le potentiel peut être comparé au désir et le flux à son assouvissement. Mais comme on ne vit pas sans désir, l’intérêt du flux est de recomposer les potentiels de désir. D’en produire d’autres. Eviter les hémorragies aussi.

    Deleuze avait beaucoup écrit sur les flux, les territoires et les déterritorialisations.
    L’économie nous y ramène. Protectionisme, localisation des échanges ?

    A l’époque des nanotechnologies qui soulignent des machines très locales pour des effets très locaux, on a peut être une piste à suivre. Celle d’un sur mesure.

  22. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    François Leclerc dit :

    31 mars 2009 à 10:36
    @ Rumbo

    «  » C’est quoi le “libéro-marxisme” ? «  »

    C’est une expression à moi pour désigner l’origine et la formation des courants historique dont témoignent les suffixes en: « ismes » (idée de). C’est ce qui « signe » assez bien le divorce nature-culture ayant germé à partir de la Renaisance. C’est ce qui introduisit une dialectique qui aura fourbi toutes sortes de philosophies, en particulier les philosophie où l’homme se prend pour le centre et la référence de l’univers lui faisant croire qu’il peut commander à 100% la nature, alors qu’il en fait partie. Il était donc fatal que l’ « Homme », même et surtout « très civilisé », se retournât contre lui-même (l’histoire occidentale le montre et le démontre depuis environ 2 siècles et demi au moins, avec le paroxisme du récent XXème siècle). Ce sont ces philosophies, culminant avec celles du siècle des Lumières, puis du XIXème siècle, qui nous firent déboucher sur les courants politiques et économiques où nous nous débattons encore aujourd’hui. Et, on peut l’espérer, pas pour toujours.

  23. Avatar de le rôdeur
    le rôdeur

    bravo, bel article pour les plongeurs (dont je fais partie)

    finalement reprendre les devants et prévoir une énergie chère qui empêchera de toute façon à la Pologne de commercer avec les Philippines .

    j’ai l’impression qu’on essaye de nous vendre une mondialisation bis, tant que le pétrole est abordable, afin de faire des profits vite vite.

    c’est incontournable le pétrole cher. ANTICIPONS. la balle est dans notre camp, ne nous laissons pas avoir par un discours ( c’est même plus démago mais menteur) donc menteur.

    on attend quoi pour se prendre en charge, déjà au niveau individuel. Faites comme Juppé, arrêtez les fraises en décembre, le boeuf 4 fois par semaine et des ordinateurs … (ah merde on a pas le choix, déjà)

    ben voilà on a pas le choix déjà. revenons terre à terre (ce qui n’est pas toujours le cas ici).
    1) l’eau, 2 l’alimentation et survivre.

    je sais pas si on est sur la même longueur d’onde, mais revenons à (sic) « la légitimité absolue de la solidarité envers les siens“

  24. Avatar de david
    david

    @ Candide & Marc Peltier

    Lorsque je lis intermédiaires dans vos commentairs, je ne suis pas sur de bien vous comprendre. Je comprend que l’intermédiaire, pour vous, est juste un prétexte à un partage des richesses sans rapport à son apport à la comunautée.
    C’est pour moi tout aussi absurde que débrancher une machine pour faire travailler un étre humain à la place pour justifier un salaire qu’on lui donne.

  25. Avatar de Allegra
    Allegra

    @phyreso: Je reprends la métaphore des chemises jaunes et bleues. Si tout le monde a une chemise bleue (entropie minimale), un observateur extérieur possède beaucoup d’information sur cette population: il connaît la couleur de chemise de chacun. En ce sens, vous avez raison: l’entropie est néginformation. Si chacun est libre de choisir sa couleur de chemise (entropie maximale), l’observateur extérieur ignore la couleur de chemise d’un individu donné. Cependant, chaque individu possède cette information (il connait sa couleur de chemise), et la somme de ces informations détenues individuellement est l’entropie de la population. Toute la question est donc de savoir si on parle de l’information détenue par un observateur extérieur (Brillouin) ou de l’information détenue par les éléments du système.
    Dans le cas d’Internet, c’est l’information individuelle qui augmente, et donc l’entropie. Et Internet contribue effectivement à plus d’information et de liberté de pensée à l’échelle individuelle, même si (ou plutôt parce que) il est ingérable par une entité extérieure.
    Qu’il s’agisse de questions informatiques, monétaires ou écologiques, je suis convaincue que la diversité est toujours la meilleure solution.

  26. Avatar de Cécile
    Cécile

    De P (la puissance) =UI et U (la tension, différence de potentiel) =RI, on déduit P=RI² (la résistance par l’intensité au carré),
    si l’on peut des analogies de vocabulaire, dire que la tension monte, que la résistance commence à s’échauffer, et d’en appliquer la loi d’Ohm U= RI, l’intensité aura beau faire, la puissance ne sera pas à la fête, et va devoir s’en prendre un bon coup derrière la casquette, (de prime abord, à priori, elle s’engagera probablement à bien refroidir la résistance )
    mais bon, comme W (le travail) = PT, et que si j’ai bien compris le temps presse …

  27. Avatar de tomate
    tomate

    Merci pour ce billet ( encore …bis, bis…) Mr ALLEGRA !

    « De la diversité naît la richesse « ! La richesse ??? Quelles richesses ????

    Effectivement, nous ne devons pas …nous oublier …
    Oublier notre devoir d’observation des sous-systèmes :l’ecosystème , en tant qu’unité « fondamentale  » ( AH bon ???!!) d’étude de l’écologie ; cette -dernière , sous -système de facteurs biotiques et abiotiques …. dépendant du système ecosphérique, à notre echelle …et notre vision humaine, bien entendu…
    Oui, vous sous-entendez ( du moins , c’est comme cela , que je le comprends … à tort ???!!!) que nous ne devons pas oublier nos ignorances, nos carences, nos visions et modélisations basiques et simplistes…donc partielles et erronées…
    Quant à la méthodologie…..Passons….

    Dès lors, l’économie n’est qu’un sous- système, et sa dernière mutation, son dernier rejeton, « le néo-liberalisme », un environnement de laboratoire, avec tous ces petits rats…. Forcément, on est dans un environnement « homogène » et « ouvert » , dans les limites « 3D » de ce même laboratoire ….Dès lors, congratulations ….quand ça va…. et sueurs ….quand ça va moins bien …..
    Extrait : « ….. Bon sang ! Mais ça marchait bien jusqu’à maintenant !!! Ou me suis – je trompé ???? Quelles erreurs ai- je commise ???? », s’interroge Sir GEITHNER, chercheur au sein de son laboratoire …. ( ps : je n’ai aucune amitié et inimitié contre ce personnage fictif… Tout ressemblance serait …. etc…etc… Il fallait bien prendre un exemple …)

    Eh oui !!! l’erreur grossière et première (?) est peut être de s’être enfermé dans son laboratoire, et avoir oublié d’observer, qu’il est ignorant ( comme moi et nous tous), que ses modélisations, sont bâties sur la prise en compte volontaire d’un certain nombre de paramètres, et en ignorant tout aussi volontairement les autres (mais aussi en n’ayant pas conscience qu’ils existent…), variables et les rapports entre eux …. Même l’approche ( mathématique) devrait être remise en cause… car elle est quantitative par essence…. donc partielle!!!

    Or, à l’échelle d’un ecosystème, ( le corail , par exemple) , une vision alternative « qualitative » m’apparait mieux appropriée, et plus riche en enseignements et compréhension…. pour celui qui observe….
    l’écosphère est holistique et téléologique…. Ce que n’est pas (encore) l’économie, avec son dernier rejeton ….

    Maintenant, et pour être  » terre à terre », la diminution drastique des flux de marchandises ( matières premières, psf et pf) est inévitable à terme …. avec raison et ingéniosité …ou dans la douleur, et +…. Une partie des flux financiers suivra ….

    Merci encore pour votre article .

    PS :

    -300 millions d’arbres plantés en 2008 , en turquie, via le PNUE. Bien ! Mais selon quelle méthodologie …???en mono essence ????
    -Au niveau trophique, qui mange l’homme ???
    -Que se passe t’il, invariablement, quant une espèce de la biocénose, est surabondante, au sein d’un ecosystème identifié et/ou défini, en prenant un paramètre complémentaire : le temps , et ces enfants ( temps durées, opportunités, sequences) ? Que doit -on apprendre de ses observations? que doit on penser de la « croissance démographique »? que doit -on apprendre de la politique francaise actuelle, familiale de natalité???? Que doit- on mettre en place comme proposition « prototype » alternative ????

    Bonne journée !

  28. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ MarcusH

    L’indépendance des banques centrales est une histoire à raconter aux enfants. Ils n’y croieront d’ailleurs même pas. Les mécanismes de prise de décision ? Le téléphone, le mail, le fax, les réunions. (le tout discrètement et crypté). Une conférence de presse de Jean-Claude Trichet ? Une pantalonade pendant laquelle les journalistes interprètent des froncements de sourcils, sans s’apercevoir qu’une mouche s’est posée sur le nez du monsieur…

  29. Avatar de Dissonance
    Dissonance

    @François Leclerc:

    Je ne suis pas sur de comprendre (je suis notoirement réfractaire aux allusions et autres sous-entendus, comme je l’ai déjà fait remarquer à nos deux Clowns):

    Qu’estimez-vous sembler passéiste?

  30. Avatar de Claude Animo
    Claude Animo

    @François Leclerc 8:45

    La révolution épistémologique que nous vivons n’est pas un truc dont on parle quand on n’a plus rien à dire.
    Cette révolution, centenaire fringante, est enfin à l’œuvre: elle bascule et bouscule tout sur son passage.
    Elle a permis le pire en fournissant les outils qui ont permis de construire une mondialisation dévastatrice.
    Elle autorisera le meilleur en nous donnant accès à un capital immense de connaissances qu’aucun groupe humain ne pourra récupérer à son seul profit.
    Elle nous condamnera à nous faire réciproquement confiance.
    Les nouveaux flux dont parle François Leclerc:
    … il apparaît, telles des alternatives, des gammes de produits adaptés aux marchés émergeants, des voitures à bas prix, des ordinateurs …
    représentent, à mon avis, une parfaite illustration, très loin d’être exhaustive, des effets produits par cette révolution en marche.

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